politique

austérité et relance, une grève générale pour rien !

L’histoire nous le démontre, la grève générale n’a qu’une vertu symbolique, elle ne change absolument rien au cours des choses. Mais on peut toujours essayer !  Pour la première fois en Europe, une grève générale était organisée le 14 novembre par les mouvements sociaux du Portugal, de l’Espagne, de la Grèce, de Chypre et de Malte. Ce même jour, la Confédération Européenne des Syndicats (CES) appelait à une « journée d’actions » en Europe. Pourquoi ? Ce n’est pas pour l’emploi, ce n’est pas pour le pouvoir d’achat, c’est contre l’austérité. La  thématique est ambiguë : les travailleurs seraient-ils d’accord pour qu’un pays continue de vivre à crédit ? Ne faudrait-il pas reconsidérer le niveau de vie dans un monde occidental qui vit au-dessus des possibilités de la planète ? Cette grève ne serait-elle pas un soutien indirect au patronat qui s’acharne à nous vendre de la merde après avoir vidé nos cerveaux grâce à la pub ?

                Le PPLD, parti pour la décroissance, est bien embarrassé : « Ensemble en Europe le 14 novembre contre l’austérité… et aussi contre la relance par la Croissance* ». Le PPLD nous explique que « L’objectif de l’austérité est de retrouver la croissance économique ». Nous avions cru jusqu’à présent qu’une politique d’austérité était le contraire d’une relance, un frein à la croissance ! Serions-nous naïfs ? Le PPLD ajoute que « le système capitaliste n’a jamais fait la preuve de sa capacité à faire évoluer l’humanité en harmonie avec la planète ». On pourrait ajouter que le système socialiste non plus, qu’il soit communiste ou socio-démocrate ! François Hollande président a toujours voulu la croissance pour la croissance (go)… et il applique une politique d’austérité (stop) dans le même temps. La politique actuelle ne se soucie nullement de l’harmonie de la planète en utilisant les vieilles recettes, le stop and go.

En fait, il faut se méfier des slogans, il faut déterminer de quelle austérité il s’agit, de quelle (dé)croissance on parle. Prenons la potion Mélenchon contre le « potage de l’austérité »**. Le député européen a présenté son budget, le seul qui « tienne la route », fondé sur la relance, « la clé de la solution à nos malheurs ». Le contre-budget du Front de Gauche est résumé dans un petit livret d’une vingtaine de pages. Ce n’est pas encore le paradis sur terre, mais cela commence à y ressembler : Smic à 1700 euros, revalorisation du point d’indice des fonctionnaires, retraite à 60 ans pour tous, construction de 200 000 logements sociaux, augmentation des places de crèches… On dépense à tout-va et on disposerait encore d’un excédent (30 milliards) pour réduire la dette ! Les intentions sont généreuses, leurs conséquences seront désastreuses. Les riches ne payent pas pour les pauvres pour financer une telle relance, l’argent se contente de changer de main et l’endettement perdure.

La relance à la Mélenchon est une nouvelle variante de l’endettement sans risque et sans fin. Elle ne peut que déboucher sur la reprise de l’inflation à laquelle succédera la déflation dans un contexte de déplétion pétrolière. Une relance repose nécessairement, selon le schéma keynésien, sur deux choses : un déficit budgétaire qui permet de créer des revenus ex nihilo et donc d’augmenter le niveau d’activité (du secteur public principalement). Une politique monétaire laxiste qui permet non seulement de financer le budget par la planche à billet, mais aussi de favoriser l’activité des entreprises par des taux d’intérêt très bas. Un « contre-budget » de relance est obligé de suivre ce schéma quel que soit l’habillage qu’on puisse faire des comptes. C’est le mirage de l’endettement qui a échoué une première fois avec la stagflation à partir du milieu des années 1970 : STAGnation de l’activité économique (et  donc hausse du chômage) et forte hausse de l’inFLATION. Les méthodes encore plus pernicieuses du tournant libéral dans les années 1980 consistent à financiariser l’endettement grâce à des « innovations » qui ont créé les emprunts toxiques. D’où la crise des subprimes en 2008 dont nous ne sommes pas encore sortis malgré le refinancement des banques par les gouvernements. La croissance à crédit est impossible.

Toute relance est devenue inopérante. Il faut le répéter, nous vivons au-dessus des limites de la planète, la crise est nécessaire, elle est inéluctable, les décroissants disent vrai, le Front de Gauche se trompe. Refuser le « potage de l’austérité » qui découle nécessairement d’un surendettement ne peut être qu’une formule électoraliste, pas un programme économique. Faire une grève générale contre l’austérité, c’est croire naïvement à la relance… d’un surendettement ! Un écologiste sincère se positionne au contraire pour une politique d’austérité partagée, liant la réduction de l’endettement public à un dégraissage de la fonction publique tout en relocalisant fortement les activités publiques et privées. L’Etat ne peut pas se substituer à l’initiative citoyenne. Les citoyens ne devraient pas défiler dans les rues mais bâtir des communautés de résilience.

* http://www.partipourladecroissance.net/?p=7771

** LE MONDE du 14 novembre, La potion Mélenchon contre le « potage de l’austérité »

ou http://gauche.blog.lemonde.fr/2012/11/13/le-contre-budget-du-parti-de-gauche/

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rapport Gallois, compétitivité et nationalisme guerrier

Il n’y a pas loin entre choc de compétitivité, affrontement commercial, célébration du nationalisme et risque de guerre des ressources et des débouchés. C’est dans l’air du temps de chercher le choc final à force de croissance qu’on veut aller chercher avec les dents. Que ce soit Sarkozy, Hollande, Obama et tant d’autres politiques, ils sont vraiment mal conseillés.

La course à la compétitivité telle que voulue par Louis Gallois* n’est pas durable. En fait cet ancien patron d’EADS et de la SNCF, aujourd’hui commissaire général à l’investissement, est un dirigeant qui ne sait que répéter en boucle croissance-croissance (tirée par les exportations). Il ressemble comme un frère à Jacques Attali qui a commis un rapport sur « la libération de la croissance » ! La baisse du coût du travail est censée enrayer la dégringolade du déficit commercial de la France. Or la recherche de la compétitivité internationale est un jeu à qui perd gagne. Prenons un seul exemple de la situation actuelle. La Chine est devenue l’atelier du monde, ses compétences dans tous les domaines ne peuvent qu’écraser la concurrence. Même si l’ouvrier français était payé aussi peu que l’ouvrier chinois, nous serions obligés d’acheter à la Chine puisque notre tissu productif s’est effrité après des années de délocalisation. De plus la Chine est en concurrence avec les pays anciennement développés dans la captation des ressources fossiles et des métaux, la raréfaction s’accentue, c’est le plus fort qui va imposer sa loi sur une planète dont nous avons dépassé les limites.

Rappelons que l’invention du libre-échange au XIXe siècle par David Ricardo n’était qu’un moyen de transgresser la finitude de la Terre. L’augmentation de la population en Angleterre exigeait la culture de terres de moins en moins fertiles, engendrait une hausse des coûts de production et donc des prix de l’alimentation. Les céréales étant la base de la consommation ouvrière, la baisse des profits devait être retardée par le libre-échange et l’importation de céréales à bas prix. La libération du commerce fut ainsi la réponse donnée à la limite des ressources en un lieu, limite qui pourrait être compensée par des échanges avec un ailleurs. Ricardo appuyait son raisonnement théorique sur les avantages comparatifs, les pays échangeaient des produits différents. Aujourd’hui, non seulement nos échanges avec les autres pays portent pour une grande partie sur des produits similaires, mais la Terre, exploitée jusque dans ses confins les plus lointains, est soumise à l’extraction sans merci de ses ressources (lire Geneviève Azam).

