Biosphere-Info : la pensée de Nicolas Hulot en 1995

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On peut sans doute considérer Nicolas Hulot comme un chercheur de sagesse. Pour lui, la nature « exprime le langage de notre âme ». Ce sentiment transparaît constamment tout au cours de son livre de 1995, « Questions de nature », aux éditions Plon. C’est pourquoi aujourd’hui, ministre de l’écologie, il lui a sans doute fallu beaucoup d’abnégation pour passer de l’immersion dans la nature à l’enfermement dans des cabinets ministériels. Fascinant contraste. Voici un récapitulatif de toutes les fortes pensées qu’il énonce entre deux contacts féeriques avec orques, peuples premiers, oiseaux…

Aliénation : Je passe en revue le spectacle politique, médiatique, judiciaire qui souvent nous égare. Ces règles qu’on nous impose, ces opinions que l’on nous dicte, ces notions de réussite dont on nous gave, ces pouvoirs dispersés, chacun rêve d’en abuser. Je me méfie comme de la peste de ces influences sournoises qui diffusent et s’immiscent sans éveiller la conscience. Religieuses, éducatives, idéologiques, elles façonnent le creuset de nos pensées en évitant trop souvent le chemin de la réflexion. Je me méfie des grands courants impétueux comme de la peste. Il faut savoir se rebeller contre toutes ces dépendances et conserver son libre arbitre : être rebelle pour choisir ensuite.

Animal : L’animal, qu’il soit sauvage ou domestique, n’a plus le temps de s’adapter aux modifications de son environnement. Son univers a trop vite évolué en moins d’un siècle pour que ses gènes conditionnent de nouveaux réflexes. S’échapper, pour les animaux, c’est s’exposer à ces projectiles monstrueux lancés sur toutes les routes. De toute façon, l’homme, dans son développement, ne les prend pas en compte. Il faut reconnaître que l’homme sait aussi vous donner la nausée tant parfois il excelle dans l’indifférence, l’ignorance, la cupidité, la vanité, la lâcheté, la cruauté. Sans être un antidote, la compagnie animale est alors un doux réconfort.

Autoroute : Ce n’est pas l’autoroute en soi qui pose problème. C’est l’abus d’autoroutes qui pose problème, cette folie de bientôt vouloir réunir chaque bourg à ces imposantes quatre-voies. Comme si, une fois lancées, les techniques et les procédés ne pouvaient plus s’arrêter.

Biodiversité : A chaque extinction d’espèces, sous l’effet de l’activité humaine, la mémoire de l’humanité se charge d’un fardeau de honte. L’homme s’octroie le droit de décider du sort des animaux ou des végétaux, de modifier le processus évolutif, persuadé que la seule chose précieuse dans la création est sa propre existence. Dans nos sociétés où partout suintent le racisme et la xénophobie, demander la considération pour un pachyderme ou un insecte est mission désespérée. Comment convaincre les hommes que le salut est aussi dans le respect sans faille de la bio-diversité, que l’unicité de la nature ne vaut que par la pluralité de ce qui la compose ?

Chasse : La chasse dans son ensemble me répugne ; la vie observée me comble trop pour que me vienne l’idée de la supprimer. Trop de regards animaux se sont reflétés dans mes propres yeux pour que je reste étranger à leur sort. Un principe intangible guide ma réflexion, engendre mon dégoût de tuer : le fait d’ôter la vie ne doit jamais être source de plaisir ni de spectacle. Je suis toujours consterné de voir avec quel sang-froid le chasseur détruit l’existence. Je suis inquiet de son accoutumance à la vie qui s’en va. Rien de commun entre le paysan qui, pour améliorer son ordinaire, ira lever quelques perdrix ou faisan, et le chasseur déguisé en Rambo qui confond forêt et fête foraine. Rien de commun entre le trappeur indien rencontré sous les arbres de la taïga canadienne, et l’homme des villes, qui quitte son pays pour venir, en avion de ligne, décrocher son trophée dans les plaines africaines. Rien de commun encore entre le marin-pêcheur courageux qui traîne ses courts filets derrière sa petite unité et l’armada destructrice d’usines flottantes qui dépeuplent nos océans. Ma plus grande aversion va à la chasse à courre, ridicule mascarade d’une époque révolue où le gibier traqué par un cortège grotesque n’a d’autre choix que de s’empaler sur les clôtures qui partout entrave sa fuite, ou, ayant échappé à bien des périls, ne peut qu’attendre, tremblant, écumant de bave sous la terreur, le coup fatal du piqueux porté dans une mise en scène odieuse.

