écologie appliquée

René Dumont, président

            La médiatrice Véronique Maurus retrace ce que proposent les lecteurs pour sauver notre quotidien préféré (LeMonde du 5.05.2008). Il y a ceux qui sont pour un journal plus dense, d’autres pour un journal exhaustif, ceux qui veulent des explications, ceux qui privilégient les faits… La formule miracle n’existe pas ! Moi je propose que soit mis en évidence la vraie information, celle qui nous ouvre des perspectives d’avenir. Ainsi ce 5 mai Le Monde aurait-il du fêter comme il se doit  l’échec de René Dumont aux présidentielles françaises de 1974.

Au premier tour le candidat écologiste René Dumont a obtenu le 5 mai 1974, 1,32 % des suffrages exprimés. Dans son article de la Gueule ouverte (mensuel, juin 1974), intitulé sobrement « mouvement inéluctable », le militant aux Amis de la Terre Roland Miller estimait que « le rassemblement créé par la campagne pour René Dumont doit survivre, le mouvement écologique doit s’organiser et s’interdire les exclusives extrémistes et les excommunications dérisoires que caractérisent tant de mouvements contestataires. » Son analyse de fond reste toujours d’actualité trente-quatre ans plus tard :

« Il faut vraiment être un banquier, un technocrate ou un président de la république pour affirmer que seule la croissance économique pourra financer la justice sociale et la protection de l’environnement. Nous devons nous battre contre cette illusion impardonnable, cette profonde perversion de la pensée qui consiste à faire de la politique de l’environnement un moteur de la croissance économique. En l’absence de la volonté de s’attaquer aux véritables causes de la dégradation de l’environnement, celle-ci ne peut que se poursuivre. La croissance illimitée ne repose pas seulement sur une recherche aveugle du profit capitaliste, elle dépend également d’une volonté de puissance profondément ancrée dans la mentalité collective de nos sociétés occidentales judéo-chrétiennes et conquérantes. L’écologie, dont le caractère global et synthétique en fait une science subversive, doit inspirer un mouvement de résistance à la société industrielle, et finalement une véritable contre-société décentralisée, autogérée et pluraliste. Le mouvement écologique doit souligner deux orientations essentielles : les changements de mentalité et les changements de style de vie. »

 Trente-quatre ans plus tard ou trente-quatre ans trop tard ? Si les médias faisaient vraiment leur travail de formation, la Biosphère pourrait être sauvée.

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que savoir ?

            La France vient d’expliciter le « socle commun des connaissances » dans le primaire, par exemple connaître sur le bout des doigts le plus-que parfait, le futur antérieur et le subjonctif présent au CM2 (LeMonde du 30.04.2008). La conjugaison au passé antérieur ou au subjonctif présent est reportée au collège… Ouf ! Mais tout cela ne nous indique en rien ce que serait être un socle commun pour les enfants du XXIe siècle. En fait nous avons été trop loin dans le formatages des cerveaux enfantins, en fait nous sommes passés à côté de l’essentiel.

Oublions le cardinal de Richelieu pour qui apprendre à lire, écrire et compter « remplit le pays de chicaneurs propres à ruiner les familles et troubler l’ordre public, plutôt qu’à procurer aucun bien ». Mais une école primaire qui impose des valeurs éloignées du monde réel constitue un vrai danger : elle transforme les enfants en adeptes d’une société thermo-industrielle qui va s’effondrer. Les sept savoirs nécessaires pour l’éducation du futur ont déjà été définis par l’Unesco : éducation à la compréhension mutuelle entre les humains, éthique, enseignement des incertitudes et capacité à situer ses connaissances dans un contexte ; la personnalité de chacun doit aussi pouvoir se développer dans le respect des principes démocratiques et dans la recherche de la convivialité. Je rajoute que  l’idée de sauvegarde de la planète et de respect de la nature (cf. Déclaration de principes du Parti socialiste) est aussi nécessaire à l’épanouissement des enfants que les règles qui président à la bonne entente entre les humains.

 Il ne s’agit donc pas simplement d’apprendre à lire, écrire et compter, les trois conditions nécessaires à l’expansion de la société marchande, mais de façon plus complexe à savoir vivre en harmonie. Cette harmonie ne peut être complète que si les êtres humains acquièrent le sentiment de vivre une communauté de destin avec la Biosphère. D’ailleurs la notion d’écosystème peut tout aussi bien se comprendre en observant une mare ou un marigot. Le savoir, c’est connaître les conditions élémentaires de l’hygiène et l’utilisation rationnelle de l’eau, c’est valoriser la culture locale, c’est apprendre à vivre en équilibre avec autrui et la Nature.

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capitalisme moribond

Le capitalisme n’est plus en voie de développement, mais en voie d’achèvement, il est en train de s’autodétruire.

