effet de serre

climatocrétinisme, la triste loi de Brandolini

Le discours climatosceptique des années 1980 tendait à nier la réalité du dérèglement climatique ; aujourd’hui, face à l’indéniable, il cherche plutôt à contester son origine anthropique, autrement dit liée à l’activité humaine. Il ne s’agit plus d’experts en marge mais de citoyens imprégnés de défiance, complotistes, antivax et poutinolâtres. La raison pour laquelle il y a encore autant de climato-sceptiques, c’est qu’en matière de changement climatique, il faut dix secondes pour sortir une ânerie, et dix minutes pour expliquer pourquoi c’est une ânerie. Être libre (la « liberté de la presse »), ce n’est pas – en tous cas pas dans mon esprit – avoir le droit de raconter n’importe quoi au motif qu’il n’y a pas de sanction pécuniaire ou légale à court terme. Cela, ce n’est pas être libre, c’est être, au choix, paresseux, cynique, ou immoral.

Soyons clairs : nous ne perdrions pas une seconde à contribuer à un débat portant sur le fait de savoir si la Terre tourne autour du Soleil ou l’inverse. Car à force de se construire des mensonges, les humains s’empêchent de réagir et demain il sera trop tard.

Lire, Claude Lorius (1932-1923),

la nique aux climato-sceptiques

William Audureau : Les démonstrations en apparence scientifiques ces climato-sceptiques masquent l’usage pernicieux de chiffres bancals, de théories obsolètes ou d’approximations géologiques. C’est ce qui rend si dangereux ces discours. Démonter l’argumentaire climatosceptique s’apparente en effet à un travail de Sisyphe. Il répond à la loi de Brandolini, bien connue des observateurs du monde de la désinformation, selon laquelle prouver l’absurdité d’un baratin se révèle bien plus coûteux en temps et en énergie que de le produire. Ce serait tomber dans le piège de la rhétorique climatosceptique que de se contenter d’en éplucher les arguments un à un pour en montrer les imprécisions, les non-sens et les inepties. Il faut revenir à l’image d’ensemble, et souligner sa malhonnêteté : ses démonstrations sont totalement incompatibles entre elles.

La démarche consiste à miner le consensus scientifique par tous les moyens possibles. Il y a une campagne organisée de désinformation dont les précédents ne manquent pas, depuis les actions de manipulation de l’opinion publique de l’association environnementale de l’industrie pétrolière et gazière, dans les années 1980, à celles du libertarien Heartland Institute de Chicago, au début des années 2010. Dans un monde de contre-vérités où, par principe, le consensus scientifique serait un mensonge, il devient tragiquement héroïque d’affirmer son contraire.

Le point de vue des écologistes climato-réalistes

Punchingball : J’ai pu observer il y a bien dix ans de cela déjà le visage las et fatigué de Jean Jouzel face à un présentateur météo lui assénant qu’au 13e siècle, un certain mois de février, les arbres fruitiers étaient en fleurs à Strasbourg …Et alors , ça prouvait quoi ? Vous trouvez qu’on a beaucoup progressé depuis ?

Michel SOURROUILLE : Le « M. Météo » de France 2, Philippe Verdier, auteur d’un livre qui contestait l’idée d’un consensus scientifique sur le climat, a été mis à pied en 2015 par France Télévisions. Il mettait en cause la probité des scientifiques du GIEC qui fait référence. Il évoquait des « scientifiques manipulés », « des médias aveuglés », « des ONG mercantiles » et « des religions en quête de nouveaux credo ». Il voulait salir les autres, et c’est lui qui se dit aujourd’hui « sali » et « attaqué dans [son] métier » ! Nathalie Kosciusko-Morizet, ex-ministre de l’écologie de Nicolas Sarkozy et numéro deux du parti Les Républicains avait dressé un parallèle entre ceux qui disent “en fait le changement climatique n’existe pas ou c’est pas grave, c’est formidable, on ira plus souvent à la plage” et ces gens de l’industrie du tabac ou de l’industrie de l’amiante qui pendant des décennies ont nié le danger.

le sceptique : Quand Valérie Masson-Delmotte, figure du GIEC, fait un discours de soutien aux Soulèvements de la Terre, cela contribue à mon avis bien davantage à la difficulté de prendre des mesures climatique. Les humains n’achèteront pas une lutte contre le changement climatique axée sur la décroissance ou un gloubi-boulga qui mélange climat, biodiversité, pollution, anticapitalisme et on ne sait quoi d’autres. Donc soit vous faites une offre décarbonée désirable et accessibles, soit le fossile durera encore 100 ans (rassurez-vous, il reste plein de choses en sous-sol).

Michel SOURROUILLE : Rassure-toi septique, la dernière goutte de pétrole sera utilisée dans un tank et, les pieds dans l’eau, on aura complètement oublié tes sophismes…

pm22 : Le climat se réchauffe, certes, mais n’en faisons pas un dogme. Ces prétendus « évènements climatiques extrêmes » sont de l’ordre de la météo, pas du climat.

ti Gilou à pm22 : Votre réponse me fait me demander si vous comprenez ce que vous écrivez. Remarquez, je mesure la difficulté que représente votre position. Plus le temps passe, moins elle est partagée. Cela a du être terrible pour les platistes lorsqu’il fut admis par tout le monde que la terre est ronde et tourne autour du soleil. 450 ans plus tard, vous revivez les mêmes tourments.

Frog : Je zappe pm22 la plupart du temps vu qu’il occupe juste le vide avec du rien.

Jacques Py : Le climatosceptisme est obsolète, ce qui est central au débat, ce sont les climato-relativistes. Discours de l’adaptation, discours de la solution technologique, discours plus général de la relativité des enjeux climatiques, tout se coordonne pour vouloir s’éviter l’ampleur des efforts. Parler d’urgence climatique est intégrer une temporalité, ce que se refuse le discours dominant des climato-relativistes, malgré l’accélération des processus en cours.

Michel SOURROUILLE : J’ai même un membre de ma famille qui s’est permis le raisonnement suivant en 2008 : « Au secours, ça chauffe ! Le climat se réchauffe, vous avez fauté alors la nature se venge. Mais oui, regardez vous avez les preuves sous les yeux, le soleil est trop chaud, il pleut, le vent souffle, les tempêtes, les raz de marée se multiplient, l’hiver est trop froid, l’été trop chaud, vous voyez, vous avez la preuve de votre pollution calorifique. Vous pétez trop fort, vous faites tourner votre moteur, vous réchauffez la planète… » En 2023, il reste obstinément négationniste climatique.

Roger : de toute façon les climatosceptiques subiront aussi les canicules sécheresses et montées des eaux… La messe est dite avec bientôt 10 milliards d’êtres humains … je conseille aux jeunes de profiter de la vie avant la débâcle et surtout de ne pas se reproduire..

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Quota de 4 vols par avion dans toute une vie

Dans notre société surpeuplée d’humains, d’infos, d’intox et de faits divers de tous ordres, la parole qui compte a du mal à se frayer un chemin. Ainsi la sobriété avionnaire promue par Jean-Marc Jancovici.

24 Novembre 2022, « Il faut se limiter à 3 ou 4 vols dans une vie »

https://www.tourmag.com/Il-faut-se-limiter-a-3-ou-4-vols-dans-une-vie-selon-Jean-Marc-Jancovici_a116370.html

Jean-Marc Jancovici : « Les émissions de CO2 ne peuvent pas croître indéfiniment, ni même rester constantes, cela n’existe pas dans un monde fini. La seule question est de savoir : qu’est-ce qui les fera baisser un jour ? Est-ce notre volonté ou les évènements extrêmes ? Je rappelle que le pic de production de pétrole conventionnel date de 2008, celle de pétrole de sable bitumineux sans doute de 2018, nous allons devoir faire avec moins… Il y a des COP depuis 1995, le fonctionnement même d’une COP fait que ça ne peut pas contraindre des pays qui ne voudraient pas avancer sur le sujet. Elles sont régies par des processus onusiens, sauf au Conseil de sécurité, toutes les décisions sont prises à l’unanimité par consensus… La croissance verte, c’est un mythe, mais Elisabeth Borne fait un métier qui consiste à dire que tout est sous contrôle. Pas de croissance économique, pour l’État veut dire baisse des recettes fiscales et spectre du chômage. Mais à l’avenir il sera nécessaire de limiter drastiquement le nombre de vols à 3 ou 4 dans une vie, aussi bien pour les riches que pour les pauvres.

L’avion représente 8 % du pétrole mondial, il est né avec le pétrole et va mourir avec lui. Il n’existe pas de solution technique à l’échelle industrielle pour conserver les quelques milliards de passagers aériens par an. Pour gérer le moins, il existe deux options : gérer par les prix ou les quantités. Je trouve que de gérer par les quantités est plus égalitaire que par les prix. Après ça peut être 2 ou 5 vols, je n’ai pas fait les calculs. Les gens qui prennent l’avion pour aller dans un hôtel club, un voyage organisé, la découverte des autres civilisations est un comportement qui peut paraître exagéré.

23 mai 2023, Clément Beaune sur son compte Twitter : « Ce matin, l’interdiction des lignes aériennes en cas d’alternative de moins de 2 h 30 en train devient réalité », a écrit Le ministre des Transports célébrait en fait la publication d’un décret d’application de la loi climat et résilience, votée en 2021.

28 mai 2023, Suppression des vols intérieurs : « une mascarade », dénonce Jean-Marc Jancovici

https://www.youtube.com/watch?v=rPxbgVpR0mo

30 mai 2023, Quota de 4 vols par vie : Jean-Marc Jancovici persiste et signe. Léa Salamé l’a interrogé ce mardi 30 mai sur France Inter.

https://www.lechotouristique.com/article/quota-de-4-vols-par-vie-jean-marc-jancovici-persiste-et-signe

Jean-Marc Jancovici : « Ce quota de 3 à 4 vols dans toute une vie proposé en novembre 2022 avait fait l’effet d’une petite bombe médiatique.  Depuis, j’ai fait les calculs, c’est à peu près le bon ordre de grandeur. Mon père qui était d’une catégorie socio-professionnelle supérieure, professeur d’université, quand il est allé aux États-Unis pour faire un post-doct, il est allé en bateau. L’idée même que l’on puisse prendre quatre vols dans une vie, il y a un gros demi-siècle, ça n’existait pas pour la population dans son ensemble.

Pour ceux pour qui cela paraît inconcevable et restrictif, il faut bien qu’ils se rendent compte que c’est quelque chose extrêmement récent et que ça partira avec le pétrole. Une fois qu’il n’y aura plus de pétrole, il n’y aura même pas de quoi assurer quatre vols dans une vie par terrien. Il est urgent d’organiser notre avenir économique en fonction de ça. L’empreinte carbone de Paris, un tiers provient des vols. Une bonne partie de l’économie parisienne repose sur le transport aérien lié aux sièges sociaux de multinationales ou au tourisme. Il faut penser à un avenir avec moins de tout ça. 

Oui, une partie des jeunes veut actuellement continuer à prendre l’avion. Mais nous vivons dans une collectivité. Après il faut faire des compromis. Nous pourrions envisager que sur les quatre vols, deux soient effectués lors des études, pour découvrir le monde. Ensuite, plus vieux, on part en vacances en Corrèze, dans les Vosges, en Corse.  En Corse en bateau bien sûr. Il m’est arrivé d’aller en train et en bateau au Maroc, en traversant Gibraltar. Il faut retrouver le temps du voyage qui est long. Et alors le voyage lui-même devient une découverte. » 

Notre blog biosphere, contre l’avion depuis longtemps

Le monde d’après Covid, avec ou sans avions ? (2021)

Des avions qui volent au colza, foutaises (2021)

Léonore Moncond’huy, seule contre les avions (2021)

Pour l’avion tous bords politiques confondus (2019)

Faire « tourisme et découvertes » sans prendre l’avion (2019)

Pour ne pas changer le climat, ne pas prendre l’avion (2015)

tout accord fait grâce à l’avion n’est pas un bon accord (2013)

trop de touristes prennent l’avion (2010)

des avions cloués au sol, la bonne affaire ! (2010)

la fin de l’avion plus lourd que l’air (2009)

les avions, au sol ! (aéroport de Nantes, 2009)

avions et climat (2007)

Extrait : Les climatologues rappellent aussi qu’à consommation égale un avion a un impact climatique qui vaut plusieurs fois celle d’un transport routier, en raison des émissions de gaz à haute altitude. Avec un transport aérien qui connaît une croissance annuelle de 10 % et qui représente une source majeure de pollution au CO2, certains veulent donc limiter les déplacements en avion. L’Association Flight Pledge prône une telle mesure, notamment pour les vols de loisirs de courtes distances et les courts séjours, rendus récurrents depuis l’avènement du low cost et qui sont aujourd’hui une tendance forte. Il semblerait que la seule régulation effective possible à grande échelle soit d’ordre économique, par le biais de taxes, d’augmentation de tarifs, de primes compensatoires pour l’environnement… Mais cela revient à poser la question de savoir s’il est réellement possible et souhaitable de limiter le nombre de voyageurs aériens….

