écologie appliquée

villes lentes, villes en transition

La révolution des « villes lentes » comme Ségonzac gagnent la France*, les villes en transition le reste du monde. Comme l’article du Monde est complet sur le mouvement Cittaslow initié par Pier Giogio Oliveti, allons voir du côté des villes en transition. Il ne s’agit pas simplement d’aménagements ponctuels, création de jardins partagés, structuration d’un marché de producteurs locaux,le cognac comme culture de la lenteur… il s’agit de promouvoir un nouveau modèle de société qui part du bas et qui tend à l’autonomie alimentaire et énergétique.

               Une stratégie de transition permettrait l’imbrication d’une multitude de plans locaux de limitation énergétique à l’image de celui de Totnes (9000 habitants)**. En effet, selon les travaux de nombreux spécialistes du réchauffement climatique et du pic pétrolier, nous ne disposons plus que d’une vingtaine d’années avant que les effets perceptibles de l’accumulation des crises ne nous fassent basculer dans une gestion permanente de l’urgence. Pour plus de résilience, l’autonomie et la relocalisation seront donc nécessaires. La publication au printemps 2010 du plan local de descente énergétique de Totnes, le premier à être réellement consistant, est un jalon important dans l’histoire du mouvement. Ouverts à tout habitant de Totnes désireux de s’y investir, des groupes thématiques ont été formés sur l’alimentation, les transports, l’énergie. Le plan de descente énergétique est donc le fruit d’un grand travail d’imagination collective, plutôt que le produit d’une expertise externe. Le résultat est pourtant bien plus ambitieux et visionnaire que ce que peuvent produire les démarches institutionnelles et vaguement coopératives telles que les Agenda 21 ou les plans climat territoriaux.

Il n’y a qu’au niveau local que nous avons une chance de pouvoir reprendre en mains notre futur.

* La révolution des villes lentes gagne la France (Le Monde du 3-4 septembre 2010)

** Transition in Action : Totnes and District 2030, an Energy Descent Action Plan de Jacqi Hodgson et Rob Hopkins (2008)

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philosophie de la Nature selon Michel Onfray

La nature a disparu de la ligne de mire philosophique : Comment oser dire que les paysages ne se limitent plus au béton, au bitume et à l’asphalte ? Que la mer n’est pas seulement une occasion de plage pour cultiver les mélanomes ? Et ce sans se faire regarder de travers et suspecter de réactiver les thèses d’extrême droite. Ajoutons à cela le réflexe bien français de criminaliser toute référence à la nature comme un tropisme qui sent bon son pétainisme. C’est le point de vue de Michel Onfray*.

                Il est vrai que les jeunes citadins, n’ayant connu que le béton urbain et les pollutions sensorielles, se retrouvent coupés de la nature, ignorant ses rythmes, coupés des forces qui nous déterminent. Mais les philosophes, ceux qui savent prendre du recul et cultiver la sagesse ? Michel Onfray veut ignorer toute l’évolution  de la philosophie qui commence à poser les bas d’une éthique de la terre. Michel Onfray n’a pas encore fait la connaissance d’Aldo Leopold, Arne Naess ou John Baird Callicott, il n’a pas encore compris que nous ne vivons pas la disparition de la nature, mais l’aube d’une nouvelle ère, d’une recomposition de notre conception de la nature et de nos rapports avec elle. L’anthropocentrisme de la philosophie ordinaire doit s’effacer pour donner à la nature et à ses composantes une valeur intrinsèque. C’est le grand enseignement de l’écologie scientifique – science des interrelations des êtres vivants entre eux et avec leur milieu – que de nous apprendre à voir et à ressentir que, depuis la bactérie jusqu’à la faune charismatique (l’ours blanc ou l’éléphant), nous appartenons à la communauté des vivants. Sans compter que procédant d’une même origine, tous les êtres vivants sont parents.

Pour l’éthique de la terre, nous faisons partie du paysage. C’est la conscience de cette réalité qui rend légitime, et fondé en raison, le projet philosophique d’une extension de l’éthique au-delà de la communauté humaine. Mais c’est aussi un vrai bouleversement, une rupture. L’éthique de la terre est un remaniement intime de nos loyautés, de nos affections, de nos centres d’intérêt et de nos convictions intellectuelles. Et chaque modification significative de la notion de nature emporte avec elle une modification du projet humain, dessine de nouveaux contours à la civilisation. Les civilisations se construisent aussi avec des idées. Callicott, bon connaisseur de Platon, ne cache pas que l’éthique de la terre constitue quelque chose  comme une renaissance de la philosophie.

 

*LeMonde du 29-30 septembre 2010, « Lire la nature » de Michel Onfray

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mauvais choix du MONDE, Lomborg

Bjorn Lomborg a droit à une demi-page Planète (LeMonde du 14  septembre) alors que son discours est si dénué d’arguments que plus personne ne devrait lui faire confiance. Une analyse de ses fantasmes aurait du faire atterrir son interview dans les poubelles d’un vrai journal de référence.

Lomborg n’explique pas pourquoi il a levé ses réserves sur le changement climatique et Lomborg continue de minimiser le phénomène en parlant des autres problèmes, manque d’eau et de nourriture… tout en admettant que le changement climatique entraînera « des impacts négatifs sur l’agriculture » ! Lomborg parie sur un surcroît de richesse dans les pays en développement (« Le Bangladesh en 2100 plus riche que les pays Bas aujourd’hui ») pour résoudre tous les problèmes. Or nous savons maintenant que la croissance du PIB se fait au détriment de l’environnement et de la pérennité des ressources, ce qui n’est pas durable. Il décide d’abandonner le consensus autour du protocole de Kyoto, il est vrai que Lomborg est directeur d’un centre de « consensus ». Ses copains « réunis autour de lui » pensent que les économies d’énergie, c’est trop coûteux. Alors Lomborg parie sur un improbable succès de la technologie, séquestration du CO2, géo-ingénierie, énergies vertes… Qu’attendons-nous pour lancer des écrans solaires géants en orbite, pour pulvériser des milliers de tonnes de soufre à haute altitude, pour repeindre toutes les toitures de toutes les maisons du monde en blanc réfléchissant ?! Bien entendu Lomborg ne précise rien et ne donne aucune probabilité sur les chances de succès de ses fantasmes technologiques. Pour un statisticien, y’a un manque.

