politique

le manifeste de l’EP

En 1984, lors d’une randonnée dans la Vallée de la Mort en Californie, le philosophe Arne Naess a proposé avec George Sessions  un manifeste de l’écologie profonde en huit points clés. Voici ce texte qui met clairement en évidence la nécessité d’adopter une éthique de la Terre, que ce soit vis-à-vis des abeilles en déclin ou tout le reste du monde vivant, humains compris bien sûr :

1) le bien-être et l’épanouissement de la vie humaine et non-humaine sur Terre ont une valeur intrinsèque (en eux-mêmes). Ces valeurs sont indépendantes de l’utilité que peut représenter le monde non-humain pour nos intérêts humains.

2) la richesse et la diversité des formes de vie contribuent à l’accomplissement de ces valeurs et sont également des valeurs en elles-mêmes.

3) sauf pour la satisfaction de leurs besoins vitaux, les hommes n’ont pas le droit de réduire cette richesse et cette diversité.

4) l’interférence actuelle des hommes avec le monde non-humain est excessive et la situation s’aggrave rapidement.

5) l’épanouissement de la vie et des cultures humaines est compatible avec une diminution substantielle de la population humaine. L’épanouissement de la vie non-humaine requiert une telle diminution.

6) les politiques doivent changer, elles doivent affecter les structures économiques, techniques et idéologiques. La situation qui résultera du changement sera profondément différente de la situation actuelle.

7) le principal changement idéologique consistera en la valorisation de la qualité de la vie plutôt que de toujours promouvoir un niveau de vie supérieur.

8) ceux qui adhèrent aux points précités ont obligation de tenter de mettre en place directement ou indirectement ces changements nécessaires.

 Personnellement, je pense que nous ne pouvons qu’adhérer à un tel programme, à la fois philosophique et militant, qui nous permet de croire à ce qui nous entoure et nous ouvre un avenir durable…

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LeMonde en grève

LeMonde fait grève. Rien au courrier ! Par quoi remplacer l’indispensable ? Par un retour aux fondamentaux, ces textes anciens qui balisent la route de notre avenir.

 

René Dumont s’exprimait ainsi dans la Gueule ouverte (mensuel, mai 1974) :

 

« J’enseigne à l’Institut national d’agronomie. L’agronomie, d’après ma définition, c’est l’artificialisation du milieu naturel. Ce milieu naturel, en l’artificialisant, on peut l’améliorer ou le démolir. Très tôt dans ma carrière, j’ai vu les dégâts de l’érosion en Algérie, j’ai aussi vu les dégâts de la désertification du nord du Sénégal en 1951. J’étais donc en contact avec des problèmes écologiques. J’avais pédalé avec les Amis de la Terre, j’avais assisté à la manifestation annuelle « Combat pour la survie de l’homme ». Tous ces amis sont venus me chercher pour me présenter aux présidentielles au nom du Mouvement Ecologique. Jusqu’à présent, tout ce que pouvaient faire les écologistes, c’était d’aller frapper à la porte des candidats en leur disant, dites donc, soyez gentils, tenez compte de la gravité de la situation. Les candidats nous répondaient : « Oh ! Combien vous avez raison », et dès que nous avions tourné le dos, ils oubliaient tout ce que nous leur avions dit. Maintenant, devant le mouvement qui s’est très vite développé autour de ma candidature, je pense que notre utopie peut aboutir à des réalisations si nous parvenons à percer le mur d’incompréhension, le mur d’ignorance. D’où l’importance des mass média.

 

Après… je suis en ce moment le porte-parole parce qu’il en fallait un, mais je ne suis pas le leader. Mais pour le mouvement écologique, je fais un petit testament dans lequel je lui conseille de se structurer pour continuer un groupe ayant une possibilité de pression politique. Je ne dis pas la forme à trouver, mais cette action politique est destinée à faire un projet révolutionnaire de changement total de la société, condamnant l’économie de profit, l’économie capitaliste. Il n’y a pas de défense écologique qui ne passe par une solution politique. »

 La Biosphère remercie René Dumont (1904-2001) d’avoir été la première figure de proue du mouvement politique de défense de la Terre. Comme disait aussi René, il faut écologiser les politiques et politiser les écologistes… Je pensais étant jeune au slogan « Elections, piège à  cons ». Mais aux présidentielles de 1974, René représentait enfin à mes yeux un candidat crédible, non par les masses à sa dévotion, mais par son projet radical de changer la vie.

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Sarko, an I

            Une année de règne pour rien. Sarko a été élu le 6 mais 2007, LeMonde lui consacre un dossier de 8 pages, mais il n’y a rien à dire. On ne sait plus ce qu’il a fait, si ce n’est donner aux riches. On ne sait pas ce qu’il va faire, si ce n’est prendre aux pauvres. En matière biosphérique, les OGM sont admis sans être admis, et pour le reste du Grenelle de l’environnement, faudra attendre le temps qu’il faut. Alors, examinons plutôt la future présidence américaine.

