Les pontifes, l’extinction biologique et la démographie
Les Académies pontificales des sciences et des sciences sociales viennent de présenter les résultats d’un colloque controversé sur le thème de l’« extinction biologique ». Parmi les participants à ce colloque figuraient plusieurs chercheurs critiqués par les organisations pro-vie pour leurs positions antinatalistes et le fait qu’ils prônent l’avortement et la limitation des naissances pour lutter contre la surpopulation, une cause importante de la perte de biodiversité.
Bien entendu le colloque n’a pas retenu l’idée que l’extinction massive d’espèces à laquelle nous assistons est due à l’augmentation de la population humaine en tant que telle, mais à l’« énorme augmentation de l’activité économique fondée sur le seul profit et sur l’usage de combustibles fossiles qui mettent en péril le fonctionnement durable de la terre »… « La question n’est pas le nombre mais la qualité de vie, c’est-à-dire qu’il ne faut pas se focaliser sur le nombre de personnes que la terre peut accueillir mais sur leur degré de développement et leur niveau de vie », insiste un membre de l’Académie pontificale des sciences sociales. La déclaration finale du colloque souligne que « Les riches sont majoritairement responsables par leur utilisation d’énergies fossiles de l’augmentation du réchauffement climatique global et de la diminution de la biodiversité qui en résulte. Les plus pauvres sont indirectement responsables de la déforestation et d’une part de la destruction de la biodiversité étant donné que leurs actions se développent à l’intérieur d’un système économique mondial basé sur les besoins des plus riches. Une condition indispensable pour le développement durable de la biodiversité est la redistribution de la richesse parce que, partout dans le monde, les hauts niveaux de consommation ont un impact sur la dégradation du fonctionnement de la terre et la destruction de la biodiversité. »*
En fait ces pontifes veulent ignorer l’interdépendance entre population, niveau de vie et chute de la biodiversité pourtant bien démontrée par l’équation IPAT. L’impact négatif de notre espèce sur les mécanismes régulateurs de la biosphère peut être symbolisé par l’équation I = P.A.T. Dans cette équation, la taille de la population (P) est multipliée par la consommation moyenne de ressources par individu (A pour « affluence »), elle-même multipliée par une unité de mesure de la technologie (T) qui actionne et entretient la consommation. Le produit de P, A et T est l’impact (I), une estimation du niveau de dégradation, par les hommes, des services écosystémiques dont ils dépendent, y compris la biodiversité. Chaque habitant qui vient aujourd’hui s’ajouter à la population provoque en moyenne plus de dégâts que la personne précédente sur les fragiles mécanismes de régulation de la biosphère et restreint l’espace vital des autres espèces. Et, cerise sur le gâteau, il y a la fâcheuse propension à la consommation même dans les pays pauvres. Il faudrait que des chercheurs mettent au point des préservatifs anti-consommation ou encore une pilule du lendemain post-frénésie de soldes. Car la régulation de la consommation est bien plus complexe que celle de la démographie ; en conséquence il est nettement plus difficile de trouver des solutions humaines et équitables aux conflits entre l’espèce humaine et les autres êtres vivants. Les pontifes croient encore au miracle de la croissance économique, l’Église catholique préfère laisser aux guerres, aux famines et aux épidémies la tâche de lutter contre la surpopulation humaine. Paul Ehrlich serait de son côté favorable à la stérilisation forcée des femmes pour limiter la population et enrayer la 6ème extinction des espèces : solution plus rapide et plus efficace pour éviter les infanticides différés (guerres, épidémies et famines) et nous permettre de vivre un peu mieux la cohabitation avec les non humains.
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