politique

downshifters

Même le Figaro s’y met (15.10.2007) : « Au diable l’avion (trop polluant), la télé, les fast-foods, les vêtements de marque, le dernier sac tendance… Vive Emmaüs, les légumes bio, le recyclage, le vélo, la vie à la campagne et le savon de Marseille ! Baptisés downshifters aux Etats-Unis, nos décroissants prônent la « slow life », refusant l’« étouffement de l’individu dans cette société dévorée par les objets et la technologie ». Soixante-huitards sur le retour, militants alternatifs, libertaires, mais aussi économistes et universitaires, ces hédonistes frugaux se targuent de conjuguer solidarité et joie de vivre. Les «nonos» (ceux qui disent non) après les bobos ? ».

 

A un Président de la République qui répète à l’envie que « les Français veulent travailler plus pour gagner plus », certains ont envie de répliquer « Cherchons à travailler moins pour vivre mieux ! » Les adeptes de la décroissance, les désengagés (downshifters) travaillent moins et dépensent moins car ils veulent le faire de façon constructive. Ils déterminent ce qui est important et ce qui ne l’est pas dans leur vie. En travaillant neuf heures par jour, vous risquez de devenir directeur et ainsi de finir par travailler douze heures par jour. Voilà ce que disent les gens qui se considèrent downshifters. Ce terme est utilisé par les sociologues pour décrire une tendance à renoncer à sa carrière pour avoir une vie moins stressante mais « de meilleure qualité ». Si on prend un point de vue d’économiste, on constate que la défense du pouvoir d’achat dans les pays riches concerne essentiellement les nouveaux biens de consommation (écrans, ordinateurs, téléphones, gadgets divers) dont tous sont loin d’être indispensables. Alors, à quel moment déciderons-nous que les coûts marginaux de la croissance dépassent les bénéfices marginaux ? A quel moment considérerons-nous dans les pays riches que nous avons atteint le point auquel nous arrêter ?

 

Le révérend Billy (Bill Talen), de la church of stop shopping, a choisi. Il sillonne les Etats-Unis en baptisant des bébés pour les protéger de la société de consommation. Mais les gens aiment acheter. Alors seule une bonne récession pourrait les sauver…

  (pour en savoir plus, dossier Travailler moins pour vivre mieux in Courrier international du 2 au 9 janvier 2008) 

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l’écologie, de droite ou de gauche ?

Selon LeMonde du 2-3.03.2008, l’environnement serait devenu la nouvelle coqueluche des maires : « Tous les partis s’y mettent alors que le sujet était autrefois porté seulement par les Verts. » Alors, l’écologie serait-elle désormais ni de droite ni de gauche ?

Examinons de plus près une étude de cas, Narbonne. Le maire étiqueté div. Droite se pose en défendeur acharné de l’énergie propre. Il est ainsi très fier de l’inauguration d’une crèche à énergie positive (qui produit plus d’énergie qu’elle n’en consomme). Si ce maire avait fait réaliser l’analyse du cycle de vie des produits nécessaires à construire une crèche à énergie positive, il se serait vite rendu compte que la propreté de l’énergie est toute relative. Mais pour la droite, il s’agit de faire vivre les entreprises, toutes les entreprises, il s’agit de produire pour consommer, il s’agit de calculer le profit immédiat à tirer de la marchandisation des enfants.

Le candidat socialiste est fidèle à son image d’homme de gauche : « La crèche à énergie positive, c’est bien, mais en étant un peu moins exigeant en termes de performance, on aurait pu accueillir davantage d’enfants…ce qui devrait être la priorité. » Il veut donc ignorer presque totalement les émissions de gaz à effet de serre et le sort des générations futures qui vivent dans la crèche. Il a     même une optique nataliste, des enfants, encore plus d’enfants, encore plus d’ennuis dans le futur. Il postule la quantité plutôt que la qualité. C’est vraiment un homme de gauche.

 Maryse Arditi, la candidate des Verts, prend la seule position qui vaille, une analyse transversale : «  Le maire de Narbonne fait un quartier durable, mais continue d’urbaniser à 10 km de la ville et de bétonner la crête… ». Maryse est une écologiste historique, elle fait partie du courant vert des Verts, contre le courant noir des anarchistes verts et le courant rouge des opportunistes en vert. Car on sait à quel point les Verts sont divisés, ce qui entrave tout discours constructif et transforme Maryse Arditi en éternelle minoritaire dans son propre camp.

L’écologie n’est ni de droite ni de gauche, elle est ailleurs et partout à la fois, mais les politiques commencent juste à s’en rendre compte !

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Kirkpatrik Sale

Pour te donner envie de lire Kirkpatrik Sale, La révolte luddite, briseurs de machine à l’ère de l’industrialisation (éditions l’Echappée, 2006), quelques citations :

 

– La génération  vivant entre 1950 et 1990 a consommé plus de biens et de services, mesurés en dollars et à l’échelle mondiale, que l’ensemble des générations précédentes de l’histoire humaine.

