biodiversité, un objectif perdu d’avance

Les négationnistes du réchauffement climatique et les égoïsmes nationaux font en sorte que l’objectif de diminuer volontairement nos émissions de gaz à effet de serre est perdu d’avance. A plus forte raison pour l’objectif d’enrayer la disparition des espèces alors que le mot biodiversité reste incompris de deux tiers des Européens. Il faut dire aussi que les deux pages consacrées par LeMonde du 20 février 2010 aux « six pistes contre le déclin de la biodiversité » ne pèsent pas bien lourd face aux pages quasi-quotidiennes consacrées aux défilés de mode.

La stérilisation des sols opérée par l’urbanisation et les transports, la surexploitation des ressources, les pollutions, la progression des espèces invasives et le changement climatique sont à la fois des obstacles à la biodiversité et les fondements de notre niveau de vie. Nous préférons assurer notre pouvoir d’achat même si c’est au prix de la détérioration des écosystèmes. Les cris d’alarme des naturalistes pèsent encore moins que ceux des scientifiques du GIEC. D’ailleurs il n’existe pas d’organismes équivalent au GIEC pour la biodiversité alors que l’extinction des espèces est un processus analysé depuis longtemps :

1948 : « C’est chose étonnante que de voir combien il est rare de trouver une seule personne bien au fait de la destruction accélérée que nous infligeons sans arrêt aux sources même de notre vie. Par ailleurs, les rares esprits qui s’en rendent compte ne voient pas en général le lien indivisible entre ce fatal processus et les exigences irrésistibles d’une population humaine sans cesse en augmentation. Il semble n’y avoir guère d’espoir en l’avenir si nous ne décidons pas à accepter la conception suivant laquelle l’homme est, comme tous les autres êtres vivants, partie intégrante d’un vaste ensemble biologique. »( La planète au pillage Fairfield Osborn)

1962 : « L’histoire de la vie sur Terre est l’histoire d’une interaction entre les êtres vivants et ce qui les entoure. C’est seulement dans la séquence temporelle du XXe siècle qu’une espèce – l’homme – a acquis la puissance considérable d’altérer la nature du monde. Depuis vint-cinq ans, non seulement cette puissance a pris une ampleur inquiétante, mais elle a changé de forme. La plus alarmante des attaques de l’homme sur l’environnement est la contamination de l’atmosphère, du sol, des rivières et de la mer par des substances dangereuses et même mortelles. Cette pollution est en grande partie sans remède, car elle déclenche un enchaînement fatal de dommages dans les domaines où se nourrit la vie, et au sein même des tissus vivants. » (Le Printemps silencieux de Rachel Carson)

1965 : « Il faut avant tout que l’homme se persuade qu’il n’a pas le droit moral de mener une espèce animale ou végétale à son extinction, sous prétexte qu’elle ne sert à rien. Nous n’avons pas le droit d’exterminer ce que nous n’avons pas créé. Un humble végétal, un insecte minuscule, contiennent plus de splendeurs et de mystères que la plus merveilleuse de nos constructions. Le Parthénon ne sert à rien, Notre-Dame de Paris est complément inutile, en tout cas mal placé. On demeure confondu devant la négligence des technocrates qui laissent subsister des monuments aussi désuets et anachroniques alors qu’on pourrait faciliter la circulation et aménager des parkings. L’homme pourrait refaire dix fois le Parthénon, mais il ne pourra jamais recréer un seul canyon, façonné par des millénaires d’érosion patiente, ou reconstituer les innombrables animaux des savanes africaines, issues d’une évolution qui a déroulé ses méandres sinueux au cours de millions d’années, avant que l’homme ne commence à poindre dans un obscur phylum de Primates minuscules. » (Avant que nature meure de Jean Dorst)

3 réflexions sur “biodiversité, un objectif perdu d’avance”

  1. Sou favorável que o arquipélago do Marajó/Amazônia, faça parte da reserva mundial da biosfera.

  2. précisions :

    Définition de la biodiversité (diversité biologique) : Variabilité des organismes vivants de toute origine, y compris, entre autres, les écosystèmes terrestres, marins et les complexes écologiques dont ils font partie ; cela comprend la diversité au sein des espèces et entre espèces ainsi que celle des écosystèmes. (dictionnaire du développement durable, Afnor 2004)

    Historique : Thomas E. Lovejoy – un spécialiste de l’Amazonie – semble être le premier à avoir utilisé, en 1980, le terme de « diversité biologique », devenu « biodiversité » par un raccourci, certes plus facile en anglais (biological diversity = biodiversity), forgé par Walter G. Rosen en 1985. En 1988, la XVIIIe assemblée générale de l’Union internationale de conservation de la nature (UICN, aujourd’hui, Union mondiale pour la nature) se tient au Costa Rica. Edward O. Wilson (1988), en faisant le compte rendu de cette assemblée, utilise pour la première fois le terme « biodiversité » dans une publication scientifique. Dans une définition plus récente, Edward O. Wilson (2000) laisse entrevoir les difficultés de ce concept : « La biodiversité est la diversité de toutes les formes du vivant. Pour un scientifique, c’est toute la variété du vivant étudiée à trois niveaux : les écosystèmes, les espèces qui composent les écosystèmes et, enfin, les gènes que l’on trouve dans chaque espèce ».

  3. précisions :

    Définition de la biodiversité (diversité biologique) : Variabilité des organismes vivants de toute origine, y compris, entre autres, les écosystèmes terrestres, marins et les complexes écologiques dont ils font partie ; cela comprend la diversité au sein des espèces et entre espèces ainsi que celle des écosystèmes. (dictionnaire du développement durable, Afnor 2004)

    Historique : Thomas E. Lovejoy – un spécialiste de l’Amazonie – semble être le premier à avoir utilisé, en 1980, le terme de « diversité biologique », devenu « biodiversité » par un raccourci, certes plus facile en anglais (biological diversity = biodiversity), forgé par Walter G. Rosen en 1985. En 1988, la XVIIIe assemblée générale de l’Union internationale de conservation de la nature (UICN, aujourd’hui, Union mondiale pour la nature) se tient au Costa Rica. Edward O. Wilson (1988), en faisant le compte rendu de cette assemblée, utilise pour la première fois le terme « biodiversité » dans une publication scientifique. Dans une définition plus récente, Edward O. Wilson (2000) laisse entrevoir les difficultés de ce concept : « La biodiversité est la diversité de toutes les formes du vivant. Pour un scientifique, c’est toute la variété du vivant étudiée à trois niveaux : les écosystèmes, les espèces qui composent les écosystèmes et, enfin, les gènes que l’on trouve dans chaque espèce ».

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