effet de serre

infection virale et climatoscepticisme

Un rapport examine les moments clés de la campagne, orchestrée par l’industrie des combustibles fossiles, de déni du dérèglement climatique. Aux États-Unis, les campagnes de désinformation conduites par les industriels du tabac avaient atteint leur apogée alors que la législation sur le tabagisme était sur le point d’être adoptée.

De la même façon, les attaques portées à la science du climat ont amorcé leur essor quand la possibilité de mesures pour lutter contre les changements climatiques s’est dessinée à l’horizon. La différence, c’est qu’aujourd’hui, la propagande est devenue « virale », rendant ainsi ce mouvement diffus, décentralisé et totalement insensible à toute réponse raisonnée.

L’hystérie qui a accompagné la diffusion des courriels piratés des scientifiques de l’université britannique d’East Anglia, à la veille du Sommet de Copenhague, est révélatrice de l’ampleur de ce mouvement et de la volonté des médias à s’en faire l’écho, et ce malgré le manque de preuves scientifiques apportées à l’encontre du Groupe inter. La campagne de déni climatique avait atteint son premier pic en 1997, avec la publication du deuxième Rapport d’évaluation du Groupe intergouvernemental d’études sur le  climat. Mais à l’époque, le mouvement n’était pas encore empoisonné par le venin populiste, Internet n’en étant encore qu’à ses balbutiements.

Le rapport Greenpeace sur les climatosceptiques – et les références – est librement consultable sur :

http://www.rac-f.org/IMG/pdf/climat-de-doute.pdf

 

journalisme complice du climatoscepticisme

Le plan de communication établi par des responsables des géants des énergies fossiles connaît aujourd’hui sa concrétisation : « La victoire sera complète quand les citoyens moyens comprendront les incertitudes de la science climatique et quand la couverture des médias admettra la validité des points de vue qui vont à l’encontre de l’actuelle sagesse conventionnelle en climatologie. » LeMonde fait donc à juste titre une contre-enquête sur le financement du climato-scepticisme (20 avril). Ajoutons à ce dossier ce Résumé d’une Lettre ouverte aux journalistes qui ouvrent leurs colonnes – ou leur antenne – à n’importe qui et n’importe quoi en matière de climat pourvu que ça mousse (Jean-Marc Jancovici, mars 2010)

 

Chers journalistes pas amis,

Certains d’entre vous donnent régulièrement de l’espace à des individus qui expliquent combien la science raisonne de travers en matière de « climatologie », et combien il est urgent de surtout ne rien faire pour limiter les émissions humaines de gaz à effet de serre. Une variante consiste à mettre leurs arguments sur un « pied d’égalité » avec le point de vue « orthodoxe », ce qui laisse penser que chaque éventualité est possible et qu’il appartient au lecteur de juger comme bon lui semble. Celui qui tient les propos les plus ahurissants (Allègre) est aussi celui qui est le plus invité, parce qu’il a la plus grande gueule. Il pourrait affirmer que la Terre est plate, que vous continueriez à l’inviter si il a toujours le même don pour couper la parole à tout le monde et monter sur la table !

Je considère qu’en agissant de la sorte, vous êtes au mieux des inconscients, au pire des irresponsables, et dans tous les cas de figure des menteurs à l’égal des gens à qui vous donnez de l’importance. Lorsque vous invoquez le droit au débat ou à l’information pour relayer sans vous poser plus de questions que cela des Allègre et consorts, vous vous trompez : ce que vous réclamez, c’est le droit à l’imposture. Votre comportement n’est pas plus légitime que si vous demandiez à ce que, après chaque cours dispensé au collège, les élèves aient, au nom de ce droit (au débat), un cours leur exposant exactement l’inverse de ce qu’ils viennent d’entendre. Un prof A indique que la Terre tourne autour du Soleil ? Vite, ouvrons la possibilité pour que les élèves puissent écouter un prof B qui leur dira l’inverse ! Evidemment, le résultat de cette affaire ne sera pas de créer des citoyens plus éclairé, mais un monde plus confus et moins apte à s’organiser.

Si cette polémique conduit à rendre peu crédibles des conclusions scientifiques pourtant robustes sur un problème susceptible de mettre en péril la paix et la démocratie (et la pénurie d’énergie à bon marché ou le changement climatique ont tous les deux cette capacité), alors elle est non seulement illégitime, mais dangereuse pour la société. Un tel comportement contribuera directement à ralentir l’action qui permettrait de faire face aux problèmes identifiés par les experts techniques du sujet, et il est évident que vous porterez une partie non nulle de la responsabilité dans ce qui arrivera. Les bons spécialistes dans votre profession (car il y en a, bien sûr), ceux qui ont honnêtement travaillé leurs dossiers depuis longtemps, ceux qui se sont renseignés, ceux qui ont modestement cherché à comprendre avant de conclure, n’invitent pas d’imposteurs. En face d’un imposteur, ils font leur métier, qui consiste à expliquer pourquoi nous avons affaire à un imposteur. Se comporter de la sorte n’est pas « refuser le débat », c’est faire son travail normalement !

Le seul rôle légitime que vous puissiez tenir en matière de science est celui de vulgarisateur, pas de juge, et cette conclusion est valable pour tout observateur externe à la communauté scientifique concernée (je suis donc dans le même bain, c’est même écrit sur mon site depuis 2003). Dès que vous décidez de vous-mêmes d’aller au-delà de ce que publient les revues scientifiques à comité de lecture (voir plus bas), vous cessez d’être légitimes.

Mais, allez vous me dire, si les scientifiques « pas d’accord » ne peuvent pas s’exprimer dans la presse, c’est du totalitarisme ! C’est le retour de Lyssenko ! Ce réflexe, courant parmi vous, présuppose que seule la presse est habilitée à conduire des débats, c’est une erreur. La science a tellement l’habitude de gérer des débats où les gens ne sont pas d’accord entre eux, qu’elle s’est organisée pour que ces débats soient menés là où il faut et comme il faut. Le scepticisme, au sens du doute et du « je demande à être convaincu », est une des bases de la recherche, puisque c’est lui qui incite à aller creuser des choses non encore explorées auparavant. Prévoir de places de débat entre experts « pas d’accord » est donc consubstanciel à l’activité de recherche, et cela fait des siècles que ce débat a été organisé avec des procédures qui permettent de le rendre constructif (alors qu’une émission de Guillaume Durand est juste du cirque, à prendre comme tel).

Quand vous donnez la parole à un tenant de l’absence d’influence de l’homme sur le climat, vous ne servez pas, dans cette affaire, de zorro réhabilitant les pauvres opprimés interdits de publication pour cause de complot (ou ayant bien le droit de s’exprimer, les pôvres, nous sommes dans un pays libre, non ?), vous agissez directement pour dévoyer un processus vieux de centaines d’années et qui sert justement à éviter de juger de manière erronée sur la base d’informations partielles ou sorties de leur contexte, contraires à des observations, etc. En invitant Allègre et consorts, c’est vous qui réhabilitez la chasse aux sorcières, en donnant la parole à une accusation qui se base sur des inventions, mensonges, ragots, informations sorties de leur contexte, affabulations et autres diffamations collectives, bref des procédés dignes du Moyen Age : un message ou un powerpoint qui circule sur Internet (rien de plus facile que de créer un powerpoint expliquant que tous les journaux français sont à la solde de la CIA et de le faire tourner sur le net…), un site Internet (comme Pensée Unique, par exemple, qui tente de ressembler à un lieu de débat scientifique… sauf qu’il prend comme « témoins » des internautes tout-venant qui ne sont pas aptes à trancher, une conférence grand public (comme celle de Courtillot à Nantes, où il affirme des choses qui ne figurent nulle part dans la littérature scientifique, ou qui ont été publiées par ce canal mais immédiatement contrées par la même voie),

Si vous n’êtes pas légitimes quand vous invitez des imposteurs, pourquoi le faites-vous ? Parce que les bénéfices sont supérieurs aux inconvénients. Les bénéfices, ce sont d’abord l’audience, parce que le lecteur aime bien la polémique et les grandes gueules qui l’alimentent. Un autre bénéfice, et pas des moindres, est que ce comportement est le plus économe en temps pour vous : ne rien comprendre prend moins de temps et demande moins d’efforts que de comprendre. En face, les inconvénients sont mineurs : perte de crédibilité auprès des quelques individus comme moi – mais c’est contrebalancé par ceux que la polémique attire, aucun risque de sanction pécuniaire pour cause de diffamation (tant que personne n’est visé, on peut mentir sur à peu près tout !), bref que du bonheur ou presque. A court terme, les avantages de l’organisation d’une polémique sont supérieurs aux inconvénients. Quand un imposteur trouve de l’espace dans votre media, la quasi-totalité des lecteurs ou auditeurs oublie que cela relève d’une démarche active de votre part, et considère qu’il ne dépend que de l’intéressé(e) de figurer dans le journal. Du coup, tout le monde en oublie votre part de responsabilité évidente – vous n’avez pas un revolver sur la tempe quand vous invitez Allègre – dans la diffusion des âneries.