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La France doit agir comme un colibri

Dans « La part du colibri, l’espèce humaine face à son devenir », Pierre Rabhi rappelle l’enseignement de la légende amérindienne du colibri : « Un jour, dit la légende, il y eut un immense incendie de forêt. Tous les animaux terrifiés et atterrés observaient, impuissants le désastre. Seul le petit colibri s’active, allant chercher quelques gouttes d’eau dans son bec pour les jeter sur le feu. Au bout d’un moment, le tatou, agacé par ses agissements dérisoires, lui dit : « Colibri ! Tu n’es pas fou ? Tu crois que c’est avec ces quelques gouttes d’eau que tu vas éteindre le feu ? » « Je le sais, répond le colibri, mais je fais ma part. »

Ce dialogue se retrouve souvent sous cette forme : « Je ne comprends pas qu’on se focalise autant sur ce que peut faire la France pour le climat alors qu’elle pèse très peu, 1 %, voire moins des émissions de gaz à effet de serre. »

réponse de Nabil Wakim : La France émet au sens strict 0,9 % du CO2 à l’échelle mondiale – elle est le vingtième pollueur mondial, tout de même –. Surtout, il est absurde de ne pas prendre en compte la totalité des émissions de gaz à effet de serre dont nous sommes responsables : nous importons énormément de produits fabriqués à l’étranger, et il faut donc ajouter cette empreinte carbone à la nôtre. La France est alors plus proche des 2 %. Il faut ensuite comparer avec les émissions de gaz à effet de serre par habitant. Un Français émet en moyenne 9 tonnes de CO2 par an, soit bien plus que la moyenne mondiale, qui est d’environ 6 tonnes par habitant. De plus les gaz à effet de serre restent dans l’atmosphère pendant de très longues périodes. La demi-vie du carbone atmosphérique est de 120 ans, ce qui veut dire aussi que le CO2 qui cause le changement climatique aujourd’hui est le fruit des émissions de gaz à effet de serre des deux cents dernières années ; en cumul des émissions de gaz à effet de serre, la France est le huitième pays qui contribue le plus au changement climatique.

L’idée selon laquelle la France n’aurait rien à faire parce qu’elle émet peu de gaz à effet de serre est donc fausse car on émet beaucoup, et depuis longtemps. C’est aussi éthiquement contestable. Minimiser la responsabilité de la France, c’est surtout trouver de bonnes excuses pour ne rien faire.

Le point de vue des écologistes en débat

Camtaoij : Pour caricaturer, je pourrais dire que, personnellement, je pèse pour moins de 0,0000002% des émissions mondiales, donc que je peux continuer à émettre à tout-va, ça ne change rien. Ce qu’on peut dire, par contre, c’est que le niveau d’émissions de la France n’est pas soutenable si on l’extrapole à l’ensemble de la population mondiale, et qu’il faudrait diviser nos émissions par 4 au bas mots pour que ça puisse être le cas.

Xis : Pareil pour les accidents de la route : la France représente moins de 1% des accidents dans le monde, donc arrêtons de nous embêter avec les feux rouges et le code de la route 😉

El Progressier : Le 100 % est fait de tous les 1 %. Si chaque personne ne fait rien en arguant qu’elle seule ne peut rien, alors nous ne ferons jamais rien !

Grandlai : Donc, il aurait fallu que la révolution industrielle n’ait pas eu lieu et il faut interdire le développement des pays du Sud grâce à leurs exportations. Autant dire retomber collectivement dans la misère absolue.

Vlfr : Il faut effectivement que les générations actuelles fassent de grands sacrifices pour la survie de l’humanité.

ØISJØ : Vivre sans avion, moins de voiture, de télé, de sèche linge et autres fringues de truc et de machin. Est-ce misérable ? Dire que la production de batterie doit avant tout servir le sud plutôt que nos projets d’avions électriques et autre suv de 4t est-ce être misérable ? Être heureux n’a jamais voulu dire « posséder »

Max222 : Discussions de marchands de tapis à n’en plus finir destiner à culpabiliser les gens sur le comportement de leurs ancêtres. De plus, c’est la masse globale de CO2 émise qui est importante et pas la quantité par individus. Un pays de 1,4 milliards d’habitants, même si la production par habitant est faible, la masse de la population fini par produire des quantités astronomiques de CO2. Ce dont Indiens et Chinois se foutent royalement.

BOLAND : On aura beau faire des efforts : les classes moyennes indiennes (300 millions de gens , environ), et chinoise (500 millions) n’ont qu’un rêve , avoir une voiture , une maison climatisée et le droit de bouger … La clim , que tous les Français vont vouloir , … ben oui , on aurait trop chaud, sinon , … En fait , attendons que tout pète ! (Tiens, des incendies de forêts en mai, c’est un bon début)

Vince : L’effort à faire ? C’est simple, la neutralité carbone pour chacun. Donc ramener ses émissions à ce que la terre peut absorber. En France, cela correspond à une baisse de l’ordre des 3/4. Donc manger très très peu de viande, nourriture essentiellement locale et bio, transports en commun (sauf avion très très rarement) , vélo et petit VE pour ce qui ne peut pas être fait autrement. Habitat très économique en énergie et auto consommation énergétique. Vêtements durables. Loisirs proches. Rien d’insurmontable.

OLIBRIUS : Mettre en place une économie écolo propre suppose un changement complet de paradigme, une société post-capitaliste basée sur la sobriété, des restrictions drastiques, des contrôles quasi totalitaires et une régression généralisée en terme de consommation. Je n’ai rien contre, je suis un adepte de la vie monastique, mais le pays n’acceptera jamais ces sacrifices et je ne vois qu’un effondrement dramatique du système. Mad Max.

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GAZ, le « point de vue des écologistes »

Il y a plusieurs façons de regarder un événement quel qu’il soit. Tout dépend de son point de vue, sachant qu’en fin de compte ce sont les écologistes qui ont toujours raison. Prenons au hasard un article récent du MONDE : « Au 30 juin 2023, ce sera la fin des tarifs réglementés de vente du gaz. »

Adrien Pécout le journaliste, qui se veut objectif : Au 30 juin, fini le tarif réglementé de vente du gaz, fini ce tarif protecteur, le Conseil d’Etat l’a jugé contraire au droit européen et à la libéralisation du marché de l’énergie… Point important : si les cours européens du gaz repartent en forte hausse, le gouvernement pourra alors aussi appliquer son « bouclier tarifaire ». A terme, pourtant, l’extinction du TRVG risque d’exposer encore plus les ménages à la volatilité des cours… Gare à certaines pratiques de démarchage à domicile ou par téléphone, aux usagers, plus que jamais dorénavant, d’être sur leurs gardes.

Le point de vue des corrnucopiens, qui pensent que la corne d’abondance est éternelle : Une hausse à venir des tarifs ? Ne devait-on pas avoir au contraire, nous avait-on promis, une baisse spectaculaire du prix du gaz grâce à la privatisation de Gaz de France ?

Le point de vue des antilibéraux nationalistes : Encore une grande œuvre de l’idéologie de la Commission européenne, la mise en concurrence pour les produits de base qui aboutit à plus de précarité et à des tarifs plus élevés. Frexit !

Le point de vue des technocrates : Le gaz vient de Russie, des pays arabes ou d’Alaska. Ça s’appelle des monopoles et des cartels. La concurrence ne concerne que le coût du centre d’appel pour vous abonner ce qui est marginal car 50% du prix c’est le fournisseur, 25% la taxe d’utilisation du réseaux et 25% les autres taxes, principalement la retraite des gaziers. Au total, la concurrence ne porte que sur un montant très inférieur à celui de la retraite des gaziers qui a été rajoutée sans vous le dire. Le méchant qui s’en met p’ein les fouilles, comme pour l’essence, c’est l’Etat.

Le point de vue des financiers : Le bouclier tarifaire est une bien mauvaise idée : l’État emprunte massivement pour faire bénéficier à tous (y compris ceux qui n’en ont pas besoin) d’un tarif décorrélé de la réalité. Résultat : personne n’a intérêt à remettre en cause ses habitudes de consommation ni à réfléchir à changer son mode de chauffage, notamment pompe à chaleur + photovoltaïque, ce qui devra se faire pourtant…

Le point de vue des pauvres : Attention, le bouclier tarifaire est fonction des ressources, contrairement au plafonnement du tarif réglementé. Quant à passer à la pompe à chaleur en immeuble, a fortiori si tu es locataire, c’est pas gagné.

Le point de vue du longtermisme : En 2028, les ménages devront payer une taxe CO2 sur les combustibles utilisés pour chauffer leur maison. Et en 2050, l’Europe vise le neutralité carbone qui implique la fin du gaz pour chauffer son eau chaude à 60°C et pour cuisiner à 200°C. Le Shift Project a analysé les données existantes sur les réserves mondiales de gaz naturel et prévoit une diminution entre 2 et 20 des quantités de gaz naturel disponibles sur le marché par rapport à maintenant dans une période allant de 2050 à 2060. Conclusion : cela ne sert à rien de râler et de crier au scandale, les réalités physiques sont incontournables.

Le point de vue des darwiniens : Dans un monde qui change, ceux qui ne s’adaptent pas disparaissent.

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Nucléaire et gaz, le greenwashing à l’UE (2022)

extraits : Lexécutif communautaire a fini par publier, le 2 février 2022, son décret sur la taxonomie verte, classement des activités selon leur contribution à la lutte contre le réchauffement climatique. Le nucléaire classé énergie « verte » et le gaz « énergie de transition », se révèle pour ce qu’elle est, un exercice purement politicien.

Alerte, l’envolée des prix du gaz en Europe (2021)

extraits : Pour ne pas avoir d’insomnies, nous avons adopté plusieurs stratégies. Le déni (« c’est des conneries »), la croyance (« La science trouvera bien une solution »), le greenwashing (« j’achète des crédits carbone »), le n’importe quoi (« avec la croissance verte, tout est possible »). Nous nous refusons à aborder les problèmes de fond, ainsi la pénurie de gaz qui nous pend au nez.

Gaz à tous les étages, notre mode de vie dans l’impasse (2017)

extraits : Aujourd’hui, c’est la planète entière qui désire l’eau courante avec chasse d’eau incorporée dans chaque WC et le gaz à tous les étages. Le gaz, source d’énergie fossile, source d’énergie facile. Quand le président américain Donald Trump fait des civilités à son meilleur ennemi, son homologue chinois Xi Jinping, ils se racontent des histoires de gaz. Ils ont signé jeudi 9 novembre 2017 un accord d’investissement chinois pour l’exploitation d’un gisement en Alaska.Comme d’habitude nos agissements individuels et collectifs veulent ignorer les contraintes biophysiques du long terme. Le gaz naturel est une ressource non renouvelable qui devrait atteindre son pic de production entre 2030 et 2040. Ce qui veut dire qu’il est impossible de conserver au cours des années 2050 le gaz à tous les étages et le confort qui va avec.

Les gaz à effet de serre, c’est aussi notre affaire (2015)

extraits : Je gagne mon argent en ne le dépensant pas. Ce que je veux, c’est gagner du temps. Aujourd’hui je touche 400 euros par mois environ. C’est formidable, je n’ai jamais eu autant ! Ça me suffit largement. Je n’ai pas de frais de transport puisque je fais tout à vélo, pas de chauffe-eau, pas de chauffage central. J’ai enlevé tous les radiateurs électriques, ils ne me servaient pas. C’est absurde de chauffer l’air pour chauffer le corps. Quand j’ai froid, je mets un pull ou une couverture en plus, et voilà.

66 années de gaz de ville devant nous, tout baigne (2006)

extraits : Braves gens, pourquoi vous inquiéter, le gaz est bien plus abondant que l’or noir, des experts affirment même que les réserves prouvées (au rythme actuel de production) peuvent satisfaire nos besoins pendant 66 années encore (contre 40 pour le pétrole). Mais si on demandait aux générations futures leur point de vue, c’est immédiatement qu’il faudrait se passer de pétrole et de gaz ; c’est eux qui souffriront du réchauffement climatique et sans aucune réserves de ressources fossiles à disposition pour s’adapter. Tout journaliste qui ne parle pas dans son article d’économies d’énergie doit être immédiatement accusé de crime contre la Biosphère…

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Démocratie grâce à des conventions citoyennes

L’accompagnement de la fin de vie est à la croisée de l’intime et du collectif. Tout le monde peut donc avoir son idée sur sa législation, quel point de vue final adopter ? Le pape François a rappelé son espoir de voir en France un débat sur la fin de vie qui « puisse se faire, en vérité, pour accompagner la vie jusqu’à sa fin naturelle ». Comme si le représentant d’une religion avait quelque chose à dire sur une décision politique dans un pays démocratique !

Le 24 octobre 2022, après une audience papale, Emmanuel Macron se confie : « Sur le sujet de la fin de vie, j’ai dit au pape que je n’aimais pas le mot d’euthanasie. Ma mort m’appartient-elle ? C’est une question intimidante, je ne suis pas sûr d’avoir la réponse. » Sur le sujet, la pensée du chef de l’État reste insondable à ce jour, mais il préfère inviter pour en parler les représentants des religions. De toute façon un président de la chose publique n’a pas à imposer son point de vue.

Il nous paraît aussi hallucinant que le gouvernement ménage d’emblée le corps des médecins gagnant leur vie par les soins palliatifs et l’acharnement thérapeutique au détriment des usagers, ceux qui en toute liberté estiment qu’on doit arrêter de les « aider » à survivre. Les députés et sénateurs devraient trancher en dernier ressort, mais adeptes de l’eau tiède et du conservatisme, on ne devrait aboutir qu’à des demi-mesures très loin d’une autorisation du suicide assisté.

