démographie

Stephen Emmott et la question démographique

Stephen Emmott s’appuie sur des graphiques terrifiants, l’expansion démesurée de la population mondiale, la croissance exponentielle du CO2 dans l’atmosphère, le réchauffement des océans, le taux d’extinction des espèces, les pertes énormes de surfaces boisées, la surexploitation des écosystèmes marins, une consommation d’eau qui croît deux fois plus vite que ne croit la population, une production croissante de véhicules à moteur, etc. « Et chacun de ces problèmes s’accentue à mesure que la population mondiale s’approche des 10 milliards d’habitants… Une population plus nombreuse accroît la demande d’eau et de nourriture. La demande de nourriture renforce à son tour le besoin de terres, ce qui accélère la déforestation. Cette demande augmente également la production alimentaire et le transport. Tout cela alourdit les dépenses énergétiques. Celles-ci finissent par renforcer les émissions de CO2 et de méthane, ce qui aggrave encore le changement climatiqueLa façon dont les plantes vont réagir à ce phénomène nous est tout simplement inconnue pour l’heure… » 

Dix milliards pour Stephen Emmott, c’est trop difficile à faire vivre et à nourrir. Au cours des quarante prochaines années, nous devrons produire pour nous alimenter plus de nourriture que n’en a fourni toute la production agricole au cours des 10 000 ans passés. Or la quantité de nourriture que nous produisons dépend presque entièrement des engrais chimiques à base de phosphate. Les réserves sont limitées, elles vont bientôt être épuisées. Lorsque ce moment arrivera, cela signifiera pour la population humaine la fin de l’agriculture telle que nous la connaissons. « Seuls les idiots refuseraient d’admettre qu’il y a une limite au nombre de personnes que notre planète peut supporter. Mon avis est nous avons dépassé cette limite. Depuis longtemps. Mais je crois que nous allons continuer à faire comme si de rien n’était. »

L’idée générale de Stephen Emmott ? « Tandis que notre population se rapproche des 10 milliards, nous pénétrons en territoire inconnu. Mais s’il est une chose prévisible, c’est que les choses vont s’aggraver encore… Quelle que soit la façon dont on envisage les choses, une planète peuplée de 10 milliards d’habitants promet d’être infernale. »  Alors le recours au fusil ? « Ce n’est pas un hasard si un nouveau type d’acteur participe désormais à presque toutes les conférences scientifiques sur le changement climatique auxquelles j’assiste : l’armée. » Il a demandé à l’un des scientifiques les plus rationnels et les plus brillants qu’il connaisse – un jeune chercheur de son labo – ce qu’il ferait, lui, s’il avait une chose, une seule, à faire dans la situation où nous sommes. Sa réponse ?

« Apprendre à mon fils à se servir d’un fusil. »

Ainsi se termine le livre de Stephen Emmott, 10 milliards (2014)

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Alan Weisman, quelques citations

  • D’après la numérologie kabbaliste, les mots « Dieu » et « nature » sont équivalents. Il n’est pas besoin de miracle pour constater que dieu existe. Je le vois dans toutes les composantes de la nature : les arbres, les vallées, le ciel, le soleil.

– Au temps du prophète Jérémie, Jérusalem comptait alors moins de 2000 habitants. Des monts de Judée descendaient guépards, lions, loups et léopards qui chassaient le cerf élaphe, la gazelle, l’oryx, l’onagre. Aujourd’hui il reste certains oiseaux, la plupart des autres espèces ont disparu. Il y a trop de routes et de murs de sécurité qui divisent les populations de gazelles et empêchent les hardes de se rejoindre. Israël, avec 740 habitants au kilomètre carré, a la plus forte densité de tous les pays occidentaux. Qu’arrivera-t-il, vers 2050, quand la population d’Israël aura doublé ?

– Quant à la distribution équitable des ressources alimentaires, est-il suffisant de l’envisager pour notre seule espèce ? Depuis que Dieu a enjoint à Noé de sauver également les animaux pour reconstituer l’humanité après le déluge, nous devrions savoir que le monde ne peut pas exister sans eux. Problème : la production alimentaire destinée à l’humanité occupant désormais quelque 40 % des terres immergées (hors pergélisols), et celles-ci étant aussi couvertes par nos routes et nos villes, nous avons pris possession de presque la moitié de la surface de la planète au profit d’une seule espèce, la nôtre. Comment toutes les autres vont-elles s’en sortir ?

– L’idée de « gérer » l’espèce humaine comme si nous étions des animaux sauvages ou d’élevage nous choque. Pourtant, dans l’histoire de la biologie, toutes les espèces qui ont surexploité les ressources de leur environnement ont subi un effondrement de leur population, parfois fatal pour l’espèce entière. Sur cette Terre au bout du rouleau, nous ne vivons plus dans une étendue sauvage et illimitée : nous sommes dans un parc. Nous adapter à cette réalité est aujourd’hui la condition de notre survie. Sans quoi la nature fera le travail à notre place. Par exemple la nature nous privera de nourriture. Le risque qu’une épidémie de fièvre Ebola ravage nos populations est en effet bien moins élevé que celui de voir des pathogènes soufflés aux quatre coins du monde faire s’effondrer notre production alimentaire centrée sur quelques monocultures.

– Ce que nous savons avec certitude, c’est que plus la vie est diversifiée, mieux elle se porte. Plus il y a de plantes différentes ensemble, plus elles utilisent avec efficacité les ressources dont elles disposent. Le résultat le plus visible est que la productivité primaire – la capacité des plantes à transformer le carbone de l’atmosphère en biomasse – est plus élevée là où la biodiversité est la plus forte. Et plus la diversité des plantes est élevée, moins on y trouve d’animaux nuisibles pour les dévorer. Apparemment, c’est parce qu’on y trouve aussi une plus large gamme d’insectes, de chauves-souris et d’oiseaux qui se nourrissent de ces nuisibles.

– Supposons – de façon purement théorique – que le monde entier adopte une politique de l’enfant unique. A la fin de ce siècle, nous serons de nouveau 1,6 milliard d’habitants. Le chiffre de l’an 1900. Nous libérerions ainsi des millions d’hectares de terres que pourraient réinvestir les autres espèces vivantes – essentielles au bon fonctionnement des écosystèmes.

– Je ne veux personnellement éliminer aucun être humain de la planète. Je vous souhaite à tous longue vie et bonne santé. Mais soit nous réduisons humainement nos effectifs, soit la nature va mettre beaucoup d’entre nous à la porte, et brutalement… Partageons mieux la Terre avec toutes les espèces qu’elle fait vivre, laissons à celles-ci l’espace et les ressources dont elles ont besoin, et nos rituels amoureux se perpétueront.

Compte à rebours (Jusqu’où pourrons nous être trop nombreux sur terre ?) d’Alan Weisman

première édition 2013 sous le titre Countdown. Our Last, Best Hope for a future on Earth ?

Editions Flammarion 2014, 430 pages, 23,90 €

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Alan Weisman et la question démographique

Alan Weisman est un journaliste qui a enquêté deux années durant dans plus de vingt pays. Son livre est donc une mine de renseignements grâce, entre autres, au témoignage de différents experts locaux en Israël, au Pakistan, en Inde… L’autre qualité de ce livre est de lier assez souvent la surpopulation humaine et la dégradation des écosystèmes pour les autres espèces. D’où cette conclusion : « Je ne veux personnellement éliminer aucun être humain de la planète. Je vous souhaite à tous longue vie et bonne santé. Mais soit nous réduisons humainement nos effectifs, soit la nature va mettre beaucoup d’entre nous à la porte, et brutalement… Partageons mieux la Terre avec toutes les espèces qu’elle fait vivre, laissons à celles-ci l’espace et les ressources dont elles ont besoin, et nos rituels amoureux se perpétueront. » Extraits :

p.40 En écologie des populations, on évoque souvent « l’illusion des Pays Bas » : le fait qu’une population très dense jouisse d’un niveau de vie très élevé, comme c’est le cas en Hollande (403 hab/km2), ne prouve pas que les humains peuvent prospérer dans un environnement coupé de la nature. Comme tout le monde, les Hollandais ont besoin de choses que seuls les écosystèmes peuvent fournir. Et par chance ils ont les moyens de les acquérir ailleurs que chez eux. Ils survivent grâce aux surplus d’autres pays.

p.50 Dans l’histoire de la biologie, toute espèce qui a surexploité ses ressources a vu sa population s’effondrer – parfois jusqu’à l’extinction. Pour la survie de l’espèce humaine, peut-être s’agit-il de trouver le moyen de réduire humainement la population globale, puis de la maintenir à un chiffre optimal. La détermination de ce chiffre sera,  que cela nous plaise ou non, la grande affaire du XXIe siècle.

p.57 Le débat sur le chiffre optimal de la population humaine suppose acquis une médecine optimale. Un retour en arrière sur ce plan serait aussi inacceptable qu’un processus quelconque d’élimination sélective. Le paludisme tue un enfant toutes les trente secondes. Si ces enfants cessaient de mourir, ils deviendraient des adultes qui produiraient d’autres enfants qui, à leur tour, ne seront pas tués par le paludisme. Il serait évidemment inadmissible de s’opposer à la disparition du paludisme dans le seul but de brider le nombre des humains ; en revanche, il ne serait pas absurde que les promoteurs de la recherche sur le paludisme aient l’obligation d’investir aussi dans la planification familiale.

p.63 Avant l’apparition de l’engrais à base d’azote artificiel (procédé Haber-Bosch), la population mondiale tournait autour de deux milliards d’individus. Quand nous n’en aurons plus, la population de notre espèce pourrait bien se rapprocher de nouveau de cette moyenne naturelle.

p.106 à 109 Le premier Congrès de la population optimale pour le monde fut organisé à Cambridge en 1993. Gretchen Daily et le couple Ehrlich présentèrent le résultat d’une estimation qu’ils qualifièrent eux-mêmes de « calcul de coin de table » : le nombre total d’habitants susceptibles de vivre avec 6 térawatts d’énergie, chaque individu disposant de 3 kilowatts en moyenne, était de deux milliards. Deux milliards, c’était le chiffre de la population en 1930, au moment où le procédé Haber-Bosch commençait juste à être commercialisé. La quasi-totalité de l’humanité vivait encore de végétaux qui poussaient grâce à la seule lumière du soleil, pas avec l’aide de combustibles fossiles. C’était un monde sans télévision, avec peu d’automobiles, peu d’appareils ménagers, pas de voyage touristique en avion.

