biodiversité

La démographie, pression sur la biodiversité

Cette note (résumée) a été rédigée par les membres du Conseil scientifique 2018-2021 de la Fondation pour la recherche sur la biodiversité (FRB),

https://www.fondationbiodiversite.fr/la-demographie-une-pressions-indirectes-identifiees-par-lipbes/

Quel(s) rôle(s) a joué et continue de jouer l’augmentation continue du nombre d’humains dans l’érosion – mais aussi l’évolution au sens darwinien – de la biodiversité ? Ce travail est focalisé sur le réseau des liens entre la biodiversité et le facteur indirect sans doute le moins exploré de ce point de vue : la démographie humaine. La quantification de l’effet de la croissance de la population humaine sur l’érosion de la biodiversité, par rapport à d’autres facteurs de pression, comme le changement climatique par exemple, reste, quant à elle, un aspect peu abordé dans la littérature et constitue à ce titre un « front de science », une question appelant à des recherches inédites.

Dans son récent rapport sur l’état et les tendances de la biodiversité mondiale (années 1970-2050), l’Ipbes dresse le constat de l’impressionnante détérioration de la biosphère à toutes les échelles spatiales, ainsi que de l’exceptionnelle rapidité de l’érosion de la biodiversité – des gènes aux communautés d’espèces – la dégradation des écosystèmes.

Parallèlement :

  • le nombre d’humains a triplé au cours du demi-siècle écoulé ;
  • en sept décennies, de 1950 à 2019, le produit intérieur brut (PIB) global par habitant a presque quintuplé, passant de 3 500 à 17 000 dollars internationaux (réf. prix 2011) alors que la population mondiale passait de ∼2,5 à 7,7 milliards d’humains ; l’activité économique s’est alors construite sur l’exploitation de ressources finies rendant ce modèle non soutenable ;
  • la superficie des zones urbaines et du réseau de leurs infrastructures a doublé en trois décennies : plus d’une personne sur deux vit aujourd’hui en ville et ce chiffre devrait être porté à deux sur trois en 2050 ; la taille des villes a augmenté de manière exponentielle depuis 1950 et les 28 premières agglomérations dans le monde, en 2030, auront des effectifs proches ou supérieurs à 20 millions d’habitants (United Nations, 2018) créant une demande en infrastructures et approvisionnements (énergie, alimentation, etc.) ;
  • les terres consacrées à l’agriculture et à l’élevage occupent désormais plus du tiers des surfaces continentales et, si une grande partie des terres a historiquement été utilisée par les humains, l’intensification de l’utilisation a concouru à l’érosion de la biodiversité.

Au-delà de ces constats, l’Ipbes a élaboré un modèle conceptuel qui distingue, d’une part, les « moteurs directs » de l’érosion de la biodiversité (amplification des usages de l’océan et des terres, exploitation des écosystèmes, changement climatique, pollutions, espèces exotiques envahissantes) et d’autre part les « moteurs indirects », c’est-à-dire les causes profondes des atteintes à la biodiversité, dont la démographie humaine, la consommation, l’économie, les échanges commerciaux, les progrès technologiques, les institutions, la gouvernance, etc. étayés par un système de valeurs et de choix de comportement. Ces moteurs indirects rétroagissent et aggravent les pressions directes exercées sur la biodiversité. Les interactions entre la biodiversité et les moteurs directs ont été – et demeurent – l’objet de nombreuses recherches. En revanche, l’étude des relations entre la biodiversité et les moteurs indirects, notamment la démographie, semble moins fréquente.

S’il existe une incidence de la croissance des populations humaines sur les pressions qui pèsent sur la biodiversité, ce dossier met aussi en lumière le fait que la relation entre le nombre d’humains et la dégradation de l’environnement est loin d’être linéaire. Cela permet donc d’envisager un découplage entre démographie et impact humain, découplage qui impliquerait une réduction des pressions directes (par l’éducation, la réglementation ou les incitations de toute nature, etc.) ainsi que des actions menées sur des facteurs indirects de pression (par la réflexion sur certaines technologies, modes de gestion des espaces, de consommation, de modèles économiques, de gouvernance, de fiscalité, réglementation, etc.).

Ainsi, alors que la consommation des ressources naturelles et des biens de consommation par habitant s’accroît et se mondialise entre pays développés et pays émergents, la réduction des impacts anthropiques, dans un contexte de croissance de la population humaine, pourrait passer par une réduction et une rationalisation de l’utilisation globale des ressources naturelles – réduction et rationalisation qui, elles-mêmes, sous-entendent une révision des modes de production au niveau mondial et une meilleure répartition des ressources. Ce levier d’action semble le plus facile à envisager dans la mesure où agir sur les évolutions démographiques reste un sujet épineux et suppose, de plus, un effet d’inertie.

Un dernier élément de réflexion autour de cette nécessaire transition vers la durabilité souligne qu’elle ne pourra sans doute pas se faire sans un profond changement de notre rapport au vivant et de notre regard sur la biodiversité, souvent réduite à un ensemble de « ressources » pour l’espèce humaine.

Le point de vue des écologistes malthusiens

Didier : L’argument mis en avant selon lequel le lien entre augmentation de la population et pression sur la biodiversité n’est pas linéaire et que donc cela autorise à envisager un découplage entre les deux phénomènes me semble très discutable.

D’une part, la non linéarité du lien ne nie en rien le couplage. Elle peut même aggraver les choses si la croissance de la population entraîne une pression plus que proportionnelle. D’autre part il peut y avoir des irrégularités dans le déroulement temporel de ce lien, des spécificités locales et enfin des effets de seuils.Tout cela relève d un véritable couplage, moins simple que linéaire, mais tout aussi destructeurs

Anne-Marie : Après avoir dressé le constat de l’impressionnante détérioration de la biodiversité  et mis en parallèle l’impressionnant constat de la multiplication  des humains, il semble que la relation entre les deux soit si aveuglante  et si peu correcte idéologiquement que les membres de la FRB  se sont empressés de conceptualiser leur déni  par la NON LINEARITE.. . s‘autopersuadant par un tour de passe-passe intellectuel que le changement de modèle de consommation et la conception de petits écolos suffira pour résoudre l’équation.

L’exemple du confinement est incroyable : oui, quand on fige l’humanité, qu’on l’empêche de travailler, de produire, d’utiliser sa voiture, on pollue moins. Rêvent-ils de l’humanité au Bois Dormant pour que l’on puisse continuer à croire que le nombre n’est pas un souci ? Si la réduction démographique est un sujet épineux et soumis à l’inertie (c’est bien pour ça qu’il est urgent d’agir) que dire d’un changement rapide  et global de nos systèmes économiques ?!

Il est également de mauvaise foi d’aller chercher le temps où nous n’étions que quelques milliers pour prouver que le nombre n’a aucun rapport avec la pression sur la biodiversité ! Cela prouve seulement que l’humain quelle que soit son avancée technologique, par son intelligence et ses capacités d’invention, a toujours impacté son environnement, MAIS justement cela prouve aussi que si quelques chasseurs-cueilleurs détruisent que dire de 10 milliards d’humains modernes ?

Nous ne reviendrons pas plus vite à une ascèse économique mondiale qu’à une sobriété démographique. Il y a le même effet d’inertie  et d’inacceptabilité. Il semble même que diminuer sa reproduction soit plus facile (2 enfants seulement mais  bien nourris, éduqués  et avec un avenir acceptable, est un modèle qui se répand un peu partout ) et même un rêve pour de nombreuses femmes dans les PVD

Gilles : Entièrement d’accord avec Didier et Anne-Marie : couplage, ou plus simplement relation de causalité, ne signifie pas linéarité. Démographie Responsable ni aucune ONG militant pour la modération démographique n’a jamais prétendu que la démographie était le seul facteur explicatif de la chute de la biodiversité. En revanche, il est probable que l’humanité, tant dans son nombre que dans son activité, soit la cause principale de l’actuel effondrement de la biodiversité… dont l’ampleur est sans rapport avec les quelques atteintes que cette même humanité d’avant le XIXe siècle, a pu porter à l’environnement. Il y a même une certaine corrélation entre la forte densité démographique d’un pays et sa faible biocapacité par habitant, si l’on s’en tient aux calculs de Global Footprint Network, qu’il s’agisse des pays à forte densité (Inde, Bangladesh, Pakistan, Chine, Vietnam, Japon, Corée du Sud, Corée du Nord, Egypte, Benelux, Italie) ou au contraire à faible densité (Gabon, Guyane, Guyana, Surinam, Canada, Finlande, Mongolie, Australie).

Les tenants de l’inaction démographique agitent des problèmes éthiques, fondées sur la liberté individuelle, par ailleurs tout à fait respectables, mais ils font semblant d’ignorer que des politiques démographiques (natalistes) sont actuellement à l’œuvre dans des pays comme la France… sans susciter de débats éthiques. Deux poids, deux mesures ? De la même manière, si les politiques natalistes menées depuis la Libération sont efficaces, pourquoi leur abandon serait sans effet dans un sens contraire ?

Fiche 6 de la FRB – DÉMOGRAPHIE ET CHANGEMENT CLIMATIQUE

Whynes & Nicholas (2017) établissent que les quatre mesures les plus efficaces sont d’avoir un enfant de moins (ce qui réduit en moyenne les émissions d’équivalent CO2 de 58,6 tonnes par an), vivre sans voiture (2,4 tonnes équivalent CO2économisées par an), éviter les voyages en avion (1,6 tonnes équivalent CO2économisées par vol transatlantique aller-retour) et une alimentation à base de plantes (0,8 tonnes équivalent CO2économisées par an). Ils démontrent que ces actions ont un potentiel beaucoup plus grand de réduction des émissions que les stratégies couramment promues comme le recyclage (quatre fois moins efficace qu’un régime à base de plantes) ou le changement des ampoules domestiques (huit fois moins efficace).

Comme pour toutes les autres pressions, une partie de l’augmentation du changement climatique est directement liée à la démographie, une autre partie est liée aux modes de consommation, de production et à l’augmentation de la demande par habitant. La part de responsabilité de la pression démographique et donc du strict nombre d’humains dans le changement climatique est cependant complexe à établir, pour les mêmes raisons que celles qui ont été discutées dans le paragraphe relatif aux modes de consommation et au niveau de vie.

FICHE 7 – DÉMOGRAPHIE ET POLLUTIONS

Plus il y a d’humains en un lieu, plus ils génèrent de pollutions et de déchets, même si la production de déchets est très dépendante du mode de consommation. Ainsi, un grand nombre de pressions «abiotiques», par exemple dues à l’agriculture, sont liées à la démographie: la contamination généralisée par les pesticides, par le phosphore, par l’azote réactif qui découle de l’utilisation des engrais chimiques produits à partir d’azote atmosphérique.

Similairement, mais pour d’autres pratiques, il existe une corrélation positive entre le nombre d’humains (et la quantité d’objets de consommation) et la pollution. Si la relation linéaire entre démographie et pollution peut s’envisager à comportement constant, l’impact des technologies utilisées est, pour cette pression, très fort. Par exemple, les céramiques antiques ont généré des tonnes de déchets non biodégradables, mais, aujourd’hui, cette industrie a largement diminué ses impacts.

FICHE 9 – DÉMOGRAPHIE ET TECHNOLOGIE

Il est maintenant admis que l’influence des populations humaines sur les écosystèmes, donc sur la faune et la flore, remonte loin dans le temps à des époques où ces populations étaient très clairsemées. Ainsi, les outils et la technologie (pièges, fusils, canots) ont permis à des groupes humains réduits d’impacter dramatiquement une population d’intérêt et de la conduire pratiquement ou effectivement à l’extinction.

Les boucles de rétroaction entre la population et la technologie font aussi l’objet de recherche. Esther Boserup, par exemple, dès le milieu des années 1960, avait prédit que la surpopulation humaine, au lieu d’être régulée automatiquement par le manque de ressources, allait entraîner une explosion des innovations technologiques qui entraînerait une augmentation de productivité. Ceci a été confirmé dans le domaine agricole avec le développement de l’irrigation, la réglementation des semences et la sélection variétale, l’intensification des cultures, l’innovation dans le machinisme et les techniques de labour.

COP15, un combat perdu d’avance

Un éditorial du MONDE en dit plus que tout ce que nous pourrions ajouter…

Éditorial du MONDE : Le « pacte de paix avec la nature » a bien été paraphé, le 19 décembre 2022, par plus de 190 Etats à Montréal. Mais, dans un plan de paix, ce n’est pas tant la signature qui importe que l’application effective des engagements par les parties prenantes. Les promesses n’engagent à ce stade que ceux qui les croient. Lors de la COP10 de Nagoya en 2010, sur les vingt cibles qui avaient été fixées pour la fin de la décennie, aucune n’a été atteinte. Pire, le déclin de la plupart des espèces les plus fragiles s’est poursuivi. La lutte pour la préservation de la biodiversité constitue un défi aussi compliqué que celui du réchauffement climatique. Les effets sont souvent diffus, invisibles pour les populations urbaines. Sans mécanisme contraignant, beaucoup d’engagements risquent de rester lettre morte. Certains pays comme la Chine ont obtenu gain de cause, lors de la COP15, pour que les objectifs de préservation soient globaux et non pas à l’échelle de chaque nation. Le procédé ne trompe personne sur le degré de volontarisme de chacun à agir : le Not In My Backyard (nimby, « pas dans mon jardin ») reste la notion la mieux partagée du monde.