Le Comité consultatif national d’éthique a parfaitement démontré au cours de son existence qu’en matière d’éthique tout est relatif car ses propositions sont variables dans le temps et même parfois contradictoires. En 2013, le CCNE avait estimé « dangereux pour la société que des médecins puissent participer à donner la mort ». Pour le CCNE en 2021, la question principale à régler est celle du libre arbitre de la personne qui souhaite mourir : comment lui permettre de prendre une décision de manière éclairée, sans être soumise à la pression médicale ?

L’association ADMD (Association pour le droit de mourir dans la dignité) joue son rôle de conseil dans évolution de la loi… depuis des années et des années !

Jean-Luc Godard qui a pratiqué pour lui-même le suicide assisté disait : « Je ne suis pas anxieux de poursuivre à toute force. Si je suis trop malade, je n’ai aucune envie d’être traîné dans une brouette. »

Dans ce maelstrom d’opinions diverses et souvent contradictoires, la Convention citoyenne sur la fin de vie était donc la meilleure façon de délibérer de façon démocratique et en toute transparence.

Jacques Commaille et Stéphanie Lacour : Les prises de parole ont illustré l’ambivalence des pouvoirs publics quant à ce dispositif de convention citoyenne. L’« Innovation démocratique majeure » ne doit pas « se substituer au débat démocratique », selon la première ministre. La présidente de l’Assemblée nationale, questionnée par des citoyens désireux de savoir si leurs travaux sur la fin de vie seraient réellement pris en compte, leur a rappelé qu’ils n’avaient pas « la légitimité de représenter le peuple », laquelle « se gagne par l’élection ». D’autres acteurs politiques expriment même du mépris à l’égard de cette expérience. Alors que les élites consacrées, médecins, juristes, experts, locuteurs officiels de l’éthique ou encore de la morale religieuse, philosophes… s’arrogent le monopole de la formulation de ce qui est socialement désirable, les membres de la convention citoyenne sur la fin de vie ont pourtant démontré que le débat démocratique pouvait être bien plus inclusif.

Le point de vue des écologistes démocrates

Un commentateur sur lemonde.fr reste dubitatif sur la légitimité de telles conventions pour des prises de décisions « directes » : « Comment sont sélectionnés les membres, comment sont-ils informés, etc. Le citoyen que je suis, préfère voter pour son représentant que d’être représenté par un inconnu dont je ne sais rien. »

Nous, nous avons à l’esprit la dernière séance au CESE, au cours de laquelle des citoyens représentatifs  ont lu le manifeste : « Nous sommes 184 citoyennes et citoyens tirés au sort, riches d’une diversité d’origines, d’expériences et d’opinions. Nos constats et nos propositions sont issus d’un exercice collectif et démocratique. Pendant 27 jours, nous avons croisé nos regards et confronté nos points de vue sur l’accompagnement de la fin de vie. Pour en comprendre les enjeux, nous avons aussi entendu et questionné près d’une soixantaine d’experts et de personnalités… Nos travaux achevés sont désormais les vôtres. Ils sont le fruit d’une délibération collective dont nous portons les conclusions au débat public. Concitoyennes, concitoyens, emparez-vous de cette question qui est un enjeu de société majeur. »

Nous retrouvons la même conclusion dans le rapport de 600 pages des 150 citoyen.e.s qui ont réfléchi durant neuf mois dans le cadre de la convention citoyenne pour le climat : « Citoyennes et citoyens de toutes origines et professions, nous sommes représentatifs de la société ; nous avons été sélectionnés par tirage au sort selon une génération aléatoire de numéros de téléphone, sans nous être portés volontaires préalablement. Nous ne sommes pas des experts, la convention citoyenne reconnaît la capacité des citoyens moyens de s’exprimer sur un sujet d’avenir majeur… Ce que nous avons vécu est une véritable prise de conscience de l’urgence climatique… La plupart d’entre nous n’auraient pu imaginer en acceptant de participer à cette convention qu’ils puissent préconiser des mesures qui peuvent sembler extrêmes. »

C’est l’expression renouvelée – par-delà des différences d’opinion et d’ancrages familiaux, sociaux, professionnels, d’appartenance à des cultures locales – d’un même engagement au profit du bien commun, exaltant ainsi les vertus d’une légitimité inscrite dans l’histoire française : celle de la délibération populaire. Si nos parlementaires suivaient de même un stage intensif de formation sur toutes les décisions qu’ils prennent, notre système deviendrait plus « représentatif » !

Nos articles antérieurs sur ce blog biosphere

La volonté du peuple exprimée grâce au tirage au sort (2019)

les leçons à tirer de la Convention Climat (2020)

Parlement godillot et convention citoyenne (2020)

Tout savoir sur la Convention Citoyenne (2021)

Convention sur la fin de vie, le manifeste (2 avril 2023)

Démocratie grâce à des conventions citoyennes Lire la suite »

Allons plus loin que « La Fresque du climat »

Créée par Cédric Ringenbach en 2015, la Fresque du climat est un atelier ludique et pédagogique d’environ trois heures, au cours duquel le formateur guide les participants dans un jeu de cartes dont l’objectif est de comprendre les causes et les conséquences du dérèglement climatique. Chaque carte incarne un élément du phénomène et doit être placée après les cartes représentant ce qui le cause, et avant celles figurant ses conséquences.

Par exemple la carte « combustion de ressources fossiles » est placée après la carte « activités humaines », mais avant la carte « émissions de gaz à effet de serre ». C’est logique : les activités humaines sont à l’origine de la combustion du gaz, du pétrole et du charbon, cette combustion étant elle-même une cause des émissions de carbone. En une quarantaine de cartes se compose ainsi un panorama du problème climatique – une fresque, donc. Alors qu’un sondage (Ipsos/EDF) publié fin 2022 sur le sujet suggère que 37 % des Français demeurent climato-sceptiques, nul ne saurait contester l’utilité de la Fresque.

Stéphane Foucart : La Fresque n’aborde le réchauffement que sous son aspect technique, elle en fait un problème physico-chimique. Elle invisibilise ses racines politiques et idéologiques et prend ainsi le risque de diffuser, en creux, deux idées dangereuses. La première est celle du caractère performatif du savoir : produire et diffuser de la connaissance sur un problème reviendrait à le résoudre. Cette idée a notamment présidé à la création du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), en 1988… les connaissances accumulées ne se sont pas traduite par une diminution des émissions de gaz à effet de serre. Quant à la seconde, elle fait accroire que, le réchauffement n’ayant pas de racines idéologiques bien identifiées, sa résolution ne tient qu’à une série de mesures techniques. Vouloir explorer les causes profondes du changement climatique, c’est au contraire accepter d’aller bien au-delà des sciences naturelles. C’est accepter de se frotter à des questions politiques, par exemple s’interroger sur les modalités de la création monétaire et du financement des économies, sur la sacralisation du marché et de la croissance, sur la fétichisation de l’innovation technique, sur le mépris de la condition animale, sur le rapport à l’oisiveté, sur la dérive oligarchique du néolibéralisme, sur les effets environnementaux de la différenciation sociale… Le temps n’est plus seulement à expliquer la science du réchauffement, mais à l’action politique.

Le point de vue des anti-écologistes

Morgenstern : Chaque chronique de Stéphane Foucart est une invitation à se désabonner du Monde.

-Alazon- Fait-on des fresques sur la fraude fiscale, sur l’immigration, sur la malnutrition dans le monde, sur le paludisme, qui tue bien plus que le réchauffement pour bien longtemps ? Non, on fait une fresque à forte dimension écolo, mais ça ne suffit pas encore aux écolos qui voudraient que ce soit juste de la propagande !

Jean Kaweskars : Le but de nos écolos pastèque, comme SF, c’est d’imposer par la peur ce qu’ils n’obtiennent pas par les urnes. La transition climatique est une réalité physique que l’humanité réussira par l’innovation, le libéralisme et la croissance économique.

GERONIMO : Si l’on voulait encore une preuve que lutter contre le changement climatique est juste un PRÉTEXTE pour valider un agenda idéologique marxisto-chrétien, on est servi. « Marxiste » parce que l’auteur affirme – sans preuve – que le libéralisme est responsable du réchauffement de la planète (et l’URSS hier ? Et la Chine aujourd’hui ?). « Chrétien » parce que l’idée sous-jacente de cet anti-scientisme, c’est qu’on est forcément COUPABLE et qu’on doit donc « souffrir » et « expier ». Le fait qu’on puisse régler le problème par le progrès scientifique est d’autant plus insupportable qu’il sous-entend que nous pourrions ne pas faire « pénitence ». Sectarisme total.

HoKuToShinken : Dans un régime dictatorial vert, les lois seront neutres, de droite ou de gauche ?

Le point de vue des écologistes

Lecteur Malin : La fresque du climat est le volet 1 de ce programme, le volet 2 est « l’atelier 2 tonnes »… notre chroniqueur , comme les autres participants , y sera mis face à l’inévitable pour arriver à l’objectif : une profonde remise en cause de nos modes de vie. Bref un article incomplet

Michel SOURROUILLE : Stéphane Foucart ne fait qu’illustrer la charte Climat & Environnement du « MONDE » : Le Monde contribue par sa couverture éditoriale et par ses engagements sociétaux d’entreprise à cet objectif de réduction des émissions de gaz à effet de serre…Le Monde informe ses lecteurs sur l’impact de leurs choix de consommation et se donne pour objectif de réduire progressivement la place accordée aux produits et aux loisirs les plus néfastes pour l’environnement… Le Monde se fixe comme objectif de réduire progressivement la part des publicités de produits et activités exclusivement basés sur le recours aux énergies fossiles…

JF112 : Quelle idéologie politique aujourd’hui est vraiment compatible avec l’arrêt total de l’utilisation des hydrocarbures dans les moyens de production. Il est assez clair que dans ces conditions, la retraite à 60 ans, un SMIC à 2000 euros, passer 7 ans à faire des études d’histoire ou de sociologies, la médecine moderne avec scanner et cie, c’est même pas en rêve dans un futur proche.

P.Bizet : Nous sommes trop nombreux sur terre et nos activités, notamment celles des riches (nous, pas seulement les plus riches d’entre nous, nous tous) mènent à une consommation outrancière des ressources terrestres et à une pollution aussi outrancière en plus des émissions de gaz à effet de serre. Pourtant, chacun d’entre nous peut facilement diviser par 2 ses consommations personnelles, multiplié par les milliards de ‘riches’ cela aurait un effet immédiat bien plus rapide que les changements politiques nécessaires.

Jean Passédé-Mayer : à combien débute le 10% des plus riches responsables de presque 50% des GES au niveau mondial ? Réponse : à environ le Smic français. Morale : faut pas se plaindre, on est de gros privilégiés.

LargoF : Pour vraiment ralentir le système il faudrait avant tout revenir à une taille de population qui était celle du début de l’ère industrielle, en commençant par donner l’exemple dans les pays développés avec une politique volontariste. La baisse naturelle et les petits gestes verts ne seront pas suffisants. Mais ralentir la machine économique qui se nourrit de croissance basée sur la natalité demande une prise de conscience idéologique préalable. L’économie de la décroissance est à inventer et c’est tout à fait faire de la politique.

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Quota de carbone par personne, l’inéluctable

Yves Cochet : « Pour dépasser la contradiction entre « gilets jaunes » et taxe sur les carburants, nous proposons la « carte carbone ». Elle se déploie ainsi : chaque habitant de la France reçoit un quota annuel de droits d’émissions de CO2 qui encadre toute consommation d’énergie (pétrole, gaz, charbon, électricité…). Si, par exemple, vous voulez faire le plein dans une station-service, vous payez le carburant en euros et votre carte carbone à puce est également décrémentée des droits d’émissions correspondant à la quantité de carburant que vous avez achetée. (LE MONDE du 12 février 2019, Mon idée pour la France : « Une carte carbone plutôt qu’une taxe carbone »)

Nabil Wakim : « Des gens défendent depuis de nombreuses années la mise en place d’un « compte carbone ». L’idée est notamment portée par l’association « compte carbone » . Elle n’est soutenue par aucun parti politique représenté à l’Assemblée, mais quelques députés, comme Delphine Batho (Génération écologie), François Ruffin (LFI) ou Jean-Marc Fiévet (Renaissance) se sont prononcés pour ce principe, sans pour autant adhérer totalement au concept. Il s’agit d’attribuer à chaque personne un quota de carbone à consommer au cours de l’année. Chaque année, la quantité de carbone distribuée baisserait de 6 % pour permettre d’atteindre les objectifs climatiques de la France. Concrètement, cela revient à créer une deuxième monnaie : le carbone. En plus de payer en euros pour acheter une voiture, par exemple, je dépense en même temps une partie de mon portefeuille carbone, qui correspond aux émissions de gaz à effet de serre nécessaires pour produire la voiture et l’amener jusqu’à moi. Si je n’ai plus de monnaie carbone, je peux en racheter à d’autres – ou dans une bourse d’échange. Les plus riches pourront donc racheter aux plus modestes des quotas carbones. Elle est plus juste que la taxe carbone  puisqu’elle prend en compte les inégalités : ce sont les plus fortunés qui devront d’abord changer de mode de vie

Mais comment imposer un tel mécanisme de rationnement ? est-ce que ce compte carbone ne met pas la pression sur les seuls individus plutôt que de promouvoir des changements collectifs ? Je ne suis pas sûr d’avoir les réponses à ces questions, mais je trouve intéressant d’ouvrir le débat ! »

Le point de vue des écologistes perspicaces

Ginkgo_Biloba : Quand je pense qu’au Monde on récuse l’expression « Ecologie punitive »….