             Le candidat de droite John McCain a proposé un allégement de la taxe fédérale sur les carburants de 18,4 cents par gallon (3,785 litres), même pas cinq centimes de dollar par litre, N’importe quoi ! La candidate Hillary Clinton marche dans la combine, mais pour financer ce dégrèvement, elle propose de taxer les superbénéfices des compagnies pétrolières. Y’en a deux qui n’ont rien compris au choc pétrolier en marche : on ne peut rien faire contre la réalité géologique, l’épuisement  des nappes pétrolifères, sauf à accepter l’augmentation de prix. Barack Obama a parlé presque vrai, il a traité les autres de démagogues et rappelé que la taxe sert à alimenter l’entretien des infrastructures routières. Mais il n’a pas compris qu’il n’y aura plus besoin d’entretenir les routes puisqu’il n’y aura plus d’auto pour les parcourir au prix où sera bientôt l’essence. Mme Clinton partage la peine des électeurs, elle se bat pour qu’ils puissent continuer à piller la planète au volant de leurs 4×4. Mr Obama avouera un jour que l’Amérique est mal partie, et le reste du monde avec…

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se nourrir, un luxe ?

 C’est une interview à lire sans respirer tellement elle coupe le souffle (LeMonde du 3.04.2008) : M. de Schutter prédit « la fin de la nourriture à bas prix ». Le nouveau rapporteur de l’ONU sur le droit à l’alimentation attaque à la fois la Banque mondiale (qui finance des éléphants blancs dans les pays pauvres), le FMI (le gendarme financier qui taxe les pays pauvres), l’OCDE (le club des pays riches qui exploite les pays pauvres). « On paye vingt années d’erreurs », affirme-t-il à juste titre. Il faut dire que les années 1980 ont été marquées par le tournant libéral (la liberté pour les chefs d’entreprises) : libre-échange généralisé, y compris en faisant en sorte que les pays pauvres remplacent leurs cultures vivrières par des cultures d’exportation, investissements tous azimuts sauf dans l’agriculture… Mais je ressens quand même un malaise après avoir lu cette interview. Pas un mot de Schutter sur la démographie humaine. Il préconise une aide financière plutôt que des cargos de blé, mais tout humain raisonnable porterait aussitôt quelques regards sur la population. Ressources alimentaires et niveau de population sont en effet deux éléments indissociables.

 Sur la gouvernance démographique, ce n’est plus vingt ans d’erreurs que l’on paye, c’est cinquante ans. Voici en 1971le diagnostic de Paul Ehrlich dans son livre La bombe P (P pour population) : « Lorsque des cellules vivantes prolifèrent sans contrôle, il y a cancer ; l’explosion démographique c’est la multiplication sans contrôle des êtres humains. Si nous ne soignons que les symptômes du cancer, le malade peut en être soulagé quelques temps : mais tôt ou tard il mourra, souvent après d’atroces souffrances. Tel sera le destin d’un monde atteint d’explosion démographique si les symptômes seuls sont traités. Nous devons reconvertir nos efforts et tenter l’ablation du cancer. Cette opération demandera de nombreuses décisions qui sembleront brutales et sans pitié. La douleur pourra être intense. Mais la maladie a fait de tels progrès que seule la chirurgie la plus énergique pourra désormais  sauver le malade. »

 De même en 1972 ces avertissements de B.Ward et R.Dubos dans leur livre Nous n’avons qu’une terre : « Il est clair qu’un désastre écologique nous menace. Dans ces conditions, nous allons peut-être nous trouver acculés à des solutions sans nuance : pas d’expansion économique ou tout pour l’expansion économique, un taux de croissance de la population réduit à zéro ou une croissance familiale sans aucunes contraintes, pas d’économie de marché ou pas de planification. Si nous prenons modèle, à l’occasion de ce débat, sur les systèmes écologiques, nous nous rendrons compte qu’on peut parvenir à un équilibre non par une seule solution, mais par la combinaison d’une grande variété de solutions partielles qui ne donneront pas de réponses définitives ; la Biosphère est trop dynamique pour qu’on puisse y établir rien de définitif. »

 

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LeMonde a besoin de toi

Je suis en manque cette semaine, pas de parution mardi du journal Le Monde pour fait de grève. Rebelote vendredi. Pourtant la précédente et première grève a eu lieu le 21 mai 1976, visant à obtenir des patrons de presse la signature d’une convention collective des journalistes. Autant dire que mon quotidien n’est pas un habitué des jours de grève !  Le samedi 19, LeMonde s’adresse à moi, c’est-à-dire à ses lecteurs : « Jamais les finances du Monde n’ont été aussi calamiteuses, avec sept exercices consécutifs déficitaires (…) Il s’agit de supprimer 129 postes dont 89 à la rédaction, nous avons l’intention de céder plusieurs entités du groupe, Fleurus-presse, Les Cahiers du Cinéma… »

Pourtant la diffusion progresse, LeMonde est la première vente de presse généraliste, le taux de satisfaction est élevé. Alors ? C’est la faute à la publicité ! Le fondateur du Monde, Hubert Beuve-Méry parlait de « l’indispensable, la bienfaisante publicité » à une époque où elle représentait 40 % des recettes. Dans les années 1970, cette proportion est passée à plus de 60 % du chiffre d’affaires, pour retomber aujourd’hui à 20 %. La publicité était un délice, elle est devenue un cauchemar, prompte à se déplacer vers la télévision, Internet et maintenant les journaux gratuits. Alors ? On ne pourra pas augmenter le nombre de lecteurs ; la jeunesse ne lit plus, elle se détourne même du petit écran pour surfer sur Internet. On ne pourra pas diminuer le prix de vente, LeMonde ne coûte déjà que le quart du prix d’un paquet de cigarette, ce n’est pas la ruine.