En termes clairs, le choc de compétitivité est un choc des nations dont ni la France, ni la Chine, ni personne ne peut sortir gagnants… L’exportation ne devrait pas être le but premier d’un pays, mais la recherche de l’autonomie productive. Le gouvernement socialiste ferait mieux de soutenir les communautés de résilience plutôt que d’augmenter la TVA !

* LE MONDE du 6 novembre 2012, Rapport Gallois, l’impossible choc de la compétitivité

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Elections américaines : pourquoi voter Jill Stein ?

Aux Etats-Unis, la parenté entre créationnisme et climatoscepticisme est évidente. Les climatosceptiques ont mené la bataille dans les salles de classe. Après la Louisiane en 2008, le Texas en 2009, le Dakota du sud avait voté une résolution pressant les écoles d’adopter « un enseignement équilibré » de la question climatique. Il ne fait pas de doute que les climato-sceptiques américains visent à relativiser le poids de la science en la discréditant. La fabrique du doute ternit l’image de la science climatique et de la science en général, c’est le but recherché. On adopte la même stratégie que les créationnistes : il faut cesser de présenter la théorie de l’évolution comme l’explication des origines de l’homme… et ajouter aux programmes scolaires la thèse créationniste – qui tient que l’humanité a été créée par Dieu telle qu’elle est. Le parti républicain se comporte comme un mouvement religieux, ses affidés sont le plus souvent climatosceptiques et créationnistes à la fois. On instrumentalise la complexité de la science en cultivant les simplismes.

Rappelons les faits. Un professeur américain de biologie fut condamné en 1925 à une amende pour avoir enseigné les théories de Darwin (l’évolutionnisme). Il a fallu attendre 1987 pour que la justice interdise définitivement, au nom de la séparation de l’Eglise et de l’Etat, l’enseignement du créationnisme (Dieu a créé l’univers et l’Homme). Maintenant on sait de source sûre qu’il n’y a ni plan préétabli par un dieu, ni dessein intelligent concocté par la nature, il n’y a que le hasard et les mécanismes de la sélection naturelle. Pourtant un sondage, publié en janvier 2008, indiquait que 29 % des Américains pensent encore que la vie a été créée sous sa forme actuelle. Aujourd’hui le débat entre Obama et Romney n’aborde jamais la problématique du réchauffement climatique : sujet trop brûlant pour une opinion publique qui ne croit toujours pas aux avancées de la science et à la responsabilité de l’homme dans les désastres écologiques. Même la violence de l’ouragan Sandy n’a pas mobilisé sur la question climatique*.

Une alliance stratégique des républicains, des lobbyistes et des grandes corporations se mobilise pour rendre la pensée verte terrifiante, au point que l’ancienne « peur du rouge » fait souvent place à une nouvelle « peur du vert ». Pendant quatre années de mandat, le président Obama n’a rien fait pour inverser la tendance. Le 6 novembre, les Américains vont voter pour le président qu’ils désirent. Le choix entre Obama et Romney ne changera rien à l’aveuglement généralisé qui domine : vive les gaz de schiste, vive l’automobile, vive Dieu… vive le réchauffement climatique ! Le 6 novembre, il faut voter Jill Stein, candidate verte à la présidentielle américaine.

* http://www.huffingtonpost.fr/2012/11/02/ouragan-sandy-retour-rechauffement-climatique-politique-americaine_n_2063599.html

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Des socialistes aux mains des intérêts économiques

Des politiques qui ne sont que des marionnettes, voici ce que nous pouvons conclure d’un article du Canard Enchaîné* :

« Le ministre délégué chargé de l’agroalimentaire, le socialiste Guillaume Garot, s’était lancé au micro d’Europe 1 sur la nécessaire réduction du sucre, du sel et du gras dans l’alimentation. Une tirade justifiée mais extrêmement critique pour l’industrie… Le président de l’Ania (Association nationale des industries alimentaires) a aussitôt réagi en adressant un mail aux membres de son conseil d’administration : « Les propos de Garot sur nos industries vont bien au-delà de ce qui avait pu être dit jusqu’alors par les ministres de la Santé les plus durs… C’est quand même un comble pour le ministre qui est censé être chargé de nos intérêts »… le patron de l’Ania appelle aussi au téléphone Philippe Mauguin, directeur de cabinet de Stéphane le Foll, ministre de l’Agriculture et tutelle de Garot. Stéphane le Foll se désolidarise de son ministre délégué : « L’Ania peut critiquer les déclarations de Garot à condition de ne pas mettre clairement en cause le gouvernement dans son ensemble ». Le même jour, la conseillère agroalimentaire du Premier ministre Jean-Marc Ayrault, Marie Guittard, téléphone au patron de l’Ania pour  » désapprouver très clairement les déclarations de Garot »… »

Ces réactions diverses et concordantes montrent clairement que le système économique prend les politiques en otage et que ceux-ci l’acceptent. Or l’appareil industriel ne cherche pas l’intérêt de la nation, mais le sien propre, au contraire d’un ministre. Guillaume Garot n’est pas « censé être chargé des intérêts de l’agroalimentaire » comme l’affirme l’Ania, mais de l’intérêt général. Ajoutons que le patron de l’Ania, Jean-René Buisson, s’il était vraiment au service des consommateurs et des générations futures, devrait être le premier à déclarer vouloir « la nécessaire réduction du sucre, du sel et du gras dans l’alimentation ». Il a oublié que l’économie est au service du social et non l’inverse. Jean-René Buisson n’est pas digne de représenter l’agroalimentaire, il a oublié sa condition première d’homme.

* 24 octobre 2012, Matignon et le Foll garrottent un ministre délégué (p.2)

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NON aux GTII, Grands Travaux Inutiles Imposés

Hervé Kempf, dans sa rubrique « Ecologie »*, nous  parle à juste titre de la bataille contre le projet d’un deuxième aéroport nantais à Notre-Dame-des-Landes : « Destruction de zones humides, stimulation du trafic aérien, artificialisation des sols, disparition des paysans, partenariat public-privé… » Dommage cependant qu’Hervé Kempf ne généralise pas ses propos à tous les GPII  (Grands projets inutiles imposés). C’est ce que fait le PPLD, parti pour la décroissance :

« Nous comptons en France déjà 145 aéroports (contre 47 en Allemagne, 37 en Angleterre), sommes-nous à ce point obstinés à dilapider l’argent public dans la poursuite de tous ces projets pharaoniques sur la pure spéculation de besoins futurs ? Mais au-delà du soutien physique, moral, politique que le Parti Pour La Décroissance apporte à la  résistance à Notre-Dame-Des-Landes, se perpétue la question de la légitimité de ces trop nombreux grands projets inutiles imposés et nuisibles (LGV, autoroutes, EPR, Laser Mégajoule…). Les intérêts économiques en jeu derrière tous ces grands projets mégalomaniaques, posent de véritables questions : pour quoi ? et pour qui ? Plaçons-nous du côté du bon usage, de la frugalité, de la gratuité (des transports publics, de l’eau…), osons des actes de désobéissance qui interrogent nos concitoyens, allons jusqu’au bout de la critique par l’invention de nouvelles pratiques (jardins partagés, AMAP, slow food, accueil-paysan…) à opposer à chaque nouveau GPII qui se présente près de chez nous ! Montrons combien l’argent gaspillé pourrait permettre d’élargir le champ des possibles quant « au mieux vivre » pour chacun d’entre nous.

