écologie appliquée

FNE, coup de pied dans la pub

Supprimer toutes les publicités, telle devrait être la mesure phare d’un programme écolo. Sans publicité, la société rechercherait spontanément un équilibre stable. Sans publicité, les individus se poseraient enfin la question de l’utilité réelle de leur achat. Sans publicité, la consommation se relocalisera, les produits seront plus durables, mieux réparables. La publicité n’a pas été inventée pour satisfaire les clients, mais pour booster les chiffres d’affaires. La publicité pousse à la concentration des entreprises, à la mondialisation de l’offre, à la standardisation des produits, à leurs différenciations trompeuses, à leur obsolescence programmée. La publicité a été inventée pour casser le tempérament des gens à toujours acheter selon leurs habitudes. Car la publicité a modifié les ressorts psychologiques des humains en ajoutant au processus ordinaire d’imitation l’esprit malsain de différenciation. Les classes favorisées cherchent à se différencier, les classes moyennes à les imiter, d’où une nouvelle différenciation. Un cercle pernicieux se forme : il faut acheter le portable qu’ont déjà les copains, tout en courant après le dernier modèle qui démode celui qu’on possède déjà. La publicité a été inventée pour soutenir la croissance économique perpétuelle ; son objectif réel est de consumer la biosphère.

                Interdisons totalement la publicité et le cours de l’activité humaine redeviendra normal, c’est-à-dire économique au sens premier du terme, tourné vers l’essentiel, moins utilisateur de ressources de plus en plus rares, plus convivial en fin de compte. Les casseurs de pub sont des héros, les barbouilleurs d’affiche notre avant-garde, les journaux sans publicité une référence, la télévision sans publicité un moindre mal.

                Mais dans ce monde phagocyté par le pouvoir de la pub, réagir devient impossible. Même une campagne de pub dénonçant quelques errements actuels paraît iconoclaste. Ainsi la campagne de France-Nature-Environnement, un homme qui pointe sur sa tempe un épi de maïs ; un enfant en brassière qui patauge dans des algues toxiques ; une tête de mort dessinée par une multitude d’abeilles… Le ministre de l’agriculture trouve cette campagne « scandaleuse et inacceptable », la région Bretagne veut assigner devant le tribunal de grande instance de Paris l’association FNE « notamment pour atteinte à son image », le comité régional du tourisme de Bretagne a saisi l’Autorité de régulation professionnelle de la publicité, deux organisations agricoles ont demandé à la justice d’interdire trois des six visuels. Dans une société de pub, il est bien moins criminel d’empoisonner que de dénoncer les empoisonnements. Supprimons toutes les publicités…

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Adhérez au Cniid !

Quelques mots du Centre d’information indépendante sur les déchets :

Enjeu du prochain mandat des Conseillers généraux : la révision des PDEDMA

Le Cniid appelle les futurs élus à s’investir dans ce chantier, et à prendre pour guide la hiérarchie européenne de gestion des déchets…

En 2011, le Cniid vous propose de décrypter les enjeux qui se cachent derrière le vocabulaire des déchets : Déchet… Greenwashing… Bioréacteur

>> lire les définitions

Chaque mois, découvrez nos définitions, garanties sans greenwashing et illustrées par Martin Vidberg (blog l’actu en patates)

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http://www.cniid.org/index.php?option=com_content&view=article&id=44&Itemid=9

 

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supprimons les SES des programmes scolaires

L’enseignement des sciences économiques et sociales trouve ses fondements dans la réforme Fouchet à compter de la rentrée 1965. Le premier baccalauréat « B » devient réellement économique et social au sens où nous l’entendons aujourd’hui à compter de la session 1969. Ce bac pouvait déboucher au niveau universitaire sur des études de sciences économiques, de sociologie, de droit, de science politique, d’administration économique et sociale, de gestion, d’histoire et géographie, etc. Il s’agissait donc d’une filière transdisciplinaire qui devait dynamiter les corporatismes des enseignants, chacun étant recroquevillé derrière sa « discipline ». C’était révolutionnaire. Apprendre à penser globalement, connaître Marx et Malthus, mélanger allègrement l’économique et le social, étudier les idéologies dominantes et pouvoir en débattre avec les élèves, tout cela était insupportable pour l’oligarchie dominante qui a tenté d’éliminer plusieurs fois la filière SES ; par exemple en essayant de la noyer dans l’histoire-géo ou la gestion économique. Sans succès. Le débat actuel sur la refonte des programmes* n’est qu’une péripétie de plus. Une péripétie sans grande signification.

Car de toute façon la transversalité de la matière a été progressivement dénaturée. La notion de classes sociales disparaît aujourd’hui, comme a été supprimé bien avant l’étude de Malthus, les débats entre idéologies différentes, l’étude de la crise économique au profit d’une fixette sur la croissance dans les programmes de terminale, etc. Plus grave encore, les générations montantes de professeurs de SES n’ont plus perçu en quoi leur matière était révolutionnaire, c’est devenu une discipline parmi d’autres que l’on défend en tant que discipline constituée et non comme projet d’intelligence collective. Bien plus grave encore, le développement durable est enseigné dorénavant dans les secondes en histoire-géographie, les SES perdent les thématiques qui font débat.

Car les SES sont étroitement délimitées par leur dénomination même. Insister sur les domaines économiques et sociologiques fait oublier le pilier principal de toute réflexion complète : l’écologie, l’environnement, la nature, la biosphère. Les SES font encore comme si le circuit économique était une simple relation entre ménages et entreprises. Les SES occultent le fait que tout ce qui peut circuler entre les humains a déjà une origine naturelle. Les SES minimisent le fait que la consommation doit être définie comme une destruction de ressources. Les SES ignorent que la  civilisation thermo-industrielle est au bord du clash. Dans l’état actuel des choses, les SES peuvent bien être supprimées, la réflexion collective n’aura pas perdu grand chose.