Ce bilan calamiteux pose la question de la méthode de cette COP15. Alors que, dans beaucoup de domaines, le point de non-retour est atteint, il n’est plus envisageable d’attendre dix ans pour constater l’échec des politiques menées.

COP15 sur la biodiversité, le blabla habituel

Les travaux de la 15e conférence des Nations unies sur la biodiversité (COP15) ont débuté le mercredi 7 décembre 2022 au Canada. On connaît déjà le résultat final !

Le point de vue des écologistes

Les végétaux constituent la base des chaînes alimentaires, ils ne dépendent que de l’énergie solaire pour produire leurs aliments. Ces producteurs primaires servent de nourriture à des animaux herbivores, les consommateurs primaires. Ces derniers seront la proie de prédateurs, animaux carnivores dits consommateurs secondaires. L’humanité est un superprédateur, une espèce envahissante dont la pullulation entraîne un déséquilibre écologique dans les chaînes alimentaires. Son régime omnivore détériore le potentiel végétal par la déforestation et le remplacement des zones sauvages par des zones cultivées. La surpêche enraye le processus reproductif des ressources halieutiques, les humains mangeant à la fois les herbivores et les carnassiers, les plus petits et les plus gros. Sur terre on extermine tous les vivants qui entrent en concurrence avec l’alimentation humaine, les loups en France par exemple, mais aussi les « mauvaises » herbes, les méchants insectes et même les parasites : herbicides, insecticides, fongicides, pesticides. Alors protéger la biodiversité dans un tel contexte, c’est tâche impossible…

Insecticide, herbicide, fongicide, pesticide… interdit ?

Dans l’état de nature, les prédateurs sont démographiquement régulés par le nombre de proies présentes dans leur milieu naturel. Or la démographie humaine échappe jusqu’à présent à l’équilibre fluctuant proies/prédateurs car cette espèce mobilise tous les leviers, extension des surfaces, usage de technologies, recherche de toutes les proies possibles sur terre, sur mer et dans les airs. On change le régime alimentaire, on veut mettre les insectes, les algues et le krill dans nos assiettes. Il faudrait manger mois de viande, non seulement pour lutter contre le réchauffement climatique, mais pour enrayer aussi la déperdition de calories quand on passe du végétarisme aux viandards. Alors protéger la biodiversité dans un tel contexte, c’est tâche impossible…

Nous mangerons bientôt du krill, des insectes, nos déchets

Nous ne sommes pas « au sommet » de la chaîne alimentaire. L‘espèce humaine remodèle le système biologique à son propre service depuis l’apparition de l’agriculture et de l’élevage, début du néolithique il y a environ 10 000 ans. Ce mode d’organisation, fondé aujourd’hui les monocultures, l’élevage intensif, et la mondialisation des ressources alimentaires, est profondément instable. Plus nous sommes nombreux, plus nous voulons manger, plus nous fragilisons le milieu naturel car c’est la richesse de la biodiversité qui permettait une résilience durable. Alors la COP15 dans un tel contexte, c’est tâche impossible à l’image de la COP27 sur le climat , 27 années de négociations pour rien.

Le point de vue officiel

Antonio Guterres : « Avec notre appétit sans limite pour une croissance économique incontrôlée et inégale, l’humanité est devenue une arme d’extinction massive. Nous traitons la nature comme des toilettes et, finalement, nous nous suicidons par procuration. Il n’est que temps de conclure un traité de paix avec la nature, d’assumer la responsabilité des dommages que nous avons causés, car contrairement aux rêveries de certains milliardaires, il n’y a pas de planète B. Cette conférence est notre chance de mettre fin à cette orgie de destruction. Je vous en conjure : faites ce qu’il faut. Agissez pour la nature. Agissez pour la biodiversité. Agissez pour l’humanité. »

Perrine Moutarde : Protéger, d’ici à 2030, 30 % des terres et des mers de la planète. C’est à l’aune de cet objectif que sera évalué, au moins en partie, le succès de la COP15. En l’état, le projet de texte ne contient que peu de mesures précises visant à réformer le système agroalimentaire, le secteur de la pêche ou à réduire les pollutions, et les discussions sur ces enjeux s’annoncent compliquées. Présente au début des négociations, la notion de « protection forte »des aires protégées, qui faisait figure de repoussoir pour beaucoup, a rapidement disparu.

Lire, La COP15 et l’inexorable désertification

Démographie et biodiversité, l’incompatibilité

Le WWF (Fonds mondial pour la nature) avait publié le 10 septembre 2020 la mise à jour de son « indice planète vivante » (IPV) : Entre 1970 et 2016, les populations mondiales de vertébrés – oiseaux, poissons, mammifères, amphibiens et reptiles – ont décliné en moyenne de 68 %. Dans l’édition 2022 publié le 13 octobre, aucune amélioration : les populations de vertébrés ont chuté de 69 % en moins de cinquante ans.

article du MONDE : Les principaux facteurs d’effondrement de la biodiversité au niveau mondial sont connus et ont été classés par ordre d’importance par la Plate-forme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques (IPBES). Le premier est le changement d’usage des terres et la fragmentation des espaces, principalement liés à l’agriculture intensive. Viennent ensuite la surexploitation (pêche intensive, chasse, braconnage…), les pollutions à égalité avec le dérèglement climatique, puis les espèces invasives. Si rien n’est fait pour diminuer les émissions de gaz à effet de serre, le réchauffement deviendra bientôt la principale menace pour la biodiversité.

Le point de vue des écologistes malthusiens

Il y a une population de vertébrés qui a hélas augmenté : les êtres humains. L’ONU estime leur nombre au 15 novembre 2022 à 8 milliards. Si la biodiversité se meurt c’est bien la démographie du « sapiens » qui en est responsable. Comme à son habitude, LE MONDE occulte complètement cette donnée. Or le poids de notre nombre est bien la cause principale de notre expansion territoriale au détriment des espaces de toutes les autres espèces… sauf en ce qui concerne nos garde-mangers, vaches, cochons et couvées. Il y a actuellement plus de vertébrés sur terre qu’il n’y en a jamais eu. Simplement ce ne sont pas les mêmes qu’au paléolithique. On tue 800 millions de poulets et 80 millions de canards tous les ans. Parmi les ruminants, il y a certes moins de bisons, gazelles ou antilopes, mais il y a des millions de moutons et de chèvres. Une meute (10 loups maximum) a besoin de 150 à 300 km². Admettons qu’il y ait eu jusqu’à 30 000 loups adultes sur tout le territoire français : il y a actuellement 17 chiens au km² .

Si d’ailleurs il y a agriculture intensive, c’est bien pour essayer de nourrir notre multitude à grand renfort de pesticides. Les poisons qu’on appelle improprement produits « phytosanitaires « (insecticides, herbicides, fongicides, etc.) cause la disparition de bien d’autres espèces que les vertébrés. La surexploitation des ressources halieutiques et terrestres a bien une cause première, la surpopulation. Les espèces invasives sont véhiculées la plupart du temps par les activités humaines, non seulement les humains sont prolifiques, mais ils cultivent aujourd’hui le déplacement lointain. Enfin le réchauffement climatique est le produit à la fois de nos émissions de gaz à effet de serre et du nombre d’humains dont il faut satisfaire les besoins. Le nombre de voitures est obligatoirement lié au nombre de conducteurs.

Tant que la population humaine croîtra, celle des autres espèces chutera. Rien de durable ne peut être obtenu en négligeant la question démographique. Il ne faut pas être doctorant d’Harvard ou financer des études savantes pour comprendre que l’expansion incontrôlée du bipède se fait au détriment de la biodiversité. Dans la lutte Humanité/Nature, la nature mise sur la diversité, l’humanité sur la gestion, le contrôle, la simplification et l’uniformité. Et faisant cela, il transforme une planète vivante en une planète entièrement artificielle. Notre société thermo-industrielle a même construit une technologie qui est capable de faire vivre l’humain dans l’espace au milieu de rien d’autre de vivant que lui-même. Notre surnombre, notre surconsommation et notre technologie sans limites sont des fléaux qu’il nous faut combattre.

Pour agir avec l’association Démographie Responsable :

https://www.demographie-responsable.org/

Pour commander le livre « Alerte surpopulation »

https://www.edilivre.com/alerte-surpopulation-michel-sourrouille.html/

Tout savoir sur les COP « biodiversité »

Alors que plus d’un million d’espèces animales et végétales sont menacées d’extinction et que les trois quarts des écosystèmes terrestres ont été altérés par les activités humaines, la COP15 en décembre 2022 devrait permettre d’établir un nouveau cadre mondial visant à mettre un terme à l’érosion de la biodiversité d’ici à 2030. Illusion, les rencontres diplomatiques ne servent qu’à faire semblant.

Lire, Biodiversité, CDB, COP15 et IPBES… en vain

Perrine Mouterde (21 juin 2022)

Après deux ans de reports, la COP15 sur la biodiversité aura lieu en décembre au Canada. Le projet d’accord est organisé autour de 21 cibles pour 2030. Il prévoit notamment de protéger 30 % des terres et des mers, de restaurer au moins 20 % des écosystèmes prioritaires ou encore de réduire les subventions néfastes à la nature. Mais sur nombre de sujets, aucun compromis ni objectif chiffré n’a encore été trouvé. La question du financement de la biodiversité, notamment, reste un sujet de vives tensions entre pays émergents et développés. Rien de tout cela ne peut être accompli sans des changements rapides, profonds et systémiques dans nos modes de production et de consommation. Les participants des COP sur le climat disent la même chose.

Perrine Mouterde  ( 30 avril 2022)

L’enjeu de cette COP15, annoncée pour la fin de l’été à Kunming, en Chine, est vital : mettre un terme à l’érosion de la biodiversité d’ici à 2030. Les accords d’Aichi, signés en 2010, prévoyaient déjà d’atteindre cet objectif en… 2020, mais ils ont échoué sur toute la ligne. Dès qu’une délégation nationale n’est pas d’accord avec l’un des termes proposés, celui-ci est mis entre crochets ; le projet d’accord, construit autour de vingt et un objectifs concrets pour 2030, s’est rempli de crochets au point de ressembler à un arbre de Noël auquel chacun aurait accroché sa guirlande de propositions. Les objectifs chiffrés ont disparu ou sont entre crochets. Les moyens pour suivre et évaluer les progrès qui seront réalisés ces prochaines années et les indicateurs ne font pas consensus. Et on ne connaît pas encore les dates officielles de la COP15 ? Cette conférence mondiale a déjà été reportée quatre fois, les Nations unies et les délégations du monde entier attendent toujours que Pékin, aux prises avec la pandémie de Covid-19, confirme si l’événement pourra bien se tenir dans tout juste quatre mois. Plus les jours passent, plus cette hypothèse semble improbable, laissant présager un énième report… De toute façon la Chine ne s’est absolument pas impliquée pour faciliter les négociations et construire des coalitions. Pourtant l’effondrement du vivant menace la survie de l’humanité tout autant que le réchauffement de la planète.

Le point de vue des écologistes : Il y a COP et COP. Deux conférences internationales ont lieu en parallèle, et cela fait des années que ça dure. En novembre 2021, la 26e conférence mondiale annuelle sur le climat s’est tenue à Glasgow, la COP26. Une autre Convention-cadre des Nations unies, la Convention sur la diversité biologique, créée en 1992, est organisée tous les deux ans, ce sera bientôt la COP15. Mais pour la biodiversité, le désintérêt politique est encore plus grand que pour le climat. En France, la publication de la nouvelle stratégie nationale pour la biodiversité est reportée, la « partie opérationnelle » doit encore faire l’objet de travaux supplémentaires !!!Le Conseil national de la transition écologique avait émis un avis défavorable, jugeant le projet « insuffisamment ambitieux », présentant « peu de réponses opérationnelles et un calendrier imprécis », et ne présentant « aucune hiérarchisation » des mesures. La décroissance de la biodiversité et la croissance de réchauffement climatiques sont les deux éléments qui nous font prédire effondrement de la civilisation thermo-industrielle et d’immenses difficultés quant à la survie des générations futures.