Vous pouvez envoyer au président de la république une lettre contre les Grands Projets Inutiles Imposés (GPII). »

* LE MONDE du 21-22.10.2012, Une cause nationale (chronique d’Hervé Kempf)

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d’Obama ou Romney, qui est le plus écolo ? Personne…

La commission transnationale d’EELV a décidé de s’intéresser à la place de l’environnement dans les programmes des deux principaux candidats. Le constat est plutôt amer…

L’environnement, une problématique absente de la campagne au profit de l’énergie

Sur les sites web des deux principaux candidats, aucune section dédiée à l’environnement en tant que problématique à part entière. Lorsque l’on demande aux américains quels sont selon eux les problèmes les plus graves auxquels doit faire face l’Amérique, l’environnement et la pollution arrivent à 2 %, l’énergie et l’épuisement des ressources énergétique à 1 %…

L’énergie est finalement la seule problématique environnementale faisant l’objet d’une section dédiée sur les sites de Barack Obama et de Mitt Romney. Mais pas question d’aborder la sobriété énergétique, thème rédhibitoire dans le contexte de l’élection américain, celle-ci se déroulant sur fond de théorie du déclin. Rappelons que George Bush père avait déclaré en 1992 lors de la conférence de Kyoto que le mode de vie des américains était non négociable.

Mitt Romney : « Drill baby drill ! »1

Côté républicain, l’accent est mis sur l’optimisation des ressources dont dispose l’Amérique sur son propre sol pour en faire une « superpuissance énergétique » et réduire la dépendance au pétrole du Moyen-Orient. Par optimisation il faut comprendre l’ouverture de nouvelles zones de forage dans des régions bénéficiant d’un statut sanctuarisée, tel l’Arctic National Wildlife Refuge (ANWR) en Alaska, ainsi qu’au large des côtes de Virginie, et des Carolines du Nord et du Sud. Les Républicains fustigent d’ailleurs le moratoire après la marée noire dans le golfe du Mexique. Ils reprochent à Obama de s’opposer au mégaprojet Keystone XL, un pipeline géant censé approvisionner les États-Unis en sables bitumineux dilués canadiens. Par ailleurs les critiques pleuvent sur les énergies vertes, qu’Obama a cherché à développer pendant son mandat, celles-ci étant à leur yeux un investissement en pure perte, tant en terme d’indépendance énergétique qu’en terme d’emplois créés. Au final, le plan de Romney ressemble plus à une ode au marché et aux multinationales qu’à une véritable stratégie, tant celui-ci prône la dérégulation et le laissez-faire économique.

Obama : une stratégie énergétique dans la continuité de son premier mandat

Les démocrates ne manquent pas de dénoncer le penchant républicain en faveur des supermajors : pour eux, la stratégie énergétique de Mitt Romney a été écrite par les grandes compagnies pétrolières pour les grandes compagnies pétrolières. À l’inverse, l’actuel président revendique un mix énergétique davantage diversifié. Il ne se prive pas de rappeler que sous son administration, le pays a doublé sa production d’énergie d’origine éolienne et solaire. Il avait d’ailleurs fait de l’investissement dans l’énergie propre l’un des grands axes de son plan de relance de l’économie américaine de 2009, avec un investissement estimé à 85 milliards de dollars sur l’ensemble de son mandat. Il y a quelques semaines, il a su imposer de nouvelles normes d’efficacité énergétique pour le marché automobile américain en fixant une moyenne de 23 km par litre d’essence consommé en 2025

Mais si Obama met en avant son bilan normatif et ses investissements en matière d’énergies renouvelable, paradoxalement il se vante également d’avoir été le président de l’augmentation de la production d’hydrocarbures sur le sol américain. La production est en effet repartie à la hausse en 2009 après des décennies de baisse. Cette tendance s’explique par l’essor considérable qu’a connu l’exploitation des gaz et pétrole de schiste ces dernières années. Lors de son discours sur l’état de l’Union en juillet dernier, Barack Obama déclarait ainsi : « Nous avons presque 100 ans de réserves de gaz naturel et mon administration va tout faire ce qui est possible pour développer cette énergie de façon sûre ». De plus, le 44ème président des États-Unis est un fervent partisan du nucléaire. Il s’était fixé l’objectif de relancer la construction de centrales, mais un moratoire post-Fukushima imposé par le Congrès en mars 2011 l’en a empêché de justesse.

À la lumière de ces observations, force est de constater que le bilan environnemental de Barack Obama est pour le moins ambivalent. Mais cette ambivalence se comprend mieux en rappelant que ce sont avant tout les thèmes de l’indépendance et de la sécurité de l’approvisionnement qui domine le débat sur la politique énergétique des États-Unis, davantage que son impact sur l’environnement. À titre informatif le dernier article sur l’environnement publié sur le site du parti démocrate date du 22 avril…

Lucas Manetti, commission Transnationale

1. La phrase anglaise « Drill, baby, drill! », qui peut être traduite en français par « Fore, chéri, fore ! », est un slogan de campagne du parti républicain pendant l’élection présidentielle de 2008 aux États-Unis. Ce slogan exprime le soutien de ce parti à l’intensification des forages pétroliers en vue d’augmenter les ressources en énergie.

source : http://transnationale.eelv.fr/2012/09/24/quelle-place-pour-lecologie-dans-lelection-presidentielle-americaine/

 

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arguments pour ou contre le TSCG ; l’écologie dit oui

Un écologiste sincère est bien ennuyé par le traité dont LE MONDE dit qu’il faut le signer dans son éditorial* alors qu’un de ces journalistes** affirme le contraire. Qui croire ? Dans le pacte budgétaire européen, officiellement appelé Traité sur la stabilité, la coordination et la gouvernance (TSCG), la réduction du déficit public est une priorité : « Une règle d’équilibre budgétaire au sommet de la hiérarchie des normes des États signataires ». Mais comment croire au moyen complémentaire d’y arriver : « …. la possibilité de politiques économiques contra-cycliques de relance  … ». Car rigueur et croissance*** sont incompatibles ; nous partageons avec les non-humains une planète dont les ressources se raréfient ; il est urgent de voter pour la rigueur budgétaire et contre la croissance de l’activisme humain.

Il faut d’urgence cesser de faire des déficits, cela contribue mécaniquement à aggraver l’autre dette, beaucoup plus dangereuse, la dette écologique. Ajouter des activités écolos à l’existant ne peut qu’aggraver notre empreinte sur la planète. Constatons aussi que le déficit systématique est normalement le fait d’un pays pauvre (ou d’un ménage sur-endetté), pas d’un pays riche. Les riches, selon la raison économique, ont normalement satisfait leurs besoins de base et peuvent donc épargner leur surplus de revenu, et même prêter aux autres. Ce détournement de la rationalité montre que les besoins dans les pays riches sont exacerbés, au-delà des possibilités de la biosphère. La seule reconversion écologique qui importe, c’est le simple transfert des activités non écologiques vers les activités écologiques. Certainement pas la « création » de monnaie supplémentaire par l’emprunt. C’est sur ce point qu’EELV aurait du insister mais leur conseil fédéral, en votant contre le TSCG, semble plus proche aujourd’hui du Front de gauche que de l’analyse écologique.