Le plan de redressement parie sur une nouvelle vision journalistique, un journal « plus ramassé, plus dense, plus sélectif ». Là j’ai peur, on ne risque de sélectionner que les articles qui font plaisir aux annonceurs. Il suffit de pointer le nombre de pages du Monde vouées à la gloire de l’automobile pour s’en rendre compte. Alors ? Je ne peux que déclarer ma fidélité, je suis abonné depuis 35 années et scotché à la lecture quotidienne. Je ne peux que déclarer ma flamme, je suis membre de la société des lecteurs depuis l’origine, nous pouvons toujours subventionner une cause qui en a besoin. Je ne peux que déclarer ma confiance, mon journal parle de mieux en mieux de notre avenir, écologique dans sa page « Environnement & Sciences, bien analysé avec les articles d’Hervé Kempf et de tant d’autres, bien pourvu avec ses sources d’information toujours pertinente et ses dessinateurs impertinents. Je ne peux que conseiller le monde entier d’acheter le journal Le Monde chaque jour…

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match Le Boucher/Kempf

Le supplément développement durable (LeMonde du 3.04.2008) nous permet de comparer l’argumentaire d’Eric Le Boucher et d’Hervé Kempf. Eric pense en page II que « l’écologie n’est pas une contrainte négative qui force à ralentir la croissance et à consommer moins, mais une chance positive de trouver des innovations qui dynamisent la croissance ». Hervé dit en page III que « la croissance a beau être invoquée tous les jours comme le reflet de la santé économique du pays, elle n’en est pas moins contestée par nombre d’économistes et de politiques ». Qui raisonne juste ?

 

Eric est clair, il se retranche derrière les milieux économiques pour qui l’écologie peut être une source fabuleuse de profits. Il défend le libéralisme et la croissance parce qu’il défend le capitalisme et ses privilégiés. Les biens autrefois libres car offerts gratuitement, l’air, l’eau, la température, les bienfaits de la planète devront être dorénavant payés puisque telle est la loi du marché qui a provoqué la rareté actuelle. Hervé démontre que la mesure de la croissance par le PIB est un leurre. Le produit intérieur brut n’enregistre pas le coût de la dégradation de l’environnement, il n’entraîne pas automatiquement une diminution du chômage, il ne se traduit pas par une élévation du bonheur. Dans un autre article du même supplément, Hervé nous indique que la meilleure mesure écologique consiste à réduire les inégalités.

 Nous pouvons déduire de cette comparaison qu’Eric est un conservateur au service du capital, Hervé un progressiste au service d’une humanité réconciliée avec la Biosphère. Le long terme donnera raison à Hervé, il est préférable pour l’avenir des générations futures qu’Eric change d’avis le plus rapidement possible.

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frugalité ordonnée

Robert Solé dans son billet (LeMonde du 1er avril 228) traite Antoine Zacharias de « grand serviteur de la Croissance », écrit à juste titre avec un grand C : quand Zacharias reçoit un complément de retraite de 12,8 millions d’euros, il est vrai qu’il représente parfaitement un illustre défenseur de la croissance de Soi. Le problème, c’est que LeMonde reste aussi dans ce même numéro un grand serviteur de la Croissance.

 

            En page 23, LeMonde nous offre une présentation du 19e salon du cabriolet et du coupé qui frise la propagande.  Dans la page suivante, on enchaîne sans pouvoir respirer un air non pollué avec le Mercedes SLK (219 à 255 g/km de CO2) et autres Chrysler (183 à 248 g/km de CO2). Tout s’explique en page 2, la croissance est Kyoto-compatible selon l’analyse de Frédéric Lemaître : « L’homme est en mesure de réparer le mal qu’il a fait » ; « Les chiffrages de Nicholas Stern, de l’OCDE et du GIEC sont contestés » ; « La lutte contre le réchauffement climatique ne passe pas par une réduction de la croissance » ; « Limiter la croissance ne peut que contribuer à maintenir les pauvres dans leur état actuel » ; « Autre raison de ne pas céder aux sirènes de la décroissance… ». Le Maître enfile les affirmations gratuites, laissons-le à son délire.

             La Biosphère préfère lire les vrais analystes, ceux qui ne répètent pas tout le temps la même chose : « y’a bon la Croissance ! ». Il suffit de rester dans LeMonde du 1er avril pour lire dans le supplément économique  une analyse enfin pertinente, celle de Blake Alcott. Il nous montre qu’une restriction de la consommation individuelle ne peut être bénéfique que si elle est organisée et réglementée au niveau mondial. Il nous montre aussi que les principales stratégies prônées pour limiter l’impact de l’humanité sur l’environnement ont déjà été identifiées dès 1974, l’effectif de population (P), la consommation individuelle (A) et l’impact de la technologie (T). Comme ces trois dimensions sont interdépendantes, il faut agir sur tout cet ensemble en même temps. Ces prophètes nous préparaient à penser la décroissance dans les années 1970, mais leurs analyses sont encore marginalisées par mon journal de référence en 2008, sans poisson d’avril.

