Bizarre, une loi d’exception pour les Jeux Olympiques

Allez voir le projet de « loi 2024 » mis en place exclusivement pour les Jeux Olympiques, une loi qui condamne notre futur. Maintenant que la France s’est engagée à accueillir les JO en 2024, la ministre des sports doit, désormais, porter un projet de loi pour adapter la loi française aux conditions exigées par le CIO (comité international olympique). Cette loi olympique comprendra plusieurs dispositions visant simplement à simplifier et accélérer les règles relatives à l’urbanisme, à l’environnement et au logement notamment en allégeant les formalités et autres procédures et en réduisant les temps de concertation (par exemple pour les expropriations). La raison est simple : disposer des installations souhaitées en temps et en heure. Peu importe que les principes qui fondent notre droit soient reniés, il faut dire que la chose la plus importante est d’accueillir des sportifs et des touristes du monde entier en 2024. La privatisation des espaces publics est renforcée à travers le renforcement de la publicité sur des monuments historiques ou des sites classés. Les lieux potentiellement concernés sont notamment le champ de mars, l’esplanade des Invalides, les Champs Élysées, les jardins du Trocadéro, le parc de Versailles, le Grand palais. Paris risque de devenir une vitrine pour les annonceurs olympiques. Cette loi prévoit également de réserver des voies de circulation pour les délégations olympiques et les athlètes. Nous devrons donc nous arrêter pour laisser passer ces cortèges. Une loi dont le but simplement de créer une voie de circulation pour des privilégiés.

Patrick Clastres, historien du sport et spécialiste de l’olympisme, parle d’une « loi d’exception » car elle « suspend dans un espace donné et à un moment donné la loi ordinaire ». Et, les quelques gages de transparence ne sauraient nous duper. Il faut se rappeler que l’attribution à Lima de Paris comme ville hôte des JO a coûté la bagatelle de 1,5 millions d’euros, en toute transparence donc comme les voyages en avion de notre premier ministre. Cette loi et ces pratiques s’inscrivent dans une logique qui n’est pas la nôtre. Une logique qui, malheureusement, nous prépare pour 2024 loin des urgences proclamées par 15 000 scientifiques ! Pourtant, elle va être votée sans difficulté et s’inscrit, finalement, dans la continuité d’une loi adoptée en 2014 accordant des exonérations fiscales pour les grands événements sportifs (en prévision de l’euro 2016 de football). Ne devrions-nous pas nous questionner sérieusement sur une loi qui entend suspendre notre droit, même temporairement et porter atteinte à notre souveraineté même ? Dommage de passer sous silence que ces JO seront ceux du béton et des sponsors. Ce béton qui symbolise un choix de société, celui de privilégier le sport spectacle, cette distraction de masse, plutôt que des projets sociaux plus utiles, plutôt que de faire face aux réels enjeux des décennies à venir.

Tout se rejoint car c’est bien l’idéologie croissanciste qui guide notre société et qui reste notre horizon d’ici 2024. C’est cet imaginaire que nous devons casser, arrêter d’ériger le sport comme un élément neutre et bienfaisant. A l’occasion de l’euro 2016, nous écrivions déjà : le sport est loin d’être neutre. Il est un miroir grossissant des dérives du système croissanciste. Le sport véhicule des valeurs qui, étonnamment, coïncident avec celles de la société de croissance : culte de la compétition, évasion fiscale, inégalités économiques. Finalement, le sport renforce un système de valeurs qui est bien utile pour faire fonctionner la méga-machine capitaliste. Il participe aussi à nous faire oublier les vrais enjeux et à nous faire croire qu’il pourrait résoudre des problèmes sociétaux majeurs l’espace d’une compétition (le leurre de la France black-blanc-beur de 1998 ). Tandis que la gestion des « grands stades », véritables arènes de la consommation, questionne sur nos pratiques de la démocratie, les valeurs du sport contribuent à annihiler notre capacité de jugement et de révolte contre un système inique et dévastateur en nous en faisant accepter ces valeurs … « Du pain et des jeux », hier, … « De la bière et du foot », en 2016 … de la pub et des jeux en 2024 … surtout et toujours, « Du sport pour la croissance ». L’individualisme et la compétition sont des valeurs que nous préférerions remplacer par le partage et la convivialité. (Le Collectif « Nous sommes Parti.e.s Pour La Décroissance »)

le sport, cet outil au service de la croissance
Des jeux pour oublier les pains

8 réflexions sur “Bizarre, une loi d’exception pour les Jeux Olympiques”