Ra00f : Le soucis étant qu’on n’a toujours pas compris quelles mesures « écologiques » efficaces aux horizons de temps nécessaires, ne sont pas largement considérées comme punitives.

Ours : Il y a 3 façons de contraindre à la réduction des émissions de CO2 : * L’interdiction – ou la norme, bête et brutale. * La taxe carbone socialement injuste et qui préserve le gaspillage des plus riches. * Le quota, juste, équitable et socialement très acceptable (il bénéficie aux plus pauvres). La mise en place des quotas est => Démocratique sous réserve d’un vrai débat. => Relativement facile à mettre en place. Les banques savent parfaitement gérer une double comptabilité (euros + points de fidélité). Le quota carbone n’est pas plus liberticide que le compte en euros ! Dans un premier temps, il n’est pas nécessaire de TOUT comptabiliser mais seulement les postes importants et discriminants (carburant, avion, électricité, viande…). Les transports publics seraient alors exclus, au moins dans un premier temps. => permet de choisir avion ou chauffage

Eric.Jean : Ce genre de proposition a un nom, les tickets de rationnement. Avec son corollaire inévitable, le marché noir. L’histoire est un éternel recommencement.

Michel Brunet : Dans ce cas on rentrerait dans le « dur » des « vraies mesures écologiques » pour diminuer nos émissions de GES, mesures que n’abordent jamais les articles de ce journal qui dénoncent à l’envie « l’inaction » de nos gouvernements passés et futurs en la matière. Et là on voit que les « démocraties » ont un sérieux problème pour faire passer « l’acceptabilité » de « mesures contraignantes et liberticides ». La « démagogie » régnante des partis politiques pour se faire élire me laisse très perplexe sur l’instauration d’un quota carbone par personne. Et ce n’est pas la bronca actuelle contre la réformette des retraites qui me feront dire le contraire…

Mustafa : Quoi qu’il en soit du débat, il faudra bien que les gens se rendent compte que le réchauffement climatique n’est PAS démocratique, et que ce n’est pas en essayant de rester juste et contenter tout le monde que l’on va s’en sortir. Il va falloir que les gouvernements osent, en effet, être totalitaires, comme dans une guerre. Ceux qui pensent ici que l’on va pouvoir faire des compromis entre notre niveau de vie et la réalité physique du réchauffement se trompent complètement. Ce réchauffement est mû par les lois de la physique, et par essence, les lois de la physique sont totalitaires. Allons-nous plier les lois de la réalité à nos désirs, parce qu’il ne faut pas créer d’inégalités ? On peut essayer, mais je laisse à chacun le loisir de réfléchir au succès d’une telle démarche.

Sebastiannowenstein : Il faut doubler la carte carbone d’un système fiscal confiscatoire au-delà de, disons, 3000 euros par mois. Il est probable, en effet, que toutes les activités humaines impliquant une dépense mensuelle supérieure à une certaine somme soient insoutenables. Il faudrait aussi moduler : il faut rendre le tourisme en avion impossible, mais permettre aux familles de se rencontrer. Le fait d’avoir des enfants ou des petits-enfants à l’étranger devrait s’accompagner d’un quota plus important. Il reste qu’il serait plus facile techniquement de limiter le revenu par habitant. Cela permettrait d’éviter la mise en place d’une bureaucratie et d’un contrôle excessifs. En réalité, de nombreux problèmes de notre société sont causés par la concentration absurde de la richesse que nous tolérons.

Fouilla : Il est pourtant évident que TOUS les déplacements longue distance devront être massivement réduits, y compris vers les DOM. On y réfléchira à 2 fois avant d’accepter un boulot de l’autre coté de l’océan.

1984 is coming : oui malheureusement il faut en arriver là. Au moins pour les nantis pollueurs. Quand 1% des plus riches mettent en danger la vie de milliards de personnes plus pauvres par leur mode de vie et leurs actions, c’est malheureusement indispensable. C’est ça ou Mad Max, vous avez une préférence ?

Rodgeur : On y arrive petit à petit. Ils ont déjà testé le principe avec le passé vaccinal. Les gens étaient bien contents d’afficher leur QR code pour montrer qu’ils étaient de bons citoyens. Les moutons sont contents.

Alain tossa : Est ce que si on ne fait pas d’enfant on a un quota carbone qui augmente par rapport à ceux qui en font? Après tout faire des enfants met du co2 dans l’atmosphère.

The GonZo Man : Et si on a dépassé son quota de carbone, avons-nous encore le droit de mourir ?

Klaatu Vanuatu : Oui mais pas à l’incinération, ou alors seulement au biogaz.

FJAG : A quoi bon si 3 milliards d’indien et de chinois ne l’acceptent pas?

Gloubigloups :Il faut avoir le courage d’ouvrir la voie

Le débat carboné sur notre blog biosphere

2003-2022, tout savoir sur la taxe carbone

Yves Cochet : carte carbone mieux que taxe carbone

Planification publique et carte carbone

Carte carbone, bientôt généralisée à tous

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Claude Lorius, la nique aux climato-sceptiques

Né en 1932, Claude Lorius avait reçu 12 novembre 2008 le prix Blue Planet, l’une des plus prestigieuses récompenses internationales dans le domaine de l’environnement. Chercheur, glaciologue, il avait montré au milieu des années 1960 l’influence des gaz à effet de serre sur le réchauffement climatique. Il est mort le 21 mars 2023. Merci à son action.

Laurent Carpentier en 2023, nécrologie : Un jour de 1965, près de la base Dumont d’Urville en Terre Adélie, au soir d’une journée de carottages ratée, il boit un verre de whisky. Quiconque a déjà mis un tel glaçon dans son verre sait que l’air, qui y est très comprimé, dégage un pétillement. En regardant ces bulles, Claude Lorius se dit : mais si on pouvait extraire et analyser l’air contenu dans la glace, on aurait là les archives de l’atmosphère. Il va falloir toute la force de conviction de Claude Lorius pour pousser les Américains (qui ont les avions) à aller chercher à la station Vostok les carottes des Soviétiques (qui ont les forages les plus profonds) pour les rapporter en France, où les équipes du laboratoire de Grenoble ont mis au point une technique pour analyser l’air piégé dans la glace. Et là, les yeux ébahis et incrédules des chercheurs voient se dessiner deux courbes : celle de la température à la surface de la Terre sur des milliers d’années et celle de la teneur en gaz carbonique. Or les deux courbes sont strictement parallèles. Eureka ! L’idée est à l’origine de tout ce qu’on sait aujourd’hui en climatologie. Si la civilisation industrielle produit de plus en plus de gaz à effet de serre, le climat, comme l’histoire de la Terre écrite dans les glaces nous le raconte, va continuer à se réchauffer.

Claude Lorius en 2008 : Vingt ans après mes travaux publiés en 1987 dans la revue Nature, je suis très pessimiste… Sur les CFC (chlorofluorocarbures), on voit bien que l’arrêt de leur utilisation a permis de réduire le trou dans la couche d’ozone, mais en ce qui concerne la crise climatique, on sait que même si on stabilisait aujourd’hui les émissions de CO2, ce gaz à effet de serre ne disparaîtrait pas pour autant. Il est là pour un moment… On prévoit d’ici la fin du siècle un bond climatique qui pourrait être équivalent à celui que la planète a franchi en dix mille ans pour passer de l’âge glaciaire à l’holocène ! Si le permafrost – ce couvercle de glace qui recouvre les sols arctiques – fond, il va libérer du méthane qui, en retour, va accentuer l’effet de serre et aider ainsi à la fonte des glaces. Et plus la surface de celles-ci diminue, plus leur pouvoir réfléchissant disparaît, amplifiant encore le réchauffement.Tout est interdépendant… C’est sûr, nous aurons des cataclysmes, des guerres, des inondations, des sécheresses, des famines. La question de l’énergie est essentielle. Au XXe siècle, alors que la population était multipliée par quatre, la consommation d’énergie dont dépendent les émissions de gaz carbonique était multipliée par 40 ! c’est là que réside mon pessimisme : je ne vois pas comment on va s’en sortir. La moindre velléité de mettre une taxe sur les 4×4 rend les politiques fébriles de devenir impopulaires… et ce n’est pas en habillant Total en vert qu’on va changer quoi que ce soit. Le développement durable est une notion à laquelle je ne crois plus. On ne peut pas maîtriser le développement. Et pour être durable, il faudrait arriver à l’état d’équilibre, or cet équilibre n’existe pas.

Avant, j’étais alarmé, mais j’étais optimiste, positiviste. Je pensais que les économistes, les politiques, les citoyens pouvaient changer les choses. J’étais confiant dans notre capacité à trouver une solution. Aujourd’hui, je ne le suis plus…

Le point de vue des écologistes climatologues

En 1896, Svante Arrhénius avait déjà sonné l’alerte sur le danger des émissions de CO2 sur le climat dans un article dans « Philosophical Magazine and Journal of Science ». La première représentation précise de l’effet de serre a été faite dans l’article de Manabe et Strickler en 1964. Lorius et Jouzel ont montré la corrélation du CO2 avec les températures au cours des cycles glaciaires. Dans ces cycles, le CO2 sort de l’océan quand cela se réchauffe et cela amplifie le réchauffement. A l’heure actuelle, le CO2 augmente à la fois dans l’atmosphère et l’océan car on en ajoute dans le système couplé en brûlant sur un simple clin d’œil géologique, le stock de fluides fossiles et charbon accumulés sur plusieurs centaines de millions d’année. Pour établir la chronologie des événements, le rapport isotopique est relié à la température à laquelle la glace a été déposée. La datation se fait essentiellement en comptant les cycles de dépôt et en utilisant les repères d’éruptions volcaniques connues ou des pics de bérylium.

Le tout dernier rapport de synthèse du GIEC de 2023 dit: « La température de surface globale était 1.09 degrés plus haute sur la période 2011-2020 que sur celle 1850-1900, avec un intervalle de très haute confiance de [0,95-1,20] degrés  » (point A.1.1) et « la contribution probable imputable à l’activité humaine est de 0.8 à 1.3 degrés avec 1.07 degré comme meilleure estimation » (point A.1.2). Ça fait une grosse part de la responsabilité pour les humains.

L’anthropocentrisme est un sentiment extrêmement ancré dans notre esprit. Tant que nous considérerons la planète comme la propriété exclusive de la race humaine, nous continuerons, en saccageant la nature et en exterminant les autres espèces, de scier la branche de plus en plus fragile sur laquelle nous sommes assis : la biosphère. C’est seulement dans les années 1970 que renaît l’idée fondamentale que tout est interrelié, que le vivant est une partie intégrante du système Terre et que l’homme est une espèce sacrément invasive qui risque de déséquilibrer le tout. Le XIXe fut une erreur, le XXe une catastrophe, et le XXIe ? On verra… Si un jour, dans des milliers d’années, nous revenons dans l’ère glaciaire, nous serons contents d’avoir gardé une parka, un vieux tournevis, et la faculté de sourire.

À lire son livre, 2010 Voyage dans l’anthropocène de Claude Lorius et Laurent Carpentie

Nos articles antérieurs sur ce blog biosphere

Al Gore et Claude Lorius contre les climatosceptiques (septembre 2011)

l’anthropocène confirme l’irresponsabilité humaine (novembre 2013)

Arctique et Antarctique, eldorado ou sanctuaire ? (septembre 2013)

L’historique du fiasco climatique (décembre 2019)

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groupe III du GIEC chargé des « solutions » !

Les intérêts pétroliers ont longtemps influencé le groupe III du GIEC chargé des « solutions »). Le groupe I, c’est de la science, réunissant des climatologues. Ses conclusions sont incontestables, car scientifiques et vérifiables. Le groupe II, s’occupe des conséquences et le III, c’ est de la politique, voulu par les Américains qui placent les représentants des États au centre du jeu. On sort de toute tendance au supranationalisme. Le danger est de faire bénéficier les conclusions des groupes II et III, de l’aura du groupe I et de faire croire que celles-ci sont scientifiques, alors qu’elles sont purement socio-politiques et économiques.

Jean-Baptiste Fressoz : Comme il était difficile de remettre en cause les travaux du groupe I du GIEC sur le constat climatologique, tout l’enjeu était de cadrer les « stratégies de réponse », dont était chargé le groupe III. Au début des années 1990, il est présidé par l’américain Robert A. Reinstein qui coche à peu près toutes les cases du climato-scepticisme : corrélation n’est pas causalité ; la vapeur d’eau est le principal gaz à effet de serre ; sans CO2, « même les végétariens n’auraient rien à manger » ; les climatologues sont des idéologues attirés « comme des mouches par une lampe », etc. Reinstein deviendra un lobbyiste à la solde des industries fossiles et reprend les arguments classiques des marchands de doute. Après le météorologiste suédois Bert Bolin de 1988 à 1997, l’Indien Rajendra K. Pachauri (2002 à 2015) venait du Tata Energy Research Institute. Alors qu’il présidait le GIEC, il siégeait aussi aux conseils d’administration de la Oil and Natural Gas Corporation et de la National Thermal Power Corporation – un géant indien de l’électricité, sixième entreprise mondiale en matière d’émissions. Il est remplacé par le Sud-Coréen Hoesung Lee qui a aussi siégé au conseil d’administration de Hyundai, un chaebol actif dans l’industrie automobile, les centrales thermiques, le charbon et la sidérurgie.