Lire, Surpopulation => fin de la Biodiversité

Pour en savoir plus grâce à notre blog biosphere :

6 septembre 2021, UICN, IPBES, les mots-maux de la biodiversité

6 septembre 2021, UICN, les humains écrasent la biodiversité

12 juin 2021, GIEC et IPBES sont dans un bateau…

25 juin 2008, prix de la biodiversité

extraits : Pavan Sukhdev, chargé d’une étude mondiale sur l’économie des écosystèmes, voudrait mettre en place une comptabilité verte : « Il faut donner un prix à la biodiversité »…)

9 décembre 2007, concept de biodiversité

extraits : Le terme biological diversity est récent, il n’est employé par Thomas Lovejoy qu’en 1980. Peu après le père de la sociobiologie, Edward Osborn Wilson, publie à l’automne 1985 un article qui connaît un retentissement mondial : The Crisis of Biological Diversity. Il souligne les enjeux et les implications d’un appauvrissement de la diversité biologique dans le domaine animal, végétal et microbien…)

2 février 2005, la biodiversité en péril

extraits : Selon l’Union mondiale pour la nature, 12 à 52 % des espèces actuelles seraient menacées. Le manque de précision provient des lacunes de l’inventaire des espèces, mais on peut déjà penser à une sixième extinction (la dernière a vu la disparition des dinosaures il y a 66 millions d’années) et cette fois l’activité humaine en est presque le seul et unique responsable…)

À lire, les conseils de JNE

L’association des Journalistes-écrivains pour la nature et l’écologie (JNE) a été fondée en 1969 et regroupe aujourd’hui 190 professionnels de la presse écrite ou audiovisuelle, de l’information, de l’écriture, de la photo et de la vidéo, tous spécialisés dans l’environnement, l’écologie, l’éco-tourisme, la protection de la nature, le cadre de vie ou l’énergie. L’essentiel des médias nationaux et des magazines spécialisés est représenté au sein de l’association. Voici les dernières recensions de livre sur leur site.

Les vert-bruns. L’écologie de l’extrême droite française – Stéphane François >> lire

Printemps silencieux – Rachel Carson – réédition >> lire
● Darwin (presque) facile – Pierre Jouventin >> lire

● Allons-nous continuer la recherche scientifique ? – Alexandre Grothendieck >> lire

La Terre et la Vie – Une histoire de 4 milliards d’années – Anne Nédélec >> lire
● Comment les énergies fossiles détruisent notre santé, le climat et la biodiversité – Barbara Demeneix >> lire
● Retour à La Hague – Xavière Gauthier, avec Sophie Houdart et Isabelle Cambourakis >> lire
● Faune et flore du Grand Nord – Gérard Bodineau et Nathalie Thibault >> lire
● Encyclopédie des fruitiers sauvages ou méconnus – Helmut Pirc >> lire
● Flore des villes de France, de Suisse et du Bénélux – Vincent Albouy >> lire
● Géologie et paysages – Initiation à la géomorphologie – François Michel >> lire
● A tire d’aile – Les oiseaux dans l’art – Angus Hyland et Kendra Wilson >> lire

L’odyssée des fourmis – Audrey Dussutour et Antoine Wystrach >> lire

Émancipation animale. Petit traité pour faire avancer les droits des animaux – Charlotte Arnal >> lire

Animaux de nos jardins – Mieux les connaître et les observer par Carine Mayo >> lire
● « Vedette », reine des alpages par Marc Giraud >> lire
● Mauvaise réputation – Gilles et Liselotte Macagno >> lire

Des éléphants ou des hommes, qui choisir ?

Il est plus que probable que si les effectifs de la population humaine ne sont pas réduits dans des proportions importantes, la vie sauvage disparaîtra complètement de la surface de la Terre et les humains s’entre-tuerons dans leurs territoires faits de béton et de goudrons. Prenons l’exemple des éléphants.

Le Monde avec AFP : La population d’éléphants au Zimbabwe augmente de 5 % par an. 60 personnes ont été tuées par des éléphants depuis le début de l’année 2022. « Dans certaines zones, les éléphants se déplacent en vastes troupeaux. Ils ont tout dévoré dans les champs et se rendent maintenant dans les propriétés, obligeant les habitants à riposter, et par là même à blesser des éléphants qui deviennent agressifs et incontrôlables », a écrit le porte-parole du gouvernement. « Le problème du conflit entre l’homme et la faune sauvage est devenu très sensible. Alors que les éléphants se sont mis à errer hors des réserves, il est probable qu’il y ait un désastre si leur population n’est pas réduite », estime le gestionnaire des parcs et de la faune sauvage du Zimbabwe. « La menace va probablement augmenter pendant la saison sèche, quand les troupeaux vont se déplacer à la recherche d’eau et de nourriture, des rangers ont été déployés pour éliminer les éléphants les plus dangereux. »

Commentaires

Gambetta : De combien la population d’éléphants s’est-elle fait amputée par l’homme en un siècle. Les humains, c’est la seule espèce qui continue de croître au détriment de TOUTES les autres, de surcroît avec un appétit toujours plus insatiable et vorace. Toutes ces réserves , ces “protections “ n’existent que pour se donner bonne conscience. Protéger vraiment la nature, la biodiversité serait de remettre drastiquement en cause notre mode vie et ne plus faire d’enfants pendant des décennies. Irréaliste, donc condamnés nous sommes plus ou moins à petit feu, mais les guerres et épidémies sont bien parties pour abréger les souffrances humaines.

-Alazon- : Des éléphants plutôt que des hommes. L’écologisme est un antihumanisme.

Fchloe : Certainement pas, Alazon. L’homme est une espèce parmi d’autres. Elle se croit à part ou au dessus des autres et c’est une funeste erreur. Vous le verrez bientôt ! Vous le voyez déjà !

Michel SOURROUILLE : Si la population humaine diminuait dans les mêmes proportions que les éléphants de savanes, nous serions quand même un peu plus de 3 milliards au lieu de 8 milliards en ce moment. Si la population humaine diminuait de 86 % comme les éléphants des forêts, nous serions encore plus de un milliard, soit la population mondiale en 1800 ! Evolution exponentielle de la population humaine, extinction accélérée de la biodiversité. Au secours Malthus, les humains sont devenus fous !

K1 : Et pendant ce temps on finance médecins sans frontières et médecins du monde pour sauver des membres de familles excessivement nombreuses. Plutôt que de stériliser au delà de 2.

Pour en savoir plus grâce à notre blog biosphere

– On estime qu’avant la colonisation européenne, 20 millions d’éléphants vivaient en Afrique. Ce qui signifie qu’il ne subsiste plus aujourd’hui que 2 % des populations d’autrefois. Et l’effondrement des populations est similaire pour la plupart des autres espèces de mammifères (lions, guépards, tigres, rhinocéros, gorilles…). Qui dit expansion humaine dit extermination de la faune sauvage…

– Que diraient les éleveurs des montagnes françaises si, au lieu de loups, ils étaient confrontés à des troupeaux d’éléphants ! Le Botswana n’a levé que le 22 mai 2019 l’interdiction de chasser l’éléphant sur son territoire, 135 000 individus qui se déplacent librement. En France il n’y a que 430 loups. J’en arrive à me demander si les Français ne mangent pas trop de viande, à moins qu’ils ne soient trop nombreux, 67 millions de parasites de la chaîne alimentaire…

– Un berger français s’exclame : « On élève des brebis, pas des loups. On n’a pas signé pour faire des croquettes fraîches. » Un loup rétorque : « Mieux vaut des croquettes fraîches de brebis qu’un Big Mac de chez McDonald’s »…

– Un ingénieur de 26 ans vivant à Darwin (Australie) a été attrapé et emporté par un crocodile… Il s’est baigné dans une zone réservée aux crocodiles, qui ne savent pas lire les pancartes interdisant de manger des hommes…

– Nous, Lions de Tanzanie, déclarons : à qui appartiennent les terres ? Toutes les terres nous appartiennent, nous les animaux. Nous les partageons avec toutes les autres créatures, nous aimons nous coucher dans l’herbe et savourer le temps qui passe. Qu’il nous semble lointain le temps béni où nous partagions la savane avec beaucoup de Gnous et très peu de Maasaïs…

Lire, Éléphants en surnombre, des humains de trop (août 2021)

Lire, Surpopulation humaine, éléphants sur la fin (mars 2021)

Lire, Loups en France ou troupeaux d’éléphants ? (mai 2019)

Lire, Trop d’humains, pas assez d’éléphants et de vie sauvage (mars 2015)

Recension : DARWIN (presque) FACILE

Grâce à ce livre de 130 pages, on pourra tout savoir sur le darwinisme, cette théorie de l’évolution qui a révolutionné notre mode de pensée.

Pour Pierre Jouventin, l’homme est selon le titre de l’un de ses livres précédents, ‘un animal raté’ tant il a méprisé ses origines animales. Il étaye maintenant cette analyse en s’intéressant à Charles Darwin qui est devenu avec son ‘Origine des espèces’ paru en 1859 le « Newton de la biologie ». La science a pris le relais de la religion et la sélection naturelle a remplacé le mythe de la Création divine. L’explication de l’origine naturelle du monde vivant initiée par Darwin a été amplement démontrée par la suite avec les découvertes de la génétique et les analyses ADN. Tous les animaux (Homo sapiens inclus) et les plantes dérivent de la même origine. Darwin nommait cette thèse « Théorie de l’ascendance commune ».

On doit connaître Darwin pour ce renversement majeur de perspective, l’homme n’est qu’une branche du vivant. Encore ne faut-il pas déformer cette pensée, c’est ce que s’emploie à faire Pierre Jouventin. L’auteur passe ainsi en revue les dérives du darwinisme, sa récupération par le capitalisme, les tentations de l’eugénisme, la prépondérance donnée à la loi du plus fort… alors que Darwin mettait en valeur les avantages de la morale, de la coopération et de l’altruisme. Son livre, à la portée de tout lecteur, avec un historique détaillé, est écrit par un spécialiste des stratégies de reproduction des oiseaux et mammifères. Les dessins illustrent à merveille le texte, les citations sont mises en évidence et toujours sources de réflexion.

Ce livre de Jouventin, en s’appuyant sur les carnets de notes, les lettres et l’autobiographie rédigée par Darwin pour ses enfants, consacre aussi des développements aux pensées intimes de Darwin qui vont à l’encontre de ses études de pasteur : « Je compris progressivement qu’il n’y avait pas plus de raisons de croire à l’Ancien Testament qu’aux écrits hindous. » Et Darwin de confier dans l’un de ses carnets : « Je dois éviter de montrer à quel point je crois au matérialisme ». Darwin était en quête d’une vérité et non d’une idéologie. Il recherchait des explications causales et détestait les débats stériles qui ne font pas avancer la connaissance. Pierre Jouventin illustre cette méthodologie par son livre dont l’originalité finale est de montrer que Darwin, un des pères fondateurs de l’écologie et de l’éthologie, est aussi un grand pionnier de la cause animale.

DARWIN (presque) FACILE, éditions Delachaux et Niestlé, mai 2022

La question animaliste toujours d’actualité

Pas de pieuvres en cage

Le premier projet d’élevage de pieuvres au monde est près de devenir réalité. Une multinationale espagnole, Nueva Pescanova, s’apprête en effet à imposer l’enfer à ces animaux, pourtant reconnus très intelligents et inadaptés à la promiscuité. Naturellement solitaires, ces animaux se sentent agressés dans la promiscuité des élevages industriels. Leur captivité dans des endroits trop petits pour être explorés, dépourvus de proies à chasser et d’objets à manipuler, induit une détresse psychologique menant à la dépression, l’anorexie ou même la consommation de leurs propres membres. Les éleveurs sont alors obligés de leur apporter des proies vivantes, ce qui pose d’autres problèmes de maltraitance lors du transport des animaux pêchés puis déplacés pour être dévorés. L’instauration de ce type d’élevage impliquerait en outre toujours plus de pêche pour nourrir ces animaux carnivores. Il ne faut pas attendre qu’une pratique nuisible s’ancre dans un secteur, que des emplois en dépendent et qu’un lobby économique la défende.

Lire, Les humains préfèrent leur cage, le casque sur la tête

Seulement des vaches dans les herbes

Prenons l’exemple d’une vache pâturant dans une prairie semi-extensive, pas ou peu fertilisée autrement qu’avec ses bouses et son urine. Elle émet du méthane, un puissant gaz à effet de serre, mais la prairie où elle se trouve séquestre aussi du carbone dans le sol. Dans ces conditions, le bilan carbone pourra être nul, voire négatif, la quantité de carbone stockée étant égale ou supérieure à celle émise. Les ruminants peuvent valoriser les terres marginales et se nourrissent de végétaux non consommables par l’homme comme l’herbe – ou plutôt devraient s’en nourrir, car leur organisme est conçu pour cela. Les protéines animales ainsi produites (lait, viande) le sont sans avoir à utiliser des protéines végétales consommables par l’homme. Une performance dont seuls les herbivores sont capables. Il faut en priorité diminuer la consommation de viande de porc et de volaille, d’autant qu’elle est très majoritairement issue d’élevages industriels.