  1. Rien de nouveau sous le soleil. Mais comment pourrions-nous encore espérer autre chose de ce gouvernement ? Souvenons-nous seulement de quelques dernières déclarations.
    Nicolas Hulot en maître de sagesse après le passage de l’ouragan Irma : «A force de nier la réalité, elle nous rattrape et on n’est pas forcément prêt … Le pire est devant nous … Que ça nous serve de leçon ! »
    Le président Macron à ce moment là en Guadeloupe, pour aller y verser ses larmes de crocodile, trouvait le moyen de se réjouir de la « bonne nouvelle ». Paris retenu pour les JO de 2024 : « C’est une victoire pour la France ! » Cocorico !
    Quelques jours après à New-York, notre «nini et en même temps» déclarait : « Les ouragans, une conséquence directe du réchauffement climatique » .
    Souvenons-nous aussi de ses déclarations solennelles des plus écolos, lors des « grandes occasions », comme à Bonn en novembre dernier lors de la COP23 : « Si nous continuons comme nous le faisons aujourd’hui, quels que soient les efforts déjà faits ces dernières années, cela veut dire que nous acceptons tacitement, collectivement ici la disparition d’un bon nombre des populations ici représentées.» En marge (au Monde) il déclarait : « ce qui sauvera le climat, ce ne sont plus des grands sommets diplomatiques classiques, c’est une mobilisation de tous les jours… (et blablabla) »

    Ce qui est maintenant évident, c’est que Macron n’est pas fichu de faire autrement que de ramer vers l’abîme. Et bien bien sûr toujours plus vite, il ne sait d’ailleurs pas faire autre chose. Macron n’a rien d’exceptionnel, rien de nouveau, il ressemble à tous ces vieux sclérosés qui nous ont amené au désastre, il a seulement l’air jeune.
    Il ne faudra donc pas s’étonner le jour où il déclarera, comme l’avait fait l’autre triste sire en son temps , « l’écologie ça commence à bien faire ! »

    Je serais tout de même curieux de savoir dans quelles proportions Macron a compris le problème, ou alors si tout simplement il ne se fout pas de nos pauvres gueules. Pour le savoir il faudrait que je demande à Monsieur Hulot, ce serait d’ailleurs l’occasion de lui faire savoir que d’un percheron on ne fera jamais un cheval de course.

  2. Rien de nouveau sous le soleil. Mais comment pourrions-nous encore espérer autre chose de ce gouvernement ? Souvenons-nous seulement de quelques dernières déclarations.
    Nicolas Hulot en maître de sagesse après le passage de l’ouragan Irma : «A force de nier la réalité, elle nous rattrape et on n’est pas forcément prêt … Le pire est devant nous … Que ça nous serve de leçon ! »
    Le président Macron à ce moment là en Guadeloupe, pour aller y verser ses larmes de crocodile, trouvait le moyen de se réjouir de la « bonne nouvelle ». Paris retenu pour les JO de 2024 : « C’est une victoire pour la France ! » Cocorico !
    Quelques jours après à New-York, notre «nini et en même temps» déclarait : « Les ouragans, une conséquence directe du réchauffement climatique » .
    Souvenons-nous aussi de ses déclarations solennelles des plus écolos, lors des « grandes occasions », comme à Bonn en novembre dernier lors de la COP23 : « Si nous continuons comme nous le faisons aujourd’hui, quels que soient les efforts déjà faits ces dernières années, cela veut dire que nous acceptons tacitement, collectivement ici la disparition d’un bon nombre des populations ici représentées.» En marge (au Monde) il déclarait : « ce qui sauvera le climat, ce ne sont plus des grands sommets diplomatiques classiques, c’est une mobilisation de tous les jours… (et blablabla) »

    Ce qui est maintenant évident, c’est que Macron n’est pas fichu de faire autrement que de ramer vers l’abîme. Et bien bien sûr toujours plus vite, il ne sait d’ailleurs pas faire autre chose. Macron n’a rien d’exceptionnel, rien de nouveau, il ressemble à tous ces vieux sclérosés qui nous ont amené au désastre, il a seulement l’air jeune.
    Il ne faudra donc pas s’étonner le jour où il déclarera, comme l’avait fait l’autre triste sire en son temps , « l’écologie ça commence à bien faire ! »

    Je serais tout de même curieux de savoir dans quelles proportions Macron a compris le problème, ou alors si tout simplement il ne se fout pas de nos pauvres gueules. Pour le savoir il faudrait que je demande à Monsieur Hulot, ce serait d’ailleurs l’occasion de lui faire savoir que d’un percheron on ne fera jamais un cheval de course.

  3. Il ne faut pas faire ces Jeux. La lucidité doit nous conduire à arrêter ça, cette course à la performance, cette arène pour le dopage, ce gouffre financier, cet appel au nationalisme, cette attaque contre l’urbanisme et l’environnement.
    Il y aurait une certaine sagesse, à dire non, on fait marche arrière. Savoir faire marche arrière est une qualité essentielle, pas seulement en alpinisme.
    Le silence des écologistes dont certains sont alliés à la mairie de Paris sur ce projet pharaonique et destructeur est un non sens.

  4. Il ne faut pas faire ces Jeux. La lucidité doit nous conduire à arrêter ça, cette course à la performance, cette arène pour le dopage, ce gouffre financier, cet appel au nationalisme, cette attaque contre l’urbanisme et l’environnement.
    Il y aurait une certaine sagesse, à dire non, on fait marche arrière. Savoir faire marche arrière est une qualité essentielle, pas seulement en alpinisme.
    Le silence des écologistes dont certains sont alliés à la mairie de Paris sur ce projet pharaonique et destructeur est un non sens.

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