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aveuglement libéral

Dans sa chronique, Eric Le Boucher (LeMonde du 31.03.2008) épouse parfaitement les thèses de Peter Mandelson commissaire européenne au commerce extérieur, qui proclame : « Je défendrai le libre-échange jusqu’à mon dernier souffle. » D’abord cette position rigide n’est aucunement une pensée ouverte : faudrait-il toujours s’ouvrir aux marchandises, et jamais adopter une idée nouvelle ! D’ailleurs, dans « Système national d’économie politique » paru en 1841, Frédéric List (naît dans le Wurtemberg actuel) pensait déjà que les libéraux se trompaient en croyant qu’il existait des lois générales de l’économie en tout temps et en tout lieu. Pour lui, l’évolution économique de chaque pays dépend de son évolution politique et culturelle. Aussi, on ne pouvait présenter le libre-échange comme modèle incontestable à une Allemagne ravagée par les guerres napoléoniennes et politiquement éclatée.

 

En fait List n’était qu’un libre-échangiste différé : son idéal d’avenir restait l’industrialisation (protection des industries naissantes), c’est-à-dire tout ce qui détruit les ressources de la planète. Nous sommes dans une économie qui s’est mondialisée parce que l’idéologie libérale a pris le dessus et que le transport est resté trop longtemps trop peu coûteux. Cela ne va pas durer. Beaucoup d’experts commencent à faire un lien entre démondialisation et pétrole cher. Aujourd’hui c’est Pascal Lamy, ancien commissaire européen chargé du commerce international, qui nous fait rêver. Directeur général depuis 2005 de l’Organisation mondiale du Commerce (OMC), qui indique dans le Nouvel Observateur du 14 décembre 2006, « la Terre en danger » :

 

« L’histoire nous a donné une leçon, quand il y a perception du danger, les hommes s’organisent pour y faire face. De ce point de vue, le mouvement écologique a apporté sa contribution à la perception de ces dangers.  Cette conscience est plus forte qu’hier et elle progresse. Dans ses principes, l’OMC prévoit que le développement des échanges doit contribuer au développement durable. Vous avez donc le droit, au nom de la protection de l’environnement, d’instituer certains obstacles aux échanges. C’est parfaitement légal dans le système de l’OMC. Même si, comme partout en politique, il y a des arbitrages à faire entre les différentes urgences, entre la liberté et la sécurité, entre la pauvreté et le développement, entre l’environnement et la croissance (…) Les pays ne peuvent aboutir à un accord que si les uns et les autres font des compromis. C’est compliqué et difficile. Mais nécessaire si on veut que cette planète préserve elle-même son intégrité, notamment environnementale. »

 Dans le journal Le Monde, c’est la pensée dominante, celle de Mandelson Le Boucher, qui est exprimée sans nuances dans un article qui conclut : « L’ouverture, c’est la croissance ». Ce sera donc la croissance et le libre échange contre l’environnement.

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baby- golf

Le golf est à la mode, partout dans le monde. Devant les 3000 députés de l’assemblée nationale populaire, le Premier ministre chinois Wen Jiabao a demandé très fermement l’arrêt des constructions de terrains de golf sur les terres agricoles. Il constate que la Chine ne parvient plus à protéger l’environnement. Dans la province espagnole d’Almeria, le paysage de lande rousse et de rocailles est  recouvert de serres sur 27 000 hectares. On pompait l’eau fossile jusqu’à 30 mètres sous terre, maintenant les nouveaux forages puisent à 600 ou 700 mètres. Cela n’empêche pas les touristes de réclamer des terrains de golf.

 Le golf est dévoreur d’espace, boulimique d’eau et financièrement hors de prix. Pourtant LeMonde du 28.08.2008 met la pratique du golf à la portée des enfants. On s’exclame sur Tiger Woods qui a touché son premier club au berceau. On enseigne le baby golf à des enfants de 3 à 6 ans. C’est plus cher que le foot, mais c’est le sport qui plaît au gamin ! Soyons adultes, les enfants ne sont jamais libres de leur choix, ils ne font que suivre la mode. L’article nous présente aussi le golf comme un sport qui enseigne le respect des autres et de l’environnement. Je vous en supplie, Monsieur le journaliste, n’écrivez plus que le golf respecte l’environnement…

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évaluons la recherche

Le CNRS (Centre national de la recherche scientifique) et l’Inserm (Institut national de la santé  et de la recherche médicale) sont invités par le gouvernement à repenser profondément leur organisation, qui risquent d’être ainsi transformés en holdings privées d’autonomie Veut-on découper les organismes de recherche en instituts plus dociles ? Veut-on améliorer la prévisibilité de leur action ? Veut-on oublier toute transdisciplinaire ? Veut-on au contraire un acteur puissant capable d’orienter la stratégie ? (cf. LeMonde du 26.03.2008).

 

En fait la condition première à toute réorganisation n’est pas de restructurer d’une manière ou d’une autre, mais de repenser l’évaluation même de la recherche. Le plus important pour les politiques est de savoir fixer un processus qui conduit à la prise de décision lorsque des questions font controverses. En effet notre incapacité collective à organiser des débats sur les questions techno-scientifiques est la cause de la situation « compliquée », voire inextricable, dans laquelle nous sommes aujourd’hui : nous payons toujours plus pour une société technoscientifique de moins en moins efficace.