* LeMonde du 6-7 février 2011, les programmes de sciences économiques, pomme de discorde pour les universitaires.

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Je suis candidat aux primaires socialistes

J’ai eu des idées et des rêves. Maintenant il me faut agir. Certains camarades veulent s’engager dans les primaires, ils ne valent pas tripette, nous le savons tous. La feuille de route de Martine Aubry, « Elections cantonales, préparation du projet, accord avec la gauche, primaire » est d’une banalité à pleurer. Les velléités de Valls pour se démarquer nous amuse. Le passéisme de Ségolène Royal qui a « envie de succéder à François Mitterrand » est à mourir de rire. L’attentisme de DSK nous fait frémir : un FMIste socialiste ! Alors le socialisme a besoin de moi. François Mitterrand avait mis dix ans, entre le congrès d’Epinay et sa victoire en 1981, pour bâtir la victoire. Nous n’avons pas le temps. Car la planète n’attend pas, et avec elle, pas question de négocier. Les chocs écologiques se préparent, ils sont scientifiquement mesurés : perte de biodiversité, pic pétrolier, réchauffement climatique, désertification des sols, etc. Devant cette urgence écologique, le PS n’a toujours pas de leader, pas d’alliés et pas de programme. Mais pas de panique, je suis là. Nos militants se déchirent depuis 2002 pour savoir qui va les représenter à la présidentielle, le PS est en déroute, pas de panique, je serai le Jaurès de l’écologie.

La question du leader est donc tranchée, reste les alliés et le programme. Lors du prochain congrès de notre Parti, nous ne serons plus socio-démocrates et productivistes, nous deviendrons le nouveau parti socialiste, le PSE, parti social-écologiste. Nous avons déjà voté une déclaration de principes en juin 2008, elle était claire : « Les finalités du socialisme démocratique portent pleinement la volonté de préserver notre planète aujourd’hui menacée particulièrement par les risques de changement climatique et la perte de la biodiversité, de protéger et de renouveler les ressources naturelles, de promouvoir la qualité de l’environnement. Conscients de l’étroite interaction des activités humaines et des écosystèmes, les socialistes inscrivent la prise en compte de la planète au même rang de leurs finalités fondamentales que la promotion du progrès et la satisfaction équitable des besoins (article 3). » Plus question de sous-traiter l’écologie, si les écolos de la mouvance EELV veulent des postes de députés, ils doivent promettre l’alliance pour les élections de 2012 et la fusion avec nous peu après. Quant au communiste Mélenchon, qu’il arrête de pérorer pour revenir dans son giron naturel, nous, la social-écologie. Les quelques radicaux de gauche qui subsistent comprendront aussi qu’ils ont intérêt à prendre fissa leur carte au PSE pour continuer à exister. Voici pour les alliés, tous unis pour la victoire finale.

Pour le programme, rien de plus simple. Face aux menaces écologiques qui auront des répercussions dramatiques sur le pouvoir d’achat et la cohésion sociale, je ne dirai que la vérité, toute la vérité rien que la vérité. Je ne promets donc que la sueur et les larmes, avec le moins de sang possible. Mais nous nous en sortirons ensemble, je le veux, nous le pouvons.

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2011, le chemin vers le Paradis

En 2011 commence la Grande Métamorphose. L’or noir a triplé, passant de 100 dollars le baril à 300 dollars en fin d’année. En effet le roi d’Arabie saoudite a cessé de fournir son pétrole à bas prix, ayant décidé mi-janvier d’en garder le plus possible pour les générations futures*. La facture pétrolière française explose, les inégalités exacerbées par la pénurie d’énergie sont dénoncées. Un revenu maximal admissible, bonus et revenus du capital compris, est fixé à trois fois le Salaire minimum par un vote unanime de la droite sarkozienne et du Front de gauche. L’Etat décide dans la foulée d’abandonner la plupart de ses prérogatives au bénéfice des entités territoriales ; même les députés se sont rendus compte que la résilience au choc pétrolier ne pouvait s’effectuer que par l’autonomie alimentaire et énergétique locale. Sarkozy fait un discours du 14 juillet révolutionnaire, à 180 degrés : Délocalisation, Démondialisation, Désurbanisation, Décroissance heureuse. Bien sûr notre cher Président, devenu le plus ardent des écolos, décide fin 2011 de sortir du nucléaire, le plus rapidement possible. D’ailleurs Anne Lauvergeon ne jurait plus que par le solaire et l’éolien.

En 2011, le nombre de chômeurs explose, mais les solidarités de proximité jaillissent comme évidences, de toute part. Les couples décident de faire moins d’enfants, ils ne veulent plus procréer des bouches inutiles. Les habitants des villes se demandent ce qu’ils vont manger. Les jardins partagés, les potagers, se multiplient au milieu des HLM et sur les balcons. Le compost d’appartement est obligatoire. Quelques autoroutes commencent à être démantelées pour redevenir de vertes prairies. Il y a de moins en moins d’employés et de cadres ; les artisans, les petits commerçants, les paysans se multiplient dans tous les domaines. On casse un peu partout les grosses machines qui ont productivé le chômage, le luddisme est de retour… le ludique aussi, la joie de vivre plus sobrement, plus simplement. Chacun a compris qu’aller moins vite, moins loin et moins souvent pouvait procurer le bonheur. Les voitures rouillent, les rotules se dérouillent : marcher dans la forêt devient le nec plus ultra de l’ecstasy. Certains arrivent même à parler aux oiseaux et aux rochers, comme François d’Assise ou Aldo Leopold. La France est devenue le pays que le monde entier veut imiter…

Que l’année 2011 devienne  le chemin d’un paradis sur Terre. Nous te souhaitons une année future où l’œuf sera pondu dans le poulailler familial, le lait produit dans une économie domestique, le miel récolté dans le respect de la nature.