p. 410-411 D’après les stupéfiantes compilations de données de Jon Foley, si nous ne gouvernons pas tous les acteurs indisciplinés de ce monde pour en faire des gestionnaires hyper-efficaces des ressources, si nous n’utilisons pas l’engrais de façon parfaitement ciblée et si nous ne luttons pas contre la surconsommation de viande, nous sommes condamnés à donner raison à la prophétie de Malthus. Plutôt que d’essayer de soutirer trois fois plus de récoltes à cette terre déjà épuisée, ne serait-il pas plus réaliste de réduire la population mondiale. Foley a réfléchi quelques instants avant d’acquiescer : « L’issue, à un moment ou un autre, c’est que nous serons obligés de survivre avec moins d’individus. Combien ? Je l’ignore. Un milliard ou deux peut-être. Qui peut savoir ? »

Compte à rebours (Jusqu’où pourrons nous être trop nombreux sur terre ?) d’Alan Weisman (2013)

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Jacques Véron et la question démographique

Comme tous les démographes, Jacques Véron se cantonne à une vision descriptive ; le mot planning familial par exemple n’apparaît jamais. C’est une preuve de fatalisme, ainsi cette autre remarque : « Freiner l’urbanisation ne semble guère possible. » Ce livre caricature parfois les malthusiens : « L’importance de l’effet niveau de vie tend à être ignorée ou du moins sous-estimée par ceux qui veulent rendre la population seule responsable de toutes les formes de dégradations environnementales. » Mais c’est une première tentative de la part d’un membre de l’INED de lier la question démographique et les problèmes environnementaux. Jacques Véron constate à juste titre que les démographes ne se sont intéressés que de manière intermittente à la question environnementale et jamais en très grand nombre : « Une des raisons du relatif désintérêt pour la problématique population/environnement est le sentiment éprouvé par certains démographes que cette question ne relève guère du champ de la science de la population… Les démographes ont tendance à penser que le rôle joué par la variable population dans les changements environnementaux est, en dernière analyse, relativement secondaire. » Jacques Véron est d’un autre avis : « Même si la réduction de la fécondité mondiale au niveau de remplacement des générations était immédiate, du fait de l’inertie démographique, la croissance de la population mondiale se poursuivrait encore pendant plusieurs décennies. Les variables démographiques jouent un rôle majeur pour ce qui est des possibilités d’adaptation aux changements environnementaux en cours. Étant donné la complexité des relations en jeu, démographie et écologie sont deux disciplines qui gagneraient à se rapprocher. »

On trouve donc dans ce livre quelques éléments intéressants dont voici un résumé.

Une des façons de lier numériquement la population à l’environnement, c’est d’estimer la « capacité de charge » de la terre ou sa « capacité limite ». Appliqué au monde animal, cet indicateur correspond à la taille maximale d’un troupeau susceptible de vivre durablement sur un territoire donné. L’empreinte écologique de l’humanité s’apparente à la capacité de charge. Dans Road to Survival, Vogt considérait en 1948 qu’à cette époque la population mondiale avait déjà dépassé l’optimum durable. Mais Colin Clark en 1968 cite pour population limite 47 milliards si l’humanité adoptait le régime alimentaire américain et 157 milliards avec le régime alimentaire japonais. Ces nombres paraissent aujourd’hui déraisonnables alors que la question se pose de savoir dans quelles conditions il serait possible de nourrir les probables 10 milliards d’habitants de la fin de ce siècle.

En 1972, une équipe du MIT applique pour le compte du Club de Rome l’analyse des systèmes à la dynamique économique, démographique et écologique mondiale. Ce modèle sophistiqué conduit aux mêmes conclusions que les analyses malthusiennes : la croissance de la population est une menace pour l’avenir de l’humanité. Par ailleurs, le prolongement des tendances observées ne peut que conduire à un épuisement des ressources, et donc à prouver la nécessité d’enrayer la croissance démographique. La même année avait lieu à Stockholm la première conférence des Nations unies sur l’environnement humain. La déclaration finale proclame, au titre d’un des 7 points jugés centraux, que « l’augmentation naturelle de la population pose sans cesse de nouveaux problèmes pour la préservation de l’environnement » et elle appelle à des politiques démographiques pour limiter la croissance de la population.

En 1987, le rapport Brundtland de la Commission mondiale sur l’environnement et le développement attribue une grande partie des déséquilibres observés à l’accroissement de la population mondiale et à la modification de sa répartition spatiale. Stabiliser le nombre des êtres humains est perçu par les membres de la commission comme une urgence. Pourtant l’objectif alors affiché de 6 milliards d’habitants est aujourd’hui dépassé !

En l’an 2000, la 55ème session de l’assemblée générale des Nations unies adopte les « huit objectifs du millénaire pour le développement » sans jamais parler directement de la population. En 2011, les Nations unies établissent les perspectives démographiques pour le long terme (à l’horizon 2100). Si l’évolution était conforme à l’hypothèse moyenne, la population mondiale compterait alors un peu plus de 10 milliards d’habitants. Mais un maintien dans l’avenir de la fécondité au niveau actuel se traduirait par un nombre d’êtres humains sur terre avoisinant les 27 milliards !

Dans sa version canonique, la théorie de la transition démographique se présente comme une théorie de l’autorégulation des populations, la baisse de mortalité entraînant nécessairement un baisse de la fécondité. Le constat, dans certains pays défavorisés, d’une baisse de la mortalité nullement suivie d’une baisse de la natalité a conduit les théoriciens américains à émettre des doutes sur la validité de la théorie de la transition démographique (stabilisation de l’accroissement naturel avec une faible natalité et une faible mortalité). Ils ont alors été conduits à militer pour l’adoption de politique de limitation des naissances, partout où la fécondité se maintenait à un niveau élevé.

Démographie et écologie de Jacques Véron (2013)

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Philippe Lebreton, la question démographique

– Depuis la sortie de cavernes, l’homme a déclenché une exponentielle ; et une exponentielle, ça va très vite…, surtout vers la fin. (Prof. Mollo-Mollo)

– La vérité doit être affirmée et constamment rappelée : la France moderne pourrait compter 100 millions d’habitants a dit le général de Gaulle dans son message à la nation du 1er janvier 1963. Cette affirmation n’est pas exagérée. (Michel Debré)

– Nul individu conscient de ce que l’homme peut réaliser à l’aide de la technologie et de la science ne peut vouloir limiter le nombre d’êtres humains qui peuvent vivre sur Terre. (Fidel Castro)

– « Un vrai croyant n’utilise pas les moyens de contraception ? » Or condamner le préservatif en Afrique noire devrait moralement impliquer la prise en charge matérielle des enfants à venir, dans un contexte de corruption, de guerres tribales, de crise climatique, de famines et de maladies.

– Avoir été opposé à la colonisation du Maghreb au nom du droit des peuples à l’autodétermination et du droit à la différence ne donne-t-il pas aujourd’hui quelque droit à s’interroger sur les effets pervers d’une immigration massive et rapide ?

– Il vaut mieux employer des moyens anticonceptionnels et élever deux enfants qu’en avoir dix et en perdre huit. Mais pour le bonheur de l’humanité, il vaut mieux en perdre huit qu’en élever dix. (Robert Hainard)

– L’importance de l’effondrement du communisme ? Elle est ridicule à côté du problème numéro un qui nous tourmente : la démographie. Depuis que l’homme est sur cette terre, nous n’avons jamais atteint ce degré de folie. (Claude Lévi-Strauss)

– Il est étrange que les pronatalistes puissent considérer les enfants comme un élément de relance économique, et les personnes âgées comme un fardeau social, alors que les deux classes d’âge sont également consommatrices/non productrices.

– Encore aujourd’hui, la loi du silence entache au niveau planétaire les conséquences de la pullulation démographique, ou popullulation : politiquement incorrecte, « la question ne sera pas posée… »

– Si l’on admet que l’empreinte écologique est à la fois d’origine énergétique et démographique, la popullulation mondiale est un problème de même gravité que la débauche énergétique occidentale.

– Si des rats considéraient notre espèce comme nous observons la leur dans les cages de nos laboratoires, ils comprendraient immédiatement nos problèmes actuels et à venir : entassement démographique, épuisement des ressources, accumulation des déchets, agressivité et lutte pour la survie ; le tout au détriment de l’espèce et du milieu ambiant. (Henri Laborit)

– Avec votre agriculture intensive, vous enlevez à la terre son phosphore. Plus d’un demi pour cent par an. Il disparaît complètement de la circulation. Et c’est cela que vous appelez le progrès ! Vous vous imaginez que nous sommes en progrès  parce que nous mangeons notre capital. Les phosphates, le charbon, le pétrole… Vous êtes en trains de détruire l’équilibre. Et, en fin de compte, la nature le rétablira. (Aldous Huxley, 1926)

– On dirait que l’homme est destiné à s’exterminer lui-même après avoir rendu la planète inhabitable. (Lamarck, 1820)

– Notre nombre, notre polymorphisme génétique, notre polyvalence et notre adaptabilité sont tels qu’il restera bien quelque part des poches de résistance pour « réensemencer » l’anthroposphère. Car l’homme, néoplasme de l’évolution, est bien le « cancer de la planète », dont les métastases peuvent d’ores et déjà être observées dans tous les recoins de la biosphère.

– L’éventuelle renaissance sera cruelle parce que ce n’est pas des forêts médiévales qu’il faudra ressortir, mais des ruines de nos cités pour réhabiliter les terres polluées des campagnes et les glaciers dénudés de nos montagnes.

Le futur a-t-il un avenir ? (pour une responsabilité socio-écologique) de Philippe Lebreton (2012)

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POUR ou CONTRE la stérilisation forcée ?

Faut-il être POUR ou CONTRE la stérilisation forcée ? Ce genre de question se veut implicitement accusatoire. Si vous êtes plutôt POUR vous êtes un vrai méchant, si vous êtes sans hésitation CONTRE, vous êtes à coup sûr un gentil humaniste. Nous pensons que les choses sont beaucoup trop complexes pour être résumé par un seul parti pris, en blanc ou en noir. La réalité est toujours grise.