Je suis donc personnellement un adepte de la pédagogie de la catastrophe… pour que ce ne soit pas la catastrophe qui nous serve de pédagogie. Cette vision de la pédagogie n’est pas très appréciée. Ainsi un responsable académique  de l’éducation au développement durable pouvait m’écrire publiquement il y a deux ou trois ans : « La notion de « pédagogie de la catastrophe »  est totalement contraire à la circulaire de juillet 2004 (consultable sur le site académique : www.ac-poitiers.fr/daac rubrique EEDD) et dont je vous remets un extrait ci-dessous : « La prise de conscience des questions environnementales, économiques, socioculturelles doit, sans catastrophisme mais avec lucidité, aider les élèves à mieux percevoir l’interdépendance des sociétés humaines avec l’ensemble du système planétaire et la nécessité pour tous d’adopter des comportements propices à la gestion durable de celui-ci ainsi qu’au développement d’une solidarité mondiale. »

Il ne m’était pas difficile de répondre ainsi : Bien reçu tes précisons sur le catastrophisme. Mais à mon sens, ce n’est pas faire du catastrophisme (termes du texte officiel) que de montrer la réalité aux jeunes que nous éduquons (épuisement des ressources fossiles, choc climatique, stress hydrique, perte de biodiversité… sans compter le poids des dettes que nous léguons en France aux générations futures).C’est pourquoi je continue de penser (avec des connaissances très précises sur la question, pas seulement environnementales, mais aussi économiques, sociales et politiques) que malheureusement la catastrophe va bientôt sonner à notre porte parce que nous aurons été trop mous pour envisager notre avenir proche et lointain.

 Aujourd’hui LeMonde du 29.04.2008 (supplément économie) confirme mon point de vue et intitule un dossier de 8 pages : « Le XXIe siècle face à un choc d’une nature exceptionnelle ». L’introduction indique que l’avalanche des mauvaises nouvelles traduit la simultanéité de crises de nature et d’origine différentes et leurs interactions.  La crise globale, que j’aime appeler « la crise ultime », possède des aspects à la fois financiers, monétaires, économiques, alimentaires, énergétiques et écologiques. On commence à se souvenir des pronostics du Club de Rome en 1972 sur les limites de la croissance. Ce qui était à l’époque mon livre de chevet va dorénavant nourrir les cauchemars de tous ces politiques qui nous ont mal gouvernés jusqu’à aujourd’hui.

Plus dure sera la chute si nous ne voulons pas voir venir à la catastrophe. Mais certains économistes enfermés dans leurs certitudes se rassurent encore : « Nous n’affrontons pas pour le moment de crise radicale »…

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si j’étais Président

Si j’étais président en France, mon mandat sera placé sous le signe de la rupture. Une véritable rupture. Une rupture bien plus profonde que lors des nationalisations de 1981 ou de la réforme des retraites. Je parlerais des caisses vides de l’Etat et des richesses de la Biosphère qui ont été dilapidées. Je n’esquiverais pas le problème du pouvoir d’achat, oui l’inflation va augmenter et les salaires diminuer, il faudra se serrer la ceinture, surtout les plus riches bien évidemment. Bolloré n’aura plus de yacht et les bénéfices de la spéculation seront confisqués. Je rappellerais que le réchauffement climatique coûtera dans les prochaines années 5 500 milliards d’euros à l’économie mondiale et provoquera une récession comparable à celle des années 1930. Je martèlerais que « le temps est à la révolution, la révolution des consciences, la révolution de l’économie, la révolution de l’action politique. La planète souffre, la nature souffre, nous sommes au seuil de l’irréversible, il faut se battre pour faire entendre l’urgence environnementale, l’urgence gouvernementale ». (discours de Jacques Chirac, encore président de la France, lors de l’ouverture le 2 février 2007 de la Conférence de Paris pour une gouvernance écologique mondiale).

La rupture sera radicale car nous avons radicalement changé la relation entre l’Homme et la Terre. D’ici 45 ans, nous allons passer de 6 à 8 milliards d’individus. Précédemment, il a fallu 10 000 générations pour atteindre une population humaine de 2 milliards. De plus la puissance des nouvelles technologies a démultiplié l’impact que chaque individu peut avoir sur le monde naturel. Troisièmement, notre concentration obsessionnelle sur la pensée à court terme (individus, marchés, agendas politiques) nous a menés à exclure systématiquement de nos décisions la considération des conséquences à long terme de nos actes. Les résultats sont dévastateurs, ce n’est plus une relation entre notre espèce et la Biosphère, c’est une collision. Nous, habitants du monde industrialisé, disposons maintenant de la capacité à protéger la majorité d’entre nous des maladies, de la famine et des migrations forcées. Mais nous nous protégeons en brûlant toujours plus de combustibles fossiles, et en produisant davantage de gaz carbonique. Tandis que nous poursuivons notre expansion dans toutes les niches écologiques concevables, la fragilité de notre propre civilisation devient tous  les jours  plus manifeste. (je recopie un discours de l’ex-futur président Al Gore)

 Si j’étais Président en France, je ne tiendrais pas les discours soporifiques de Nicolas Sarkozy, il n’y aurait pas d’agitation perpétuelle cherchant sa cohérence dans la parole (éditorial du Monde, 25.04.2008). En effet un Président n’est qu’une personne parmi toutes les autres personnes, c’est à chacun de prendre ses responsabilités. Je montrerais que chacun devra prendre en main son destin en travaillant moins pour gagner moins et vivre mieux.

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le PS, écolo ?