* L’Arabie Saoudite, premier producteur mondial de pétrole, aurait mis un terme à la prospection sur son sol afin d’épargner ses richesses et les transmettre aux générations futures, selon une déclaration du roi Abdallah datée du 1er juillet 2010.

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Arnaud Montebourg, le Jaurès de l’écologie ?

Arnaud Montebourg sera-t-il le Jaurès de l’écologie ? Le candidat à la candidature Arnaud Montebourg suit attentivement l’évolution du mouvement écologiste. Sa contribution au Congrès socialiste du Mans en 2005 était remarquable : « La conjonction de l’explosion démographique et de l’épuisement prévisible des ressources de combustible fossile entraîne un choc énergétique qui met directement en cause le mode de développement industriel et son corollaire, la délocalisation systématique des facteurs de production. L’approvisionnement en pétrole de l’économie mondiale est menacé par deux phénomènes :

          à court terme une crise d’approvisionnement liée au sous investissement en capacité de production des années récentes et le risque d’une crise géopolitique ;

          à moyen terme, l’entrée de la production de pétrole en déclin continu. C’est le phénomène de « pic pétrolier ». Il est susceptible d’intervenir d’ici 2015 (la production journalière atteindre son maximum pour décroître ensuite). L’effet principal sera d’entretenir une pression constante sur les prix, et ce d’autant plus que les économies consommatrices sont fortement dépendantes. Suivra inéluctablement une baisse de la consommation du fait de la raréfaction de la ressource.

Nous avons le choix entre anticiper ce bouleversement de nos économies ou subir la crise annoncée et ses conséquences sur le plus grand nombre… »

Fin août 2010, Arnaud Montebourg était à Saint Ciers avec le pôle écologique. Son discours était percutant : « Une synthèse “rose-verte” est nécessaire à cause des enjeux qui pèsent sur l’avenir de notre société… le Parti Socialiste fait une analyse de classe et exonère des responsabilités individuelles un certain nombre de personnes qui sont dominées dans la société. L’écologie proclame au contraire la responsabilité de chaque individu quelle que soit sa place dans la société. C’est une des raisons pour lesquelles la question écologique dépasse les clivages gauche/droite. Si tout le monde est responsable de la situation qui est faite sur la nature, l’avenir, le futur, si même nos modes de vie les plus modestes engagent cette responsabilité, alors, cela dépasse en réalité la question politique… Le propre de la transition, de la mutation écologique de l’économie est finalement bien une forme de décroissance. La question politique porte sur le choix des secteurs… La politique va devoir revisiter la vie privée des gens, ce qui est explosif dans notre société individualiste. On aura peut-être besoin de redire aux gens comment mieux dépenser leur argent, de nous exprimer sur leurs achats d’écrans plats et d’Ipad fabriqués par des esclaves chinois, de mettre en place des péages urbains dans les grandes villes, même si aujourd’hui tout cela semble liberticide. »

Dans son dernier livre, Arnaud Montebourg parle même de démondialisation* de l’économie : « Le libre-échange est devenu l’ennemi de nombreux peuples. La démondialisation peut redonner aux peuples le droit de choisir leur mode de vie. » Pour l’équilibre de la biosphère, nous avons vraiment besoin d’un Jaurès de l’écologie. Arnaud Montebourg est bien parti pour le devenir !

* LeMonde du 16 décembre, la gauche va-t-elle succomber aux sirènes du protectionnisme ?

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caca nerveux à l’EELV

Eh oui ! Jean-Paul Besset mesure la bêtise humaine. Il avait fait le rêve que les Assises écolos de Lyon, le 13 novembre, seraient « une date constituante, consacrant l’aboutissement d’une démarche de dépassement collectif pour construire une force alternative, responsable et désirable ». Jean-Paul Besset, qui oeuvrait depuis trois ans au mariage des Verts, des amis de Cohn-Bendit ou des écologistes associatifs, claque la porte : «  L’après Lyon, à l’image du nom retenu (Europe Ecologie-Les Verts), reproduit le scénario des crispations et des jeux claniques, la comédie du pouvoir, le monopoly des territoires. Règlements de compte, délices du déchirement, obsessions purificatrices et procès en sorcellerie saturent à nouveau l’espace, au point de rendre l’air interne irrespirable et le travail politique secondaire. La fusion-dépassement n’a pas eu lieu. D’un côté, le parti où nombre de Verts verrouillent une reproduction à l’identique, avec les mêmes têtes, les mêmes statuts, les mêmes pratiques, les mêmes courants, la même communication pseudo radicale, la même orientation servile vis à vis de la gauche ; de l’autre côté, la Coopérative que certains veulent instrumentaliser en machine de guerre contre le parti. » Jean-Paul Besset refuse de s’épuiser à « construire des passerelles alors que l’essentiel des préoccupations consiste à entretenir les suspicions ou à rêver d’en découdre pour affaiblir tel courant, détruire tel individu ou conquérir tel pouvoir. »

                Les problèmes peuvent se résumer en un seul mot : électoralisme. L’électoralisme des écologistes a désarmé un mouvement qui était né en 1974 des mouvements associatifs  et de l’action directe. La lutte des ego a remplacé le combat contre le nucléaire, contre le productivisme, contre l’aliénation, pour la Biosphère… Ainsi Stéphane Gatignon a orchestré une vague d’adhésions massives (tamoules) pour avoir plus de poids. Ainsi Dany Cohn-Bendit a réuni une soixantaine de personnalités, y compris du centre, voire de la droite, en marge du parti. Ainsi Jean-Vincent Placé et Jean-Marc Brulé ont organisé une négociation secrète avec le PS pour préparer les sénatoriales de 2011… Le pouvoir à n’importe quel prix !