Condition animale : Partout dans le monde, en modifiant le paysage, l’humanité dans son expansion fait fi de la condition animale. Elle transforme les éléments du monde naturel en objets quasi décoratifs, modèle l’environnement aux fins de son seul intérêt. Au risque de choquer, je déteste les cirques. J’ai de l’estime pour les gens du cirque, mais je sais combien les prouesses des animaux sont le fruit de privations et parfois de sévices. Rien de plus désolant, l’été, que ces bêtes en cage étroite, agglutinés et exposés au regard de promeneurs distraits. J’ai en horreur ceux qui privent l’animal de liberté à des seules fins mercantiles. Les élevages intensifs d’animaux sous l’effet d’une mode, où les bêtes croupissent lorsque celle-ci est passée, sont inadmissibles. Combien de huskies ont grandi dans des vitrines minuscules. Les murs épais des laboratoires cosmétiques qui dissimulent le martyre d’animaux innocents me donne la nausée. Que pour satisfaire quelques coquetteries futiles on se fasse tortionnaire illustre le peu de cas que notre société fait de la condition animale.

Corrida : Tout m’écœure dans la pire expression de la vanité humaine envers le monde animal, la corrida. L’hystérie des aficionados, l’arène qui met en scène la mort, ces paillettes qui brillent sur un lit d’hémoglobines, l’agonie du taureau. La télévision amplifie ces comportements, relayée par quelques esprits cyniques qui, d’une plume indécente, justifient ce vice honteux d’un alibi culturel et traditionnel. Je dis qu’une société se grandit quand, au fil de son histoire, elle se débarrasse de ses comportements avilissants ; que son degré de civilisation se mesure à l’état de sa conscience.

Écologie : Étymologiquement, l’écologie est la « science de la maison ». A ce titre, elle est et elle doit être la capacité de l’homme à prendre soin de sa demeure : la terre. Elle ne peut être qu’une réflexion à long terme qui prend de la distance avec les sociétés qui progressent uniquement au rythme de l’écho de l’opinion. Elles en oublient que l’opinion est plus souvent une réaction qu’une réflexion. L’écologie est le plus précieux des équilibres : l’harmonie absolue entre l’homme et la nature. Et jamais le débat ne doit être de savoir lequel prime de l’un ou de l’autre, leur destin est lié.

Espace : J’aime ces grands espaces sauvages où la nature souveraine irradie ses ondes apaisantes. J’ai un besoin vital de ce contact physique, sensoriel et spirituel. Il a fallu sans doute ce coup, asséné par la beauté sans faille de l’Okavanga, pour que naisse en moi la vision du vrai. Aujourd’hui, une simple fleur dans mon jardin, l’évanescence d’un nuage, le son d’une cascade me suffisent à être heureux. La forêt, la mer, l’air, les déserts sont des réservoirs de sagesse, de lucidité, d’équilibre. Dans nos sociétés industrielles, les sens sans cesse agressés se ferment et s’atrophient. Quand tout agresse, on devient soi-même agressif. Aujourd’hui, en avion, en voiture et même en train, on ne voyage plus, on se déplace ; témoin inconscient d’un spectacle trop rapide que l’esprit ne peut fixer.

Ethnies : Je crains sans illusions que toutes ces petites sociétés, Yeyi, Tawana, Herero… miraculeusement oubliées du temps, ces tribus splendides de différence, succombent un jour aux métastases de l’homogénéisation de la planète, sécrétées par ces « civilisations » prétentieuses. Je suis toujours ému du savoir fantastique de ces hommes, nourris de l’intimité de la nature. Cet héritage est resté immuable jusqu’à ce que notre siècle le rende fragile. Qui, mieux que les Indiens d’Amérique qui considèrent la terre comme leur mère, ont vénéré dans leurs gestes autant que dans leurs mots ces liens qui nous unissent à elle : «  Comment l’esprit de la terre pourrait-il aimer l’homme blanc ? Partout où il la touche, il laisse une plaie. »

Homme : L’homme fonde la conviction de sa supériorité sur l’animal, et a fortiori sur le végétal, par la distinction entre l’intelligence dont il se targue et l’instinct dont il affuble les bêtes et autres créatures. L’homme s’imagine au sommet d’une pyramide. L’homme est aussi détenteur exclusif du brevet de l’absurde et de la vanité, inventeur de comportements où la raison et le sens n’ont pas de prise. Il est le seul a écrire les mots génocide et torture. Et cela modère l’appréciation de son intelligence, affirmant plutôt sa différence avec les animaux incapables de tels raffinements.