C’est la cinquième fois depuis 1905 que le parti socialiste redéfinissait ses bases idéologiques. Il pond un texte, intitulé sobrement « Déclaration de principes », qui dure donc vingt ans en moyenne (LeMonde du 22.04.2008). En matière d’écologie, il fait de nets progrès, mais il a encore beaucoup de retard à rattraper. Il n’est pas encore venu le jour où le PS deviendrait « le premier parti écologiste de France » (L.Fabius, LeMonde du 7.01.2003). Pesons le pour et le contre :

 1) le PS, pour l’écologie

            Le but de l’action socialiste est la sauvegarde de la planète (article 1) ; Aux injustices et aux violence du monde, l’idée socialiste oppose un engagement pour une humanité respectueuse de la nature (article 2) ; Les finalités du socialisme démocratique, l’émancipation humaine, portent pleinement la volonté de préserver notre planète aujourd’hui menacée, de protéger et de renouveler les ressources naturelles, de promouvoir la qualité de l’environnement. Cette nécessité demande des réponses qui ne privilégient pas la rentabilité immédiate, concilient le développement et l’écosystème. (article 3) ; Les socialistes veulent mettre les avancées scientifiques et technologiques au service des hommes et de la planète. Le mérite du principe de précaution est de permettre de faire des choix collectifs, à travers l’arbitrage des choix politiques, qui subordonnent l’acceptabilité des risques, inséparables du développement de la science, à l’utilité des innovations et à la légitimité de leur utilisation (article 4) ; Les socialistes sont partisans d’une économie sociale et écologique de marché régulée par la puissance publique. Ils pensent que les politiques participant aux enjeux environnementaux doivent être coordonnées par la puissance publique, garante du long terme et de l’intérêt général (article 6)

 2) Le PS, contre l’écologie

            Le développement durable doit permettre de répondre aux besoins du présent, sans compromettre l’avenir des générations futures (article 3) ; Les socialistes défendent un modèle de développement durable qui conjugue la croissance, l’innovation technologique, l’impératif écologique, la création d’emplois (article 7) ; Lutter pour le codéveloppement correspond à la vocation internationaliste des socialistes (article 9) ; La volonté des socialistes et  de contribuer à faire de la France un pays ouvert, oeuvrant pour le développement durable (article 10) ; Pour les socialistes, l’Union européenne doit avoir pour mission, par ses politiques communes, de favoriser une croissance forte et durable (article 17) ; Le Parti socialiste est un parti internationaliste. Il agit pour le développement des pays du Sud (article 18).

 Conclusion-devinette : pourquoi donc le développement serait-il contraire à l’impératif écologique ?

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NKM contre UMP

Nathalie Kosciusko-Morizet a osé contrer le concours de lâcheté, elle a provoqué une crise de nerfs de l’UMP, on lui demande plus de solidarité, elle s’est couchée, l’incident est clos. Ce n’est pas la première fois qu’un ministre de l’environnement, seul contre tous, doive manger son chapeau. Rappelons-nous la nomination en mars 2004 de quelqu’un de vertueux en matière d’écologie, Serge Lepeltier : il a été tout de suite invalidé par ses amis de droite.

Quand le ministre de l’écologie proposait de relancer la taxe azote pour étayer une véritable loi sur l’eau, le ministre de l’agriculture H.Gaymard se contentait de dire que l’agriculture n’était pas en mesure de supporter un prélèvement supplémentaire. Quand le ministre de l’écologie annonçait publiquement la mise en place d’un système bonus-malus à l’achat de voitures neuves  destiné à limiter l’effet de serre, il ne trouvait en face de lui que papotage et indifférence de la part des députés UMP. Raffarin contredisait ensuite S.Lepeltier par un arbitrage défavorable : la mesure phare du plan climat était étouffée dans l’œuf. Quand H.Gaymard marquait son opposition aux propositions de la Commission  européenne qui voulait réduire les captures de poissons, J.Chirac se rangeait à ses côtés en réclamant une « vraie étude de fond, scientifique » sur l’état des ressources halieutiques alors que les recherches de l’Ifremer étaient incontestables.

Dans un gouvernement libéral, il n’y a aucune convergence possible entre le ministre de l’écologie et les députés, entre le ministre de l’écologie et celui de l’agriculture ou de l’industrie, entre le ministre de l’écologie et le Premier ministre, entre le ministre de l’écologie et les paroles du Président de la République. Ce que disait Serge Lepeltier dans son allocution de départ reste toujours d’actualité :

« J’ai réalisé que les enjeux environnementaux sont plus considérables qu’on ne le dit et qu’il est urgent de mettre l’environnement au cœur de toute politique. Les décisions qu’on a prises ne sont pas suffisantes, loin de là, mais j’ai dû entrer dans le système existant, et je pense qu’il faut totalement le changer. Mon ministère est un ministère qui dérange, l’empêcheur de tourner en rond. Alors ceux que l’on dérange, les représentants d’intérêts particuliers, ne souhaitent qu’une chose, c’est qu’il n’existe pas. C’est ma crainte. On ne le supprimera pas, c’est impossible politiquement. Mais, sans le dire, on risque de n’en faire qu’une vitrine. »

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maître Nature

La Biosphère n’a rien à redire, LeMonde2 du 5.04.2008 est super. En première page, « La nature va sauver l’industrie » ; le dossier s’intitule même « La nature pour patron ». Il est vrai qu’en comparaison des performances de la nature, le système industriel apparaît primitif : « Depuis des millions d’années, les écosystèmes se perpétuent et se renouvellent. Ils utilisent une énergie solaire abondante, les processus de décomposition transforment les déchets en éléments nutritifs et énergétiques, le recyclage est de règle, l’interdépendance écologique des individus est permanente, l’autorégulation de mise. Ce sont des systèmes stables, résistants et résilients ». C’est pourquoi le dossier présente l’écologie industrielle, une industrie qui veut imiter la nature, comme le paradis sur terre. Mais le diable se niche dans les détails. La Biosphère trouve désastreux l’affirmation suivante du dossier : « La croissance, l’urbanisation, l’industrialisation ne sont pas un mal en soi, comme l’affirment certains Verts ».  Analysons l’urbanisation à partir même d’éléments de ce dossier.