                Pour construire ensemble un avenir durable, nous conseillons aux écolos deux choses. D’abord de ne jamais démissionner, sauf pour rejoindre un mouvement qui soutient lui aussi l’écologie politique. Ensuite de proposer encore et encore aux instances officielles un système de tirage au sort entre tous les candidats à un poste électif. Seul le tirage au sort permet d’éviter les bagarres entre gens qui se disent œuvrer dans le même sens. Seul le travail et l’obstination permettent de lever les barrières de l’ostracisme humain.

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Bettencourt, les leçons d’une affaire imaginaire

Finalement LeMonde n’est pas assez sélectif. Il réalise un hors-série de 100 pages sur l’affaire Bettencourt alors  même que nous apprenons que l’affaire se termine en jus de boudin. Une page entière du quotidien* y est encore consacrée qu’on pourrait résumer ainsi : « Que de bruits pour une affaire imaginaire ». Combien cette blague aura-t-elle coûté à la collectivité en temps de juges et de greffiers ? Le problème essentiel, c’est que la place consacrée par LeMonde à trop de faits divers s’opère au détriment de l’essentiel.

                C’est la chronique d’Hervé Kempf, destruction durable, qui aurait du tenir plusieurs pages au lieu d’1/7ème de page : quand il s’agit de transformer la terre agricole en surface bétonnée, la bonne entente UMP/PS est de règle. Pourquoi se priver de construire un autre aéroport près de Nantes ? Pourquoi s’empêcher de privilégier le tourisme avec le bâtisseur Pierre&Vacances ? Pourquoi interdire à la grande distribution de construire des entrepôts géants ? Parce que le pétrole viendra à manquer et que les aéroports, le tourisme de masse et les grandes surfaces deviendront obsolètes. Parce que nous avons besoin dans le proche avenir de terres agricoles pour être résilients face à la démondialisation, la désurbanisation, la désindustrialisation.

                Historiquement les premiers journaux n’étaient que de simples instruments pour organiser le bavardage, et ils le sont plus ou moins restés. Même Le Monde…  Que les journalistes du Monde fassent enfin leur travail, trier et hiérarchiser les informations, au lieu de s’occuper longuement des faits divers qui ne peuvent intéresser un quotidien national de référence… notre avenir commun en dépend.

* LeMonde du 8 décembre 2010, Liliane Bettencourt et sa fille mettent fin à leur bataille judiciaire

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tactique Cohn-Bendit ou stratégie NKM ?

Nous ne croyons plus à l’autonomie de la question environnementale en politique, NKM* non plus. Plus précisément, l’évolution des menaces (pic pétrolier, réchauffement climatique, perte de biodiversité…) va dans le sens d’une prise en compte par tous les élus sans exception de cet enjeu. Bien sûr l’écologie comme problématique nouvelle était nécessairement minoritaire à ses débuts.  Bien peu avait lu ou compris le rapport du club de Rome en 1972. Le passage de certaines associations de protection de la nature à l’engagement politique s’est fait en France grâce à la candidature de René Dumont aux présidentielles de 1974 (1,3 % des suffrages exprimés), en corrélation avec le premier choc pétrolier et la question nucléaire. Mais depuis lors, l’idée écologique a fait son chemin tant dans les esprits qu’au niveau électoral. La sauvegarde des habitants de la planète rend désormais nécessaire le fait que les partis de gouvernement se saisissent de cet enjeu. Dès 2002, le mot d’ordre interne au Parti socialiste était de ne plus sous-traiter l’écologie. L’UMP au pouvoir a mis en place un Grenelle de l’environnement. L’écologie politique, de minorités externes aux deux partis de gouvernement, devient progressivement minorité interne. Comme l’exprime NKM, « La métamorphose doit venir de l’intérieur… Il m’importe plus de savoir si un parlementaire est motivé sur l’environnement que s’il vient du RPR ou du parti républicain. ».

Nous ne croyons pas qu’Europe-Ecologie ou les Verts, même regroupés, soient désormais d’une grande utilité, si ce n’est symbolique. Nous ne croyons pas que le Parti de Gauche de Mélenchon pourra porter très haut la question écologique. Nous ne croyons pas que Cap 21 de Corinne Lepage ait jamais pesé d’un grand poids. Nous ne croyons pas au Modem ou aux centristes. Nous pensons que si tous les écologistes sincères rejoignaient un parti de gouvernement, la cause écologique serait défendue beaucoup mieux qu’à l’heure actuelle. Nous laissons au flair de chacun de déterminer si les perspectives pour l’écologie politique sont meilleures à l’intérieur du PS ou de l’UMP !

* N.Kosciusko-Morizet, ministre de l’écologie : « J’ai sympathie et respect pour les personnes impliquées dans les partis écologistes, mais je ne crois pas à l’autonomie de la question environnementale en politique. Cela a été mon engagement à l’UMP. » (LeMonde du 28 novembre, L’image du Grenelle s’est brouillée)

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placer son argent pollue, respirer aussi !

LeMonde nous culpabilise, même LeMonde économie fait de l’écologie en première page : « Diminuez l’empreinte carbone de votre épargne » ! La plupart des banques ne s’estimaient pas concernées par le réchauffement climatique, sinon via leurs faibles émissions directes. Mais l’argent placé dans les banques sert à financer des activités diverses qui, elles, sont plus ou moins émettrices de carbone. Salauds de pauvres avec leur livret A… Il faut arrêter de fumer, de se laver, d’utiliser du savon, de laver notre linge, de travailler, d’épargner etc. pour éviter d’avoir une empreinte carbone ! Et aussi de vivre ? Plus de problèmes pour les retraites, la sécurité sociale… Arrêter cette dictature !