 Dans la recherche et l’innovation, il doit y avoir implication accrue des profanes, c’est-à-dire d’acteurs qui ne sont ni scientifiques ni techniciens professionnels. Nous sommes en effet entrés dans une société de connaissance disséminée qu’il faut savoir utiliser. Nous sommes aussi rentrés dans une société de défiance envers les techno-sciences. Sans mise en démocratie effective des choix scientifiques, c’est au bout du compte le marché qui continuera de piloter la recherche. Dans une société ou le lobbying règne en maître, il nous faut affirmer la nécessité de contre-pouvoirs. Il nous faut aussi affirmer que toute recherche possède aussi des limites que le département du CNRS « environnement et développement durable » se doit de rechercher activement !

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futur sans automobiles

LeMonde nous assène régulièrement des articles dithyrambiques sur l’automobile. Ainsi le numéro du 25.03.2008 joue la carte du futur en nous prédisant l’automobile électrique qui deviendrait réalité industrielle. N’exagérons pas tout de suite, les premiers modèles ne seraient commercialisés que vers 2011 et on ne prévoit dans trois ans que 10 000 unités de la voiture (hors de prix) qui serait peut-être mis au point par Bolloré. Une telle succession de conditionnels n’empêche pas l’article de se conclure par un magnifique « Il serait dommage que les voitures ultrapropres de demain se contentent de ressembler à des voitures d’aujourd’hui ».

 

La voiture propre ? Le climat de la Biosphère ne connaît pas de voiture propre avec un moteur thermique. Le moteur électrique ne change pas grand chose, il n’y a que mirage. Avec des batteries électriques, la pollution n’est plus directe, elle est devenue invisible, téléportée dans un univers lointain. Car la batterie miracle au lithium-ion doit être rechargé régulièrement : une voiture électrique a une autonomie d’une petite centaine de kilomètres. Au bout des cosses de la batterie, il y a une prise, des fils, des poteaux électrique, des lignes haute tension, des kilomètres, et là-bas, tout au bout du bout, une centrale nucléaire dont on ne sait pas encore quoi faire des déchets radioactifs de longue durée.

 

Si le journal de référence qu’il faut lire régulièrement parle encore de « voiture propre », la Biosphère sort son revolver ! Bien sûr, ce n’est qu’une image malencontreuse. Si le PDG de Renault peut encore prétendre dans cet article que « La voiture électrique est la seule à offrir zéro émission polluante… », il ne faut pas l’assassiner, un autre Carlos Ghosn prendrait sa place*. Car nous sommes tous responsables, tous ceux qui utilisent une voiture individuelle, la classe globale qui domine notre planète. Mais en fin de compte, c’est la Biosphère qui est assassinée, et avec elle une grande partie des générations futures.

 * Georges Besse, PDG de Renault, a été lâchement assassiné le 17 novembre 1986.

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plus le temps…

Selon des chercheurs américains et canadiens, les émissions anthropiques mondiales de CO2 ont augmenté entre 2000 et 2006 au rythme annuel de 3 %, soit bien au dessus du scénario le plus pessimiste du GIEC (LeMonde du 22.03.2008, page 7). La responsabilité en incombe particulièrement à la Chine qui émet au rythme d’accroissement annuel de 11 %. Le paramètre temps est donc devenu fondamental. Si on voulait obtenir une teneur atmosphérique de 450 ppm (partie par millions) de CO2, il faudrait commencer immédiatement à réduire les émissions mondiale à un rythme de 1,5 % par an. Si l’on différait l’effort de sept ans, il faudrait, pour le même objectif, faire décroître les émissions au rythme de 3 % l’an. En effet, plus le temps passe, plus la température moyenne augmente, moins les océans sont capables d’absorber le CO2. Selon les chercheurs, il ne faut pas seulement chercher à faire décroître les émissions de CO2, il faut donc les éliminer complètement.

Pourtant dans le même temps (page huit), Copenhague accorde déjà au Groenland le partage des revenus espérés du pétrole arctique. Certaines estimations placent dans cette zone un quart des réserves mondiales non prouvées en pétrole. Alors on attend que le réchauffement fasse fondre les glaces de l’Arctique pour produire du pétrole qui accélérera la fonte des glaciers.

  Ere pré-industrielle Aujourd’hui Objectif volontariste Stabilisation climat Rythme actuel
CO2 atmosphérique

280 ppm

360 ppm

450 ppm

550 ppm

 
variation annuelle d’émission     – 1,5 % – 0,5 % + 3 %
Température prévue Stabilité climat augmentation 1,5°C à 3,9° 2°C à 5,2° désastre

                Puisqu’on n’a plus le temps, la Biosphère espère sincèrement la faillite du système thermo-industriel…

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un baril à 30 dollars !

La rubrique breadingviews.com de mon journal de référence (LeMonde du 22 mars 2008) est de plus en plus décalée. Ainsi l’idée générale de « La bulle des matières premières menace d’éclater » fait absolument comme si la raréfaction des ressources naturelles n’était pas une vérité. Edward Hadas s’appuie sur une baisse passagère du pétrole à 104 dollars le baril pour en faire un psychodrame : « L’une des chutes les plus brutales jamais enregistrée… Le baril dégringolant de 11 %… » Ce spécialiste de la désinformation estime que le coût réel du pétrole devrait être situé quelque part entre 40 dollars et 60 dollars le baril. Il se garde bien de justifier le réalisme de cette affirmation gratuite.