Non seulement Lomborg n’apporte rien de nouveau et de fiable, mais il délire sur bien d’autres points. Lomborg est contre le développement des énergies renouvelables (les seules qui nous resteront quand il n’y aura plus d’énergies non renouvelables), Lomborg nie le pic pétrolier (qui a lieu en ce moment, sauf que c’est un plateau ondulant), Lomborg fait confiance au charbon (la source la plus polluante des énergies fossiles),  Lomborg cultive l’ambiguïté sur la taxe carbone. L’important pour Lomborg, c’est la poursuite de la consommation à outrance, c’est la défense du mode de vie occidental, mais ça, il ne le dit pas directement : de toute manière on a bien le temps de réfléchir à tout çà calmement. Eh hop le tour est joué !

LeMonde n’a que trop ouvert ses colonnes aux écolo-sceptiques dont le seul but est de nous empêcher d’agir réellement. LeMonde n’avait-il pas de vrais spécialistes à interviewer ?

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l’échec du Développement Durable

Le Développement Durable était une mode. Notre avant-garde intellectuelle commence à s’en apercevoir. Dominique Bourg, pourtant l’un des promoteurs du DD en France, membre du Conseil national du DD du ministère de l’écologie, membre du comité DD d’un fonds spéculatif,  s’exprimait ainsi dans Etudes du juillet 2010 : « Nous parlons de DD depuis plus d’une vingtaine d’années. C’était une tentative pour dissocier la croissance du PIB de la consommation d’énergies et de ressources naturelles. Nous savons maintenant que c’est impossible. Deuxième diagnostic sévère sur le DD : ce devait être une démarche de prévention, d’anticipation à l’échelle des problèmes globaux, tant en matière d’environnement que de répartition de la richesse. Or, force est de constater que le DD est à cet égard un échec. Repensons à ce que disaient les grands textes fondateurs de la réflexion écologique des années 1970, ceux d’Illich, des époux Meadows, de Georgescu-Roegen, Goldsmith ou Gorz. Tous n’envisageaient d’autres possibilité qu’une décroissance des économies. Or nous sommes contraints de considérer à nouveau cette perspective. Il revint donc de refermer la parenthèse du DD.

– Dominique Bourg est si convaincu de son revirement qu’il a répondu aux questions du journal La Décroissance (numéro de septembre 2010).

– Notre réseau de documentation a aussi fait une étude exhaustive du concept de développement qui montre que l’idée même de développement est nuisible.

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l’avenir est-il derrière nous ?

« L’avenir se trouve dans le passé et la solution de nos problèmes consiste à retourner vers ce qui nous a précédés ». Cette phrase nous paraît sensée, c’est même l’objet d’une précédente chronique, l’agriculture du passé sera notre avenir

L’anthropologue Jean-Loup Amselle croit le contraire, traitant cette orientation de « primitivisme » (LeMonde des livres, 10 septembre). En fait Amselle recycle l’antienne du « retour à la chandelle » ou de « la vie dans les grottes » proférée par le libéralisme technophile contre les écologistes. C’est là un raisonnement primitif car on peut penser que la techno-science nous conduit au désastre sans vouloir revenir à la chasse et  la cueillette. Ainsi un des plus féroces contempteurs du primitivisme, Ted Kaczynski, nous promet quand même « L’effondrement du système technologique » :               

1. Le progrès technologique nous conduit à un désastre inéluctable. Il peut s’agir d’un désastre physique (par exemple une catastrophe environnementale), ou d’un désastre en termes de dignité humaine (réduction de l’espèce humaine à une condition dégradée et asservie). Quoi qu’il en soit, le progrès technologique aboutira à un désastre de l’un ou l’autre genre.

2. Seul l’effondrement de la civilisation technologique moderne peut empêcher le désastre. Bien entendu, l’effondrement de la civilisation technologique sera un désastre en soi. Mais plus le système technologique continuera à croître, et plus grave sera le désastre final. Un moindre désastre aujourd’hui en empêchera un plus grand demain. Ellul en particulier a souligné l’autonomie de la technologie, c’est-à-dire le fait que la technologie moderne s’est dotée d’une vie propre et n’est pas sujette au contrôle humain.

                Même si Kaczynski se trouve actuellement en prison, il nous semble plus réaliste qu’Amselle…

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PS, parti social-démocrate ou social-écologiste ?

Moscovici fils estime indispensable une candidature sociale-démocrate pour rénover la gauche (LeMonde du 26 août). Pourtant il avait piloté une convention qui marquait un tournant social-écologique. Mais Pierre est un soutien fidèle de DSK pour qui l’écologie reste un mot inconnu, la croissance pourvoyant à toutes choses. Pierre sur une demi-page du Monde pense ainsi que « le choix résolu de la social-écologie peut s’appeler la social-démocratie ». Les ténors du PS sont encore enracinés dans leur culture dite progressiste, ce qui veut dire en fait qu’il ne faudrait rien changer. Pierre estime pourtant qu’il « faut dire la vérité aux Français et avoir le courage d’affronter les questions les plus complexes ». Mais il ne pense qu’au problème de la dette publique et aux retraites. Le pic pétrolier, le réchauffement climatique ou la perte de biodiversité n’ont aucune place dans son discours. Pierre a oublié ce qu’enseignait son père.