Mais transposons, car l’argent des banques, c’est aussi l’argent des ménages. La plupart des individus ne s’estiment pas concernés par le réchauffement climatique. Mais leurs consommations finance des activités diverses qui sont plus ou moins émettrices de carbone. Un commentateur illustre la chose sur lemonde.fr : « Le CO2 se planque partout… y compris dans l’énergie nécessaire à écrire et afficher ce post, la construction de nos écrans, le chauffage des ingénieurs qui les ont conçus… » Un autre ajoute : « Je ne fume pas, je récupère l’eau de pluie (WC), je me douche tous les jours mais j’utilise du savon une seule fois par semaine, mon lave-linge est alimenté par mon chauffe eau solaire, je vais à pied à mon travail, je place mon argent en investissant dans des biens durables et propres, je compte sur une retraite à l’âge où je ne pourrai PLUS travailler, je compte sur la sécu pour ce qui DÉPASSE mes moyens. Ce sont des choix, pas une dictature. »

En guise de conclusion, un autre commentateur nous explique : « J’ai hésité entre placer de l’argent à la banque ou dans mes idées, en fin de compte j’ai mis 20 k€ d’économie dans les banques et autant en capteurs solaires sur mon toit. Les euros de la banque ont fondu avec la crise financière et j’apprends à présent qu’ils ont pollué. Les 20 k€ de capteurs se sont révélés être un meilleur placement que la banque et en plus baisse la pollution. Mieux vaut utiliser son intelligence que la déléguer aux banques ! Une voiture propre, une pompe à chaleur, etc. » Sauf qu’une voiture propre, ça n’existe pas, toute source de chaleur utilisé par l’homme émet du CO2, etc…

* LeMonde, supplément économie du 23 novembre 2010

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L’ultra-gauche se convertit à l’écologie

Le Parti de gauche tenait congrès le WE dernier. A 13h07, dimanche, le point de vue était clairement écolo : « La bataille sociale est ordonnée par la bataille écologique car sans écosystème, il ne peut même plus être question d’intérêt général. » Peut-on alors douter du mélenchonisme écologique ? NON si on en croit ces propos* :

          Le lien est désormais manifeste entre la nature capitaliste du mode actuel de développement et la gravité de la crise écologique.

          Dès ses premiers pas, le PdG a affirmé sa volonté de rompre avec le productivisme. Nous avons donc entrepris notre bifurcation idéologique.

          On ne peut changer radicalement la société sans penser l’humanité dans son écosystème. Cela légitime la contrainte légale au nom de la maintenance vitale de l’écosystème.

          La planification écologique permet de retrouver le temps long de la planète.

          Je suis favorable à une décontamination publicitaire de l’espace public. Les mouvements antipub, injustement criminalisés, contribuent à défendre l’intérêt général. L’idée même de publicité doit être interrogée. Comment ne pas voir sa place centrale dans la production méthodique des frustrations qui sont à la base de l’extension du productivisme ?

          La relocalisation de la production sera un levier à long terme pour limiter le routier au strict nécessaire.

          Notre parti est favorable à une sortie maîtrisée du nucléaire.

          Le PdG défend un moratoire sur la mise en culture des OGM, leur commercialisation et donc aussi leur importation.

Mais certaines affirmations de Mélenchon  nous rendent sceptiques :

          La solution de nos problèmes est dans le renouvellement des techniques. Je ne crois pas qu’on pourra complètement se passer de l’automobile. Est-ce le même débat si elles prennent leur énergie dans les piles à combustible ?

          La perspective d’une transition vers un autre modèle compatible avec la préservation de la biosphère offre une alternative stimulante pour la recherche et l’industrie.

          De nombreux camarades pensent que l’accès aux OGM n’est ni pervers, ni mauvais en soi. C’est mon devoir de mentionner leur avis.

L’essentiel demeure. Le souhait de René Dumont d’écologiser les politiques semble enfin se réaliser…

* La Décroissance, avril 2009, Une écologie républicaine

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Mélenchon, son congrès et l’écologie

Mélenchon est aussi écolo que Sarko : un jour il n’y connaît rien, le lendemain, c’est le premier des écolos. Le parti de gauche tient son congrès au Mans du 19 au 23 novembre 2010. Revenons quelques années en arrière, du temps où Mélenchon était socialiste. Pour le Congrès socialiste du Mans en 2005, la contribution générale de Mélenchon sur le problème de l’énergie était absolument vide. Pourtant Hollande prévoyait alors la fin du pétrole au milieu de notre siècle, et Montebourg prédisait que « le phénomène de pic pétrolier est susceptible d’intervenir d’ici 2015 ». C’est à cela qu’on reconnaît un populiste, enfourcher le thème porteur même si par ailleurs on s’assoit dessus. Dans le numéro d’avril 2009 de La Décroissance, on découvre la très longue interview accordée par Jean-Luc Mélenchon, l’ultra-productiviste candidat du Front de gauche aux prochaines européennes dans le Sud-Ouest ! Il s’agit seulement de contrer l’étoile montante Cohn-Bendit. Lors de la convention du Parti de gauche (PG), qui se réunissait en décembre 2009, Mélenchon devait annoncer que le nom du parti comporterait dorénavant un sous titre Ecologie – Socialisme – République. Plus question d’apparaître comme la « vieille gauche », le PG est moderne et donc écolo.

