bouddhisme ou écologie profonde ?

Selon LeMonde du 11.08.2208, le Bouddha serait dans le bocage normand ! En fait le dalaï-lama va inaugurer « le jardin du bouddha Vajradhara » devant des fidèles prosternés. Prosternés ? Déjà la méfiance s’installe. Jamais un humain devant lequel il faudrait se prosterner ne mérite attention dans une société démocratique, si pieux soit-il. D’ailleurs l’article rajoute que l’initiation au bouddhisme s’exprime souvent dans un rapport exalté de dépendance entre le pratiquant et son maître. Enfer et damnation ! Jamais la soumission et les moulins à prières ne conduiront à la sagesse collective.

 

Je me rappelle  encore cette phrase du dalaï-lama en 2006 : « Si une opération du cerveau permettait de produire les mêmes effets que plusieurs heures de méditation quotidienne, je me ferais opérer ». C’est comme si on célébrait les vertus des psychotropes et qu’on minimisait la possibilité de sauvegarder sa santé mentale par ses propres forces, l’interrelation humaine et le dialogue avec la Nature. Ce que je préfère, c’est le message fondamental du bouddhisme qui repose sur le principe d’interdépendance universelle. Mais ce concept reste flou. Alors ma référence reste la conception des tribus indiennes qui ont en commun l’expression Père-Ciel et Mère-Terre : leur vision de l’univers est en liaison étroite avec les écosystèmes, elle est à la fois spiritualiste et réaliste, elle est écologiste. Dans ces sociétés, l’idée d’une hiérarchie parmi les êtres n’existe pas et il faut respecter fraternellement animaux, végétaux et minéraux puisque la notion de parenté ne se rapporte pas uniquement aux membres d’une famille ou d’un clan, elle inclut tous les êtres de l’environnement, animés ou inanimés. Pour les Indiens cueillir une plante était de la même gravité que tuer un animal. Pour eux, la survie dans le cycle de la vie et de la mort est parfois liée à l’acte de prendre la vie à d’autres êtres, mais toute appropriation est signe d’un endettement : les chasseurs et les pêcheurs pratiquaient des offrandes envers leurs gibiers et les agriculteurs envers le sol.

 Notre sacré réside dans la Nature, pas dans des temples, qu’ils soient bouddhistes ou de n’importe quelles autres tendances spirituelles.