L’étude du métabolisme des villes révèle qu’elles doivent être approvisionnées sans cesse, en produits et en énergie, tout en produisant quantité de déchets. Résultat, ces villes mobilisent de grands territoires pour en tirer des ressources et installer leurs décharges. Ce qui multiplie les transports et les pollutions. Une ville avec zéro émission n’existe pas, c’est intrinsèque à la vie urbaine. En termes d’empreinte écologique, l’impact d’une ville sur les écosystèmes est donc extrêmement négatif. Les villes « propres » ne peuvent échapper pas à la critique. A Londres, le quartier BedZED réduit sa consommation d’électricité de 25 %. Il est vrai que l’usage d’eau de pluie a tourné court, son filtrage dépensait  trop d’électricité. Les villes sont dépendantes en tout, et particulièrement en maitère d’énergie, celles des centrales thermiques ou des centrales nucléaires. Abu Dhabi voudrait construire la ville d’Al Masdar, une ville « verte » en plein désert. Mais le gouvernement voudrait aussi installer deux réacteurs nucléaires à proximité.

La ville écolo n’existe pas, l’avenir est à la ruralisation.

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l’artisanat vaincra

L’industrie disparaîtra, l’artisanat revivra dans une Biosphère apaisée.

 

Il faut savoir qu’on peut tout faire, mais qu’on ne doit pas tout faire. La véritable liberté est de s’auto-limiter, ce en quoi excelle l’artisanat, alors que l’industrie est une activité qui se veut sans limites. Le boulanger, le tailleur et l’ébéniste transforment des matières qui sont devenues plus ou moins artificielles, mais qui à l’origine  sont naturelles : céréales et eau, drap et peaux, bois. Ces métiers existaient traditionnellement en s’appuyant sur les énergies renouvelables, le soleil, l’eau et le vent.  L’industrie instaure un monde machinal fondé sur l’absence de volonté d’ouvriers soumis aux cadences infernales et sur l’illusion de ressources naturelles illimitées. Aucun objet artisanal n’est absolument identique à un autre, c’est la marque d’une impossibilité positive de reproduction à l’identique. La reproduction clonée des objets industriels nous inquiète parce qu’elle nous renvoie à l’indifférenciation que nous redoutons pour nous-mêmes par rapport à nos semblables. Le mode de production artisanal est la caractéristique des sociétés paysannes et rurales. La société industrielle n’a pas fait disparaître complètement l’artisan, mais elle dévalorise l’intelligence manuelle et relègue ces métiers au plus bas de la hiérarchie des prestiges. Un tel système, reposant sur une énergie volée et sur une organisation démentielle, n’a pas d’avenir.

 

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le syndrome du Titanic : on coule !

Lemonde du 24.01.2008 analyse les subprimes qui font « chavirer les modèles ». Que c’est vrai et si bien dit. Hulot parlait déjà du syndrome du Titanic : on coule !

Nous sommes dans une pliure de l’histoire où il faut changer de civilisation, mais personne ne veut percevoir la clé du futur. On préfère pour le moment courir après les vieilles lunes. Les uns augmentent les taux d’intérêt pour faire face à l’inflation, les autres diminuent le taux directeur pour lutter contre le chômage. Ridicule et billevesées. Nous savons que nous courons droit à la stagflation (stagnation de l’activité économique et forte inflation) qui a déjà sévi après le premier choc pétrolier. La prochaine stagflation s’annonce encore plus terrible et aucun modèle de la théorie économique dominante (libérale ou keynésienne) n’y portera remède.

 Pourtant certains connaissent déjà la solution. Il faut qu’il y ait décroissance de notre vanité humaine, décroissance de notre activité économique, décroissance de notre démographie. Il faut un remède de  cheval et aucun politique ne voudrait appliquer la purge. Alors il nous faudra un choc pétrolier rampant de plus en plus vite, une grosse récession et beaucoup de commissions ad hoc pour nous rendre compte qu’il fallait changer de civilisation… 

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légumes BIO ?

Au printemps 2006 en France, la publicité pour une coopérative de fruits et légumes proposait « des fruits et de légume BIO en toutes saisons. » Les tomates étaient disponibles d’octobre à juin, les tomates cerise toute l’année et les poivrons de décembre à mai. Bien entendu la gamme proposée était composée d’une grande variété de produits non cultivés en France. Peut-on se féliciter de l’aide apportée par la France à des villages africains en leur achetant des mini-haricots verts exportés tout frais par avion ? On oublie ainsi le gaspillage énergétique dont l’équivalent pourrait être utile dans le développement des cultures vivrières locales.

 

La question de la pertinence de la mondialisation du commerce peut d’ailleurs être posée aussi bien pour les nouvelles consommations que pour les processus de production. Pourquoi assembler une voiture en Angleterre en faisant venir des pièces détachées de toute l’Europe avant réexportation. Pourquoi des voitures françaises vont-elles se vendre en Allemagne et des Volkswagen se vendre en France ? Pourquoi des voitures  font-elles tant de kilomètres sur des camions ? Pourquoi des légumes font-ils tant de kilomètres ? Pour le profit !