En effet il y a tout un front disparate de refus de la rigueur qu’on appelle de façon démagogique « austérité », pour faire peur. Pour une partie des « écolos », pour le Front de gauche et pour les syndicalistes, l’espoir du retour de la croissance est encore, hélas, synonyme de lendemains qui chantent. A l’inverse, un écologiste sincère est contre un plan de relance, contre la croissance. Nous dépendons d’un système bio-géo-chimio-physique (la biosphère) dont l’économie et la finance ne sont qu’une composante. Notre planète a des limites que nous avons déjà outrepassées (cf. l’empreinte écologique). Il faut cesser de prôner le quantitatif contre le qualitatif et arbitrer collectivement les priorités d’affectations des ressources. Il faut aussi reconnaître que la possibilité d’une relance de la croissance n’est qu’une annexe, secondaire, dans un traité sur la stabilité économique. Les desiderata sur la croissance sont un mal, certes, mais la politique de déficit systématique (en France depuis 1974), est un mal bien plus grand encore. Entre deux maux, il faut savoir choisir le moindre. La perspective de réduction des déficits est une rupture avec la logique du toujours plus, et donc en phase avec l’écologie et son sens des limites. Nous penchons en conclusion pour signer le TSCG.

Nous devons signer le TSCG, une simple formalité dont nous savons de toute façon que les Etats feront ce qu’ils en voudront. Et nous devrions, plutôt que manifester dans les rues, exiger la mise en place des instruments de contrôle du pouvoir financier et instaurer une fiscalité environnementale dont la taxe carbone ne serait qu’un élément. Tout cela ne peut se faire qu’avec une répartition des efforts aussi juste que possible.

* LE MONDE du 2 octobre 2012, Traité budgétaire européen, trop tard pour dire « non »

** LE MONDE du 1er octobre 2012, Le traité ? Non (chronique écolo d’Hervé Kempf)

*** http://biosphere.blog.lemonde.fr/2012/09/14/non-au-tscg-pour-des-raisons-ecologistes/

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François Hollande et la conférence environnementale

Discours du Président de la république française le 14 septembre 2012 en ouverture de la conférence environnementale  : « rejet des sept demandes de permis d’exploitation du gaz de schiste… Personne ne peut affirmer que l’exploitation des gaz et huiles de schiste par fracturation hydraulique est exempte de risques lourds pour la santé et l’environnement… » Apparemment un bon discours, en réalité un leurre : un autre procédé est donc possible !

Pourtant le 13 juillet 2011, le groupe socialiste à l’Assemblée nationale, auquel appartenait François Hollande alors député de Corrèze, déposait une proposition de loi « visant à interdire l’exploration et l’exploitation des hydrocarbures non conventionnels » » quelle que soit la technique employée pour l’extraire. Comme quoi, selon que vous serez dans l’opposition ou au gouvernement, votre opinion variera.

De toute façon, et de façon plus générale, le débat est clos et n’a pas lieu d’être. Le Grenelle de environnement a déjà eu lieu, il suffiraitt d’appliquer ces conclusions, ce que n’a pas fait le projet de loi précédent sous Sarkozy. Initier un nouveau cycles de débat ne fait que noyer le poisson. On diffère les réformes, renvoyées aux calendes grecques. Les socialistes n’ont aucune conscience écologique.

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Marre des socialistes ? Abonnez-vous à Biosphere-info !

Le site biosphere édite un bimensuel électronique auquel vous pouvez vous abonner gratuitement. Voici la présentation de notre prochain numéro mi-septembre sur le congrès de Toulouse du PS (octobre 2012) : « Le parti socialiste aime la paperasse, les contributions à un congrès se déroulent sur des centaines de pages. Les contributions générales du 76e congrès prochain couvrent 251 pages papier, écrit très petit. Autant dire qu’on ne les lit pas, d’autant plus que maintenant elles sont accessibles sur Internet où on peut se noyer encore plus facilement. De toute façon, pas de panique, inutile de se fatiguer les yeux. Notre analyse de ces contributions nous permet de l’affirmer, le PS ne peut devenir écolo sans y être obligé par des circonstances extérieures. »

Pour en savoir plus, il suffit de s’abonner à Biosphere-Info en envoyant un courriel à biosphere@ouvaton.org. Merci.

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Logement social, un socialisme sans qualité

Le gouvernement socialiste français est adepte du quantitatif. La qualité, ils s’en foutent. On met sur les rails la promesse de campagne de François Hollande de construire 150 000 logements sociaux par an durant la mandature. On veut imposer une augmentation du quota de logements sociaux dans les villes de plus de 3 500 habitants. On veut multiplier par cinq les sanctions contre les communes qui ne respecteraient pas leurs obligations légales. On veut réquisitionner des terrains publics pour y construire des logements. Mais on ne dit rien sur le niveau d’isolation des maisons, est-ce que ce sera des passoires thermiques ? On ne dit rien sur l’emploi qui devrait être le plus près possible à un logement. On ne dit rien sur le mitage du territoire qu’on devrait combattre. Il n’y a aucune mesure qualitative dans le texte* présenté par la ministre du logement, Cécile Duflot, ex-tête médiatique des Verts. Où donc est passé l’écologie ?

Constatons que Cécile Duflot a une muselière, comme elle l’a reconnu elle-même, depuis qu’elle est au gouvernement. Elle ne dit rien des choses qui fâchent, la ministre de l’écologie évincée mais « contente de son sort » (Nicole Brick), le nucléaire « filière d’avenir » (Arnaud Montebourg), le  « besoin » d’un aéroport à Notre-Dame-des-Landes (Delphine Batho), l’exploitation prévisible du gaz de schiste (Jean-Marc Ayrault), une conférence environnementale sans consistance… Cécile Duflot préfère les bonbons Haribo et son poste de ministre du logement.

Cécile Duflot aurait mieux fait de prendre connaissance du point principal du dernier rapport du centre d’analyse stratégique : « Etendre le concept de bâtiment à énergie positive à l’échelle du quartier. » L’écologie doit-elle être hors de portée des classes défavorisées ? Dépenser moins d’énergie et aller au travail à proximité de son logement est-il un luxe inabordable ? Un socialisme qui n’a pas la fibre écologiste correspond-il à un avenir durable ?

* LE MONDE du 4 septembre 2012, Logement social : le gouvernent va céder les terrains de l’Etat et durcir la loi SRU

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bilan des journées d’été EELV : rien à signaler

Que retenir des Journées d’été d’EELV telles que présentées par les médias : « Désaccords et noms d’oiseau », « Ségolène Royal en ouverture », « Eva Joly lance son club », « Mobilisation en faveur des Pussy Riot », etc. Donc il ne s’est rien passé pendant trois jours ! Faut dire que les socialistes ont imposé la muselière aux deux ministres écolos alors que Pascal Durand affime son indépendance à la tête d’EELV.

Les deux ministres Duflot/Canfin pondent une tribune* nian-nian. D’abord un constat consensuel (« Plus le consensus scientifique se confirme sur la gravité de la situation écologique, moins la communauté internationale paraît prête à agir »), ensuite un vrai câlin au président (« La proposition de François Hollande de taxe carbone aux frontières de l’Europe est essentielle ») et au gouvernement «( Il fait le choix de l’avenir sans se laisser aller aux facilités »), un ralliement éhonté aux thèses croissancistes (« le soutien à la croissance est revenu à l’ordre du jour ») et au greenwashing (« investir dans des machines et des technologies propres »), un abandon des thèmes porteurs (utilisation du terme « réindustrialisation sélective » plutôt que « décroissance sélective »), enfin une schizophrénie visible (« Il faut oser le dire : oui, les prix de l’énergie vont continuer à augmenter » mais aussi « il faut un blocage du prix des carburants »). En résumé, il faudrait pour ce duo de minstres rendre l’écologie « attractive ». En d’autres termes la participation au gouvernement a transformé les écolos en socio-démocrates.