 

Tout ce qui précède disserte essentiellement sur l’exemple du changement climatique, mais c’est un arbre qui cache une forêt bien plus vaste, celle des journalistes qui entretiennent la confusion du grand public sur des sujets scientifiques majeurs, ce qui inclut en particulier l’approvisionnement futur en pétrole. Comme les ressources naturelles (dont un climat stable fait partie) sont indispensables à la bonne marche de l’économie, priver les électeurs de visibilité sur l’avenir de ces ressources, c’est augmenter la probabilité de ruptures économiques délétères, dont l’histoire nous a montré qu’elles n’étaient généralement pas synonymes de lendemains qui chantent. Et comme ces ruptures économiques ont souvent été suivies de ruptures politiques (dont des dictatures), j’ai une conclusion très surprenante à vous proposer : à chaque fois que vous invitez Allègre sur un plateau de télé aujourd’hui, vous n’êtes pas seulement des fainéants et des ignorants, mais vous augmentez le risque que nous connaissions la dictature dans pas si longtemps que cela (qui incidemment vous mettra au chômage, parce que la multiplicité des supports mediatiques – au surplus libres – et la dictature font rarement bon ménage). Et j’invite tous ceux qui pensent que j’ai perdu ma raison en pensant que les mensonges sur les ressources et l’environnement peuvent amener la dictature à constater que Shell, EDF, et des analystes de banque m‘accompagnent dans ma folie !

 

Etre libre (la « liberté de la presse »), ce n’est pas – en tous cas pas dans mon esprit – avoir le droit de raconter n’importe quoi au motif qu’il n’y a pas de sanction pécuniaire ou légale à court terme. Cela, ce n’est pas être libre, c’est être, au choix, paresseux, cynique, ou immoral. Une réflexion en amenant une autre, pourquoi votre profession n’est-elle pas dotée d’un code de déontologie ? Il existe certes une charte du journaliste, et qui indique qu’un journaliste digne de ce nom « tient la calomnie, les accusations sans preuves, l’altération des documents, la déformation des faits, le mensonge pour les plus graves fautes professionnelles ».

Malgré ses manques, cette charte incite cependant à faire exactement ce qui est l’objet de cette lettre ouverte un peu rude : réfléchir avant de faire n’importe quoi.

http://www.manicore.com/documentation/climatosceptiques.html

Allègre, le chouchou du Figaro

LE FIGARO est un média qu’on peut classer parmi les soutiens des climato-sceptiques.  Son numéro du 24 décembre 2009 était même innommable en présentant « L’éveil de la conscience verte » dans un dossier 2000-2010, Dix révolutions qui ont changé notre vie. Nicolas Hulot était qualifié de « très alarmiste sur le réchauffement climatique », et dénigré sciemment : « On lui reproche le mélange des genres et un certain affairisme ». Al Gore, n’était que « l’ex-vice-président de Bill Clinton », qui « milite activement contre le réchauffement climatique », mais « à contre-courant de l’opinion américaine » ! Par contre Allègre était effrontément privilégié : « Ancien directeur de l’institut de physique du globe, Claude Allègre est à ranger dans le camp des climato-sceptiques. Pourfendeur des théories d’Al Gore, il dénonce sans relâche la menace d’une dictature des khmers verts. L’imposture climatique  sera le titre de son prochain ouvrage. »

Aujourd’hui, c’est Allègre qui devient l’imposteur, les chercheurs en science du climat ripostent massivement. le Monde du 2 avril titre en première page : « Réchauffement climatique, 400 chercheurs contre Allègre ». Le Figaro du 2 avril titre timidement en page 11 : « l’Académie des sciences va organiser un débat sur la question du climat ». Il faut lire attentivement le texte pour s’apercevoir que c’est surtout Allègre qui est mis sur la sellette. Pire, LE FIGARO présente un graphique qui montre visuellement pour le lecteur peut attentif une baisse des températures annuelles : il faut lire le graphique de droite à gauche et non de gauche à  droite comme habituellement dans les séries chronologiques.

Y’a pas photo, mieux vaut lire le Monde que LE FIGARO

contre-attaque des climatologues

Éthique scientifique et sciences du climat : lettre ouverte

Nous, scientifiques du climat, attachés au devoir de rigueur scientifique, interpellons les structures référentes de la recherche scientifique française, face aux accusations mensongères lancées à l’encontre de notre communauté.

Un pacte moral relie les scientifiques et la société. Rémunérés principalement par les crédits publics, les scientifiques doivent déployer une rigueur maximale, pour la conception, la réalisation, la publication de leurs travaux. Leurs pairs sont les arbitres de cette rigueur, à travers les processus critiques de relecture, de vérification, de publication des résultats. Les hautes instances scientifiques sont les garants de cette rigueur. C’est sur cette éthique scientifique que repose la confiance que la société peut accorder à ses chercheurs. (Ci-contre la démonstration par Grudd du trucage de son graphique par Claude Allègre)

Reconnaître ses erreurs fait également partie de l’éthique scientifique. Lorsqu’on identifie, après la publication d’un texte, des erreurs qui ont échappé aux processus de relecture, il est d’usage de les reconnaître, et de les corriger, en publiant un correctif. Ainsi, des glaciologues ont mis en évidence une erreur dans le tome 2 du 4ème rapport du Groupe d’expert intergouvernemental sur Page 1/17 l’évolution du climat («Impacts, Adaptation et Vulnérabilité, chapitre 10 : Asie») concernant le devenir des glaciers de l’Himalaya. En l’absence de procédure formelle d’«erratum», le GIEC a publié son «mea culpa» ( http://www.ipcc.ch/pdf/presentations/himalaya-statement-20january2010.pdf), reconnaissant l’erreur, et soulignant que les processus de relecture du rapport n’avaient pas fonctionné pour ce paragraphe. En cela, le GIEC a respecté la déontologie scientifique.

Depuis plusieurs mois, des scientifiques reconnus dans leurs domaines respectifs dénigrent les sciences du climat et l’organisation de l’expertise internationale, criant à l’imposture scientifique – comme le fait Claude Allègre (photo) dans L’Imposture climatique ou la fausse écologie (Plon, 2010), pointant les prétendues «erreurs du GIEC», comme le fait Vincent Courtillot dans Nouveau voyage au centre de la Terre (Odile Jacob, 2009) et dans des séminaires académiques. Ces accusations ou affirmations péremptoires ne passent pas par le filtre standard des publications scientifiques. Ces documents, publiés sous couvert d’expertise scientifique, ne sont pas relus par les pairs, et échappent de ce fait aux vertus du débat contradictoire.

Ces ouvrages n’auraient pu être publiés si on leur avait simplement demandé la même exigence de rigueur qu’à un manuscrit scientifique professionnel. De nombreuses erreurs de forme, de citations, de données, de graphiques ont été identifiées. Plus grave, à ces erreurs de forme s’ajoutent des erreurs de fond majeures sur la description du fonctionnement du système climatique. Leurs auteurs oublient les principes de base de l’éthique scientifique, rompant le pacte moral qui lie chaque scientifique avec la société. Ces attaques mettent en cause la qualité et la solidité de nos travaux de recherche, de nos observations, études de processus, outils de modélisation, qui contribuent à une expertise nécessairement internationale.

Vous constituez les structures référentes de la recherche scientifique française. Les accusations publiques sur l’intégrité des scientifiques du climat sortent des cadres déontologiques et scientifiques au sein desquels nous souhaitons demeurer. Nous pensons que ces accusations demandent une réaction de votre part, et l’expression publique de votre confiance vis-à-vis de notre intégrité et du sérieux de nos travaux. Au vu des défis scientifiques posés par le changement climatique, nous sommes demandeurs d’un vrai débat scientifique serein et approfondi.