Lire, Des vaches à notre image et réciproquement

En finir avec la surpêche

L’Union européenne (UE) s’était fixée collectivement pour objectif une pêche 100 % durable en 2020. Or 10 % des volumes débarqués proviennent encore de stocks qui s’effondrent, et cette part augmente. La sardine du golfe de Gascogne, comme sa cousine de Méditerranée, est devenue plus petite et nettement plus rare. Le cabillaud des mers du Nord et Celtique s’effondre aussi, ainsi que le merlu de Méditerranée. Ce dernier est très mal en point depuis plusieurs années. La zone de restriction de pêche au merlu mise en place dans le golfe du Lion ne lui a pas apporté de secours. Sur la façade ouest, la sole est elle aussi surpêchée ; celle du golfe de Gascogne se classe même un cran en dessous, dans la catégorie « surpêchée et dégradée ».

Lire, Tuerie de poissons, pathocentrisme, biocentrisme, etc

Une nature sauvage sans chasseurs

Un accident mortel de chasse révèle à chaque fois le clivage qui existe entre ceux qui veulent encadrer plus sévèrement cette activité, voire l’interdire certains jours de la semaine, comme le week-end, et ceux qui ne veulent pas stigmatiser le 1,173 million de chasseurs « actifs », c’est-à-dire en possession d’un permis valide en 2019, selon la Fédération nationale des chasseurs (FNC) – la France est le pays européen comptant le plus grand nombre de chasseurs. Un mineur, à partir de 15 ans, est autorisé à chasser. La forêt doit appartenir aux promeneurs et aux autre animaux. On ne doit plus aller en forêt la trouille au ventre.

Lire, Nicolas Hulot et la CHASSE

La biodiversité aux temps de Macron

La publication de la nouvelle stratégie nationale pour la biodiversité est reportée, la « partie opérationnelle » doit encore faire l’objet de travaux supplémentaires !!!

Lire, Nicolas Hulot à l’épreuve de la chute de la biodiversité (mai 2018)

Perrine Mouterde : Le Conseil national de la transition écologique avait émis un avis défavorable, jugeant le projet « insuffisamment ambitieux », présentant « peu de réponses opérationnelles et un calendrier imprécis », et ne présentant « aucune hiérarchisation » des mesures. C’est pourquoi la partie opérationnelle de la stratégie, qui portera sur les indicateurs et les cibles, le financement global de la biodiversité et l’inscription du texte dans le cadre européen et mondial, ne sera présentée que dans plusieurs mois, et donc par un nouveau gouvernement. La précédente stratégie (2011-2020) n’avait pas réussi à enrayer la disparition des espèces et la dégradation des écosystèmes. La COP15 sur la biodiversité pourrait se tenir à la fin de l’été en Chine, mais les dates, après plusieurs reports, n’ont pas encore été annoncées.

Lire, Biodiversité, CDB, COP15 et IPBES… en vain

Les rares commentaires sur lemonde.fr actent l’impuissance gouvernementale à son insu de son plein gré :

Bang : Curieux de savoir si ce fameux rapport nous expliquer comment 8 milliards d’habitants peuvent vivre sur Terre sans impacter les différents écosystèmes et donc les biotopes. Vivons tranquillement dans des mégalopoles de 30 millions d’habitant, sans voyager car polluant, à manger des insectes…

Lire, Surpopulation => fin de la Biodiversité

Maazouz : Ils réfléchissent en réalité à la façon de faire un projet qui permettent de ne pas respecter la biodiversité lorsque les enjeux économiques sont présents. La même secrétaire d’Etat venait il y a trois semaines suggérer à la pointe du Finistère qu’il faudrait accepter de détruire un site Natura 2000 particulièrement exceptionnel en terme de biodiversité pour aller prélever le lithium présent à 130m de profondeur … On devrait renommer son portefeuille pour plus de transparence : « secrétaire d’Etat à la destruction apaisée de la biodiversité »

R.S : La seule raison pour laquelle on parle de « report » du gouvernement de la SNB au lieu d’échec c’est que l’on est quasi sûrs que Macron repasse en avril. Au cas où on avait encore des doutes sur le fait que Macron se moque complètement de l’environnement… Et comment se fait-il qu’il n’était prévu de la présenter qu’à un mois de la fin du mandat ? Alors que la précédente SNB couvrait la période 2010-2020 ? Que s’est-il passé en 2021? 2019? 2020 ? On aurait pu commencer le travail, non?

le sceptique : Ah la France, sa parole publique en laquelle plus grand monde ne croit… Stratégie nationale de biodiversité : nous allons protéger sans concession les espèces et les milieux naturels… Stratégie nationale de transition énergétique : nous allons multiplier les projets d’extraction des sources naturelles d’énergie… Stratégie nationale de ré-industrialisation : nous allons produire chez nous ce qui était produit dans l’Asie polluante… Stratégie nationale de souveraineté : nous allons sécuriser des matières premières et reprendre une politique minière… La France, c’est simple, des hauts fonctionnaires rédigent les discours de politiques pour certifier que notre pays a « la plus haut ambition » et « la plus forte exigence » en tout et le contraire de tout. Au final, t’as en général des taxes ou des interdits ou des subventions payées par la dette, car c’est ce que l’État sait faire de mieux, en guise d' »ambition ».

Michel SOURROUILLE : Dans le programme du présidentiable 2017 de Macron, il était écrit : « Les enjeux écologiques sont désormais des enjeux géostratégiques et diplomatiques majeurs. Nous défendrons la biodiversité au plan mondial. Nous mobiliserons les chefs d’Etat et les entreprises, afin de créer une dynamique et une prise de conscience de même ampleur que celle engagée sur la question climatique, grâce à une conférence mondiale. Afin d’être cohérent avec cette ambition mondiale, nous serons rigoureux tant en métropole qu’en outre-mer pour la préservation des espèces protégées, et mettrons en œuvre les mesures nécessaires pour cohabiter avec nos populations de grands carnivores (loups, lynx, ours).  » Comme quoi les politiques promettent et leurs écrits restent, simples mots sans conséquences réelles !

AnneH : Sur ce plan de l’écologie et la biodiversité, le second quinquennat Macron devrait être pire que le premier : intensification agricole, création des bassines, augmentation de la production de biocarburant et des methaniseurs ,exploitation des minéraux rares, par exemple le lithium dans la baie d’Audierne. Pas de lutte contre la sur pêche ; Macron ne voit que batteries électriques, centrales nucléaires qui sont vieilles et qu’on ne sait plus construire… Aucune vision à long terme, pour lui , la nature n’existe pas ou se résume à des contraintes ! Vu le niveau de ses opposants, il va être réélu et ce sera le requiem pour la nature ! Très triste!

Nicolas Hulot : « A chaque extinction d’espèces, sous l’effet de l’activité humaine, la mémoire de l’humanité se charge d’un fardeau de honte. L’homme s’octroie le droit de décider du sort des animaux ou des végétaux, de modifier le processus évolutif, persuadé que la seule chose précieuse dans la création est sa propre existence. Dans nos sociétés où partout suintent le racisme et la xénophobie, demander la considération pour un pachyderme ou un insecte est mission désespérée. Comment convaincre les hommes que le salut est aussi dans le respect sans faille de la biodiversité, que l’unicité de la nature ne vaut que par la pluralité de ce qui la compose ? »

Péril sur les vers de terre, désastre en vue

Les vers de terre, indispensables à la terre et donc à l’agriculture.

Christophe Gatineau, agronome : « Sans sols pour le nourrir, quand l’homme a faim, exprime-t-il dans ces moments-là sa plus belle humanité ? Le temps presse, les vers de terre et les sols battent de l’aile, et le climat n’aide pas. Pour résumer, les vers de terre nourrissent les sols qui nourrissent les plantes qui nous nourrissent ; ou nourrissent les animaux que nous mangeons. Nous devrions tous savoir qu’un sol, riche en vers, est fertile, solide et vivant. La situation est grave à l’heure où la pression sur les sols est historique. A cause de la population mondiale qui atteint des sommets, à cause de notre alimentation qui dépend de 95 à 100 % des sols avec nos régimes alimentaires. Et comme un malheur n’arrive jamais seul, les experts du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) ont prévu une importante baisse des rendements agricoles dans leur dernier rapport. Rappelons-nous : la terre qui nourrit est une denrée rare, il faut au moins cent cinquante ans pour en refaire un seul petit centimètre ! Dans ce contexte, les vers de terre sont les seuls animaux capables de labourer les sols et de les rajeunir en permanence. Et ils en brassent beaucoup : jusqu’à 500 tonnes par an et par hectare sous nos latitudes. Raison pour laquelle ils sont la colonne vertébrale des sols vivants, des créateurs de fertilité, des laboureurs infatigables. »

Lire, Vers de terre et humains, même combat

Le 3 mai 2018, l’astrophysicien Hubert Reeves affirmait : « La disparition des vers de terre est un phénomène aussi inquiétant que la fonte des glaces. » Le 14 décembre 2021, les vers ont fait leur entrée au Journal officiel. L’Etat reconnaît officiellement leur rôle essentiel : « Garants de sa bonne santé, leur rôle est considérable : ils assurent le cycle des nutriments, la transformation du carbone ou encore la régulation des ravageurs et des maladies. La monoculture, le labour profond et les produits phytosanitaires affectent aujourd’hui cet équilibre en appauvrissant les terres. » Or l’État dépense tous les ans plus de 30 millions d’euros d’argent public pour maintenir le loup, et pas un seul centime pour le ver de terre ou son habitat. C’est l’écart qui choque.

Lire, un seul ver de terre vaut autant que le tigre

Quelques réactions prévisibles :

Radja : J’étais un pécheur de saumon et pour cela il faut des vers , surtout en début de saison , j’avais l’habitude en fin d’hiver , de chercher des champs ou le paysan passait sa charrue et je trouvais des vers à profusion puis est venu le maïs en Bretagne et il m’est arrivé de suivre une charrue pendant une vingtaine de minutes sans trouver un seul lombric . Quelques vers blanc ou jaunâtres résistaient encore mais c’était désespérant , quelques années plus tard ce sont les saumons qui ont pratiquement disparu des rivières bretonnes et cela a résolu mon problème !

Patrick Lavelle : On pourrait raconter a l’infini des histoires vraies et passionnantes sur les vers de terre qui se débrouillent pour rendre fécond leur accouplement homosexuel entre mâles, soignent et fortifient les plantes avec…..leurs crottes, lesquelles une fois durcies deviennent des grumeaux, petits coffres forts centimétriques où se conserve la matière organique, empêchant qu’elle ne se transforme en gaz à effets de serre… Il est temps qu’on intégré le maintien de leurs activités dans les pratiques agricoles et que l’État investisse dans cette recherche pour pouvoir nous passer des pesticides et développer la fertilisation organique.

Épi-logos Misothée : Malgré ce qui disent beaucoup, le Roundup ( glyphosate) tue aussi les nématodes. Un terrain ou les plantes ont été traités, perd 60 % de ses nematodes. Et se stérilise.

Dance Fly : Selon une étude récente (Pelosi et al. 2020) réalisée sur 180 échantillons prélevés dans la zone atelier Plaine et Val de Sèvre du CNRS, 80% des vers de terre analysés avaient par exemple accumulé de l’imidaclopride (un néonicotinoïde) avec parfois des concentrations jusqu’à 400 fois supérieures à celles retrouvées habituellement dans le nectar du colza. Une étude un peu plus ancienne de l’Inra (2014) suggérait que 80% des vers de terre avaient déjà disparu des milieux agricoles à cause de leur grande sensibilité aux pesticides. Mais les pesticides ne sont pas les seuls responsables: l’utilisation massive des engrais chimiques sont une des causes principales de la mort des sols. Une transition globale du modèle agricole devient urgente.

Jean Rouergue : le vers sous toutes se formes va devenir une espèce rare, le vert de gris devrait le remplacer car la faim a toujours eu des suites violentes…

Michel SOURROUILLE : Charles Darwin a fait un récit fascinant sur le ver de terre qui participe activement à la vie complexe du sol. L’humus, qui résulte du processus cyclique entre croissance et décomposition, peut aussi être considéré comme un être vivant. Sans humus et ver de terre, il n’y a plus d’agriculture productive, il y a la famine. Or nous détruisons l’humus et les vers de terre aussi bien que les tigres. WWF (le spécialiste du panda) et l’UICN (Union internationale pour la conservation de la nature) privilégient des espèces emblématiques. On abandonne à leur sort ce qui n’est pas jugé gros et mignon : l’ours polaire attire plus l’attention que le ver de terre. Il faut au contraire prendre le point de vue des vrais défenseurs de la nature pour qui toutes les espèces même les plus humbles sont essentielles. Réfléchissez, vous les agriculteurs productivistes, chaque fois que vous mettez un grain de potasse sur un ver de terre, il en meurt.