Loups : Un loup magnifique est apparu soudainement dans les Vosges. Livré en pâture à la scène médiatique, ce pauvre loup, plutôt que de soulever l’enthousiasme collectif, a généré une réaction hystérique comme si « le monstre » risquait de dévorer toute une population. Battues démesurées, traques impitoyables ; une horde de « viandards » a été missionnée pour abattre la bête, responsable seulement d’avoir tué quelques brebis, simples victimes du processus alimentaire. Jusqu’à ce jour, l’animal a déjoué cet acharnement. Le plus cynique est que, lorsque l’animal se trouve en surnombre, il fournit l’alibi de la régulation. L’animal agit et s’adapte en fonction d’un sentiment constant : la peur. La peur de l’homme. Sous l’effrayante activité humaine, l’animal reste tapi. La condition animale dans les pays industrialisés et à forte densité démographique se résume à un état de stress permanent. La nature se cache quand elle ne disparaît pas. Il y a des jours où j’ai mal à ma condition d’homme.

Nature : Je déteste l’arrogance de l’homme face à la nature, cette certitude d’être supérieur au lieu de se contenter d’être magnifiquement différent. La nature resplendit de sa pluralité d’expression. L’homme n’en est qu’une facette, dépendante et tributaire de la multitude des autres. L’homme aime homogénéiser. Cette fausse unité le rassure. Dictateur vaniteux, il ignore l’unité des choses, oubliant qu’il n’y a pas d’un côté d’homme et de l’autre la nature, mais la nature qui accueille l’homme en son sein. A mes yeux, seul le spectacle de la nature a de l’importance. C’est le plus précieux des livres et chaque ligne y est un fragment de vérité. La nature ne me nourrit d’aucune certitude mais m’inonde de sentiments.

Oiseaux : Observer les oiseaux, c’est l’art de la discrétion Je pourrais noircir des centaines de pages à décrire les formes et les couleurs de ces oiseaux dont la seule présence me rassure, mésanges bleues ou charbonnières, geai des chênes, faucon crécerelle… ils représentent les derniers animaux véritablement libres qui s’affranchissent en vol des obstacles et remparts dressés par l’homme et qui, chaque jour davantage, entravent un peu plus la liberté des autres animaux.

Pêche : Botswana, des femmes splendides aux seins dénudés déposent des nasses de roseau où les poisson-tigres iront se piéger ; et ces enfants qui regardent pour apprendre. Comment à cet instant ne pas penser aux monstrueux filets dérivants qui anéantissent nos océans ? Ces barrières impitoyables capturent sans discernement, pour le compte d’une pêche indigne où se perdent de tristes pêcheurs endettés par leurs navires trop onéreux. La pêche au gros en Australie, que je préfère appeler la pêche des gros, tant souvent la silhouette bedonnante de bière de ces pêcheurs pitoyables, vautrés dans des fauteuils luxueux et moulinant d’un geste frénétique leur proie agonisante, est une caricature du sport.

Planète : Quand je traverse les fuseaux de notre planète au rythme des avions de ligne, à la cadence parfois accélérée de mes voyages professionnels, je prends conscience que notre terre se résume à quelques îlots d’opulence entourés d’océans de misère et de détresse. J’ai le pénible sentiment que la terre elle-même souffre. Des coups de griffes, des injections toxiques partout l’étouffent et l’enlaidissent. Sa peau porte des stigmates affreux. Ce soir, je m’endors, craignant qu’un jour le monde ne soit qu’un gigantesque regret. Je me vois raconter à mes enfants ce qu’ils ne verront pas. Je hais déjà le jour où je ne pourrai voyager que dans mes rêves. L’homme est un glouton insatiable ; et seul la désignation formelle des réserves de l’environnement pourrait limiter son avidité. Mais l’humanité tarde à désigner ces zones inaliénables où ce qui reste de nature intacte aurait une chance de survie.