Historiquement la stérilisation forcée a été à la mode pour des raisons d’eugénisme. A la fin du XIXe siècle et au début du XXe, le souci d’améliorer l’espèce humaine par une sélection se répandit dans tout le monde occidental. Il inspira de nombreuses lois instaurant notamment la stérilisation des indésirables. En Allemagne, l’un des principaux tenants de l’eugénisme fut Ernst Haeckel, celui-là même qui forgea en 1866 le néologisme « écologie ». Cette méthode a été même pratiquée de façon légale. La première loi sur la stérilisation a été adoptée dans l’Indiana en 1907. Les pratiques eugénistes ont été autorisées dans trente-deux États à la suite d’une décision de la Cour suprême des Etats-Unis (Buck v. Bell, 1927). Quand, en 1928, le canton suisse de Vaud a voté en faveur de la première loi européenne sur la stérilisation (abrogée en 1985 seulement), les Américains en avaient déjà promulgué près de trente. Il existait un Bureau d’enregistrement eugénique avec une liste des « personnes socialement inaptes » à stériliser, incluant notamment « les débiles mentaux », « les fous », « les criminels », « les ivrognes », « les aveugles », « les sourds », « les difformes »La Caroline du Nord a pratiqué jusqu’en 1974 cette politique de stérilisation forcée. En Suède, au moins 60 000 personnes ont été stérilisées de force de 1935 à 1975. Une première loi portait sur les personnes souffrant de maladies héréditaires, la loi de 1941 a élargi les cas de stérilisation aux personnes menant un mode de vie asocial . Ces exemples montrent que le positionnement POUR ou CONTRE la stérilisation forcée recouvre en fait des débats de société qui méritent autre chose que des anathèmes. En démocratie, l’issue politique d’une controverse se situe dans le niveau d’acceptabilité sociale, et cela varie dans le temps et dans l’espace.

Avec le sentiment croissant d’une surpopulation humaine, un autre débat commence juste à voir le jour ; agir sur la natalité. La stérilisation pourrait devenir une méthode de contraception parmi d’autres. La ligature des canaux déférents est une opération chirurgicale déjà utilisée par des millions d’hommes, 14 % en Chine, 13 % aux États-Unis. Il s’agit avant tout d’assumer volontairement ce geste, mais ce n’est légalement possible que récemment en France : la loi du 4 juillet 2001 autorise la ligature des trompes pour une femme, la vasectomie pour un homme. La frontière entre stérilisation volontaire et stérilisation forcée est étroite. Un projet législatif déposé en Alabama en 2020 montre la complexité du passage de l’individuel au collectif : « Dès l’âge de 50 ans – ou dès la naissance du troisième enfant – tout homme doit subir une vasectomie. » La démocrate Rolanda Hollis observe que le système n’impose aucune contrainte ni restriction aux hommes en termes de gestion de leur reproduction aux États-Unis – il est temps, dit-elle, que les hommes prennent leurs responsabilités. Il s’agissait pour elle de combattre une autre législation, celle qui interdit aux femmes d’avorter, mesure qui devait entrer en vigueur le 15 novembre 2019 en Alabama. Si l’État réglemente les droits reproductifs des femmes, alors il devrait en être de même pour les hommes.

Wikipédia nous donne des informations sur les pratiques de stérilisation contrainte. Ces politiques sont généralement à consonance eugénique ou raciste, très peu portent spécifiquement sur la démographie. Plusieurs centaines de femmes ont été victimes de stérilisations forcés à La Réunion par des médecins de la clinique de Saint Benoît durant les années 1960. « Dans ce pays malade de démographie, je n’ai jamais eu le sentiment de faire mal », a affirmé un médecin lors du procès en 1971. Le programme de stérilisation de masse d’Indira Gandhi et de son fils Sanjay Gandhi, premier ministre, aboutit à partir de 1975 à stériliser de force 6,2 millions d’hommes. En 2013 et 2014, 4 millions de stérilisations ont encore eu lieu. La Chine a également mis en place des programmes de stérilisation à des fins de contrôle démographique. Exemples rares dans un monde qui reste foncièrement nataliste.

La surpopulation croissante est de même nature que le réchauffement climatique. Pour Greta Thunberg, c’est forcément blanc ou noir : « Il n’y a pas de zone grise quand on parle de survie. Si les émissions carbone doivent s’arrêter, alors nous devons arrêter les émissions carbone. » Le constat est inattaquable, mais Greta ne dit rien des mesures à prendre, simplicité volontaire ou sobriété forcée. En fait toutes les mesures possibles sont envisageables dans un contexte démocratique. En matière de réchauffement climatique, les petits gestes de chacun (tels se passer de voiture pour rouler en vélo) sont inopérants dans une société formatée par Ford, Renault, etc. Alors l’État pourrait décréter un prix du carbone, mesure incitative et collective, mais il n’ose pas le faire face à l’opinion des Gilets Jaunes. Alors dans l’avenir il y aura forcément une carte carbone, un rationnement imposé. De la même manière, il y aura peut-être dans l’avenir institutionnalisation d’un permis de procréer et stérilisation forcée pour les récalcitrants. Une démographie responsable aujourd’hui aurait évité ces lendemains funestes, si ce n’est horribles… mais pas plus que les boucheries dans des guerres fomentées pour préserver  son espace vital.

Le refus de toute contrainte aujourd’hui nous poussera peut-être demain à prendre des mesures très radicales pour maîtriser autant que faire se peut une décroissance économique ET démographique. Mais si la délibération démocratique échoue à prendre les mesures nécessaires pour éviter des situations ingérables, Dame nature fera sans aucun doute son œuvre de grande faucheuse.

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Hugues Stoeckel, la question démographique

Le loup limite sa reproduction au seul couple dominant de la meute pour ajuster ses effectifs aux ressources disponibles. Quand les proies se font rares, la meute reste parfois deux ou trois ans sans mises bas. A contrario, lorsqu’elle investit de vastes territoires vierges de tout congénère, il arrive que plusieurs femelles de la meute accèdent simultanément au droit de perpétuer l’espèce. Ce comportement est d’autant plus admirable que le loup, bien qu’intelligent, ne dispose pas de cet outil prospectif unique au monde qu’est le néocortex humain. Un outil en l’occurrence totalement déficient : l’espèce humaine s’avère incapable d’accepter, ni même de discerner une limite à sa propre prolifération. Et ce, bien qu’elle subisse déjà les premiers effets de l’effondrement énergétique.

Percevoir le problème démographique à temps requiert un néocortex en bon état de marche et pas trop encombré de croyances.

Aujourd’hui, les niveaux de population dépendent des carburants fossiles et de l’agriculture industrielle. Ôtez-les du tableau et il y aura une réduction de la population mondiale qui est bien trop horrible pour pouvoir y penser. Paul Chefurka conjecture qu’en 2100, la planète ne pourra plus nourrir qu’un milliard d’humains environ. C’était la population mondiale vers 1800, au début de l’anthropocène. Mais la terre avait à l’époque un potentiel nourricier intrinsèquement supérieur à l’actuel, et bien supérieur à celui de 2050 qui aura subi des chocs successifs supplémentaires. Un gigantesque exode urbain devra s’opérer à rebours dans les décennies à venir.

D’un côté 7,8 à 11 milliards d’humains programmés pour 2050, de l’autre un seul milliard « nourrissable ». Un objectif de descente démographique est strictement impossible à tenir par le seul contrôle des naissances, ce qui implique une explosion des décès prématurés par famines, guerres, pandémies ou suicides. Malthus s’est trompé sur les délais, mais son diagnostic reste fondamentalement correct. Il est vrai que l’élitisme qui sous-tend ses solutions est repoussant. Aussi convient-il de se réclamer d’un néo-malthusianisme égalitariste que ne se soucie pas du sort des riches, mais de celui de l’espèce. Cette doctrine fut d’ailleurs jugée très progressiste à la fin du XIXe siècle, la grève des ventres était féministe, pacifiste et humaniste. Une grève qui fut décriée à l’époque par les productivistes et cléricaux du pays.

Alors que faire aujourd’hui ? Le seul paramètre sur lequel nous ayons toute latitude pour agir efficacement et sans douleur est la natalité. Une excellente raison de tenter de la maîtriser, non pour effacer le problème – l’inertie démographique est bien trop grande – mais pour en atténuer les effets à terme. Entendons-nous bien : il n’est pas question de s’exonérer du devoir de réduire les consommations et les rejets évitables. Mais se borner à cela déboucherait exactement sur le même effet de rebond que la baisse des émissions de CO2 par voiture… alors que l’effet  rebond d’une dénatalité serait un bonus en espace et en agrément de vie pour chacun. A vrai dire, les limites de la planète ont été à ce point outrepassées que nous n’avons plus le choix. Aucune solution ne peut prétendre à résoudre seule le problème : ni le partage, ni la sobriété, ni la dénatalité. Même ensemble, ces solutions risquent de ne pas suffire. Nier le risque, c’est choisir délibérément la sortie de crise par la violence.

La faim du monde (l’humanité au bord d’une famine globale) d’Hugues Stoeckel (2012)

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Wikipedia et le concept de surpopulation

Wikipédia en résumé : La surpopulation est un état démographique caractérisé par le fait que le nombre d’individus d’une espèce vivante excède la capacité de charge de son habitat, c’est-à-dire sa capacité à fournir les ressources nécessaires pour assurer la pérennité de cette espèce. Qu’en est-il de l’espèce humaine ?

La paléodémographie étudie les comportements et les structures des populations préhistoriques. Elle a permis par exemple d’évaluer la population totale d’Homo ergaster, qui vivait en Afrique entre – 1,8 et 1 million d’années avant notre ère, au maximum à 200 000 individus. Les Homo erectus dont les archéologues ont retrouvé des traces datées de 1,6 million d’années près de Béziers n’étaient que quelques milliers en France. Selon la théorie de la catastrophe de Toba, une gigantesque éruption volcanique a modifié l’histoire de l’évolution humaine par une réduction sévère de la population il y a environ 74 000 ans : la population mondiale aurait été réduite à 15 000 individus. Depuis cette époque jusqu’à la fin du Paléolithique, on estime que la population mondiale n’a probablement jamais dépassé, selon les sources, 1 million à 15 millions d’individus avant l’invention de l’agriculture .On estime aujourd’hui que les hommes préhistoriques vivant (sur ce qui correspondait à cette époque au territoire français actuel) de chasse et de cueillette étaient en état de « surpopulation » à partir de 3 à 4 habitants en moyenne au km².

