politique

Hommage à Michèle Rivasi

Communiqué de presse de Générations futures, le 29 novembre 2023

Nous avons appris ce jour le décès soudain de l’eurodéputée écologiste Michèle Rivasi à l’âge de 70 ans. Nous connaissions l’engagement ancien de Michèle au sein de la CRIIRAD, ouvrant des brèches pour le droit à l’information sur la pollution de notre environnement par les radioéléments, face au surpuissant lobby du nucléaire en France.

 François Veillerette, notre porte-parole et fondateur, avait eu l’occasion de travailler personnellement à ses côtés il y a 20 ans lorsqu’elle était Directrice de Greenpeace France, alors que François était Président du Conseil d’Administration de cette ONG.

 Depuis qu’elle était Députée européenne, nous avons eu de multiples occasions de travailler avec Michèle sur des sujets de santé environnementale. A Bruxelles comme à Strasbourg elle était d’ailleurs la principale défenseuse de ces sujets parmi les eurodéputé.s écolos, chacun.e.s ayant sa « spécialité ». Nous avions ainsi l’habitude de la voir très régulièrement faire une apparition dans les conférences de presse en ligne de Générations Futures sur les différents dossiers « chimiques » que nous avons publiés ces dernières années. On pouvait compter sur elle dans tous ces combats écologistes et également pour dénoncer l’influence obscène des lobbies, dont elle était une des bêtes noires et une des principales pourfendeuses. «Toujours présente, toujours engagée, sans jamais en rabattre sur ses exigences et sans faiblesse face aux puissants » c’est ainsi qu’on pourrait dépeindre Michèle Rivasi en quelques mots.

 Aujourd’hui, malheureusement, elle n’est plus parmi nous. Elle vient de nous quitter si brutalement, après une période particulièrement difficile pour les écologistes au niveau européen puisque en deux semaines nous avons vu le glyphosate réautorisé pour 10 années supplémentaires et le projet de règlement SUR sur l’utilisation des pesticides enterré par les droites européennes…autant de combats dans lesquels Michèle n’avait pas ménagé ses efforts ces derniers mois.

 En ces temps difficiles pour l’écologie et dans lesquels le nationalisme étroit menace, la ténacité et la détermination de Michèle Rivasi doivent nous servir d’exemple sur la conduite à tenir dans les prochains mois et années : se battre, toujours et ne lâcher jamais ! Cet exemple doit nous inspirer dans la période qui vient et les plus jeunes d’entre nous pourront, nous le souhaitons, y trouver l’énergie nécessaire pour affronter les combats titanesques qui nous attendent, pour assurer aux Générations Futures un avenir vivable et désirable.

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Michèle RIVASI, en course pour la présidentielle 2017 (septembre 2016)

extraits : Forte de mon parcours dans la société civile comme co-fondatrice de la CRIIRAD (laboratoire indépendant sur la radioactivité pour dénoncer le mensonge d’Etat de Tchernobyl) et du CRIIREM (sur la pollution électromagnétique) ou directrice de Greenpeace France puis comme parlementaire (à l’Assemblée nationale entre 1997 et 2002 et au Parlement européen depuis 2009), je suis candidate pour représenter le peuple de l’écologie, la voix des lanceurs d’alerte et des défenseurs des Biens communs en 2017…

DECLARATION de CANDIDATURE de Michele RIVASI (août 2016

extraits : 4 chantiers me paraissent prioritaires mais je porterai notre projet collectif : la réappropriation et le contrôle citoyen (via des comités d’usagers) de l’ensemble de nos Biens communs passant par une lutte acharnée contre la corruption et la collusion public-privé et le changement de nos institutions à bout de souffle ; l’instauration d’un revenu garanti universel pour tous en reconnaissant à sa juste mesure toute activité socialement utile ; la mise en place d’une véritable fiscalité écologique fondée sur la justice sociale et le principe pollueur-payeur dans le but d’entreprendre une reconversion écologique de nos activités économiques ; la résorption du mal- logement par la réquisition des logements publics vacants en appliquant l’ordonnance de 1945 du général De Gaulle.

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COP28, le moment d’une vérité édulcorée

Elle s’annonce comme « la COP des fossiles ». A Dubaï, les Etats réunis pour la 28e conférence mondiale sur le climat (COP28), du 30 novembre au 12 décembre, tenteront de négocier une formule appelant à une réduction de l’usage du charbon, du pétrole et du gaz, principaux responsables du dérèglement climatique. « La COP28 sera un moment de vérité pour l’industrie pétrolière et gazière, qui devra montrer si elle veut être un partenaire sérieux pour accélérer la réponse au dérèglement climatique », affirme Fatih Birol, le directeur exécutif de l’Agence internationale de l’énergie (AIE). Un rapport de l’AIE souligne que le secteur n’est, pour le moment, pas un « partenaire sérieux » dans la lutte contre le réchauffement climatique.

Perrine Mouterde : Les entreprises pétrolières et gazières jouent aujourd’hui un rôle plus que marginal dans la transition énergétique. Un chiffre résume ce manque d’engagement : leurs investissements dans les énergies bas carbone ne représentent que 1 % des investissements totaux (1 800 milliards de dollars en 2023).

Fatih Birol : « Aujourd’hui, le monde produit environ 100 millions de barils de pétrole par jour, explique En 2050, il faudra être passé à 25 millions. Quand vous parlez aux entreprises, elles vous disent toutes : “Je suis prête à produire ces 25 millions de barils.” est-ce la baisse de la consommation d’hydrocarbures qui doit être à l’origine de la transition, ou faut-il d’abord mettre un terme à la production ? Aucune des deux approches n’est satisfaisante face à l’ampleur des défis, et aucun des acteurs ne devrait attendre que l’autre agisse en premier. L’idée que les producteurs d’hydrocarbures peuvent continuer comme avant et qu’ils vont réduire leurs émissions à zéro grâce à un déploiement massif du captage et stockage de carbone est, selon moi, un fantasme. »

Le point de vue des écologistes climato-compatibles

COP28, 28 années que ça dure, la mascarade. On assiste à une réunion de la ligue antialcoolique menée par les distillateurs de la gnôle. Un moment de vérité en effet. Appeler une mascarade récurrente « un moment de vérité » est l’actualisation parfaite de la novlangue du très regretté Georges Orwell ! Accepter d’organiser une COP à Dubaï, il fallait le faire ! Cet émirat représente le club de ceux qui aident à le plus polluer la planète. Le thème captage/stockage du CO2, ne doit pas être mis à l’Ordre du Jour. C’est un attrape nigaud.

La meilleure façon de baisser la consommation de pétrole, c’est de valoriser socialement la sobriété. Il faut que devienne honteux le fait d’avoir une maison secondaire, posséder une voiture à soi et partir en vacances en avion. On peut en dire autant au niveau démographique. Il faut qu’avoir une famille nombreuse ne soit plus considéré comme une réussite. Tant qu’on n’aura pas tout ça, nous irons au désastre. Les ressources ne sont pas infinies. Et la Terre n’est pas une poubelle à CO2 et autres déchets de la croissance. Ce sont nos petits-enfants qui reviendront deux siècles en arrière, dans un monde détérioré grave. Une société basée sur l’hyper-consommation est vouée à la disparition.

Nous attendons le moment de vérité. Enfin le vrai, pas celui qui revenait régulièrement depuis Kyoto avec mecs en costards et larmes de joie en agitant au final un bout de papier qui ne correspondait à rien. Le vrai moment. Celui où on dit : c’est foutu, bonne chance à tous. En attendant cette révélation, les 0,01% vont continuer à se gaver grave en se faisant lécher le derrière par la classe politique.

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COP28 et AIE, sobriété énergétique tabou ! (25 octobre 2023)

extraits : La première priorité pour diminuer nos émissions de gaz à effet de serre, c’est la sobriété énergétique. Aucune trace de cette urgence dans le rapport de l’AIE. Les deux autres leviers à mettre en œuvre, les énergies renouvelable et l’efficacité énergétique, ne sont que des leurres. L’expérience montre que jusqu’à présent les énergies renouvelables ne remplacent pas les énergies fossiles, mais s’ajoutent pour répondre à notre boulimie énergétique. Quand à la technologie sur laquelle repose l’efficacité énergétique, non seulement il y a l’effet rebond qui annule les progrès possibles quand on évite la sobriété, mais croire que remplacer une automobile thermique par une voiture électrique est une avancée est idiot car l’électricité, il faut la fabriquer…

Boycott de la COP28, la seule option ? (3 octobre 2023)

extraits : Nous appelons les pouvoirs publics, associations et dirigeants d’entreprises à ne pas cautionner par leur présence cette mise en scène dans un pays qui ne prospère que grâce à l’extraction d’énergies fossiles. Abou Dhabi prévoit même d’augmenter sa production de barils de 25 % d’ici à 2027 ! A Dubaï, la dérive devient caricature : l’événement sera présidé par le patron de la plus grande entreprise d’énergies fossiles des Emirats arabes unis – Sultan Ahmed Al-Jaber – quelques semaines après des révélations de la presse britannique nous apprenant que les Émirats mentent depuis dix ans sur leurs émissions de méthane…

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Climatosceptiques ? Plutôt climatonégationnistes

Gilles Barroux regrette que le déni du réchauffement climatique soit toujours assimilé à une forme de doute, alors qu’il s’agit plutôt d’une forme de défiance. Le terme de « climatoscepticisme » devrait-il être abandonné ?

Gilles Barroux : « On peut préférer le terme de « dénialistes » pour qualifier les climatosceptiques car n’est-ce pas faire trop d’honneur à ces négationnistes refusant les conclusions issues de la science. Le fait de mettre en doute peut exprimer une attitude intellectuelle dénuée de tout a priori : l’on peut mettre en doute parce que l’on attend des arguments plus convaincants, parce que l’on attend une clarification des hypothèses proposées ou une contre-expertise. Loin d’exprimer une défiance systématique, le doute engage à un examen rigoureux et propre à produire un jugement en toute connaissance de cause. Parce que le sceptique prend très au sérieux les fondements de la connaissance, la quête des méthodes pour élaborer un raisonnement fiable, il ne se ridiculise pas dans le déni du réel. Le sceptique n’oppose pas de manière dogmatique et à coups d’intimidations une « vérité » ou un ensemble de « faits » alternatifs, il questionne, il s’interroge, il compare.

Là où le doute exprime la prudence dans l’exercice du jugement, le soupçon illustre la défiance envers une autorité ou une communauté scientifique. Ce soupçon, comme l’énoncent régulièrement les chercheurs, objets des attaques des climatosceptiques, vise à saper la crédibilité des travaux entrepris, à ramener au stade de l’opinion, de la croyance, ce qui est pourtant fondé sur des dizaines et des dizaines d’années de relevés, d’observations, d’hypothèses et de conclusions, tout cela à chaque fois dans le cadre de protocoles dûment vérifiés.

Nos climatosceptiques, à rebours d’une telle démarche, introduisent une autre histoire du climat, à coups d’arguments ficelés tel un puzzle flirtant bien souvent avec telle ou telle théorie complotiste : l’homme n’y est pour rien, la Terre se réchauffe régulièrement, les scientifiques sont enfermés dans des laboratoires, ils ne vivent pas dans le « réel »… Loin d’exprimer une quelconque exigence scientifique, ils parient sur l’ignorance de leurs auditeurs pour jeter le trouble, le soupçon et, dans les mailles de leurs filets fallacieux, introduisent un récit alternatif sans fondement.

Leur climatoscepticisme relève bien d’une entourloupe, et des termes comme « climatodénialistes »

ou bien « climatonégationnistes » siéraient nettement mieux à leur démarche. »

Le point de vue des écologistes insoupçonnables

Nous vivons malheureusement dans un monde où beaucoup de mots ont perdu de leur sens et où la réalité peut être niée sans aucune preuve. Les gens ne croient plus en la science, ne savent même plus ce que ce mot signifie, le confondant en effet bien souvent avec une opinion. Voici pour en savoir plus quelques articles climatocompatibles sur notre blog biosphere.

Serge Galam, négationnisme climatique (2008)

extraits : Le livre de « réflexions » sur le réchauffement climatique de Serge Galam est éreinté par Le Monde du 8 octobre 2008… Ce pseudo-spécialiste fait partie de ce qu’André Lebeau (in L’enfermement planétaire, 2008) appelle les négationnistes, ceux qui tendent à empêcher la prise en compte de la menace. Les négationnistes-climatiques ont en commun deux caractéristiques : ils n’appartiennent pas à la communauté des climatologues, ce sont des spécialistes d’autres disciplines, et ils s’expriment non dans la littérature scientifique, mais directement dans les mass media, quotidiens en mal de lecteurs ou chaînes de télévision en quête d’Audimat…

négationnisme climatique (2009)

extraits : Il y a des négationnistes partout, même parmi nos élites. Mais les négationnistes les plus dangereux pour l’avenir de nos enfants, ce sont les négationnistes du climat. Ainsi une brève du Monde (11 février 2009) parle de Sammy Wilson, ministre nord-irlandais de l’environnement, qui a interdit une publicité appelant à réduire la consommation d’énergie et donc l’émission de CO2 (…)

Dans la rubrique Vu&commenté du Monde du 20 mai 2008, le faux écolo Claude Allègre ne croyait pas lui aussi à un réchauffement climatique d’origine anthropique. Il parlait même d’une escroquerie scientifique menée par des centaines de spécialistes du climat dans le cadre du GIEC. Pourquoi donc Le Monde a-t-il donné tant de fois la parole à cet égocentrique cultivant une notoriété malfaisante grâce à ses jugements personnels à l’emporte-pièce ?…

CLIMAT : des négationnistes criminels

extraits : Bonjour l’armée du doute. Les négationnistes du climat se font encore entendre ! Les spécialistes du climat sont attaqués sur les réseaux sociaux par des comptes anonymes qui remettent en cause la réalité du réchauffement ou sa gravité. Un discours qui diffuse autant parmi les élites politiques et économiques que parmi le peuple.

Un membre du GIEC : « Parfois je rêve que la bêtise soit un facteur aggravant du risque de décès prématuré lié au réchauffement… » (texte d’un dessin)…

climatocrétinisme, la triste loi de Brandolini

extraits : Le discours climatosceptique des années 1980 tendait à nier la réalité du dérèglement climatique ; aujourd’hui, face à l’indéniable, il cherche plutôt à contester son origine anthropique, autrement dit liée à l’activité humaine. Il ne s’agit plus d’experts en marge mais de citoyens imprégnés de défiance, complotistes, antivax et poutinolâtres. La raison pour laquelle il y a encore autant de climato-sceptiques, c’est qu’en matière de changement climatique, il faut dix secondes pour sortir une ânerie, et dix minutes pour expliquer pourquoi c’est une ânerie. Être libre (la « liberté de la presse »), ce n’est pas – en tous cas pas dans mon esprit – avoir le droit de raconter n’importe quoi au motif qu’il n’y a pas de sanction pécuniaire ou légale à court terme. Cela, ce n’est pas être libre, c’est être, au choix, paresseux, cynique, ou immoral.