Progrès : Quand je promène mes pas dans ces lieux de plus en plus rares où la nature est encore épargnée des sévices de l’homme, je frémis de la précarité de ce privilège. Je sais qu’inexorablement, un jour ou l’autre, ici comme ailleurs, la beauté originelle sera profanée. Rien ne semble pouvoir arrêter l’appétit gargantuesque de cette gigantesque machine broyeuse et dévoreuse, le progrès. Mot redoutable, sous l’alibi duquel on commet, parfois, l’irréparable et l’inacceptable. Ce terme où tous nos espoirs convergent n’est souvent qu’une extension aveugle, une colonisation sans pitié de la nature par l’homme et pour l’homme seul. L’écologie a trop souffert de paraître incompatible avec le progrès. L’écologie est pourtant une vigilance qui accompagne le progrès, une intelligence qui le raisonne, une générosité qui intègre tous les êtres vivants. Le progrès ne vaut que s’il se fixe des bornes. Quand ce qui entoure l’homme n’est plus à son échelle, alors l’homme n’a plus sa juste dimension.

Relocalisation : Je préfère le village à la ville, la rivière au grand fleuve, la route à l’autoroute, l’échoppe à la boutique, la boutique aux grandes surfaces, la ruelle à l’avenue, je préfère ces dimensions qui sont à l’échelle de l’homme, là où il garde ses repères.

Réserves naturelles : Dieu sait que le mot « réserve » est pénible à mon oreille. Je l’exècre. Il sonne comme un aveu d’échec, celui de partager un même sol avec les animaux et les plantes. L’homme efface de sa mémoire qu’il est, comme le rappellent de nombreuses traditions africaines, « le dernier venu ». Obsédé par sa supériorité, il prospère dans un anthropocentrisme odieux. Se résoudre à l’existence de ces dérisoires sanctuaires, en regard de l’immense territoire que l’homme s’attribue sans vergogne, est une solution ultime face à notre impuissance. Cependant je voue un respect démesuré aux combattants de l’ombre qui se dressent un peu partout pour défendre des parcelles de nature.

TGV : C’est un fleuron de notre technologie dont le confort et l’efficacité ne sont pas à mettre en cause. Mais quand à un premier tracé de chemin de fer, on en ajoute un autre qui ira saccager un paysage supplémentaire pour gagner quelques minutes dérisoires, je dis que la connerie est proche. Et les fameuses études d’impact sont trop souvent des cache-misère minables. Que ne détruit-on pas au nom de cette satanée vitesse… Le monde s’épuise de trop courir. Pourquoi une telle débauche d’énergie et de moyens pour grignoter encore et toujours du temps au temps ?

Végétal : A mesure que l’homme découvre et comprend, sous l’œil de son microscope, l’éveil de notre conscience grandit ; en même temps les frontières où l’on cloisonne séparément le monde animal, végétal, minéral et humain se troublent et s’estompent pour peut-être n’en faire qu’un. Et si l’instinct n’était qu’une forme d’intelligence ? L’animal est peut-être un être accompli, vivant en harmonie avec son environnement. Il importe de reconnaître que l’animal et le végétal sont doués, qu’il est merveilleux de savoir si bien se débrouiller dans le parcours de l’existence. L’affirmation de la différence est plus belle que la quête d’une supériorité.

Ville : J’avoue une allergie excessive à la ville. Depuis longtemps, mon organisation de vie est vouée à y limiter ma présence. Plus encore, m’en éloigner définitivement est un objectif prioritaire. Lorsque j’étais plus jeune, lorsque la cité était encore mon univers social, je ne pouvais imaginer vivre ailleurs, convaincu que rien d’essentiel ne pouvait germer en d’autres endroits. La distance et l’ouverture conférées par tous les chemins de traverse empruntés depuis vingt ans ont rendu visible et flagrant ce que mes yeux éblouis par les néons du factice ne pouvaient discerner. La ville pèse sur le subconscient au point de développer une accoutumance. Nos pensées se précipitent sur tous les artifices modernes qui créent l’illusion de l’évasion et que certains ont appelé le goulag électronique. Nos villes modernes annihilent l’essence des relations humaine, la communication. Ce que sont devenus les villes et, pire, ceux qui y vivent, m’affole voire me terrorise. Les grands ensembles ont anéantis la notion d’équilibre et d’harmonie. Elle n’est plus à l’échelle de l’homme. Je crois que 60 % de la planète vit dans des gigantesques concentrations démographiques. La ville accable d’agression constantes, polarisant l’attention sur la compétition permanent que la multitude génère. L’homme se referme sur lui-même pour tenter de se soustraire aux agressions, le bruit, les odeurs, la pollution, la promiscuité. L’espace est indispensable à l’épanouissement. Et l’entassement ne le favorise pas, au contraire. Les villes périssent de leur démesure. Être en ville, c’est attendre sans cesse, le feu vert, le dégagement du trafic, une place libre, le métro ou le bus, la file d’attente à la caisse… Si chacun se livrait au calcul du temps perdu en déplacements, il serait affolé de constater qu’il impute sa vie d’un pourcentage loin d’être négligeable. En situation de rupture totale avec la nature, le citadin vit dans une obscurité qu’il ne soupçonne plus.