Tertullien (150-220), écrivain et théologien chrétien qui vivait à Carthage alors que la population mondiale n’était que de 190 millions d’habitants, écrivait : « Assurément il suffit de jeter les yeux sur l’univers pour reconnaître qu’il devient de jour en jour plus riche et plus peuplé qu’autrefois. Tout est frayé ; tout est connu ; tout s’ouvre au commerce… Comme témoignage décisif de l’accroissement du genre humain, nous sommes un fardeau pour le monde ; à peine si les éléments nous suffisent ; les nécessités deviennent plus pressantes ; cette plainte est dans toutes les bouches : la nature va nous manquer. Il est bien vrai que les pestes, les famines, les guerres, les gouffres qui ensevelissent les cités, doivent être regardés comme un remède, espèce de tonte pour les accroissements du genre humain. »

Or la croissance démographique devient spectaculaire à partir de 1950. La population mondiale à la fin du XVIIIe siècle est estimée à un peu moins d’un milliard. Au début du XXe siècle, elle atteint environ 1,6 milliard. En 1940, elle est déjà de 2,3 milliards. Le taux de croissance démographique mondial a atteint un pic à 2,1 % l’an dans la période 1965-1970. Cela entraîne un doublement en moins de 70 ans. Une enquête du Pew Research Center sur les différences d’opinions entre le public et les scientifiques, publiée en janvier 2015, révèle que 59 % des Américains pensent que la croissance de la population mondiale sera un problème majeur, cette opinion atteint 82 % chez les scientifiques. De nos jours, un nombre croissant de scientifiques pensent que les limites écologiques sont plus contraignantes et risquent de déclencher plus vite l’effondrement démographique. En 2017, plus de 15 000 scientifiques de 184 pays, dans un manifeste publié par la revue BioScience58 et largement relayé par la presse mondiale, reconnaissent consensuellement que l’espèce humaine est en état de surpopulation sur Terre. Une étude de chercheurs de l’université de Cassel (Allemagne), publiée par la revue Nature, prévoit que 27 % des 416 métropoles étudiées, soit une centaine de grandes villes peuplées actuellement de 233 millions d’habitants, ne seront vraisemblablement plus en mesure de répondre à la demande de leur population en 2050, passée alors à 736 millions d’habitants.

La surpopulation est bien évidemment une notion relative : un territoire richement doté en ressources naturelles peut accueillir une population bien plus élevée qu’une région désertique. On pourrait en conclure que la mondialisation a pour effet de globaliser le problème de la surpopulation. Ce n’est qu’en partie vrai, car les habitants des régions les plus pauvres n’ont qu’un accès très restreint aux bénéfices de la mondialisation : le transport coûte cher, les pays riches élèvent des barrières plus ou moins étanches contre les migrations. C’est pourquoi on constate des signes manifestes de surpopulation (famines récurrentes, malnutrition, etc.) dans certaines régions. Ainsi, le Soudan du Sud a été en février 2017, le sixième pays au monde depuis 1985 à être déclaré en situation de famine. Le président du Parlement burkinabè, Salifou Diallo, a déclaré : « Quand on a des taux de croissance économique de l’ordre de 5 à 6 % avec un taux de fécondité située à 6 ou 7 %, nous sommes dans une situation de démographie non maîtrisée et nous ne pouvons pas espérer de développement avec une telle situation. »

Les parlementaires doivent faciliter un déclin rapide, volontaire, de la fécondité grâce à l’accès universel à la planification familiale, l’augmentation du niveau d’éducation des femmes et le renforcement des efforts pour améliorer la survie de l’enfant . L’éducation au sujet de la surpopulation, du planning familial et des méthodes de contrôle des naissances est bien évidemment un ingrédient de base de toute politique de modération de la démographie. Mais nous devrions tous savoir que la loi régule les interactions entre les humains ; plus la densité de population augmente, plus fréquentes sont ces interactions, et ainsi se développe encore plus de lois et/ou de lois plus restrictives pour réguler ces interactions.

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Georges Minois et la question démographique

Georges Minois a écrit beaucoup de livres bien documentés. Qu’il rejoigne le camp des malthusiens est donc un bon signe de la part d’un fin connaisseur des péripéties historiques ! Pour lui, les temps commencent à changer à partir du milieu du XXe siècle. Le premier cri d’alarme est lancé en 1948 par William Vogt qui écrit dans Road to Survival : « La surface des terres cultivables diminue rapidement à mesure que croît la population, et que le sol est détruit… il est évident que d’ici cinquante ans, le monde ne sera pas en état de nourrir trois milliards d’individus en plus, si ce n’est à un régime de coolies. » Mais les caractéristiques des prédictions de Cassandre sont qu’elles se réalisent et que personne ne les écoute. Voici quelques extraits recomposés qui ne reflètent qu’une toute petite partie de la richesse de cet ouvrage :

La France se distingue particulièrement par son populationnisme. La loi répressive de 1920, interdisant aussi bien l’avortement que la contraception, a été votée aussi bien par Maurice Barrès (nationaliste) qu’Édouard Herriot (radical-socialiste), Marc Sangnier (chrétien-démocrate) ou Robert Schuman (catholique). Pour ces politiques parfois progressistes, « il ne s’agit pas de porter atteinte au principe sacré de la liberté de penser et d’écrire » (Louis Barthou, républicain modéré) : à l’époque la peste brune est plus acceptable que le malthusianisme !

L’Institut national d’études démographiques a été créé en 1945. Sous des dehors scientifiques, il a des allures de service de propagande nataliste. Un de ses directeurs, Alfred Sauvy, était un populationniste notoire, partisan d’une répression rigoureuse de l’avortement dans un de ses écrits de 1943. Le congrès du parti communiste en 1956 le répète : « Le néomalthusianisme, conception ultra réactionnaire, remise à la mode par les idéologues de l’impérialisme américain, est une arme aux mains de la bourgeoisie pour détourner les travailleurs de la lutte pour les revendications immédiates, pour le pain, pour le socialisme. » La naissance du 50 millionième français en 1968, est présentée comme un exploit national.  En 1974, Simone Veil fait voter la loi qui légalise la pratique de l’avortement. Le thème du vieillissement par dénatalité devient l’obsession, on ne recule pas devant les excès de langage : Michel Jobert parle d’autogénocide (1976), Pierre Chaunu de peste blanche (1976), Jean Fourastié de suicide collectif (1979). En 1988, l’Ined peut afficher fièrement le palmarès : « L’Irlande mis à part, la France est le pays où la fécondité, bien qu’insuffisant pour assurer le strict remplacement des générations, est la plus élevée. »

Mais face au vieillissement de la population, la pire des solutions est d’encourager la natalité. Les enfants que l’on fait naître aujourd’hui auront la charge d’entretenir les effectifs pléthoriques de leurs parents, grands-parents, et même une bonne partie de leurs arrière-grands-parents, étant donné l’allongement de la longévité. Et cela dans un monde aux ressources raréfiées et à l’environnement saccagé. C’est cela qui est suicidaire.

La mondialisation a du mal à pénétrer dans le domaine démographique, où on continue à raisonner en termes nationaux : dans la naissance d’un Français, on voit d’abord que c’est un Français, qui contribue à augmenter l’effectif national. C’est en pleine contraction avec des préoccupations écologiques, puisque le niveau de vie d’un Français a cinq ou dix fois plus d’impact sur l’environnement que celui d’un Chinois ou d’un Nigérien. La dimension globale est prise en compte pour le climat, mais pas pour la population, quand bien même il y a des liens entre les deux.

Le poids du nombre de Georges Minois (2011)

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Michel Tarrier et la question démographique

Faire des enfants tue… la planète. L’idée générale de ce livre de 2011 est donnée par le sous-titre, « Eloge de la dénatalité » (éditions LME). C’est la même thématique que le livre précédent de 2008, co-écrit à l’époque avec Daisy Tarrier, « Faire des enfants tue ». Voici quelques citations :

– Aux racines françaises du militantisme antinataliste, on trouve une des pionnières de l’écoféminisme avant la lettre, Nelly Roussel (1878-1922). Elle revendiqua le droit des femmes à disposer de leur  corps et prônait le contrôle des naissances. De même Madeleine Pelletier (1874-1939) : L’éducation féministe des filles ; Le Droit à l’avortement… Paul Robin (1837-1912), engagé dans l’action féministe et le néo-malthusianisme, diffusa des tracts sur les moyens de contraception, fonda un syndicat des prostituées et ouvrit une des premières agences pour l’union libre.

– Contrairement à toute logique, la décroissance démographique reste un énorme tabou qui n’ose pas dire son nom, un scandale qui provoque tous les courroux ! C’est à peine si on peut l’ouvrir à propos de la décroissance démographique ! Et l’on s’inquiète même des nations qui, en Europe, ne montrent plus la même ardeur à procréer des enfants dix à vingt fois plus pollueurs que ceux des pays du Sud !

– Pourquoi la bourgeoisie a-t-elle fait de Malthus un maudit ? Pour augmenter et faire fructifier le stock de pauvres gens sur lequel la classe dominante s’engraisse ; chair à canon, chair à prostitution, chair à consommation, chair électorale… C’est à l’élite bien-pensante, dogmatique et « vertueuse » que profite le crime démographique.

– La dénatalité est le plus souvent vilipendée par le libéralisme, bien que les adeptes de la décroissance économique participent curieusement et de concert avec les fondamentalismes religieux au lynchage du désir de décroissance démographique. C’est affligeant.

– L’Eglise catho s’oppose à la procréation médicalement assistée, et là elle a toute l’estime des dénatalistes pourtant étrangers à la sainte famille.

– Tout pacte écologique sous-tend l’idée d’un pacte antinataliste. Mais pourquoi les Verts restent-ils cois ? Yves Cochet se lança dans une croisade antinataliste, mais maman Cécile Duflot est une multipare récidiviste.

– Compte tenu de notre incapacité à une justice planétaire, à une plus juste répartition des ressources et des richesses, recourir à une double décroissance, tant de la natalité que de l’économie, serait l’unique voie que la raison commande.

– Ressembler à sa mère ou à son père n’est pas une assurance-vie. Il faut quelque chose de plus qu’un couple pour faire des enfants, il faut au moins une Planète viable.

– Quand nous constatons que les couples homosexuels rêvent aussi d’un embryon (et pendant qu’on y est de convoler à la sainte église qui les bannit !), les bras nous en tombent. Un enfant peut-il naître de l’union de deux femmes ou de deux hommes : non. Mais les expériences se poursuivent !

– Nous ne tuons plus nos nourrissons mais nous allons nous retrouver bientôt avec 3 ou 4 milliards de gens qui vont crier famine. Que ferons-nous ?

– Les programmes de stérilisation contrainte sont à vomir… Il serait plutôt question d’offrir aux pays dits en développement une éducation prônant le minimum de naissances (1 à 2 enfants) en s’articulant avec une contraception gratuite. Quant aux pays nantis, la plus dictatoriale des mesures ne serait qu’une écotaxe imposée au-delà de deux enfants par couple, en lieu et place des allocations familiales, devenues socialement et écologiquement parfaitement ridicules et scandaleuses.