Soyons clairs : nous ne perdrions pas une seconde à contribuer à un débat portant sur le fait de savoir si la Terre tourne autour du Soleil ou l’inverse. Car à force de se construire des mensonges, les humains s’empêchent de réagir et demain il sera trop tard…

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Eric Zemmour, surpopulation et climat

Nous avons reçu l’analyse ci-dessous de la La Radio-télévision belge de la Communauté française (rtbf). Nous sommes en désaccord total avec cette accusation de racisme qui tend à dévaloriser tous ceux qui montrent qu’une autolimitation de la natalité est absolument nécessaire, y compris en Afrique. Ce blog biosphere, l’association Démographie Responsable et toutes les personnes qui pensent que la surpopulation pose problème n’ont aucun lien de parenté avec Eric Zemmour.

« Le problème du climat, c’est la démographie et l’explosion de la natalité » :

pourquoi cet argument (raciste) est faux ?

Jean-François Viot : Une réflexion souvent partagée à propos du réchauffement climatique indique que nous, les êtres humains, serions tout simplement trop nombreux sur la Terre. Le problème essentiel serait la démographie et il faudrait moins réduire nos émissions de gaz à effet de serre que le nombre d’habitants sur notre planète. Dans ce tweet de juin 2021, le polémiste Eric Zemmour, candidat d’extrême-droite à la présidentielle française de 2022, recycle ce cliché. Il affirme que le problème du climat, c’est la démographie.

Le problème du climat, c’est la démographie et l’explosion de la natalité en Afrique et en Asie. Il faut arrêter de parler des conséquences et pas de la cause.

#Facealinfo pic.twitter.com/17X1ysXF0P

Eric Zemmour (@ZemmourEric) June 24, 2021

Et, jamais bien loin de la racialisation de son discours, il dénonce ce qu’il croit être l’origine du problème : l’explosion de la natalité en Afrique et en Asie.

Une part de vérité, oui mais…

Comme tous les arguments climatosceptiques, cette déclaration contient une part de vérité. Car il n’échappe à personne que l’humanité a grandi de manière très rapide au cours des cent dernières années. De 2 milliards d’individus en 1930, nous sommes passés à 4 milliards en 1970. Nous sommes aujourd’hui plus de 8 milliards sur Terre et il n’a fallu que 12 ans pour ajouter le dernier milliard. Plus de monde sur la planète, c’est plus de besoins, plus d’achats de produits, donc plus d’énergie consommée, donc plus de CO2 émis dans l’atmosphère, parce que l’énergie est une des matières premières de notre vie : nous ne pouvons rien faire sans elle.

Une démographie en hausse implique donc aussi un renforcement du réchauffement climatique.

Une question de mode de consommation

Toutefois, le réchauffement climatique n’est pas dû principalement à la croissance de la population mondiale mais à l’évolution de nos modes de consommation. Entre 1900 à 2000, la population mondiale, a augmenté d’un facteur 4. Mais les émissions de dioxyde de carbone (CO2) ont, elles, augmenté d’un facteur 15. Nous voyons donc très clairement que l’augmentation de la population n’est pas le SEUL critère qui explique l’augmentation de nos émissions de dioxyde de carbone.

Et pour une raison simple : nos émissions de CO2 ne dépendent pas que de notre nombre mais aussi de nos revenus, de notre patrimoine notamment immobilier, de nos régimes alimentaires, en somme de tout ce qu’on appelle notre mode de vie.

Dans le graphe suivant, nous avons juxtaposé la production de CO2 par habitant pour différentes nationalités à travers le monde. Chaque Camerounais émet chaque année environ 0,04 tonne de CO2 par habitant. C’est cinq fois moins qu’un Indien (environ 2t), deux cent fois moins qu’un Belge (environ 8t), trois cent cinquante fois moins qu’un Américain (environ 15t) et 800 fois moins qu’un Qatari (environ 37t). Ces chiffres émanent de la Banque Mondiale. Le Français Eric Zemmour (7 t de CO2 par an, à considérer qu’il se comporte comme le Français moyen) participe donc environ 2 fois plus au réchauffement climatique qu’un Asiatique et 10 fois plus qu’un Africain, même si ceux-ci sont plus nombreux.

Et nous ne devons pas perdre une autre chose de vue : si des pays comme la Chine sont objectivement de gros émetteurs absolus de CO2, c’est aussi parce qu’une partie très conséquente des produits manufacturés que nous consommons est produite en Chine. Nous avons simplement déplacé une pollution qui aurait eu lieu chez nous si nous y avions conservé nos industries manufacturières.

Se dédouaner pour mieux responsabiliser l’autre

L’argumentation qui consiste à prétendre que la responsabilité du réchauffement revient à la démographie galopante racialise la pollution atmosphérique. Cette technique rhétorique vise à dégager sur d’autres (ici des pays étrangers) la responsabilité du réchauffement. Il s’agit d’un argument très pratique parce qu’il permet au politicien qui s’en sert de ne pas devoir présenter à sa propre population des décisions politiques nécessairement culpabilisantes. En effet, réduire nos émissions de gaz à effet de serre, c’est réduire notre consommation d’énergie, donc notre confort (moins de biens de consommation, une alimentation différente, moins de déplacements…).

Ce type d’argumentation est donc chère aux partis d’extrême-droite nationalistes qui veulent se dédouaner de devoir imposer des mesures à leur propre électorat et rejettent la responsabilité sur l’étranger.

Dans une remarquable animation, la NASA a représenté les émissions de CO2 au cours de l’année 2021 sous la forme d’une fumée visible. On le constate, ce sont bien l’Europe et le Moyen-Orient qui émettent le plus de CO2 de notre côté du globe. Nullement l’Afrique.

Quelques indications sur notre blog biosphere

qui montrent la complexité de la relation pauvreté / climat

Démographie et climat, un entretien avec Yves Cochet (2015)

extraits 

question : Si tu devais indiquer en une phrase ton sentiment sur la question démographique, que dirais-tu ?

YC : L’évolution à la baisse de la population est un des moteurs de la réduction des émissions de gaz à effet de serre. Il n’est pas tenable que les Américains produisent en moyenne 16 tonnes de CO2 par an, les Chinois et les Européens 8 tonnes alors que les Africains sont à moins d’une tonne. Pour instaurer la justice sociale, il faut non seulement harmoniser le montant des émissions mais aussi diminuer le poids démographique car la population est un multiplicateur incontournable du niveau des émissions.

rôle de la démographie dans le réchauffement climatique (2015)

extraits : D’après le canadien William Rees, coauteur du concept d’empreinte écologique, non seulement l’immigration nuit à l’environnement du pays d’arrivée, mais l’argent que les immigrants envoient à leur famille restée au pays entraîne aussi une hausse de la consommation qui « aggrave la pollution et l’épuisement net des ressources », en plus de « court-circuiter toute rétroaction négative qui aurait pu mener autrement à l’instauration de politiques nationales visant à modérer la croissance démographique et la détérioration écologique »…

Lien de plus en plus étroit entre démographie et climat

extraits : La démographie reste un facteur très important dans l’évolution de la crise climatique. Car s’ils n’avaient de si grandes populations qu’ils veulent légitimement sortir de la pauvreté, les gouvernements chinois et indien ne construiraient pas autant de centrales à charbon chaque année… Il existe une autre raison pour laquelle l’histoire de l’évolution humaine et le nombre total d’êtres humains aujourd’hui sont importants alors que la planète se réchauffe. Une des stratégies de la survie des espèces menacées par le réchauffement climatique consistera à migrer vers des zones plus propices à leur existence. Mais nous sommes maintenant si nombreux, occupant tant d’espace sur la planète que nous nous trouvons sur leur chemin…

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Ministère du futur, bientôt une réalité ?

Une science-fiction utile est celle qui nous prépare à affronter l’avenir. Ministère du futur ? Deux romans sur la question nous semblent précéder une mise en pratique, si ce n’est prochaine, elle sera inéluctable… si tout se passe bien.

Emmanuel Macron avait même annoncer en juillet 2017 la création d’une « Chambre du futur ». Beaucoup d’idées cet homme, mais pas beaucoup de suivi.

Kim Stanley Robinson : Uttar Pradesh, Inde. Le seul fait en 2025 de parler devenait dangereux. Que dire, de toute façon ? Il faisait même trop chaud pour penser. Le bruit des climatiseurs cessa d’un coup. Provoquant d’autres cris d’horreur. Plus de connexion sur le téléphone. Plus d’électricité. Baisse de tension ou coupure totale ? Les générateurs prirent le relais, engins braillards et carburant illégal, passant outre la loi qui imposait des restrictions. L’air, déjà pollué, ne tarderait pas à s’emplir de vapeurs d’échappement. Autant se mettre le pot d’un vieux bus sous le nez…. La canicule a finalement tué 20 millions de personnes ! Ce décor, c’est un avenir qui nous fonce dessus… Un mouvement clandestin se crée pour amplifier les actions d’écosabotage  dans le monde entier…

Installée en Suisse pour prendre en charge les générations à venir, l’agence onusienne surnommée le « Ministère du Futur », qui n’était qu’une structure fantoche, devient soudain le moteur d’un changement de paradigme écologique, sociopolitique et économique. Il nous restait une infime chance de surmonter les défis extraordinaires auxquels nous devons faire face , il fallait la saisir. (Kim Stanley Robinson, Le Ministère du Futur, date de 1ère publication, octobre 2020)

Gilles Boyer : en 2045, la terre connaît des catastrophes de grande ampleur, écologiques, économiques et sociales. Leur concomitance conduisent les dirigeants des grandes puissances à agir… Dans le roman de Gilles Boyern  «Un monde pour Stella » (2015), il y a création d’une Organisation mondiale qui a vocation à réguler tout phénomène économique, social ou environnemental qui, « de par ses causes ou ses conséquences, dépasse le cadre des frontières étatiques et ne peut qu’être abordé au niveau mondial dans l’intérêt général de l’Humanité ». Les premières prises de décision sont radicales, limitation stricte des naissances à une par femme dans le monde entier, taxation mondiale sur les gaz à effet de serre, interdiction de l’abattage des arbres sauf dans les zones strictement délimitées, couvre-feu mondial à 22h30 pour économiser l’énergie dans les zones non équipées en énergies renouvelables.

Gilles Boyer précisait : « Ces mesures peuvent sembler autoritaires et brutales. Elles nous sont imposées par notre laisser-aller collectif depuis des décennies. Toutes ont en commun la recherche de l’intérêt général du genre humain. Leur application sera assurée par une force de police, reconnaissables par leurs casques verts, et qui auront tout pouvoir pour signaler et réprimer les manquements constatés. La Déclaration universelle des droits de l’Homme sera refondée pour y inclure des devoirs… »

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Quelle démocratie pour une société écologisée ?

extraits : Chambre du futur : cette réforme institutionnelle était annoncée le 5 juillet 2017 par Macron : le Conseil économique, social et environnemental (CESE) deviendrait une « Chambre du futur ». C’est la Fondation pour la nature et l’homme (FNH), ex-Fondation Nicolas Hulot, qui proposait antérieurement cette instance améliorée. Ce CESE nouvelle formule devrait être une véritable assemblée du long terme ayant le pouvoir d’imposer, dans la fabrication de la loi, la prise en compte des évolutions climatiques et écologiques. Pour la FNH, cette assemblée aurait même un pouvoir d’initiative spéciale sur les grands projets liés aux questions de long terme et un « droit de veto suspensif » vis-à-vis de projets de loi adoptés mais pas encore promulgués. Ce droit de veto contraindrait le Parlement à revoir sa copie. Dans le projet de la FNH, la Chambre du Futur serait composée de « deux collèges tirés au sort: un collège de scientifiques et de personnes reconnues pour leurs compétences environnementales et un collège de citoyens ». Aux côtés de cette « assemblée du long terme », des scientifiques assureraient une « veille scientifique ». EELV devrait avoir là un motif de satisfaction puisque ce serait la reprise de la proposition 56 du programme de Yannick Jadot pour la présidentielle 2017 : « Faire évoluer le mandat et la composition du Conseil économique, social et environnemental pour en faire une troisième chambre, aux côtés de l’Assemblée nationale et du Sénat, qui aurait un droit de veto suspensif sur toute mesure législative qui mettrait en cause le long terme. »…

Le CESE, une Chambre du futur ?

extraits : A quoi sert le CESE (Conseil économique, social et environnemental), 233 membres ? Pas à grand chose pour l’instant. L’institution est chargée de conseiller les pouvoirs exécutif et législatif mais son avis n’est que consultatif. Le CESE doit devenir la Chambre du futur, où circuleront toutes les forces vives de la nation. Ce CESE nouvelle formule pourrait être une véritable assemblée du long terme ayant le pouvoir d’imposer, dans la fabrication de la loi, la prise en compte des évolutions climatiques et écologiques. Pour la Fondation pour la nature et l’homme (FNH), cette assemblée devrait même avoir un pouvoir d’initiative spéciale sur les grands projets liés aux questions de long terme et un « droit de veto suspensif » vis-à-vis de projets de loi adoptés mais pas encore promulgués. Ce droit de veto contraindrait le Parlement à revoir sa copie. Dans le projet de la FNH, la Chambre du Futur serait composée de « deux collèges tirés au sort: un collège de scientifiques et de personnes reconnues pour leurs compétences environnementales et un collège de citoyens »….

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Le sénat ne veut pas des immigrés

Cette liste est longue et non exhaustive : instauration de quotas migratoires annuels ; fin de l’automaticité de la naturalisation par le droit du sol ; durcissement du regroupement familial et de l’accès aux titres de séjour ; suppression de l’aide médicale d’Etat (AME) au profit d’une aide médicale d’urgence (AMU) ; restriction de certaines prestations sociales aux étrangers présents en France depuis cinq ans ; rétablissement du délit de séjour irrégulier.

Lors de l’examen du projet de loi immigration, le Sénat a fait adopter plusieurs propositions radicales. Devenu président du parti LR, Eric Ciotti n’a rien renié de ses années « droite populaire » : « Les Français doivent pouvoir choisir qui ils accueillent, qui ils ne souhaitent pas accueillir ». La droite a épousé les chevaux de bataille de l’extrême droite. (LE MONDE)

Le point de vue des migraphobes

untel : « comment la droite a épousé les chevaux de bataille de l’extrême droite » ? Réponse : elle a regardé ce que demande le peuple et elle décidé ne sortir de l’autisme de la classe politique. C’est mal ?

Astartes : Ces mesures semblent presque toutes frappées de bon sens. C’est même plutôt le minimum syndical qu’on demande des politiques pour la défense des intérêts des français.

Palo Alto : Cela ne vient jamais à l’idée d’un journaliste politique de se demander si les mesures envisagées sont efficaces/justes/adaptées ou non, mais seulement si ce sont des mesure de « droite » ou « extrême droite ». Le lecteur ne mérite-t-il pas mieux ?

Il Moro : « En raison de la présence en France de près de quatre millions et demi de travailleurs immigrés et de membres de leurs familles, la poursuite de l’immigration pose aujourd’hui de graves problèmes. Il faut stopper l’immigration officielle et clandestine » Georges Marchais, le 6 janvier 1981 (Source : Le Monde). On aurait donc pu aussi titrer : « Comment la droite a épousé les chevaux de bataille de l’extrême gauche »

Christophe24 : Ce n’est pas un socialiste qui disait qu’on ne peut pas accueillir la misère du monde ? Mayotte montre qu’on ne peut plus continuer comme on le fait actuellement.