Il n’est donc pas surprenant que la notion de « sobriété » n’ait été introduite pour la première fois qu’en 2022. Quant à la « décroissance », c’est encore un tabou pour les économistes du groupe III. Parmi les 3 000 scénarios expertisés dans leur dernier rapport, pas un seul n’envisage, même à titre d’hypothèse, une quelconque diminution de la consommation matérielle.

Le point de vue des écologistes climatologues

Dès que l’on quitte le champ scientifique hors humain pour explorer le champ où opère l’humain, la question de la démarche scientifique ne devient plus possible ou du moins devient complètement marginale. Il serait intéressant de traiter ce paradoxe : la science se développe dans des proportions considérables, et pourtant les humains sont de moins en moins aptes à comprendre et à maîtriser leur devenir: l’intelligence scientifique avance, l’intelligence humaine recule. Introduire la pensée scientifique sur le terrain de l’humain, penser scientifiquement les questions historiques, sociologiques, politiques, etc, voilà un défi peut-être insoluble. Penser est un acte de réflexion qui s’apprend, s’appuyer sur la démarche scientifique en serait un des moyens.

En science, le consensus est obtenu par la reproduction et la vérification des résultats, ce qui est écarté l’est parce que c’est faux. Ce n’est pas une question d’opinion ou de vote majoritaire. Il peut rester des incertitudes mais on est généralement capable de les décrire et de tracer la voie pour les résoudre. Dans le cas du climat, les « surprises » possibles sont énoncées dans le premier rapport et elles ne sont pas bonnes pour la plupart, par exemple les boucles de rétroaction. Bien entendu la science seule ne peut décider des choix de société. C’est pourquoi les questions d’opinions apparaissent dans le volume III du rapport où il s’agit des mesures de remédiation.

De toute façon la décroissance mondiale arrivera pour des raisons bio-physiques ; l’économie actuelle repose sur la consommation de ressources non renouvelables et rejette des déchets qui s’accumulent et deviennent de plus en plus toxiques, par exemple le CO2 d’origine fossile. Le plus dangereux n’est pas la décroissance en elle même, on pourrait bien s’accommoder d’une sobriété partage en la prévoyant et en la gérant. Le plus dangereux est de se voir imposer la décroissance alors que l’idéologie et le système économique nous disent qu’il faut à tout prix croître. C’est la porte ouverte à l’effondrement et à la sauvagerie, à la recherche de boucs émissaires, etc.

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Le GIEC, un organisme (in)contestable ?

Le GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) a été créé en 1988 sous l’égide de l’Organisation météorologique mondiale (OMM) et du Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE). L’idée était d’avoir une coproduction des connaissances entre la science et la politique. Le 20 mars 2023, le GIEC a publié un rapport de synthèse.

Kari De Pryck : « Le GIEC s’est imposé avec le temps comme la voix du climat. Sa légitimité s’est construite grâce à la force de ses arguments scientifiques, mais aussi grâce à sa capacité à mettre en place l’interface entre sciences et politique. il a guidé les négociations climatiques : la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques [qui organise les COP] a été établie en 1992 sur la base de ses conclusions. Il a donné de la légitimité au débat sur la sobriété en France. Longtemps accusé d’être alarmiste, le GIEC est en réalité assez conservateur : la recherche d’un consensus entre scientifiques entraîne une tendance à se mettre d’accord sur le plus petit dénominateur commun. Son influence réelle reste à nuancer.

En effet l’expertise ne peut résoudre un problème qui reste une question politique, sociale, économique et éthique des plus complexes. Les 195 Etats membres de l’OMM et du PNUE ont aussi un rôle majeur : ils déterminent le programme des groupes de travail, élisent les membres du bureau, proposent des listes d’auteurs et approuvent ligne par ligne, en collaboration avec les scientifiques, les résumés à l’intention des décideurs.Lors de l’approbation de ces résumés,, les scientifiques ont le dernier mot sur les contenus tant qu’ils ne remettent pas en question les intérêts des grandes puissances. Les passages controversés sont supprimés, ce qui arrive régulièrement. On se retrouve souvent avec des conclusions très globales, alors qu’il y a d’énormes asymétries entre pays et acteurs en termes d’impacts et de responsabilités. Le résumé peine à évoquer une sortie claire des énergies fossiles [charbon, pétrole et gaz, principales causes du réchauffement]. Il ajoute trop souvent le terme de « unabated », ce qui signifie sans dispositifs de captage ou de stockage de carbone (CCS). Cela permettrait de poursuivre l’usage des énergies fossiles avec le CCS.

Son modèle d’organisation a été reproduite pour la biodiversité – avec la Plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques (Ipbes). »

Le point de vue des écologistes

Klaatu Vanuatu : Karl de Pryck est une politologue intervenant sur le troisième volet du rapport, celui consacré à la remédiation, qui est celui engendrant le plus de polémique. Le volet 1 du rapport qui est le constat scientifique est fondé sur les sciences dures.

Raphou En ce qui concerne le changement climatique, on ne peut pas parler de grandes puissances : il faudrait dire les grandes impuissances.

Antispécisme : Le GIEC a été la cible de groupes climatosceptiques, qui l’ont accusé d’avoir truqué des données ou fait des erreurs. Qu’on se rassure, toutes les stratégies sont permises pour ces négationnistes, idiots nombrilistes en tout genre, conditionnés par des dominants de tout poil, qui font passer leur intérêt personnel avant toute autre question. On se demande où est la place de la science avec ces animaux aussi crétins, violents et cyniques qui forment une bonne partie de l’humanité.

HadGEM3 : Même au sein du groupe I, il y a des discussions sans aucune interventions des États mais entre labos scientifiques. C’est un peu normal car il y a 34 modèles couplés d’évolution du climat et bien que tous aillent vers un réchauffement, ils ne donnent pas la même augmentation de température. Ainsi pour le scénario le plus vraisemblable SSP2-4.5, la valeur médiane des modèles est de 3°C à l’horizon 2100, le modèle le plus optimiste donne 2.1 °C et le plus pessimiste 4.2 °C. Je n’en connais qu’un dans tous les détails pour y contribuer, et il donne 3.8 °C (HadGEM3-GC31). Personnellement je pencherais vers le scénario SSP3-7.0, qui envisage des tendances de développement plus pessimistes, avec peu d’investissements dans l’éducation ou la santé, une croissance démographique rapide et des inégalités croissantes. Dans ce scénario, le modèle que je connais très bien prévoit une augmentation de température de 5.6 °C à l’horizon 2100. L’adaptation est alors impossible.

Ours : L’approche par compromis est certes louable et bien adaptée à un réchauffement de 1.5, voire 2°C. Mais désormais la trajectoire est à +3 voire +4°C avec le passage de plusieurs points de basculement et des rétroactions positives majeures. Les résultats des modèles sont alors nettement plus divergents et le plus petit dénominateur commun sous estime gravement la réalité des changements probables. Il est considérablement plus difficile de communiquer dans un tel contexte, mais il est essentiel de mettre en évidence l’ampleur du chaos à venir.… Les climato-sceptiques téléguidés par les compagnies pétrolières et leurs petits intérêts nous ont fait perdre 20 ans et nous ont condamné à ne jamais atteindre les scénarios SSP1-1.9 et SSP1-2.6 ! Donc oui, comme 8 milliards de victimes potentielles, j’ai un problème avec ces négationnistes. Les plus obtus se sont transformés en climato-réactionnaires décidés à ne rien changer, ils nous emmènent au chaos. Le scénario SSP2-4.5 a été beaucoup moins étudié que les deux précédents, les scientifiques étant convaincus que ces objectifs de réduction à 1.5 ou 2°C pourraient être atteints. Hélas, plus la situation s’écarte de la situation préindustrielle, plus les prévisions sont délicates et plus l’adaptation sera difficile !

le sceptique : L’échec du GIEC est l’énergie, cette instance n’a pas compris assez tôt que le niveau de disponibilité énergétique d’une société moderne n’est pas une donnée réellement négociable.

baobab dégingandé : « L’énergie n’est pas une donnée négociable ». Vous voulez négociez avec qui ? Avec la réalité physique ? Aujourd’hui, nous n’avons aucune solution, aucune technologie, qui nous permette de nous affranchir de cette réalité physique. Nous sommes pris en étau entre l’épuisement des ressources naturelles, le dérèglement climatique et l’effondrement de la biodiversité. Du point de vue de la physique théorique et des ressources, l’humanité peut sans problème augmenter sa consommation d’énergie. Elle ne peut pas le faire en cessant de perturber les habitats et espèces peuplant la Terre ; mais là, ce n’est plus de la physique, c’est une discussion idéologique (respecter un écosystème plutôt qu’extraire une source énergie, ou inversement = aucune « loi » scientifique dans cette alternative, juste un problème classique de choix de société.

Mon propos sur le caractère « non négociable » de l’énergie n’est pas scientifique, c’est une conjecture empirique : si vous faites une théorie sociale et économique fondée sur l’idée que l’humain va se passer d’énergie abondante après y avoir goûté, vous avez de bonnes chances de foirer grave.

Segeste : Il y a plus de 2400 centrales à charbon dans 79 pays – pour un total de près de 2100 gigawatts (GW) et ce nombre est en croissance ! On pourra toujours y brûler les milliers de pages de rapports du GIEC

pour en savoir plus grâce à notre blog biosphere

Le GIEC nous recommande la décroissance

Rapport du GIEC et question démographique

Le cataclysme est pour bientôt selon le GIEC

GIEC, prévisions climatiques trop prudentes (2019)

GIEC et politique, l’incompatibilité demeure (2018)

Scandale climatique, un économiste à la tête du GIEC (2015)

Allègre radote, le GIEC tranche (2010)

Lobbying scientifique du GIEC (2007)

Le GIEC, un organisme (in)contestable ? Lire la suite »

CLIMAT, deux poids, deux mesures au Césars

Les organisateurs de la 49e cérémonie des Césars le 24 février avaient préparé un message pour l’Ukraine, Golshifteh Farahani a lancé un appel à soutenir les Iraniennes et Iraniens qui se révoltent, on a abordé la question des féminicides, du sexisme et des inégalités… Mais quand Nina, jeune activiste climatique du collectif Dernière Rénovation, s’est introduite sur scène, arborant calmement un tee-shirt où était inscrit « We have 761 days left » [« il nous reste 761 jours… en quelques secondes, l’antenne a été coupée et des agents de sécurité l’ont saisie et letée hors de la salle. 

L’inscription faisait référence au dernier rapport du GIEC dans lequel les scientifiques nous mettent en garde : pour rester sous la barre des 1,5 °C de réchauffement planétaire, l’humanité dispose encore de 761 jours.

Tribune du MONDE : Si nous ne voulons pas ce type d’intrusion pendant les Césars, prévoyons de parler du sujet climatique. Nous, professionnels du cinéma, ne pouvons pas continuer à faire comme si de rien n’était et à nous décerner des récompenses en tenue de soirée, tandis que notre planète devient inhabitable. D’autant plus que nous disposons d’un pouvoir extraordinaire. Celui de participer à bouleverser les représentations du monde.

Au sortir de la seconde guerre mondiale les Américains ont remporté la bataille culturelle en répandant la débauche consumériste de l’American way of life dans des films… il est désormais indispensable d’imaginer un « ecological way of life » [« un mode de vie écologique »], où nos relations au monde vivant et le sens de nos civilisations sont réinterrogés.Aujourd’hui, soyons ces catalyseurs de sensibilité, avec nos talents et outils propres, pour prendre part pleinement à cette bataille du siècle : celle qui nous permettra de garder ce monde habitable pour toutes et tous.

Commentaires sur lemonde.fr de ceux qui ne comprennent rien à rien

Yoda : Tribune carrément obscène, signée par des émetteurs de GES comme c’est pas possible. Et ça veut donner des leçons au péquin moyen, nous demander de vivre (et mourir) en Amish, tandis qu’eux passent leur vie en avion. Starlettes du Show bizz, je vous HAINE de tout mon cœur.

Libéré : Ça y-est. Les moralisateurs auto proclamés « intellectuels » de gauche (tous des bourgeois en fait) sont de retour…Et bla, bla, bla…

Olidolce : Ah ah quelle mauvaise farce ces nantis du septième art qui donnent des leçons. Publiez votre bilan carbone depuis 20 ans pour rire un peu.

A. Meinier : La planète va être sauvée par le monde du cinéma et son business model mondialement reconnu pour sa frugalité. Allez, on y croit.

Hasdrubal : Quand on voit tous les jet privés à l aéroport de Toulon pendant le festival de cannes, vous feriez mieux de vous taire car même cette cérémonie des Cesars entraîne un surplus de Co2 et arrêtez de vous prendre pour le nombril du monde avec vos leçons moralisatrices. Marre

le point de vue des écologistes

Woke not asleep : Je résume 3/4 des contributions : « ce sont des bobos qui vivent dans leur monde et qui polluent en faisant des films ». Ne pas comprendre que l’art est un levier de transformation de la société, c’est soit de la bêtise, soit de la mauvaise foi, soit les 2.

docteur Maboul : Alors là les cocos, si vous voulez faire de l’écologie, arrêtez de faire du cinéma. S’il existe un métier qui pollue, c’est bien celui-là !

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La géo-ingénierie solaire, folie ou solution ?

Le terme de géo-ingénierie recoupe communément deux grandes catégories, qui s’attaquent pour l’une à la quantité de gaz à effet de serre dans l’atmosphère et pour l’autre à l’excès de chaleur. D’un côté, la géo-ingénierie carbone permet d’éliminer le dioxyde de carbone excédentaire de l’atmosphère (par le boisement, la capture directe dans l’air, etc.). Ces techniques sont considérées par le GIEC comme nécessaires à l’atteinte de la neutralité carbone tout en faisant débat.