–  « Faites en un ou n’en faites pas, mais ne dépassez pas deux » serait le bon message.

– Nous sommes la seule et unique espèce à avoir envahi la Planète jusqu’à occuper les niches écologiques de la plupart des autres espèces, douteux privilège dû au volume encombrant de la merveilleuse éponge qui nous sert de cerveau.

– Mettre un terme au fléau démographique humain pour alléger la pression anthropique qui s’exerce sans commune mesure sur les ressources et redonner leurs places aux autres espèces est une solution à adopter dans la plus grande urgence. Elle doit être doublée d’une décroissance économique sélective : identifier et favoriser les activités utiles, à fable pression environnementale et organiser simultanément un recul inconditionnel de celles qui conduisent à des désastres écologiques et humains.

– Le concept d’empreinte écologique n’a pas tenu compte que nous n’étions pas la seule grande espèce sur Terre.  C’est un volet de plus à verser au dossier de notre cécité anthropocentriste. Nous ne sommes pas la seule espèce à jouir de la biosphère et toutes les espèces sont colocataires dans un mutualisme nécessaire. Revendiquer ce 1,8 hectares pour nous seuls, en expropriant la faune sauvage, n’est donc ni scientifique ni raisonnable.

– Il semblerait que pour s’inscrire dans un réel équilibre naturel et pérenne, l’effectif humain ne devrait pas dépasser tout au plus un milliard, voire seulement 300 millions selon d’autres points de vue. Comme nous n’étions que 250 millions en l’an 1, ce qui est proposé n’est qu’un « retour à la normale », très christique qui plus est !

– Pour ceux qui préfèrent la nature à l’humain (ce n’est pas dissocié !), la préservation du biopatrimoine, le militantisme à la cause animale, la défense des paysages, la reforestation, etc. sont de louables activités aptes à compenser l’instinct de reproduction, légitimant haut la main et justifiant socialement le fait de ne pas avoir enfanté.

– « L’épanouissement de la vie et des cultures humaines est compatible avec une diminution substantielle de la population humaine. L’épanouissement de la vie non humaine requiert une telle diminution », écrivait Arne Naess.

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Ligatures des trompes et vasectomie pour tous et toutes

Rappelons que, sans stérilisation, une chienne et sa progéniture peuvent mener à la naissance de 67 000 chiots en à peine six ans et, en sept ans, une chatte et ses petits peuvent engendrer le nombre astronomique de 370 000 chatons. Une des solutions les plus efficaces pour endiguer cette catastrophe est la stérilisation des animaux de compagnie. C’est là le point de vue d’un certain nombre de célébrités (Nathalie Baye, Jacques Dutronc, Matthieu Ricard…) dans une tribune du MONDE. Bien sûr on peut toujours discutailler les chiffres. Une chienne fait une portée chaque année pendant 6 ans, avec 10 chiots viables et 50 % de femelles. Il faut 2 ans à ces chiots pour avoir leur premières portée. Cela ferait 1460 chiots en 6 ans et non pas 67000. Mais l’essentiel demeure, il s’agit d’une progression exponentielle possible, très rapide, pour une population déjà pléthorique. La France est particulièrement concernée : championne d’Europe de la possession de compagnons à quatre pattes, il faut s’occuper de la sexualité de 13,5 millions de chats et 7,3 millions de chiens.

De leur côté les Français(es) sont près de 67 millions, et leur appétit de ressources naturelles n’a rien à envier aux chats et chiens. Il n’étaient que 40 millions en 1951. Comment donner un travail utile et bien payé, procurer une voiture et des transports en commun, offrir des vacances et des résidences secondaires… à 27 millions de personnes de plus si ce n’est en dépassant largement les capacités de régénération de la planète, au prix du réchauffement climatique, au détriment de la biodiversité, sans compter tous les problème annexes. Alors, décroissance démographique ? Ce que des célébrités envisagent sérieusement pour certains animaux, la stérilisation forcée, peut-on le dire pour l’animal humain ?

Certainement pas, c’est interdit par la morale. On ne peut pas dire que ce genre de pratique anti-humaniste est intelligente, encore moins qu’elle est lucide. La crainte de la surpopulation brouille l’esprit, pousse à dire des énormités, des choses qui sont impensables et d’autant plus irréalisables (sauf dans certains pays qui relèvent de la dictature). Il n’en reste pas moins que la meilleure façon de réduire durablement le bilan carbone de la France, c’est de réduire sa population. C’est ce que disait déjà le présidentiable René Dumont en 1974, « Nous sommes les premiers à avoir dit que la croissance démographique doit être arrêtée d’abord dans les pays riches ». Il faut le faire, mais de façon HUMAINE, c’est-à-dire de la façon la plus acceptable possible pour l’opinion publique. Il faut miser sur le sens de la responsabilité des Français, sur leur engagement personnel pour tous ces petits gestes qui vont sauver la planète. Dans l’Hexagone, Ils ou Elles ont à leur disposition le plus grand choix possible pour éviter de tomber dans le piège de la procréation. Notons l’IVG, interruption volontaire de grossesse, insistons sur le côté volontaire de la chose, plébiscitée par plus de 230 000 femmes, soit environ 30 IVG pour 100 naissances. La ligature des trompes est bien plus radicale. Cette méthode de stérilisation féminine est parfois demandée en cachette de leur mari par des femmes fatiguées par leurs grossesses multiples. N’oublions pas les hommes. La vasectomie est devenue légale en France : toute personne majeure ayant « exprimé une volonté libre, motivée et délibérée en considération d’une information claire et complète sur ses conséquences » devrait pouvoir obtenir une stérilisation.

Pour ne pas horrifier une gauche bien pensante, il est absolument interdit de penser une stérilisation forcée, encore moins d’y joindre la parole si ce n’est en laissant l’action aux bons soins du sens des responsabilités du Français moyen. Il paraît d’ailleurs raisonnable et très sensé de compter sur l’intelligence collective des Français(es) qui ne nous ont jamais déçu. Et c’est vraiment être complètement à côté de la plaque que d’affirmer : « Sinon dame nature se fera un réel plaisir de réduire le surnombre d’humains sans lésiner sur la méthode ».

Pour en savoir plus grâce à notre blog biosphere :

7 mai 2021, Éliminons chiens et chats de compagnie

21 octobre 2021, Stérilisation forcée, eugénisme ou génocide ?

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Paul Ehrlich, la question démographique

Quarante ans après la publication de son livre The population Bomb, le scientifique Paul Ehrlich persiste et signe : la surpopulation – associée aujourd’hui à la surconsommation – est au centre de la crise environnementale à laquelle la planète est confrontée.

«  En quelque 60 millions d’années, Homo sapiens est devenu l’animal dominant de la planète. Nous avons de plus en plus utilisé ce pouvoir pour épuiser le capital naturel de la planète, notamment ses terres agricoles profondes et riches, ses nappes phréatiques constituées durant les périodes glaciaires et sa biodiversité. Cette tendance est en grande partie due à la concomitance entre croissance démographique et augmentation de la consommation par habitant, une combinaison qui ne peut se poursuivre encore longtemps sans que risque de s’effondrer notre civilisation désormais mondiale.

L’impact négatif de notre espèce sur nos propres mécanismes régulateurs de la biosphère peut être plus ou moins rendu par l’équation I = P.A.T. Dans cette équation, la taille de la population (P) est multipliée par la consommation moyenne de ressources par individu (A pour « affluence »), elle-même multipliée par une unité de mesure de la technologie (T) qui actionne et entretient la consommation. Le produit de P, A et T est l’impact (I), une estimation du niveau de dégradation, par les hommes, des services écosystémiques dont ils dépendent. A en croire les médias ainsi que les déclarations de nos hommes politiques, les problèmes environnementaux, tels qu’ils sont reconnus aujourd’hui, peuvent être résolus par des changements mineurs en matière de technologie et de recyclage (T). Des véhicules ultralégers et économes en carburant présenteront de toute évidence des avantages à court terme, mais au fur et à mesure que la population et la consommation augmenteront, ils rejetteront toujours plus de dioxyde de carbone (et de caoutchouc vaporisé) dans l’atmosphère. Aucune avancée technologique ne permettra que la population ou l’abondance matérielle continuent à augmenter. Et face à cet état de fait, il est pour le moins étonnant de traiter par le mépris les deux problèmes, pourtant si liés, de la population et de la consommation.

Chaque habitant qui vient aujourd’hui s’ajouter à la population provoque en moyenne plus de dégâts que la personne précédente sur les fragiles mécanismes de régulation de la biosphère, toutes choses égales par ailleurs. Et la raison est simple : Homo sapiens est devenu l’animal dominant grâce à son intelligence. Les paysans n’ont pas commencé par s’installer sur des sols pauvres où l’eau était rare, mais dans de riches vallées fluviales. C’est là que la plupart des villes se sont développées, là, donc, que les sols riches sont à présent recouverts pour construire des routes et des banlieues et que les sources d’approvisionnement en eau sont polluées ou surexploitées. Résultat : pour pouvoir supporter davantage d’habitants, il faut se déplacer vers des terres toujours plus pauvres, creuser des puits toujours plus profonds ou exploiter des sources toujours plus lointaines pour obtenir de l’eau. Il faut ensuite dépenser plus d’énergie pour transporter cette eau sur des distances toujours plus grandes afin d’approvisionner champs, habitations et usines.

Alors pourquoi n’accordons-nous pas d’importance à la question de la surpopulation ? A droite, les tentatives gouvernementales de contrôle des naissances relèvent de l’anathème puisqu’on considère que le rôle de l’Etat dans les chambres à coucher doit se limiter à forcer les femmes à mener à terme les grossesses non désirées. A gauche, on craint, non sans raison, que le contrôle des naissances puisse avoir des relents racistes ou discriminatoires s’il est destiné, par exemple, à réduire le nombre de populations minoritaires ou pauvres. En outre, certains leaders religieux continuent à vanter la sur-reproduction auprès de leurs ouailles. Mais la responsabilité revient principalement à l’ignorance qui conduit les principaux médias, y compris des journaux comme le New York Times, à camper sur leurs positions natalistes. Ainsi, on pouvait lire dans un article du Times du 29 juin qu’on assiste actuellement à une chute des naissances dans les pays industrialisés, les Etats-Unis, dont la population continue à augmenter, constituant une « heureuse exception« .