Tibetan : Ils sont venus, ils sont tous là, poussant des cris d’orfraie, les professionnels de l’immigration open-bar. Malheureusement pour eux, depuis les émeutes de Juillet et les déferlements d’antisémitisme actuels, tout le monde a compris.

Le point de vue des open bar

Bates : Quand on voit que les deux tiers des réactions des lecteurs du Monde (journal de référence de la Gauche démocrate) sont plutôt très favorables à cette loi (contre l’immigration), on se dit que le train fantôme de la Démocratie a vraiment pris sa vitesse de croisière : tout le monde a envie de monter à bord.

Lacannerie : Ou comment le sénat s’est vautré dans l’indignité. Le LR est en pleine déliquescence morale. Une honte pour la république.

Effeil : vivement un référendum pour supprimer le sénat, chambre qui fait honte à la France

Médiéviste : Nous savons que Darmanin= RN, mais qu’un « catho » déclaré comme certains sénateurs puissent rejeter les pauvres et les délaissés laisse pantois. Ils oublient Jésus et ses déclarations dans les évangiles pour de mesquines considérations comptables. Les riches peuvent dormir tranquilles les impôts pour eux ont diminués et pour le reste, dont le pourcentage dans notre société augmente, ils n’ont plus qu’a traverser la rue, sauf les immigrés. Elle est devenue belle notre devise nationale: liberté, égalité et fraternité sacrifiée au nom du libéralisme dont nous voyons aujourd’hui les méfaits.

CL2P : L’ensauvagement d’une république gangrenée par la xénophobie et le racisme d’Etat… Alors une fois qu’ils auront pu exaucer tous leurs vieux fantasmes réactionnaires en privant les immigrés de tous les droits sociaux: plus d’Aide Médicale d’Etat (AME), plus d’allocations sociales, plus de regroupement familial, plus de logement social, et j’en passe….Comment imaginent-ils donc que ceux qui nettoient leurs villes, vident leurs ordures, assistent leurs enfants et leurs vieillards, soignent leurs malades, préparent leurs repas, etc.. voudront absolument rester ou venir en France sans familles, sans soins, sans logements alors même que tant d’autres destinations leur tendent littéralement les bras et recherchent leur savoir-faire??

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Immigration, démagogie ou rationalité ?

extraits : Les limites planétaires se répercutent sur les limites de chaque territoire. Les migrations sur une planète close et saturée d’humains deviennent une liberté sans fondement. Mais l’examen du projet de loi sur l’immigration, qui a commencé au Sénat le 6 novembre, est pollué par une partie de poker menteur où se mêlent les ambitions de Gérald Darmanin, l’alarmante poursuite du RN engagée par LR et l’incapacité de la gauche de tenir un cap, au risque de privilégier la démagogie plutôt que la rationalité. (…)

Démobilité, je crie ton nom. Le problème de l’immigration n’est qu’une infime fraction de l’impasse dans laquelle nous a mené le mythe de la mobilité comme droit absolu.  En 1968, 2 % seulement de l’humanité franchissait une frontière, soit 60 millions de personnes. Aujourd’hui 20 %, soit un milliard et demi. Pourtant aux temps d’Adam Smith et Ricardo, au début du XIXe siècle, ce n’était pas les humains qui se déplaçaient d’un pays à l’autre, uniquement les marchandises… On y reviendra, les frontières se ferment, inexorablement…

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Eurasp à Paris le 25 novembre

samedi 25 novembre 2023 de 14H à 19h aura lieu la « Journée Européenne de l’Écologie et de la Démographie  » au FIAP Jean Monnet Paris XIV.

 Le programme

Marc Gillet, climatologue, présentera les liens entre réchauffement climatique et effectifs de la population mondiale

Antoine Bueno, essayiste, auteur de « Permis de procréer« , aura une approche plus généraliste et politique

Michel Garenne, démographe, spécialiste de l’Afrique, traitera de l’évolution actuelle et prévisionnelle de nos effectifs

Antoine Waechter, président du Mouvement Écologiste Indépendant, auteur du « Défi du Nombre », présentera une approche de l’écologie politique sur la démographie.

Chaque intervention durera environ 20 minutes et sera suivie d’un débat avec le public.

Après une pause avec boissons, deux tables rondes seront dédiées à la présentation de plusieurs ouvrages sur le sujet, en particulier le livre collectif de Michel SourrouilleSurpopulation… Mythe ou réalité ?

La Journée sera animée par Didier Barthès, porte-parole de l’association Démographie Responsable.

Parlez-en autour de vous et sur les réseaux sociaux….

En savoir plus sur l’EURASP

l’European alliance for a Sustainable Population  dont voici les associations membres :

Prosupop (Prosperity through Sustainable Population – deutsch, Allemagne), MinderMensen (Belgique), Démographie Responsable (France), Bocs (Hongrie), OverBevolking (Pays-Bas), ecopop ( Suisse)

Quelques éléments de réflexion sur ce site européen, pour l’instant en anglais (mais des versions française et allemande seront  prochainement disponibles)

 https://eurasp.org/

Our mission is to scientifically raise awareness

about the impact of human population,

its size and density on our most precious livelihood,

planet Earth

Sustainable Population

Human population growth and over-consumption are at the root of our most pressing environmental problems, including the wildlife extinction crisis, habitat loss, pollution and climate change. As humans, we have an impact on the health of our planet. What is a sustainable population?

A sustainable population is a population that can be maintained at that number of people indefinitely without detrimental effects on the environment or the quality of life of the members of that population and their future generations. Important factors are population growth, overconsumption en human pressure on the environment. But of course, it’s not just about people. Animals and other living beings also have the right to a good and healthy existence. Some eight million plants and animal species live on Earth. A 2019 United Nations report found that of those eight million, one million species will become extinct within a few decades – unless we take action now. For ecosystems, it takes millions of years to recover, which is why action is crucial. Scientists are making it clear to us that planetary limits have long been exceeded and that it is necessary to adjust both our consumption patterns and the number of people on Earth.

Impact = Population x Affluence x Technology

I = PxAxT is the mathematical notation of a formula put forward to describe the impact of human activity on the environment.

In order to prevent the impact from increasing due to the growth of the population and the increase in consumption (Population X Affluence), humans must balance the carrying capacity of the Earth in order to be able to continue to carry a certain number of people and their activities. Technological developments could ensure that more people can live on earth, but at the same time further deplete the natural resources so that fewer people can live on earth in the longer term.

We must work with the three factors in order to achieve a safe and just humanity. Incorporating the population factor in any policy or strategy would mean faster results and a more sustainable and just world.

Que faire ? Agir avec l’association Démographie Responsable

https://www.demographie-responsable.org/

 

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Les nationalismes contre l’urgence écologique

Alors que « bipolaire » était signe de maladie, « multipolaire » en vint à être vu comme symbole de remède. Ainsi, en septembre 2020, 111 chefs d’Etat se prononcèrent à l’ONU en faveur du multilatéralisme, reconnu comme « une nécessité pour un monde plus égalitaire, plus résilient et plus durable ». Or, si le monde bipolaire suivait encore le schéma déterministe du balancier, le monde multipolaire est un attracteur étrange dont on ne peut prédire la trajectoire, si ce n’est qu’il nous conduit hors équilibre.

Jean-Yves Heurtebise : La multipolarité est à la fois poison et remède. Si tout le monde a également le droit à la parole, quelle parole peut encore faire droit ? Comment dire « le droit », au singulier, de l’universel quand toute parole a été genrée, territorialisée, multipolarisée ? Dès que la loi est dépourvue de force, la force s’empresse de faire la loi. Sans police ni armée pour défendre les institutions internationales, leur voix s’étiole et se perd. Les injustices d’hier ne semblent trouver d’expiations que dans les exactions d’aujourd’hui, qui nourrissent les revanches de demain.

Le point de vue des écologistes trans-partisans

Autrefois des groupes diversifiés se rassemblaient autour d’un lieu et d’une culture spécifique. Après des phases, non encore achevées, de luttes de cultures, ethnies, églises, langues, etc… C’est l’idée de nation qui en est ressortie et a unifié des espaces différents. La nation est devenue, au moins depuis le XIXe siècle, le nouveau paradigme. Elle a permis une unité plus large géographiquement, mais l’expérience montre, deux guerres mondiales à l’appui, son échec. Aujourd’hui encore l’impérialisme russe en Ukraine ou la conquête juive de la Palestine prouve que la nation était une catégorie nécessairement anti-universaliste. L’affrontement des nationalités a même fait la preuve de son inefficacité planétaire, par exemple dans la lutte contre le réchauffement climatique. L’internationale des nationalismes, ça ne marche jamais. Depuis la Société des nations (1919-1946) et son remplacement par l’Organisation des nations unies, des bribes de tentatives essayent cependant l’unité. Sans succès probant jusqu’à présent, mais du moins cette institutionnalisation prépare l’émergence d’un trans-nationalisme.

On peut espérer que l’unité politique face à l’urgence écologique sera reconnue au XXIe siècle comme fondamentale pour l’ensemble de l’humanité, et qu’il nous faut mener une transition commune car supranationale. Pourtant même la lutte contre le réchauffement climatique s’accompagne encore de dissensions internes. Il y avait les climato-sceptiques, il y a maintenant les climato-militants pro-palestiniens et russo-israéliens ! La militante écologiste suédoise Greta Thunberg, arborant un keffieh palestinien, venait d’appeler à « un cessez-le-feu » à Gaza quand un homme a tenté de lui arracher le micro. « Je suis venu pour une manifestation sur le climat, pas pour un point de vue politique », s’insurge-t-il, tandis que Greta Thunberg et des militants se mettent à scander : « Pas de justice climatique sur une terre occupée ! » La fracture était apparue au grand jour le 20 octobre, après un message publié par l’activiste suédoise sur les réseaux sociaux, où elle compte 5 millions de followers sur X et plus de 14 millions sur Instagram. Appelant à faire grève pour le climat « en solidarité avec la Palestine », Greta Thunberg pose avec trois jeunes femmes au milieu de pancartes proclamant « Free Palestine » et « Stand with Gaza ». L’ancien porte-parole de l’armée israélienne Arye Sharuz Shalicar s’emporte : « Quiconque s’identifie à Greta de quelque manière que ce soit à l’avenir est, à mon avis, un partisan du terrorisme. » Le ministère israélien de l’éducation annonce qu’il va supprimer toute référence à la jeune femme dans les manuels scolaires. En Autriche et en Allemagne, les Fridays for Future ont acté leur rupture avec Greta Thunberg : « Nous sommes clairement contre toute forme d’antisémitisme. Là-dessus, nous ne faisons aucun compromis. Nous nous engageons à protéger la vie des juifs, ici comme partout. »

On aurait pu penser que la planète, devenue si petite avec les moyens de communication d’aujourd’hui, deviendrait comme un village global. Tous les acteurs socio-politiques et économiques jouent maintenant sur la place centrale du bourg. Mais, trop engoncés dans notre époque et allergiques aux leçons du passé, nous ne voyons pas encore les cycles très longs de l’histoire humaine. Pas encore…

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le nationalisme à Copenhague (2009)

extraits: Les quelque 120 chefs d’Etat et de gouvernement ne sont pas au Danemark pour résoudre les problèmes de la planète, ils ont été élus pour  représenter d’abord les intérêts de leur nation particulière. On va donc promettre un peu d’argent, mais surtout ne pas baisser ses propres émissions des gaz à effet de serre car «  maintenir le niveau de vie de nos nationaux est primordial. ».

Il ne devrait plus jamais y avoir de débat sur les identités nationales, il devrait y avoir une prise de conscience planétaire que nous appartenons tous à la même biosphère, que c’est la Terre qui est notre patrie, que nous dépendons du substrat qui nous fait vivre…

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Crime de guerre, la guerre est un crime

Depuis l’Antiquité jusqu’au début de l’époque moderne, la pensée sur le droit de la guerre fut centrée sur le jus ad bellum, le « droit à la guerre », c’est-à-dire la légitimité ou non du recours à la force, comme en témoignent les réflexions de saint Augustin (354-430), puis de saint Thomas (1225-1274) sur la guerre juste. Le jus in bello, le « droit dans la guerre », c’est-à-dire la manière dont la guerre est menée et la façon de traiter les combattants, n’a commencé à s’affirmer qu’au milieu du XIXe siècle, avec le début des carnages de la guerre de masse. Nous pourrions penser et réaliser une troisième période, celle de l’interdiction de toute guerre, et par là-même en finir complètement avec les crimes de guerre.

Composé de deux branches – celle de Genève et celle de La Haye –, le droit international humanitaire, ou droit des conflits armés, vise, à défaut de vouloir et de pouvoir interdire la guerre, à l’encadrer. Le droit de Genève, avec la première convention de 1864 sur les soins aux blessés et l’immunité des secours, est centré, avant tout, sur la protection des civils et la façon dont les victimes doivent être traitées par l’adversaire. Les conventions de La Haye de 1899 et de 1907 visent, elles, à déterminer des règles claires limitant le droit de tuer au combat. La liste des crimes de guerre, tels qu’ils sont aujourd’hui précisés dans les diverses conventions internationales, est longue. Elle va de l’homicide intentionnel à la torture ou au traitement inhumain en passant par la prise d’otages, les détentions illégales, le bombardement de villes, de villages ou d’habitations qui ne sont pas des objectifs militaires, ou le blocage des aides humanitaires.

Tenter de définir un cadre légal à la guerre dans l’optique noble d’en limiter les effets les plus atroces produit un effet pervers, celui de légaliser « le reste » de la guerre. Cela revient à essentialiser la guerre.

Le point de vue des écologistes pacifistes

La notion même de droit à la guerre est un oxymore. La guerre, par définition, c’est l’absence de justice, la seule loi qu’on voudrait mettre en place, c’est celle du plus fort, depuis toujours en encore aujourd’hui, Poutine/Ukraine, Israël/Palestine, etc… Si les belligérants pouvaient s’entendre au préalable par la diplomatie, alors il n’y aurait pas de guerre… La seule posture raisonnable et humaniste serait de déclarer l’illégalité de la guerre, dans son ensemble, comme la violence physique l’est déjà en droit pénal pour les individus.

Le mouvement écologiste est explicitement partisan de la non-violence. Ainsi dans la Charte des Verts mondiaux (Canberra, 2001) :

« Nous déclarons notre engagement en faveur la non-violence et nous nous efforçons de créer une culture de paix et de coopération entre les États, au sein des sociétés et entre les individus pour en faire le fondement de la sécurité mondiale. Nous pensons que la sécurité ne doit pas reposer principalement sur la force militaire mais sur la coopération, sur un développement économique et social sain, sur la sécurité environnementale et le respect des droits de l’Homme.

On pourrait constitutionnaliser un renoncement à la guerre comme l’a fait le Japon au sortir de la Seconde Guerre mondiale (article 9 de la Constitution adoptée en novembre 1946) :

Aspirant sincèrement à une paix internationale fondée sur la justice et l’ordre, le peuple japonais renonce à jamais à la guerre en tant que droit souverain de la nation, ou à la menace, ou à l’usage de la force comme moyen de règlement des conflits internationaux. Pour atteindre le but fixé au paragraphe précédent, il ne sera jamais maintenu de forces terrestres, navales et aériennes, ou autre potentiel de guerre. Le droit de belligérance de l’État ne sera pas reconnu. (Article 9 de la Constitution japonaise votée en novembre 1946.)