Liste des premiers signataires: Valérie Masson-Delmotte (LSCE)- Edouard Bard (Collège de France / CEREGE)- François-Marie Bréon (LSCE)- Christophe Cassou (CERFACS)- Jérôme Chappellaz (LGGE)- Georg Hoffmann (LSCE)- Catherine Jeandel (LEGOS)- Jean Jouzel (LSCE)- Bernard Legras (LMD)- Hervé Le Treut (IPSL)- Bernard Pouyaud (IRD)- Dominique Raynaud (LGGE)- Philippe Rogel (CERFACS)

Ce matin, Libération consacre ses trois premières pages à cet événement sans précédent.

http://sciences.blogs.liberation.fr/home/2010/04/climat-400-scientifiques-signent-contre-claude-all%C3%A8gre.html

 

Voici un document open office avec la liste des signataires hier soir, plus de 400.

la clique des climatosceptiques en action

                Les climato-sceptiques français ont tissé leur toile sur le Net. Depuis quelques mois, ils y sont même devenus omniprésents. Avec une stratégie efficace : déverser sur les blogs, à commencer par le nôtre, leurs messages plus ou moins anonymes. Leurs propos sont le plus souvent politiques, du type : « Vous autres Kempfistes mentez, tordez et triez les faits pour mieux vendre votre doctrine malthusienne, décroissante, et finalement toujours aussi génocidaire dans ses implications. » C’est leur manière infamante de lutter contre ce qu’ils appellent le « totalitarisme rampant » des mouvements écologistes. Nous devons même supprimer régulièrement sur ce blog les commentaires insultants.

Les climato-sceptiques français ont évidemment leurs points de ralliement. Skyfal disparaît le mardi 19 janvier 2010 ; ils crient aussitôt au fascisme et à l’atteinte à la liberté d’expression. Son créateur a pourtant confirmé à Terra eco (numéro d’avril 2010) que c’est simplement un problème technique qui a rendu le site inopérant, sans qu’il explique pourquoi il ne remettait pas le site en activité. Aujourd’hui, c’est le site Pensée unique qui fait référence pour les négateurs (ou négationnistes) du climat. Lancé en 2006 par un certain Jean Martin, le site mêle actualité climatologique et invective. Contacté par Terra eco pour connaître ses liens avec Jean-Martin Meunier, un géophysicien retraité du CNRS qui semble persuadé que les rayons cosmiques expliquent à peu près tout, du climat à la chute des avions, Jean Martin n’a pas souhaité répondre.

Auparavant, les sceptiques n’étaient visibles que sur les sites de leur mouvance. Aujourd’hui, les médias citent des noms, et les personnalités climato-sceptiques (Allègre, Courtillot, Galam, Rittaud, Atlan, etc.) ont grimpé dans le Top 50 des sites parlant du climat. Il leur faut occuper le terrain, éviter de parler science et marteler, contre toute évidence, qu’il existe un débat chez les climatologues. Ce n’est pas ainsi qu’on peut créer un espace de délibération collective qui respecte la réalité des faits.

NB : une clique est un groupe de personnes qui s’unissent pour intriguer ou nuire.

le climatoscepticisme d’Henri Atlan

L’article d’Henri Atlan,  « La religion de la catastrophe » (LeMonde du 28-29 mars) ne me paraît pas digne de figurer dans un journal de référence, surtout en vis-à-vis d’une page « Mieux informer » ! Je donne la parole à différents commentateurs sur le Net de l’article  de ce « biologiste-philosophe », né en 1931, officiant à Jérusalem :

– Je pense que Le Monde devrait demander une réponse à JP Dupuy auteur de « Pour un catastrophisme éclairé » et de « La petite métaphysique des tsunamis ». Certaines assertions de H Atlan sont bien rapides…

– Son article est grotesque. Un biologiste qui donne son avis sur les modèles climatiques…sans avoir le début d’une idée de ce dont il s’agit… et qui dit que le résumé pour les décideurs du GIEC ne comporte plus d’incertitudes, alors que les projections d’augmentation de températures retenues par le résumé varient entre 1,1°C et 6,4°C !! Quand je dois me faire opérer, je ne demande pas son avis à un climatologue. Et pour cause, l’avis du toubib sur le climat est nul et non avenu. Pour rester poli.

– La plupart des scientifiques sérieux préfèrent s’exprimer dans des revues spécialisées, et se soumettre au jugement de leurs pairs. Les autres préfèrent s’étendre dans des tribunes destinées au citoyen moyen, qui est beaucoup plus indulgent qu’un comité de sélection face à l’inconsistance de leur propos… Près de la totalité des publications scientifiques s’accordent sur le changement climatique, pourtant on accorde autant de place dans les journaux aux climato-sceptiques. Cherchez l’erreur…

– Monsieur Atlan, le principe d’un modèle c’est d’avoir des incertitudes. C’est ce qui fait la différence entre un modèle et une règle. Un détective suit une épouse, lors de son compte-rendu au mari il raconte : « Elle est allée avec un homme dans un hôtel, ils sont montés dans la chambre, ils se sont déshabillés et là ils ont tiré les rideaux. » Et là le mari répond : « Toujours cette cruelle incertitude »…

– Comment peut-on nier l’impact de l’être humain et sa surconsommation/pollution sur le fonctionnement de la planète. Je conseille a Altan de lire le macroscope.

– Quand H Atlan s’intéressait à l’émergence de l’ordre à partir du désordre c’était passionnant. Depuis qu’il travaille en théologien, je crois qu’il est perdu pour la science.

– M. Atlan est un grand bonhomme de la pensée, mais sur ce coup il tombe dans une dénégation compulsive très compréhensible…L’homme est donc sage et raisonnable, la croissance démographique n’est pas dangereuse, le réchauffement est une croyance religieuse et les ours blancs sont super-heureux… Merci M.Atlan.

– Le principe de précaution sous entend cette idée que notre savoir étant limité, un seul élément en danger est susceptible de remettre en cause la totalité des constituants de l’équilibre global . Prévenir est moins aléatoire que devoir guérir !

– Concernant les prophéties, Monsieur Atlan, votre raisonnement est grotesque car les changements annoncés pour la première fois il y a plus de 40 ans ont déjà eu lieu en ce qui concerne le climat. Des phénomènes tels que la disparition de la banquise l’été ou la disparition d’îles sont déjà très avancés. Comme vous le dîtes si bien si vous n’avez pas vraiment d’avis ayez au moins le courage de le dire.

– Eh bien voilà, Atlan a trouvé : ne faisons rien, sinon par ci, par là. Surtout, ne remettons pas en cause notre « civilisation » de consommation, et surtout pas son économie! C’est tellement parfait jusque maintenant…

– Fichtre. Le réchauffement est pour Mr Atlan une religion. On aimerait que le christianisme présentât des données scientifiques aussi fournies et solides. Le réchauffement s’apparente même au nazisme : gardons notre calme ! Ce sont précisément les données scientifiques qui manquent à l’article de ce biologiste-philosophe, qui se montre aussi ignorant sur le sujet que le géologue, et aussi péremptoire.

– Il suffit de voler en avion vers l’orient, pour voir comment notre planète est rongée par l’homme. Sans être ni philosophe, ni scientifique, on peut quand même admettre que notre planète est de taille finie, que la fourmilière est en train de tout manger et que bientôt si on n’est pas raisonnable, les fourmis seront obligées de s’entredévorées, si le ciel entre temps ne leur est pas tombé sur la tête… Et pour Israël, sans eau, surpeuplé, sur-tendu par les haines, cela apparaît encore plus évident !

– M. Atlan démontre avant tout son ignorance de la nature des modèles de climat. Contrairement aux modèles empiriques auxquels il se réfère, ils résultent principalement de l’application de lois physiques, thermodynamiques, etc bien connues. Le premier qui construira un modèle de climat sans réchauffement sera célèbre (et riche). Pourquoi personne n’y est-il parvenu 20 ans après la création du GIEC ?

– Quel bla-bla cet Atlan ! En fait il faut attendre que la catastrophe soit là pour attester du bien-fondé de la prévision. Prévisions et études inexistantes dans tous les cas chez les climato-sceptiques qui n’ont d’arguments que l’attaque ad hominem très fine (Ayatollahs, fascistes, communistes etc.).