Le silence qui entoure le facteur surconsommation (A) dans l’équation I=PAT est plus facile à expliquer. En effet, la consommation continue à être perçue comme un bienfait par de nombreux économistes, hommes d’affaires importants et hommes politiques, pour qui l’augmentation de la consommation est la panacée à tous les maux économiques. Trop de chômage ? Poussons donc les gens à acheter un 4×4 ou un nouveau réfrigérateur. La croissance perpétuelle est la raison d’être de la cellule cancéreuse, mais les économistes de bas étage n’ont pas d’autre idée. Certaines économistes de renom commencent pourtant à aborder la question de la surconsommation, mais le problème et ses solutions restent difficiles à analyser. Il faudrait donc que des chercheurs mettent au point des préservatifs anticonsommation ou encore une pilule du lendemain post-frénésie de soldes. Et, bien sûr, il y a la fâcheuse question de la consommation dans les pays pauvres. Une minorité non négligeable des pays émergents possède la richesse suffisante pour acquérir les habitudes de consommation des pays développés (par exemple : manger beaucoup de viande et acheter des voitures). La régulation de la consommation est bien plus complexe que celle de la démographie et il est nettement plus difficile de trouver des solutions humaines et équitables à ce problème.

Notre animal dominant est en train de gaspiller son intelligence et ses formidables accomplissements. En effet, le sort de notre civilisation est actuellement entre les mains de décideurs qui regardent délibérément du côté du confort et du profit immédiats. Il faut débattre et décider si nos congénères veulent un maximum de personnes sur terre vivre avec un niveau de vie minimum ou bien une population beaucoup plus restreinte qui permette aux individus d’avoir le choix entre plusieurs styles de vie. Comment parvenir à un changement qui concerne tout, depuis les politiques démographiques et la transformation des systèmes énergétiques, industriels et agricoles à travers le globe jusqu’aux relations Nord-Sud et interreligions en passant par les positions militaires ? Voilà bien un défi titanesque pour tout un chacun. Hommes politiques, industriels, écologistes, sociologues, simples citoyens et médias doivent participer aux débats. Est-ce possible ? Cela reste à prouver. Mais certaines sociétés ont accompli des transitions majeures dans un passé récent, comme le prouvent la révolution des droits civiques aux États-Unis ou l’effondrement du communisme en Union soviétique. »

L’animal dominant, évolution démographique et environnement de Paul et Anne Ehrlich (2008)

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le couple Tarrier, la question démographique

– Contrairement à toute logique, la décroissance démographique reste un énorme tabou qui n’ose pas dire son nom. Suggérer de modérer la démographie d’un monde en proie à la surpopulation semble relever de l’outrage, de l’infamie. Personne ne veut entendre que nous ne devons plus faire autant de petits. Mais sachez-le bien, ce qui semble radical aujourd’hui revêtira demain toute normalité.

– La puissance et la richesse nationales n’ont toujours été perçues que par le nombre de ses âmes. Souverains, dictateurs, tyrans n’ont pu qu’encourager la croissance démographique pour s’offrir ainsi la défense de leur territoire et de leurs privilèges.

– Le mouvement décroissant vise à alléger notre empreinte écologique en sortant de la prolifération nataliste, pour retrouver les traces d’un chemin qui ne mette plus en péril la biosphère, qui ne rompe pas les équilibres salutaires.

– Nous feignons d’ignorer la finitude d’un Monde dans laquelle notre multitude puise allègrement et sans relâche. Nous n’avons nul besoin d’une descendance qui ne recevra en héritage que des lambeaux et des restes.

– Il n’y a pas d’autre alternative que de faire globalement le moins d’enfants possibles, ce qui revient pour les privilégiés du Monde développé que nous sommes à ne plus en faire du tout, ou si peu que les statistiques mondiales n’en seront pas effleurées.

–  Ressembler à sa mère ou à son père n’est pas une assurance-vie. Il faut quelque chose de plus qu’un couple pour faire un enfant, il faut au moins une planète viable. Les partants pour la procréation ne pensent que  rarement au-delà de l’enfant auquel ils vont donner le jour.

– Quand nous constatons que les couples homosexuels rêvent aussi d’un embryon, les bras nous en tombent.

– « La Terre vous vomira… », « L’humanité disparaîtra, bon débarras ! », ce ne sont pas les pires intentions qui se dissimulent derrière ces déclarations agressives, mais bien au contraire les plus intelligentes, lucides et généreuses. Mais les cons qui font la désertification ne savent pas lire entre les lignes.

– En République populaire de Chine « l’Etat encourage la planification familiale pour assurer l’harmonie entre la croissance démographique et les plans de développement économique et social », c’est l’article 25 de la constitution chinoise et du malthusianisme ainsi constitutionnalisé.

– Nous ne tuons plus nos nourrissons mais nous allons nous retrouver bientôt avec 3 ou 4 milliards de gens qui vont crier famine. Que ferons-nous ?

– Mettre un terme au fléau démographique humain pour alléger la pression anthropique qui s’exerce sans commune mesure sur les ressources et redonner leur place aux autres espèces est une solution à adopter dans la plus grande urgence.

« Nous n’habitons plus la même planète que nos aïeux : la leur était immense, la nôtre est petite ». (Bertrand de Jouvenel)

Faire des enfants tue (éloge de la dénatalité) de Michel et Daisy Tarrier (2008)

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Albert Jacquard et la question démographique

Nos ancêtres les chasseurs-cueilleurs, et plus près de nous les éleveurs et agriculteurs, utilisaient ce que la Terre voulait bien leur fournir. Les ressources qu’ils en obtenaient étaient constamment renouvelées par les rythmes des saisons. La première rupture démographique s’est produite il y a 35 000 ans, avec les nouveaux procédés de taille de la pierre. Avec l’efficacité de la chasse, une plus grande quantité de nourriture a permis d’atteindre le palier de 5 millions d’habitants au niveau mondial. En effet, la production naturelle de 200 hectares suffisait à peine à nourrir une personne. Avec l’invention de l’élevage et de l’agriculture au  néolithique, la population peut s’accroître : cinquante siècles avant J.-C., elle dépasse 50 millions. A partir de l’an 1500, l’accélération se manifeste, entretenue par les progrès de l’hygiène puis par ceux de la médecine. A partir de 1950, c’est véritablement l’explosion : le troisième milliard est obtenu en 1960 au bout de 35 ans, le quatrième 15 ans plus tard (1975), le cinquième après 12 ans (1987), ainsi que le sixième (1999) et le septième.

Il ne s’agit plus d’éviter la disparition de l’espèce par une insuffisance de fécondité mais par excès de celle-ci. Un nouveau devoir s’impose : gérer l’effectif des hommes. Mais obtenir l’égalité entre la fécondité et la mortalité ne signifie pas obtenir aussitôt l’arrêt de la croissance. La pyramide des âges est telle que les jeunes femmes, même si elles ne donnent naissance en moyenne qu’à deux enfants, en produisent plus qu’il n’y a de décès. La décélération de l’évolution de l’effectif n’intervient qu’avec plusieurs décennies de retard sur celle de la fécondité. De plus, la capacité de charge de la Terre en humains n’est pas une donnée de la nature, elle dépend de notre comportement. Si ce sont des Parisiens utilisant chaque jour leur voiture et passant leurs vacances dans un club aux Seychelles, les six milliards actuels sont déjà insupportables. Il ne s’agit pas seulement de gérer notre effectif ; il faut décider de prendre ou non au sérieux le mot égalité. Y aurait-il un homme de trop sur la Terre ? Si la réponse est oui, lequel ? Moi ? Cette petite fille de Bombay dont je n’ai pas oublié le regard désespéré ? Il faut que la réponse soit non. Et en tirer les conséquences. Une maîtrise démographique ne peut être réalisée sans de profondes déchirures ; c’est le cœur même de nos cultures qui est en cause. Toutes devront procéder à une remise en cause douloureuse et tout particulièrement la nôtre dont la responsabilité est la plus décisive puisqu’elle sert, provisoirement, de modèle aux autres.

L’humanité est réellement prise à la gorge par l’accroissement de son effectif. Le pays qui, le premier, a été confronté à ce drame fut la Chine. Lorsque Mao prit le pouvoir en 1949, le nombre de Chinois était de l’ordre de 500 millions. A la mort de Mao en 1976, la population atteignait le chiffre de un milliard. Si les choses avaient suivi leur cours, c’est deux milliards de Chinois qu’il aurait fallu nourrir au début de ce siècle. Les autorités chinoises ont donc adopté des mesures qui nous horrifient : limitation de la descendance de chaque femme à un enfant, avortement obligatoire pour respecter cette limite. Ce qui est arrivé à la Chine nous enseigne que les mesures à prendre pour échapper à la sursaturation humaine sont d’autant plus sévères que celle-ci est plus rapprochée.

L’Explosion démographique d’Albert Jacquard (éd. Le Pommier, 2006)

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Théophile de Giraud, la question démographique

Chaque minute, 100 personnes meurent, 240 naissent. L’inverse eut été mieux. Il y aurait d’abondantes raisons d’intenter procès aux populateurs puisque désormais la procréation n’est plus seulement un crime contre l’enfant, elle est aussi un crime contre l’Humanité ! En effet deux menaces éléphantesques écrasent de tout leur poids le XXIe siècle vagissant : la Surpopulation et son corollaire immédiat, la Pollution, ici comprise en tant que destruction du biotope. On insiste trop peu sur cette vérité biomathématique : le prétendu « droit » à la reproduction semble un sujet intouchable… Et pourtant les spécialistes l’admettent désormais unanimement, la planète est en train de trépasser à petit feu. Lorsque l’on sait par ailleurs que les aspirations ultimes de la plupart des pays du Tiers-monde s’avèrent de s’aligner sur le niveau de vie occidental, on devine sans peine quelle catastrophe se profile dans les prochaines décennies ! Ainsi constate-t-on que d’année en année la superficie des terres nouvellement conquises (au détriment de la végétation forestière…) pour l’exploitation agricole demeure inférieure à celle des sols arables définitivement perdus ! Trop nombreux dans un sac de farine, les charançons s’entre-dévorent. Les tensions et les frustrations causée par une démographie incontrôlée préparent les guerres « absolues » de l’avenir. Laissez faire Vénus, elle vous amènera Mars.