La France en renonçant à la guerre transforme tous ses habitants en objecteurs de conscience, opposés à un usage collectif des armes. Internationalement, elle pourrait mettre ses forces armées à disposition de l’ONU, elle pourrait ainsi avoir un impact planétaire immense.

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Le pape François pour une guerre « juste », hérésie !

extraits : L’Eglise catholique a depuis plusieurs siècles développé une doctrine sur les guerres justes et les guerres injustes : massacrer pour la « bonne cause » a été l’une des maladies de toutes les époques. C’est oublier que la non-violence et le refus de toute guerre est un fondement de la chrétienté. Le Nouveau Testament présente Jésus comme un adversaire de toute violence : « Si quelqu’un te donne un soufflet sur la joue droite, tends la gauche » (Mt 5/28) ; « Vous avez appris tu aimeras ton prochain et tu haïras ton ennemi, je vous dis, aimez vos ennemis » (Mt 5/38-48) ; « Rengaine le glaive car tous ceux qui prennent le glaive périront par le glaive » (Mt 26/51-52) ; « Un garde gifla Jésus  : « Si j’ai mal parlé montre où est le mal ; mais si j’ai bien parlé, pourquoi me frappes-tu ? » (Jn 18/22). Les chrétiens, aux trois premiers siècles de l’Eglise, ont en conséquence de leur foi refusé le service des armes. Par la suite, l’Eglise catholique s’est inféodée aux pouvoirs temporels…

LeMonde, une guerre « juste » en Libye ?

extraits : Pour la deuxième fois en quelques jours, Le Monde prend fait et cause pour la guerre de Sarkozy. Cette fois, ce n’est pas pour fouler aux pieds la neutralité de l’Allemagne, c’est pour se retrancher derrière la « doctrine d’intervention humanitaire » de 2005. Ah le droit d’ingérence ! Comme dit l’ex-diplomate Jean-Christophe Rufin**, où s’arrête la guerre « humanitaire » ? D’ailleurs, où commence ce droit qui ne peut être utilisé que par les puissants pour attaquer qui ils souhaitent ? Nous, sur ce blog, nous ne pouvons croire à la guerre « juste »…

Le coût écologique exorbitant des guerres

extraits : Tour à tour enjeu stratégique ou victime collatérale, l’environnement n’a jamais été épargné dans la longue histoire des peuples et de leurs affrontements. Des batailles menées par Darius contre les Scythes en – 513 av. J.-C. jusqu’aux puits de pétrole incendiés au Koweït par l’armée de Saddam Hussein en 1990, la stratégie de la terre brûlée s’est de tout temps révélée une arme redoutable. Dans cette histoire de feu et de sang, les conflits de masse du XXe siècle ont franchi un palier. Les guerres industrielles, capables d’anéantir les populations, dévastent aussi durablement les écosystèmes. Sans compter l’arsenal atomique qui fait peser une menace écologique sans précédent dans l’histoire de l’humanité. Pourtant, face à ces tragédies, le prix écologique exorbitant des guerres, le « thanatocène », est longtemps resté un angle mort de la réflexion politique…

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Suicide mode d’emploi, de 1982 à 2023

Sous le titre  » Suicide, mode d’emploi « , le quotidien  » Libération  » du 21 février 1979 publiait un répertoire des six manières les plus courantes de se donner la mort. Il ne s‘agissait que d’un exercice de style qui n’apprenait pas grand-chose sur le plan de la technique des suicides, suffisamment connue et décrite au cinéma et dans la littérature. Notre article un peu plus explicite « Suicide mode d’emploi, voici les nouvelles recettes », a été publié le 5 juillet 2013. Il arrive encore aujourd’hui (en 2023) en troisième position de consultation (sur les 28 derniers jours). Question brûlante donc, recherche individuelle constante. Interdire ou non la pensée du suicide, le débat n’est pas neuf. Peut-on écrire sur le suicide sans risquer des sanctions. Peut-on légiférer sur le suicide sans risque d’attenter aux libertés individuelles ?

Nous revenons sur ces débats à l’occasion de la mort d’Alain Moreau le 7 novembre 2023. Cet éditeur engagé avait publié « Suicide mode d’emploi » en 1982. Claude Guillon, écrivain libertaire, avait cosigné ce livre avec le journaliste Yves Le Bonniec. Le scandale avait éclaté, il contenait plusieurs pages sur les moyens de mettre fin à ses jours. Il s’en écoule aussitôt cent mille exemplaires. En juin 1983, le Sénat a voulu adopter un texte pour interdire ce livre. Mais la commission des lois de l’Assemblée nationale devait le rejeter par un vote en décembre 1984 au motif que sa portée trop extensive aurait englobé l’euthanasie et interdit toute allusion, même littéraire, au suicide. La commission des lois a donc restreint le champ d’application de la loi à le seule condamnation de la provocation au suicide. Le ministre de la justice, M. Albin Chalandon, a apprécié le texte de la commission des lois. « En punissant seulement la provocation suivie d’effet, le législateur montre qu’il entend laisser intacte la liberté de renoncer à la vie pourvu que cet acte résulte d’une volonté consciente. »

Le 31 décembre 1987, l’Assemblée nationale a voté un texte spécifique réprimant par des peines de deux à trois ans d’emprisonnement la « provocation au suicide » et « la propagande ou la publicité quel qu’en soit le mode, en faveur de produits, d’objets ou de méthodes préconisés comme moyen de se donner la mort ». L’éditeur et les deux écrivains ont été plusieurs fois poursuivis en justice. M Francis Teitgen l’a dit encore en février 1995 : « Je n’aime pas ce livre, mais je n’aime pas qu’on brûle les livres. » Défenseur d’Alain Moreau, d’Yves Le Bonniec et de Claude Guillon, l’avocat s’indignait d’une nouvelle poursuite.

En fait on ne saurait dénier à l’adulte le droit au suicide. Si ce n’est pas une liberté qu’on octroie, on peut quand même la pratiquer. Se suicidant à l’âge de 69 ans avec son épouse Laura – la plus jeune des filles de Karl Marx – le 26 novembre 1911, Paul Lafargue, le fondateur du Parti ouvrier français qui était aussi médecin, laissait une lettre où il écrivait : « Sain de corps et d’esprit, je me tue avant que l’impitoyable vieillesse qui m’enlève un à un les plaisirs et les joies de l’existence et qui me dépouille de mes forces physiques et intellectuelles ne paralyse mon énergie, ne brise ma volonté et ne fasse de moi une charge à moi et aux autres. » L’auteur du Droit à la paresse expliquait : « Depuis des années, je me suis promis de ne pas dépasser les soixante-dix années, j’ai fixé l’époque de l’année pour mon départ de la vie et j’ai préparé le mode d’exécution pour ma résolution, une injection hypodermique d’acide cyanhydrique. » Plus près de nous, l’écrivain Henry de Montherlant laissa ces mots, en 1972 : « Je deviens aveugle. Je me tue. » Il disait son regret de n’avoir pas écrit « un petit ouvrage uniquement de pratique, bon marché pour être largement répandu, dont le titre eût été, par exemple : Vite et Bien ou l’Art de ne pas se rater, en cinq leçons ».

Ce débat sur le suicide se complique aujourd’hui à l’occasion du projet de loi statuant sur la fin de vie. On parle couramment maintenant dans les médias de « suicide assisté » ou de droit à l’euthanasie. En 1982, tout en se démarquant du livre Suicide, mode d’emploi, l’ADMD (Association pour le droit de mourir dans la dignité) a diffusé auprès de ses adhérents un Guide de l’autodélivrance, mettant en pratique un « droit à la connaissance des méthodes, moyens, procédés, substances et produits susceptibles de faire cesser la vie, des effets et de la rapidité de ce processus et des difficultés qui lui sont liées ». En 2001 Mireille Jospin, la mère du 1er ministre sous Chirac, s’est suicidée à l’âge de 92 ans. Elle figurait parmi les membres du comité de parrainage de l’ADMD et menait un combat pour la dépénalisation de l’euthanasie. Aujourd’hui Macron, sur la fin de vie, hésite, hésite, hésite… à proposer une actualisation de la loi Leonetti.

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Suicide mode d’emploi, voici les nouvelles recettes

extraits : Le lieu idéal, c’est la Suisse. Il suffit d’envoyer un dossier médical à l’association suisse Dignitas, rencontrer un médecin par deux fois pour que ce dernier s’assure daela volonté de mourir (procédure de suicide assisté), boire une première potion qui prépare l’estomac à recevoir trente minutes plus tard le pentobarbital de sodium. Nous n’inventons rien, c’est écrit dans LE MONDE du 2 juillet 2013, « J’ai aidé ma mère à mourir ». Rappelons qu’en 1987, le parlement français avait voté un texte spécifique réprimant la « provocation au suicide » et « la propagande ou la publicité en faveur de produits, d’objets ou de méthodes préconisées comme moyen de se donner la mort ». Mais comme aucune loi ne peut empêcher de se donner la mort, pourquoi la société ne donnerait-elle pas à l’individu les moyens de sa liberté ? Où placer une dignité humaine indéfinissable ? Une maladie incurable ne peut-t-elle donner le droit au suicide assisté ? Quand le fait de se donner la mort paraît la seule issue possible, pourquoi ne pas l’accepter socialement… Enfin, si on se place du point de vue de la Biosphère, toute mort consentie n’est-elle pas une délivrance partielle sur une planète ravagée par le poids des humains ? …

Suicide assisté et Euthanasie volontaire

extraits : Ci-dessous un texte du 18/01/2023 que nous a envoyé Marie-Laure et Jacques pour parution (…) « Le suicide assisté et l’euthanasie volontaire ne sont pas une question médicale et le corps médical n’est concerné qu’à la marge, et non de façon centrale comme dans la loi actuelle ou comme dans les réflexions sur une éventuelle évolution telles qu’elles paraissent s’engager. C’est une pure question de liberté dont devrait disposer chacun d’entre nous, liberté moralement limitée par le précepte « ne pas nuire à autrui », délimitée par la loi et si possible garantie par la Constitution.

Nous demandons alors l’institution d’une aide légale à mourir (et non une aide dite ‘médicale’, ou dite ‘active’). Cette terminologie est plus globalisante et « rassurante », et fédère les expressions utilisables: suicide assisté, euthanasie demandée, mort délibérée (François Galichet), mort choisie, IVV (interruption volontaire de vie par analogie avec l’IVG)... »

Le suicide assisté, une pente glissante ?

extraits : La seule certitude de la vie sociale en démocratie, c’est le principe de la libre détermination de la personne une fois qu’on lui permet de choisir en toute connaissance de cause. Si dans un pays libre on permet le suicide assisté à des personnes ayant toute leur faculté de penser, c’est à la personne de décider pour sa propre mort sans qu’on puisse la rendre responsable du suicide des autres personnes. Theo Boer parle « d’incitation au désespoir ». Mais on peut aussi bien considérer la réalité psychologique inverse : si on sait qu’on peut choisir de mourir quand on veut, autant décider de continuer à vivre le plus longtemps possible. Une de ses phrases interpelle : « Dans une société où l’aide à mourir est accessible, les gens sont confrontés à l’un des choix les plus déshumanisants qui soient : est-ce que je veux continuer à vivre ou est-ce que je veux mettre fin à mes jours ? »

Et alors ? En quoi est-ce déshumanisant. C’est peut-être le contraire, une interrogation personnelle sur ce qu’est le sens de l’humain, le sens de la vie sur Terre. Au delà de sa propre personne, il faut s’interroger sur le sentiment d’être ou non encore utile à la collectivité humaine…

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CLIMAT : Atténuation ou adaptation ?

Alors que l’atténuation se concentre sur les mesures à prendre en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre, l’adaptation regroupe toutes les politiques nécessaires pour amortir les impacts et prévoir les coûts engendrés (construction d’une digue, réparation, santé publique, etc.) par le réchauffement. De toute façon, on ne fera rien qui soit à la hauteur des périls à venir.

Matthieu Goar : La puissance d’impact des catastrophes naturelles est renforcée par le changement climatique d’origine humaine. Les politiques mises en place « nous mettent sur la voie d’une température de 2,4 °C à 2,8 °C d’ici la fin du siècle ». Dans son nouveau rapport sur ce sujet, l’Adaptation Gap Report, le Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE) souligne que les sommes nécessaires « pour l’adaptation sont dix à dix-huit fois plus importantes que les flux financiers publics internationaux actuels ».

Les besoins de financement, rien que pour préparer les sociétés des pays en développement, les plus touchés, sont compris dans une fourchette de 215 à 387 milliards de dollars (203 à 365 milliards d’euros) par an au cours de cette décennie. Face à ce constat, les sommes mises sur la table par les Etats apparaissent dérisoires, le montant des flux du Nord vers le Sud sur le dossier climatique n’était que de 21,3 milliards de dollars en 2021. Les dégâts dans les cinquante-cinq économies les plus vulnérables au climat ont dépassé à eux seuls 500 milliards de dollars au cours des deux dernières décennies.

Le point de vue des écologistes décroissancistes

Le PNUE ne s’intéresse qu’aux pays en voie de sous-développement, mais même les pays riches ne pourront pas s’adapter à 4 °C de hausse moyenne des températures… même si le gouvernement français dit s’y préparer ! L’adaptation devient un biais idéologique qui élimine toute idée d’atténuation par baisse drastique des émissions de gaz à effet de serre.

Il est vrai que l’immense majorité du peuple qui vit à l’occidentale est incapable de se désintoxiquer du modèle croissanciste qui nous a menés là où nous sommes. L’effondrement de ce modèle sera donc imposé par l’épuisement des ressources dont il se nourrit. Puisque le pédagogie de la catastrophe n’a pas fonctionné, c’est la catastrophe qui nous servira de punition. Car ce sera trop tard pour parler pédagogie. Vivement la carte carbone, le rationnement énergétique !

Le problème de fond repose sur notre capacité à se projeter dans le futur. Pourquoi payer maintenant quand on peut laisser ses enfants payer beaucoup plus cher un peu plus tard. C’est le raisonnement tenu non seulement par les milieux financiers, mais aussi par tout possesseur d’une voiture individuelle. Les individus sont caractérisés par leur capacité plus ou moins grande à se projeter dans le futur. Pour les économistes, la « préférence pour le présent », très répandue parmi la population occidentale, reflète une impatience à consommer cultivée par la publicité. Au niveau écologique, les gens ne se projettent pas dans un avenir où la planète brûle, ils s’accrochent d’autant plus au présent…. Les politiciens, même réunis dans une conférence internationale sur le climat, ne raisonnent pas beaucoup plus loin que les intérêts immédiats de leurs électeurs… car la prochaine élection arrive bientôt. Et les médias cultivent l’événementiel du faits divers, pas la compréhension du monde à venir.

Notre perception du temps est conditionné par un apprentissage… ou par un bourrage de crâne. L’éducation au long terme manque cruellement aujourd’hui !