Heureusement dans Libé**, le successeur de Cécile Duflot à la tête d’Europe Ecologie-les Verts, Pascal Durand, était bien plus incisif : « L’écologie ne peut s’inscrire dans les vieux moules de la gauche… La gauche actuelle, c’est d’abord la conquête de la nature par l’être humain… Nous devons sortir de la logique marxiste de l’homme dominant la nature… Les décroissants chez nous rejettent le modèle dominant… M. Montebourg appartient au vieux monde et ne sauvera pas l’industrie automobile avec des milliards, aujourd’hui il faut imaginer une société post-pétrole… Si demain l’air, l’eau, la terre, le ciel et le vivant sont privatisés, notre civilisation sera derrière nous… Si, dans l’imaginaire collectif, la réussite reste la Rolex et la grosse bagnole, on va dans le mur… Tant que le PS cherchera une croissance qui n’existe plus, on n’y arrivera pas… La réussite ne consiste pas à avoir toujours plus, mais à avoir autrement… Je suis stupéfait quand Jean-Marc Ayrault voit des industriels sans la ministre de l’Ecologie… Si Jaurès était vivant, il serait écologiste… La nouvelle fraternité du XXIe siècle n’est plus réservée à la pensée humaine et aux seuls êtres humains, il faut y inclure le vivant et même, pourquoi pas, le minéral… »

En conclusion, il paraît clair que les socialistes sont arrivés au pouvoir sans aucune sensibilité écolo, le licenciement brutal de la ministre à l’écologie (pourtant socialiste) Nicole Brick en était le signe clair. Ce n’est pas d’être au gouvernement qui tue l’idée écologiste, c’est d’appartenir à un parti socialiste encore productiviste… Nous n’avons pas encore de Jaurès de l’écologie !

* LE MONDE du 25 août 2012, L’écologie, plus que jamais une solution (Cécile Duflot et Pascal Canfin)

** http://www.liberation.fr/politiques/2012/08/12/si-jaures-etait-vivant-il-serait-ecologiste_839411

bilan des journées d’été EELV : rien à signaler Lire la suite »

Corinne Lepage doit se remettre en cause

LE MONDE* lui donne la parole, que vaut la parole de Corinne Lepage ? Normalement quelque chose puisqu’elle a prétendu à la présidentielle française. En fait peu de choses au niveau écologique puisqu’elle n’a pas voulu concourir dans la primaire des écolos. Pourtant Corinne semble désirer maintenant, « construire une alliance politique, fondée sur la base et non sur le sommet ». Trop tard, Corinne, tu es sortie du jeu politique !

Quel est au fond son point de vue ? Si on en croit son billet « Les écologistes doivent se remettre en cause », Maître Corinne Lepage ne sait plus très bien de quoi elle parle. Elle se propose de marier l’économie et l’écologie, avec une préférence marquée pour l’économie. On en reste donc au fumeux développement durable qui est un habillage douteux de la croissance économique. On attend toujours des exemples concrets, Corinne reste évasive. Plutôt que de s’attaquer au comportement des élus écolos actuels, Corinne ferait mieux de nous expliquer ce que veut dire « nouvelles technologies vertueuses », « sortir du nucléaire », mettre en place une « économie circulaire » ou « approche éthique de l’économie de marché ».

Le problème majeur de Corinne Lepage est idéologique. Elle ne réussit pas à se différencier du libéralisme économique, faisant confiance a priori aux entreprises en général et au tissu des PME-PMI en particulier. Comme si l’essentiel n’était pas dans ce qu’on produit, avec quoi et pour qui ! Le problème-clé n’est pas l’ambition politique de tel ou tel Vert EELV, mais la question énergétique qui induit une décroissance. Celle-ci sera subie et brutale, ou volontaire et maîtrisée. Là est le cœur de problème. Corinne Lepage n’en a pas conscience. Ni d’ailleurs les socialistes au pouvoir !

* LE MONDE du 17 août 2012, Les écologistes doivent se remettre en cause

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contribution Aubry/Ayrault à l’écologie ? Du vent !

Analysons du point de vue écologiste la contribution générale Aubry/Ayrault préparatoire au prochain congrès de Toulouse. Réussir le changement ? Il paraît qu’en « décidant l’alternance, le peuple français a voulu la croissance » ! Mais aucun socialiste n’a voulu expliquer au bon peuple que la croissance dans un monde fini est impossible. Il paraît que « pour toutes les générations se fait sentir l’impératif d’une réconciliation entre l’humanité et la planète ». Ouah, chouette ! Mais ensuite il y a ensuite le bla bla bla habituel, « signification historique », « volontarisme transformateur », « confiance retrouvée dans le politique », « le rêve français », etc.

Plus loin, Aubry/Ayrault font le même constat que l’écologie politique sur les « nouveaux défis planétaires : le changement climatique et ses dangers, la course au moindre coût avec ses dégâts humains et environnementaux, la crise alimentaire et le choc énergétique qui vont accroître la pauvreté dans les nations et les tensions entre grands ensembles régionaux, l’orientation éthique des bouleversements de la technique ». Aubry/Ayrault déclarent que « Le défi premier, le défi vital, c’est le rapport à la planète elle-même. Raréfaction de l’eau, épuisement des énergies fossiles, déforestation, appauvrissement de la biodiversité, urbanisation incontrôlée : nous faisons comme s’il y avait une seconde Terre à investir une fois épuisées les ressources de celle qui nous accueille. Partout, périls écologiques et inégalités sociales se renforcent mutuellement ». Comment Aubry/Ayrault vont-ils donc agir face à cette urgence écologique ?

Rien que du bonheur : « Nous plaidons pour les circuits locaux pour l’agriculture et la pêche avec des clauses de proximité dans les marchés publics, le déploiement des transports collectifs décarbonés, une production industrielle et une construction de logement économes en énergie. Oui, le socialisme à venir est une social-écologie. La planète est un tout : c’est un fait sans précédent dans l’histoire de l’humanité ». Mais tout de suite après on revient au bla bla bla habituel, « bonne utilisation de l’argent public », « laïcité », « lutte contre les discriminations », « urbanisme humain »,  etc. La sortie de crise se résume aux vieilles recettes, filières d’avenir, compétitivité internationale, pouvoir d’achat, croissance et réduction des déficits, solidarité budgétaire de l’Europe… L’écologie a disparu jusqu’à la fin du texte, sauf une exception (tarifs progressifs de l’eau et de l’énergie) et un nouvel oxymore (l’écologie productive).

Voici pour les mots, voyons pour les actes. Le premier ministre Ayrault a déjà viré sa ministre de l’écologie qui lui tenait tête, le ministre du redressement productif voudrait sauver le mode de déplacement le plus pernicieux (la voiture individuelle), le ministre de l’agriculture se positionne contre la commission européenne en défendant l’indéfendable (le chalutage profond en mer),  la ministre de la culture soutient la publicité qui fait le vide dans les cerveaux (en préconisant son rétablissement à la télé de service public), etc. Nous n’avons aucune confiance dans les grandes déclarations « écologistes » du parti socialiste…

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Congrès PS 2012 de Toulouse, mode d’emploi

Le parti socialiste aime la paperasse, les contributions à un congrès se déroulent sur des centaines de pages. Autant dire qu’on ne les lit pas, d’autant plus que maintenant elles sont accessibles sur Internet où on peut se noyer encore plus facilement. De toute façon, pas de panique. Inutile de lire les contributions thématiques, d’autant plus que pour le Congrès de Toulouse il n’y en a qu’une qui se veut écolo,  Génération écologiste : une génération pour faire la transition écologique ! En fait il s’agit pour les jeunes militant-e-s socialistes d’assurer une « plus grande compétitivité » ! Autant dire qu’on ne s’éloigne pas du productivisme consubstantiel au PS, jeunes et vieux réunis.