 

Le libéralisme crée une séparation entre l’activité humaine et les écosystèmes. Cela n’est pas durable. Chacun doit apprendre à vivre avec son biotope particulier. La mondialisation doit rester une ouverture d’esprit, pas un mode de vie.

 

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refus de l’écologie ?

Le numéro 16 (février 1974) de la Gueule ouverte perd non seulement sous sous-titre « le journal qui annonce la fin du monde », mais aussi son label de « mensuel écologique ». Isabelle, celle qui va devenir rédacteur en chef, commence à justifier ce tournant dans le numéro précédent :

 

« Le gâteau est finalement considérablement moins copieux qu’on ne l’imaginait, par contre les dîneurs sont de plus en plus nombreux. Seuls quelques-uns ont le droit de manier le grand couteau pour tailler et distribuer les parts. Ce sont ces quelques-uns qui gèreront la pénurie, en essayant d’en tirer autant de bénéficies que s’ils avaient géré l’abondance ». On est en train, tout doucement, d’habituer les masses à l’idée de restriction. Ce que les écologues n’étaient pas arrivés à faire entendre en parlant sagesse, à savoir : ralentissement de la consommation folle, les économistes vont l’obtenir. Pour avoir la bagnole, c’est facile, sois raisonnable, roule moins vite, pas tous les jours… Accepte sans broncher que l’électricité soit fournie par des centrales nucléaires, c’est tout simple, tu vois… On va pouvoir nous faire tout avaler, struggle for life, chacun pour soi mais tous pour la Société Moderne. Restriction de ceci, consommation de cela, racisme, délation, polices privées, on peut tout imaginer. On a des références et des souvenirs. Les écologues n’ont pas ouvert leur gueule assez tôt ni assez fort. »

 

Dans son édito du n° 17, Isabelle devient encore plus explicite : « Rédactrice en chef que me voici devenue, je commence par prendre une initiative : suppression du sous-titre mensuel écologique. Prise de distance avec une image débile de l’écologie, celle que donne certains doux farfelus qui prêtent le flanc à toutes les critiques. Erreur de prendre comme postulats de soi-disant règles inscrites dans une Nature mythique. Que d’aucuns passent agréablement (si aucun fascisme ne vient briser leur idylle) leur vie à se conforter en communauté, n’ayant d’autre souci que la pureté de leurs petits intestins ou la contemplation extatique du coucher du soleil sur le mille-pertuis de la dernière colline non polluée qu’ils ont trouvé, si ça les amuse, je n’ai rien contre. Mais je n’ai pas envie de me casser le chose à faire un journal avec leurs états d’âme. (…) Il n’y a pas de réponse politique ou scientifique  toute prête aux questions que pose la crise actuelle de civilisation, il n’y a pas de réponse écologique définissable. Il nous faut chercher dans toutes les directions, un journal écologique devrait éviter la segmentation, sans étiquette. »

 

Isabelle annonçait ainsi la suspension temporaire de l’écologie, elle est en phase avec l’époque. Entre le 1er sommet de la Terre à Stockholm (1972) et le deuxième sommet à Rio de Janeiro (1992), nous avons attendu 20 ans sans rien faire, moi compris. Que de temps perdu pour la sauvegarde de la Biosphère alors que les coups de gueule de Pierre Fournier et des écologues restent toujours d’actualité en 2007, 2008, 2009… 

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la pub rend con

Toujours d’actualité, le numéro 7 du mensuel la Gueule ouverte, le journal qui annonce la fin du monde (mai 1973) : « La publicité nous prend pour des cons – La publicité nous rend cons ». Développement :

« La publicité est un monstre doux qui, par effraction séductrice, pénètre dans nos cerveaux, brouille sans douleur nos circuits intimes, hérisse de sondes nos profondeurs. Pourtant, quand Emile de Girardin accepte l’insertion d’annonces payantes le 29 avril 1845, elles doivent être selon ses propres termes franches et concises : « La publicité  se réduit à dire : dans telle rue, à tel numéro, on vend telle chose à tel prix ». Un révolutionnaire raisonnable pourrait exiger, aujourd’hui, la stricte application de ce précepte-là.

 Après plus d’un siècle de maturation, voici ce qu’il en est devenu : « Publicité, art d’exercer une action psychologique sur le public à des fins commerciales » (dictionnaire Robert). Autrement dit la même définition que celle du mot démagogie : « Politique par laquelle on flatte la multitude pour gagner et exploiter ses faveurs ». Le publiciste est donc, strictement, un démagogue professionnel. Prétendre que l’information soit le souci premier des publicistes est une farce triste. Qui sont ces professionnels ? Des psychosociologues. Pour quoi faire ? Pour imposer à l’homme des notions qu’il ne sollicite pas, et vis-à-vis desquelles il n’a aucune raison d’être bien disposé. Assurément, on s’achemine vers le décervelage total. Les techniciens de la vente plongent tous les jours leurs mains pleines de doigts dans nos inconscients et les endorment, les dépiautent, les programment à leur manière. Ils ont découvert un certain nombre de tendances à encourager : « Le besoin de certitude, le goût du moindre effort, l’envie, la vanité, le snobisme, le désir sexuel » – bref, tout ce qui peut encourager les gens à courir les chemins du crétinisme.