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Des chefs d’État bien d’accord pour le déni

extraits : Le ridicule ne tue pas ! La déclaration de Joe Biden, Ursula von der Leyen, Lula, Emmanuel Macron et consorts n’est qu’une litanie de trois mots répétés en boucle, « transition… investissement… croissance-développement »…

+ 4°C, rupture civilisationnelle en vue

extraits : Jean Jouzel, paléoclimatologue : « Au départ de ma carrière, on mettait l’accent sur l’atténuation. A titre personnel, j’hésitais à parler d’adaptation car j’espérais que la baisse du CO2 serait plus efficaces. L’adaptation devient indispensable à mesure qu’on ne prend pas les mesures pour lutter contre le réchauffement. »…

responsabilité présente et générations futures

extraits : La base essentielle du travail de Dieter Birnbacher en 1988 est la suivante : comment fonder une éthique du futur autrement que sur de vaines déclarations d’intentions. Après avoir noté d’immenses problèmes de définition des générations futures et de son horizon temporel, trois obstacles apparaissent :

la préférence temporelle, qui amène à sous-estimer le profit futur ;
– la
préférence de l’ego qui entraîne le fait que le coût et le profit qui concernent d’autres personnes nous touchent moins que ceux qui nous concernent personnellement ;
– la
distance morale qui implique que notre intérêt aux individus décroît avec l’éloignement

+4°C en perspective, le commencement de la fin

extraits : L’adaptation nécessaire au changement climatique à venir fait l’objet d’un nouveau cap gouvernemental : se préparer à une hausse de 4 °C de la température. Autant dire que la messe est dite, ou mieux la terre est cuite !…

CLIMAT : Atténuation ou adaptation ? Lire la suite »

Immigration, démagogie ou rationalité ?

Les limites planétaires se répercutent sur les limites de chaque territoire. Les migrations sur une planète close et saturée d’humains deviennent une liberté sans fondement. L’examen du projet de loi sur l’immigration, qui a commencé au Sénat le 6 novembre, est pollué par une partie de poker menteur où se mêlent les ambitions de Gérald Darmanin, l’alarmante poursuite du RN engagée par LR et l’incapacité de la gauche de tenir un cap, au risque de privilégier la démagogie plutôt que la rationalité.

éditorial du MONDE : L’immigration, thème dont la complexité est facilement convertible en passions, s’est révélée comme un formidable levier électoral. Au volet répressif, des mesures destinées à faciliter les éloignements forcés ; côté libéral, un droit à la régularisation pour les sans-papiers employés dans des métiers « en tension »… Plutôt que d’un débat permanent sans vision, plutôt que d’une droite hystérisée et d’une gauche inaudible, le pays a besoin de clarté et de pédagogie.

Le point de vue de commentateurs sur lemonde.fr

Ganesha : Après un titre prometteur évoquant une « vision », l’article déçoit en évoquant juste « un plan global permettant l’intégration de travailleurs et l’expulsion des étrangers dangereux ». On pouvait s’attendre à une réflexion sur l’état du monde, sur les troubles nombreux qui déstabilisent tant de pays, et bien sûr sur le changement climatique générateur de migrations qui ne vont que s’intensifier dans les années à venir, et pour finir sur la façon pour les pays d’immigration (parce que plus riches…) de se préparer à une toute nouvelle donne en matière d’immigration. Une vision à moyen et long terme est le préalable à la définition des actions à court terme. Quant au périmètre d’application d’une telle réflexion, il est a minima européen. Mais ceci est une autre histoire…

Hector : Le dernier paragraphe de l’éditorial peut servir de modèle pour n’importe quel sujet, combinant vagues exhortations et généralités applicables à tous les domaines, « vision, clarté, pédagogie… »

Peps72 : Le journal qui nous bombarde de tribunes de sociologues no border, nous met en garde contre un « débat sans vision » sur l’immigration. Mais c’est quoi un « débat sans vision » sur l’immigration ? Donner les clefs de la maison France aux mecs de SOS Méditerranée, qui agissent aux larges des côtes libyennes comme supplétifs des passeurs et des trafiquants d’êtres humains ?

Rabino : Mon impression est que Le Monde ne traite pas le sujet ; pourquoi partout en Europe les opinions se rebiffent et appellent aux restrictions sévères de l’immigration ? Tous ces électeurs européens ont le sentiment qu’un cap a été franchi et qu’il faut prendre des mesures sévères pour contrer une immigration qui augmente trop.

Wework : Le recours au referendum désiré par Macron me semble très prématuré: il pourrait à la rigueur se concevoir si des orientations apparaissaient comme nécessaires mais ne rencontraient pas de majorité pour les voter.

Bandera : La pantalonnade des métiers en tension, pourquoi n’y met-on pas les gens au RSA ? Une formation d’éboueurs c’est pas très long à suivre.

Tofot : Quelle vision donne LE MONDE sur l’immigration ? Il n’a eu depuis ses trente dernières années qu’une politique éditoriale compassionnelle sans visibilité.

Le point de vue des écologistes pas migraphobes mais presque

Démobilité, je crie ton nom. Le problème de l’immigration n’est qu’une infime fraction de l’impasse dans laquelle nous a mené le mythe de la mobilité comme droit absolu.  En 1968, 2 % seulement de l’humanité franchissait une frontière, soit 60 millions de personnes. Aujourd’hui 20 %, soit un milliard et demi. Pourtant aux temps d’Adam Smith et Ricardo, au début du XIXe siècle, ce n’était pas les humains qui se déplaçaient d’un pays à l’autre, uniquement les marchandises… On y reviendra, les frontières se ferment, inexorablement.

Si un pays interdit tout départ de sa population, ce que fait la Chine communiste, alors il est obligé de parvenir à la maîtrise de sa démographie. Il apparaît ce que la sociologie appelle un « effet cocotte-minute » qui pousse les autorités à prendre des mesures conséquentes – à être responsable démographiquement -, d’où la politique de l’enfant unique. Sinon la cocotte saute un jour ou l’autre, le peuple est dans la rue. En revanche, dans le cadre de liberté de flux migratoires, une permissivité totale est laissée au taux de fécondité du pays puisque le surplus, l’excédent d’êtres humains ne trouvant pas de travail sur le pays de départ, partira pour en trouver dans les pays d’accueil. S’il y a accueil…

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Le modèle danois en matière de non-immigration

extraits : Le Danemark, petit pays nordique de 5,6 millions d’habitants, affiche une des politiques migratoires les plus restrictives d’Europe. Le ministre danois de l’immigration, Kaare Dybvad, un social-démocrate : « Tous les partis de centre droit ou de centre gauche devraient traiter le sujet de l’immigration pour être sûrs qu’on garde le contrôle ». Il a salué en l’Autriche « [son] partenaire le plus ancien dans cette bataille européenne pour changer le système européen d’asile, qui est dysfonctionnel »…

Réguler l’immigration, est-ce du racisme ?

extraits : L’objectivité en matière migratoire peut-elle exister ? Restreindre l’arrivée d’immigrants sur un territoire qu’on estime déjà surpeuplé, c’est la politique effective de l’Europe et de bien d’autres pays. Mais il n’y a pas à évoquer le racisme en la matière, seulement le nécessaire équilibre entre une population locale et son milieu de vie à protéger…

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L’habituel déni du mot « décroissance »

Les militants de la décroissance subissent un ostracisme généralisé de la part des politiques et des médias. C’est un fait. Il y a pourtant une réalité biophysique : il est absolument impossible de continuer à croître dans un monde fini. Le cerveau de beaucoup d’humains est socialement programmé pour ne se rendre compte qu’on va dans le mur qu’après qu’on ait heurté le mur ! Le mensuel La Décroissance (novembre 2023) a listé les idioties dites par des gens qui se croient intelligents. Mais quand des politiques et des médias disent du mal du mot « décroissance », ils font déjà de la publicité pour ce concept, ce qui est déjà le tout début d’une prise de conscience future.

Les regards vers le passé

Christine Lavarde : L’écologie, ce n’est pas la décroissance, c’est une autre croissance.

Arnaud Montebourg : La décroissance est un projet absurde et dangereux pour la société et la démocratie, au contraire certains secteurs qui œuvrent pour la transition doivent croître très vite, quand ceux qui sont issus de l’industrie fossile vont peser de moins en moins dans la croissance. La moyenne des deux devra être toujours positive.

Erwan Le Noan : Il y a aujourd’hui une minorité militante qui tente de convaincre l’ensemble de la population qu’il serait sain de décroître. Or la décroissance serait un suicide économique et moral.

Samuel Fitoussi : Augmentez autant que vous voudrez les prélèvements obligatoires dans un pays pauvre, vous n’aurez ni de bons hôpitaux, ni des allocations-chômage ou des pensions de retraite décentes. Cela ne semble pas préoccuper les apôtres de la décroissance qui refusent que les générations futures jouissent de la qualité de vie dont ils ont bénéficié.

Bruno Le Maire : Nous faisons le choix de la prospérité par l’investissement contre toute politique de décroissance. La décroissance, c’est la décadence.

Eric Ciotti : A la décroissance, la droite préfère « l’adaptation » au changement climatique : mise sur le richesse et l’innovation, elle-même source de croissance.

Louis Gallois : Créer des richesses durables, fabriquer les outils de la décarbonation, saisir les opportunités ouvertes dans le recyclage, les plastiques biodégradables, les systèmes énergétiques décarbonés ; inventer la croissance verte plutôt que d’aller vers une décroissance mortifère.

Quelques pas vers l’avenir

Christophe Sempels : Les études scientifiques sont claires : elles ont largement démontré l’impossibilité de la croissance verte. Mais le terme de décroissance bloque. Il est associé à l’anti-progrès, à la perte. Nous, nous prônons la post-croissance.

Caroline Renoux : Lorsque l’impératif de croissance économique entre en conflit avec l’impératif de décroissance des émissions de gaz à effet de serre, de l’impact carbone ou de l’utilisation de l’eau, les conflits de valeurs et la dissonance cognitive peuvent être au rendez-vous.

Bibliographie de la Décroissance sur notre site biosphere

2015 Décroissance, vocabulaire pour une nouvelle ère (collectif)

2013 Politiques de la décroissance (pour penser et faire la transition) de Michel Lepesant

2013 Les précurseurs de la décroissance, Epicure, Charles Fourier (nouvelle collection au passager clandestin)

2013 Penser la décroissance (politiques de l’Anthropocène) par collectif

2011 La décroissance heureuse (la qualité de la vie ne dépend pas du PIB) de Maurizio Pallante

2011 Décroissance versus développement durable (ouvrage collectif)

2010 ENTROPIA n° 9, contre pouvoirs et décroissance

2010 L’avenir est notre poubelle (l’alternative de la décroissance) de Jean-Luc Coudray

2010 ENTROPIA n° 8, Territoires de la décroissance

2010 La décroissance (10 questions pour comprendre et en débattre)

de Denis Bayon, Fabrice Flipo et François Schneider

2009 La décroissance économique (pour la soutenabilité écologique et l’équité sociale) par collectif

2008 La décroissance, Rejets ou projets ? (croissance et développement durable en questions) de Frédéric Durand

2008 Le choc de la décroissance de Vincent Cheynet

2007 Demain, la décroissance ! (penser l’écologie jusqu’au bout) d’Alain De Benoist

2007 petit traité de la décroissance sereine de Serge Latouche

2006 Le pari de la décroissance de Serge LATOUCHE

2003 objectif décroissance (vers une société harmonieuse) par collectif

2003 carnets de campagne de Clément Wittmann,

candidat de la décroissance à la présidentielle 2002

1979 La décroissance (entropie, écologie, économie)

de Nicholas GEORGESCU-ROEGEN

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CLIMAT, attaque au marteau d’un tableau

L’exécutif conservateur à Londres encourage la production d’hydrocarbures en attribuant des nouvelles licences d’exploration et de forage d’hydrocarbures en mer du Nord. En guise de protestation, des militants du mouvement écologiste Just Stop Oil ont brisé lundi 6 novembre à la National Gallery, la vitre de protection d’un tableau de Velazquez. Le tableau, qui date du milieu du XVIIe siècle, avait été lacéré en 1914, au hachoir, par la suffragette canadienne Mary Richardson. Elle protestait alors contre l’emprisonnement d’une autre militante pour le droit de vote des femmes au Royaume-Uni. La seule journée de lundi a été marquée, selon la police, par une centaine d’arrestations de membres du mouvement, désormais familier des tribunaux.

Commentaires binaires sur le monde.fr

C. du Lac : Peut-être qu’ils ont raison mais l’action est choquante.

Ours : On notera que la désobéissance civile est désormais beaucoup plus policée aujourd’hui qu’il y a un siècle. Il s’agit seulement d’une vitre de protection abîmée alors que la suffragette canadienne Mary Richardson avait lacéré au hachoir l’œuvre elle même ! Malgré cette retenue, la seule réponse du gouvernement est la répression. Que les donneurs de leçon qui trouvent cette action stupide et contre productive n’hésitent pas à faire part de leur grande expérience d’actions subtiles, raffinées et surtout efficaces !

pierre guillemot : Si j’avais envie de tout casser, comme un enfant qui veut montrer qu’il est malheureux, je me ferais écologiste. Mon comportement prendrait un autre sens aux yeux du monde. Ainsi, je deviendrais célèbre et je guérirais.

Haïdouk : Je ne sais pas ce qui est le plus désolant, entre la politique de ce gouvernement de faire dans le « « pragmatique » et « réalisme », ou bien les actions de ces militants. Mais je sais ce qui est à terme le plus nuisible pour le bien commun.

Klaatu Vanuatu : En réalité, cela est une manifestation du versant millénariste de l´écologie qui voit le mal dans toute forme de civilisation et donc tout naturellement rejette l´art qui en est l´expression la plus aboutie.

San-San : La comparaison avec les suffragettes est intéressante, car n’en déplaise à la majorité des contributeurs, elles ont dû se faire remarquer pour obtenir le droit de vote. Les actions de ces jeunes sont bien sympathiques (je veux dire : ils ne s’attaquent pas à des humains et abîment très peu de choses, c’est un fait) et font parler, c’est le principal.

Pm42 : Bravo à la presse de donner un mégaphone à ces vandales qui n’en ont rien à faire de l’écologie, ne proposent aucune solution mais sont prêts à détruire des œuvres d’art pour exprimer leur révolte adolescente.

Voici venu le temps de vivre : Le tableau a-t-il été abîmé ? C’est la seule question qui prévaut. Jusqu’à présent aucune œuvre n’a été endommagée par de telles actions. Mais que font concrètement ceux qui les critiquent ? Une idée, peut-être, pour combattre l’hypocrisie des pollueurs ? Allez, tout va bien : la prochaine COP sera présidée par un pétrolier…

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L«or noir », en réalité la merde du diable

Le politiste Timothy Mitchell, dans son livre « Carbon Democracy. Le pouvoir politique à l’ère du pétrole » (2011), soutient que nos démocraties modernes ont été permises par l’hégémonie du pétrole. Le livre collectif « Vivre et lutter dans un monde toxique. Violence environnementale et santé à l’âge du pétrole », (2023) dresse une nécropolitique de l’«or noir ».