De l’autre, la géo-ingénierie solaire, aussi appelée modification du rayonnement solaire (SRM), vise à contrecarrer l’augmentation de la température de la Terre en réfléchissant une infime fraction des rayons du Soleil vers l’espace. Cette fois, ces techniques restent très hypothétiques et sont hautement contestées.

Audrey Garric : Pour ses promoteurs, la géo-ingénierie solaire permettrait de conserver des températures clémentes le temps que les pays parviennent à décarboner leurs économies et à s’adapter au dérèglement climatique.la plus crédible est l’injection stratosphérique de particules soufrées dans la stratosphère, à une altitude moyenne de 20 km, grâce à des centaines d’avions spécialement conçus. Cela pourrait fonctionner, car nous observons un refroidissement considérable à la suite de grandes éruptions volcaniques, qui libèrent des millions de tonnes de dioxyde de soufre. La Maison Blanche se prépare à lancer un plan de recherche quinquennal qui pourrait se chiffrer à 200 millions de dollars.

A l’inverse, pour ses contempteurs, cette folie d’apprentis sorciers ne constituerait qu’un écran de fumée en ne s’attaquant qu’à une partie des symptômes mais pas aux causes du réchauffement – les émissions de gaz à effet de serre. De plus la géo-ingénierie solaire ne s’attaque pas à l’acidification des océans, puisqu’elle ne réduit pas les concentrations de CO2 dans l’atmosphère. Elle entraînerait des changements de circulation atmosphérique, les incertitudes sont très fortes à l’échelle régionale. Parmi les autres effets collatéraux possibles : une réduction des rendements agricoles, une augmentation des pluies acides et, de manière certaine, une nette détérioration de la couche d’ozone, cette barrière protectrice qui filtre les UV. Un autre inconvénient de l’injection d’aérosols est qu’elle doit être menée pendant des décennies, sans interruption. La durée de vie du dioxyde de soufre est en effet d’environ deux ans, contre plus de cent ans pour le CO2. Enfin cela risque fortement de retarder l’action, l’objectif principal est au bout du compte de maintenir le statu quo politique et économique, c’est un sparadrap sur notre addiction au pétrole, des « soins palliatifs ».

Voici le pour et le contre des commentateurs sur lemonde.fr

GERONIMO : On ne peut pas rejeter une nouvelle technologie dont une partie des implications est même soutenue par le GIEC sous prétexte qu’elle « fait peur ». On doit au contraire l’encourager, la soutenir et aussi – évidemment – la réglementer. Comme toujours, c’est le génie humain et la science qui permettront à l’Homme de trouver les solutions à son avenir. Certainement pas la pseudo-décroissance ou la peur du progrès. Bravo aux pionniers !

Brutus : Tout ceci nous ferait presque oublier que la principale menace envers notre mode de vie est l’inéluctable réduction de la production de pétrole dans les années qui viennent. Ce qui ravira les amateurs de décroissance de tout poil, limitera les rejets de CO² mais plongera (une partie de) l’humanité dans la pauvreté et le chaos. C’est assez paradoxal.

Pelayo Decovadonga :  » l’adoption d’un accord international de non-utilisation de la géo-ingénierie solaire, y compris de la RECHERCHE. » Interdire la recherche ! Et oui, si jamais ça marchait, ça réfuterait toutes leurs thèses. Les gaucho-ecolos obscurantistes sont vraiment les ennemis de l’humanité.

Plain Vanilla : Ça permettra de faire revenir la biodiversité ? (Pour rappel, 80% d’insectes en moins était-il précisé dans une chronique il y a qqs jours). Évidemment que non. Le problème ne se limite pas à la température, mais à la relation de l’homme au vivant qui l’entoure.

Alazon : Les gens un peu sérieux savent depuis longtemps qu’il vaut mieux un peu de géo-ingénierie qu’une catastrophe économique et sociale en baissant trop vite les émissions de CO2.

Vampyroteuthis : Mon grand-père me disait aussi que pour éviter la gueule de bois, il fallait reprendre un verre de vin. Je n’ai pas suivi son exemple.

GeorgesBretagne : Malheureusement, nous sommes très certainement condamnés à y avoir recours pour respecter la limite supérieure de 1,5° d’augmentation de la température de la planète ; dans ce contexte, il faut faire en sorte que le processus soit totalement réversible ; le seul projet pourrait être alors la réduction du rayonnement solaire reçu par la planète de 2 ou 3 %; un « cache » placé au point de Lagrange L1 (1,5 millions de km de la terre sur la ligne terre-soleil), endroit relativement stable ; la forme du cache devra s’efforcer de réduire assez régulièrement le rayonnement solaire tout en étant immense et relativement léger; beaucoup de contraintes mais aura-t-on le choix?

Klaatu Vanuatu : Cette technologie est envisagée mais elle est hors de nos capacités actuelles.

le sceptique : « A l’opposé, 390 chercheurs (dont les climatologues français Jean Jouzel et Christophe Cassou), ainsi que des ONG et citoyens, ont signé une lettre ouverte, en janvier 2022, appelant à l’adoption d’un accord international de non-utilisation de la géo-ingénierie solaire, y compris de la recherche. » Des chercheurs qui veulent interdire une recherche, ce n’est pas à leur honneur. Ma préférence irait à la construction de centrales solaires orbitales, qui ont de multiples avantages : entrave d’une partie du rayonnement entrant (ce que l’on cherche ici), pas d’artificialisation du sol terrestre, meilleur rendement, etc.

Frog : Ce qui m’amuse toujours, c’est que ceux qui mettent en doute le réchauffement climatique sont aussi ceux qui défendent le plus la géo-ingenierie… Oscillant opportunément entre « t’inquiète, y’a mais danger ! » et « t’inquiète, on trouvera bien des solutions! »

typhoon : Heureusement qu’il y a des gens imaginatifs qui cherchent des solutions, non seulement pour limiter les émissions de CO2, mais aussi pour réduire le CO2 en surplus présent dans l’atmosphère. Pour l’instant, il ne s’agit que d’études théoriques et de quelques essais à petite échelle, et déjà les anti-sciences font la chasse aux sorciers. Cela n’arrange pas les adeptes de l’apocalypse et les anti-capitalistes dont les motivations profondes sont politiques et non écologiques. Les mouvements adeptes de la collapsologie, issus de milieux non scientifiques, nous refont le coup de l’apprenti sorcier. L’obscurantisme à de beaux jours encore.

Hummingbird : Typhoon, si vous aviez bien lu l’article vous auriez lu que ces techniques ne visent nullement à réduire la quantité de CO2 dans l’air, ce serait même plutôt le contraire. Votre esprit quantique aurait même dû faire cette déduction par lui-même…

Le paraméen : « une fois que les technologies existent elles sont utilisées ». Tout est dit, pas de limites. Les scientifiques refusent de se poser des questions morales sur les conséquences pratiques de leurs recherches. Pas d’autocensure de leur part, ils mettent à disposition leurs trouvailles, et le Marché s’en empare si la rentabilité est au bout. Les politiques valident toujours ou laissent faire. Au nom de la croissance et de l’emploi. L’ Humanité est dans la nasse car en effet la décarbonation impactera le niveau de vie et personne ne le veut. En particulier l’emploi sera touché fortement. Ces apprentis sorciers qui veulent manipuler le climat auront gain de cause lorsque les conséquences du réchauffement climatique deviendront intolérables. Et nous y sommes bientôt.

Michel SOURROUILLE : Cette engeance qui est la notre utilise 50 % des ressources mondiales en eau douce et émet 30 % du dioxyde de carbone, elle passera de 3,2 milliards d’urbains en 2006 à 9 milliards en 2050. Le climat est bouleversé, la biodiversité est en péril et les ressources s’épuisent .Paul Joseph Crutzen, prix Nobel de chimie 1995 reconnu pour ses travaux sur l’altération de la couche d’ozone parle alors d’anthropocène, modification de la Biosphère par l’espèce homo sapiens. La bonne option, que Crutzen appelle « mitigation », vise à atténuer considérablement l’influence humaine sur la Biosphère, y compris par un contrôle des populations humaines. Mais Crutzen envisage le pire, une société qui ne change pas ses habitudes (business as usual). Alors il faudrait aller jusqu’au bout des sauts technologiques, mettre en place de la géo-ingénierie. Les apprentis sorciers cherchent avant tout à préserver l’illusion d’une humanité maîtresse des éléments…ils ne peuvent que perdre en fin de compte.

Nos articles antérieurs sur ce blog biosphere

Géo-ingénierie, le cauchemar en route (juin 2022)

Anthropocène, de l’anthropisation à la géo-ingénierie (novembre 2015)

Climat : la stupidité de la géo-ingénierie (novembre 2015)

Le climat, c’est trop compliqué pour la géo-ingénierie (juillet 2015)

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Compensation carbone = greenwashing

Les bénéfices climatiques de la “compensation carbone” sont au mieux exagérés, au pire imaginaires.Le système thermo-industriel a inventé la « neutralité carbone » pour persévérer dans son être : on pourra toujours émettre davantage de gaz à effet de serre, il suffit de compenser par ailleurs ses émissions de gaz à effet de serre grâce aux arbres. Est-ce possible ? Il y a des différences de temporalités entre le biologique et le géologique. Les arbres plantés aujourd’hui mettront plusieurs dizaines d’années pour séquestrer les émissions actuelles alors que le CO2 a une durée de séjour approximative de cent ans dans l’atmosphère. De toute façon il parait impossible qu’il y ait assez de surface à vocation forestière sans intérêt économique ni écologique actuel pour qu’on puisse fournir massivement de nouveaux puits de carbone ex nihilo. La forêt devient un alibi qui fait passer au second plan la priorité numéro un, c’est-à-dire la décarbonation de pans entiers de l’économie. Il faut en finir avec la voiture individuelle, l’avion pour touristes, le chauffage à gogo et les énergies fossiles.

Stéphane Foucart : vous êtes (ou avez pu être) exposé à une allégation rassurante de « neutralité carbone ».Derrière chacun de ces messages déculpabilisant se cache une mécanique technique, comptable et financière complexe : construction de projets forestiers (protection de la forêt, reforestation, afforestation) dans les pays du Sud, certification et calcul des crédits carbone générés par ces projets, vente de ces crédits à des entreprises qui souhaitent compenser leurs émissions. Le Green Deal européen, qui vise la neutralité carbone du Vieux Continent à l’horizon du milieu du siècle, repose largement sur cette mécanique compensatoire.

Du choix des zones à protéger aux méthodes de calcul des crédits carbone générés, les failles sont aussi nombreuses que le système est complexe, de surcroît miné par des conflits d’intérêts structurels – les organismes certificateurs sont rémunérés à la quantité de crédits qu’ils certifient. Ce système de compensation, coordonné par les Nations unies et baptisé Reducing Emissions from Deforestation and forest Degradation (REDD +), fait l’objet de nombreuses critiques depuis son ébauche au milieu des années 2000. Hélène Tordjman rappelle par exemple que la vente des crédits carbone, censée profiter aux populations, tombe plutôt, in fine, dans les poches « des exploitants de forêts et/ou des officiels locaux corrompus ». De tels projets nourrissent la spoliation et l’expropriation, les potentats locaux s’appropriant souvent la valeur monétaire du carbone séquestré par les forêts.

Le point de vue des écologistes

Sol  : « les organismes certificateurs sont rémunérés à la quantité de crédits qu’ils certifient ». Fallait y penser ! L’imagination délétère des investisseurs dépasse la fiction.

Sigi Dijkstra : Les « compensations » et autres taxes carbones m’ont toujours fait penser aux « indulgences » autrefois vendues par les Papes ; la rémission totale ou partielle devant Dieu de la peine temporelle encourue en raison d’un péché se faisait généralement contre espèces sonnantes et trébuchantes.

El Cornichon : Le secteur aérien base son déni de la réalité climatique sur la plantation d’arbres, mais aussi, et c’est le top de la fumisterie, sur de futures machines qui retireront le CO2 de l’air. Après « demain on rase gratis », on a maintenant « demain on dépolluera, donc aujourd’hui on peut polluer ». Contrairement à certains autres commentateurs, je ne pense pas que le fond du problème soit le capitalisme. Le fond du problème est qu’il faut changer énormément de choses, très vite, et que peu acceptent de sortir de leur confort pour affronter un pareil défi. Alors la tentation est forte de noyer le poisson.

Andin du Pérou : C’est comme l’électricité verte, on en vends dix fois plus qu’on en produit aux riches gogos qui savent reconnaître les petits électrons verts qui sortent de leurs prises de courant !

Haïdouk : Quand on voit le peu de cas que les responsables font de la questions des déchets nucléaires, livrés sans plus de remord aux générations futures (qu’elles se démerdent avec nos crasses empoisonnées hein), on a déjà compris quelles sont les priorités.

Sauf qui Peut : Rien de neuf, sauf pour les naïfs. Il y en a qui veulent aussi nous faire croire que la technologie pourrait résoudre le problème. Ce rachat hypocrite, et à peu de frais, de notre bonne conscience ne changera rien, ou si peu, à l’engrenage infernal de l’ère anthropocène. Il faut accepter et gérer la décroissance avant qu’elle nous soit imposée sans pitié par l’écosystème. Tout le reste, c’est de la littérature, comme on dit.