Moscovici père écrivait en 1976 dans La Gueule ouverte : « Nous sommes nombreux à penser que la question de la nature se situe au cœur de notre civilisation, que les mouvements qui se sont créés autour d’elle sont un facteur de renouvellement et de contestation sociaux et intellectuels. » Pour Serge, être un socialiste conséquent, c’est être écologiste : « Au sein du Parti socialiste, il existe un clivage entre une ligne de pensée technocratique, et une ligne autogestionnaire, proposant une véritable décentralisation, une transformation des rapports sociaux, un nouveau mode de développement, et qui est très proche de l’écologie. Des problèmes considérés comme purement techniques tels celui des ressources ou celui de la pollution, sont désormais politiques et doivent faire l’objet d’un débat public. Et il y en a bien d’autres que nous allons poser. Par exemple : combien de temps faut-il travailler ? Quels biens faut-il produire ? Quels biens faut-il consommer ? Comment les produire et comment les consommer ? C’est nous les écologistes qui représentons la gauche, notamment pour tout ce qui a trait aux rapports à la nature, à l’utilisation des ressources, à l’autonomie des collectivités, au productivisme, à la croissance. Le prix de l’énergie ne baissera pas et on se trouvera constamment confronté à un problème de renchérissement et de crises liées à l’énergie. Pour nous l’essentiel est donc de changer de comportement vis-à-vis de l’énergie. Il y a un côté provocation consciente chez les écologistes. Nous pensons que la gravité de la situation est telle aujourd’hui qu’il faut avoir des idées folles pour y remédier ; parce que les idées « sages » nous savons ce qu’elles ont donné !  » (en 1978 dans Lui)

Pierre Moscovici et ses coreligionnaires n’ont pas l’analyse de Serge Moscovici. C’est pourquoi le parti socialiste actuel reste social-démocrate et imperméable aux risques écologiques actuels… Ce parti sera social-écologiste ou n’aura pas d’avenir.

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quel présidentiable pour 2012 ?

Pour 2012, ce sera qui, Eva Joly ou Yves Cochet ? Voici quelques éléments de réflexion. Eva Joly n’a jamais vraiment milité, n’a jamais été encartée, était surtout magistrate anti-corruption. Yves Cochet, lui aussi candidat à la primaire chez les écolos,  est un ténor de la politique. En 1984, il fait partie des fondateurs des Verts et devient député écolo en 1997. Eva Joly n’excluait pas de porter les couleurs du MoDem lors des élections européennes de 2009, mais trois mois plus tard son cœur penche pour les Verts. Le combat écologique d’Yves Cochet remonte aux années 70 ; alors qu’il achève ses études de mathématiques, il s’engage dans la lutte anti-nucléaire en Bretagne. Eva Joly ne parle pas écolo : « Pour quelques-uns tout est permis alors que le pays est dans une situation dramatique. Le chantier numéro un d’un présidentiable, ce sont les banlieues, pour ne pas laisser des millions de personnes en marge du territoire. » Yves Cochet est clairement écolo : « Je ne sais pas quelle est la vision de l’écologie d’Eva Joly. Or il faut que notre candidat définisse une analyse d’un monde écolo, celui de la décroissance. » Difficile de trouver une analyse personnelle d’Eva Joly sur l’écologie alors qu’Yves Cochet est incisif : « La décroissance est déjà commencée. Mais, peu de personnes l’ont anticipé. C’est pour cela que l’on va dans le mur. Mieux vaut la décroissance choisie, démocratique et solidaire, que la décroissance subie actuelle. De toute façon, qu’on le veuille ou non, la décroissance (de notre empreinte écologique, nous le milliard le plus riche) est inéluctable. »

                Pour nous, le meilleur candidat c’est donc Yves Cochet, sans aucun doute. Mais pour notre système démocratique alambiqué, faut attendre le résultat des primaires. La meilleure chose pour l’écologie serait la présence d’un seul candidat des écolos à des primaires ouvertes qui associent aussi le (les) candidat(s) du parti socialiste. Cela imposerait des négociations sérieuses entre le PS et les écolos bien avant les présidentielles. Or les jeux d’appareil et le culte des ego étouffent toute stratégie d’avenir. Pour qu’un(e) écologiste soit élu Président, il faudrait que les arbres votent.

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l’effet débond, antidote à l’effet rebond

Si on considère que la croissance est un choix de société, la décroissance pourrait en être un autre. Les stratégies de débond vont à l’opposé des stratégies de rebond. Il faut alors identifier les facteurs limitant : temps, monnaie, infrastructures, propriété, aliénation, inégalités.

Il s’agit globalement d’allouer plus de temps à la rencontre humaine, à la relation avec la nature, plutôt qu’à produire et consommer. Des activités telles que le jardinage, la randonnée, les repas qui s’étirent en longueur, l’usage de la bicyclette réduisent le temps disponible pour d’autres activités polluantes ; elles créent un « débond temporel ». La baisse du temps de travail et le partage du travail est incontournable. Une période de crise est un moment privilégié pour passer par exemple à la semaine de trois jours.

Limiter la monnaie, c’est réduire la capacité financière d’exploiter. Ce serait une politique de décroissance post-keynésienne, dans le sens où elle agirait sur le budget et la monnaie mais viserait à réduire la demande plutôt que de l’augmenter. Une autre piste consiste à remplacer les monnaies existantes par des monnaies alternatives locales.

Les politiques de décroissance réduisent les infrastructures dédiées à la production et à la consommation, par exemple les infrastructures de transport. De manière très concrète, il faut diminuer les incinérateurs, les aéroports, les autoroutes, les lignes haute tension, les infrastructures touristiques, etc. Il s’agit de promouvoir des infrastructures basées sur le local.

Les droits de propriété sont des droits à exploiter. Il faudrait donc réduire les droits de propriété sur le biologique, le sol et les minéraux ainsi que la capacité à exploiter. Par ailleurs les droits de propriété sont des freins à la mutualisation de nombreux biens et donc à la satisfaction individuelle et collective des besoins.

L’information sur l’effet rebond doit être diffusée ; cette sensibilisation peut en réduire l’ampleur. Favoriser une prise de conscience impliquerait évidemment d’imposer des restrictions à l’industrie de la publicité. Il s’agit globalement de promouvoir la communication et la compréhension mutuelle et de réduire la dépendance extrême au confort, la peur de la nature, la non-compréhension des conséquences de nos actions.