 

– Le futur des futurologues n’est qu’une amplification grotesque du présent : surcharger encore plus notre environnement de cet amoncellement de déchets qu’est la civilisation industrielle.

 

– Le problème ne réside pas dans le fait d’utiliser une technique ou de s’en abstenir ; toutes les sociétés ont utilisé des outils et la parole elle-même fut l’une des premières techniques. Il réside plutôt dans le fait de savoir si cette technique est bénéfique ou nuisible à ses utilisateurs, à la communauté, à l’environnement, à l’avenir.

 – Comme l’anticipait le panneau surplombant les portes de l’Exposition universelle de Chicago en 1933 : « La science explore, la technologie exécute, l’Homme se conforme ».

– Le régime industriel se soucie peu de savoir qui gouverne l’Etat, pourvu que les dirigeants comprennent ce que l’on attend d’eux. Il s’accommode de la Russie marxiste, du Japon capitaliste, de la Chine soumise, de l’Inde déchirée, de l’Etat juif d’Israël, de l’Egypte musulmane…

 

– L’un des traits de l’industrialisme est de faire un usage intensif des trésors concentrés dans la nature sans égards pour la stabilité et la viabilité du monde qui les fournit. C’est un processus ratifié par des idéologies industrielles tels que l’humanisme, qui en donne le droit, le matérialisme, qui en donne l’explication, et le rationalisme, qui en donne la méthode.

 

– Quiconque est doué de la faculté de sentir ne peut ignorer la catastrophe inhérente à la lutte entre technosphère et biosphère.

 – Rétrospectivement, on ne se souvient pas des luddites parce qu’ils ont gagné, mais parce qu’ils ont résisté. Leur résistance fut dramatique, vigoureuse et suffisamment authentique pour faire entrer les questions soulevées par les luddites dans l’histoire, et intégrer leur nom à la langue.

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Combien sommes-nous ?

Je suis objecteur de croissance, je suis néo-luddite. Avec qui puis-je me révolter ?

 Les néo-luddites, qui remettent en cause la révolution industrielle, sont aujourd’hui plus nombreux qu’on ne l’imagine. Privés des moyens d’expression et du pouvoir dont jouissent les optimistes, ces pessimistes se font néanmoins entendre à l’aide de leurs piles de documents et grâce à un nombre croissant de disciples. On les trouve dans les groupes d’action directe des écologistes radicaux. A l’université, dans des groupes de recherche hérétiques en économie et en écologie, souvent liés au mouvement contre la décroissance (no-growth school). Ils sont dans toutes les communautés indiennes des Amériques qui opposent le biocentrisme à la norme anthropocentriste. Ce sont aussi les activistes qui luttent contre le nucléaire, la nourriture contaminée, la déforestation, l’expérimentation animale, les déchets toxiques, la chasse à la baleine, entre autres aspects du massacre high-tech. On pourrait compter les quelques millions de travailleurs des pays industrialisés licenciés pour motif de robotisation. Ajoutons les millions de personnes qui ont été exposées aux polluants, produits chimiques, poisons , et qui en subissent les conséquences dramatiques. On pourrait enfin trouver des néo-luddites parmi tous les gens qui, suite à l’introduction des nouvelles technologies au travail et à la maison, ont été déroutés, rabaissés, frustrés par des machines incompréhensibles que l’on peut de moins en moins réparer.

 

Partout où ils se trouvent, les néo-luddites tentent de fait entendre ce constat : quels qu’en soient les avantages présumés en termes de rapidité, de commodité, de gain de richesse ou de puissance, la technologie industrielle a un prix ; dans le monde contemporain, ce prix ne cesse de s’élever et de se faire plus menaçant. L’industrialisme, structurellement incapable de se soucier de la terre où il puise ses richesses ou de la destinée humaine (qui sont seulement des « effets externes » selon la  théorie capitaliste) semble vouée inévitablement à atteindre des sommets dans le bouleversement des sociétés et l’injustice économique, si ce n’est dans l’épuisement de la biosphère elle-même. Qu’adviendra-t-il des espèces et des écosystèmes détruits ? Quelles conséquences une fois que la frontière de la catastrophe écologique aura été franchie ?

 In La révolte luddite, briseurs de machine à l’ère de l’industrialisation (éditions l’Echappée, 2006) de Kirkpatrick Sale

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Sarko = Lula

Comme notre planète est de plus en plus malade, la catastrophe est en marche. Mais que font les politiques ? Prenons la déforestation sauvage qui s’aggrave en Amazonie (LeMonde du 1.03.2008). La journaliste pose clairement le dilemme : « Le gouvernement est écartelé entre deux défis, préserver la forêt tropicale et favoriser la croissance ». L’ensemble des pratiques met malheureusement en évidence qu’il ne s’agit pas de préserver la forêt, mais de soutenir la croissance. En effet le président brésilien Lula da Silva ne peut à la fois vouloir accroître l’exportation de biocarburants et préserver la forêt tropicale. Lula tient pourtant les deux discours, c’est un menteur ou un incapable.