Ngoupla : Pour limiter le réchauffement climatique, il n’y a pas d’autres voies que de limiter les émissions directes de GES. On le sait depuis longtemps.

Notre article antérieur sur ce blog biosphere,

Neutralité carbone, compensation, foutaises !,

Notre plus ancien article sur la question,

2 février 2008, compensation carbone ?

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Bloquer le pays pour la retraite, c’est non ?

Des manifestations pour le climat interdites, des blocages de la vie en commun par des centaine de milliers de manifestants autorisés. Deux poids deux mesures ! Le climat, on s’en fout, la retraite y‘a que ça de vrai. Alors que l’Australie subit de plein fouet les effets du dérèglement climatique, plusieurs des ses États australiens ont adopté un arsenal juridique répressif menaçant le droit de manifester des militants écologiste. Par exemple quinze mois de prison infligé pour avoir bloqué partiellement et pendant vingt-cinq minutes en 2022 la circulation sur le principal pont de Sidney. En Angleterre, on suit la même voie !

Cécile Ducourtieux : Adopté en 2022, le Police, Crime, Sentencing and Courts Act introduisait déjà une infraction spécifique, dite « de nuisance publique », autorisant la police à réprimer les manifestants faisant « trop de bruit » et augmentant les peines pour les « obstructions de voirie » (pouvant aller jusqu’à de la prison ferme). Le Public Order Bill prévoit de considérer comme des crimes les « blocages » et « interférences » avec les infrastructures nationales clés. Le gouvernement conservateur britannique a introduit, le 16 janvier 2023 un amendement renforçant le caractère déjà répressif de ce texte, qui vise explicitement à entraver les actions radicales mais pacifistes des militants environnementaux qui ont multiplié les blocages de routes, autoroutes ou ponts ces dernières années au Royaume-Uni. Le texte permet aux policiers d’agir préventivement et d’arrêter des militants avant même qu’ils soient passés à l’action, « Le droit de manifester est un principe fondamental de notre démocratie, mais il n’est pas absolu. Un équilibre doit être trouvé entre les droits des individus et les droits de la majorité des travailleurs à vaquer à leurs occupations quotidiennes », a expliqué le premier ministre, Rishi Sunak.

Le point de vue des écologistes

Les gouvernements nous mènent au désastre et peu de personnes sont en mesure de le proclamer. Le 18 janvier 2023 à Davos, l’ancien vice-président américain et Prix Nobel de la paix, Al Gore s’emporte : les dirigeants politiques manquent d’ambition, les jeunes Allemands ont raison de s’opposer à l’extension des mines de charbon, la Banque mondiale échoue gravement. Et, symbole absolu de l’échec actuel, la nomination du patron de la compagnie pétrolière des Emirats arabes unis comme président de la COP28, la prochaine conférence des Nations unies sur le changement climatique. « On ne peut pas laisser les compagnies pétrolières et les Etats pétroliers nous dicter leur rythme, c’est maintenant qu’il faut agir. » La salle se lève, surtout des jeunes, c’est l’ovation.

Mais c’est uniquement symbolique, les émissions de gaz à effet de serre continuent d’être soutenues par tous les gouvernements. Ainsi Downing Street a validé, en 2022, la délivrance d’une centaine de licences d’exploitation d’hydrocarbures en mer du Nord et même autorisé, en décembre, l’ouverture d’une mine de charbon dans le comté de Cumbria.

Nous constatons que le pouvoir d’achat et la retraite font bouger les foules, mais que l’urgence écologique ne sensibilise que quelques militants. Pourtant c’est sur eux que la répression s’abat au lieu de s’abattre sur la voiture individuelle et les dépenses superflues. Le mouvement luddite au début du XIXe siècle nous a déjà montré qu’un gouvernement préférait la croissance thermo-industrielle à la vie humaine en allant jusqu’à punir de la peine de mort quiconque brisait une machine dans une manufacture.

Pour en savoir plus grâce à notre réseau biosphere

La révolte luddite, briseurs de machine à l’ère de l’industrialisation de Sale Kirkpatrick (1995)

Face au monstre mécanique (une histoire des résistances à la technique) de François Jarrige (2009)

Les luddites en France (résistance à l’industrialisation et à l’informatisation), Cédric Biagini et Guillaume Canino (2010)

Les Luddites ne se révoltaient pas contre toute technologie, mais contre celles qui laminaient leurs modes de vie et de travail, brisant irrémédiablement les liens familiaux et communautaires.  Ils avaient leur chant de guerre :

Notre vaillant Ludd ne goûtait guère la violence

Jusqu’au jour où si grande était sa désolation

Qu’enfin il se révolta pour sa juste défense

Et entreprit de nobles actions.

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On pourrait ne pas y croire, mais c’est vrai

  • Les humains sont désormais plus nombreux sur Terre que les rats et les autres mammifères. Une dizaine de jours après l’annonce de l’ONU du passage aux 8 milliards d’êtres humains, le quotidien hongkongais South China Morning Post a publié une infographie. Le document compare la population humaine à celles des mammifères les plus présents sur Terre, comme les rats, les chiens, les chats ou encore les bovins. La population humaine est donc désormais la plus importante à l’échelle mondiale, devant celle des rats qui est estimée à 7 milliards d’individus. Loin derrière, nous retrouvons les bovins (1,5 milliard), les ovins (1 milliard), les chiens (900 millions), les porcs (780 millions) et les chats (440 millions). Très drôle.
    • ExxonMobil était parfaitement au courant du réchauffement climatique. Les recherches menées par les scientifiques recrutés par l’entreprise étaient « solides », et lui ont permis, dès 1977, de prendre la mesure du réchauffement planétaire causé par les activités humaines.Ils avaient ainsi évalué que le réchauffement serait d’environ 0,20 °C par décennie et correctement estimé le budget carbone dans le cas d’un scénario de réchauffement limité à 2 °C. L’entreprise pétrogazière a fait l’objet ces dernières années de nombreuses auditions publiques au Congrès américain et au Parlement européen à cause de son déni du changement climatique. Très très drôle.
      • Aux Emirats arabes unis, l’information n’émeut personne. Sultan Al-Jaber, PDG du groupe Adnoc (Abu Dhabi National Oil Company, dont l’objectif est de produire 5 millions de barils par jour en 2027) est chargé de diriger la COP28 qui aura lieu en fin d’année dans la capitale de cet État du golfe Arabo-Persique. En clair, l’un des plus gros émetteurs de CO2 de la planète aurait pour mission de coordonner les échanges entre une centaine de chefs d’Etat dans le but explicite d’en émettre beaucoup moins. Vraiment très drôle.
  • A Berne, Albert Rösti  a pris ses nouvelles fonctions de conseiller fédéral (ministre) le 1er janvier 2023. Il dirige désormais le puissant Département fédéral de l’environnement, des transports, de l’énergie et de la communication, un super-ministère que d’aucuns considèrent comme le plus puissant du gouvernement suisse, qui n’en compte que sept. Pourtant M. Rösti avait notamment représenté pendant plusieurs années au Parlement suisse Swissoil, qui fédère les négociants en combustibles. Député influent, il était aussi le porte-parole des intérêts nucléaires, des concessionnaires automobiles et du transport routier. Maintenant Rösti devra soutenir la nouvelle loi climatique visant la neutralité carbone de la Suisse en 2050. Or son parti a déposé le 9 janvier les 80 000 signatures qui obligeront les autorités à tenir prochainement un référendum contre ce projet de loi. Coauteur originel du texte du référendum ? Un certain Albert Rösti. Toujours plus drôle.

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Greenpeace, une association anti-malthusienne

Lettre ouverte d’un contributeur régulier à l’association Greenpeace

Je ne renouvellerai pas mon soutien financier à Greenpeace. En effet je viens de découvrir que sur la question démographique, vous vous permettez de dire mensonges et contre-vérités dans votre rubrique FAQS. Vous prétendez que « c’est une idée fausse et dangereuse de dire que la surpopulation est l’une des principales causes de la crise climatique et qu’il serait nécessaire de contrôler la croissance démographique ».

Vous niez qu’il y ait surpopulation avec des arguments de type politique d’extrême gauche (l »effet de serre, c’est la faute des multinationales). Vous ajoutez une accusation de racisme quant à l’origine de l’idée de surpopulation. Or c’est Malthus (et non Paul Ehrlich) qui est dès 1798 à l’origine du constat de tendance à la surpopulation). Le mot « malthusien » est entré dans le dictionnaire. Un malthusien explique qu’il s’agit de maîtriser la fécondité quand il y a décalage entre le nombre d’humains et le milieu qui les fait vivre. Le but est de promouvoir l’épanouissement de toutes les catégories sociales, y compris les plus défavorisées. Y voir du racisme est une accusation sans fondement.

Vous répétez constamment l’expression « Contrôle de la population » alors que l’existence du planning familial, la liberté de contraception et l’interruption volontaire de grossesse ne reposent pas sur un diktat de l’État, mais sur le libre choix des personnes. Enfin vous osez prétendre que parler de surpopulation empêcherait d’agir pour d’autres causes. C’est absurde, on peut financer Greenpeace tout en étant par exemple membre actif de l’association Démographie Responsable. Voir dans ces deux engagements une contradiction apparaît même comme une atteinte à la liberté de participer à n’importe quelle association de son choix. Quant à l’idéologie véhiculée par Démographie Responsable, allez consulter le site de DR, et vous aurez des idées un peu plus justes sur ceux qui disent comme moi qu’il y a surpopulation et qu’il faut agir de façon humaniste.

Il est vrai, comme vous l’écrivez, que « les émissions par habitant de l’hémisphère sud sont bien moins élevées que celles du nord ». Mais il faut en déduire que la baisse de fécondité dans les pays sur-développés est une bonne nouvelle pour le climat. Quant à des pays surpeuplés et sous-développés, laisser croire qu’il ne faudrait pas instituer chez eux un planning familial efficace serait une faute stratégique qui irait à l’encontre de leurs propres intérêts.

En conclusion, la meilleure façon de lutter contre la crise écologique consiste à la fois à réduire le nombre de personnes sur Terre, à lutter contre les inégalités et à tendre à un niveau de vie moyen compatible avec les possibilités de la planète.

contenu de la rubrique FAQS de Greenpeace

Population : quel impact sur l’environnement ?

https://www.greenpeace.fr/population-quel-impact-sur-lenvironnement/

On entend parfois dire que la surpopulation est l’une des principales causes de la crise climatique et qu’il serait nécessaire de contrôler la croissance démographique. Cette idée est fausse et dangereuse, car elle rejette la faute de problèmes sociétaux sur le dos notamment de populations qui n’en sont aucunement à l’origine.

Population et environnement : un faux débat

Les théories sur la surpopulation se sont généralisées dans les années 60, avec à la clé des discours tels que : “la croissance démographique est hors de contrôle, notre planète ne peut plus y faire face, la surpopulation est la cause de l’épuisement des ressources et du chaos climatique, nous devons réduire la population mondiale pour combattre les crises environnementale et climatique”.

En réalité, quelques dizaines de multinationales sont directement responsables des deux tiers des émissions de gaz à effet de serre à l’échelle mondiale. Ainsi, mettre en avant la pseudo nécessité de contrôler la population revient à montrer du doigt les individus alors que des changements systémiques sont nécessaires, et à nous détourner du vrai problème, à savoir le rôle des industries polluantes et la passivité voire la complicité des gouvernements face à la destruction de l’environnement, du climat et de la biodiversité,

Le “contrôle de la population mondiale”, une idée aux origines racistes

La bomb P, le livre de Paul Ehrlich qui a popularisé cette idée, est basé sur les expériences vécues par l’auteur dans une grande ville indienne et préconise des mesures d’incitation et de contrainte pour contrôler la population – en particulier celle des personnes non blanches. Encore aujourd’hui, lorsque les gens parlent de surpopulation, ils ont souvent en tête la Chine, l’Afrique ou l’Inde. Aux Etats-Unis, par exemple, cette idée s’est traduite par la stérilisation forcée de femmes racisées. Elle a également été utilisée pour justifier des crimes racistes commis par des suprémacistes blancs, comme la fusillade d’El Paso. Comme toute narrative raciste, celle du contrôle de la population a de graves conséquences.

En réalité, les émissions par habitant de l’hémisphère sud sont bien moins élevées que celles du nord, et réduire la population ne résoudrait donc en rien la crise climatique. D’après une étude publiée par Oxfam en 2015, “une personne parmi les 10% les plus riches en Inde n’émet en moyenne qu’un quart du CO2 émis par une personne de la moitié la plus pauvre de la population des États-Unis”. En résumé, la plupart des arguments en faveur du contrôle de la population montrent du doigt les pays en développement dont les émissions per capita demeurent relativement peu élevées, et pas les pays industrialisés qui émettent davantage de gaz à effet de serre.

La meilleure façon de lutter contre la crise climatique n’est donc pas de réduire le nombre de personnes sur Terre, mais de revoir globalement nos modes de production et de consommation, de mettre la pression sur les entreprises et les politiques qui en sont à l’origine, et de lutter pour une distribution des richesses durable, juste et équitable.

Greenpeace, une association anti-malthusienne Lire la suite »

Macron subventionne les émissions de GES

La première ministre, Elisabeth Borne vient d’annoncer le versement en 2023 d’une « indemnité carburant » de 100 euros.