Limiter l’incitation à la production et à la consommation liée aux inégalités nous invite à explorer les solutions telles que le revenu maximal, le revenu minimal inconditionnel, la remise en question du secret bancaire et fiscal. Bien sûr cela passe par l’exploration de toutes les possibilités liées à la réduction de l’échelle des salaires et à la valorisation du travail bénévole.

François SCHNEIDER

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effet rebond,effet débond

Il faudrait que tous les citoyens connaissent l’effet rebond. Cette conséquence négative de nos efforts technologiques est connue depuis Stanley Jevons (the coal question, 1865) : « Sans volonté de réduire la consommation à la source, le fait d’utiliser des machines moins consommatrices d’énergie n’entraîne pas une baisse de consommation. » Cela amène à utiliser plus de machines, ce qui annule les économies d’énergie réalisées grâce aux gains d’efficacité des machines. En termes modernes, on parle d’effet rebond. LeMonde du 13 août s’inquiète de cet effet pervers : « les progrès en efficacité énergétique ont été annulés par la croissance de la production et de la consommation, la France ne rejette pas moins de CO2 qu’en 1990. » Voici quelques autres exemples d’effet rebond :

Le rebond de l’efficacité technique concerne par exemple une voiture plus efficace énergétiquement, mais qui voyage sur une plus longue distance. Le rebond lié à la frugalité : un billet d’action pour Dakar sera acheté avec les économies sur les frais de chauffage réalisés en réduisant la température d’une maison l’hiver. Le rebond lié à la baisse de la natalité :  moins d’enfants dans une famille peut libérer des revenus pour augmenter la consommation matérielle ou d’énergie par personne. Il y a rebond macro quand par exemple une plus grande efficacité énergétique entraîne une réduction de prix et l’augmentation de la demande d’énergie. L’achat d’une voiture soutient le réseau routier, ce qui engendre une réorganisation de la société et encourage les supermarchés aux dépens du petit commerce. (La décroissance économique – pour la soutenabilité écologique et l’équité sociale de François Schneider)

– Même la révolution numérique, dont on pourrait a priori penser qu’elle nous éloigne de ce modèle, parce qu’elle « dématérialise » bon nombre d’échanges, consomme de la nature. De plus ce que nous gagnons en qualité, avec des produits moins consommateurs de nature, nous le perdons souvent en quantité, car la croissance exponentielle des nouvelles technologies entraîne dans son sillage une forte hausse des quantités d’énergie consommées. C’est l’effet rebond, chaque fois que nous économisons de l’énergie à un endroit, nous ne manquons pas d’en consommer un peu plus ailleurs. La seule manière de conjuguer efficacité énergétique et effet rebond est très probablement de faire croître le prix de l’énergie plus vite que le pouvoir d’achat. (Les Etats et le carbone de Patrick Criqui, Benoit Faraco et Alain Grandjean)

– Une limite à la puissance de nos techniques est ce qu’on appelle l’effet rebond, ce que l’on gagne grâce au progrès technologique à l’unité est perdu, en termes de consommation de ressources, par la multiplication de ces mêmes unités. Un ordinateur aujourd’hui consomme moins d’énergie, mais la puissance requise, les types d’usage et le nombre d’utilisateurs n’ont cessé d’augmenter, si bien que la consommation globale d’énergie due à l’informatique s’accroît. (Crise écologique, crise des valeurs de Dominique Bourg)

– Avec l’effet rebond, l’argent épargné grâce à l’efficacité énergétique est dépensé pour d’autres biens et services, ce qui annule parfois entièrement l’économie réalisée. Dépenser par exemple l’argent économisé grâce à des ampoules écologiques dans un billet d’avion courte distance à bas prix est le plus sûr moyen d’obtenir un retour de flamme (backfire). En bref le découplage relatif (faire plus avec moins) possède le potentiel pervers de diminuer les chances d’atteindre le découplage absolu (la production économique s’affranchit de sa dépendance au flux de matières). Les loisirs devraient être un candidat tout trouvé à la dématérialisation. Mais en pratique, notre façon d’occuper notre temps de loisir est responsable d’environ 25 % de notre empreinte carbone. Et la commercialisation accrue des aspects les plus simples et les plus créatifs de nos vies ne change-t-elle pas la nature de ces activités pour le pire ? (Prospérité sans croissance de Tim Jackson)

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revue des revues écolos

L’écologie reste une pensée du refus de l’ordre existant ; une bonne revue écolo est donc nécessairement axée sur l’objection de croissance. Après une expression forte dans les années 1970, il y a eu une éclipse de la pensée écolo qui ressurgit seulement en ce début de millénaire.

– (1972 à 1980) : La Gueule ouverte, revue écologique qui annonce la fin du monde, apparaît pour la première fois en novembre.Voici un résumé du premier éditorial, signé par Pierre Fournier :

« La GUEULE OUVERTE est virtuellement née le 28 avril 1969. J’étais dessinateur et chroniqueur à Hara-Kiri hebdo, payé pour faire de la subversion et lassé de subvertir des thèmes à mes yeux rebattus, attendus, désamorcés à l’avance. Prenant mon courage à deux mains, j’osai parler d’écologie à des gauchistes. Permettez que je me cite : « Pendant qu’on nous amuse avec des guerres et des révolutions qui s’engendrent les unes les autres en répétant toujours la même chose, l’homme est en train, à force d’exploitation technologique incontrôlée, de rendre la terre inhabitable, non seulement pour lui  mais pour toutes les formes de vie supérieures. Le paradis concentrationnaire qui s’esquisse et que nous promettent ces cons de technocrates ne verra jamais le jour parce que leur ignorance et leur mépris des contingences biologiques le tueront dans l’œuf. La catastrophe, beaucoup plus prochaine que vous ne l’imaginez, ne pourrait être évitée que par une réforme des habitudes mentales encore plus radicale encore que celle jadis opérée par les rédacteurs de la Grande Encyclopédie. »

-1973 à1981 : Le Sauvage. En 1972, un numéro spécial du Nouvel Obs. « La dernière chance de la Terre » connaît un grand succès. Claude Perdriel, directeur du Nouvel Obs, va donc lancer Le Sauvage, magazine écologique mensuel. Le premier numéro paraît le 1er avril 1973 sous le titre : L’Utopie ou la mort . Fait suite « La grande crise de l’énergie »,  « Travailleurs de tous les pays reposez vous »,  « Faut-il fermer Renault »… Les grands thèmes des écologistes des années 2000 – 2010 sont déjà tous présents.