– Il y a la religion de l’Autruche. Je ferme les yeux plus de crise économique. Les abeilles crèvent des polluants agricoles, je ferme les yeux. Le rapport du GIEC ne repose pas seulement sur des modèles de prédiction certes complexes, mais sur des mesures concrètes sur lesquelles sont bâties ces modèles et les tendances observées sont elles sans ambiguïtés. La Nature est malade de l’Homme, c’est quand même simple à comprendre.

– « Plutôt que « sauver la planète » sauver les populations dénutries et sans eau potable » écrit de Jérusalem M.Atlan. On laissera donc un Palestinien réagir à cet article.

 

climatoscepticisme, crime contre l’humanité

« Dans une dizaine d’années, pour les gens qui nous aurons fait prendre du retard dans le combat contre le réchauffement climatique, on parlera de crime contre l’humanité » (Michel Rocard)

Aux Etats-Unis, les climato-sceptiques mènent la bataille jusque dans les salles de classe Après la Louisiane en 2008, le Texas en 2009, le Dakota du sud vient de voter une résolution pressant les écoles d’adopter « un enseignement équilibré » de la question climatique. Il ne fait pas de doute que les climato-sceptiques américains adoptent la même stratégie que les créationnistes, visant, en la discréditant, à relativiser le poids de la science. Tout ce que le public retient, c’est l’hystérie et la controverse. Cela ternit l’image de la science climatique et de la science en général. (LeMonde du 26 mars 2010)

http://abonnes.lemonde.fr/planete/article/2010/03/25/les-climato-sceptiques-americains-a-l-assaut-des-ecoles_1324284_3244.html

                Dans les revues scientifiques, on dénombre pour la décennie 1993-2003 sous les mots-clés « Global climate change » 928 articles et tous, sans exception, étaient en accord avec la  thèse du réchauffement climatique. Entre 1998 et 2002 dans la presse de référence (New York Times, Wall Street Journal, Los Angeles Times et Washington Post) les articles mettaient en balance un avis alarmiste et un avis négationniste sur la question du climat dans 53 % des cas. Le goût pour le débat d’idées, l’« objectivité » qui renvoit dos à dos les deux camps (syndicats-patrons, droite gauche, etc.), l’incapacité de se positionner en experts, la volonté enfin d’écrire en « positif » (le bonheur et le progrès sont plus vendeurs que le serrage de ceinture) ont offert une sur-représentativité à des climato-sceptiques pourtant bien isolés. (LeMonde magazine du 27 mars 2010)

la guerre du climat, une idiotie

La guerre du climat fait rage. La médiatrice du Monde consacre son intervention à ce conflit brûlant (édition du 13 mars) : « réchauffistes » contre climato-sceptiques ! Pourtant le raisonnement suivant (en 7 parties) nous semble validé par les scientifiques. En conséquence, nous avons l’obligation de réduire nos émissions anthropiques de gaz à effet de serre. Nous estimons que penser autrement, c’est vraiment idiot, c’est faire l’impasse sur l’avenir de nos générations futures.

1/7) introduction

Une inquiétude est née de l’observation du réchauffement climatique. Pourtant, ce n’est que dans les années 1970 que la relation théorique entre teneur de l’atmosphère en CO2 et augmentation des températures est corrélée. L’inquiétude grandit quand les carottages de glace en Antarctique révèlent, en 1985, que CO2 et réchauffement ont été corrélés dans le passé de la Terre. La politisation du débat se fait alors très rapidement : une conférence réunit en octobre 1985 à Villach (Autriche) des scientifiques et des fonctionnaires internationaux. Cela débouche sur la création du GIEC en 1988. Son premier rapport est publié en 1990 et conduit à l’adoption, en 1992, de la Convention sur le changement climatique. Tout cela se transforme en processus impliquant tous les Etats au sein d’une négociation internationale qui commence à peser sur les débats politiques nationaux. Les Etats sont amenés à adopter le protocole de Kyoto en 1997.    

Traditionnellement les politiques et les industriels imposent aux sciences appliquées leurs désirs de puissance ou de profit. Pour la première fois le GIEC (groupe intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat) a mis les politiques et les industriels à l’écoute des scientifiques. Une interaction féconde unit de plus en plus solidement communauté scientifique et gouvernements. Les groupes de travail tiennent compte des compétences, mais aussi de l’équilibre géographique pour que les pays en développement soient aussi bien représentés que les pays riches.

Allègre radote, le GIEC tranche

Claude Allègre s’interroge sur les questions qui restent posées, mais comme il y répond déjà dans LeMonde du 4 mars, nous n’en dirons rien de plus ; le radotage* ne nous intéresse pas. Nous préférons offrir à nos lecteurs un résumé du Résumé à l’intention des décideurs** élaboré par le GIEC en 2007 :

 1) Les concentrations atmosphériques mondiales de dioxyde de carbone, de méthane et d’oxyde nitreux ont fortement augmenté en conséquence des activités humaines entreprises depuis 1750, et dépassent aujourd’hui largement les valeurs préindustrielles déterminées à partir des carottes de glace couvrant plusieurs milliers d’années. L’augmentation mondiale de la concentration en dioxyde de carbone est essentiellement due à l’utilisation des combustibles fossiles et aux changements d’affectation des terres, tandis que la concentration accrue de méthane et d’oxyde nitreux est essentiellement due à l’agriculture.

2) Le réchauffement du système climatique est sans équivoque, car il ressort désormais des observations de l’augmentation des températures moyennes mondiales de l’atmosphère et de l’océan, de la fonte généralisée des neiges et des glaces, et de l’élévation du niveau moyen mondial de la mer.

3) A l’échelle des continents, des régions et des bassins océaniques, de nombreux changements climatiques à long terme ont été observés. Ils incluent des changements des températures et des glaces arctiques, des changements largement répandus dans les volumes de précipitations, la salinité de l’océan, les structures des vents et des aspects de phénomènes climatiques extrêmes, tels que les sécheresses, les fortes précipitations, les vagues de chaleur et l’intensité des cyclones tropicaux.

4) Les informations paléoclimatiques confirment l’interprétation selon laquelle le réchauffement du demi-siècle passé est atypique par rapport aux 1 300 dernières années minimum. La dernière fois que les régions polaires ont été significativement plus chaudes qu’aujourd’hui (il y a environ 125 000 ans), la réduction du volume des glaces polaires a entraîné une élévation du niveau des mers de 4 à 6 mètres.

5) L’essentiel de l’accroissement observé sur la température moyenne globale depuis le milieu du XXe siècle est très probablement dû à l’augmentation observée des concentrations des gaz à effet de serre anthropiques. Ceci représente un progrès par rapport à la conclusion du troisième Rapport d’évaluation qui indiquait que « l’essentiel du réchauffement observé au cours des 50 dernières années était probablement dû à l’accroissement de la concentration en gaz à effet de serre ». L’influence humaine est maintenant perceptible dans d’autres aspects du climat, tels que le réchauffement des océans, les températures continentales moyennes, les températures extrêmes et la structure des vents.

6) Pour les deux décennies à venir, un réchauffement d’environ 0,2°C par décennie est simulé pour une série de scénarios. Même dans l’éventualité où les concentrations de tous les gaz à effet de serre et des aérosols restaient constantes par rapport au niveau de l’année 2000, on doit s’attendre à un réchauffement d’environ 0,1°C par décennie.

7) La poursuite des émissions de gaz à effet de serre au rythme actuel ou à un rythme supérieur provoquerait un réchauffement supplémentaire et entraînerait de nombreuses modifications du système climatique mondial au cours du XXIe siècle qui seraient très probablement plus importantes que celles observées au cours du XXe siècle.

8) Le réchauffement et l’élévation du niveau de la mer dus à l’homme continueraient pendant des siècles en raison des échelles temporelles associées aux processus climatiques et aux rétroactions, même si les concentrations des gaz à effet de serre étaient stabilisées.

NB* :  radoter, répéter de façon fastidieuse les mêmes propos.

NB** : cette contribution du Groupe de travail I au quatrième Rapport d’évaluation du GIEC décrit les progrès accomplis dans la compréhension des causes humaines et naturelles des changements climatiques.

