Un texte invraisemblable dans les colonnes du MONDE* que nous laissons détricoter par les commentateurs sur lemonde.fr :
– « Les apôtres de la décroissance ne nous apprennent rien en soulignant que les ressources dont nous dépendons sont rares et disponibles en quantité limitée. Mais la ressource ultime est l’intelligence humaine. »
Ouf! : Moi qui m’inquiétais justement devant mon frigo aux 3/4 vide, suis rassuré. Je vais faire appel à mon intelligence et produire des milliers de recettes avec très peu d’ingrédients. Je suis sauvé.
Saint-Thomas : De la grande fumisterie. La connaissance ne va pas créer du pétrole, des minerais, et dont l’incertitude réside seulement sur la date du pic d’extraction puisqu’il y a une quantité limitée sur Terre. Il faudrait aussi s’intéresser au second principe de la thermodynamique, qui lui régit le monde.
gagarine Youri : L’argument principal consiste à dire que notre intelligence est ce qui nous a permis de pallier les manques en ressource de notre environnement (soit du fait de leur absence, soit du fait de notre méconnaissance) et qu’il faut développer notre intelligence plutôt que limiter notre consommation de ressources. Bien. Mais que se passe-t-il quand c’est précisément notre intelligence (rationnelle) qui nous indique de consommer moins plutôt que d’avoir une foi irrationnelle dans un progrès infini ?
moi-même : L’argument de fond est : puisque ça a fonctionné jusqu’à maintenant, ça fonctionnera toujours. Ce n’est pas un raisonnement, c’est un pari. Le réchauffement, incontestable et qui s’accélère, est en train de démontrer la bêtise d’un tel pari. Pour que cela fonctionne, il faudrait que nos capacités à trouver et utiliser les ressources croisse à l’infini, à tout le moins à proportion de ce que la nature est capable de fournir. Ce n’est pas le cas.
ZURBACH MICHEL : Physiquement il y a moins de ressources mais grâce à notre connaissance nous avons pu augmenter leur disponibilité : en clair, on a appris comment aller fouiller tout au fond de la cave ou du grenier pour dénicher quelques surplus inaccessibles auparavant. Un jour on arrive quand même au mur ou au toit..
– « La « suprématie du marché » ne conduit pas à l’épuisement irrationnel des ressources. Le mécanisme des prix fonctionne tellement bien que les métaux sont aujourd’hui présents en plus grande quantité car notre connaissance s’est améliorée. »
agnès : Le mécanisme des prix va tout régler : seuls les riches auront accès aux ressources; Quid de l’épuisement des terres, de la progression des déserts.
Ciel bleu, mer belle à Marseille : Faute de pommes de terre, durant la guerre, nous avons mangé des topinambours, puis des panais, et parfois même nous avons utilisé les pelures de ces légumes… notre génie a pourvu à notre survie, notre connaissance nous fit surmonter l’épreuve… Ah, que ne faut il lire ? ! Dans un monde fini, régi par le libéralisme, notre intelligence nous sauverait ? !! Être condamnés à sucer les pelures serait la solution, notre avenir !! Qu’on lui laisse les pelures, changeons nos modes de vie !!
DH : Ce monsieur fait l’apologie des entreprises minières, néglige les oppositions des indigènes dont la vie sera durablement perturbée, niée sinon enlevée, néglige les effets sur le climat, néglige les effets sur les prix de matières toujours plus chères à extraire, néglige le problème des déchets.
Maxleg : L’eau en quantité suffisante, l’air pur, une mer propre, un climat agréable… dont de nombreux habitants de la planète manquent déjà, voilà des produits de base dont il sera difficile de découvrir de nouveaux gisements à l’avenir. Mais de ça l’auteur n’a pas l’air de s’en soucier.
– « Les rêveurs de la décroissance devraient aller faire un tour dans les pays qui l’ont réellement expérimentée – le Venezuela en est l’exemple le plus contemporain. »
DH : Le Venezuela comme exemple de décroissance? Mauvaise foi idéologique! Le libéralisme autant dévoyé par de tels imbéciles endoctrinés aux extrêmes est dangereux.
GILLES SPAIER : Il y a un espace entre Maduro et l’expansionnisme exacerbé qui nous mène dans le mur. La décroissance du Venezuela est subie et non volontaire. Cette tribune se déprécie elle même par ses arguments qui n’en sont pas. Quoiqu’il dise, au rythme de croissance actuel, l’humanité va dans le mur. Et l’auteur, très occupé à déprécier le socialisme, oublie que la croissance des inégalités actuelle fait aussi partie du problème. A aucun moment il n’en parle.
Alta : C’est aussi oublier que malgré notre si éclatante prospérité, ces 200 ans de croissance ont été aussi deux siècles de dévastation des éco-systèmes, de la diversité, et la dégradation de l’espérance de vie en occident se profile inexorablement. S’il faut choisir entre l’humanisme et la survie de la vie sur la planète, je préfère la survie. En exploitant toujours plus pour le profit, le capitalisme nous condamne.
– « L’augmentation de la population mondiale est le signe d’un progrès humain dont nous devrions nous féliciter. En prônant la décroissance économique et démographique, la gauche rejette le progrès et abandonne son humanisme. »
Agnès : Quant à l’ode final au natalisme voir les suppressions de crédit des néo-cons US aux programmes de planning familial.
Georges : Incroyable! Qu’il commence par nous dire quelle est sa religion. Un nataliste qui a le culte de la croissance, qui appelle cela humanisme et mesure l’humanisme des autres à l’aune de ce qu’il pense être lui-même.
Paul-Henri : C’est un discours de vieux, inadapté quand les conditions climatiques changent, ce n’est pas le moment de faire comme les lapins ni de continuer à produire n’importe quoi et se déplacer n’importe comment. La modernité il faut l’inventer en tenant compte de l’état du monde. Il ne faut pas compter sur ces théories là, ces modernes là sont en fait des conservateurs, il veulent que ça continue toujours pareil…
Inhumanité : juste écœurant, j’ai arrêté de lire à la troisième ligne. Parier sur l’intelligence humaine quand on voit les massacres passés et en cours, il faut avoir une bonne dose d’idéologie et d’anthropocentrisme. Le seul salut de l’homme a été le pétrole abondant, mais de la même façon que les civilisations ont péri par manque de bois, la nôtre périra par manque de pétrole ou par cuisson.
* citations issues de la tribune de Guillaume Moukala Same, porte-parole du club de réflexion « Les Affranchis – Students for Liberty » in « La gauche décroissante rejette le progrès et abandonne son humanisme » (LE MONDE économie du 12 janvier 2019)
NB : Students for Liberty est une émanation de Charles Koch, grand opposant d’Al Gore. Koch Industries est une multinationale américaine avec des filiales dans des domaines comme le génie pétrolier, le génie chimique, la finance, le courtage de matières premières, l’élevage. A quand une déclaration d’intérêt systématique des « auteurs » pour savoir qui parle…