Alors, que faire ? Il faudra inventer des moyens d’action, arrêter tout et réfléchir sans tristesse, ouvrir la boîte à idées. Tiens, voilà : je l’ouvre. » (Henri Gougaud)

 Depuis les  défenseurs de la Biosphère savent ce qu’il faut faire, casser la pub 

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in memoriam

Noël, en s’en fout. Par contre Pierre Fournier est mort brutalement d’une crise cardiaque, au bout de trois numéros de la Gueule ouverte le 15 février 1973 ; il avait trente-cinq ans. Ca, c’est important. Voici le salut de ceux qui restent (n° 5, mars 1973) :

 

« Ca t’aurait fait rigoler, mais le jour où tu nous as laissés dans la merde, tous les journaux titraient sur le rapt d’un maréchal plein d’asticots, et la mort édifiante à 82 ans, dans son lit s’il vous plaît, d’un honorable gangster de la mafia. Comme quoi le monde marche de plus en plus vite sur la tête et c’est pas encore fini. Dans les manifs, tu expliquais sans jamais te fâcher toujours les mêmes trucs : « La révolution est d’abord spirituelle, individuelle, personnelle, affective, etc., et c’est en vous libérant que vous donnerez aux autres l’envie d’en faire autant ». Tu as trouvé le chalet de ton enfance en Savoie, une merveille sans évier, sans chauffage et sans moquette que le vieux paysan vendait pour permettre à ses fils, nouveaux banlieusards, de se payer le coquet pavillon de leurs rêves. Comme tu nous disais : « J’avais l’impression de lui voler sa vie en lui signant un chèque. »

 

Oui, c’est pas simple de comprendre avant tout le monde et de nager à contre-courant. Quand viendra l’an 01, les gens discuteront enfin leur vie dans les rues et y’en a sûrement qui voudront t’élever une statue à toi aussi. Et toi tu diras une nouvelle fois : « Ah les cons, ils ont toujours rien  compris ! ».

 

Mais le plus con pour la Biosphère, c’est que Pierre ne verra pas la fin du monde… 

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la fin du monde

La Gueule ouverte, mensuel écologique qui annonce la fin du monde, apparaît pour la première fois en novembre 1972 (3F50). Voici un résumé du premier éditorial, signé par Pierre Fournier :

 

« La GUEULE OUVERTE est virtuellement née le 28 avril 1969. J’étais dessinateur et chroniqueur à Hara-Kiri hebdo, payé pour faire de la subversion et lassé de subvertir des thèmes à mes yeux rebattus, attendus, désamorcés à l’avance. Prenant mon courage à deux mains, j’osai parler d’écologie à des gauchistes. Permettez que je me cite : « Pendant qu’on nous amuse avec des guerres et des révolutions qui s’engendrent les unes les autres en répétant toujours la même chose, l’homme est en train, à force d’exploitation technologique incontrôlée, de rendre la terre inhabitable, non seulement pour lui  mais pour toutes les formes de vie supérieures. Le paradis concentrationnaire qui s’esquisse et que nous promettent ces cons de technocrates ne verra jamais le jour parce que leur ignorance et leur mépris des contingences biologiques le tueront dans l’œuf. La catastrophe, beaucoup plus prochaine que vous ne l’imaginez, ne pourrait être évitée que par une réforme des habitudes mentales encore plus radicale encore que celle jadis opérée par les rédacteurs de la Grande Encyclopédie. »

 

Pierre Fournier poursuit : « La grande fête à Bugey (ndlr, manif autour d’une usine atomique) fut un révélateur. Tout nous semble avoir concouru à sa réussite : l’ordre et le désordre, le refus des discours, le refus de la violence et le refus du spectacle, le nudisme ingénu, le partage et la rencontre. Tout y était en germe. Le si-in de six semaines, face à l’usine, à ses esclaves et à ses victimes, enracina chez les participants à l’action le besoin irrépressible de CHANGER LA VIE. Après Bugey, mes deux pages hebdomadaires ne pouvaient suffire. Nous sommes conscients qu’un journal est une solution de compromis et qu’il risque, du seul fait qu’il existe, de démobiliser. Nous sommes conscients des contradictions quotidiennes dans lesquelles nous enfonce le journalisme professionnel. A peine sorti le premier numéro, voici que nous assaille la tentation de tout remettre en cause, de pousser plus loin, beaucoup plus loin que d’autres, un désengagement, tentation de se consacrer, enfin, à couper notre bois, à faire notre pain, à retourner à l’homme des bois : la disproportion des forces en présence impose, à qui refuse l’inéluctable, une radicalité sans cesse plus affirmée. Nous ne savons pas où nous allons. »

 

La Gueule ouverte est morte avec l’avènement du socialisme à la sauce Mitterrand ! Mais Pierre Fournier est mort bien avant, brutalement, à l’âge de trente-cinq ans, au bout de trois numéros, le 15 février 1973. La lecture de ses textes, trente-quatre ans plus tard, reste d’une lucidité et d’une intelligence remarquables. A sa mémoire, la Biosphère reconnaissante… 

NB : Tous les articles pour la Biosphère sont archivés et classés sur Internet,

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Hervé-René Martin

Le site biosphere répertorie un grand nombre de livres dans sa rubrique « Bibliothèque de la Biosphère ». La plupart sont résumés, on peut y accéder en cliquant sur le titre d’un livre dans http://biosphere.ouvaton.org/index.php?option=com_content&view=section&layout=blog&id=6&Itemid=54.