 

            Nous devrions tous savoir, et Edward le premier, que le baril à 100 dollars n’est qu’une étape vers le baril à 300 dollars et plus. Edward se réfère à la spéculation et au marché, c’est-à-dire uniquement des indicateurs partiels, à court terme. Si on se réfère au contraire à la loi du long terme selon laquelle tout ce qui devient  plus rare devient plus onéreux, nous allons faire face à une croissance exponentielle du prix de l’or noir. Les ressources en pétrole conventionnel ne  couvrent en effet que 40 années de notre consommation actuelle, et on peut ajouter d’autres causes à l’augmentation des prix. Si Edwards avait lu d’autres articles qui accompagnent à d’autres pages ses affabulations (cf. page « la décennie à venir sera cruciale pour stabiliser le climat), il aurait compris la nécessité de réduire très rapidement les rejets de gaz carbonique : une réduction très rapide des émissions de gaz à effet de serre passe nécessairement par une hausse brutale du prix des ressources fossiles.

 Je voudrais bien savoir quel est l’intérêt occulte défendu par Edward pour raconter n’importe quoi. Je voudrais bien savoir quel est l’intérêt pour LeMonde de passer un tel article sous une rubrique déjà dénoncée auprès du médiateur. Il est vrai que la Biosphère se rappelle encore l’époque pas si lointaine où des « spécialistes » affirmaient sans rire que le prix du baril devait rester obligatoirement en dessous de la barre de 30 dollars.

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imbécile !

Nous sommes tous des imbéciles. Des associations environnementales américaines ont décidé de décerner le Fossil Fool (« l’imbécile de l’énergie fossile ») au principal pollueur mondial peu scrupuleux dans le recours massif aux énergies à la source des gaz à effet de serre (LeMonde du 21.03.2008). Les heureux nominés sont innombrables, le PDG de Général Motors (grosses automobiles polluantes) ou de Bank of America (soutien financier au charbon), le premier ministre de l’Alberta (sables bitumineux), et bien d’autres que méritent de les accompagner. L’opération vise à attirer l’attention sur les personnes qui sont responsables du réchauffement climatique.

 Mais General Motors vit de ses clients, Bank of America de ses déposants, l’Alberta de ceux qui croient que le pétrole doit  être recherché à n’importe quel prix. Il paraît même que nombre d’Américains ne savent même pas d’où proviennent les ressources énergétiques. Ils pensent aussi que leur demander d’éteindre la lumière en sortant d’une pièce serait une atteinte à leur liberté. Les Chinois et bien d’autres veulent imiter les Américains. Nous sommes donc tous responsables, toute la classe globale qui croit que la planète peut se permettre de supporter des voitures individuelles et des climatiseurs à la pelle. Nous sommes tous des imbéciles, et le prix 2008 que nous allons tous recevoir sera très lourd à porter, avec ou sans humour.

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non au libéralisme

Il faut saluer l’efficacité du libéralisme politique qui depuis les différentes déclarations des droits de l’Homme autorise la libre parole contre toutes les dérives de l’autoritarisme. Mais il faut résolument condamner le libéralisme économique et ne pas se contenter, comme le titre du Monde (20.03.2008), de simples critiques contre ses excès.

Le libéralisme économique est fondamentalement pervers, il propose la liberté, mais c’est la seule liberté des riches et des patrons d’entreprise. Ce « libéralisme » repose sur trois postulats qui reposent sur du vide. Le premier réside dans la primauté de l’individu, tous les phénomènes collectifs peuvent être compris grâce à l’étude des décisions individuelles. Ensuite il y a la rationalité individuelle, en poursuivant son propre intérêt, l’individu veut accroître le plus possible sa satisfaction personnelle. Enfin le marché, grâce à la concurrence, est le moyen le plus efficace pour coordonner entre elles les actions des différentes rationalités. Cette idéologie a régné pendant plus de deux siècles, elle a entraîné la plus dangereuse libération des forces productives que la planète ait jamais connue. Mais cette pensée limitée a complètement oublié le substrat qui lui permettait de se développer, les ressources de la planète, la stabilité dynamique de la nature.

C’est pourquoi la société thermo-industrielle est actuellement dans une impasse dont même les spécialistes ne veulent pas encore saisir toutes les implications. Le chômage et la précarisation du travail se développe même dans les pays les plus développés, le libre jeu du marché provoque un cataclysme dans les sociétés encore traditionnelles, et pourtant le monde entier suit des leaders incompétents et pratique le culte non fondé de la croissance illimitée dans un monde fini. Aujourd’hui un système financier en péril demande l’aide de l’Etat après avoir dénigré l’intervention économique de l’Etat depuis Adam Smith (1776). Que les banques fassent faillite, que les entreprises qui basent leur prospérité sur l’argent facile et les faux besoins fassent faillite, que les ménages qui achètent à crédit fassent faillite, que le système tout entier fasse faillite.

