climatocrétinisme, la triste loi de Brandolini
Le discours climatosceptique des années 1980 tendait à nier la réalité du dérèglement climatique ; aujourd’hui, face à l’indéniable, il cherche plutôt à contester son origine anthropique, autrement dit liée à l’activité humaine. Il ne s’agit plus d’experts en marge mais de citoyens imprégnés de défiance, complotistes, antivax et poutinolâtres. La raison pour laquelle il y a encore autant de climato-sceptiques, c’est qu’en matière de changement climatique, il faut dix secondes pour sortir une ânerie, et dix minutes pour expliquer pourquoi c’est une ânerie. Être libre (la « liberté de la presse »), ce n’est pas – en tous cas pas dans mon esprit – avoir le droit de raconter n’importe quoi au motif qu’il n’y a pas de sanction pécuniaire ou légale à court terme. Cela, ce n’est pas être libre, c’est être, au choix, paresseux, cynique, ou immoral.
Soyons clairs : nous ne perdrions pas une seconde à contribuer à un débat portant sur le fait de savoir si la Terre tourne autour du Soleil ou l’inverse. Car à force de se construire des mensonges, les humains s’empêchent de réagir et demain il sera trop tard.
Lire, Claude Lorius (1932-1923),
la nique aux climato-sceptiques
William Audureau : Les démonstrations en apparence scientifiques ces climato-sceptiques masquent l’usage pernicieux de chiffres bancals, de théories obsolètes ou d’approximations géologiques. C’est ce qui rend si dangereux ces discours. Démonter l’argumentaire climatosceptique s’apparente en effet à un travail de Sisyphe. Il répond à la loi de Brandolini, bien connue des observateurs du monde de la désinformation, selon laquelle prouver l’absurdité d’un baratin se révèle bien plus coûteux en temps et en énergie que de le produire. Ce serait tomber dans le piège de la rhétorique climatosceptique que de se contenter d’en éplucher les arguments un à un pour en montrer les imprécisions, les non-sens et les inepties. Il faut revenir à l’image d’ensemble, et souligner sa malhonnêteté : ses démonstrations sont totalement incompatibles entre elles.
La démarche consiste à miner le consensus scientifique par tous les moyens possibles. Il y a une campagne organisée de désinformation dont les précédents ne manquent pas, depuis les actions de manipulation de l’opinion publique de l’association environnementale de l’industrie pétrolière et gazière, dans les années 1980, à celles du libertarien Heartland Institute de Chicago, au début des années 2010. Dans un monde de contre-vérités où, par principe, le consensus scientifique serait un mensonge, il devient tragiquement héroïque d’affirmer son contraire.
Le point de vue des écologistes climato-réalistes
Punchingball : J’ai pu observer il y a bien dix ans de cela déjà le visage las et fatigué de Jean Jouzel face à un présentateur météo lui assénant qu’au 13e siècle, un certain mois de février, les arbres fruitiers étaient en fleurs à Strasbourg …Et alors , ça prouvait quoi ? Vous trouvez qu’on a beaucoup progressé depuis ?
Michel SOURROUILLE : Le « M. Météo » de France 2, Philippe Verdier, auteur d’un livre qui contestait l’idée d’un consensus scientifique sur le climat, a été mis à pied en 2015 par France Télévisions. Il mettait en cause la probité des scientifiques du GIEC qui fait référence. Il évoquait des « scientifiques manipulés », « des médias aveuglés », « des ONG mercantiles » et « des religions en quête de nouveaux credo ». Il voulait salir les autres, et c’est lui qui se dit aujourd’hui « sali » et « attaqué dans [son] métier » ! Nathalie Kosciusko-Morizet, ex-ministre de l’écologie de Nicolas Sarkozy et numéro deux du parti Les Républicains avait dressé un parallèle entre ceux qui disent “en fait le changement climatique n’existe pas ou c’est pas grave, c’est formidable, on ira plus souvent à la plage” et ces gens de l’industrie du tabac ou de l’industrie de l’amiante qui pendant des décennies ont nié le danger.
le sceptique : Quand Valérie Masson-Delmotte, figure du GIEC, fait un discours de soutien aux Soulèvements de la Terre, cela contribue à mon avis bien davantage à la difficulté de prendre des mesures climatique. Les humains n’achèteront pas une lutte contre le changement climatique axée sur la décroissance ou un gloubi-boulga qui mélange climat, biodiversité, pollution, anticapitalisme et on ne sait quoi d’autres. Donc soit vous faites une offre décarbonée désirable et accessibles, soit le fossile durera encore 100 ans (rassurez-vous, il reste plein de choses en sous-sol).
Michel SOURROUILLE : Rassure-toi septique, la dernière goutte de pétrole sera utilisée dans un tank et, les pieds dans l’eau, on aura complètement oublié tes sophismes…
pm22 : Le climat se réchauffe, certes, mais n’en faisons pas un dogme. Ces prétendus « évènements climatiques extrêmes » sont de l’ordre de la météo, pas du climat.
ti Gilou à pm22 : Votre réponse me fait me demander si vous comprenez ce que vous écrivez. Remarquez, je mesure la difficulté que représente votre position. Plus le temps passe, moins elle est partagée. Cela a du être terrible pour les platistes lorsqu’il fut admis par tout le monde que la terre est ronde et tourne autour du soleil. 450 ans plus tard, vous revivez les mêmes tourments.
Frog : Je zappe pm22 la plupart du temps vu qu’il occupe juste le vide avec du rien.
Jacques Py : Le climatosceptisme est obsolète, ce qui est central au débat, ce sont les climato-relativistes. Discours de l’adaptation, discours de la solution technologique, discours plus général de la relativité des enjeux climatiques, tout se coordonne pour vouloir s’éviter l’ampleur des efforts. Parler d’urgence climatique est intégrer une temporalité, ce que se refuse le discours dominant des climato-relativistes, malgré l’accélération des processus en cours.
Michel SOURROUILLE : J’ai même un membre de ma famille qui s’est permis le raisonnement suivant en 2008 : « Au secours, ça chauffe ! Le climat se réchauffe, vous avez fauté alors la nature se venge. Mais oui, regardez vous avez les preuves sous les yeux, le soleil est trop chaud, il pleut, le vent souffle, les tempêtes, les raz de marée se multiplient, l’hiver est trop froid, l’été trop chaud, vous voyez, vous avez la preuve de votre pollution calorifique. Vous pétez trop fort, vous faites tourner votre moteur, vous réchauffez la planète… » En 2023, il reste obstinément négationniste climatique.
Roger : de toute façon les climatosceptiques subiront aussi les canicules sécheresses et montées des eaux… La messe est dite avec bientôt 10 milliards d’êtres humains … je conseille aux jeunes de profiter de la vie avant la débâcle et surtout de ne pas se reproduire..
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