Youness Bousenna : « Le livre « Vivre et lutter dans un monde toxique » s’intéresse aux violences environnementales produites par une industrie qui a imposé aux territoires où elle s’est implantée une « longue histoire de conversion productive » émaillée de désastres. Les gains économiques immédiats camouflent une « violence lente » qu’est la contamination généralisée des lieux de vie. Les « pétropolitiques », massivement encouragées par les Etats, sont analysées au prisme du concept de nécropolitique du philosophe camerounais Achille Mbembe : ces choix politiques maintiennent certains groupes sociaux dans des conditions de vie « de nature à précipiter leur mort ».

La plupart des habitants demeurent pourtant résignés. La protestation politique souffre même d’une connotation négative. Mais une « protestation victorieuse », chez un public initialement réticent, peut enclencher une « recomposition identitaire ». En France – de l’étang de Berre au complexe de Lacq – , de nombreuses mobilisations ont permis d’opposer à la fabrique de l’ignorance une production de « savoirs militants », fondée sur des alliances entre citoyens et chercheurs. »

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Pétrole, la merde du diable fait des siennes

extraits : Pour les Romains le gage de la croissance était le nombre d’esclaves, pour le monde moderne c’est la merde du diable (le pétrole). Le pétrole tient dans ses barils le futur de la civilisation thermo-industrielle. Pour une période faste qui aura duré moins de deux siècles, les humains ont gaspillé un don de la nature accumulé pendant des millions d’année et enfoui sous terre. Le problème essentiel n’est pas seulement l’effet de serre, mais un système de croissance éphémère basé sur l’éloignement croissant entre domiciles et lieux de travail, entre localisation de la production et centres commerciaux, entre espaces de vie et destinations du tourisme.Si nous étions prévoyants, il faudrait dès aujourd’hui se préparer à des changements structurels de nos modes de vie pour éviter la pétrole-apocalypse. Il faudrait que le prix de l’essence tourne autour de 100 euros le litre pour que les gens comprennent…

BIOSPHERE-INFO… Pétrole, la merde du diable !

extraits : L’énergie des esclaves (le pétrole et la nouvelle servitude) d’Andrew Nikiforuk.« Ce qui stupéfia le sociologue F.Cottrell en observant la rapide injection d’énergie fossile dans la société nord-américaine fut la façon dont elle atomisait la famille et renforçait l’Etat. Mais le pétrole fit beaucoup plus que cela. Chaque automobiliste nord-américain, en achetant du pétrole étranger, contribua involontairement aux révolutions, à la corruption et à la mise en place de gouvernements autocratiques un peu partout dans le monde. le Vénézuélien Juan Pablo Pérez Alfonso, fondateur de l’OPEP : « Regardez autour de vous. Gaspillage, consommation, effondrement de nos services publics… Nos conditions de vie ne sont pas meilleures… Nous nous noyons dans les excréments du diable. Le pétrole nous conduira à la ruine. »…

La « merde du diable » triomphe en Algérie et en France

extraits : Bien gérer la sortie de scène du « Dieu fossile » ne va pas être une mince affaire dans les pays riches, mais dépendants. La France, pays importateur d’énergie fossile, ne sera pas mieux lotie que l’Algérie quand le pétrole viendra à manquer. Si demain ce pays insouciant n’avait plus ni pétrole, ni gaz, ce n’est pas 4 % du PIB qui s’envolerait en fumée (la place de l’énergie dans le PIB), mais près de 99 %. « Conservez les neurones et supprimez les combustibles fossiles : nous ne serons plus capables de proposer des machines géniales à chaque consommateur occidental pour un prix qui n’a cessé de baisser au fil des temps. Tout plan qui présuppose une économie bâtie sur des flux carbonés croissants fera faillite. » (Changer le monde, tout un programme de Jean-Marc Jancovici (Calmann-lévy, 2011)…..

Pétrole nigérian, sang de jésus ou merde du diable ?

extraits : Demandons à un Français s’il accepterait que du jour au lendemain on double le prix de l’essence. Ce serait la révolution. Doublons le prix de l’essence au Nigeria, c’est la guerre civile. Pas seulement pour des raisons pétrolières. Mais essentiellement pour cela à l’heure actuelle. Le 1er janvier 2012, le gouvernement a supprimé les subventions au secteur pétrolier qui coûtait 5 % du PNB. Les subventions au pétrole représentaient quatre fois le budget de la santé. Le litre à la pompe est ainsi passé du jour au lendemain de 0,30 à 0,66 euros. Les Africains nomment l’essence le « sang de jésus ». c’est plutôt la mierda del diablo, la merde du diable ! En termes moins imagés, on parle de la rente pétrolière comme d’une malédiction pour un pays producteur de pétrole. Le Nigeria a donc la malchance de sa chance : les recettes pétrolières peuvent atteindre 50 milliards de dollars. Où va donc cet argent ? Dans une croissance économique factice, dans la corruption, dans les détournements de fonds, dans les dépenses somptuaires, etc. Il n’est donc pas étonnant que 70 % de Nigérians vivent en dessous du seuil de pauvreté…

Hugo Chavez, la merde noire a gagné au Venezuela

extraits : Hugo Chavez a été réélu en 2012. Neuvième producteur de brut mondial et cinquième exportateur, le Venezuela vit de la rente pétrolière. Or les ressources du sous-sol sont devenues de véritables malédictions, dégâts écologiques, émissions de gaz à effet de serre, déstructuration des populations, etc. Hugo Chavez devrait connaître l’histoire de Nauru, l’île dévastée alors qu’elle avait d’immenses ressources en phosphate. A partir de l’indépendance en 1968, l’argent du phosphate se mit à couler à flot dans le micro-État. Une entrée d’argent massive joue un rôle incroyablement déstabilisateur : un peu comme ces gagnants du loto qui finissent par perdre la tête…

la merde du diable (article de 2008)

extraits : LeMonde (15.07.2008) nous permet sur plusieurs pages de voir l’avenir en raccourci. En page 2, on nous annonce que le pétrole est facteur de guerres civiles. Mieux vaut donc parler de merde du diable plutôt que d’or noir. Le  pétrole est le sang qui irrigue l’économie mondiale, alors il coule des barils de sang, guerres pour le pouvoir, guerres du pétrole. Près de la moitié des pays de L’Opep sont plus pauvres aujourd’hui qu’ils ne l’étaient trente ans auparavant !….

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L’avortement, réalité et législations de l’IVG

« Je ne suis pas du tout prête à être enceinte, je suis en dernière année, en train de rédiger mon mémoire, répète Jeanne, emmitouflée dans un gros gilet en moumoute noir. Je ne suis pas du tout prête à aimer un enfant, je ne suis même pas sûre de vouloir être maman un jour… »

Mattea Battaglia et Solène Cordier : En 2022, 234 000 interruptions volontaires de grossesse ont été enregistrées, 17 000 de plus qu’en 2021. Soit « le niveau le plus élevé enregistré depuis 1990 », le niveau le plus haut depuis 1990. Démographes et acteurs de la santé émettent des hypothèses (précarité, méfiance à l’égard de la pilule) pour comprendre cette augmentation, rappelant qu’un nombre élevé d’avortements ne doit pas être vu comme un problème. L’IVG n’est ni une épidémie ni une maladie. L’IVG sécurisée sauve des vies, tue rarissimement, largement moins que les accouchements.

 « Pourquoi avorter ? » : c’est une question que les médecins que nous avons contactés expliquent ne « jamais » poser aux femmes qu’ils ont face à eux. Leur rôle est de les « accompagner dans l’exercice de ce droit ».

Le point de vue des écologistes malthusiens

lhoministe : On a donc (en mettant de coté les fausses couches qui représentent un quart des grossesses) en 2022 un quart des grossesses qui aboutit à une IVG. 33 % des Françaises ont recours une fois à l’IVG dans leur vie.

Perros Jean Michel : Avec ce que nous prépare les changements climatiques, c’est très bien. La vie deviendra quasi impossible sur une bonne partie de la terre donc moins il y aura d’humains mieux ce sera. N’oubliez pas qu’un gamin fabriqué aujourd’hui aura 50 ans en 2074… s’il peut vivre jusque là.

Freretug : Qui voudrait ajouter un rejeton à cette espèce destructrice qu’est l’humanité dans un monde qui s’écroule ?

Jacques Fr : Que vaut-il mieux, avorter ou avoir un enfant qui ne sera pas aimé, pas élevé et alimentera les colonnes des individus délinquants ou à problèmes ? Personnellement je pense qu’un enfant doit être désiré

Suzette : On parle toujours de la pilule, mais ne pas oublier le stérilet de cuivre ou la vasectomie, bien plus efficaces, avec bien moins d’effet secondaire, réversibles et sans risques d’oublis.

Mo-Ah : On parle de femmes qui se font avorter et de leur contraception et de leur sensibilisation, mais peut on de nouveau rappeler que la contraception est une responsabilité partagée? Et que les hommes jouent un certains rôle potentiel dans les grosses non voulues

walhalla : C’est le moment de convoquer Cioran : « les enfants que je n’ai pas eus ne savent pas le bonheur qu’ils me doivent ».

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IVG, la démocratie impose des contraintes

extraits : Souvenons-nous , pendant des siècles, les gouvernements et les églises ont bel et bien contraint les gens à avoir davantage d’enfants : il n’est de richesse que d’hommes, disait-on. Avortement et même contraception étaient interdits par une loi de 1920 démocratiquement votée en France. Depuis 1967 pour la contraception et 1975 pour l’IVG, c’est l’inverse, c’est autorisé. Or avec 10 ou 11 milliards d’humains prévus en 2100, il est fort possible que la situation devienne alors ingérable et qu’on en arrive démocratique à formuler des contraintes du types stérilisation obligatoire des femmes ayant déjà eu un enfant.

L’IVG dans la Constitution ?

Nathalie Segaunes : Le chef de l’Etat a annoncé le 19 octobre 2023 qu’un projet de loi constitutionnelle visant à protéger l’interruption volontaire de grossesse serait envoyé au Conseil d’Etat cette semaine, et présenté en conseil des ministres d’ici à fin 2023. Il s’agira d’ajouter, à l’article 34 de la Constitution, que « la loi détermine les conditions dans lesquelles s’exerce la liberté de la femme, qui lui est garantie, d’avoir recours à une interruption volontaire de grossesse ».

Xtophe : Voyons, voyons, la semaine prochaine, il y a le 65eme anniversaire de la constitution… Qu’est-ce que je vais bien pouvoir annoncer, quelque chose qui claque, genre coalition contre Daech…

Gribovelles : L’inclusion de l’avortement dans la Constitution est doublement inutile. D’une part, personne ne demande l’interdiction de l’avortement et le risque à ce sujet est inexistant. D’autre part, cette réforme ne met pas à l’abri d’une interdiction de l’avortement par une nouvelle réforme de la Constitution. Le vrai problème est ailleurs : rendre en pratique l’interruption de grossesse accessible partout. Le délabrement de notre système de santé ne le permet pas. Alors, plutôt que de le remettre d’aplomb, on vote un texte !

Jemedisais : Dans sa rédaction actuelle le texte ne garantit rien puisque la loi pourra en limiter la portée par exemple en raccourcissant le délai dans lequel on pourra se faire avorter…

Onaiel : Pauvre Constitution ! On en vient, par démagogie, à lui appliquer une procédure qui décalque la détestable habitude « un fait divers, une loi » qui plombe déjà la production législative… En termes d’ingénierie, on pourrait dire que la Constitution est le « design » de l’organisation sociale, la Loi en étant l’implémentation.

Denis Monod-Broca : L’idée qu’une loi, a fortiori la constitution, se bonifie avec l’âge, qu’elle doit être respectée en l’état, qu’il ne faut y toucher que « les mains tremblantes », est absolument étrangère à Macron.

Eglantine : Droit aux femmes de disposer de leur corps, même un peu plus, soit, cela peut se discuter. Mais pourquoi , alors, pas le droit de disposer vraiment, totalement, de son corps : le droit à l’euthanasie dans la constitution, par exemple ?

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la « liberté » de recourir à l’IVG

extraits : Le Sénat à majorité de droite s’est prononcé mercredi 1er février 2023, par 166 voix contre 152, pour inscrire dans la Constitution la « liberté de la femme » de recourir à l’IVG, une formulation qui abandonne la notion de « droit » chère à la gauche. Le texte vise à compléter l’article 34 de la Constitution avec cette formule : « La loi détermine les conditions dans lesquelles s’exerce la liberté de la femme de mettre fin à sa grossesse ». C’est donc à la loi de déterminer les modalités de l’IVG, mais on ne voit pas la différence avec la situation actuelle sauf à croire faussement que l’inscription dans la constitution » protège le droit à l’avortement. Mais si l’Assemblée nationale décide plus tard de restreindre l’accès l’IVG en y mettant des « conditions », on sera toujours dans le nouveau cadre constitutionnel.

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stages de responsabilité parentale ?

Le stage de responsabilité parentale intervient quand l’enfant a déjà dérapé. Plutôt qu’un contrôle a posteriori de l’incompétence parentale, ne faudrait-il pas instaurer un permis de procréer plus en amont ?

Suite aux émeutes en juin 2024 du fait souvent de très jeunes et évoquant « la situation de certains quartiers, où tous les défis sécuritaires, sociaux, familiaux, éducatifs semblent s’additionner », la première ministre annonce déployer des réponses judiciaires, éducatives ou sociales ». Désirant lutter contre la « démission de certains parents devant les dérives de leurs enfants », Elisabeth Borne annonce le 26 octobre 2023 que son gouvernement proposera au Parlement que « des stages de responsabilité parentale ou des peines de travaux d’intérêt général puissent être prononcées à l’encontre des parents qui se soustraient à leurs devoirs éducatifs ».

Rien de nouveau sous le soleil. Ce genre de stage découle déjà du décret n° 2007-1388 du 26 septembre 2007 relatif à la mise en œuvre du stage de responsabilité parentale.

L’objectif de ce stage est avant tout de responsabiliser les parents afin de prévenir la délinquance des mineurs due à une carence familiale grave. Un soutien éducatif sur un temps limité est apporté aux parents de manière à les engager dans un processus de changement. Dans le cadre de la loi du 5 mars 2007 sur la prévention de la délinquance, l’article 227-17 du code pénal prévoit des poursuites à l’égard des parents « qui se sont soustraits sans motif légitime à leurs obligations légales au point de compromettre la santé, la moralité ou l’éducation de leur enfant mineur ». Alternative aux poursuites, le stage de responsabilité parentale vise à rappeler les obligations juridiques, économiques, sociales et morales qu’implique l’éducation d’un enfant. Si elle s’inscrit dans un cadre judiciaire contraint (à la demande et sous le contrôle du Procureur de la République), la démarche se veut éducative et constructive.

Les principaux objectifs assignés à ce stage sont :

– L’élaboration d’une réflexion autour de la responsabilité des parents vis-à-vis de leurs enfants et l’identification des difficultés résultant de la fonction de parent ;

– La prise de conscience des conséquences de l’acte/comportement sur l’enfant ;  

– L’inscription dans une démarche de résolution du conflit parental et d’accompagnement de l’enfant permettant d’instaurer une parentalité active ;

– La prise de conscience par les parents de leurs responsabilités pénales au regard de l’infraction commise.

D’un contrôle a posteriori des parents à un mécanisme préalable à la procréation ?