Voici par exemple quelques citations  pour te donner envie de lire l’Eloge de la simplicité volontaire d’Hervé-René Martin :

 

Nul doute que ceux qui n’auront pas oublié que l’effort, la souffrance, la maladie et la mort font partie intégrante de l’existence au même titre que la joie de vivre déclinée sous toutes ses formes seront autrement mieux armés pour affronter les rigueurs nouvelles que ceux élevés aux modélisations informatiques (page 36).

 

« L’objectif affirmé de Porsche est de réduire au minimum les effets préjudiciables à l’environnement et de soutenir les efforts internationaux visant à réduire les problèmes écologiques globaux. » Ce n’est qu’une déclaration d’intention  (p.44) !

 

Laurence Summers, vice-président de la Banque mondiale : « J’ai toujours pensé que les pays sous-peuplés d’Afrique sont largement sous-pollués : la qualité de l’air y est d’un niveau inutilement élevé par rapport à Los Angeles ou Mexico (46). » 

 

Lorsque nous échangeons une heure de notre labeur contre un produit dont la fabrication en nécessite dix, nous en volons neuf à quelqu’un. C’est une estimation très loin du compte : il faut 300 ans à un producteur de café colombien pour gagner l’équivalent du revenu médian français (64).

 

La civilisation n’a rien changé aux fins, seulement aux moyens, on ne chasse plus l’autre à coups de gourdins, mais de billets de banque. Le résultat reste le même (72).

 

Nous avons beaucoup plus à apprendre de la germination d’une plante que d’un voyage sur la Lune (104).

 

Le développement industriel dopé par l’usage d’une énergie bon marché n’aura duré que peu de temps. Les mots retrouveront bientôt leur véritable valeur que la société du superflu leur a fait perdre (196).

 

Jadis je marchais vite, roulais vite, lisais vite, aimais vite, et mal. M’éloignant de la civilisation, j’apprends la lenteur (247).

 

La Terre rencontre une planète qu’elle n’avait pas vue depuis longtemps : « Tu as bien pâle mine, lui dit celle-ci. – Je suis malade, dit la Terre, j’ai attrapé l’humanité. – Oh ! Ne t’inquiète pas, la rassure l’autre, je l’ai eue moi aussi, ça passe tout seul (236). »

 

Hervé-René pense en conclusion que si nous n’avons pas la sagesse d’apprendre à nous passer de ce qui encombre l’existence, la nature (la Biosphère ?) se chargera avec rudesse de nous l’enseigner.

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Grenelle-citoyen

Comment mettre le citoyen au centre d’une politique environnementale ? Tel était l’enjeu en France du Grenelle de l’environnement. On propose d’institutionnaliser les associations écologiques en leur donnant des sièges au Conseil économique et social. Mais certains pensent à juste titre que la parole des experts est insuffisante, mieux vaudrait instaurer des conférences citoyenne dites « de consensus » comme cela se pratique dans les pays scandinaves. La France a  tenté une seule fois l’expérience en 1998, sur les organismes génétiquement modifiés, mais sans la mener à terme. Pour arriver à un consensus, il faut pendant des semaines prendre en charge (hôtel, revenu de substitution…) quelques citoyens afin qu’ils puissent formuler un avis en prenant en compte tous les paramètres possibles. Mais cela présuppose aussi que leur avis aura force de loi, que les politiques s’empresseront d’entériner une décision qui fasse la synthèse entre tous les arguments, que les lobbies agro-industriels ne tentent pas de dénaturer le processus de décision, que l’ensemble des citoyens acceptent la mise en application d’une politique définie par quelques-uns seulement…

 

La révolution écologique a encore un long chemin à parcourir, chemin jalonné par des catastrophes multiples dans une Biosphère qui a été trop dénaturée par notre société thermo-industrielle. 

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Grenelle/entreprises

Lors du Grenelle de l’environnement, les représentants du monde de l’entreprise ont senti le vent du boulet et sont restés sur la défensive. Ainsi Marc-Antoine Troletti, président de la fédération régionale (Normandie) des travaux publics : « Ce débat suscite chez nous la crainte que le monde de l’entreprise soit marginalisé. »

 

La pensée dominante pense que l’entreprise permet d’économiser les coûts de transaction, mais presque personne ne considère vraiment les externalités négatives, celles qui ne sont pas supportés par l’entreprise. Alors l’entreprise entraîne ses travailleurs, ses clients et les réseaux de distribution dans une course folle vers nulle part, mais surtout elle met en péril l’équilibre de la Biosphère. Le niveau de pression des entreprises sur le biotope (épuisement des ressources, perte de la biodiversité, accumulation des déchets…) est à un tel niveau que plus rien n’est maîtrisé si ce n’est dans l’urgence et le court terme. Alors les risques ne se partagent plus, ils s’additionnent et la gestion devient trop complexe. L’Etat ne fait que retarder l’inéluctable, il réglemente la gestion des risques sociaux, élimine une part de l’imprévisible, essaye de réguler les marchés.

 

La solution essentielle consiste à témoigner de la non-pérennité de l’entreprise elle-même. L’entreprise écologiquement propre, c’est l’entreprise qui disparaît ou qui reste artisanale.