– (1980 à 2000) : Une longue éclipse de la pensée écolo qui correspond à l’avènement du  socialisme mitterrandien en 1981 et au tournant libéral de Reagan et Thatcher des années 1980. Seul S!lence a résisté à la glaciation…

– 1982 : S!lence. A mi chemin entre le journal et l’expérience militante, ce mensuel repère les thème émergents dans la communauté écologiste radicale. Elle a ainsi lancé la thématique de la décroissance en février 2002.

– 2000 : Ecorev est lancé en janvier  par des militants des Verts et refuse « l’écologie d’accompagnement »

– 2000 : L’Ecologiste, version française du mensuel The Ecologist (1970) est un trimestriel qui a présenté pour la première fois en France l’écologie profonde.

– 2002 : LaRevueDurable est fondée à Genève ; axé sur la question de l’intégration des pratiques écologiques dans les sociétés modernes.

– 2004 : Le journal La Décroissance fait suite à la revue « Casseurs de pub »

– 2004 : TerraEco, après une parution par abonnement et Internet, présent en kiosque depuis 2009. Ce mensuel défend le développement durable, il se présente donc comme un magazine sans ambition intellectuelle.

– 2006 : Entropia est né en novembre ; c’est la revue d’étude théorique et politique de la décroissance.

NB : Hervé Kempf présente les revues récentes dans LeMonde du 12 août, « les écologistes, c’est le bouquet »

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le communisme n’est pas mort

Le communisme est mort. La Chine est désormais le deuxième pays derrière les Etats-Unis pour le nombre de milliardaires en dollars : géant de la boisson industrielle, constructeurs automobiles, patron d’un moteur de recherche Internet… L’île de Hainan, vouée aux touristes des classes supérieures, est devenue un précipité effarant, démesuré, du « miracle économique » qui dévore la vie passée de la république « populaire ». Il n’y a plus de différence avec le capitalisme libéral.

                Le code forestier décidé en 2007 par Vladimir Poutine a fait disparaître la fonction de protection de la forêt en Russie alors que l’URSS comptait un corps de forestiers nombreux, spécialisé, compétent. Les derniers qui restent s’occupent de vendre le bois qu’on coupe, pas d’autre chose ; les incendies actuels ne sont donc pas le fait du hasard. Dans la Russie de Poutine, l’environnement vient bien après l’exigence de profit, comme dans le capitalisme libéral.

Selon Hans Jonas (Le principe responsabilité, 1979), il faut donc que se mette en place un régime fort de type communiste pour faire face à la crise environnementale : « Un système libertaire serait préférable pour des raisons morales, mais les systèmes moralement bons sont des systèmes précaires ; l’Etat peut seulement être aussi bon que le sont les citoyens. De plus l’homme politique peut supposer idéalement dans sa décision l’accord de ceux pour qui il décide en tant que leur chargé d’affaires, mais des générations futures on ne peut obtenir de facto un accord. Par conséquent la tyrannie communiste paraît mieux capable de réaliser nos buts inconfortables que le complexe capitaliste-démocratique-libéral. » Vive le communisme ?

férences :  LeMonde du 7 août :

Au paradis des milliardaires chinois

La Russie est toujours impuissante face aux incendies de forêts

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la faute aux économistes !

Nous pouvons sans nous tromper parler de léthargie intellectuelle des économistes universitaires. Si nous étions en présence de vrais économistes, nous mettrions un terme à la croissance du « throughput » avant que les coûts sociaux et environnementaux qu’elle provoque ne dépasse les bénéfices qu’elle génère. Le « throughput », c’est ce flux métabolique des matières et d’énergie qui part de sources environnementales, traverse le sous-système économique de la production et de la consommation et qui revient dans l’environnement sous forme de déchets. L’irresponsabilité de nos élites reflète un aveuglement quant aux limitations de notre monde matériel tant au niveau des ressources naturelles que de la capacité des écosystèmes à absorber nos déchets. De 1950 à 2010, la taille de l’économie mondiale a été multipliée par plus de cinq. Si elle continue à croître à la même vitesse, d’ici l’an 2100 elle sera 80 fois plus grande qu’en 1950. Cette extraordinaire montée en puissance de l’activité économique n’a aucun précédent historique. Elle est en contradiction complète avec nos connaissances scientifiques concernant les ressources finies, et l’écologie fragile dont nous dépendons pour survivre. Les raisons structurelles de cet aveuglement collectif sont assez faciles à trouver : les économistes libéraux.

Alain Caillé et Gérald Berthoud avaient été stupéfaits en 1981, lors d’un colloque sur le don, de la récurrence d’un discours selon lequel seul existe le calcul conscient et rationnel. Ils fondent alors le bulletin du Mauss pour lequel l’anti-utilitarisme est d’abord un anti-économisme. Ce n’est pas parce que le tournant libéral porté par Reagan et Thatcher au début des années 1980 a inondé la planète que cette parole témoignait de la vérité. Le marché est une invention récente, l’économique est normalement encastré dans le social. Il reste maintenant aux économistes et même aux partisans de l’anti-utilitarisme à comprendre que le social est à son tour encastré dans la biosphère, dans le  circuit écologique.

Sources de réflexion :

LeMonde du 6 août, « Diffuser des idées anti-utilitaristes »

Prospérité sans croissance (la transition vers une économie durable) de Tim Jackson

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qui va montrer l’exemple ?