Allègre/Le Pen, même combat

Il ne faudrait pas parler de Claude Allègre en matière de climat, il n’y connaît rien. De son dernier livre sur « L’imposture climatique », il suffit de retenir le fait qu’il confond les « spécialistes américains du climat » et les présentateurs météo des chaînes de télévision américaines. Si on veut en savoir plus sur les cent-fautes de l’ancien ministre et la liste imaginaire des « cautions » scientifiques qu’il a enrôlé au service de ses idées fumeuses, lire LeMonde du 28 février-1er mars.

Le sous-titre de son livre, « la fausse écologie » mérite par contre toute notre attention. Il y aurait un « totalitarisme climatique » dont le GIEC serait le bras armé. C’est son obsession constante, il y aurait deux sortes d’écolo : les bons dont il ferait partie évidemment, de véritables environnementalistes adepte de l’écologie productive qui adhèrent au progrès. Et puis il y aurait les méchants, les éco-fondamentalistes hostiles au progrès et à l’humanisme, qu’il faudrait laisser dans leurs arbres. Le paradoxe, c’est que les errements de ce saltimbanque des tréteaux ont été repris lors du colloque du conseil scientifique du Front national sur le réchauffement climatique qui s’est tenu à Nanterre le 30 janvier 2010. Jean-Marie Le Pen, citant Claude Allègre, a exposé combien était fausse la théorie selon laquelle l’activité humaine causait le changement climatique en cours. « Il s’agit d’un dogme. Un dogme, par définition, se passe de toute preuve rationnelle. »

Le Pen avait révélé l’enjeu idéologique de l’affaire : « Il ne peut y avoir croissance s’il n’y a pas développement de l’économie, et donc de l’énergie qui la sous-tend ». Cl.Allègre tient un discours similaire : « A une écologie dénonciatrice et punitive, nous souhaitons substituer une écologie de la création, de l’invention, du dépassement, de la réparation qui débouche sur la croissance économique. » Pour Le Pen comme pour CL.Allègre, il ne faut pas remettre en cause la croissance économique. Il est donc nécessaire de ne pas reconnaître la responsabilité de la consommation d’énergie dans le réchauffement climatique. Allègre comme le Pen sont des irresponsables qui préparent un écolo-fascisme parce qu’ils auront occulté nos problèmes et empêché un nouvel ordre des choses, plus respectueux de la biosphère : l’équilibre plutôt que la croissance.

réchauffistes contre négationnistes

Voici un échange sur ce blog biosphere entre réchauffiste et négateur du réchauffement quand on enlève toutes les digressions inutiles du type « Quand est-ce que vous allez enfin réaliser que l’arnaque carbocentriste est en train de partir en sucette. »

biosphere : Le débat climatique n’est pas ouvert aux citoyens ordinaires, les climatologues du GIEC ayant démontré l’origine anthropique du réchauffement.

Jean Staune : NON justement ce n’est pas démontré : DES CITOYENS NON ORDINAIRES c’est a dire des grands scientifiques disent le contraire.

Robert : Climategate ou pas, les faits sont là, ça se réchauffe et pas un scientifique sérieux le nie. Les scientifiques publient des articles qui sont réfutés ou non, ils ne se contentent pas de colporter des ragots.

Laurent Berthod : Il y un feed-back auquel les réchauffistes n’ont pas pensé : le climat se réchauffe, on se chauffe moins, on renvoie moins de CO2 dans l’atmosphère ! Ah ! Ah! Ah !

Robert : Vous avez raison sur un point, il semblerait que le GIEC se soit effectivement trompé, ce sera pire que ce qu’il annonçait.

Laurent Berthod : avez-vous un argument probant que le réchauffement climatique est en partie dû à l’homme ?

Robert : si vous regardez les choses avec froideur et objectivité, vous observerez que depuis un peu plus d’un siècle le taux de GES dans l’atmosphère a une tendance à monter TRES RAPIDEMENT et ceci est un indicateur de la responsabilité anthropique.

On s’aperçoit finalement que les négationnistes « farfouillent dans les articles des dissidents et dans la presse étrangère » (dixit Mon810) pour essayer de marquer leur présence sur Internet ; leur argumentation reste limitée scientifiquement ou non démontrée, mais ils sont virulents. Les réchauffistes peuvent s’appuyer sur des rapports scientifiques validés, mais leur présence sur le net des bloggeurs est marginale. Le problème, c’est que cette disproportion dans le débat instille le doute et l’abstention dans la réflexion des citoyens ; la délibération démocratique est faussée quand on ne sait plus qui croire. C’est un des éléments d’explication de l’échec de Copenhague. C’est pourquoi nous allons à la catastrophe, mais nous ne voulons pas le croire…

Le réchauffement climatique et la démocratie

MON810 nous a interpellé sur ce blog : «  Maîtresse, je ne suis pas d’accord avec le principe de précaution, est-ce que j’ai le droit ? ». Bien sûr, mon petit, tu as le droit. Le problème est de savoir si tu as les capacités intellectuelles et morales de t’exprimer sur cette question. En fait, tu poses implicitement le problème de toute démocratie : qui doit en définitive avoir raison ?

Mon petit MON810, prenons un exemple, le casse-tête de la décision en matière climatique. Le Mexique, qui présidera la prochaine conférence onusienne sur le climat, propose de mettre fin à la règle du consensus. En effet à Copenhague, une demi-douzaine de pays a permis de s’opposer à l’accord final, « contre la volonté d’une majorité » (LeMonde du 5 février). Mais si le consensus ne paraît pas une méthode fiable pour prendre une bonne décision, on peut aussi bien mettre en doute la pertinence d’une majorité qui n’a pas toujours raison. Ce qui ne veut pas dire non plus que c’est le point de vue de la minorité qui importe. D’ailleurs mon petit MON810, tu vois tous les jours la difficulté dans ta famille de savoir qui décide en fin de compte, entre ton père, ta mère, ou toi-même.

En définitive la validité d’un processus de décision, qu’il s’appuie sur le principe de précaution, le probable réchauffement climatique ou n’importe quoi d’autre, ne repose pas sur l’institutionnalisation de la démocratie, qu’elle soit par consensus ou à la majorité, qu’il y ait démocratie représentative ou même démocratie directe. Les citoyens n’obtiennent que le mode de gouvernement qu’ils méritent. En d’autres termes, le pouvoir ne réside pas dans les instances du pouvoir, mais dans la tête des gens. Pour que le peuple, et donc toi aussi mon petit MON810, fasse l’accord parfait entre ce qu’il pense et ce qu’il faudrait, il est nécessaire d’harmoniser dans son propre cerveau ses intérêts personnels avec ceux de l’ensemble des humains, ceux des générations futures et même ceux des non-humains (la biodiversité). Autrement dit, tu dois t’exprimer au nom de toi-même mais aussi au nom des acteurs absents. Pour revenir à ta question de départ, le principe de précaution en matière climatique s’impose. Il faudrait diminuer nos émissions de gaz à effet de serre car le risque potentiel a de fortes chances de perturber la vie des réfugiés climatiques, des générations futures et de la biodiversité. Ton intérêt personnel, mon petit, serait-il plus grand que tout cela ?

Pour terminer, MON 810, je te prie de ne pas continuer à dire du mal de ta maîtresse « biosphere » comme tu le fais habituellement. Cela ne fait en rien avancer la libre-expression de chacun. Je te cite :

– « Biosphère ou la grande moralisatrice en chef, le petit dictateur en herbe. »

– « La vérité ? C’est le politburo Biosphère qui la décrète. »

– « Vous êtes en pleine déréliction mentale. «

– « Vous n’ êtes qu’une secte accrochée à sa croyance. »

– « Commençons par supprimer Madame Biosphère, ça fera une graine de dictateur totalitaire et une conne en moins. »

Climategate et principe de précaution

« Vivement l’arrivée des 7 boules de cristal des climatologues du CRU qui peuvent prédire l’avenir. » Cette formule ironique envers l’unité de recherche climatique (CRU) d’East Anglia a été écrite sur ce blog par un négationniste du réchauffement. Il appartient à un groupe de personnes qui s’excite pour moins que rien, par exemple en prétextant d’un listing piraté de correspondance privée des climatologues britanniques. Après avoir montré précédemment que la rumeur Internet de malversations n’était pas fondée, LeMonde du 3 février nous révèle aujourd’hui que ce « Climategate » de mi-novembre 2009 a sans doute été piloté par des services secrets ou un lobby américain pour essayer de torpiller la conférence de Copenhague mi-décembre 2009. En effet ce piratage a été une opération extrêmement coûteuse d’une extraordinaire sophistication (dixit David King).