 Mais la France ne fait pas mieux en la matière. Le président Sarkozy met en place un Grenelle de l’environnement qui impose de vouloir transformer le quantitatif en modération qualitative. Dans le même temps Sarkozy instaure une commission pour « libérer la croissance » dont il disait à l’avance qu’il respecterait toutes les indications. Sarkozy tient deux discours contradictoires, c’est donc un menteur et un incapable.

De toute façon les élections municipales en Amazonie font en sorte que la ministre brésilienne de l’environnement doit fermer les yeux sur la déforestation alors que le chef de cabinet de Lula reste responsable d’un plan d’accélération de la croissance. Les élections municipales en France ont fait oublier le Grenelle, il faut bien trouver un plan pour augmenter le pouvoir d’achat. Alors que notre planète est de plus en plus malade, les politiques ont tout intérêt à entretenir la schizophrénie ambiante : ils sont élus pour une courte période, pas pour gérer  le long terme. Le monde des humains est bien mal organisé !

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ACV Coca Cola !

 L’analyse du cycle de vie ou ACV est une notion apparue aux Etats-Unis en 1969. Il ne s’agissait pas d’une découverte de théoriciens de l’écologie, mais d’une problématique stratégique initiée par l’entreprise Coca-cola : faut-il mettre la boisson dans une bouteille de verre ou lui préférer le plastique ? On avait pour la première fois comparé non seulement les coûts de fabrication respectifs, mais aussi l’énergie utilisée, la disponibilité des matières premières et la possibilité de recyclage après usage. La comptabilité environnementale s’est alors développée, elle permet désormais de comparer, pour chaque produit fabriqué, les gaz à effet de serre qu’il génère tout au long de sa vie, la pollution de l’air et de l’eau, le décompte des ressources naturelles utilisées, l’impact sur la biodiversité, le coût du traitement ou de la mise en décharge du déchet qu’il devient. Mais l’ACV ne mesure ni la toxicité pour l’homme, ni l’impact sur les paysages, ni le bruit et les odeurs émises, ni surtout l’utilité réelle du produit.

Coca-Cola avait donc découvert en 1969 que les contenants en plastique sont plus respectueux de la Biosphère une fois pris en compte l’essence utilisée pour rapatrier jusqu’aux lignes d’embouteillage le verre consigné. Depuis, les bouteilles plastiques ont conquis le monde entier et le pétrole qui sert à les fabriquer s’épuise. Alors la solution est simple, ajoutez toujours au calcul de l’ACV la démesure de nos besoins actuels, buvez de l’eau et non du coca cola, et vous économiserez la Biosphère.

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de la Boétie

Les textes anciens et inoubliables sont rares. Le texte d’Etienne de La Boétie (éditons arléa, 2007), publié pour la première fois en 1576 est un joyau rare. Extraits :

 

« Comment il peut se faire que tant d’hommes, tant de bourgs, tant de villes, tant de nations endurent quelquefois un tyran seul, qui n’a de puissance que celle qu’ils lui donnent, qui n’a de pouvoir de leur nuire sinon tant qu’ils ont vouloir de l’endurer, qui ne saurait leur faire mal aucun sinon lorsqu’ils aiment mieux le souffrir que le contredire (…) Plus ils pillent, plus ils exigent, plus ils ruinent et détruisent, plus on leur donne, plus on les sert, de tant plus ils se fortifient  et deviennent toujours plus forts. Si on ne leur donne rien, si on ne leur obéit point, ils demeurent nus et défaits, et ne sont rien, sinon que, comme la racine n’ayant plus d’aliment, la branche devient sèche et morte (…) Celui qui vous maîtrise tant n’a que deux yeux, n’a que deux mains, n’a qu’un corps, sinon qu’il a plus que vous tous : c’est l’avantage que vous lui faites pour vous détruire. D’où a-t-il pris tant d’yeux dont il vous épie si vous ne lui donniez ? Combien a-t-il tant de mains pour vous frapper s’il ne les prend de vous ? Les pieds dont il foule vos cités, d’où les a-t-il s’ils ne sont les vôtres ? (…) »

 