Zoo : Par éthique, puis par principe, je hais toutes les formes de captivité. Je déteste les zoos et les aquariums exotiques. Combien d’animaux sont sacrifiés pour que l’un d’entre eux puisse être exposé au yeux d’enfants insouciants déjà gavés d’images télévisées. Rien ne justifie, à l’apogée de la communication hertzienne, que l’on inflige aux animaux ces procédés d’une époque révolue. Ce spectacle lamentable inscrit l’état de soumission animale dans la normalité, et même dans la banalité. Et l’alibi de la reproduction d’espèces menacées ne vaut pas cette exhibition affligeante.

12 réflexions sur “Biosphere-Info : la pensée de Nicolas Hulot en 1995”

  1. Nous avons reçu ce message : « C’est beau ce que Hulot écrit, mais c’était en 1995. Qu’a t il fait depuis pour tenter de mettre toutes ces idées en action ? Pourquoi n’a t-il pas saisi l’opportunité offerte par Dany quand il a lancé Europe Ecologie pour les européennes de 2009 ? L’occasion était pourtant belle de faire triompher l’écologie, l’opinion était prête et ne demandait que cela. Au lieu de ça il s’est rabougri dans des postures conflictuelles de personnes, qui n’ont plus rien à voir avec ce qu’il écrit; Et quand il aura fini de dévorer les couleuvres que Macron lui offre, qu’écrira-t-il? Qu’il a raté une belle occasion d’ouvrer à la sauvegarde de la vie sur terre ? »
    Voici notre réponse : Chacun doit suivre sa voie en écologie. Il n’y a, et c’est heureux, aucun leader qui nous mène en chemises vertes. En conséquence les écologistes sont partout, dans les familles, dans les entreprises, au gouvernement de droite comme de gauche (je pense à NKM ou Delphine Batho par exemple). Comme il y en a partout, les actions sont diverses, le principal c’est qu’elles soient le plus nombreuses possibles. Des écologistes comme Dany participent aux européennes en 2009, d’autres affrontent le vent mauvais de la primaire EELV pour la présidentielle 2012. Il n’y a pas de hiérarchie à mettre dans les engagements de chacun, et Dany a ses qualités comme Hulot a les siens. Sinon on peut compliquer l’analyse à l’extrême, des européennes qui mènent un ex de Greenpeace à la présidentielle 2017 pour qu’il (nous) abandonne en cours de route ? Un conseiller de Chirac, Sarkozy et Hollande qui devient numéro 3 du gouvernement de Macron au nom de l’écologie ? Qui est le meilleur, débat futile. Un regard sur le passé ne sert pas à grand chose s’il ne nous fait pas avancer vers l’avenir.
    Il ne faut être un inconditionnel de personne, se contenter de soutenir quelques actions qui semblent contribuer à essayer de donner quelques limites à une société qui est devenu ingérable, et ce quel que soit le niveau de pouvoir qu’on puisse atteindre. Nous ne sommes tous que des minuscules colibris engagés dans des combats multiples et souvent désespérés, prenons garde à ne pas tuer un colibri qui n’a pas tout-à-fait la même couleur que la nôtre.

  2. Nous avons reçu ce message : « étant réellement écologiste, je ne veux plus recevoir d’apologie de Nicolas Hulot. Veuillez me désinscrire de votre liste d’envois. »
    Voici notre réponse : Votre désinscription nous interpelle. D’une part nous éditons Biosphere-Info depuis 13 ans, nous avons donc parlé de bien autre chose que de Nicolas Hulot. D’autre part qui est « réellement écolo » ? Michel Sourrouille a écrit un livre paru en novembre dernier « On ne naît pas écolo, on le devient ». Il a montré par son propre vécu que nous sommes tous des écologistes en devenir, c’est-à-dire imparfait. Qui voudrait pratiquer la simplicité volontaire comme Diogène ?
    Pour revenir au livre de 1995 de Nicolas Hulot, il nous montre que c’est une personne réellement imprégné par la beauté de la nature et désespéré du fait que nous détruisons cette beauté. Son passage au gouvernement démontre que l’écologie en politique est très difficile à appliquer, notre idéal se heurte aux murs des réalités du croissancisme.
    Comment être réellement écolo ? Nous espérons que vous avez une réponse à nous donner.