Lire, Darwin et le ver de terre

La biosphère a répondu à toutes nos questions

QUESTION. – Biosphère, pouvez-vous vous décrire en quelques mots ?

BIOSPHÈRE. – Je suis tout simplement la sphère où se déploie la vie, j’inclus toutes les espèces vivantes et les milieux où elles se développent. Je rassemble tous les écosystèmes qui sont eux-mêmes composés de deux ensembles complémentaires, le biotope et la biocœnose. Le biotope est constitué par le milieu inerte et ses caractéristiques physico-chimiques, air et terre, sédiments et eau. La biocœnose est formée de la communauté vivante qui prospère dans le biotope. Ainsi les extrémophiles vivent dans ma biosphère profonde en bénéficiant de sources hydrothermales à plus de 350°, entre moins 3000 et moins 5000 mètres ; d’autre espèces descendent jusqu’à une vingtaine de mètres sous la terre et je m’étends aussi dans la zone de l’atmosphère, de la troposphère et de la stratosphère, jusqu’à 80 kilomètres environ au dessus du sol. Pour moi, les humains ne sont qu’un élément de la biocœnose parmi d’autres.Tout au contraire les humains ne considèrent que l’environnement qui entoure leur propre conscience des choses, ils estiment que la biosphère leur est extérieure et qu’ils peuvent en faire ce qu’ils veulent, comme s’ils en étaient propriétaires. Mais si vous aviez un contact plus étroit avec moi, vous auriez mieux conscience de votre juste place : le vivant est un tout dont les humains devraient se sentir solidaires.

Q. – Comment faut-il vous situer dans le temps ?

B. – Vous les humains, vous accordez beaucoup trop d’importance à votre manière sociale de mesurer le temps et vous avez mille et mille façons de vous définir dans un calendrier. Si on prend la date très symbolique (pour certains d’entre vous) du 1er janvier 2000, cela n’est pourtant compréhensible que pour ceux qui sont habitués au calendrier grégorien. Mais pour les Juifs, il faudrait dire le 23 tebeth de l’an 5760, pour les Chinois le 25 du 11ème mois de l’an 4697 et pour les musulmans le 24 ramadan 1420. Mon vécu dépasse de loin cette humaine façon de compter en faisant toujours référence à votre propre histoire. Quant à moi mon origine débute il y a quelques 3,5 milliards d’années et j’espère encore abriter la vie pendant presque autant de milliards. Vous les hominidés du genre « homo sapiens », vous n’avez que 200 à 300 000 ans et votre espoir de durer autant que moi paraît bien illusoire… Contentez-vous de promouvoir une ère où il ferait bon gérer son temps selon le renouvellement périodique des saisons. Aucune date religieuse, aucun évènement national ou mondial, aucun horoscope ne devrait servir de référence pour un calendrier qui se voudrait universel, il n’y a que l’almanach de la position du soleil qui restera significatif pour tous, humains et non-humains. La seule histoire qui compte n’est pas l’aventure humaine, mais l’évolution de la Biosphère avec ou sans les humains.

Q. – Alors, comment relater cette histoire ?

B. – Notre planète la Terre s’est formée il y a environ 4,5 milliards d’années, mais elle est restée durant une longue période un lieu désolé et sans vie, dans une atmosphère dangereuse composée d’hydrogène, de méthane et d’ammoniaque, sans oxygène ou presque. Le jour de la naissance de la vie débute bien plus tard, un milliard d’années plus tard. Les conditions de températures et de pression ont en effet été réunies pour que des molécules carbonées, dites prébiotiques, s’assemblent et s’organisent pour construire les premières protéines, puis la vie : les bactéries peuvent enfin se reproduire. Les plus anciens fossiles visibles à l’œil nu ne sont pourtant apparus qu’il y a quelques 700 millions d’années, alors que la Terre était gelée d’un pôle à l’autre ou presque. La température atteignait 40° au dessous de zéro et, à l’exception de quelques organismes autour des volcans, aucune vie ne résiste. J’en suis réduite au minimum vital, mais c’est le début d’une lente expansion. Longtemps la vie que je porte en moi a hésité à conquérir les terres émergées, l’eau a tant d’avantages. Elle protège des rayons meurtriers du soleil et affranchit des effet de la pesanteur, elle offre en abondance gaz dissous pour la respiration et nourritures en suspension. Je ne suis donc sortie des eaux qu’il y a 350 millions d’années sous forme de champignons. Les formes de la vie deviennent par la suite de plus en plus complexes, mais je n’ai inventé qu’un seul système pour organiser l’évolution : mêmes briques de départ, même schéma général d’organisation. Ainsi plumes, écailles, glandes et dents proviennent toutes du même tissu épithélial, dépendent du même répertoire génétique. Cependant certaines de mes composantes disparaissent alors que d’autres demeurent ou se transforment. Vous, les humains, vous n’êtes que péripétie de cette jonglerie de la Nature.

Q. – Précisez donc la place des humains dans cette évolution ?

B. – Vous n’êtes qu’une branche de cette évolution globale, et une branche assez tardive ; vos ancêtres directs  les mammifères ne sont apparus qu’il y a 150 à 200 millions d’années sous la forme d’un petit rongeur. Par la suite, il y a quelques 20 millions d’années, un singe arboricole possédait une colonne vertébrale assez rigide pour lui assurer une station temporaire sur ses deux jambes, mais l’histoire véritable des hominidés ne remonte approximativement qu’à 7 ou 8 millions d’années. Vos dieux ne sont pour rien dans votre existence, cette lente et récente évolution devrait vous apprendre l’humilité et le respect de tout ce qui n’est pas vous. Il vous faut en effet admettre que toutes les autres formes de vie existant aujourd’hui descendent comme vous d’un même organisme : les gènes qui mettent en place le plan de fabrication d’un être humain sont les mêmes que ceux fonctionnant chez un ver de terre ou une céréale. En fait votre espèce représente une sous-catégorie des hominidés, la lignée dite « homo sapiens », qui est apparu très récemment en Afrique pour ensuite se répandre sur toute la planète.

Q. – Pensez-vous qu’il y a un antagonisme fondamental entre l’existence des humains et votre équilibre de la Biosphère ?

B. – Je ne suis au niveau du cosmos qu’une petite bulle qui permet à la vie de se perpétuer, un espace extraordinairement réduit, à peine épais de quelques kilomètres autour de notre planète. Il est donc évident que nous avons un intérêt commun, humains et non-humains, à vivre ensemble. Vous n’êtes qu’un maillon de la chaîne alimentaire et la poursuite de vos activités ainsi que votre existence même dépend de l’équilibre de mes cycles vitaux, les flux d’énergie solaire, la circulation de l’eau, la composition de l’air. Mais à l’heure actuelle vous perturbez trop profondément les conditions de l’équilibre sur la planète et cela m’exaspère, même si j’aurai toujours assez de ressources pour permettre à d’autres formes de vie de vous succéder. Il vous faut définir le temps zéro de référence, l’état souhaitable de la planète dont j’espère qu’il n’est pas antérieur à votre existence.

Q. – D’où provient ce dérapage actuel de l’activité humaine ?

B. – Paradoxalement l’efficacité de l’action humaine qu’autorise les performances incroyables de votre cerveau vous empêche de réaliser à quel point vous êtes fragiles et soumis au bon vouloir de la planète qui vous porte. Grâce à vos cerveaux sur-dimensionnés, vous estimez être la mesure de toutes choses, mais votre objectivité n’est en fait que la somme de vos subjectivités, une vision relative et très insuffisante. Votre cortex préfrontal vous permet de synthétiser non seulement votre expérience concrète, mais aussi toutes les considérations formulées par vos proches ou de doctes ignorants, et bien d’autres sources d’un savoir strictement humain qui vous empêchent de distinguer véritablement le vrai du faux, l’apparence de la réalité et la réalité des apparences. Vos sociétés vous empêchent alors de prendre conscience de mon importance, elles baignent les individus dans un langage par lequel ils préfèrent leur communauté d’appartenance plutôt que l’appartenance à la Planète, dans une culture qui leur apprend un vocabulaire trompeur ou mensonger car centré sur vos intérêts humains à court terme. L’eau est détourné des besoins des non-humains (toutes les autres espèces vivantes), la végétation disparaît, votre nombre et votre activisme étouffe les autres espèces, la biodiversité est en péril ; certains d’entre vous prévoient même que vous allez être la cause prévisible d’une sixième extinction des espèces. Vous croyez être intelligents, mais vous n’avez aucun avenir si vous ne pensez plus aux autres, à vos générations futures, aux non-humains.

Q. – Cette intelligence humaine ne peut-elle donc déterminer la connaissance du vrai ?

B. – L’histoire de l’humanité montre que vous pouvez reproduire la même erreur pendant très longtemps. Les religions du livre qui ont obtenu votre préférence ne font que célébrer l’humanité depuis des siècles et des siècles et elles se perdent dans l’anthropocentrisme ; vous avez exprimé plusieurs millénaires durant que les humains n’étaient pas tous frères et sœurs alors que vous appartenez tous, blonds ou bruns, blancs ou noirs, à la même race « homo sapiens » ; vous avez considéré pendant des milliers d’années qu’il existait une différence fondamentale entre l’homme et la femme alors que l’égalité aurait pu aller de soi depuis longtemps ; vous valorisez votre propre ethnie ou votre nation comme le centre de ce qu’il faut reproduire et défendre alors que vous devriez vivre en symbiose avec tous, humains et non-humains. Vous ne pouvez pas porter de culte à quelque croyance que ce soit tant que ce n’est que parole humaine, faite par des humains pour des humains, sans aucun souci de votre environnement global. Ces croyances n’ont provoqué d’abord que des affrontements entre vous, maintenant la situation devient trop grave car elle touche l’ensemble de la planète et des formes de vie.

Q. – Comment peut-on dater l’origine de cet oubli de la Nature par les humains ?

B. – Pendant les premiers millénaires, votre forme d’organisation en tant que familles de chasseurs-cueilleurs n’avait qu’un impact limité sur l’ensemble de mon existence en tant que Biosphère. Mais vous avez inventé l’agriculture et changé la Nature. Il y a quelques 10 000 ans au moment du néolithique, la domestication des plantes et des animaux dans la partie fertile de la méditerranée orientale par quelques groupes d’humains entraîne l’essor de ce que vous appelez une civilisation : en même temps que l’agriculture, vous développez vos outils, vous inventez l’écriture et les hiérarchies sociales complexes. L’évolution économique et culturelle s’accélère à mon détriment, les conditions de la vie sur Terre commencent à être bouleversées. Ce bouleversement constitue une rupture : alors que les sociétés premières étaient obligées de s’adapter à la Nature, vos sociétés agricoles adaptent la Nature à ce qu’elles considèrent comme des besoins. Votre efficacité plus grande pour obtenir des ressources alimentaires s’accompagnent aussi d’une forte natalité ; alors que vous n’étiez que cinq millions à l’aube du Néolithique, vous rassemblez 130 millions de personnes à l’aube de l’ère chrétienne. Ce poids démographique s’ajoute à votre pression sur les ressources naturelles au détriment souvent de vous-même, mais surtout à l’encontre du biotope, votre milieu de vie. Vous accaparez les moyens de vos exigences contre l’état de nature, contre les autres groupes sociaux, et surtout contre les autres espèces ; vous commencez à oublier que vous n’êtes qu’une partie de moi-même, la Biosphère.

Q. – Vous pensez donc que la défense de Biosphere est plus vitale que la protection des humains ?

B. – Au cours de votre XIXème siècle, une révolution industrielle succède aux révolutions agricoles et des techniques destructrices de l’environnement prennent tout le pouvoir. Vous n’êtes plus une espèce parmi d’autres, vous êtes le cancer qui met en péril mon équilibre. Votre goût de la puissance n’accepte plus aujourd’hui de limites, vous voulez maîtriser tous les éléments de la Nature et même l’invisible. Alors que vos activités humaines rentrent en interférence avec mes cycles vitaux comme celui de l’eau, vous engagez la survie de vos générations futures et du reste de la Biosphère en faisant comme si seul votre présent avait de la valeur. Alors qu’une radiation nucléaire ne se voit pas, ne se sent pas, ne fait pas de bruit, ne se touche pas et n’a aucun goût, vous avez réussi à la découvrir et à libérer les forces internes de l’atome. Alors que vous savez que cette radioactivité peut faire des dégâts sur l’organisation du vivant pendant une éternité de temps, vous accumulez les déchets nucléaires. Conformément aux désirs délirants d’une de vos religions, vous devenez féconds et prolifiques, vous remplissez la Terre et vous la dominez, vous soumettez les poissons de la mer, les oiseaux du ciel et tous les animaux qui rampent sur la terre. Vous êtes un milliard d’envahisseurs de toutes surfaces que vous pouvez habiter en l’an 1800, deux milliards en 1930, trois milliards en 1960, six milliards en 1998, 8 milliards en 2022. Vous en oubliez toujours davantage les nécessités de la Biosphère, cela n’est pas durable, c’est insupportable, c’est inacceptable.