Tous les parents doivent se sentir responsables de leurs enfants. Ceux qui n’ont pas le permis de conduire ne peuvent pas prendre leur voiture, ceux qui n’ont pas les capacités de devenir parent doivent-ils conserver le droit de procréer ?

Le métier de parent se pratique sans expérience préalable, si ce n’est la vague connaissance qu’on a de sa propre enfance et les exemples contradictoires qu’on peut trouver ici ou là. On constate alors que les adultes projettent plus ou moins consciemment dans leur comportement ce qu’ils sont déjà, ils reproduisent leur propre vécu antérieur. Cette prédisposition ne prépare pas forcément à prendre en charge l’éducation des enfants de la meilleure façon possible. Il faudrait donc un entraînement à la parentalité.

Antoine Bueno : « A l’heure où j’écris ces lignes, ma femme et moi nous attendons notre second enfant. Nous avons finalement cédé à notre désir, tout en sachant qu’il était égoïste. Je ne vois aucune raison d’être fier de ce choix. Mais quand il me faut annoncer la nouvelle, j’ai droit au « félicitations ! » de rigueur. Félicitations pour quoi ? Pour contribuer activement à ruiner l’écosystème ? Ce « félicitations » est la preuve de l’inconscience suicidaire dans laquelle nous demeurons vis-à-vis de notre environnement. Dans l’un des pays les plus avancés du monde, même si des gens supposés éclairés ne voient pas le rapport entre procréation et environnement, c’est que, peut-être, la bataille écologique est déjà perdue… Le permis de procréer est une solution politique inédite au problème de la surpopulation. Parce qu’il est urgent que la société abandonne son productivisme démographique. La planète ne peut plus attendre. »1

 Avoir des enfants n’est pas seulement un droit individuel puisqu’il met en jeu toute la société humaine et son avenir. Dans certains cas en France2, les futurs adoptants doivent obtenir un agrément pour adopter. Cet agrément est délivré par le président du Conseil départemental. La réforme de 2022 rappelle que « l’agrément a pour finalité l’intérêt des enfants qui peuvent être adoptés. Il est délivré lorsque la personne candidate à l’adoption est en capacité de répondre à leurs besoins fondamentaux, physiques, intellectuels, sociaux et affectifs« . La loi du 22 février 2022 met en place une préparation des candidats à l’agrément aux enjeux de l’adoption et des besoins de l’enfant adoptable. Le projet d’adoption fait l’objet d’une évaluation sociale et psychologique. L’agrément est délivré pour 5 ans. Alors, pourquoi un tel agrément ne serait-il pas exigé pour des futurs parents biologiques ?

Le débat sur le droit d’avoir des enfants a été largement abordé dans les pays anglo-saxon sous l’angle du « permis de parentalité ». Il se fonde sur l’analogie avec le permis de conduire. Le terme « permis » semble inapproprié, il faudrait plutôt parler d’aide à la parentalité, ce qu’Antoine Bueno appelle « permis de procréer » :

« Le permis de procréer est distinct du permis de parentalité car il est conforme aux droits de l’homme (page 24). Le volet social du permis de procréer implique une politique à mettre en œuvre à l’échelle nationale. Il s’agit de mieux accompagner les projets parentaux par une procédure inspirée de celle de l’adoption. Chaque projet parental ferait l’objet d’une enquête psychosociale (page 28). Le contrôle des naissances doit être un système de discrimination positive. En dehors des situations de risque manifeste pour l’enfant, l’examen du projet parental doit servir à définir un plan d’aide pour les familles qui en auraient le plus besoin. Autrement dit, constater que les futurs parents ont des besoins socio-économiques, psychologiques ou médicaux ne servirait pas à leur interdire d’être parents, mais à les aider à le devenir dans de meilleures conditions (page 60). »3

Le permis de procréer peut avoir plusieurs définitions

Théophile de Giraud en 2006 : « Comment se fait-il qu’il n’existe à ce jour aucun permis de procréer ? Et pourtant, quel foisonnement, dans nos sociétés, de permis en tout genre : permis de conduire, de chasse, de pêche, de construire, de travail, de séjour, d’inhumer, etc. Sans oublier les permis de pratiquer une profession : les omniprésents diplômes. Tout le monde jugera indispensable qu’un médecin, ou un ingénieur ou un soudeur ou une puéricultrice n’obtienne guère licence d’exercer sans avoir démontré au préalable ses compétences. Le Parlement de Taïwan a rendu obligatoire pour tous les candidats au mariage un cours d’éducation familiale consistant à quatre heures d’information sur la gestion de la famille et de conseils sur la manière d’élever des enfants. Quatre heures toutefois, cela semble un peu court : nous prônons quatre années. Intensives. Il n’est pas acceptable que des individus deviennent parents sans posséder un bagage équivalent à celui d’un spécialiste de la psychologie infantile ».4

Paul Watson en 2012 : « Je crois que les quatre cavaliers de l’Apocalypse seront les moyens qui vont servir à réduire notre population – famines, épidémies, guerres et troubles civils. La solution que je préconise est que personne ne devrait avoir d’enfants à moins de suivre une formation de six mois au cours de laquelle on apprendrait ce que cela veut dire d’être un parent responsable et au terme de laquelle on obtiendrait un diplôme certifiant que l’on est suffisamment responsable pour avoir un enfant. C’est une situation bien étrange quand on y pense. On a besoin d’un permis pour conduire une voiture, il faut un diplôme pour accéder à certains métiers. Pas pour avoir un enfant ! »5

Antoine Bueno en 2019 : « De même qu’il faut avoir une compétence pour conduire une voiture, il faut à l’évidence une compétence pour être parent. Il est donc nécessaire de fixer des critères pour être éligible à la parentalité (critères médicaux, d’âge, de moralité…). Deuxièmement, les personnes qui sont éligibles à la parentalité doivent réussir un examen pour pouvoir avoir des enfants. (pages 24 à 26)… Nul ne contestera qu’être parent nécessite un minimum de connaissances, des aptitudes, de la patience, de l’empathie, etc. L’analogie entre parentalité et activités soumis à autorisation semble donc bien fonctionner. (pages 49 à 52) ».

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Du permis de parentalité au permis de procréer

extraits : Soyons clair, les enfant n’ont pas choisi de naître, donc les parents sont entièrement responsables. Pour qu’il y ait moins d’enfants martyrisés, mieux vaut instituer un permis de parentalité : il y a passage par une école des parents, puis tests successifs avec des exigences socialement définies comme on le fait d’ailleurs déjà dans le cas d’une adoption. Dernière étape finale, un permis de procréer, ils pourront passer l’acte. Comme pour le bac, des années d’études et le passage terminal. Il faut un permis de conduire une voiture, il est vraiment étrange que pour l’énorme responsabilité parentale, on puisse faire dix enfant et ne pas pouvoir s’en occuper dignement.

Sanctions pour non respect du permis de procréer ?

extraits : Le nouveau-né n’est que potentialité à la naissance, il ne devient véritablement humain que grâce aux adultes qui accompagnent son épanouissement socioculturel dans un contexte d’équilibre écologique durable. Aucune personne n’a de droit absolu à procréer quand on sait que cet enfant va souffrir socialement et/ou que la collectivité sera mis en demeure de le prendre en charge. Dire cela, est-ce glisser sur une très mauvaise pente qui conduirait directement vers un éco-fascisme ? Nous pensons au contraire que la montée du totalitarisme dans nos sociétés résulte du fait de ne pas aborder de front nos problèmes, à commencer par ceux de nos enfants en perdition…

permis de parent

extraits : Tu peux lire dans « Le prix du bonheur » de Sir Richard Layard ce constat de réalité: « Concevoir un enfant est un acte impliquant de lourdes responsabilités. Pourtant la société ne se soucie guère de savoir qui doit avoir le droit ou non d’en procréer. Le psychologue américain David Lykken estime que les parents devraient passer un permis leur permettant de faire un enfant puisque les intérêts de l’enfant sont au moins aussi importants que ceux des parents. Alors que faire ? Il faudrait commencer par donner à l’école des cours d’éducation parentale afin d’expliquer aux élèves tout ce qu’implique, en termes de soins et de responsabilités, le fait d’élever un enfant. Il faudrait ensuite autoriser un couple à n’avoir un enfant qu’à condition que les deux parents soit réellement unis et prêt à s’occuper de leur progéniture…

1 Antoine Bueno « Permis de procréer », éditions Albin Michel

2 https://www.notaires.fr/fr/couple-famille/adoption/les-conditions-dadoption-en-france

3 BUENO Antoine, Permis de procréer, édition Albin Michel, 2019

4 GIRAUD Théophile de, L’art de guillotiner les procréateurs, opus déjà cité

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La dissolution de SLT devant le Conseil d’État

Trois cents personnalités, dont Philippe Descola, Cyril Dion, Annie Ernaux et Adèle Haenel ont décidé de rendre publique leur appartenance aux Soulèvements de la terre : « Nous qui signons cette tribune et toutes celles et ceux qui ne manqueront pas de nous rejoindre, nous rendons publique notre appartenance aux Soulèvements de la Terre. Nous nous soulevons toutes et tous contre la vision du monde et de la vie que ce gouvernement incarne, contre le saccage des milieux naturels, la disparition des terres arables, l’accaparement de l’eau. Nous nous soulevons, chacun de notre endroit, chacun à notre manière. Nous sommes, toutes et tous ensemble, les Soulèvements de la Terre. Les Soulèvements de la Terre sont une grandissante coalition de forces.

Pourtant le gouvernent veut dissoudre ce mouvement !

Christophe Ayad : L’Etat considère que les Soulèvements de la Terre provoquent des actions violentes à l’encontre des biens. Le président de la section du contentieux du Conseil d’Etat avait convoqué le 27 octobre 2023 une formation élargie de quinze juges afin de marquer « la solennité » de l’audience mais aussi « d’élaborer la doctrine du Conseil d’Etat sur une question aux enjeux essentiels pour la liberté associative ». D’une part le rapporteur public, chargé de donner son avis en toute indépendance, d’autre part les représentants des requérants. Le procureur a axé l’essentiel de sa démonstration sur la notion de « provocation », au sens d’incitation. Quant aux « actions de désarmement », revendiquées par le collectif, comme le démontage de canalisations, l’ensablement de réservoirs de gasoil, l’arrachage de plantations, la dégradation de parcours de golf ou le squat de piscines privées, le rapporteur public considère que leur « caractère récurrent », le « nombre important de militants radicalisés » qu’elles mobilisent et leurs conséquences, caractérisent « un trouble grave à l’ordre public »  : « Les Soulèvements de la Terre sont clairement hors du champ de la désobéissance civile considérée par essence comme non violente », conclut-il.

Pour l’avocat de SLT« ces provocations doivent être directes ». Elles ne peuvent pas être « indirectes, implicites ou insidieuses », comme le prétend le rapporteur public.  Les membres du mouvement ne sont pas des saboteurs qui valorisent la destruction pour la destruction », a complété Me Katia Guermonprez, qui représente 19 associations membres des Soulèvements de la Terre. Me Paul Mathonnet, qui représente le Syndicat de la magistrature et le Syndicat des avocats de France, a porté le débat sur le trouble à l’ordre public, qui doit être « grave » et donc toucher « le fonctionnement des pouvoirs publics ». Les dégâts étant réversibles, l’atteinte aux biens opérée par les Soulèvements de la Terre ne saurait justifier une dissolution : pour l’avocat, il s’agit d’« actes expressifs » relevant la liberté d’expression : « Si vous fermez la porte à ces actions, vous risquez de basculer vers l’extrémisme. » La provocation à des dégradations sur les biens ne tombe pas sous le coup de la loi quand celles-ci ne portent pas atteinte à l’intérêt général et répondent à l’intérêt supérieur du public.

Le point de vue des écologistes judicieux

MEKEDA : « Sont dissous, par décret en conseil des ministres, toutes les associations ou groupements de fait (…) qui provoquent à des manifestations armées ou à des agissements violents à l’encontre des personnes ou des biens » dit le Conseil d’état. Donc devront être dissous les groupement dont le but est de construire des mégabassines, qui par un énorme réseau de canalisations organisent la prédation d’une ressource rare et commune, l’eau douce, au détriment des populations, pour pérenniser un système agro-industriel nuisible pour l’environnement. Devront être dissous les groupes dont le but est d’artificialiser la terre sans pouvoir prouver que le projet en question ait une utilité vitale… On pourrait faire entrer pas mal d’actes insufflés et/ou projeté par l’état et les collectivités locales dans la définition donnée par le conseil d’état de groupements à dissoudre. Alors oui mettons tout sur la table, de manière impartiale et décidons qui agresse qui.

Passant : Il y a une antinomie entre certaines notions consacrées par la loi comme le « trouble à l’ordre public » et l’action logique d’une association écologiste déterminée. Si les mégabassines, le pompage de l’eau par les agriculteurs, les fermes géantes, l’élevage en batterie font partie de l' »ordre public », évidemment envisager une « transition écologique » n’a pas de sens.

Arbacèles : « provocation » « le message peut être implicite » ??? Sérieusement ? Dans un état de droit on peut vraiment baser un jugement sur ce genre d’arguments ? Ce serait incroyable de prendre une décision sur ce genre d’argumentaires fallacieux… prenons donc un exemple abscons pour voir ce que ça donne… une jeune fille se ballade en mini jupe dans la rue et est agressée, il est évident que la « provocation et le message étaient implicites » et donc on relaxe les agresseurs ?

Dunbar : Pour dissoudre tous les pesticides, herbicides, nitrates, PFAS, dans l’eau, le sol et l’air, on attend avec impatience les conclusions du rapporteur et ses arguments ! Contre tous ceux qui cassent les fondements de la vie sur Terre, on fait quoi ? Des amendes, la dissolution ?

Walter : C’est vrai, et ça me donne une idée: je sais ce que je ferai la prochaine fois que je serai au Gouvernement: dissoudre la FNSEA ! Elle n’a plus que très peu d’adhérents, et elle a un stock de dégradations de bien impunies 20 000 fois plus important que les SLT.

Sauf qui Peut : Au sens propre du terme, ça va pas être possible de dissoudre « les soulèvements de la terre ». Surtout qu’il y en aura d’autres qui surgiront, avec d’autres noms, et encore plus de participants.