  3. Nous avons reçu ce message : «  Hulot, penseur de l’écologie ! Trop, c’est trop. Merci de me désinscrire. XXX »
    Voici notre réponse : Désinscription faite. Dommage XXX, vous nous suiviez depuis plusieurs années… Nous sommes désolé que l’image de NH vous apparaisse comme négative. Pour un complément d’information, voici ce qu’Hulot a écrit. Nous ne voyons pas en quoi il ne s’agirait pas de « pensées écologiques » :
    1991 états d’âme aux éditions JCLattès (Nicolas Hulot)
    1995 Questions de nature aux éditions Plon (Nicolas Hulot)
    1997 Okavango, on a marché sur la terre – Kenya, Éthiopie aux éditions Gallimard (Nicolas Hulot)
    1998 à mes risques et plaisirs aux éditions Plon (Nicolas Hulot)
    1999 Pour que la Terre reste humaine aux éditions du Seuil (livre de Roger Barbault, Dominique Bourg et Nicolas Hulot)
    2002 Combien de catastrophes avant d’agir aux éditions du Seuil (Nicolas Hulot et le Comité de veille écologique)
    2004 L’impasse alimentaire aux éditions Fayard (Nicolas Hulot, le Comité de veille écologique et Karine Lou Matignon)
    2004 Le syndrome du Titanic aux éditions Calmann-Lévy, le livre de poche (Nicolas Hulot)
    2005 la Terre en partage, éloge de la biodiversité (Fondation Nicolas Hulot)
    2006 Le pacte écologique ………. (Nicolas Hulot et le Comité de veille écologique)
    2006 Graines de possible aux éditions Calmann-Lévy (entretiens entre Nicolas Hulot et Pierre Rabhi)
    2007 L’an I de l’ère écologique aux éditions Tallandier (Edgar Morin, et dialogue avec Nicolas Hulot)
    2009 Le syndrome du Titanic – 2 aux éditions Calmann-Lévy, j’ai lu (Nicolas Hulot)
    2010 Vers une société sobre et désirable (Fondation Nicolas Hulot)
    2013 Plus haut que mes rêves aux éditions Calmann-Lévy (Nicolas Hulot)
    2015 Osons, plaidoyer d’un homme libre aux éditions Les liens qui libèrent (Nicolas Hulot)

  4. Bonjour Didier Barthès
    Nicolas Hulot vous dit « la démographie il ne faut pas l’ignorer», il vous expose ses arguments ainsi que sa conviction … mais ça ne vous suffit pas. Et selon vous il commet là une « erreur fondamentale ».
    Ce qui me gêne chez les militants, et je ne parle que de ceux qui sont honnêtes, ceux qui croient à ce qu’ils prêchent, comme vous, c’est leur certitude d’avoir raison. Remarque, s’il ne restait plus que des sceptiques, des nihilistes ou des je-m’en-foutistes, alors il n’y aurait plus beaucoup de militants.
    Ceci dit, même si vous n’êtes pas d’accord avec Nicolas Hulot sur son analyse du problème démographique, vous le rejoignez toutefois pour appréhender, ou haïr, le jour où il ne pourra plus voyager que dans ses rêves … ce que j’ai osé traduire par le jour où il ne pourra plus voyager à sa guise. Dans votre combat, vous revendiquez un « certain confort », et bien entendu il n’est pas compliqué de comprendre que nous ne pourrions y prétendre qu’à condition d’être moins nombreux, beaucoup moins nombreux. J’imagine que vous avez calculé combien la Terre devrait porter d’humains pour que chacun puisse profiter durablement de ce « certain confort ». Ne serait-ce que sur le plan de l’énergie, j’imagine que vous savez que notre train de vie actuel nécessite pas moins que l’équivalent de 400 ou 500 esclaves, virtuels ou réels. (JM Jancovici nous explique ça superbement bien).

  5. Bonjour Michel C,
    C’est bien là (l’ignorance de la démographie) l’erreur fondamentale de Nicolas Hulot (et de beaucoup d’autres).
    En cherchant à combattre d’abord les « incroyables gisements de gâchis », il va participer à laisser peupler la Terre jusqu’à son maximum du point de vue des ressources (imaginez qu’on arrive à les économiser ! ) et donc ainsi à couvrir la planète d’humains au détriment des paysages et de l’ensemble du reste du vivant.
    Il ne veut pas admettre le caractère incontournable du problème. En ce sens, il est hélas sur la ligne d’un Pierre Rabhi qui fait l’unanimité, selon moi à partir d’idées fausses (sauf bien sûr la nécessité d’avoir une agriculture plus protectrice des sols et de la nature, chose que je partage évidemment).
    Par contre que Nicolas Hulot soit triste de ne plus pouvoir voyager à sa guise, je le comprends et ne voit pas là une contradiction dans son attitude, moi aussi je pense que nous devrions pouvoir voyager et bénéficier d’un certain confort, mais que cela suppose une contrainte qu’il faut accepter, être moins nombreux, nous n’aurons pas les deux ensemble.