Cette faillite généralisée de la mondialisation libérale est la seule solution pour nous rendre enfin compte des vraies catastrophes, le réchauffement climatique, l’épuisement des ressources naturelles, la perte de biodiversité…

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Oui au suicide assisté

La demande de Chantal Sébire au droit à mourir a été refusée par la justice. Atteinte d’une maladie incurable et très invalidante, le tribunal lui a refusé, en l’état actuel de la législation, la prescription d’un produit létal. L’éditorial du Monde (19.03.2008) indique à juste titre qu’il ne faut pas légiférer sous le coup de l’émotion. Mais il pose  clairement le problème de fond : «  Quelles frontières tracer entre la vie et la mort, entre la liberté du malade et l’obligation des médecins ?

 

La convention européenne des droits de l’Homme fait jaillir la contradiction des principes, le droit à la vie (article 2) d’un côté, le droit à la liberté (article 5) de l’autre. Pourtant ce débat a déjà été tranché avec l’autorisation de l’interruption volontaire de grossesse. L’individu peut s’arroger le droit de vie ou de mort dès la conception d’un autre que soi-même, et la société peut prendre en charge l’avortement. Pourquoi faudrait-il que l’individu en toute possession de ses moyens ne puisse pas décider de la continuité ou de la fin de sa propre existence ? Le suicide n’est-il pas un droit que l’on s’arroge même si la société  n’est pas d’accord ? D’ailleurs, c’est la structure globale de la société et le regard qu’une culture porte sur le passage à l’acte qui explique le taux plus ou moins important des suicides. Suicide calme et non pathologique aux Philippines, recherche de l’immortalité en Chine bouddhiste, inadaptation face à la montée de la modernité au Maghreb, suicide apparemment absent en Afrique noire dans les milieux sociaux traditionnels.

 Le parlement français a voté en 1987 un texte spécifique réprimant la « provocation au suicide » et « la propagande ou la publicité en faveur de produits, d’objets ou de méthodes préconisées comme moyen de se donner la mort ». Il s’agissait en  fait d’interdire le livre « Suicide, mode d’emploi. Mais comme aucune loi ne peut empêcher de se donner la mort, pourquoi la société ne donnerait-elle pas à l’individu les moyens de sa liberté ? Où placer une dignité humaine indéfinissable ? Une maladie incurable ne peut-t-elle donner le droit au suicide assisté ? Enfin, si on se place du point de vue de la Biosphère, toute mort consentie n’est-elle pas une délivrance partielle sur une planète ravagée par le poids des humains ? Quand le fait de se donner la mort paraît la seule issue possible, pourquoi ne pas l’accepter. En toute liberté…

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un bac inutile

A quoi sert le bac ? Il s’agit d’enfermer les enfants entre les quatre murs d’un établissement scolaire, il s’agit de passer des centaines d’heures à entrer avec toute une classe d’âge dans la routine d’un programme pour recevoir un diplôme en fonction de sa capacité à se soumettre. Qu’apprend-on à l’école ? Selon Ivan Illich, on apprend que plus on y passe d’heures, plus on vaut cher sur le marché. Une fois qu’un humain se laisse ainsi définir d’après son degré de scolarisation, il accepte sans broncher que des bureaucrates déterminent son besoin de santé, que des technocrates envisagent son avenir professionnel, que sa vie s’accomplisse au service de la méga-machine.

 

Alors, que LeMonde(18.03.2008) nous apprenne que la proportion de bacheliers dans une génération est de 521 000 reçus en 2007 alors qu’il n’y avait que 31 candidats pour toute la France en 1809 n’a aucune importance. Que la proportion de bacheliers dans une génération soit passé de 5,3 % en 1951 pour atteindre les 20,1 % en 1970 grâce à une manipulation du bac qui a fait adjoindre au bac général un bac technologique en 1968 ne nous intéresse pas ! Que ce bac général compte 34,3 % d’une génération (63.6 % tous bac confondus) prouve que la dévalorisation des diplômes a atteint son paroxysme. Alors pour trouver un emploi avec le bac, mieux vaut être parmi la dizaine de candidats au bac TSR (traitement des surfaces) qui sont tellement spécialisés qu’ils trouvent aussitôt un emploi. Mais Ivan Illich a aussi montré qu’une société de spécialistes enlevait toute autonomie aux individus. L’école a obtenu le monopole radical, celui qui s’établit quand les humains abandonnent leur capacité de faire ce qu’ils peuvent par eux-mêmes et pour les autres en faisant confiance à des spécialistes économiquement organisés qui leur deviennent étranger.

 Il ne peut plus être question de vivre en harmonie avec la Biosphère, il s’agit d’accumuler des diplômes…

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pouvoir d’achat, fin d’une illusion

LeMonde argent s’inquiète (dossier du 17.03.2008) : Pouvoir d’achat, quelles solutions ?

 

Il propose une solution pertinente, que chaque famille alléger la facture automobile. La ministre de l’économie propose de prendre son vélo, l’Insee constate une baisse de 4,4 % du nombre de kilomètre parcours en carrosse individuel, l’automobiliste lève le pied devant les radars et même dans l’achat de voiture neuve. Il faut dire que l’automobile est un gouffre financier, deuxième poste de dépense après le logement, avant même le coefficient budgétaire de l’alimentation. Les coûts d’entretien et de réparation explosent, les prix à la pompe n’en finissent pas de s’envoler et ce n’est qu’un début : aujourd’hui le baril à 110 dollars, demain il aura triplé.