Montrer l’exemple ? L’autolimitation des besoins devient un passage obligé, chacun doit faire preuve d’exemplarité et les politiques doivent être aux avant-postes. En période de rigueur budgétaire, le 1er ministre Fillon plaide pour que le gouvernement montre l’exemple. Mais les cabinets ministériels maigrissent dans la douleur (LeMonde du 4 août), il n’y a jamais assez de fonctionnaires aux manettes : 20 adjoints pour les ministres, 4 pour les secrétaires d’Etat, c’est pas assez ! Pourtant la crise financière et écologique va nécessairement entraîner des mesures d’économie drastiques. Le Parti socialiste et l’UMP ont déjà signé l’engagement 10 :10 qui s’appuie sur dix principes pour les individus, tels que faire du vélo, réduire le niveau de chauffage et de consommation électrique, prendre moins l’avion, manger plus de fruits et de légumes – issus de l’agriculture biologique – et moins de viande, éviter les emballages inutiles et « passer plus de temps avec la famille et les amis » afin de « moins consommer » ; il s’agit de réduire ses émissions de gaz à effet de serre de 10 % (LeMonde du 5 juin) ; mais plus personne n’en parle. Le pôle écologique du PS a adopté fin mai 2010 le souhait collectif suivant : « Le Pôle écologique du PS invite ses membres et l’ensemble des citoyens à faire preuve le plus possible dans leur vie de sobriété énergétique et d’autolimitation pour construire ensemble une société plus conviviale et plus égalitaire. » Personne n’en a parlé !

Presque toutes les démarches actuelles de réduction des besoins sont fondées sur une démarche volontaire. C’est logique, mais cela ne sera pas suffisant pour enrayer le réchauffement climatique, la pénurie de pétrole, la destruction des sols, etc. Il y trop loin de la signature d’un engagement à son application concrète.
Le sens des limites ne progressera dans les mentalités que s’il y a interaction entre les comportements individuels et les décisions collectives. Mais l’exemple de la réduction des cabinets ministériels montre que seul un pouvoir fort peut entraîner une réduction des besoins et faire taire les grincements de dents de personnes qui ont été trop habitué à réclamer toujours plus. Nous ne sommes pas du tout partisan d’un écolofascisme, mais les comportements des uns et des autres de protection des avantages acquis aboutiront sans doute à un écolofascisme.

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futuribles, futurs possibles

Depuis 1975, la revue Futuribles veut organiser l’avenir de la planète (LeMonde du 1-2 août). Autant dire que le succès n’a pas été au rendez-vous. Pourtant dès 1968 le père fondateur, Bertrand de Jouvenel, avait écrit un livre qui aurait du être au chevet de tous les politiques, Arcadie, essai sur le mieux vivre. Quelques points-clés :

Le circuit écologique : Nous faisons preuve de myopie lorsque nous négligeons de nous intéresser à l’entretien et à l’amélioration de notre infrastructure fondamentale : la Nature. Une autre manière de penser, c’est de transformer l’économie politique en écologie politique ; je veux dire que les flux retracés et mesurés par l’économiste doivent être reconnus comme dérivations entées sur les circuits de la Nature. Le terme d’infrastructure est à présent populaire, il est bon d’avoir donné conscience que nos opérations dépendent d’une infrastructure de moyens de communication, transport, et distribution d’énergie. Mais cette infrastructure construite de main d’homme est elle-même superstructure relativement à l’infrastructure, celle des ressources et circuits de la Nature.

La technique est le problème, pas la solution : C’est en Europe qu’a été faite la révolution industrielle alors que l’ingéniosité chinoise avait bien des siècles d’avance sur nous. Si les Chinois virent leur grande avance se transformer en retard, ce fut parce qu’ils avaient continué de penser en termes d’harmonie générale plutôt que de distinguer ce qui était propre à un problème spécifique. Pareille comparaison nous amène à prendre conscience de notre dureté intellectuelle. On peut s’en apercevoir lorsqu’on cherche à intéresser l’un de nos techniciens à certains des effets secondaires prévisibles de l’innovation à laquelle il travaille. Un haussement d’épaule lui suffit pour rejeter l’objection : « Ce sera le problème de quelqu’un d’autre ». Il est fort probable que cette attitude est une condition de succès. Mais plus nous en acceptions la légitimité, plus nous devons reconnaître que notre façon de résoudre les problèmes est elle-même génératrice de problèmes. Notre progrès est donc un complexe de résolutions de problèmes et de création de problèmes. Ce qui me frappe, c’est que les problèmes de l’environnement sont négligés.

L’absence des générations futures : Ce qui a détourné les économistes de prendre en considération l’épuisement des ressources naturelles, c’est le caractère lointain de cette menace. Sitovsky a présenté de façon très heureuse le conflit entre la génération présente et les générations futures au sujet des ressources épuisables. Il ne se peut malheureusement pas, dit-il, que les générations futures projettent leurs acheteurs sur les marchés d’aujourd’hui où ils viendraient comme demandeurs réserver des ressources qui viendraient en diminution de notre gaspillage présent.

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la morale de l’écologie

Selon la morale écologique, comment lire les nouvelles apportées par LeMonde du 30 juillet ?

          Il faut sauvegarder la mer. Il ne suffit pas d’écoresponsabiliser la pêche de plaisance, il faut interdire la plaisance (p.4).

          Un animal ne doit pas être torturé. Le parlement catalan vient donc de voter l’interdiction de la corrida (p.6).

          Le foot n’a rien à voir avec l’écologie. Les Verts ne veulent pas d’une table ronde sur la question lors de leurs journées d’été (p.7).

          Il faut sortir du nucléaire. Le coût de construction des centrales est exorbitant et les déchets radioactifs restent en mal de recyclage (p. 10)

          Les gaz de schistes n’ont pas d’avenir. Il faudrait même sortir du gaz conventionnel, de tout ce qui n’est pas renouvelable et porte atteinte à l’environnement (p. 12-13).