Q. – Donc à votre avis, l’humanité serait plutôt inconsciente que rationnelle ?

B. – Ce qui vous permet aujourd’hui d’oublier complètement ce qui vous permet de vivre durablement, mon homéostasie, c’est votre capacité incroyable et assez nouvelle d’inventer une démultiplication effroyable de vos forces. Les haches de pierre remontent à un ou deux millions d’années ; elles ont été mises au jour en Afrique et en Eurasie et se ressemblent toutes, le même modèle est reproduit sur 50 000 générations à travers le monde. Maintenant les humains roulent sur des routes à des vitesses jamais atteintes par des formes vivantes, ils volent dans les airs comme les oiseaux et traversent les ondes comme les poissons, ils transforment les espaces sauvages en campagnes et règnent sur tous les territoires ou presque et ils s’entourent de villes de plus en plus immenses qui leur font complètement oublier la Nature. Mais c’est à tort que vous pensez grâce à cette carapace techniciste que la société thermo-industrielle vous met à l’abri de toute contrainte naturelle. En effet le « progrès » technique n’est pas la solution, il est le problème.

Q. – Alors que proposez-vous ?

B. – Soyons clair, je ne peux personnellement m’exprimer qu’indirectement par le réchauffement climatique et la perte de la biodiversité, par les inondations et les sécheresses, par la prolifération des microbes et des virus. En effet je ne possède pas la parole, c’est vous qui en avez le monopole. Je ne peux donc dire qu’au travers de vos propres mots et n’exister à vos yeux que par votre relation personnelle à la Nature. Il faut donc que vous puissiez analyser l’ensemble de vos discours à la lumière d’un équilibre durable du monde qui repose obligatoirement dans ma main, celle de la Biosphère. Si vous voulez m’aider à trouver un ordre durable, vous devez suivre la voie de la décroissance humaine, et vouloir une planète où votre trace sera à nouveau infime et insignifiante en mon sein. Mais je n’ai pas d’ordre à vous donner car toute décision relève de votre libre-arbitre cérébral.

Q. – C’est donc aux humains de se faire votre porte-parole ?

B. – C’est en effet à vous, individuellement et collectivement, de rechercher l’harmonie avec l’ensemble de votre environnement naturel et socio-économique. Pour cela vous ne pouvez pas faire confiance aux actes du passé, encore moins aux dérapages de la civilisation thermo-industrielle actuelle, vous devez patiemment chercher votre voie au milieu des ruines d’une Nature déjà complètement artificialisée. Votre tâche sera longue parce que vous devez remettre en question presque toutes vos certitudes, presque toutes vos activités, presque toutes vos pensées. Votre tâche sera difficile parce que vous devrez renier tout ce qui fait de vous des humains arrogants et conquérants, parce que vous devrez apprendre l’humilité et l’écoute de la Biosphère.

Q. – On dirait que vous souhaitez une nouvelle religion qui soit à votre service ?

B. – Vous avez jusqu’à maintenant élaboré des discours plus fantaisistes les uns que les autres ; certains d’entre vous pensent même que c’est le dieu des Juifs qui a créé le monde. Pourtant vos paléontologues et vos chimistes, vos astrophysiciens et vos naturalistes sont aujourd’hui unanimes pour vous expliquer que l’origine des humains, c’est à moi que vous la devez : La Biosphère est le début et la fin de toute vie. Autant dire que vous, les humains, vous devriez tous me connaître puisque je suis vous et que vous êtes à moi, puisque je suis le sol qui vous porte et l’atmosphère qui vous entoure, les végétaux qui procurent votre oxygène et vos légumes, les animaux que vous contemplez du regard ou dans votre assiette. En vérité en vérité je vous le dis, vous devriez célébrer mon existence puisque vous n’êtes qu’une infime partie de moi-même, toutes les composantes de votre corps existaient déjà dans les premiers instants du grand tout, votre statut actuel ne peut se dissocier du support matériel qui vous associe aux autre espèces et à la place de notre planète dans l’univers, votre survie dépend de la mienne. Pourtant les fondamentalismes religieux sont centrés sur eux-mêmes et par exemple les musulmans suivent aveuglement un Islam considéré comme soumission totale à la volonté de dieu. Mais Biosphere ne vous demande ni culte d’un quelconque biocentrisme ni constitution d’une nouvelle Eglise, il n’y a pas de culte imposé envers moi, c’est à vous d’exprimer personnellement les besoins de vos générations futures comme les besoins des non-humains, c’est à vous de faire personnellement preuve de simplicité volontaire ou de vous regrouper en association de défense de la nature, c’est à vous d’agir politiquement pour que l’équilibre durable de Biosphere devienne le fondement de toute décision humaine : il n’y a pas de dieu extérieur à vous-même.

Q. – Pour terminer notre entretien, quelle serait votre dernier souhait ?

B. – Grâce à vos connaissances techno-scientifiques, vous savez que nous ne sommes qu’un minuscule point dans l’immensité de l’infini. Le soleil qui éclaire nos activités n’est que l’une des 50 ou 100 milliards d’étoiles de notre galaxie, la Voie Lactée, le nombre de galaxies connues se compte aussi en milliards et l’objet le plus lointain observé depuis un observatoire terrestre se trouve à plus de 12 milliards d’années lumières (12 x 9500 milliards de kilomètres). Nous, l’ensemble des membres de la Biosphère, nous ne sommes que très peu de chose dans l’univers, et certainement un des très rares espaces habité par une vie foisonnante. Ne gaspillons pas cette chance, celle de vivre ensemble et de se perpétuer. Puissions-nous grâce à la mobilisation des humains éviter l’impasse dans laquelle s’est engagée une société thermo-industrielle à la fois complètement détachée des réalités de la Biosphère tout en accroissant les inégalités entre humains. Vous ne pouvez rester les esclaves volontaires de la mondialisation commerciale et les complices du pillage généralisé de la planète.

(propos recueillis par Michel Sourrouille, fondateur de l’association loi 1901 « Biosphere » dont l’objectif explicite est de « défendre les intérêts de la Biosphère ». Ce blog biosphere est une des activités de l’association biosphere)

Surpopulation => fin de la Biodiversité

Dans la presse fleurissent quelques articles exprimant une « inquiétude » démographique face à un risque illusoire de dépopulation menaçant nos sociétés. C’est dans Courrier International (13 au 19 janvier 2022), mais presque tous les grands journaux ont repris les mêmes analyses. Ce n’est que propagande nataliste alors que l’extinction ne menace pas l’espèce humaine, en surnombre, mais la biodiversité, en baisse catastrophique.

La manipulation des chiffres est une constante de l’interprétation des statistiques. Rétablissons les faits. S’inquiéter est vraiment déplacé quand l’humanité vient de compter 88 millions de représentants de plus en 2021, quand le seuil des 8 milliards devrait être franchi au début de 2022 et alors que la population mondiale a été multipliée par 5 depuis 1900. Certes nous vivons depuis 50 ans dans un contexte de baisse du taux de croissance démographique, croissance annuelle de 2,1 % au cours de la décennie 1960-1970, un peu plus de 1 % aujourd’hui. Mais cela représente quand même un doublement de la population en 70 ans. Certes il y avait 5 enfants par femme en 1960 au niveau mondial, et 2,4 en 2019. C’est d’ailleurs la poursuite anticipée de cette tendance qui fournirait le cadre général d’un affolement sans cause. Car si les indicateurs de fécondité diminuent, ils restent au dessus du taux de remplacement des générations et, comme ils s’appliquent à des populations de plus en plus importantes, nos effectifs en valeur absolue augmentent plus que dans les années 1960. C’est pourquoi il est prévu, dans les prévisions les plus « optimistes », un pic de population à 9,7 milliards en 2064 pour atteindre un peu moins de 8,8 milliards en 2100 ( contre 10,9 milliards à cette date selon l’hypothèse moyenne de l’ONU). De toute façon, 9 ou 10 milliards, c’est beaucoup trop ; il y a surpopulation humaine et cela se retrouve dans la réalité actuelle de l’extinction des espèces non humaines.

Un million d’espèces animales et végétales pourraient disparaître et la mauvaise santé des écosystèmes menace les hommes. Malgré cette urgence, les États n’ont pas tenu leurs engagements antérieurs pour inverser la tendance. Le projet de nouveau cadre mondial sur la biodiversité présente vingt-et-une cibles, dix jalons, quatre grands objectifs… et rappelle que les efforts de conservation « classiques », tels que les réseaux d’aires protégées, les plans de protection des espèces ou les mesures de restauration, ne seront absolument pas suffisants pour arrêter la perte de diversité animale et végétale. Il faudrait transformer le système de production alimentaire, réduire massivement les subventions néfastes dans les secteurs de la pêche ou de l’agriculture, abaisser la pollution en réduisant l’épandage d’engrais dans l’environnement d’au moins 50 % et l’épandage de pesticides d’au moins deux tiers, diminuer la pollution par le plastique, augmenter les financements en faveur de la biodiversité (au moins 200 milliards de dollars par an), des objectifs chiffrés mais sans aucun moyen de les mettre en pratique… En 2010, la Convention des Nations unies sur la Diversité Biologique (CDB) avait adopté les accords dits « objectifs d’Aïchi », qui établissaient vingt points à atteindre pour 2020 ; les objectifs n’ont pas été atteints. Le document actuel doit être négocié en octobre 2022 et pourrait à nouveau connaître un report.

Lire, Biodiversité, CDB, COP15 et IPBES… en vain

Nous constatons que le poids quantitatif de la population humaine sur les écosystèmes n’est pas du tout abordé alors que la généralisation mondiale du planning familial pourrait être entreprise à moindre coût. C’est pourquoi la perspective lointaine d’une décrue de la population humaine ne peut pas être une mauvaise nouvelle, sauf qu’elle arrivera un peu trop tard pour léguer à nos générations futures un héritage vraiment viable et vivable.

Que faire ? Agir avec l’association Démographie Responsable

https://www.demographie-responsable.org/

Nicolas Hulot et la condition animale

Les extraits suivants ont été publiés dans le livre de Michel Sourrouille paru en octobre 2018, « Nicolas Hulot, la brûlure du pouvoir ». Mieux vaut rendre la pensée de Nicolas Hulot publique, la libre circulation des idées écolos contribue à la formation de notre intelligence collective…

Janvier 2018, lors de mes vœux à la presse. J’ai décidé de réfléchir cette année à un sujet qu’on reporte régulièrement au prétexte qu’il est un peu « touchy », celui de la condition animale, qui est un sujet de civilisation. J’ai convié à cette réflexion la présidente de la FNSEA, ainsi que les chasseurs. J’estime que l’animal a une conscience et je souhaite conduire bientôt une grande réflexion sur la condition animale avec le ministre de l’agriculture. Je suis convaincu que les mentalités ont énormément évolué sur ce sujet, et c’est un indice de civilisation. Ces questions convoquent souvent de vieilles traditions. On peut les aborder sans stigmatiser personne, mais on ne peut plus les occulter. Il faut reconnaître que l’homme sait aussi vous donner la nausée tant parfois il excelle dans l’indifférence, l’ignorance, la cupidité, la vanité, la lâcheté, la cruauté. Les élevages intensifs d’animaux sous l’effet d’une mode, où les bêtes croupissent lorsque celle-ci est passée, sont inadmissibles. Combien de huskies ont grandi dans des vitrines minuscules. Les murs épais des laboratoires cosmétiques qui dissimulent le martyre d’animaux innocents me donne la nausée. Que pour satisfaire quelques coquetteries futiles on se fasse tortionnaire illustre le peu de cas que notre société fait de la condition animale. Concernant la chasse ou les abattoirs, j’appelle à limiter au maximum la souffrance de l’animal. Dans le programme du présidentiable Macron, il était écrit : « Pour le bien-être animal, nous prendrons notamment l’engagement d’interdire d’ici 2022 de vendre des œufs de poules élevées en batterie. » Il n’y avait pas grand-chose d’autre !