LeMonde titre sur deux pages: «  Le Parti de gauche : populaire ou populiste ? »* Huchon ne mâche pas ses mots : « Le langage de Mélenchon est proche de celui de l’extrême droite, mais c’est plus grave que Le Pen ! Il incarne le populisme d’extrême gauche. » Cohn-Bendit l’accuse de « labourer les terres du FN ». Mamère s’exclame : « Le contenu de son discours fait la part belle à une démagogie, au sens premier du terme et qui, sur certains sujets, devient insupportable. »

En fait le livre de Mélenchon, « Qu’ils s’en aillent tous » est clair : seul Mélenchon doit rester. Nous avons vraiment besoin en France d’un Jaurès de l’écologie. Il ne semble pas que Mélenchon puisse s’attribuer  ce statut car il ne rassemble par ses outrances que les déçus de tous bords… Dommage !

* LeMonde du 20 novembre 2010

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totalitarisme sarkozien et écologie

Une définition simple du totalitarisme consiste à constater que tous les pouvoirs sont concentrés aux mains d’une seule personne. Hitler et Staline en sont les modèles, mais Sarkozy en reproduit les caractéristiques. L’indépendance de la justice n’existe plus. Sarkozy projette la suppression des juges d’instruction pour en confier toutes les enquêtes aux procureurs : ceux-ci sont liés au pouvoir, car nommés sur décret du chef d’Etat et soumis hiérarchiquement au ministère de la justice. Le ministre de l’intérieur de Sarkozy fait tout pour bloquer des enquêtes*. La télévision publique est dirigée par un pion nommé par Sarkozy, les journalistes sont choisis pour leur docilité, etc. Notons aussi qu’un système totalitaire ne tient que par la soumission volontaire des « collaborateurs », Premier ministre compris. Prenons l’exemple de Patrick Devedjian qui se plaint amèrement des manipulations d’une élection par le clan Sarkozy. Le président de la république Sarkozy fait même directement pression par téléphone sur un député, envoie ces hommes de main (les Balkany)… Tout le monde s’exécute, Devedjian est évincé. Cela n’empêche pas Devedjian de terminer son interview par cette assertion significative : « Nicolas Sarkozy est notre meilleur candidat pour 2012**. Le chien flatte le maître qui l’exploite
Que devient la cause écologique dans un système totalitaire ? Le grand chef peut se permettre de dire une chose et son contraire, il n’y a plus de politique structurelle possible, il n’y a plus d’avenir durable :
Sarkozy en octobre 2007 : « C’est bien à une révolution que nous invite ce Grenelle de l’environnement, une révolution dans nos façons de penser, dans nos façons de décider, une révolution dan nos comportements, dans nos politiques, dans nos objectifs. »

Sarkozy en mars 2010 : « Je voudrais dire un mot de toutes ces questions d’environnement, parce que là aussi ça commence à bien faire. Je crois à une agriculture durable. […] Mais il faut que nous changions notre méthode de mise en œuvre des mesures environnementales en agriculture. »
En définitive, le succès absolu d’un système totalitaire, c’est quand le fils succède au père, comme en Corée du Nord. Sarkozy ne voit qu’un seul être digne de lui succéder, son fils Jean…
* LeMonde du 20 novembre 2010 : Violation du secret des sources du Monde ; la place Beauvau bloque l’enquête.
** LeMonde du 20 novembre 2010 : Devedjian raconte sa défaite dans les hauts-de Seine. D’après les propos de l’ex-ministre de la relance, le président de la République a fait pression sur les élus.

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LeMonde pour la décroissance !?

Que penser de la décroissance ? Ce mouvement pluriel a obtenu de beaux succès. Anecdote : en mars 2010, la grille de mots croisés du Monde n° 10-037 proposait, en douze lettres, la définition « Seule réponse possible pour un développement durable ». La réponse était : « Décroissance » ! LeMonde publie plus souvent les mots de croisés de la croissance que des mots croisés de l’a-croissance, mais il faut un début à tout.

                C’est ainsi que s’exprime Jean Gadrey dans son livre « Adieu à la croissance » (p.114). Nous lui devons bien cette petite pub puisqu’il cite dans son livre un post de notre propre blog (p. 57) :

http://biosphere.blog.lemonde.fr/2008/03/10/dominique-bourg/

Nous devenons célèbres !!

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la gauche ne gagnera pas en 2012

LeMonde du 13 novembre fustige la gauche : « Bruits de bottes à gauche… Une véritable guerre de tranchées menace la gauche… Le jeu perso des écologistes… Des conceptions écologiques aux antipodes les unes des autres… Les divergences ne manquent pas entre les anciens verts et les amis de Cohn-Bendit … Le devoir d’inventer une nouvelle pratique de la politique reste un vœu (Unis-Verts) … Le solo d’Eva Joly commence à faire grincer des dents … On ne lui fera pas enfiler le costume de l’écolo historique (Yves Cochet ?) qui propose de prendre des douches froides dans le noir… L’émergence d’une nouvelle alliance entre la gauche et les écologistes pour 2012 s’apparente à une course d’obstacles… Martine Aubry puise dans sa détestation de Hollande une motivation pour aller aux présidentielles… Valls, Moscovici et Collomb ont poursuivi l’offensive contre le texte de Benoît Hamon… »
La gauche donne d’elle-même l’image qu’elle mérite. La gauche ne gagnera pas les présidentielles de 2012. Sauf si la gauche oublie les querelles de personnes. Sauf si la gauche se réunit autour d’une écologie de la sobriété heureuse. Sauf si un choc pétrolier courant 2011 rend crédible un tel projet. Car seule l’écologie peut fédérer la gauche autour de valeurs non productivistes, autour d’un partage solidaire des risques, autour d’une société sans pauvres car il n’y aura plus de riches.