Sur les 18 contributions générales, la concurrence déloyale entre le pôle écologique du PS (Du bleu au ciel) et le mouvement Utopia (Socialistes, écologistes et altermondialistes !) recommence, comme au précédent congrès de Reims (novembre 2008). Ces deux groupuscules ont été incapables de s’entendre depuis cinq ans, ils n’ont même pas cherché à le faire. De toute façon, pas la peine d’épiloguer, les contributions générales ne servent absolument  à rien si elles ne débouchent pas sur des motions qui vont donner un indice des orientations politiques et du nom du futur premier secrétaire du PS.              En 2008, la motion du pôle écologique a obtenu 1,59 % des voix (soit 2075 sympathisants), celle d’Utopia 1,25 %. Comme en dessous de la barre des 5 %, on n’a aucune représentativité, exit donc la tendance écologique du PS, place à la guerre des leaders. Car le vote des militants ne sert vraiment à rien, c’est le congrès qui va déterminer le nom du Premier Secrétaire. N’oublions pas cette farce électorale en 2008, Ségolène Royal qui arrive en tête au premier tour, écartée par un complot entre les trois autres, Aubry/Delanoë/Hamon. L’écart de voix au second tour entre Royal et Aubry est si restreint que le dépouillement est controversé. Il faut que ce soit le conseil national du PS qui valide le 25 novembre 2008 l’élection de Martine Aubry avec 102 voix d’avance ! A dégoûter de participer aux élections internes au PS…

Pour ceux que la politique politicienne ne répugne pas, nous rappelons les dates du prochain Congrès du PS. Le dépôt des motions aura lieu le mercredi 12 septembre et les militants socialistes seront invités à les départager par vote le jeudi 11 octobre ; les premiers signataires de ces motions ont vocation à être le ou la première secrétaire après le congrès qui a lieu du 26 au 28 octobre. Quant à nous, nous nous contenterons de commenter dans nos prochains billets les contributions à tendance écolo, la collusion actuelle AUBRY/AYRAULT(Réussir le changement) n’ayant aucun intérêt…

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Arnaud Montebourg renie ses convictions écologistes

La contribution de Montebourg au Congrès socialiste du Mans en 2005 était remarquable : « La conjonction de l’explosion démographique et de l’épuisement prévisible des ressources de combustible fossile entraîne un choc énergétique qui met directement en cause le mode de développement industriel. L’approvisionnement en pétrole de l’économie mondiale est menacé par l’entrée de la production de pétrole en déclin continu. C’est le phénomène de « pic pétrolier » ; la production journalière atteint son maximum pour décroître ensuite. Il est susceptible d’intervenir d’ici 2015. L’effet principal sera d’entretenir une pression constante sur les prix, et ce d’autant plus que les économies consommatrices sont fortement dépendantes. Suivra inéluctablement une baisse de la consommation du fait de la raréfaction de la ressource. Nous avons le choix entre anticiper ce bouleversement de nos économies ou subir la crise annoncée et ses conséquences sur le plus grand nombre… » Nous avions donc confiance en lui, écologiste déclaré dans son livre « Des idées et des rêves », fidèle des journées du pôle écologique du PS à Saint Ciers.

Nous avons perdu confiance, l’accession au pouvoir fait oublier toute capacité d’analyse à long terme. Arnaud Montebourg fait  du quantitatif : « Le producteur, l’entrepreneur, le travailleur sont ceux qui assurent la prospérité d’un pays et sans eux, impossible d’imaginer un avenir ». Ministre du « Redressement productif », il s’agit simplement de sauver le plus d’emplois possibles, peu importe que ces emplois servent réellement l’avenir ou non. Peu importe aussi s’il s’agit d’aider les multinationales, l’usine Fralib du groupe Unilever, l’aciérie de Florange d’ArcelorMittal, la raffinerie Petroplus de Shell, l’usine General Motors de Strasbourg, Goodyear à Amiens ou le site emblématique de PSA Peugeot Citroën à Aulnay-sous-Bois. Peu importe s’il s’agit d’aider surtout des entreprises rattachées à l’industrie pétrolière, comme si le pic pétrolier, que nous avons déjà dépassé en 2006, n’existait plus pour Montebourg !

Arnaud Montebourg annonce aujourd’hui que, « dans un contexte de recul du marché automobile », il proposera « prochainement » au président de la République et au Premier ministre « un plan d’actions pour l’avenir de la filière automobile ».* Mais il avoue en même temps ne pas savoir exactement quelles sont les intentions du groupe PSA. Non seulement l’Etat ne peut pas tout dans une économie libéralisée par les gouvernements successifs, mais il devrait se désengager complètement des entreprises qui sont vouées à la faillite quand le baril du pétrole explosera, inéluctablement : la rareté fait la hausse du prix, que Montebourg le veuille ou non. Que les socialistes laissent à l’économie de marché sa responsabilité dans la crise, qu’ils se préoccupent de penser autrement. C’est le Montebourg d’avant qui écrivait dans son livre : « L’échelle locale et nationale doit être privilégiée dans la production industrielle tant que la production peut se faire à des coûts raisonnables. Le programme de démondialisation recherche des circuits industriels, agricoles et productifs courts, rapprochant les lieux de consommation des lieux de production. »**

* LEMONDE.fr du 30 juin 2012, Arnaud Montebourg s’empare du dossier de l’industrie automobile

** Des idées et des rêves d’Arnaud Montebourg (Flammarion, 2010)

 

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Devenons casseurs de pub, soutenons les déboulonneurs

Voici le résumé d’un article* qui peut vous permettre de passer à l’acte :

Lors du procès du collectif « les Déboulonneurs », jugement devant être rendu le 26 juin, le réquisitoire du procureur a largement reposé sur l’argument d’une atteinte à la liberté d’expression des annonceurs. Mais c’est la publicité qui porte atteinte aux libertés de l’individu ; elle peut aussi avoir des effets nocifs, surcharge cognitive, stress, obésité…

L’un des principaux pionniers de la pub comme « manufacture du consentement », Edward Bernays décide d’utiliser les découvertes de la psychanalyse pour parvenir à une « manipulation des opinions et des habitudes ».  La diffusion dans la presse de photos de jeunes femmes fumant des cigarettes appelées « torches de la liberté » va par exemple inciter les femmes à fumer à une époque où ce comportement était réprouvé ; Bernays se vanta d’avoir doublé la taille du marché potentiel de l’industrie du tabac ! Aujourd’hui, à partir de l’imagerie cérébrale, une étude a montré comment l’image de marque construite par la publicité peut biaiser les préférences des consommateurs. Chez des individus invités à goûter deux marques de sodas. Les deux boissons sont autant appréciées lorsque le test se fait en aveugle. Par contre, lorsque les étiquettes sont rendues visibles, l’un des deux sodas active soudainement beaucoup plus le système de récompense et est préféré par la majorité. Le système de récompense est plus vulnérable chez certains individus. Les personnes souffrant d’obésité par exemple voient leur système de récompense activé de façon anormale par des images de nourriture ultra-calorique. La publicité exploite leur vulnérabilité et renforce leurs comportements de surconsommation. Les estimations menées aux Etats-Unis montrent que l’obésité infantile pourrait être réduite de près d’un tiers en régulant mieux la publicité des produits alimentaires.