Certains voudraient nous faire croire que notre planète peut tolérer 12 milliards de créatures humaines. Oui, 12 milliards de malheureux se serrant la ceinture, convertis de force au végétarisme, résignés à une existence de citadins compressés : destin de bétail parqué. Je préférerais pour ma part savoir la terre peuplée d’un maximum de cent millions d’individus. Aucun combat pour la préservation de l’environnement ne peut plus s’envisager sans une lutte intensive contre la fécondité ! Rappelons-le sèchement : sur notre planète surpollupeuplée, la procréation s’apparente désormais à un crime contre l’humanité ! Si vous cherchez à connaître le mobile ultime de la venue au jour de nouvelles victimes, interrogez plutôt les futurs parents sur le pourquoi de leur parentalité : ils vous répondront le plus naïvement du monde qu’ils font un enfant parce qu’ils en ont envie ! Ils engendrent pour satisfaire un prurit, une concupiscence ! Les enfants sont là pour empêcher les parents de s’ennuyer. L’enfant n’est rien d’autre qu’un cadeau que les parents se font à eux-mêmes. A travers leurs rejetons, les rejetonneurs n’ont souci que de transmettre leurs gènes, que d’assurer leur survie, que de reconnaître leur image peinte sur la figure de leur bébé. Parlez donc d’adoption aux amateurs de bébés, vous verrez une moue se dessiner sur leur faciès avide de posséder une proie émanée de leurs entrailles. Des orphelins ? Le bébé d’un autre ? Allons donc, convoquez plutôt les scientifiques afin qu’ils m’aident à vaincre ma stérilité ! L’enfant ne paraît le plus souvent que pour permettre aux parents de paraître. A bien y regarder, aucun enfant n’existe pour sa propre finalité, tous ne sont que de simples appendices des chimères, des attentes et des prurits parentaux.

Faisons remarquer à nos amis les militants verts, admirables champions de l’Ethique, que sur une planète dont la santé périclite à cause de la quantité irraisonnée de ses habitants, un écologiste qui se reproduit est un écologiste douteux… Le discours politique ambiant ose vanter la reproduction à visée économique : il faudrait fabriquer des enfants afin de garantir le financement des pensions de retraite ou de soutenir la croissance industrielle. On demande donc à un individu de naître afin de nous aider à résoudre nos problèmes : quelle pestilence ! La fécondité comme source de prospérité est fondée sur l’instrumentalisation d’autrui, c’est-à-dire sur le principe même de l’esclavage. Je vous le rappelle, l’enfant n’est pas un billet de banque ! Il n’a pas à naître pour matelasser les escarres de votre caducité : financez votre propre avenir ou bien résignez-vous à l’idée que vous êtes mortels.

L’art de guillotiner les procréateurs (manifeste anti-nataliste) de Théophile de Giraud (2006)

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Georgescu-Roegen et la question démographique

Une aile du mouvement de défense de l’environnement soutient que le problème de la croissance démographique n’est qu’un croquemitaine agité par les nations riches afin de masquer leurs propres abus écologiques. Pour les tenants de cette opinion, il n’y a qu’un mal, à savoir le développement inégal. D’autres font valoir en sens inverse que la croissance de la population est le mal le plus menaçant pour l’humanité et qu’il doit être traité d’urgence. Comme il fallait s‘y attendre, ces deux opinions opposées n’ont cessé de s’affronter en controverses inutiles et même violentes, ainsi qu’on a pu le constater notamment lors des conférences de Stockholm sur l’environnement en 1972 et lors de la conférence de Bucarest sur la population en 1974. Il est vrai que la différence de progression des nations riches et des nations pauvres est un mal en soi ; bien qu’étroitement liée à la croissance démographique continue, elle doit être traitée aussi pour elle-même. Bien entendu les pays qui connaissent à présent une très forte croissance démographique devront faire des efforts tout particuliers pour obtenir aussi vite que possible des résultats dans la décroissance démographique.

L’humanité devrait diminuer progressivement sa population jusqu’à un niveau où une agriculture organique suffirait à la nourrir convenablement. Étant donné l’éventail existant des plantes vertes et leur distribution géographique à n’importe quelle époque, la capacité de charge biologique de la Terre est déterminée. C’est dans ce cadre que l’homme lutte pour la nourriture contre d’autres organismes vivants. Il n’a pas dévié si peu que ce soit de la loi de la jungle ; s’il a fait quelque chose, c’est de se rendre encore plus impitoyable par ses instruments exosomatiques perfectionnés. L’homme a ouvertement cherché à exterminer toutes les espèces qui lui « volent » sa nourriture – les loups, les lapins, les mauvaise herbes, les insectes, les microbes, etc.

Deux facteurs ont influé sur la technologie agricole. Le plus ancien est la pression continuelle de la population sur la terre effectivement cultivée. L’essaimage des villages d’abord, les migrations ensuite, sont parvenus à réduire cette pression. Le second est un sous-produit de la révolution industrielle ; il réside dans l’extension à l’agriculture du processus par lequel la basse entropie d’origine minérale (les ressources fossiles en particulier) remplaça celle de nature biologique. Cette technique moderne constitue à long terme une orientation défavorable à l’intérêt bioéconomique fondamental de l’espèce humaine. Les tracteurs et autres machines agricoles ont supplanté les animaux de trait, les fertilisants chimiques ont supplanté fumures et jachères. Cela équivaut à substituer des éléments rares au plus abondant de tous, le rayonnement solaire. Une agriculture hautement mécanisée et lourdement fertilisée permet la survie d’une très grande population, mais au prix d’un épuisement accru des ressources, ce qui signifie une réduction proportionnellement accrue de la quantité de vie future. Aristote lui-même enseignait que l’État idéal doit veiller à ce que la taille de sa population reste accordée à celle de son sol.

Combien d’êtres humains la Terre pourrait accueillir ? Aucun des expert en démographie ne s’est posé la question cruciale de savoir combien de temps pourrait durer une population des 40 milliards, voire d’un seul million. Cette question met à nu la vision mécaniste du monde, à savoir le mythe de la population optimale « comme d’une population qui peut se maintenir indéfiniment ». Dans La République de Platon, la taille de la population doit être maintenue constante, (si besoin est par des infanticides). Mais il est inexact de croire que l’état stationnaire peut perdurer aussi longtemps que le niveau de la population n’excède pas la capacité de charge biologique. Cet état ne saurait avoir qu’une durée finie, faute de quoi il faudrait rejoindre le club des « sans limites » en soutenant que les ressources terrestres sont inépuisables. La Terre a une capacité de charge qui dépend d’un ensemble de facteurs incluant la taille de la population, la quantité de ressources épuisées par personne dans l’année et la quantité des ressources accessibles de la croûte terrestre.

Source : Nicholas Georgescu-Roegen, La décroissance (Entropie, écologie, économie) aux éditons Sang de la Terre, 1979

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Présidentielle 1974 et question démographique

Les attendus de la campagne présidentielle de René Dumont en 1974 :

« Une fois la nourriture et le logement assurés, aucun problème n’est plus important pour l’avenir de la France que l’environnement. Voilà pourquoi le mouvement écologique devient politique. Voilà pourquoi, pour la première fois dans l’histoire des sociétés, un homme présente sa candidature à la direction d’un Etat avec pour programme la préservation de la vie. Il est grand temps que réagissent tous ceux qui se préoccupent de la société que nous laisserons à nos descendants. Une croissance démographique insensée vient empirer la situation. Depuis 1650, la population du globe a augmenté à un rythme exponentiel. Nous sommes près de 4 milliards, nous serons 7 milliards en l’an 2000 ; même avec une réduction importante des taux de fécondité, on ne serait pas loin de 6 milliards. C’est la FIN du monde ou la FAIM du monde. Nous sommes les premiers à avoir dit que la croissance démographique doit être arrêtée d’abord dans les pays riches, parce que c’est dans les pays riches que le pillage du Tiers-Monde, par le gaspillage des matières sous-payées, aboutit aux plus grandes destructions de richesse.

L’homme attaque la nature depuis 100 000 ans par le feu, le déboisement, le défrichage, etc. Nourrir plus d’homme implique la destruction du milieu naturel. Du reste, si nous nous multiplions inconsidérément, le phosphore nécessaire à l’agriculture manquerait bientôt. Il faut réagir contre la surpopulation. En Inde surpeuplée certes, mais surtout chez les riches : 500 fois plus d’énergie consommée par tête à new York que chez le paysan indien. Ce qui remet en cause toutes les formes d’encouragement à la natalité, chez nous en France. La « France de 100 millions de Français » chère à M.Debré est une absurdité. Les propositions du mouvement écologique : la limitation des naissances ; la liberté de la contraception et de l’avortement. Nous luttons pour le droit absolu de toutes les femmes de régler à leur seule convenance les problèmes de contraception et d’avortement.

L’espace disponible se rétrécit : les 100 000 hectares des meilleures terres disparaissent sous le béton, un cinquième de département français. Il faut abolir le système de subventions agricoles qui revient à donner une Mercedes de plus à ceux qui en ont déjà une. L’agriculture intensive, quand elle néglige la fumure organique et n’utilise que des engrais minéraux accompagnés de pesticides divers, menace gravement sa propre pérennité. La récupération de tous les déchets organiques est une exigence absolue. Pour produire 1000 calories de bifteck, on dépense 2500 calories de pétrole. Une laitue de serre demande un litre de pétrole. L’emploi des engrais artificiels, qui se développe à la suite des travaux de Liebig, repose sur une méconnaissance des règles de la nutrition végétale. Il ne tient pas compte de la vie du sol, ni de l’association mycorhizale, c’est-à-dire de ce pont que forment des champignons vivants entre le sol et les racines. Le résultat, c’est que l’agriculture surindustrielle stérilise les sols, déséquilibre les plantes cultivées et leur ôte toute résistance, ce qui rend nécessaire l’emploi d’une quantité de pesticides. D’ailleurs les marchands d’insecticides et d’engrais, comme par hasard, sont les mêmes. »

L’écologie ou la mort (à vous de choisir) la campagne de René Dumont, les objectifs de l’écologie politique (1974)

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Gueule ouverte, la question démographique

Le numéro 18 du périodique La gueule ouverte (avril 1974) était centré sur la surpopulation :

« Trois milliards de terriens contre une poignée d’obèses ».

« De plus en plus, nous serons obligés de penser globalement, au niveau planétaire, en termes de détérioration du milieu naturel et de ressources globales disponibles. Nous préférons donc une approche écologique de la question démographique. Mais la quasi-totalité des philosophies, des religions, ou des idéologies politiques ont été natalistes. La régulation des naissances s’est heurtée à une formidable coalition du passé : catholicisme, communisme, islam, nationalisme, tabous sexuels, etc. Voyez ces politiciens illuminés qui préconisent en France les 100 millions d’habitants comme si le nombre était garantie de bonheur accru. Contemplez ces dirigeants des pays en voie de développement qui magnifient leur vertigineuse ascension démographique. Admirez comment ceux qui prodiguent les conseils de modération à ces pays sont souvent ceux-là mêmes qui prônent la natalité chez eux. En France les natalistes les plus indécrottables, on les connaît, Michel Debré, Alfred Sauvy, Jérôme Monod, le Dr Tremblay et autres irresponsables de « Laissez-les vivre ».