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obsolescence de la démocratie représentative

La démocratie représentative est géographiquement délimitée. En effet, la première mission du député consiste à représenter les Français et les sénateurs représentent les collectivités territoriales. Pourtant, comme le remarque Dominique Bourg*, les problèmes environnementaux ne sont plus locaux, mais transfrontaliers et, pour certains, globaux. Le changement climatique, l’acidification des océans, l’érosion de la biodiversité… sont des problèmes planétaires, à l’interface entre l’humanité et la biosphère. C’est une situation totalement originale. Cette problématique nouvelle entraîne nécessairement une nouvelle conception de  la démocratie représentative. Dominique Bourg propose d’ajouter des institutions supplémentaires… autant dire que les désastres écologiques arriveront plus vite que nos réformes !

C’est pourquoi nous proposons une méthode beaucoup plus rapide, changer le statut de la représentation, quitter son enfermement territorial face à des problèmes globaux qui s’étendent dans le temps et dans l’espace. Chaque parlementaire devrait se sentir le représentant de ses électeurs, mais aussi des acteurs-absents, c’est-à-dire les habitants des autres territoires, les générations futures et même les non-humains. Des chefs d’Etat réunis pour traiter du réchauffement climatique ou de l’extinction des espèces ont d’ailleurs fondamentalement pour rôle de penser à la place des générations futures et des non-humains. Cela ne consiste pas à se substituer aux générations futures pour décider à leur place de ce qui serait « bon pour elles », mais à décider d’éliminer ce qui serait « mauvais pour elles » de par notre action présente.

                La même procédure de représentation élargie devrait d’ailleurs s’imposer à tous les acteurs de la vie économique, chefs d’entreprises ou ménages. Car ce que nous produisons et consommons aujourd’hui a des effets écologiques planétaires et de long terme. Chacun de nous doit donc se faire l’avocat des tiers-absents, ceux qui ne peuvent être présents lors de nos délibérations mais qui sont pourtant directement concernées par nos décisions.

* LeMonde du 31 octobre 2010, un système qui ne peut répondre au défi environnemental

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l’adieu à la croissance

La croissance ne fait pas l’emploi quand la productivité augmente plus vite que le PIB. En fait, à population active identique, c’est l’augmentation de la productivité du travail qui fait la croissance. Mais il ne s’agit que d’une productivité apparente car les travailleurs sont accompagnés d’un capital technique (machines…) et de l’utilisation du capital naturel (énergie, eau, matière premières…). Le PIB comme la productivité du travail ne considèrent pas l’épuisement ou la détérioration du capital naturel. Comme l’activité humaine a dépassé les capacités de la planète, nous sommes en décroissance et le PIB comme la productivité sont incapables de nous l’indiquer. Les économistes orthodoxes inventent alors l’idée de substituabilité, le capital et le travail technique pourraient compenser les pertes de capital naturel. C’est une complète illusion. C’est notre énergie physique qui remplacera l’énergie fossile et créera des emplois… si nous sommes raisonnables !

De plus en plus d’économistes reconnaissent maintenant que nous dépendons d’une réalité biophysique. Denis Clerc, fondateur du magazine Alternatives économiques, reconnaît qu’on ne peut plus être favorable à la croissance à court terme et critique dans le long terme*. Jean Gadrey reconnaît les imperfections de l’indicateur PIB qui ne mesure ni le bien-être, ni la soutenabilité écologique**. Nous donnerons le dernier mot à René Passet *** :

 » Comme système, je ne vois rien d’autre que la bioéconomie. Les menaces qui pèsent aujourd’hui sur la biosphère, c’est-à-dire l’ensemble des êtres vivants et des milieux où ils vivent, conditionnent tout le reste. Incluse dans cette biosphère, les organisations économiques doivent en respecter les lois et les mécanismes régulateurs, en particulier les rythmes de reconstitution des ressources renouvelables ».

Nous ajoutons qu’il ne  faudrait pas utiliser de ressources non renouvelables de manière non recyclable.

* L’écologie, c’est l’emploi d’Hervé Kempf (leMonde du 22 octobre 2010)

** Adieu à la croissance de Jean Gadrey (les petits matins, 2010)

*** René Passet dans Télérama 3171 (20 octobre 2010)

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pour une démocratie écologique

Nous sommes presque tous désolés de la disparition prochaine des Tuvalu* pour cause de réchauffement climatique. Mais personne ne croit plus sérieusement à la signature d’un accord contraignant fin novembre sur les émissions de gaz à effet de serre lors du sommet de Cancun. La question de fond se pose : la démocratie représentative est-elle maintenant suffisante pour prévenir les risques écologiques majeurs ? Le livre récemment paru de Dominique Bourg et Kerry Whiteside, « vers une démocratie écologique », pose sérieusement le problème :

                « Tout le monde sait qu’il y a péril en la demeure, mais personne ne semble déterminé à agir. Au cœur de ce paradoxe se trouve notre façon de décider collectivement. Et si notre incapacité d’agir nous renvoyait aux imperfections de notre système politique ? Protéger la biosphère exige de repenser la démocratie elle-même. Il est de plus en plus évident que les problèmes écologiques auxquels nous sommons confrontés ne peuvent être résolus par le gouvernement représentatif classique. » En conséquence, Dominique Bourg et Kerry Whiteside proposent d’adjoindre  au système représentatif classique d’autres processus institutionnels : bio-constitution, bio-sénat, Académie du futur, ONGE. Autant dire que cette réforme institutionnelle n’aura lieu que trop tard, après l’émergence de millions de réfugiés climatiques et/ou les effets socialement funestes du pic pétrolier.