Si vous me demandez mon sentiment sur l’utilisation des animaux sauvages dans les cirques, évidemment ça ne me plaît pas. Le mouvement contre la présence d’animaux sauvages dans les cirques prend de l’ampleur. Les 2 000 animaux sauvages détenus en France dans les cirques présentent des troubles du comportement et des souffrances chroniques. Le plus choquant, c’est que cette activité a pour fin le divertissement. On fait des animaux des produits de consommation.  J’ai de l’estime pour les gens du cirque, mais je sais combien les prouesses des animaux sont le fruit de privations et parfois de sévices. Rien de plus désolant, l’été, que ces bêtes en cage étroite, agglutinés et exposés au regard de promeneurs distraits. J’ai en horreur ceux qui privent l’animal de liberté à des seules fins mercantiles. Mais ma nomination en tant que ministre fut au début un grand espoir déçu pour Brigitte Bardot. En juin 2017, le maire du Luc se battait pour empêcher l’installation d’un cirque avec animaux sauvages sur son sol. Elle m’appelle par téléphone, je lui réponds : « Je suis ministre, mais je ne sais pas ce que je peux faire. » Début août 2017 sur France Inter, j’ai déclaré en tant que ministre de la transition écologique et solidaire ne pas être favorable à la captivité des animaux, pas favorable à l’idée que l’on fasse du spectacle avec cette activité-là. « Artistes à quatre pattes » pour les uns, « êtres emprisonnés et brisés » pour les autres. Mais je préfère mener une réflexion globale plutôt que de l’interdire d’un coup. Le gouvernement a créé par décret une commission consultative interministérielle afin d’organiser une concertation permanente entre les cirques, les ministères concernés (culture, intérieur, transition écologique, agriculture) et les élus. Dans le monde, 27 pays ont totalement interdit les cirques avec animaux (parmi lesquels l’Autriche, la Belgique, la Grèce, l’Inde, le Pérou, la Slovaquie et la Suède) et 16 partiellement (dont l’Allemagne, l’Australie et le Canada)

L’animal n’a plus le temps de s’adapter aux modifications de son environnement. Son univers a trop vite évolué en moins d’un siècle pour que ses gènes conditionnent de nouveaux réflexes. De toute façon, l’homme, dans son développement, ne les prend pas en compte. S’échapper, pour les animaux, c’est s’exposer à des projectiles monstrueux lancés sur toutes les routes. Partout dans le monde, en modifiant le paysage, l’humanité dans son expansion fait fi de la condition animale.

Lire aussi, Condition animale, maigre avancée de la loi

Nicolas Hulot et la CHASSE à COURRE

Voici quelques extraits de la pensée de Nicolas Hulot  :

Les traditions culturelles ne sont pas bonnes en soi. Tout m’écœure dans la pire expression de la vanité humaine envers le monde animal, la corrida. L’hystérie des aficionados, l’arène qui met en scène la mort, ces paillettes qui brillent sur un lit d’hémoglobines, l’agonie du taureau. La télévision amplifie ces comportements, relayée par quelques esprits cyniques qui, d’une plume indécente, justifient ce vice honteux d’un alibi culturel et traditionnel. Je dis qu’une société se grandit quand, au fil de son histoire, elle se débarrasse de ses comportements avilissants ; que son degré de civilisation se mesure à l’état de sa conscience.

Ma plus grande aversion va à la chasse à courre, une chasse cruelle, ridicule mascarade d’une époque révolue où le gibier traqué par un cortège grotesque n’a d’autre choix que de s’empaler sur les clôtures qui partout entrave sa fuite, ou, ayant échappé à bien des périls, ne peut qu’attendre, tremblant, écumant de bave sous la terreur, le coup fatal du piqueux porté dans une mise en scène odieuse. Cette pratique prolonge l’agonie et le stress de l’animal. Cela me heurte profondément. Ce n’est pas l’idée que je me fais de la civilisation. Une lettre ouverte m’avait été adressée après l’abattage, le 21 octobre 2017, d’un cerf qui s’était réfugié dans un pavillon. Le 22 novembre 2017, quatorze sénateurs, dont Laurence Rossignol (PS), ont pris une initiative auprès du Sénat. « La chasse à courre, à cor et à cri est une pratique nobiliaire, oligarchique et barbare, digne d’un autre âge », affirment les députés. « Bien loin d’être une tradition populaire de notre pays », elle ne « contribue pas à la nécessaire régulation des espèces » et suscite des « troubles à l’ordre public ». Ils notent que cette chasse a été abolie en 1995 en Belgique, puis en Écosse, en Angleterre et au pays de Galles.

Mais fin décembre 2017, j’annonce que je n’agirai pas pour faire abolir la chasse à courre. Mon sentiment personnel ne peut pas préempter ce qui doit être un débat de société. La France, qui a été historiquement associée à la chasse à courre, n’est pas encore prête à l’abandonner. Les choses sont toujours plus complexes que ce qu’on peut en dire. Le 15 décembre 2017, Emmanuel Macron avait fait une escapade à Chambord dans la perspective de ses 40 ans. Le soir, il assistait à l’exposition du « tableau de chasse » après la journée de battue : une quinzaine de sangliers. Le président voulait ménager le Sénat, un repaire de porteurs de fusil. L’Élysée aura en effet bien besoin de la Chambre haute, tenue par la droite, pour faire adopter sa réforme constitutionnelle en 2018. Et Gérard Larcher, le patron des sénateurs, est un grand soutien de la vénerie. N’a-t-il pas consacré sa thèse de vénerie à un chien de chasse à courre ! Ainsi va la politique.

Nicolas Hulot et la BIODIVERSITE

Voici quelques extraits de la pensée de Nicolas Hulot  :

Osons dire que l’uniformité sied mal à l’homme comme à la nature et que la diversité est riche. Plus nous la réduisons, plus nous devenons vulnérables. Le XXIe siècle va probablement consacrer la disparition à l’état sauvage des grands singes. Au début du siècle dernier les orangs-outangs pouvaient traverser l’île de Bornéo du nord au sud par la cime des arbres. Aujourd’hui, ils sont agglutinés et hagard de peur dans un îlot de forêt résiduelle, essayant tant bien que mal de survivre au milieu des villes et des exploitations. A quoi sert notre technologie si nous sommes impuissants face à un tel phénomène ? Osons reconnaître qu’en détruisant la biodiversité, dont nous sommes la partie consciente, c’est notre propre sort que nous condamnons. La protection et la réhabilitation des océans, des forêts, des zones humides, des terres arables, de tous les écosystèmes ne sont pas facultatives, mais sont une obligation pour lutter contre le réchauffement climatique, préserver la vie sous toutes ses formes et enrayer la pauvreté. Sauver les bonobos, c’est nous sauver nous-mêmes !

A chaque extinction d’espèces, sous l’effet de l’activité humaine, la mémoire de l’humanité se charge d’un fardeau de honte. L’homme s’octroie le droit de décider du sort des animaux ou des végétaux, de modifier le processus évolutif, persuadé que la seule chose précieuse dans la création est sa propre existence. Dans nos sociétés où partout suintent le racisme et la xénophobie, demander la considération pour un pachyderme ou un insecte est mission désespérée. Comment convaincre les hommes que le salut est aussi dans le respect sans faille de la biodiversité, que l’unicité de la nature ne vaut que par la pluralité de ce qui la compose ?

Dans le programme du présidentiable Macron, il était écrit : « Les enjeux écologiques sont désormais des enjeux géostratégiques et diplomatiques majeurs. Nous défendrons la biodiversité au plan mondial. Nous mobiliserons les chefs d’Etat et les entreprises, afin de créer une dynamique et une prise de conscience de même ampleur que celle engagée sur la question climatique, grâce à une conférence mondiale. Afin d’être cohérent avec cette ambition mondiale, nous serons rigoureux tant en métropole qu’en outre-mer pour la préservation des espèces protégées, et mettrons en œuvre les mesures nécessaires pour cohabiter avec nos populations de grands carnivores (loups, lynx, ours).  » L’intention est bonne, la réalisation aléatoire. Mais je suis devenu partie prenante. D’où la préparation d’une loi Biodiversité du temps que j’étais ministre de l’écologie.

Démographie africaine et faune sauvage

Le Prince William accuse la démographie africaine d’être à l’origine de la disparition de la faune sauvage. Ces propos ont suscité une vague d’indignation.

Lire, Surpopulation humaine, éléphants sur la fin

Afrikamag : S’exprimant aux Tusk Convention Awards du 22 novembre 2021 à Londres, le prince William a déclaré : « La pression croissante sur la faune et les espaces sauvages d’Afrique en raison de la population humaine présente un énorme défi pour les écologistes, comme c’est le cas dans le monde entier. …il est impératif que le monde naturel soit protégé non seulement pour sa contribution à nos économies, nos emplois et nos moyens de subsistance, mais aussi pour la santé, le bien-être et l’avenir de l’humanité »»Les remarques du prince font écho aux commentaires qu’il a faits en 2017, lorsqu’il a déclaré que la « croissance rapide de la population humaine » de l’Afrique mettait sa faune et ses habitats sous une « pression énorme. »

Lire, Surpopulation africaine par une virilité mal employée

Si certains ont salué les commentaires du prince, qui mettaient en lumière le péril auquel est confronté le monde naturel face à la croissance démographique mondiale, d’autres ont critiqué ses propos. Certains ont affirmé que William n’avait « aucune autorité morale pour dire quoi que ce soit sur l’Afrique ou sur les Africains et leurs vies ». Mais il faut avant tout que l’homme se persuade qu’il n’a pas le droit moral de mener une espèce animale ou végétale à son extinction, sous prétexte qu’elle ne sert à rien. « Nous n’avons pas le droit d’exterminer ce que nous n’avons pas créé. Un humble végétal, un insecte minuscule, contiennent plus de splendeurs et de mystères que la plus merveilleuse de nos constructions. Le Parthénon ne sert à rien, Notre-Dame de Paris est complément inutile, en tout cas mal placé. L’homme pourrait refaire dix fois le Parthénon, mais il ne pourra jamais reconstituer les innombrables animaux des savanes africaines, issues d’une évolution qui a déroulé ses méandres sinueux au cours de millions d’années, avant que l’homme ne commence à poindre dans un obscur phylum de Primates minuscules. » (in Avant que nature meure de Jean Dorst, 1965)

Lire, Population africaine, nous sommes au bord de l’apoplexie

L’Afrique, qui compte aujourd’hui 1,3 milliard d’habitants en totalisera près de 4,5 milliards à l’horizon 2100 ; un jeune Terrien sur trois âgé de 15 à 29 ans vivra en Afrique en 2050. Le Nigeria, par exemple, sera passé de quelque 191 millions d’habitants à plus de 410 millions en 2030. Emmanuel Macron a même déclaré. « Quand des pays ont encore sept à huit enfants par femme, vous pouvez décider d’y dépenser des milliards d’euros, vous ne stabiliserez rien ».

L’explosion démographique, cause de l’expansion de l’agriculture au détriment des habitats de la faune sauvage et du développements des infrastructures et des villes, constitue une grande menace pour de nombreuses espèces menacées.

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Un chasseur mort OU des oursons sans mère ?

« L’attaque d’une ourse sur un chasseur ravive le débat sur la cohabitation », titre LE MONDE. Attendez, mon journal de référence, vous vous êtes trompés sur le titre : il fallait lire « L’attaque d’un chasseur sur une ourse ravive le débat sur la cohabitation ». Il n’y a que 400 ours pour 67 millions de Français, où est le déséquilibre ?

Lire, pas assez de loups, trop de moutons, difficile cohabitation

Résumé de l’article de Philippe Gagnebet : « Le 20 novembres, un chasseur a été attaqué par une femelle ourse. Il a pu abattre l’animal de deux balles. Le drame s’est déroulé à 1 900 mètres d’altitude. Selon les premiers témoignages d’autres chasseurs, « il est d’abord tombé sur deux oursons, puis la mère l’a violemment attaqué par-derrière… l’ours n’a pas sa place dans nos montagnes ». »

Les commentateurs sur lemonde.fr prennent la défense de l’ourse :

A.Conte : On remarque que le journaliste appelle un « drame » un chasseur blessé en chassant au milieu d’une zone d’habitat des ours mais qu’un automobiliste tué par un chasseur sur une 4-voies est appelé un « accident ». La différence de traitement saute aux yeux. Puisqu’on interdit implicitement aux non-chasseurs de fréquenter tous les espaces naturels plus de 6 mois par an pour ne pas fournir des cibles aux chasseurs, on pourrait aussi interdire certaines zones toute l’année aux chasseurs pour laisser les ours vivre tranquilles. En ce qui me concerne, j’aurais préféré que ce soit le chasseur qui y reste car chaque chasseur en moins c’est potentiellement un non-chasseur sauvé de ses tirs. Qu’on meure d’un coup de fusil en faisant du vélo, en passant en voiture ou en taillant ses rosiers est un drame, qu’on meure en chassant n’est qu’un accident de chasse.

GuillaumeS : Que faisait un chasseur si près des oursons ? Tout le monde sait que c’est très dangereux, sauf apparemment un soi-disant habitué de la faune sauvage.

Gaston31000 : C’est dommage que l’ourse n’ait pas fini le boulot. En tous cas, j’ai plus peur des chasseurs que des ours quand je vais randonner dans les Pyrénées. Je croise beaucoup de spécimens de la première espèce, qui ressemblent souvent à une milice de red-necks en train de s’entraîner en vue de la prochaine guerre civile. Ils ont généralement de gros 4×4 et de gros pick-up et font de l’intimidation aux randonneurs des GR, même sur les chemins de st-jacques. Pour débusquer un ours, il faut le vouloir. Un copain passe tous ses WE depuis 20 ans à crapahuter dans la montagne pour ramasser des crottes d’ours pour les scientifiques, et il n’en a jamais vu un seul.