Ce qui est en jeu s’avère beaucoup plus complexe que la simple liberté d’expression invoquée par un procureur. Car cette liberté-là ne va sans une autre liberté complémentaire de la première : la liberté de non-réception. Il s’agit de garantir à chaque citoyen le droit de choisir où et quand il souhaite accéder à de l’information publicitaire. L’Etat se devrait d’être garant de la neutralité commerciale autant que de la sûreté psychologique de tout un chacun. En 2006, le conseil municipal de la ville de Sao Paulo a voté à une quasi-unanimité une loi « Ville propre » bannissant tout affichage publicitaire dans l’espace public. Pourtant, en France, le politique cède trop facilement aux pressions des annonceurs et afficheurs. Ainsi, loin d’en limiter la présence dans l’espace public, la loi du 12 juillet 2010 issue du Grenelle de l’environnement laisse place, selon le ministère lui-même, à « un développement important de secteurs comme ceux du micro-affichage, des bâches, des dispositifs innovants, des publicités sur aéroports ou gares […], permettant d’envisager une progression de 10 à 30 % des chiffres d’affaires des entreprises investissant dans ces domaines d’activité ».

En barbouillant des publicités, le collectif des Déboulonneurs a osé un acte de désobéissance civile afin d’être entendu par la collectivité et de pousser le politique à accepter une ré-ouverture du débat. A travers eux, c’est la liberté de non-réception des citoyens que nous devons défendre.

Guillaume Dumas, Mehdi Khamassi, Karim Ndiaye, Yves Jouffe, Luc Foubert et Camille Roth, chercheurs en sciences cognitives et sociales

* Le Monde.fr | 26.06.2012 Procès des Déboulonneurs de pub : et la liberté de (non) réception ?

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quelle liberté des écolos contre les socialos à la mode Vidalies ?

Non seulement les socialistes éjectent leur ministre (socialiste) à l’écologie qui commençait un peu trop à faire de l’écologie, mais ils veulent museler toute libre expression de l’écologie politique au parlement. Alain Vidalies a déclaré le 20 juin dans le cadre de  « Questions d’info » que le groupe Europe Ecologie-Les Verts (EELV) devrait fermer sa gueule : « On attend quoi d’un groupe Vert aujourd’hui ? La solidarité, le respect des engagements qui ont été les engagements communs, et évidemment la possibilité pour eux d’exprimer des différences »… « Mais la distinction majeure, c’est la liberté d’expression, pas la liberté de vote !

Le député-maire de Bègles, Noël Mamère, rétorque qu’Alain Vidalies doit confondre la majorité actuelle avec l’UMP : « Le parlement n’est pas une caserne et nous n’avons pas besoin de petits caporaux pour nous donner des ordres. » Le successeur de Cécile Duflot à la tête d’EELV, Pascal Durand : « Pour moi, cette déclaration de Vidalies est déplacée… Nous ne serons pas les godillots d’une majorité uniforme. » François de Rugy, coprésident du groupe EELV au Parlement : « Il faut ce que soit très clair, la liberté de parole, d’expression des députés écologistes à l’Assemblée nationale pourra déboucher sur des votes différents si nous n’avons pas réussi à nous mettre d’accord ».

Examinons de plus près la liberté de vote au parlement. Y a-t-il un prix à payer par EELV pour avoir obtenu des socialistes un groupe parlementaire ? Les écolos de service sont-ils condamnés à surjouer l’opposition seulement sur des sujets annexes ? En fait il ne faut pas confondre, comme le font trop allègrement les apparatchiks, le phénomène de discipline de vote des partis, avec la liberté de vote des élus. Le mandat des parlementaires a une nature représentative : ils votent en fonction des intérêts du peuple français qui doivent prévaloir sur le jeu partisan. Plus particulièrement pour des députés EELV, c’est l’urgence écologique, c’est-à-dire la durabilité des conditions d’existence sur notre planète, qui doivent l’emporter sur les intérêts partisans.

Pour les écologistes, la liberté de vote doit rester une valeur essentielle contre un parti socialiste clairement anti-écolo. Comme l’exprime l’édito du MONDE* lui-même à propos de l’éviction de Mme Bricq : « La vision industrialiste porte par le président de la République et Jean-Marc Ayrault, son premier ministre, l’a emporté. Le gouvernement assume clairement ses objectifs : développement du tissu productif français et lutte contre le chômage, le tout au détriment de l’environnement. »

LE MONDE du 24-25 juin 2012, la défaite de l’écologie face au lobby industriel

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éviction de la ministre de l’écologie, un PS anti-écolo

Les politiques ne sont écolos qu’en apparence. Barack Obama, élu sur la promesse d’une révolution verte, devra sans doute sa réélection au développement spectaculaire des gaz de schiste. En cinq ans, les USA sont devenus le premier producteur de gaz au monde et le secteur a créé plus d’un demi-million d’emplois. Peu importe les risques environnementaux et le fait que racler les dernières traces de ressources fossiles ne fait que reculer un peu les échéances finales, le court-termisme du politique a encore prévalu. Il en est de même en France où l’addiction au pétrole pousse le gouvernement Hollande à autoriser de nouveaux forages au large de la Guyane.

Face à ce choix productiviste, la toute récente ministre de l’écologie Nicole Bricq n’a pas longtemps résisté. Sur l’ordonnance laissée par Nathalie Kosciusko-Morizet sur les forages, Nicole s’exclamait le 11 juin : « Ce bousin* sera remplacé par une loi en bonne et due forme réformant le code minier ». Le 13 juin, Nicole Bricq annonçait une suspension des permis de forage de Guyane, mettant en avant l’attachement du gouvernement « à la protection de la faune marine et de l’environnement », sur laquelle elle affirmait ne disposer d’« aucune garantie ». Mais dès le 21 juin, on autorisait la reprise des forages exploratoires, à 150 kilomètres au large de Cayenne, par quelque 6 000 mètres de profondeur – 2 000 mètres d’eau et 4 000 mètres de plancher océanique. Le ministre des outre-mer, Victorin Lurel, pour quelques emplois et subsides, l’a emporté contre la ministre de l’écologie. Pourtant les études sismiques recourent à des émissions sonores extrêmement puissantes, nuisibles pour les cétacés, et on utilise un procédé de forage polluant – des boues avec des huiles de synthèse – interdit par le code de l’environnement. Autant dire que le code minier actuel ne prend guère en compte l’impact sur la nature. Mais le bateau de forage loué – on parle d’un coût d’un million de dollars par jour – par Shell était déjà arrivé sur zone le 19 juin ! L’économique prime encore sur l’écologique.

Un groupe pétrolier est bien plus fort qu’un ministre, Nicole Bricq était remerciée le 22 juin. Une autre prenait sa place au ministère de l’écologie, Delphine Batho. On remplaçait une personne à l’initiative de la création du pôle écologique du PS par une novice en matière environnementale. Que François Hollande fasse au même moment coucou à la conférence de Rio+20 montre la duplicité de ce gouvernement. En fait le vrai « ministre de l’Ecologie », c’est le Premier Ministre Jean-Marc Ayrault dont le premier arbitrage en faveur du pétrole de Guyane est significatif. N’oublions pas que l’auteur de la formule  » Taxe Carbone ? Une Taxe Bobo », c’est  Ayrault. Les socialistes ne résistent pas longtemps aux lobbies pétroliers, nucléaires, chimiques, agricoles. Le départ de Nicole Bricq est de très mauvais augure pour la future conférence environnementale, le débat sur la transition énergétique et la réforme du code minier. Que fera sa remplaçante ?