Chronologie des faits sur notre blog biosphere

Darmanin, c’est pas bien de dissoudre SLT (mars 2023)

extraits : Violences policières à Sainte-Soline. 3 200 gendarmes et policiers étaient mobilisés, les organisateurs de la manifestation du 25 mars 2023 ont évoqué 200 blessés parmi les manifestants, dont 40 grièvement. Paradoxe ! Gérald Darmanin annonce engager la dissolution du collectif écologiste SLT (Les Soulèvements de la Terre), un des organisateurs contre les mégabassines…

Dissolution SLT en conseil des ministres (juin 2023)

extraits : On pensait le projet enterré. Plus de deux mois après l’avoir annoncé à l’Assemblée nationale, le ministre de l’intérieur Gérald Darmanin a déclaré qu’il présenterait finalement le décret de dissolution des Soulèvements de la Terre (SLT) mercredi 21 juin 2023 lors du conseil des ministres.Les Soulèvements de la Terre ont prévu d’attaquer le décret de dissolution en référé devant le Conseil d’Etat et se disent prêts à aller jusqu’à la Cour européenne des droits de l’homme. Avec ou sans leur label, ils prévoient la poursuite de leurs actions, « car les organisations derrière vont continuer à exister et la dissolution met beaucoup de gens en colère »…

Soulèvements de la Terre / Darmanin… 1 / 0 (août 2023)

extraits : Les juges des référés de la haute instance administrative ont suspendu, vendredi 11 août 2023, la dissolution des Soulèvements de la Terre, prononcée le 21 juin en conseil des ministres. Le gouvernement qualifiait dans son décret SLT de « groupement de fait », et l’avait dissous pour avoir incité « à la commission de sabotages et dégradations matérielles, y compris par la violence »

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Reach, riche en produits chimiques

Les dégâts sanitaires attribués aux substances de synthèse dangereuses, évalués à plus de 30 milliards d’euros par an en Europe par la Commission européenne elle-même, n’y ont rien fait. Bruxelles a annoncé l’abandon de la révision du règlement Reach sur les produits chimiques. Le règlement « Registration, Evaluation, Authorisation and Restriction of Chemicals » était déjà d’une complexité insondable, nul n’en connaît tous les recoins. Même inscrit sur la listes des molécules interdites, une substance peut être encore maintenue plusieurs années sur le marché dans certains de ses usages « si l’impact économique est supérieur aux risques et qu’il n’existe pas de substitut ».

L’espérance de vie en bonne santé va donc sans aucun doute s’effondrer. Et par la même occasion notre civilisation thermo-industrielle, imbibée de produits toxiques et émettrice de gaz à effet de serre, va disparaître sous le poids d’une complexité ingérable.

Stéphane Foucart : La réforme du règlement Reach (Enregistrement, évaluation et autorisation des produits chimiques) devait notamment permettre d’exclure les familles chimiques les plus dangereuses, qu’il s’agisse de plastifiants, de solvants, d’ignifuges, d’imperméabilisants, de cosmétiques, de nanomatériaux, etc. Le pacte n’a cessé de s’étioler au fil des mois, détricoté par une majorité d’Etats membres et par l’aile droite du Parlement européen. Difficile de donner à voir toute l’étendue et toute la profondeur de la faillite politique que constitue l’abandon de cette révision. La catastrophe est officiellement là. La contamination généralisée des eaux de surface et souterraines ne concerne pas seulement l’Occitanie mais l’ensemble du territoire national. Frappés d’une dangereuse cécité, la plus grande part de nos responsables politiques bredouillent inlassablement les mêmes mots-clés dont plus personne ne sait trop ce qu’ils veulent dire : innovation, technologies vertes, compétitivité, etc.

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Chimiquement contaminé… et il n’y a pas de solution (2018)

extraits : Notre protection contre l’industrie chimique repose sur des procédures et des substances inaccessibles au commun des mortels : REACH, BfR, BEE, ECHA, DEHP, phtalate, bisphénol A, Chrome VI, HAP (hydrocarbure aromatique polycyclique), cancérogènes, mutagènes, reprotoxiques, perturbateurs endocriniens, etc. Même les institutions censées prendre en charge notre protection se révèlent impuissantes. Entré en vigueur le 1er juin 2007, le règlement européen Reach est inopérant. Pour l’Institut fédéral allemand d’évaluation des risques (BfR), les données fournies par les entreprises sont insuffisantes et un tiers des substances chimiques le plus utilisées en Europe ne respectent pas la réglementation censée protéger la santé et l’environnement…

Des perturbateurs endocriniens dans tous nos cheveux

extraits : Février 2017, Yann Arthus-Bertrand, Isabelle Autissier, Delphine Batho, José Bové, Nicolas Hulot, Yannick Jadot, Marie-Monique Robin, les mèches de cheveux de toutes ces personnalités sont polluées par des substances chimiques susceptibles de perturber le système hormonal. La coiffure de chacun des cobayes volontaires en recelait une palette de 36 à 68 substances différentes. Le communiqué de presse de générations futures indique la solution : « Seule une définition réellement protectrice des perturbateurs endocriniens devant être exclus du marché dans le cadre européen sera à même d’assurer la protection des populations des PE dangereux…

Victoire de la chimie contre l’écologie

extraits : Il y a soixante dix ans, le 27 septembre 1962, l’éditeur américain Houghton Mifflin publiait Printemps silencieux de Rachel Carson. Un Printemps sans oiseaux dénonçait les ravages environnementaux et les risques sanitaires que faisaient peser l’utilisation massive, indiscriminée et systématique des pesticides de synthèse dans l’agriculture, et bien d’autres activités.Vendu à un demi-million d’exemplaires la première année, le livre a lancé le mouvement environnementaliste moderne. Al Gore préfaçait ainsi l’édition de 2009 : « Depuis la publication de Printemps silencieux, l’usage des pesticides dans l’agriculture a doublé, pour atteindre 1,1 milliard de tonnes par an. »…

La pollution chimique imprègne nos corps et nos esprits

extraits : L’interdiction de tout essai nucléaire dans l’atmosphère date de 1963, il fallait limiter la contamination de l’ensemble du globe par des matières irradiées. Aujourd’hui la pollution chimique touche l’ensemble de notre planète et personne ne semble vouloir réagir. On savait déjà que les mammifères de l’Arctique et certains poissons de mers lointaines sont imprégnés par de nombreux polluants organiques (phtalates, PCB, pesticides organochlorés, etc.) car ces polluants s’accumulent le long de la chaîne alimentaire. Stéphane Foucart (LE MONDE du 13 décembre 2016) montre que même au cœur d’une réserve naturelle, dans la forêt guyanaise, des fourmis présentaient presque tous des niveaux mesurables de phtalate, ce plastifiant utilisé dans une grande variété de produits d’usage courant (cosmétiques, colles, meubles, plastiques souples, etc.)…

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Nous sommes tous des (éco)terroristes

Des milliers d’opposants au projet d’autoroute A69 entre Toulouse et Castres ont manifesté le 21 octobre 2023 : « Ramdam sur le macadam », « Plus de moisson, moins de béton », « Aux arbres citoyens », « Le 69 oui, l’A69 non », « Amour et rage, no macadam ! ». L’objectif du cortège le plus « déterminé » était une cimenterie de la société Carayon pour y taguer des slogans hostiles à l’A69, et déployer une grande banderole « No Macadam » sur une centrale à béton. Trois camions toupies ont été incendiés. Est-ce du terrorisme ?

Le terrorisme reste difficile à définir tant le mot est polysémique.

Marc Semo : « Il n’a jamais été possible à l’ONU ni à la Cour pénale internationale de se mettre d’accord sur une définition précise, et surtout acceptée par tous, du terrorisme. Le terrorisme n’est pas une idéologie mais un mode d’action qui peut servir les idéologies les plus variées. Ses définitions sont généralement critiquables pour leur caractère tautologique : le terrorisme est ce qui crée la terreur !  Si sa définition reste floue, la naissance de cette notion est bien circonstanciée. C’est la Révolution française, en particulier la Terreur en 1793-1794, qui invente le terrorisme moderne, la chose puis le mot. Les premiers dans l’histoire à être appelés “terroristes” sont les conventionnels envoyés en mission en province pour assurer la répression du royalisme et du fédéralisme. Le terrorisme naît donc en haut, au cœur même de l’État, il est donc possible de parler de terrorisme d’État. Mais le sens du mot s’est désormais inversé. Il désigne une stratégie de contestation violente de l’Etat, au nom des classes exploitées, puis au nom des peuples opprimés. Le terrorisme se pose dès lors comme l’arme des faibles.

Les autorités françaises furent parmi les premières à introduire, dès 1986, une définition juridique. A l’époque, elle visait à sanctionner avant tout des poseurs de bombes corses, des pirates de l’air ou des preneurs d’otages. Dans le code pénal français, le terrorisme est caractérisé comme « une entreprise individuelle ou collective ayant pour but de troubler gravement l’ordre public par l’intimidation ou la terreur ».

Un exemple contemporain d’application

Le « terroriste », c’est d’abord celui dont on veut délégitimer le combat. Une dizaine de policiers, dont plusieurs encagoulés et équipés d’un bélier, ont sonné le 20 octobre 2023 au domicile de Jean-Paul Delescaut, secrétaire départemental de la CGT dans le Nord. Ils intervenaient dans le cadre d’une enquête ouverte pour « apologie du terrorisme » et « provocation à la haine et à la violence ». En cause, un appel à manifester en « soutien au peuple palestinien en lutte contre l’Etat colonial d’Israël ». Sur ce tract, on y lit : « Les horreurs de l’occupation illégale se sont accumulées. Depuis le samedi 7 octobre, elles reçoivent les réponses qu’elles ont provoquées. » Hamid Chebout, coordinateur de la CGT nordiste  : « Nous avons condamné les actes terroristes du côté d’Israël et des Palestiniens. On est clairs et on assume notre position : nous sommes pour une Palestine libre. »

Dès 1948, Albert Einstein et Hannah Arendt n’avaient pas hésité à employer le mot terroriste à propos du mouvement dirigé par Ménahem Begin.

« A l’éditeur du New-York Times. – New York, 2 Dec. 1948. Parmi les phénomènes politiques les plus inquiétants de notre époque, il y a dans l’état nouvellement créé d’Israël l’apparition du “Parti de la Liberté” (Tnuat Haherut), un parti politique étroitement apparenté dans son organisation, ses méthodes, sa philosophie politique et son appel social aux partis Nazi et fascistes. Un exemple choquant fût leur comportement dans le village Arabe de Deir Yassine. Ce village, à l’écart des routes principales et entouré par des terres Juives, n’avait pas pris part à la guerre, et avait même combattu des bandes Arabes qui voulaient utiliser comme base le village. Le 9 avril 1948, des bandes de terroristes ont attaqué ce village paisible, qui n’était pas un objectif militaire dans le combat, ont tué la plupart de ses habitants – 240 hommes, femmes et enfants – et ont maintenu quelques uns en vie pour les faire défiler comme captifs dans les rues de Jérusalem. Les terroristes, loin d’avoir honte de leurs actes, étaient fiers de ce massacre et ont invité tous les correspondants étrangers présents dans le pays à venir voir les tas de cadavres et les dégâts causés à Deir Yassin. Au sein de la communauté Juive, le Parti de la Liberté prêche un mélange d’ultra-nationalisme, de mysticisme religieux, et de supériorité raciale.

Le point de vue des (éco)terroristes

Nous sommes tous des écoterroristes !

extraits : Les organisateurs, dont la Confédération paysanne et le collectif Bassines non merci, avaient appelé les volontaires pour un périple en tracteur ou à vélo, appelé « convoi de l’eau », pendant une semaine entre Sainte-Soline et Orléans. Devant les grilles de l’agence de l’eau à Orléans, le 25 août, une petite foule de 600 personnes : « Nous sommes tous des écoterroristes ! » Un clin d’œil aux déclarations du ministre de l’intérieur, Gérald Darmanin, et à sa décision de dissoudre les Soulèvements de la Terre.

Des éco-terrorisants au parlement !

extraits : La déconsidération de l’écologie prend souvent la forme du sophisme de la pente glissante : exagérer ce qu ’on dit ou prtique pour en dénier la validité. Ainsi le fait de traiter les écolos de Khmers verts, d’Ayatollahs de l’écologie, d’écoterroristes, et même au niveau de nos élus d’écototalitarisme. plus de deux cents élus, dont Christophe Castaner et Bruno Retailleau, défendent la corrida et s’opposent à « l’écototalitarisme » : « Interdire la corrida, c’est interdire une culture et humilier une partie de nos concitoyens. Nous ne l’accepterons pas. Du sapin de Noël à la chasse, du barbecue amical aux rêves d’enfants de devenir aviateur, nous ne voulons pas interdire, normer, supprimer, effacer. Nous sommes des défenseurs acharnés de la liberté, et des opposants résolus à l’écototalitarisme…

Eco-guerriers plutôt qu’éco-terroristes

extraits : Hier comme aujourd’hui, l’histoire montre que les premiers coups de canon d’une guerre ou d’une révolution sont toujours sémantiques. Selon M. Darmanin, la France serait menacée par des armées d’écoterroristes prêts à mettre le pays à feu et à sang au nom de leur dangereuse idéologie et de leur sectarisme. Rien de moins ! Que le ministre de l’intérieur d’un pays qui a été ensanglanté par une série d’attentats terroristes islamistes se permette d’établir un parallélisme de langage avec les actions des écologistes relève de l’indécence, du cynisme et d’une irresponsabilité confondante…

Le terrorisme ne peut que s’amplifier (2020)

extraits : Samuel Paty a été assassiné pour avoir défendu dans sa classe la liberté d’expression et fait ainsi son métier d’enseignant. C’est le prolongement d’une longue série de meurtres perpétrés par un islamisme dévoyé et voyou. Mais cela ne doit pas occulter le fait que le nombre total de morts par ce genre de terrorisme en France est marginal par rapport au résultat des interventions militaires occidentales en Afghanistan, en Irak, en Libye ou au Mali. Avec des menaces aussi visuellement impressionnantes que le terrorisme après les attentats du 11 septembre 2001, on a perdu tout sens des proportions et on réagit avec force à des probabilités très faibles.

Peur du terrorisme, insouciance totale pour le climat (2017)

extraits : Le bais de disponibilité, qui s’appuie sur le vécu récent, maintient la menace au premier plan, et l’incertitude quant à la date du prochain attentat ne diminue en rien cette peur : elle l’amplifie. Par contre le changement climatique n’est pas aussi médiatiquement stigmatisé, et les phénomènes météorologiques extrêmes nous sont dans une certaine mesure familiers. C’est pourquoi l’incertitude concernant ses effets n’instille pas un sentiment de crainte ; il donne la marge de manœuvre nécessaire pour nous laisser croire ce que nous avons envie de croire. La perception du risque est aussi déterminée par l’angle social sous lequel il est observé et c’est l’un des puissants aspects qui tend à diviser les gens.

Ecoterrorisme, les écologistes sont-ils coupables ? (2016)

extraits : « Le terrorisme dont sont accusés ces militants radicaux n’est, selon eux, que la réponse au véritable terrorisme que commet quotidiennement et à grande échelle la civilisation industrielle. Leur slogan traduit parfaitement leur philosophie extrémiste : « Nous ne défendons pas la nature, nous sommes la nature qui se défend. » (in Écoterrorisme, de la contestation à la violence (Altermondialisme, écologie, animalisme)

Les centrales à charbon, un terrorisme contre le climat (2015)

extraits : Empêcher d’une manière ou d’une autre une centrale thermique à charbon de fonctionner peut être considéré comme une œuvre de salut public. On sait en effet que le charbon doit rester sous terre, sinon nous allons droit vers un chaos climatique qui multipliera les réfugiés climatiques, endommagera le rendement des récoltes, produira la famine, détériorera l’ensemble de la trame du vivant, exacerbera les violences, produira des guerres, etc. Mais si je dis maintenant aujourd’hui clairement que je trouve tout-à-fait juste et légitime de saboter une centrale à charbon, c’est moi qui sera poursuivi devant les tribunaux pour incitation au sabotage. Personne n’accusera les promoteurs des centrales à charbon. Beaucoup parleront même à mon égard de terrorisme vert alors que le véritable responsable de la détérioration écologique et socio-économique est la centrale à charbon.

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