  6. Pourquoi Nicolas Hulot ne fait-il pas ceci, pourquoi laisse-t-il faire cela ? Parce qu’il fait ce qu’il peut, parce qu’il n’a pas de baguette magique !
    Deux exemples au sujet du nucléaire : sa position sur l’actuel projet d’enfouissement à Bure, et sa position sur le nouvel EPR .
    novethic.fr/actualite/energie/energie-nucleaire/isr-rse/nucleaire-nicolas-hulot-douche-les-espoirs-d-edf-de-lancer-la-construction-d-un-nouvel-epr-en-france-145339.html
    Au sujet du loup , là aussi il fait ce qu’il peut :
    nouvelobs.com/planete/20170622.OBS1099/hulot-se-justifie-sur-l-abattage-de-loups-qui-doute-de-mon-amour-pour-la-vie-sauvage.html
    Pourquoi Nicolas Hulot ne s’engage t-il pas fermement en faveur de la décroissance démographique ? Parce que sur ce sujet il a une conviction, que d’ailleurs je partage.
    – « ma conviction, c’est que la démographie il ne faut pas l’ignorer, mais ce qu’il faut surtout combattre le plus rapidement possible, c’est tout ce que j’appelle les incroyables gisements de gâchis, les prélèvements indus sur nos ressources qui ne participent en aucun cas au bien-être des citoyens. »
    https://www.demographie-responsable.org/nicolas-hulot-demographie.html

  7. Bonjour,
    Nicolas Hulot ne m’a jamais convaincu. Les émissions télévisées de cet écologiste des plateaux ont toujours laissé derrière elles un gigantesque sillage d’émissions de CO2. Il a mis beaucoup de soins et de ténacité à faire de sa notoriété une source d’enrichissement. La réussite de son shampooing Ushuaïa est aussi réelle que ridicule, et sa fondation s’appuie sur une série de multinationales plus proches du problème que de la solution des questions environnementales.Aujourd’hui qu’il est ministre, Nicolas Hulot va nous montrer combien de reculades il devra accepter avant de démissionner.
    Je lui ai consacré en janvier 2007, lors de ses débuts en politique et de son pacte écologique, un billet de blog assez argumenté qui fut repris dans un titre de la presse nationale belge.
    À mon sens, rien n’a vieilli dans cet article: condrozbelge.com/2007/01/31/nicolas-hulot-une-ecologie-sans-politique/ .
    J’ai par ailleurs publié un court compte rendu de sa déclaration de patrimoine en décembre passé. Allez voir si vous jugez que d’autres arguments sont nécessaires ou utiles: condrozbelge.com/2017/12/16/six-voitures-lecologie-est-en-de-bonnes-mains-avec-le-ministre-nicolas-hulot/
    Le mode de vie de Nicolas Hulot, comme celui de l’oligarchie, et même celui des citoyens ordinaires des pays riches, ne peut être étendu à l’ensemble de la population mondiale. Vous imaginez la France, a fortiori le monde, peuplés de ménages pareillement dotés? C’est impossible.Seule l’inégalité permet que certains disposent de ce « droit » à polluer. En réalité, le mode de vie de Nicolas Hulot, comme celui de l’oligarchie, et comme plus largement le mode productiviste en général, postulent l’inégalité. Notre mode de vie n’est pas un universalisme! Notre civilisation ne pourra, et déjà elle ne peut, échapper à ce qui est pour elle la contrainte environnementale. Elle ne l’intègre qu’à reculons et contrainte et forcée. Sa pente naturelle sera de protéger les élites et de contraindre les citoyens ordinaires, et le processus a déjà commencé: austérité pour les masses, droit de polluer pour les plus riches. Relever le défi d’un retournement du paradigme dans un processus réfléchi et pacifique paraît hors de portée.
    Bien à vous.