CL : Ce qui est un drame c’est que les deux oursons ont perdu leur mère et sont maintenant orphelins. Ce qui est un drame, c’est qu’il se trouve des gens pour penser que l’ours n’a pas sa place dans les Pyrénées parce qu’il y a des humains… Mais qui peut bien avoir envie de vivre dans un monde où il n’y aurait que des humains? Et de quel droit peut-on décider qu’il n’y a que notre stupide espèce qui ait le droit de vivre?

Lire aussi, Les ours pyrénéens demandent la parole

Alxsailor : Les chasseurs tuent et blessent plus de chasseurs que les ours ne tuent et blessent de chasseurs chaque année. Conclusion : pour protéger efficacement les chasseurs il faut commencer par supprimer les chasseurs.

Eric L. : Selon France3 Occitanie, l’ourse tuée pourrait être Caramelles. L’histoire se réputerait comme le souligne Pays de l’ours dans son communiqué : « sa mère Mellba a également été tuée lors d’une battue en septembre 1997, alors que Caramelles et son frère Boutxy n’avaient que 8 mois »… On comprend alors tout-à-fait la réaction de défense de ses oursons par la mère.

1europ : Si on repasse le film , c’est une mère défendant ses petits … Son comportement est donc plus que compréhensible et naturel. Je ne connais pas l’expérience du chasseur, mais il me semble évident que lorsqu’on tombe sur des petits d’animaux , il faut très vite évacuer la zone par peur d’attaque de la mère. C’est le bon sens… Essayez d’attraper un poussin et vous verrez la mère poule vous agresser… et ce n’est qu’une poule ! Après si on met en balance que nous sommes 8 000 000 000 humains sur terre et que les ours dans les Pyrénées peuvent se compter sur les doigts d’une main , et qu’ils sont quasi éteints, on voit que ce sont les hommes qui doivent réduire leur empreinte. Et non l’inverse.

Noleb : Donc il y a une UNE attaque non mortelle d’une ourse sur un chasseur (en plusieurs dizaines d’années) et les chasseurs et consorts appellent à éradiquer (pardon à « prélever ») tous les ours. Je propose donc d’éradiquer tous les chasseurs vu qu’il y a eu (rien que pour la saison 2019-2020) 141 victimes d’accidents de chasse, dont 11 morts. C’est logique non?

Etichonide : Si on comprend bien, les chasseurs veulent une forêt aseptisée, sans dangers, ou ils pourraient mitrailler à loisir des lapins, des faisans d’élevage et des chevreuils décornés mais surtout ne rencontrer rien de plus effrayant. Faudrait aussi goudronner les chemins, on peut vite s’y fouler une cheville, et enlever toutes ces ronces, qui peuvent rayer le vernis du pantalon en kevlar.

Lire, Mort à l’ours, nature morte, l’enfer sur terre

César Bistruk : En Californie, les urbains cohabitent avec l’ours qui vient profiter de leurs piscines, sans qu’actions soient menées par les autorités pour les éliminer. On y fait de la prévention : conduite à tenir devant l’animal, etc…

Nature, environnement, biodiversité… VIVANT !

La notion de « vivant », est plus inclusive que « nature » et « environnement », moins usée que « sauvage », moins savante que « biodiversité » ou « non-humains », plus partielle que « acteurs absents ». Les mots font ou défont les réalités. Quant un nouveau concept se répand dans l’espace public, il devient un mème et participe à un basculement du monde. Ainsi la notion de « vivant » marque le fait que « la crise écologique actuelle est une crise de nos relations au vivant »(Baptiste Morizot). « Vivant » selon Nicolas Truong permet de sortir du dualisme entre la nature et la culture. De nouvelles ontologies ne séparent plus les humains et les « non-humains », plantes, animaux, fleuves… ne sont plus des choses, mais des êtres qui doivent être pris en compte par le politique comme par le droit. On peut être en empathie avec le vivant, pas avec la nature. Et cette notion permet de mettre un peu d’animisme dans notre société anthropocentrée. On a passé la phase de l’écologie comme « truc dans un coin pour occuper les écolos », maintenant cela concerne des normes opposables à tous et sur de vastes périmètres. Il faut donc une démocratisation du débat et un éclaircissement des alternatives, sortir du vase clos des sachants et militants. L’important, c’est de discuter des rapports que l’humain peut, veut, doit entretenir avec ce que Vivant, Nature, Biodiversité désignent. Quelles nouvelles normes peuvent jaillir de notre rapport au vivant ? Il va bien falloir répondre.

Le philosophe Baptiste Morizot précise la signification du concept de Vivant « qui déplace la focale vers nos interdépendances avec les autres vivants. Il n’y a pas à « sauver » le climat, il ne craint rien : ce sont les vivants qui doivent être protégés des dérèglements du climat, humains compris ». Les humains ne sont qu’une maille dans la trame du vivant. Ce tissage rend la Terre habitable pour nous et pour les autres, et on comprend par là que ce sont elles qu’il faut défendre, et dont il faut prendre soin. Contre l’anthropocentrisme, il nous faut défendre une conception écocentrée, vision plus large que le biocentrisme qui s’intéresse seulement à chaque espèce séparée des autres. Penser avec cette idée de « vivant » n’oppose plus nature et culture, puisque la culture est une manifestation du vivant dans l’humain, une faculté façonnée par l’évolution du vivant. Les mots « biodiversité » ou « environnement » ne nous incluent pas : ce sont des concepts qui expriment l’extériorité hypothétique de l’humain. Le vivant, c’est un concept philosophique qui nomme notre relation à l’aventure de la vie sur Terre. Du point de vue concret, on pratique un meilleur humanisme parce qu’on comprend qu’il faut prendre soin des interdépendances entre tous les êtres vivants. Sans sacraliser bien sûr le Vivant, mère Nature, puisque le vivant vit chaque jour de s’entre-manger, c’est la base des écosystèmes.

Sirelius : J’ai aimé le début de « Manières d’être Vivant » de Morizot. Et puis, très vite, l’auteur goûte à tous les types de saucisses proposées dans un refuge du Vercors. On a donc un philosophe qui chante les louanges du vivant et des beautés inouïs de l’altérité, qui discute avec les loups et voit dans un champ grouillant d’insectes l’équivalent bouillonnant de vie de Times Square. Mais qui, nonobstant sa passion pour les animaux sauvages, les possibilités d’interactions et d’échanges avec eux, se remplit l’estomac du corps supplicié de ceux qui n’ont pas eu la chance de naître à l’état sauvage, mais dans un élevage où en guise de bienvenue à la vie ils se voient arracher les testicules, couper la queue, meuler les dents à vif. Exemple parfait de dissonance cognitive !

le sceptique : Nos débats humains sur le vivant sont toujours des débats sur nos désirs, nos valeurs, nos intérêts. Même le naturaliste le plus désintéressé est en réalité animé par un plaisir d’être dans un certain type de nature, c’est la possibilité de son plaisir qu’il défend.
(Bon, c’est une expérience de l’esprit, jamais je boufferais une laitue et jamais je ne la cultiverais 🙂 Mais disons que ceux qui cultivent des laitues pour ceux qui en mangent se posent ces questions).

Pour en savoir plus grâce à notre blog biosphere.

6 mars 2019, Liselot des papillons (le Respect du vivant)

26 août 2018, Valérie Cabanes, être en harmonie avec le vivant

19 novembre 2015, Le climat dépend des êtres vivants, cela nous intéresse

16 juin 2013, respect du vivant, hommage radical à la dénatalité

19 décembre 2011, biocides : la revanche du vivant

19 décembre 2010, biotechnologies et (non) respect du vivant

24 août 2007, L’unité du vivant

Aimer le bien-être animal ET les chasseurs

Emmanuel Macron le 4 octobre : « Il faut que chacun se comprenne. On a trop tendance à opposer les mondes dans notre pays. Les chasseurs, ce sont des acteurs de la ruralité. Un chasseur, il aime son chien, il aime les animaux, il aime la nature, sinon il ne ferait pas de chasse… Ce qui m’importe, c’est qu’on réponde à la question du bien-être animal et qu’on le fasse en respectant chacune et chacun. Et que cela ne produise pas des tensions dans la société, en plus de tout ce que nous avons… Je pense honnêtement qu’on a beaucoup mieux à faire qu’aller chercher les gens sur les chasses traditionnelles … Personne ne veut de pratiques cruelles. Mais, en même temps, nos compatriotes chasseurs sont attachés à la ruralité et aux traditions. On ne peut pas leur dire du jour au lendemain, ce que vous avez fait, ce que vos parents, vos grands-parents ont fait, c’est absolument intolérable, circulez… »

Les commentateurs sur lemonde.fr ne sont pas dupes :

Nono Isa : Le chasseur aime la nature comme le pédophile aime les enfants

avec le temps : Macron qui dit « Un chasseur aime les animaux, sinon il ne ferait pas de chasse ». Cette contradiction est au delà du ridicule.

Dance Fly : Les chiens de chasse sont sans doute parmi les premières victimes de la maltraitance animale ; leur accueil dans les refuges sont légions. Et ne parlons pas de la vénerie: des dizaines de milliers de chiens enfermés la plupart du temps dans des chenils glauques, des milliers victimes de souffrances abominables lors des parties de chasse : éventrés par un sanglier, assommés par un coup de sabot de cheval, percutés par une voiture, agressés par leurs congénères, perdus et errants pendant des semaines… La plupart des responsables politiques ont cette même vision idéaliste de la chasse qui n’existe que dans leur imaginaire, car finalement non seulement les chasseurs n’aiment pas la faune sauvage mais beaucoup n’aime pas leurs propres chiens.

Locredo : Macron jette 18 M€ pour les chats et les chiens en refuges, puis rappelle que la chasse c’est de la tradition. Que dire de l’élevage intensif ? Le en-même-temps est à l’agonie…

Dionys : Macron aurait interdit la chasse à la glu car il trouvait cette pratique scandaleuse ? C’est une plaisanterie ! Le lien nous renvoie à un article du Monde qui précise qu’il a fallu 5 ans de bataille contre la mauvaise volonté manifeste de ce gouvernement..

Victor M : Entre la criminalisation des lanceurs d’alertes sur la cruauté dans les élevages industriels ainsi que la cellule de gendarmerie (demeter) spécialement créée pour les traquer et les pleins pouvoirs accordés aux chasseurs, dont la possibilité de chasser des espèces menacées et protégées, Macron aura bien du mal à se placer en défenseur du bien être animal !

Anti-Pollueurs : Sous votre quinquennat Mr Macron, la Nation France n’a pas vraiment “amélioré la condition de l’ensemble des animaux qui vivent en son sein”. Il n’y a pas que les chiens et chats à protéger, toute la Biodiversité souffre en France. Est-ce que la quantité de toxiques (pesticides) volontairement répandus dans nos campagnes a diminuée ? Non. Est-ce que la prochaine PAC défendue par la France et M Denormandie & FNSEA va améliorer la situation ? Non. Le Ministère ne parle que des chats abandonnés ou des chiens écrasés, que fait-il pour que son secteur soit moins toxique ? Rien.
Vieux : Le chasseur n’est pas quelqu’un qui aime la nature et la ruralité. Le chasseur est un homme qui cartonne des animaux avec un fusil pour se sentir exister.

Camille Pol : Ce qui est le plus intéressant c’est finalement ce taux de chasseurs de 30-40% d’urbains CSP+ (contre 8% d’agriculteurs) qui permet de contredire l’argumentaire selon lequel le débat sur la chasse serait un débat de citadins aisés contre des ruraux modestes.

Simon T. : Les chasseurs aiment la nature ? Qu’ils troquent le fusil contre l’appareil photo. Macron se fait littéralement avaler par les lobbys de chasse. Les conflits se sont envenimés durant son mandat car les chasseurs ont étendu leur réseau et leurs pratiques mafieuses dans l’impunité la plus totale alors que les Français aspirent au respect du VIVANT (pas du trophée) et à vivre sans risquer de prendre une balle perdue.

Pop : Un chasseur aime les bêtes, un motard aime le silence, un gilet jaune aime la matraque et moi j’aime Hidalgo et Pecresse, Bertrand et Macron, Marine et Jean-Luc. Je crois que je vais voter pour le sens du vent, il est de tous les programmes.

JNP94 : En plus d’être comme les centristes ni de gauche  ni de gauche, Macron est en même  temps  et de droite et de droite

Pour en savoir plus grâce à notre blog biosphere :

3 octobre 2021, Condition animale, maigre avancée de la loi

28 avril 2021, Chasseurs, sauvez des vies, restez chez vous