 

Nous rappelons la position de ce blog :

– Le débat climatique n’est pas ouvert aux citoyens ordinaires, les climatologues du GIEC ayant démontré l’origine anthropique du réchauffement.

– Le principe de précaution exige que gouvernements et citoyens prennent leurs dispositions pour faire diminuer les émissions de gaz à effet de serre.

– L’expression publique des négateurs du réchauffement doit être filtrée par les responsables de la médiatisation, livres, journaux, télévisions.

– Partisans d’une démocratie responsable, les modérateurs de ce blog usent d’un « droit de veto » quand des commentateurs essayent d’exprimer des contre-vérités sur le climat.

l’illusion de la compensation carbone

Il n’y a pas que Claude Allègre dans la vie. Il y a aussi le problème de la compensation carbone. Deux informations sur la même page du Monde (8 janvier 2009) :

– un livre d’Augustin Fragnière se demande si cette compensation est une illusion ou une solution : contrebalancer ses propres émissions de gaz à effet de serre par le financement de projets destinés à en réduire d’autres est-il cohérent ?

– le Medef demande non seulement le report de la taxe carbone, mais la compensation intégrale de cet impôt pour toutes les entreprises. Est-il cohérent de prendre de l’argent d’un côté pour le redonner de l’autre ?

La compensation carbone pour s’assurer une « neutralité carbone », c’est du vent, ce n’est que du greenwashing. Prenons l’exemple d’une personne en partance pour un long voyage, en plein dilemme, seule face à sa conscience d’écocitoyen. Cet individu doit partir en Amérique Latine : prend-t-il ou ne prend-t-il pas l’avion ? Mais oui, bien sûr, il suffit de s’acheter une indulgence : compenser son émission excessive de gaz à effet de serre en payant quelques arbres, en contribuant à la reforestation de pays dévastés. Ce genre de « compensation carbone » est un luxe que seuls les très riches peuvent se permettre et cela n’a pas d’impact immédiat, ni même réellement efficace sur l’absorption de CO2 (analyse d’Yves Cochet). Autre exemple, pour s’installer au volant d’un véhicule de plus de 9 CV, il suffirait de débourser 70 euros en achetant auprès des magasins Nature & Découvertes une carte de compensation carbone (cf. LeMonde du 4 janvier 2008). On nous explique que l’association Climat Mundi, va participer avec l’argent récolté au financement d’un projet hydroélectrique en Chine. Même si ce principe est reconnu par l’ONU, il ne reste que très théorique et ne permet pas de transformer un véhicule polluant en citrouille.

Les ménages veulent une compensation, les entreprises veulent une compensation, on veut le beurre et l’argent du beurre. Ce n’est pas comme cela que le système climatique fonctionne. Nous ne pensons pas que Claude Allègre dirait le contraire…

Les arguments de Claude Allègre en débat

Nous avons (sur ce blog ou ailleurs) été souvent confrontés à l’interrogation de citoyens qui avaient vu (ou lu) Allègre: « Il paraît crédible, je ne sais plus quoi penser, où est la vérité ? »  Claude Allègre a en effet les faveurs des médias, écrit des livres aussi souvent qu’il respire, s’impose un peu partout. Claude Allègre est donc quelqu’un de foncièrement dangereux car il participe d’une manipulation de l’opinion publique par la négation du réchauffement anthropique, le culte du progrès technique, le dénigrement de l’écologie véritable, la désinformation scientifique. Quel est son discours ? Que peut-on répondre ?

8/14) Claude Allègre contre les conférences internationales

Allègre) : Kyoto a été l’exemple de cette attitude incantatoire autant qu’inefficace : dix ans après, les émissions de CO2 ont augmenté de 50 % ! Et Copenhague s’annonce comme devant être du même tabac ! Croit-on qu’avec un tintamarre diplomatique ou médiatique l’Inde et la Chine vont abandonner leur développement fondé sur le charbon ?

Biosphere : Claude, pour une fois, je suis entièrement d’accord avec toi, les palabres diplomatiques de la mise en œuvre du protocole de Kyoto n’aboutissent pas à une action à la hauteur des enjeux. L’échec de Copenhague en est la démonstration finale.Mais il ne suffit pas de constater, il faut se mettre au service de ceux qui oeuvrent pour changer nos modes de vie qui utilisent pétrole et charbon à profusion. Or tu te contentes de dénigrer. Ce n’est pas très « productif ». Je peine à savoir avec toi ce qu’il faudrait faire pour lutter contre le réchauffement climatique, à part ta croyance absolue dans de possibles innovations techniques.

9/14) Claude Allègre pour techniciser la planète entière

Allègre : La solution, n’est-elle pas dans l’innovation ? Ne faut-il pas d’abord développer les technologies de capture et de stockage du CO2, les voitures électriques, hybrides ou à hydrogène et les technologies alternatives pour le chauffage comme le photovoltaïque, la géothermie et l’isolement ? Mais là encore en étant conscient des problèmes sachant par exemple que dans l’état actuel des choses les réserves mondiales d’indium, métal indispensable à la technologie photovoltaïque, sont inférieures à dix ans !

Biosphere : Tu rabâches, Claude, tu rabâches. Toujours ton antienne sur l’innovation qui va sauver (peut-être). Une attitude responsable serait de présenter des solutions à nos problèmes créés par la technique en utilisant les techniques actuelles. Comme on ne peut pas le faire, il faut se résoudre à prendre les problèmes à leur racine, et critiquer les techniques qui nous mènent au désastre. Il ne faut pas rêver de voitures électriques, il faudrait condamner résolument l’utilisation de véhicules personnels, procès de déplacement qui n’a aucun avenir durable. Le fordisme a réussi, il couvre nos territoires d’autoroutes, il n’entraîne pas plus de bonheur et détraque les équilibres naturels. Mais le pic pétrolier est pour bientôt, il n’y a pas que l’indium qui viendra à manquer.

10/14) Claude Allègre contre le nouvel ordre écologique

Allègre : Je ne veux pas comme le dit Marcel Gauchet que « l’amour de la nature dissimule la haine des hommes ». Et tant pis si ce n’est pas à la mode, si je me réclame de la philosophie des Lumières et si, comme Luc Ferry, je refuse le Nouvel Ordre écologique.

Biosphere : Luc Ferry est bien plus  nuancé que tu ne veux le dire. Il avoue en fin de livre que le « nouvel ordre écologique » pose de vraies questions : « Personne ne fera croire à l’opinion publique que l’écologisme, si radical soit-il, est plus dangereux que les dizaines de Tchernobyl qui nous menacent. Et l’on pourra disserter tant qu’on voudra sur l’inanité des thèses anti-modernes agités par les nouveaux intégristes, il n’en reste pas moins insensé d’adopter aujourd’hui encore l’attitude libérale du « laisser faire, laisser passer ». Il faut, écrivait-il aussi, admettre que les écosystèmes sont mieux agencés par eux-mêmes alors que la plupart des constructions humaines s’avèrent le plus souvent si fâcheuses qu’elles requièrent la plus grande prudence. Il faudrait donc élaborer une théorie des devoirs envers la nature. Comme tu le vois, Claude, ta copie sur l’écologie « non productive » est vraiment trop superficielle et mérite qu’on t’enlève ton statut de scientifique pour revêtir celui d’intégriste de la croissance. La preuve, ta capacité à faire parler de toi dans les médias montre bien que tu as les faveurs d’un système thermo-industriel qui est en train de saccager notre planète.  Le journal Libération n’est plus tellement cet instrument de libération de l’homme qu’il voulait être à ses débuts.

11/14) Claude Allègre pour le négationnisme climatique

Dans la rubrique Vu&commenté du Monde du 20 mai 2008, le faux écolo Claude Allègre ne croyait pas à un réchauffement climatique d’origine anthropique. Il parlait même d’une escroquerie scientifique menée par des centaines de spécialistes du climat dans le cadre du GIEC.

Pourquoi donc LeMonde a-t-il donné tant de fois la parole à cet égocentrique cultivant une notoriété malfaisante grâce à ses jugements personnels à l’emporte-pièce ? Pourquoi LeMonde a-t-il cultivé un sensationnalisme inutile ? Il est donc évident que si un ancien ministre, scientifique de formation, peut se permettre encore un négationnisme climatique, c’est qu’il se sent soutenu à la fois par des scientifiques dévoyés par l’appât du gain ou de l’esbroufe, et par des médias au service d’une société tout entière vouée au dieu Hydrocarbure. Dans ce contexte, quel politique aurait le courage de prôner la taxe carbone généralisée sans exonérations ni exemptions ?