La croissance démographique est peut-être moins un problème matériel immédiat qu’une question de valeurs : quel est le sens de la vie humaine dans un monde surpeuplé, encombré ? Cette vie a déjà commencé, on quitte la ville où l’on vit en troupeau, pour se retrouver en troupeau sur les lieux de vacances. Il finit par naître une pensée de troupeau, et nous savons tous que le troupeau postule le berger. L’homme qui pense librement n’aura plus sa place dans la société de demain, il n’aura même plus la possibilité d’aller vivre ailleurs parce qu’il n’y aura plus d’ailleurs. En définitive le dilemme est clair : soit nous complaire dans notre délire actuel et « après nous le déluge », soit prendre délibérément, lucidement les mesures qui s’imposent :

– contraception libre et gratuite, autorisation légale de la vasectomie ;

– suppression de tous les textes répressifs relatifs à l’avortement ;

– suppression des encouragements à la natalité (allocations familiales), suppression de la prime à la naissance ;

– Dire aux couples qu’au-delà de deux enfants, ils contribuent directement aux catastrophes futures ;

– Recours à une éducation en vue de la stabilisation démographique. »

PS : La Biosphère ne peut qu’approuver ! Mais depuis 47 ans  nous sommes passés de 3 milliards de terriens à près de huit milliards d’humains !!

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La question démographique en 1972

Les limites de la croissance ou rapport au club de ROME (1972) : La croissance de la population humaine obéit à une loi exponentielle. En 1650, la population s’élevait à quelque 500 millions d’habitants et augmentait d’environ 0,3 % par an, ce qui correspond à un temps de doublement de 250 ans. En 1970, la population du globe atteint 3,6 milliards et le taux de croissance 2,1 % ; le temps de doublement n’est plus que de 23 ans. Nous pouvons nous attendre à un chiffre global de l’ordre de 7 milliards d’humains aux environs de l’an 2005. La population a mis plus d’un siècle pour passer de un à deux milliards, trente ans plus tard nous avons dépassé le troisième milliard et nous disposons d’à peine vingt ans pour accueillir le quatrième milliard (ndlr : il y a désormais 1 milliard de plus d’habitants tous les douze ans en moyenne). La rapidité des progrès techniques nous a permis jusqu’ici de faire face à cette démographie galopante, mais l’humanité n’a pratiquement rien inventé sur le plan politique, éthique et culturel qui lui permette de gérer une évolution sociale aussi rapide.

Que faudrait-il pour maintenir la croissance de la population ? La première condition concerne les moyens matériels indispensables à la satisfaction des besoins physiologiques. Les terres les plus riches sont effectivement cultivées de nos jours. Le prix d’un aménagement de nouvelles superficies serait si élevé que l’on a jugé plus économique d’intensifier le rendement des zones actuellement cultivées. Le manque de terres cultivables se fera désespérément sentir avant même l’an 2000. Les conséquences d’une multiplication par deux ou par quatre de la productivité des terres se traduisent respectivement par un ajournement de la crise à 30 ans et à 60 ans, ce qui correspond à chaque fois à un délai inférieur au temps de doublement de la population. Toute duplication du rendement de la terre coûtera plus cher que la précédente. Chaque crise successive sera plus dure à surmonter. Ce phénomène pourrait s’appeler la loi des coûts croissants. Pour augmenter de 34 % la production mondiale de denrées alimentaires entre 1951 et 1966, les dépenses se sont accrues de 63 % pour les tracteurs et de 146 % pour les engrais azotés. Parallèlement, la consommation annuelle de pesticides a triplé. La seconde condition comprend les nécessités sociales comme la paix et la stabilité sociale, l’éducation, le progrès technique. Notre rapport ne peut traiter explicitement de ces données socio-économiques.

Combien d’hommes notre planète peut-elle nourrir ? La réponse est liée au choix que la société fait entre diverses possibilités. Il existe une incompatibilité entre l’accroissement de la production alimentaire et celui de la production d’autres biens et services. Il apparaît actuellement que le monde se soit donné pour objectif d’accroître à la fois la population et le niveau de vie matériel de chaque individu. Aussi la société ne manquera pas d’atteindre l’une ou l’autre des nombreuses limites critiques inhérentes à notre écosystème, que ce soit les ressources non renouvelables ou la pollution par exemple. Une population croissant dans un environnement limité peut même tendre à dépasser le seuil d’intolérance du milieu au point de provoquer un abaissement notable de ce seuil critique, par suite par exemple de surconsommation de quelque ressource naturelle non renouvelable. Une colonie de chèvres ne rencontrant plus d’ennemis naturels épuise sa zone de pacage jusqu’à l’érosion des terres ou la destruction de la végétation. Pendant un certain temps, la situation est extrêmement dramatique car la population humaine, compte tenu du temps de réponse relativement long du système, continue à croître. Un réajustement à un niveau démographique plus bas ne pourra se produire qu’après une période de recrudescence de la mortalité par suite de carence alimentaire et de détérioration des conditions d’hygiène.

Le processus de croissance économique, tel qu’il se présente aujourd’hui, élargit inexorablement le fossé absolu qui sépare les pays riches des pays pauvres. Le plus grand de tous les obstacles à une répartition plus équitable des ressources mondiales est l’accroissement de la population. C’est un fait partout observé, lorsque le nombre de personnes entres lesquelles une quantité donnée de produits doit être distribuée augmente, la répartition devient de plus en plus inégale. Une répartition équitable devient en effet un suicide social si la ration individuelle disponible n’est plus suffisante pour entretenir la vie. Les familles les plus nombreuses, et en particulier leurs enfants, sont statistiquement ceux qui auront le plus à souffrir de la malnutrition.

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10 milliards en 2050 = surpopulation ?

Selon le démographe Gilles Pison, « Le modèle humain n’est pas celui des mouches qui vivent dans un bocal. Ce n’est donc pas la question du nombre d’humains sur Terre que l’on doit se poser, mais plutôt celle de la façon dont ils vivent. Sommes-nous trop nombreux, ou consommons nous trop ? »

N’en déplaise à Gilles Pison, nous sommes absolument incapables de modifier rapidement nos modes de consommation car la quasi totalité des humains actuels ne pense qu’à une chose : revenir à la consommation d’avant la pandémie ! Il est vrai aussi que maîtriser la fécondité humaine est un objectif insurmontable tant que Gilles Pison et les autres natalistes voudront ignorer la problématique malthusienne. D’autres personnes, beaucoup plus scientifiques que les démographes, raisonnent autrement. En 2017, 15 300 écologues de plus de 180 pays alertaient sur l’état de la planète, sur l’ampleur des destructions et de la pollution générée par l’humanité : « En échouant à limiter adéquatement la croissance de la population, l’humanité omet de prendre les mesures urgentes indispensables pour préserver notre biosphère en danger ». Fin 2019, un autre appel a été publié dans la revue BioScience par 11 000 chercheurs, de toutes disciplines. Climatologues, biologistes,  physiciens, chimistes ou agronomes issus de 153 pays, ils préviennent dans leur appel que les humains risquent des “souffrances indescriptibles” liées à l’urgence climatique. : « Toujours en augmentation d’environ 80 millions de personnes par an, soit plus de 200 000 par jour, la population mondiale doit être stabilisée – et, dans l’idéal, progressivement réduite – dans un cadre garantissant l’intégrité sociale ».

Les problèmes auxquels nous allons être confrontés ne manquent pas. En 2050, la majorité des 9,8 milliards d’êtres humains (68 % si les tendances se confirment) se concentreront dans les villes. Comment ces dernières pourront-elles nourrir toutes ces populations, confinées dans des zones irrespirables et bétonnées ? New Delhi en Inde devrait devenir la mégapole la plus peuplée du monde en 2028. Or, elle est déjà surpeuplée, hyperpolluée, croulant sous les bidonvilles et les embouteillages, incapable d’offrir à ses habitants de l’eau propre, de l’air frais et de la nourriture saine. Mêmes craintes en Égypte, on ne peut même pas savoir si Le Caire compte 20, 22, ou 25 millions d’habitants. A Kaboul, 4,4 millions d’habitants, de nombreuses personnes n’ont pas accès à l’eau. Alors qu’on considère qu’il faut entre 2 000 et 3 000 m2 de terres arables pour nourrir un homme, la surface disponible par habitant ne sera plus que de 200 m² au milieu de ce siècle, note Daniel Nahon, spécialiste des sols

Les écologistes s’inquiètent aussi des effets de la surpopulation à venir sur la prolifération des épidémies. Ils reprennent à leur compte des études récentes qui montrent que l’accroissement de la population humaine a un impact sur les interactions avec les autres espèces animales, et donc sur l’émergence des pandémies. En termes de biomasse, humains et animaux d’élevage supplantent à eux seuls ce que représentaient l’ensemble des mammifères terrestres il y a 100 000 ans. Si un pathogène doit passer d’une espèce à une autre, dans, ou à proximité, d’un milieu anthropisé, il aura statistiquement beaucoup plus de chance d’infecter un animal d’élevage ou un humain qu’un autre animal sauvage du fait de ce déséquilibre considérable dans les abondances et la densité de leurs populations respectives. Autrement dit, des pandémies analogues au Covid-19 risquent fort bien de se reproduire dans ces conditions. Plus nous serons nombreux, plus nous apparaîtrons comme l’espèce dominante, et donc comme la cible privilégiée de certains pathogènes.

L’équation IPAT nous explique les interdépendances : diminuer le niveau de consommation par individu ne servira à rien si l’on ne diminue pas les autres facteurs de l’équation, notamment la population. En 2050, nous devrions être 10 milliards sur Terre. Peut-être ! Il semble même probable que famine, guerres et épidémies décimeront une partie de la population humaine incessamment sous peu, les trois mécanismes sont d’ailleurs déjà en action.

Si vous n’êtes pas encore persuadé par cet article, lisez le livre de Michel Sourrouille « Arrêtons de faire des gosses (comment la surpopulation nous mène à notre ruine) » . Si vous êtes convaincu de la nécessité d’agir collectivement, adhérez à l’association Démographie Responsable.

NB : les chiffres et les citations sont extraits d’un texte de Fabien Soyez du 23 janvier 2021

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