                Nous proposons plus simplement de changer le mode de réflexion des élus. Il suffit pour instaurer une démocratie écologique que les élus, quel que soit le territoire d’appartenance dans lequel ils sont  désignés, tiennent compte dans leurs décisions non seulement de leurs administrés, mais aussi des tiers, absents par définition lors des délibérations démocratiques (ce qu’on appelle les acteurs-absents) : c’est-à-dire les individus des autres territoires, les générations futures, les non-humains. Alors les élus feront preuve d’une conscience élargie dans le temps et dans l’espace qui leur permettra de démontrer aux yeux de leurs concitoyens qu’ils agissent dans le bon sens. Agir dans le bon sens, c’est savoir se démarquer des intérêts  corporatistes et à court terme, du profit immédiat, des lobbies, etc. Agir dans le bon sens, c’est montrer qu’un élu n’est pas seulement l’avocat des intérêts présents, mais des intérêts futurs de la communauté biotique au sens large, humanité comprise. Agir dans le bon sens, c’est faire preuve de courage politique et ne plus penser constamment à sa prochaine réélection.

* LeMonde du 13 octobre, Ian Fry, l’homme qui négocie pour que les Tuvalu ne finissent pas sous la mer

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Europe Ecologie-les Verts

« Europe Ecologie Les Verts ». Tel sera sans doute le résultat de la fusion des écologistes de gauche à la mi-novembre. Mais qu’en est-il de leur programme ? Leur « Manifeste pour une société écologique » est manifestement socio-économique, certainement pas écologiste. Nous pouvons seulement lire au détour d’une phrase : « L’heure est venue de convaincre plus largement que l’écologie est autre chose qu’une niche spécialisée ou une thématique parmi d’autres. Il n’y a pas d’activités, de disciplines ou de secteurs qui échappent au prisme de l’impératif écologique. » Mais pour la concrétisation, rien ou presque. On demande le « respect des animaux en tant qu’êtres vivants », rien de plus ; les « droits du vivant » sont une simple annexe de l’émancipation des hommes et des femmes ; la « sanctuarisation du vivant et des équilibres naturels devrait se substituer à la pulsion dominatrice sur la nature », mais uniquement pour garantir la diversité biologique.

De plus la « Charte des valeurs » qui accompagne le manifeste n’accorde aucune valeur intrinsèque aux non-humains : il suffirait d’instaurer « un rapport respectueux et non violent entre l’être humain et la nature » et tout sera pour le mieux dans le meilleur des mondes. Il faudrait un « partage équitable des richesses et des ressources entre les peuples, entre les générations, entre les territoires et plus généralement au sein de la société », l’ensemble des besoins de la biodiversité, on n’en a rien à cirer. Nous sommes en présence d’une écologie très superficielle. En comparaison, la Déclaration de principes du Parti socialiste de 2008 était beaucoup plus écolo :

– Conscients de l’étroite interaction des activités humaines et des écosystèmes, les socialistes inscrivent la prise en compte de la planète au même rang de leurs finalités fondamentales que la promotion du progrès et la satisfaction équitable des besoins.

Les finalités du socialisme démocratique portent pleinement la volonté de préserver notre planète aujourd’hui menacée particulièrement par les risques de changement climatique et la perte de la biodiversité, de protéger et de renouveler les ressources naturelles.

NB : pour une information succincte sur l’Acte 1er du rapprochement entre les Verts et Europe Ecologie : les assises territoriales. (LeMonde du 10-11 octobre 2010)

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l’écologie est un anti-totalitarisme

La démocratie ne peut être par le peuple, vox populi peut vouloir et accepter le totalitarisme le plus stupide et le plus brutal. La démocratie ne peut être par la dictature de prolétariat, les travailleurs peuvent subir le totalitarisme d’une avant-garde bureaucratique et auto-désignée. La démocratie ne peut être par le libéralisme économique, le vote du consommateur peut se tourner vers les gadgets les plus improbables et les plus nocifs pour les équilibres de la biosphère. En fait, comme le souligne Claude Lefort*,  la démocratie n’est qu’un lieu vide qu’aucune force ne peut définitivement s’approprier. La démocratie est une dynamique résultant de la libre expression, pas de l’expression du peuple à un moment donné. La démocratie, c’est cette tension permanente entre légalité et légitimité, entre soumission aux traditions et ouverture vers un autre social.

                Le libéralisme d’Adam Smith et le communisme de Marx sont deux idéologies qui ont construit le changement sur une dialectique travail-capital financier. Capitalisme et socialisme ont ignoré le capital naturel, d’où cette accumulation de périls baptisés pic pétrolier, réchauffement climatique, extinction des espèces, désertification des sols, etc. Dans une démocratie véritable qui toujours encourage sa propre contestation, il existe cependant des déterminants qui sont biophysiques. Une société humaine ne peut survivre durablement que si elle accepte d’instaurer un équilibre durable avec les écosystèmes. Comme les matrices biophysiques de notre survie sont variables dans le temps et dans l’espace, la délibération humaine ne peut être que plurielle, toujours rattachée à des conditions écologiques particulières.

Il est urgent que le pouvoir politique devienne réaliste et prenne en considération la pérennité des ressources naturelles nécessaires aux générations présentes, aux générations futures et aux non- humains. Il est urgent que l’Etat, source potentielle de totalitarisme, laisse place à des communautés que puissent déterminer elles-mêmes leur autonomie énergétique et alimentaire. Il est urgent de comprendre que seule l’écologie est un anti-totalitarisme car cette vision du monde accepte la diversité des cultures humaines associée à la diversité des écosystèmes. Sinon, ce sera la barbarie d’un fascisme qui sera certainement pas écologiste.

* LeMonde du 9 octobre, Claude Lefort, ni socialisme ni barbarie

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