Delphine Batho a été porte-parole de François Hollande pendant sa campagne. Elle a été de 2003 à 2008 secrétaire nationale chargée des questions de sécurité au PS. Delphine visitait une maison d’arrêt, quand elle appris son changement de ministère ; elle n’était pas « demandeuse » de sa nouvelle affectation. Mais Delphine a déjà bataillé en 2008 contre les organismes génétiquement modifiés lors du vote de la loi sur les OGM. Et puis, devenir ministre de l’écologie, du développement durable et de l’énergie, ce n’est pas rien. Ce ministère, c’est 118 000 agents à gérer. C’est un ministère opérationnel, ancien ministère de l’équipement à 90 %. Le secteur de l’énergie qui lui est rattaché va devenir prépondérant au fur et à mesure de l’épuisement des ressources fossiles. Et l’arrivée de différentes socialistes au poste de secrétaire national à l’environnement du PS a montré, que quand on commence à s’occuper d’écologie, on devient vraiment écologiste. Au risque d’être licencié…

* bousin : tourbe de qualité inférieure

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Valérie Trierweiler ou Ségolène Royal, qui représente qui ?

La vraie démocratie, c’est celle qui donne sa liberté d’expression à tous les individus sans exception. Il n’y avait rien à dire médiatiquement sur le tweet* de Valérie Trierweiler. La compagne d’un président de gauche avait toute latitude d’exprimer ses encouragements à un dissident. En faisant cela, elle n’engage qu’elle-même, c’est sa liberté d’expression personnelle. Elle aurait d’autant plus le droit d’agir ainsi qu’il n’y a pas officiellement d’obligation de réserve pour la première dame de France. Valérie Trierweiler en a d’autant plus le droit qu’elle exprime une simple opinion sur l’engagement d’Olivier Falorni qui est socialiste reconnu, candidat contre une autre socialiste : nous sommes dans le même camp, il s’agit donc d’une simple « primaire ».

La vraie démocratie, c’est celle qui fait en sorte qu’un individu représente vraiment ce qui mérite d’être représenté : l’intérêt général, et pas les habitants d’un lieu particulier. Oliver Falorni peut déclarer sans rire : « Je continue mon chemin pour représenter les habitants de La Rochelle et de l’île de Ré. » L’argument de l’ancrage local d’un candidat à la députation n’est pas pertinent. Le vote d’un élu national dans une circonscription particulière n’est qu’une modalité de désignation. Le député n’a normalement aucun lien de représentation avec sa circonscription électorale, il doit porter la parole de la France. Mais la pratique fait que le député du coin fait du clientélisme. Ce n’est pas cela la démocratie. Si nous étions dans une vraie démocratie, nos élus ne parleraient pas seulement au nom de leur entourage, mais aussi au nom des acteurs absents, tous ceux qu’on ignore dans nos délibérations et dont les intérêts pourtant importent : les non-humains et les générations futures. Qui de Ségolène ou de Falorni est de cette trempe-là ? C’est cela seulement qui devrait intéresser les électeurs.

Chacun s’agite dans tous les sens sans permettre aux citoyens de comprendre les règles et les passe-droits qui ont cours dans les structures partisanes. Par exemple, certains socialistes s’épanchent dans les médias sur la soi-disant priorité du candidat arrivé en tête, soit Ségolène Royal en l’occurrence. Mais ce droit officieux a été amplement foulé aux pieds lors du Congrès de 2008. La candidate avec le plus de voix, Ségolène Royal en l’occurrence, aurait du devenir première secrétaire du PS. Ce fut Martine Aubry qui le devint car il y a eu alliance des trois battus contre celle qui était arrivée en tête ! C’est pourquoi les admonestations de Martine sur France Inter sont d’une hypocrisie totale : « Je le redis à Olivier Falorni avec beaucoup de force : Tout le monde va respecter la règle qui est qu’il faut se désister pour le candidat le mieux placé. ». Les socialistes aiment se déchirer entre eux, libre à eux. Mais qu’ils ne nous fassent pas des leçons de morale en inventant des règles. La seule règle fondamentale, c’est que tout candidat à des législatives prenne l’engagement de représenter la France et tous les acteurs absents. Nous sommes loin du compte…

* tweet du 12 juin envoyé par Valérie Trierweiler : « Courage à Olivier Falorni qui n’a pas démérité, qui se bat aux côtés des rochelais depuis tant d’ années dans un engagement désintéressé. »

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un nom à connaître, peut-être, Nicole BRICQ

Nicole Bricq, ministre de l’écologie, du développement durable et de l’énergie ; une socialiste, pas un écolo ! Le PS va-t-il enfin prendre la main et s’occuper de la planète ? Grâce à Nicole et au pôle écolo du PS en 2008, la déclaration de principe du Parti socialiste allait en effet très loin : « Conscients de l’étroite interaction des activités humaines et des écosystèmes, les socialistes inscrivent la prise en compte de la planète au même rang de leurs finalités fondamentales que la promotion du progrès et la satisfaction équitable des besoins (art. 3). » Mais la même déclaration se donne un objectif qui fait mal à la planète : « Les socialistes agissent pour que la croissance économique s’effectue en renforçant la cohésion sociale (art.7)… Pour les socialistes, L’Union européenne doit avoir pour mission de favoriser une croissance durable (art. 20). »

Il ne suffit donc pas de dire, comme Nicole Bricq,  « Je veux porter la « social-écologie » ». Car réconcilier social et écologie ne va pas de soi pour des militants qui préfèrent la croissance et pour un parti de cadre qui a toujours privilégié le conservatisme social. Nicole l’affirme, « il est hors de question que la transition écologique se fasse sur le dos des pauvres ». Mais elle ne dit rien de la résorption des inégalités, condition première pour accepter les nécessaires contraintes pour ramener le niveau de vie français dans des limites compatibles avec les ressources de la planète. Comme Nicole considère aussi qu’il faut une « acceptation sociale » des mesures environnementales, alors on peut déjà dire que rien ne passera dans les faits, ni taxe carbone, ni économies d’énergie, le peuple répugne aux efforts à accomplir. Le « débat sur la transition énergétique » est déjà clos, le candidat Hollande avait exclu de sortir du nucléaire, il veut même continuer dans la voie des EPR. D’ailleurs, pour le gaz de schiste, il n’est pas question d’arrêter, mais seulement de faire connaître, en toute « transparence », les permis octroyés ! Quant à une « Conférence environnementale », on a déjà vu ce qu’a entraîné le Grenelle sarkozyste de l’environnement : pschiiiiiiiit. Car le « nouveau modèle de développement » n’a jamais trouvé d’application autre que croissanciste. Prendre en compte « les exigences environnementales mais aussi économiques », c’est enfin donner une prime aux entreprises qui ont déjà placé leurs lobbies dans les couloirs des ministères.

Nicole Bricq convient qu’il y a « de petites différences culturelles entre certains de mes collègues et moi ». Pour avoir fréquenté pendant des années les socialistes, nous savons que ce n’est pas une « petite » différence, c’est un gouffre infranchissable. Nous ne savons pas encore si Nicole va tomber dans le gouffre….

LE MONDE du 5 juin 2012 / Nicole Bricq : « L’écologie n’est pas un luxe pour bobos »

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