  8. Je ne sais pas si Nicolas Hulot est un chercheur ou un amoureux de sagesse, toutefois je sais l’importance qu’ont eu dans sa vie des gens comme Théodore Monod. Nul doute que son amour de la nature et son envie de la protéger sont sincères, ce qui suffit déjà pour le qualifier d’écologiste.
    Après, comme tout le monde il a ses paradoxes et les siens se voient particulièrement du simple fait qu’il est médiatique. Nul doute non plus que Nicolas est un grand sensible, il parle avec son cœur et ses tripes, il nous dit sans détours tout ce qui lui donne la nausée, l’écoeure, le répugne, tout ce qu’il déteste et ce dont il a horreur… et à l’inverse il nous livre tout ce qu’il aime, tout ce dont il a besoin : « J’ai un besoin vital de ce contact physique, sensoriel et spirituel. »
    Nul doute enfin que Nicolas est un grand enfant, il le dit lui-même, sa naïveté enfantine en rajoute à sa sympathie, en tous cas de mon côté je ne pourrais jamais le détester.
    Tel un grand sage il nous dit : « Aujourd’hui, une simple fleur dans mon jardin, l’évanescence d’un nuage, le son d’une cascade me suffisent à être heureux » … plus loin il rajoute « Aujourd’hui, en avion, en voiture et même en train, on ne voyage plus, on se déplace ; témoin inconscient d’un spectacle trop rapide que l’esprit ne peut fixer. »
    Et puis il s’endort, tel un enfant terrorisé à l’idée de ne plus pouvoir prendre l’avion : « Ce soir, je m’endors, craignant qu’un jour le monde ne soit qu’un gigantesque regret. Je me vois raconter à mes enfants ce qu’ils ne verront pas. Je hais déjà le jour où je ne pourrai voyager que dans mes rêves. »

  9. Que de sagesse en effet, mais pourquoi monsieur Hulot permet-il l’abattage de 40 loups en 2018, ? en plus de ceux victimes des braconniers et des accidents .
    Le nucléaire est oublié mais pour une personne qui n’ose pas se prononcer sur la croissance démographique c’est justifié car nous aurons besoin de toujours plus d’énergie pour satisfaire notre croissance démographique.
    Si on supprime les centrales nucléaires on augmentera les GES avec les centrales gaz ou charbon qu’il faudra construire pour les remplacer.
    Mais pourquoi ne pas oser dire haut et fort que la population humaine est trop nombreuse et qu’elle est en train de détruire son avenir.

  10. Bonjour,
    J’adhère à ce que dit M Barthès sur la démographie. L’enjeu n’est pas de savoir si l’on doit pouvoir nourir 10 milliards d’humains, mais si cela est compatible avec la survie des autres espèces vivantes et surtout avec le sauvage.
    J’ai bien peur que 10 milliards d’humains, ne signifie disparition d’autres animaux que domestiques et donc humanité domestiquées et donc Etat totalitaire.
    Quant à Hulot, je ne vois pas le mont NUCLEAIRE dans cette liste et je trouve cela facheux.
    En ce qui concerne la relocalisation, il ne s’agit pas seulement de distance par rapport à l’homme, mais de PRODUIT, de ce que l’on produit qui doit respecter la biosphère. IL faut donc partir du secteur de la production, critiquer la centralité donnée au travail destructif et sans autre finalité que de faire de l’argent.
    Mais M Hulot a sans doute un imaginaire encore trop capitalo et croissance-centré…???

  11. Toutes ces remarques sont très justes. Comment un écologiste pourrait-il ne pas les partager ?
    Il est intéressant de noter que plusieurs d’entre-elles ne sont pas inspirées par un quelconque utilitarisme (genre : « Il faut défendre les abeilles parce qu’elles sont utiles à notre agriculture » ou « Il faut défendre l’Amazonie parce qu’on va y trouver des plantes pour concevoir tel ou tel médicament »), mais bien par un respect de la beauté de la nature, par le respect dû au vivant dans son ensemble, c’est là ce qui devrait constituer la base de l’attitude écologiste. On ne peut que se réjouir de voir le ministre de l’environnement s’appuyer sur cette approche.
    Et pourtant, pourquoi alors Nicolas Hulot ne s’engage-t-il pas fermement en faveur de la décroissance démographique qui est la condition sine qua non que toutes les merveilles à respecter qu’il évoque ici le soient effectivement ?
    Même sur le plan stricte de l’organisation de nos sociétés, comment préférer le village à la ville si l’on aborde pas en tout premier lieu la question de notre nombre ?
    Rien de ce qu’aime et souhaite Nicolas Hulot pour le monde ne sera possible sur une Terre surpeuplée.

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