Ce gouvernement soi-disant libéral (en faveur de la loi du marché) s’ingénie à masquer l’indicateur prix, la seule boussole pour nos comportements marchands dans nos sociétés trop complexes. Dans un contexte de réchauffement climatique, l’État doit non seulement laisser les automobiliste gérer par eux-mêmes leur budget « effet de serre », mais il aurait du, dès le premier rapport du GIEC sur le climat, augmenter chaque année la taxation du pétrole pour inciter la population à se passer de véhicule individuel pour privilégier par ses choix de vie les modes de déplacement doux pour la planète. Non seulement Macron prépare une fournaise pour les générations futures, mais il accélère la venue du choc pétrolier ultime, ce moment où l’épuisement des nappes pétrolifères tant trop visibles, le prix du baril explosera et cette fois définitivement.

LE MONDE : Les personnes concernées devront se rendre sur le site impots.gouv.fr pour demander cette aide, renseigner leur plaque d’immatriculation et fournir une déclaration sur l’honneur attestant qu’elles ont besoin de leur voiture pour se rendre sur leur lieu de travail. Un couple aux revenus modestes qui travaille et possède deux voitures pourra bénéficier de deux aides.

Le point de vue des écologistes

Acropora : Cette déclaration sur l’honneur est une vague fumisterie… Avant de prendre cette décision technocratique, il faudrait définir ce qu’on entend par « avoir besoin ». La voiture n’est pas un besoin mais la conséquence d’un choix d’aménagement du territoire. Si le pavillon individuel cerné de thuyas n’avait pas été mis au pinacle de la réussite sociale, nous n’en serions pas là. On va se retrouver avec des personnes qui vont déclarer « avoir besoin » de leur voiture. L’objectif des politiques publiques devrait être de réduire la place de la voiture et non de subventionner les carburants fossiles. N’était-ce pas l’objectif de la taxe carbone abandonnée lâchement par le gouvernement Macron lors de la révolte des gilets jaunes ? Et pendant ce temps, on se réunit périodiquement pour des COP inutiles et la température de la planète continue d’augmenter. A quand une prime climatisation🥵?

HKD : Chèque carburant et coupe du monde de foot ! Depuis l’empire romain, rien n’a changé, « panes et circences », du pain et des jeux, le plein d’essence et la société du spectacle

Klyden : Donc, ceux qui n’ont pas de voiture vont subventionner ceux qui ont une voiture. Elle est vraiment… elle est vraiment… elle est vraiment écolo-lo-lo-lo-lo-lo-lo.

H.M : L’État est passé à 8,5 milliards de subventions sur le pétrole cette année. Il faut aussi rappeler que les automobilistes ne paient absolument pas assez d impôts pour couvrir leur coût envers la société. La France fait le choix conscient de subventionner le mode de transport le plus inefficace économiquement et le moins écologique. Plus la France sera sobre énergétiquement, mois elle sera dépendante envers la conjoncture économique mondiale et envers les dictatures contrôlant le marché du pétrole.

Ritalu : Que ne ferait pas ce gouvernement pour préserver les superprofits des entreprises pétrolières?

Walter ; Il y en a assez des petites primes qui se contredisent, prime pour la transition écologique, prime pour consommer du pétrole, prime pour les pauvres, prime pour les riches. Macron tel un patron de boîte de nuit a toujours des billets dans sa poche et les distribue selon ses humeurs.

CK59 : Encore un milliard en fumée. Cela ne changera pas la vie de ces gens et n’amènera aucune économie d’énergie.

Le Progressier : Les transports publics parisiens vont augmenter plus que les carburants. Quelle sera l’indemnité pour les citoyens qui ont besoin des transports publics pour aller travailler ? Ceux qui ont fait un choix de vie qui ne détruit pas la planète seront punis au lieu d’être récompensés ? Ce gouvernement est une tragédie.

J.Duboisset : Je ne comprends pas pourquoi on subventionne le mode de vie des automobilistes. Ils ont choisit d’habiter loin des villes et des transports, qu’ils assument. Ils ont choisi la maison, le jardin et le barbecue, qu’ils assument. Le vrai prix de l’ immobilier à toujours été le prix d’achat + coûts du transport et chauffage.

Pastefazul : Des milliards ! il y a des milliards ! Qui veut des milliards !?

BS : Cela n’empêchera pas les pauvres de voter Marine aux prochaines élections

RE : C’est en définitive la subvention « fin du monde » !!!

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Taxer les riches pour refroidir la planète

Il est impossible de lutter sérieusement contre le réchauffement climatique sans une redistribution profonde des richesses, à l’intérieur des pays comme à l’échelle internationale. Pour une raison simple : sans une transformation fondamentale du système économique et de la répartition des richesses, le programme social-écologique risque de se retourner contre les classes moyennes et populaires. Cela passe par une réduction drastique du niveau de fortune et de revenu des plus riches. Ceux qui prétendent le contraire mentent à la planète.

Lire, Le cataclysme est pour bientôt selon le GIEC

Thomas Piketty : Comme l’a montré le rapport sur les inégalités mondiales 2022, les 0,1 % les plus riches de la planète détiennent désormais à eux seuls quelque 80 000 milliards d’euros de capitaux financiers et immobiliers, soit plus de 19 % des patrimoines à l’échelle mondiale (l’équivalent d’une année de PIB mondial). La part détenue par les 10 % les plus riches atteint 77 % du total, contre seulement 2 % pour les 50 % les plus pauvres. En France, les cinq cents plus grandes fortunes sont passées à elles seules entre 2010 et 2022 de 200 milliards à 1 000 milliards. le total de l’impôt sur le revenu acquitté par ces cinq cents fortunes a représenté sur toute cette période l’équivalent de moins de 5 % de cet enrichissement de 800 milliards. En instituant une imposition exceptionnelle de 50 % sur cet enrichissement, ce qui n’aurait rien d’excessif à un moment où les petites épargnes durement accumulées acquittent un impôt inflationniste de 10 % par an, le gouvernement français pourrait réunir 400 milliards d’euros.le gouvernement sait-il compter, ou bien fait-il passer les intérêts d’une petite classe devant ceux de la planète et de la population.

Au cours du XXe siècle, l’impôt progressif sur le revenu a été un immense succès historique. Les taux d’imposition de l’ordre de 80-90 % appliqués aux plus hauts revenus sous Roosevelt et pendant un demi-siècle (81 % en moyenne de 1930 à 1980) ont coïncidé avec la période de prospérité, d’innovation et de croissance maximale des États-Unis. Pour une raison simple : la prospérité dépend avant tout de l’éducation (et les Etats-Unis étaient très en avance sur le monde à ce moment-là) et n’a absolument pas besoin d’une inégalité stratosphérique.

Au XXIe siècle, il faudra étendre cet héritage à l’impôt progressif sur la fortune, avec des taux de 80-90 % sur les milliardaires, et mettre à contribution les 10 % des patrimoines les plus élevés. Il faut aussi et surtout qu’une part substantielle des recettes pesant sur les plus riches soient versées directement aux pays les plus pauvres, en proportion de leur population et de leur exposition au changement climatique.

Le point de vue des écologistes

Osqar : J’ai du mal à comprendre comment la redistribution des richesses va agir en faveur du climat : plutôt qu’une personne prenant 500 fois l’avion par an, 1 000 000 le prendront une fois par an : belle victoire monsieur Piketti. Réduire les émissions des hyper-riches ne sera pas suffisant, les « autres » voulant consommer plus et donc polluer plus. La vrai question est celle du nombre.

Arnaud Lestremau : 70% des Français sont dans les 10% les plus riches du monde. Les 30% qui restent dans les deux déciles qui suivent. Ce ne sont pas seulement les ultrariches qui polluent, mais la masse des classes moyennes.

Philémon Frog : En théorie ou plutôt dans l’absurde, on peut toujours imaginer de surtaxer les classes moyennes en les paupérisant, afin d’épargner les riches tout en dégageant les financements nécessaires. Et je pense d’ailleurs que les tenants du ruissellement qui président à nos destinées ne sont pas loin de voir les choses ainsi. Mais, évidemment, l’impact socio-économique serait catastrophique. Par conséquent, oui et ça relève même de l’évidence : tant que la contribution des derniers déciles de revenus sera insuffisante au regard de l’équité, on ne pourra financer que les mesures cosmétiques et la crise climatique s’accélérera.

Untel : Pas besoin de grands diplômes pour savoir que ça ne se fera pas. Il faudrait une révolution mondiale plus importante que la révolution bolchevique, ce qui ne paraît pas être dans les tuyaux.

Wendy : Pour le coup il ne s’agit pas de rendre la société plus égalitaire mais d’empêcher l’ouragan de feu de se propager à la vitesse grand V en utilisant l’argent là où il est…

CM : Rappelons-nous la phrase d’Helmut Schmidt : « Un homme politique doit avoir la sagesse de savoir ce qui est impossible de changer, le courage de changer ce qui peut l’être et la lucidité de faire la différence entre les deux. »

Lire, CLIMAT, prendre aux riches, donner au pauvres

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COP27 : Vive les énergies fossiles !

La conférence mondiale sur le climat (COP27) s’est achevé ce dimanche 20 novembre 2022. Elle a reconnu pour la première fois la nécessité d’aider financièrement les pays les plus vulnérables, elle a échoué faute d’accord sur les énergies fossiles. La COP27 a répondu aux symptômes de la crise mais pas à ses causes. Le texte mentionne seulement que les pays s’engagent à accélérer la réduction de l’utilisation du charbon et la sortie des subventions « inefficaces » aux énergies fossiles, la même promesse que celle prise l’an dernier. Le pétrole et le gaz ne sont pas évoqués, alors que l’atteinte de la neutralité carbone implique de ne plus construire aucune installation fossile.

La présidence égyptienne a produit un texte qui protège clairement les pétro-Etats et les industries des combustibles fossiles alors que les promesses des Etats mettent la planète sur une trajectoire de réchauffement climatique de 2,5 °C à la fin du siècle. La conférence avait accueilli un record de 636 lobbyistes de cette industrie et a donné lieu, en coulisse, à la conclusion d’une vingtaine de contrats de gaz.

Le point de vue des écologistes

Donc 27 années pour éviter sciemment de lutter contre le réchauffement climatique. Nos génération futures vont souffrir, et les plus vulnérables mourir de façon très prématurée.

Nos archives sur ce blog biosphere montrent que les parlottes diplomatiques ne servent à rien. A croire qu’on veut que des militants exaspérés fassent sauter des centrales thermiques…

Echec de la COP13 à Bali

le fiasco de Copenhague (COP15)

les trois chiffres clés, zéro / zéro / cent (COP20 à Lima)

2COP21 : accord préparatoire de Bonn, le fiasco

COP21, encore un succès d’apparence, le 21ème ! (Paris)

La COP 22 s’achève à Marrakech sur un bide

COP23, vingt trois années de blabla climatique (Bonn)

COP24, une mascarade sur le climat, un échec avéré (Katowice)

COP25, des résultats insignifiants

COP26, un sommet pour VIP, bilan nullissime

COP27 : Vive les énergies fossiles ! Lire la suite »

Cop27, l’Afrique est mal partie

Lors de la Conférence mondiale de Charm El-Cheikh sur le climat, les pays africains réclament une transition énergétique juste avec comme priorité l’accès à l’électricité pour 600 millions de personnes qui en sont encore privées.

La phrase de Lénine en 2019, « le communisme c’est les soviets plus l’électricité », fait encore des émules. On court toujours après la croissance économique alors que la civilisation thermo-industrielle court au désastre.,

Lire, Croiiiiiiiiiiiiissance, l’Afrique est mal partie

A l’origine de moins de 3 % du total mondial des émissions de gaz à effet de serre cumulées depuis le début de l’ère industrielle, il est vrai que le continent africain est en première ligne d’une crise climatique dont il supporte la facture au détriment d’autres priorités. Le pire est encore à venir pour une population en majorité dépendante de l’agriculture pluviale et dont le nombre est appelé à doubler d’ici à 2050.

Le Nigeria, pays le plus peuplé d’Afrique, affronte depuis l’été des inondations d’une rare intensité. En Somalie, après plus de deux années de sécheresses, le gouvernement s’apprête à déclarer officiellement la famine. L’inégalité s’ajoute à l’inégalité alors que le Nord s’arroge le droit de dicter au Sud ce qu’il doit faire de compatible avec la préservation de la planète.

L’Accord de Paris sur le climat signé en 2015 ne proposait aucune équation pour déterminer les responsabilités respectives des Etats et se gardait d’évoquer la notion de réparation. Les pays développés et les pays émergents ont déjà consommé 85 % du « budget carbone », ce quota d’émissions de gaz à effet de serre qui, selon les scientifiques du climat, permettrait de limiter la hausse des températures en dessous de 1,5 °C. La BAD en conclut que l’Afrique dispose d’un « crédit » estimé à 4 642 milliards de dollars, une fois converti au prix de la tonne de carbone en 2020. « Versé annuellement jusqu’en 2050 [horizon fixé pour atteindre la neutralité carbone], ce crédit carbone dû au continent s’élève à 165 milliards de dollars

Or, il y a un an, lors de la COP26, une coalition de banques de développement et de bailleurs bilatéraux, dont la France, les États-Unis et le Royaume-Uni, s’est engagée à cesser de financer tout nouvel investissement dans les énergies fossiles dès la fin de 2022. Pourquoi l’Afrique devrait-elle renoncer à exploiter ses énergies fossiles alors que presque tous les autres pays temporisent ou reviennent sur leurs engagements ? Il n’y a qu’un réponse à cette impossible dialectique, famine, guerres et épidémies. Malthus est de retour.

Lire, Malthus de retour

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