 Quand il n’y aura plus qu’une seule voiture par couple, et même moins, notre planète commencera à respirer. Quand les ménages ne s’obstineront plus à construire leur lieu d’habitation le plus loin possible de leur poste de travail, notre planète pourra ouvrir un œil. Quand chacun s’inquiètera d’un climat complètement déréglé par nos gaz d’échappement, alors on retrouvera la sagesse de celui qui ne s’inquiète pas de son pouvoir d’achat, mais du poids que sa consommation fait peser sur notre planète.

Quand nous arriverons à comprendre que la course au plus bas prix nous a amenés au fond d’une impasse, alors nous pourrons jouer enfin à des jeux moins dangereux que l’automobile dans une Biosphère apaisée.

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la F1, à supprimer

La lecture d’un quotidien est un exercice d’autant plus intéressant qu’on peut construire des passerelles entre différents articles à différentes pages. Prenons LeMonde du 15.03.2008. En page 18, un danger terrifiant menace l’humanité, la surabondance d’un or noir qui favorise la politique du toujours plus de Bush et consorts. En effet, ce n’est que si nous laissons le reste du pétrole sous terre (l’article dit les deux tiers, mais le pic pétrolier actuel indique qu’il ne reste plus que la moitié de nos réserves de pétrole conventionnel) que nous pourrons ainsi réduire nos émissions de gaz à effet de serre. Comme une économie concurrentielle ira chercher jusqu’au dernier grain de ressource fossile  qui trouvera preneur sur le marché, il faudra bien qu’une autorité s’oppose à la dynamique marchande. Moins de pétrole et plus d’Etat, c’est la nécessité absolue de notre époque.

 

Mais en page 30, l’énorme titre nous propose d’ « Améliorer le spectacle de la F1 ». La nouvelle saison commence ce dimanche, je ne savais pas qu’il y avait des saisons pour la course automobile. Le directeur d’une écurie (on nous fait croire que les bagnoles, c’est aussi utile que les chevaux) affirme : « J’espère qu’en 2008 on va avant tout parler de sport ». Comme si l’automobile, c’était du sport ! D’ailleurs, ce type payé pour glorifier son gagne-pain avoue : «  C’est sûr, il faut améliorer le spectacle offert par la F1 ; quand tout marche bien, c’est trop prévisible ». En termes clairs, cela ne fait pas de l’audience comme quand Schumacher se fout en l’air.

 Quel rapport entre les deux articles ? Ben, les voitures, ça roule au pétrole ! Magnifier la F1, c’est aller à l’encontre de la nécessité de laisser les dernières gouttes de pétrole sous la terre. LeMonde nous intoxique, comme les autres médias (la F1 sur TF1), au service direct ou indirect du conditionnement publicitaire. Nous n’avons pas besoin que notre quotidien nous parle de Sébastien Bourdais qui « pilote enfin dans la discipline reine », nous avons besoin d’économiser l’énergie, d’aller à l’essentiel, de réduire la pagination des quotidiens. Dans un système concurrentiel, cela ne pourra se faire que si l’Etat intervient…

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villes-poubelle

Après ce second vote pour les municipales, les futurs élus devront se pencher un peu plus sur les déchets et beaucoup moins sur les constructions de prestige…

 

Autrefois gisement de matières premières utiles à l’industrie et l’agriculture, Paris et les autres villes se transforment en amoncellement de déchets. Les chiffons servaient à alimenter la fabrication de papier, le os ont de multiples utilisations, y compris en charbon animal. Un certain Bridet met au point en 1784 le procédé de fabrication de la poudrette, engrais très recherché des laboureurs. Les matières solides sont séchées, laissées à fermenter et broyées pour obtenir un produit inodore libre de pathogènes. Au XIXe siècle, investisseurs et industriels se battent pour avoir le monopole des urines et excréments humains des villes. Un témoin de l’époque remarque : « En Alsace, si l’on pouvait voler les matières de vos lieux d’aisance, on le ferait. » En 1847, la Compagnie Richer rachète ses concurrents pour avoir la haute main sur les déjections parisiennes ; à la fin des années 1860, elle gère les deux tiers de toutes les vidanges.

 

Mais le XXe siècle, en éloignant les villes des campagnes, rompt ces flux d’engrais urbains vers les campagnes. Les vidanges, de plus en plus diluées avec l’extension de la distribution d’eau à domicile, sont de moins en moins faciles à exploiter. L’approche hygiéniste qui s’impose avec la révolution pastorienne transforme définitivement ces matières utiles en déchets déconsidérées. En 1883, le préfet de la Seine, Eugène Poubelle, signe un arrêté qui oblige les propriétaires d’immeubles à déposer leurs ordures dans des boîtes : c’est la fin des chiffonniers. Du coup les environs des villes sont peu à peu submergées de matières non recyclées. (LaRevueDurable, juin-juillet 2007)

 

La Biosphère fonctionne grâce au recyclage, l’urbanisation rompt ce cycle vertueux. La rupture des liens matériels de la ville et de l’industrie avec l’agriculture en fait un parasite. Il faudra bien un jour Réduire, Réutiliser, Réparer, Recycler… et limiter l’urbanisation et l’industrialisation.

 

NB : Tous les articles pour la Biosphère sont archivés et classés sur Internet,

http://biosphere.ouvaton.org/page.php?doc=2007/affichactu2

http://biosphere.ouvaton.org/page.php?fichier=2008/affichactu3

 

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