12/14) Claude Allègre confond la météorologie et la climatologie

Claude Allègre : « Dès lors qu’on est incapable de prédire le temps de façon sérieuse au-delà de quatre jours, anticiper le climat à un siècle de distance est une fumisterie. » (Le Figaro magazine, 28 novembre 2009).

Stéphane Foucart sur la question Peut-on prédire le climat quand on ne sait pas prévoir la météo au-delà de quelques jours ? : « La météorologie s’intéresse à des phénomènes chaotiques, dont l’évolution au-delà de quelques jours est par essence imprévisible. Elle tente de décrire l’évolution du temps à partir d’une connaissance fine des conditions atmosphériques en cours, que les modèles numériques prolongent. La climatologie est une science statistique. Elle s’appuie sur les bases de données de la météorologie et se nourrit des moyennes des mesures physiques, dans l’espace et dans le temps. Mais elle se nourrit d’autres disciplines, comme la glaciologie, l’océanographie, l’astronomie, pour reconstituer les climats du passé et tester ses modèles numériques. Ceux-ci peuvent ensuite simuler l’avenir, en fonction de la variation de la concentration des gaz à effet de serre. Pour prendre une image, la trajectoire de chacun des jets d’un pommeau de douche est difficile à prévoir (météo), mais on peut prédire quand la baignoire débordera (climatologie). » (LeMonde du 6-7 décembre 2009)

 

13/14) Claude Allègre ignore le CNES

Claude Allègre va encore râler, lui qui est à classer parmi les négationnistes (négateurs) du réchauffement. En effet, depuis environ un siècle et demi que les températures sont régulièrement relevées, aucun décennie ne s’est révélée plus chaude que 2000-2009. Et l’année 2010 pourrait battre tous les records malgré un soleil en faible activité (LeMonde du 29 décembre). Pourtant Allègre se permettait de dire dans le Figaro magazine du 28 novembre que les climatologues, gens « scientifiquement pas sérieux », se consacrent à la modélisation « sans aucune considération pour l’observation » et qu’« il faudrait un grand plan spatial pour améliorer nos connaissances sur l’atmosphère et l’océan, car il n’y a plus de grandes missions sur le climat depuis vingt ans ».

Un démenti cinglant lui ait apporté par Jacques Blamont, conseiller du président du CNES (centre national d’études spatiales) dans le Figaro magazine du 24 décembre : « De nombreux instruments portés par des satellites fournissent quotidiennement les bases de la discussion en cours sur le climat. La constellation de cinq satellites A-Train (2004) étudie les nuages et les aérosols ; les glaces polaires sont connues grâce aux images de EOS, Envist et DMSP, et aux mesures de gravité de Grace et Goce ; le niveau des mers par Topex-Posédion, Jason I et II ; les variations spatio-temporelles des émissions des gaz par Iasi, OCO et Gosat ; la salinité de la surface océanique par Smos, lancé il y a peu. Le cycle de l’eau sous les tropiques sera étudié par Megha, et j’en oublie. A partir des données recueillies s’élaborent des modèles qui tentent de traduire la complexité des phénomènes. Contrairement à ce qu’affirme l’ex-ministre (qui, lorsqu’il était au gouvernement, a diminué les crédits du CNES deux années de suite), la communauté scientifique et ses agences spatiales assurent aujourd’hui le programme mondial de recherches climatiques qu’exige la situation. Il est constitué d’une quantité de missions, déjà fort coûteuses, loin de l’idée d’une « grande mission », bonne pour les tréteaux médiatiques. »

 14/14) Claude Allègre et la fuite en avant technologique

En novembre 2007, lors du lancement d’un fonds d’investissement dédié aux valeurs d’environnement, Claude Allègre prit la parole. Il s’insurgea contre le concept de décroissance, « cette idée qui me paraît horrible, à savoir : nous nous sommes goinfrés, et par conséquent nos enfants doivent vivre dans la frugalité, ils devront se serrer la ceinture ». Non, proclama-t-il, « il faut que l’écologie soit le moteur de la croissance ». Et de lâcher la clé de l’idéologie dominante : « La bonne voie est : tout  ce qui ne rentre pas dans l’économie ne rentre pas dans la marche de la société. » Ensuite il lista les problèmes environnementaux : « Il y a des sécheresses épouvantables, des inondations. La technologie existe, on sait fabriquer des aquifères artificiels, récurer les fleuves, les désensabler… Le prix de l’énergie va se stabiliser grâce aux huiles lourdes et aux sables bitumineux. Le CO2 ? On a la technologie, la séquestration du gaz carbonique. La biodiversité ? Naturellement, la solution, dans ce domaine, c’est les OGM, il n’y a pas d’autre solution. »

Claude Allègre a dit autrefois des choses intelligents, il a même été un bon scientifique. Mais ses capacités scientifiques n’ont pas résisté à l’exposition médiatique. Il soutient ouvertement et de façon active un capitalisme qui cherche à détourner l’attention du public, de plus en plus conscient du désastre écologique imminent, en dénigrant autrui et en faisant croire que la technologie pourrait surmonter tous les obstacles.

 

Padak, pas d’accord

L’actualité n’a pas d’importance en soi, l’important c’est ce qu’on fait de l’actualité, si on la juge ou non digne d’intérêt. Ainsi, le 4 janvier  2008, c’était la joie dans la Biosphère, le rallye Lisbonne-Dakar 2008 avait été annulé. Padak, personne ne pouvait être d’accord avec le Dakar. Selon Al Qaida, il ne rassemblait qu’un ramassis de « croisés, d’apostats et de mécréants ». ; on était presque proche de la vérité quant aux participants.

En fait il s’agissait uniquement d’un événement spectacle qui n’existait que parce le début du mois de janvier est en général assez vide d’informations ; il faut donc meubler ce vide existentiel par l’essence de compétiteurs motorisés. En conséquence cette organisation mercantile, organisée depuis 1978 par l’ASO (Amaury Sport Organisation), gaspillait l’énergie fossile, agressait la flore et la faune, occasionnait nombre d’accidents et devenait la vitrine de l’idiotie occidentale. Ce jeu de grands enfants représentait une approche peu respectueuse des biotopes traversés et agressés par cette furie mécanique. Vélorution réclamait à juste titre l’abandon du Dakar… le « Dakar » a lieu depuis 2009 en Amérique du Sud !

Aujourd’hui Hervé Kempf s’interroge : « Le bilan carbone » du « Dakar » serait à plus de 20 000 tonnes de CO2. Faut-il interdire les courses d’autos ? » (LeMonde du 3-4 janvier 2009). A Copenhague, c’est une des mesures qui auraient du être prises, la lutte contre le réchauffement climatique manque de repères symboliques. D’autant plus que le sport automobile a bien d’autres inconvénients, bien analysés par Ellul et Illich :

« Il faut prendre divertissement non pas au sens d’amusement, mais au sens pascalien : l’homme est diverti, c’est-à-dire détourné de penser à soi-même, à sa condition humaine, mais aussi détourné des plus hautes aspirations, du sens de la vie, des objectifs supérieurs. L’importance du sport étant désormais dominante, il faut créer l’événement sportif, rien que pour le spectacle. On fabrique alors des monstruosités comme cette course de Paris-Dakar, insultante comme gaspillage au milieu des pays de famine, démonstration de la puissance occidentale parmi les impuissants du tiers-monde, parfaite vanité. » (Jacques ELLUL, Le bluff technologique, 1986)

« Entre des hommes libres, des rapports sociaux productifs vont à l’allure d’une bicyclette, et pas plus vite. » (Ivan Illich)

responsabilité carbone

Aux dernières Assises de la Consommation, on soulignait que 79 % des Français se disent prêts à consommer de façon responsable, mais ils ne sont que 4 % à le faire vraiment. Le Conseil constitutionnel a donc toutes raisons de rappeler aux Français les termes de leur Loi fondamentale : « Toute personne doit, dans les conditions définies par la loi, prévenir les atteintes qu’elle est susceptible de porter à l’environnement ou, à défaut, en limiter les conséquences. » (article 3 de la Charte de l’environnement) et que « Toute personne doit contribuer à la réparation des dommages qu’elle cause à l’environnement » (Article 4). En d’autres termes, cela veut dire que nous devons tous payer la taxe carbone, mais sans exemptions ni exonérations de notre responsabilité dans les émissions de gaz à effet de serre.