          La Chine ne doit plus être l’atelier du monde : les dégâts environnementaux causés par sa croissance économique sont trop importants (p.14)

          L’art doit se mettre au service de l’écologie, c’est l’objectif de l’AOo ou Art Orienté objet (p. 20)

          La jeunesse doit se mettre au service de l’écologie, c’est ce que commence à faire les scouts de France (p.21).

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immoralité Bettencourt

Dans un monde limité, la liberté des riches est immorale. Les dividendes versés à Liliane Bettencourt se sont élevés en 2009 à près de 278 millions d’euros. Comme elle a versé environ 39,7 millions d’euros d’impôt, il lui en reste pas mal. Comme il faut ajouter les jetons de présence et autres sources de revenu, cela commence à bien faire. Comme le fisc lui a aussi remboursé 30 millions d’euros en 2008 au titre du bouclier fiscal (LeMonde du 13 juillet), on voit que l’Etat français participe de l’immoralité ambiante : la richesse n’est plus obscène, elle est étalée, elle est même soutenue publiquement. L’argent est si facile quand on est très riche qu’on ne sait plus comment le dépenser. Alors on joue au mécène, on laisse l’usage de la charité aux moins riches et la résolution des problèmes écologiques aux militants, on finance une fondation. Le Prix Liliane Bettencourt de 50 000 euros pour l’Intelligence de la Main est destiné à récompenser la réalisation d’une oeuvre d’une qualité esthétique incontestable. Le Prix 2009 pour les Sciences du Vivant de 250 000 euros a été remis à Anne Eichmann, pour son incomparable étude « Angiogenèse embryonnaire et pathologique ». Les Coups d’élan pour la Recherche française sont d’un montant de 750 000 euros. Comme il reste à Liliane encore trop d’argent, elle finance aussi le gouvernement, celui du bouclier fiscal, comme par hasard.

                Dans une société écologique, il n’y aurait plus de pauvres car il n’y aurait plus de riches. Au lieu de s’acheter des cosmétiques, donc de financer l’Oréal, donc de financer Liliane Bettencourt, on vivrait une vie de sobriété heureuse. Au lieu d’offrir à son petit ami 12 tableaux de maître, d’une valeur de 20 millions d’euros, on pratiquerait les arts en groupe pour éviter la sénilité. Au lieu de donner sa fortune à sa famille, on partagerait tout avec sa communauté. Au lieu de multiplier les domiciles, on essaierait de vivre en harmonie avec son écosystème. L’enrichissement des uns est immoral, une société écologique et égalitaire serait morale.

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qui connaît Janez Potocnik ?

La télévision française parle d’abord de la France, ce qui intéresse  surtout, c’est l’équipe des Bleus, éliminée. La télévision espagnole parle de son équipe, en quart de finale au Mondial, beaucoup moins des autres équipes. Tant que l’Europe n’aura pas de visibilité aux yeux des citoyens européens, les Européens resteront ethnocentrés et ça ira mal. D’ailleurs les Européens savent-ils qu’ils possèdent la citoyenneté européenne ? Qui peut décrire le fonctionnement de l’UE ? Qui se rappelle que sans les institutions européennes, la situation écologique dans les pays européens serait lamentable ? Qui est au courant que les pays qui tardent à transposer les directives européennes en matière d’écologie peuvent être traînés en justice ? Qui peut citer le nom du commissaire européen à l’environnement ? Que nous apprend mon quotidien préféré sur cette question ?

– Le 29 novembre 2009, LeMonde donne la composition de la commission européenne, dont Janez Potocnik.

– LeMonde du 22 février 2010 : La Commission européenne a proposé aux gouvernements de l’UE de soutenir le classement du thon rouge parmi les espèces menacées d’extinction, et donc d’interdire le commerce international de ce poisson. Les commissaires européens à la pêche, Maria Damanaki, et à l’environnement, Janez Potocnik, ont suggéré que cette mesure soit différée de 12 mois pour permettre de préparer la restructuration du secteur.

– LeMonde du 17 mars : L’UE s’est fixé l’objectif « d’enrayer la perte de biodiversité en Europe d’ici 2020 », repoussant ainsi de dix ans l’échéance qu’elle avait adoptée en 2002. Après cet échec, « nous allons concentrer nos efforts pour ne pas renouveler les erreurs », a assuré le commissaire à l’environnement Janez Potocnik.

– LeMonde du18 mars : Une douzaine de pays de l’UE menacé de poursuites en justice et de sanctions pour manquements à leurs obligations environnementales. « La nature n’est pas une poubelle », a lancé le commissaire à l’environnement Janez Potocnik à l’adresse des autorités…

– LeMonde du 20 mars : La Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction (Cites) a rejeté à une large majorité de pays la proposition de l’Union européenne d’interdiction du commerce international de thon rouge. La décision a douché les espoirs des écologistes, qui ont dénoncé un vote « scandaleux ». Les commissaires européens à l’environnement, Janez Potocnik, et à la pêche, Maria Damanaki, se sont déclarés « déçus ». « L’UE reste déterminée à préserver le thon rouge et attend de l’Iccat qu’elle prenne ses responsabilités », ont-ils ajouté.

– LeMonde du 30 mars : L’Union européenne envisage d’ajouter, d’ici à 2012, de nouveaux produits à la liste des substances chimiques très dangereuses, qui en compte actuellement 29. « Nous allons commencer notre travail sur 106 substances identifiées par les Etats membres comme étant de la plus haute priorité », indique le commissaire européen à l’environnement, Janez Potocnik.

– LeMonde du 1er juillet 2010 : Janez Potocnik appelle à adopter une taxe carbone au sein de l’Union.