 

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Susan George

Résumé de la pensée de Susan George, une personnalité de l’association Attac-France :

 

« Les économistes voient dans l’économie un système total auquel tout est subordonné, y compris la nature. Or quiconque ayant des connaissances en matière d’analyse de systèmes sait que les règles d’un sous-système ne peuvent régir celles du système auquel il appartient. C’est sans doute pourquoi il est si difficile de convaincre la plupart des économistes qui ne peuvent admettre que la biosphère est le système total dont l’économie humaine n’est qu’un sous-système. Pour les économistes, l’espace naturel est réduit à une source de matières premières et à un site où l’on rejette les déchets. De plus le temps du marché est à l’opposé du temps naturel, on ne peut accélérer la nature. Dans le marché, le rapide dévore le lent, on fait agir plus vite la force de travail, on fait croître plus vite plantes et animaux. Les économistes ne croient pas aux limites naturelles. Leur solution serait davantage de croissance économique, mais plus nous devenons riches, plus nous devons consacrer de ressources à la remise en état du milieu et de son nettoyage. La croissance n’est donc pas la solution, elle est le problème.

 

L’écologie place la coopération entre les individus et la nature au centre de nos choix. L’approche selon laquelle l’économie globale se fonde sur la guerre de tous contre tous ne peut que conduire à un désastre collectif. Nous sommes échoués entre un passé vers lequel nous ne pouvons retourner et un avenir fondé sur les règles brutales et sinistres de l’accumulation maximale de marchandises. La réponse n’est pas de courir au plus vite vers cet avenir effrayant, mais de s’arrêter. Reste la question cruciale : comment mettre un terme à la destruction écologique et arrêter ceux qui, actuellement, en sont les principaux responsables ? Pour cela, il ne faudra pas moins que ce que les idéalistes naïfs et les utopistes ont toujours appelé une révolution. »

 

Les politiques qui ne comprennent pas cette analyse ne doivent pas être élus, les économistes qui continuent de propager l’idéologie de la croissance doivent être condamnés.

 

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L’après-Grenelle

Question à Roland Lehoucq, astrophysicien : Quelle avancée attendez-vous d’une nouvelle politique écologique de la France ?

 

Réponse : « La prise en compte systématique, dans chaque décision politique, d’un fait incontournable : la Terre est un système fini dont notre croissance exponentielle nous fait atteindre les limites beaucoup plus vite que nous l’imaginons. L’humanité est dans la situation d’une colonie de bactéries en culture dont la population et les besoins doublent régulièrement. Insouciante, elle s’imagine que tout va pour le mieux, au prétexte qu’elle n’occupe qu’une faible fraction de la surface de sa boîte. En réalité, dès que la colonie en occupe un huitième, seulement trois temps de doublement lui suffisent pour saturer son espace vital.

 

Aujourd’hui, l’humanité double sa consommation d’énergie tous les trente-cinq ans environ. Son activité rivalise même avec les forces de la nature. Mais le compte à rebours commencé au début de l’ère industrielle est en train de s’achever. Pour que l’expérience humaine perdure, il faut prendre conscience de notre situation et agir en conséquence. Nous n’aurons pas raison contre les lois de la nature. »

 

Pour cet astrophysicien, le Grenelle de l’environnement n’est donc pas allé assez loin. Puisse tous les citoyens, élus ou non, raisonner comme ce valeureux défenseur de la Biosphère !

 

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vertu du négatif

L’ouverture d’esprit d’un tout petit commence véritablement quand il sait dire « non ». Celui qui dit toujours « oui » tombe dans le conformisme et le conservatisme. Ce n’est pas pour rien que le philosophe Alain (L’homme devant l’apparence, 19 janvier 1924) écrivait : « Penser, c’est dire non. Remarquez que le signe du oui est d’un homme qui s’endort ; au contraire le réveil secoue la tête et dit non. Non à quoi ? La pensée combat contre elle-même. Il n’y a pas au monde d’autre combat. Ce qui fait que si le monde me trompe par ses perspectives, ses brouillards, ses chocs détournés, c’est que je consens, c’est que je ne cherche pas autre chose. Et ce qui fait que le tyran est maître de moi, c’est que je le respecte au lieu d’examiner. » L’apport du négatif est d’engendrer une tension avec le positif, de réfuter l’absolu et d’ouvrir sur le doute, de poser l’existence d’un contre-pouvoir.

 

Ce n’est donc pas anodin que le terme « décroissance » soit combattu par les religieux de la croissance et les fondamentalistes de tout bord : ils refusent la contradiction, ils refusent qu’on puisse dire NON au système existant, aux habitudes de pensée, aux fondamentalistes de l’économie libérale. Pourtant le négatif est chargé de positif puisqu’il s’agit de réduire l’impact de l’activisme humain sur la planète, il s’agit d’assurer s’il en est encore possible un avenir plus durable pour les générations futures. L’effet repoussoir du mot décroissance n’existe que par un bourrage de crâne imposé par les médias dominants aux mains des entreprises. Alors que la religion de la croissance occupe 99,99 % de l’espace médiatique, ses thuriféraires accusent les objecteurs de croissance de défendre une logique antidémocratique. Comme si cette idéologie croissanciste ne conduisait pas inéluctablement à l’effondrement de la démocratie !

 

De toute façon la Biosphère, qui ne connaît ni le positif ni le négatif, prendra les mesures nécessaires pour assurer la survie de la biodiversité, avec ou sans l’homme… 

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