Pourtant l’éditorial du Monde (31 décembre) n’a pas du tout les mêmes conclusions : « Après l’échec du sommet de Copenhague, nul doute que les Français seront encore moins prêts à se laisser convaincre » (par une taxe carbone). Pour un grand quotidien de référence, l’essentiel ne devrait pas être le fait que les Français n’apprécient pas la taxe carbone (dont la première mouture a été invalidée par le Conseil constitutionnel). Le Monde aurait du souligner la nécessité absolue de lutter tous ensemble contre le réchauffement climatique dont nous sommes responsables.

Claude Allègre n’est qu’un saltimbanque

Claude Allègre va encore râler, lui qui est à classer parmi les négationnistes (négateurs) du réchauffement. En effet, depuis environ un siècle et demi que les températures sont régulièrement relevées, aucun décennie ne s’est révélée plus chaude que 2000-2009. Et l’année 2010 pourrait battre tous les records malgré un soleil en faible activité (LeMonde du 29 décembre). Pourtant Allègre se permettait de dire dans le Figaro magazine du 28 novembre que les climatologues, gens « scientifiquement pas sérieux », se consacrent à la modélisation « sans aucune considération pour l’observation » et qu’« il faudrait un grand plan spatial pour améliorer nos connaissances sur l’atmosphère et l’océan, car il n’y a plus de grandes missions sur le climat depuis vingt ans ».

Un démenti cinglant lui ait apporté par Jacques Blamont, conseiller du président du CNES (centre national d’études spatiales) dans le Figaro magazine du 24 décembre : « De nombreux instruments portés par des satellites fournissent quotidiennement les bases de la discussion en cours sur le climat. La constellation de cinq satellites A-Train (2004) étudie els nuages et les aérosols ; les glaces polaires sont connues grâce aux images de EOS, Envist et DMSP, et aux mesures de gravité de Grace et Goce ; le niveau des mers par Topex-Posédion, Jason I et II ; les variations spatio-temporelles des émissions des gaz par Iasi, OCO et Gosat ; la salinité de la surface océanique par Smos, lancé il y a peu. Le cycle de l’eau sous les tropiques sera étudié par Megha, et j’en oublie. A partir des données recueillies s’élaborent des modèles qui tentent de traduire la complexité des phénomènes. Contrairement à ce qu’affirme l’ex-ministre (qui, lorsqu’il était au gouvernement, a diminué les crédits du CNES deux années de suite), la communauté scientifique et ses agences spatiales assurent aujourd’hui le programme mondial de recherches climatiques qu’exige la situation. Il est constitué d’une quantité de missions, déjà fort coûteuses, loin de l’idée d’une « grande mission », bonne pour les tréteaux médiatiques. »

Malgré la qualité de cette intervention, Le Figaro magazine donne la parole à Jacques Blamont uniquement dans le « courrier des lecteurs ». Et Claude Allègre conserve les faveurs du Figaro, média qu’on peut donc classer parmi les climato-sceptiques. En effet, dans ce même numéro du 24 décembre, le dossier «  2000-2010, Dix révolutions qui ont changé notre vie », privilégie encore Allègre sous la rubrique « L’éveil de la conscience verte » : 

Nicolas Hulot est qualifié de « très alarmiste sur le réchauffement climatique », et dénigré sciemment : « On lui reproche le mélange des genres et un certain affairisme ». Al Gore, n’est que « l’ex-vice-président de Bill Clinton », qui « milite activement contre le réchauffement climatique », mais « à contre-courant de l’opinion américaine » ! Par contre Allègre est entièrement valorisé : « Ancien directeur de l’institut de physique du globe, Claude Allègre est à ranger dans le camp des climato-sceptiques. Pourfendeur des théories d’Al Gore, il dénonce sans relâche la menace d’une dictature des khmers verts. L’imposture climatique  sera le titre de son prochain ouvrage. »

 Qui se ressemble s’assemble, Figaro-Allègre même combat contre la planète !

un éditorial trop mou

Fabriquer l’éditorial du Monde est un exercice de haute voltige, rester incisif tout en ne déplaisant à personne. Celui du 20-21 décembre sur Copenhague est donc trop mou. Ce n’est pas d’une « déception » dont il faut parler à propos de la foire d’empoigne danoise, mais d’un lamentable fiasco dont Obama est le principal responsable. Selon le climatologue Hervé Le Treut, les engagements qui résultent de Copenhague sont loin de permettre à l’humanité de rester en-deçà des 2°C. Un accord politique aurait du déboucher sur une réelle contrainte pour les pays développés, par exemple limiter la vitesse sur autoroutes et la quantité même de ce que chacun peut dépenser comme essence. En fait, il n’y a pas une compréhension en profondeur des enjeux écologiques, d’abord parce que les dirigeants ne sont pas soumis sur ces problématiques mondiales à la pression de leur propre opinion publique.

            Ce n’est pas la faiblesse de l’ONU qu’il faut dénoncer, mais l’incapacité maintenant notoire d’Obama à mesurer les conséquences internationales du niveau de vie américain, à la fois fort émetteur de gaz à effet de serre mais aussi modèle de comportement exporté aux quatre coins de notre planète. Pourtant l’éditorial du Monde n’accuse en rien les USA et s’acharne sur la Chine, « au cœur de l’échec de Copenhague », qui « ne supporte pas l’idée d’un contrôle international ». Mais c’est la cylindrée des automobiles américaines qui devrait être contrôlée, c’est la taille démesurée de leurs villes (qui oblige à la voiture) qui devrait être limitée, ce sont les Américains qui devraient se sentir les plus responsables (les plus coupables) du réchauffement climatique.

En définitive, seule la récession économique qui accompagnera le peak oil atténuera le changement climatique, mais cela se passera dans la douleur. Puissent les Américains souffrir plus que les autres…

Contrôle des Imbéciles Voraces

Le CIV est partout. Dans les journaux, à la télé, à la radio, avec les enfants, avec les seniors, dans les concours, sur les podiums, au Salon de l’agriculture, etc. Il s’agit d’« informer », tout en étant payé par les filières industrielles et en partie par l’Etat, via le ministère de l’agriculture. On cherchera, mais en vain, une meilleur définition du mot lobby. Ainsi en 2002, alors que la filière bovine commençait à sortir des affres de la vache folle, le CIV avait un budget de fonctionnement de 4,5 millions d’euros, mais il dépensait 8 millions d’euros pour la pub. Sous un titre inquiétant – « le CIV contrôle le buzz  » -, l’hebdo du marketing révèle que le CIV « veille à tout ce qui se dit dans les forums les blogs. Bras d’information d’Interbev, le syndicat chargé de la promotion de la viande bovine, le Centre d’Information des Viandes pondère sur la toile certains arguments développés par les lobbies végétariens ».

            Je comprends mieux maintenant la pub « A l’occasion du sommet de Copenhague, nous rappelons que l’élevage herbivore français est un atout essentiel à nos équilibres environnementaux et alimentaires » (LeMonde du 12 décembre). Toute cette force de frappe médiatique (une page entière du Monde) pour contrer Sir Paul McCartney qui « tente de mettre en avant le modèle végétarien ». En fait le Beatles propose une journée sans manger de viande en Europe pour lutter contre le réchauffement climatique. Il est vrai que la fabrication de bidoche est une aberration énergétique. La FAO estime qu’il fut de 4 à 11 calories végétales pour obtenir 1 calorie de viande. Le bétail gaspille par millions de tonnes des céréales qui font défaut dans une multitude de maisons humaines, toutes situées au Sud, il est vrai. Quant au réchauffement climatique, un rapport de la FAO en 2006 (Livestock’s Long Shadow) indique que l’élevage émet davantage de gaz à effet de serre que tous les transports planétaires, soit 18 % des émissions anthropiques : CO2, méthane (issue de la fermentation des aliments dans l’estomac des ruminants), protoxyde d’azote  (lisiers et purins).

Mais les risques qui pèsent sur notre planète, le CIV et Interbev sans foutent totalement, seul importe le fric qui nourrit l’élevage industriel.

Source documentaire : Fabrice Nicolino, Bidoche (édition Les liens qui libèrent, 2009)