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agir en banlieue pour l’écologie

Notre blog est critique par rapport au fonctionnement de la société thermo-industrielle. Cela ne suffit pas. Nous sommes donc heureux chaque fois qu’une action en faveur de la biosphère est en cours. Ainsi ce  témoignage : « Je suis administrateur de l’association Unis-cité Ile-de-France qui fait depuis 15 ans du service civique ; je suis en charge plus spécifiquement de suivre le programme Médiaterre ; ce programme consiste pour des volontaires du service civique, à apprendre des éco-gestes aux familles défavorisées de grandes barres de la région parisienne ; plus prosaïquement à apprendre à  consommer moins d’énergie, moins d’eau et à produire moins de déchets et de les trier (de la vraie décroissance). Les réactions des bénéficiaires du programme (des familles pauvres) sont extrêmement positives. Elles témoignent et avancent trois arguments concrets :

– on consomme moins d’électricité soit une économie de 15 €/mois sur la facture d’électricité,

– un lien social nouveau s’est établi entre les jeunes volontaires qui se sentent utiles et les familles isolées en difficulté matérielle,

– on protège l’environnement ; la conscience est là mais le passage à l’acte est difficile. »

Vous avez entre 18 et 25 ans et vous avez envie d’être utile? Unis-Cité vous propose de vous engager à temps plein dans ces actions d’utilité collective : http://www.uniscite.fr/ Vous pouvez en savoir plus avec la lecture du Monde du 30 juin : les Médiaterre, passeurs d’écologie dans les quartiers populaires.

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les syndicats et la croissance verte

Il paraît que la CSI se convertit à la croissance verte ! La CSI, Confédérations syndicale internationale, ce n’est pas moins de 311 organisations de travailleurs représentant 168 millions de membres dans 155 pays. Mais avec le congrès de la CSI, nous retrouvons la fausse opposition emploi-écologie. La croissance et l’emploi à tout prix ne peut plus être un argument pour s’opposer à une évolution inéluctable. Dans les Asturies, le mines de charbon employaient 45 000 personnes. Aujourd’hui, il ne reste que 6 500 mineurs et il a été impossible de trouver des activités de remplacement (LeMonde du 29 juin). Les syndicats devraient donc se poser la question de la durabilité d’une civilisation minière qui a détruit en deux siècles presque toutes les matières premières non renouvelables. Ce n’est pas le travail ou le capital, c’est d’abord la profusion des énergies fossiles qui a été capable d’engendrer d’énormes richesses au XXe siècle, donc la croissance, les salaires et l’emploi. Les syndicats veulent encore croire que la croissance est encore possible dans un monde non seulement fini, mais dans lequel les ressources naturelles de la terre, de la mer et du sous-sol sont en voie d’épuisement. Les syndicats doivent réfléchir davantage. Les économistes officiels répètent à satiété que le coût de l’énergie dans le PIB est d’environ 5 %, et que de cette façon nous n’avons pas à nous inquiéter, la croissance reviendra. Mais si l’on soustrayait ces 5 % de l’économie, les 95 % restants n’existeraient plus.

                La dégradation de l’environnement aggrave déjà  la situation des nombreux travailleurs et les guerres du climat sont en train de poindre. Quand les gens ont faim, ils prennent n’importe quel boulot et ils ne se syndiquent plus ! Si les syndicats veulent penser l’économie de demain, ils ont encore beaucoup de progrès à faire. Nous leur répétons l’axe principal de la réflexion : il faut considérer que l’emploi durable et les contraintes écologiques sont intimement liées. Les préoccupations en matière de travail, de salaires et de conditions de travail ne sont ni premières, ni secondes ; elles sont irréductiblement rattachées aux conditions écologiques qui font la pérennité ou non des emplois possibles.

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le bonheur national brut quitte le Bhoutan

Nous avons depuis longtemps oublié le sens du bonheur national brut (BNB) pour nous jeter dans l’impasse du Produit Intérieur Brut (PIB). Le bonheur, c’est l’art de la frugalité heureuse, c’est une communauté réduite et solidaire, c’est une souveraineté énergétique et alimentaire territorialisée, c’est l’inverse de ce que pratique une société thermo-industrielle qui s’est mondialisée. Le Bhoutan pouvait encore échapper aux diktats d’une société consumériste dilapidant les ressources naturelles. La télévision n’avait été introduite qu’en 1999, la capitale Thimphu (50 000 habitants) n’avait ni feu rouge, ni ascenseurs, le tourisme était endigué. Le Bhoutan avait même adopté le principe du BNB lors d’une tribune prononcée par son roi devant les Nations unies en 1972 : gouvernance responsable, conservation d’une culture traditionnelle, sauvegarde de l’environnement et utilisation durable des ressources. Malheureusement le quatrième principe, « croissance et développement économiques » ne pouvait que démolir rapidement les principes précédents : il faut augmenter le PIB en imitant un modèle occidental qui est en train de faire faillite. Ce n’est pas parce que le Bhoutan a fixé le visa touristique à 200 dollars par jour qu’il se protège de personnes qui sont loin d’être des ethnologues et qui ne respectent pas les mœurs du lieu où ils arrivent. Une production d’énergie renouvelable, à base hydroélectrique, se trouve confronté au réchauffement climatique mondial et à la fonte des glaciers, ce qui rend le débit des fleuves irréguliers. L’acceptation de l’aide internationale met à mal l’objectif d’autosuffisance. (LeMonde du 22 juin).

Le Bhoutan est donc sur la mauvaise voie. Les « progressistes » pensent dorénavant qu’il faut voir le monde extérieur et se frotter à ses défis, c’est-à-dire qu’il faut perdre son âme. Les candidates à « Miss Bhoutan », le premier concours de beauté jamais organisé dans ce petit royaume de l’Himalaya, étaient nombreuses. A la télévision, on a déjà assisté à la première émission de « Bhutan idol », version locale de « Star Academy ». Tout est possible dorénavant, on a construit un stade et la route nationale est élargie ; on importe des travailleurs immigrés et on laisse l’Inde financer jusqu’à 70 % du budget national.

Le Bhoutan a cédé aux ravissements de la société occidentalisée et même aux vertiges de l’éducation scolaire. En conséquence le contact avec la Nature et les rapports de proximité vont disparaître à la vitesse d’une voiture : la Biosphère ne peut plus être tranquille, même sur les bords de l’Himalaya.

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