Même le régime démocratique a pour La Boétie ses insuffisances : « Il y a trois sortes de tyrans. Les uns ont le royaume par élection du peuple ; les autres par la force des armes ; les autres par succession de leur famille. Pour dire la vérité, je vois bien qu’il y a entre eux quelques différences, mais de choix, je n’y en vois point, la façon de régner est toujours quasi-semblable. Celui à qui le peuple a donné l’Etat devrait être, ce me semble, plus supportable, et le serait n’était que, dès lors qu’il se voit élevé au-dessus des autres, il délibère de n’en bouger point (…) La nature de l’homme est bien d’être libre et de le vouloir être, mais sa nature est telle que naturellement, il tient le pli que l’éducation lui donne. Disons qu’à l’homme toutes choses lui sont comme naturelles, à quoi il se nourrit et s’accoutume. Ainsi la première raison de la servitude volontaire, c’est la coutume ; on ne regrette jamais ce que l’on n’a jamais eu. »

 

Les textes nouveaux sont oubliables à 99,9 % et plus. Relisons les textes anciens inoubliables, ceux qui propagent un humanisme ouvert et nous offrent des armes pour défendre la Biosphère contre ceux qui l’agressent.

  

NB : Tous les articles pour la Biosphère sont archivés et classés sur Internet,

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l’IDD de l’UE

Une tentative d’indicateur de développement durable :

 

Quelques 300 participants étaient attendus à la conférence « Beyond GDP » (au-delà du PIB, mesurer le progrès, la richesse et le bien-être véritable des nations). Cette conférence, organisée par la Commission européenne, en collaboration avec le Parlement européen, le Club de Rome, le WWF et l’OCDE, devait  avoir lieu du 19 au 20 novembre 2007. Un atelier d’experts organisé avant la conférence devait se pencher sur les difficultés communes présentées par l’identification d’indicateurs en complément du PIB. Il en existe plus de 600 au total. L’objectif était d’aboutir à une série d’indicateurs de prospérité économique et de santé environnementale qui soient aussi clairs et attirants que le PIB, à la fois pour le public et les décideurs. » [Source : L’environnement pour les Européens, n° 28 (septembre 2007) édité par l’Union européenne]

 La Biosphère attend toujours la médiatisation des résultats. Entre-temps, Sarko peut discourir ! 

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d’accord avec Sarko ?

Extrait de la conférence de Sarkozy (8.01.2008) : Croissance, changer notre instrument de mesure.

« C’est avec la même volonté de mettre en oeuvre une politique de civilisation que je souhaite engager une réflexion sur les moyens d’échapper à une approche trop quantitative, trop comptable de la mesure de nos performances collectives. Car, si nous restons prisonniers de la vision restrictive du PNB (Produit national brut), nous ne pouvons pas espérer changer nos comportements et nos façons de penser. Si les critères, les indicateurs de la richesse restent les mêmes, comment allons nous changer notre façon de produire et de réfléchir ? (…) Si nous voulons favoriser un autre type de croissance, il faut changer notre instrument de mesure de la croissance.

 

« Là encore, la France veut donner l’exemple en prenant l’initiative de réunir un groupe d’experts internationaux de haut niveau pour réfléchir aux limites de notre comptabilité nationale et du PNB et à la meilleure manière de les surmonter pour que la mesure du progrès économique soit plus complète. Pour qu’elle prenne mieux en compte les conditions réelles et la qualité de vie des Français qui n’en peuvent plus de l’écart grandissant entre des statistiques qui affichent un progrès continu et des difficultés croissantes qu’ils éprouvent dans leur vie quotidienne. Deux prix Nobel d’économie qui ont beaucoup travaillé sur ces questions ont accepté de conduire cette réflexion. Amartya Sen a accepté de m’apporter ses conseils et Joseph Stiglitz de présider le comité d’experts. »

 

Dans la même conférence, Sarkozy estime qu’il faut « un changement profond dans notre civilisation, dans son rapport à la nature, dans l’idée qu’elle se fait de sa responsabilité vis-à-vis de la planète ». La Biosphère aurait donc un nouvel adepte, un élu-philosophe qui prône l’écologie profonde et qui est au sommet d’un Etat !!! Mais c’est un leurre, Sarko n’est pas écolo.

 

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urgence planète terre

Comme le problème du réchauffement climatique est de ceux dont la solution impliquerait plus d’efforts et de sacrifices que nous ne pouvons en imaginer, comme il apparaît que l’effort maximal de chacun serait impuissant à prévenir la tragédie, nous sommes tentés de couper le lien entre l’information et notre réaction. Nous regardons, mais nous ne voyons pas. Nous écoutons, mais nous n’entendons plus.

 

Dans son essence, la dénégation procède de la nécessité, pour les gens dépendants, de s’interdire de discerner un lien entre leur comportement de dépendance (fumeurs, alcooliques…) et ses conséquences destructrices. Or nous sommes devenus dépendants de la conquête de la planète, c’est pourquoi nous refusons de voir qu’elle est destructrice, c’est pourquoi nous trouvons à nos actions des justifications raffinées, c’est pourquoi nous accueillons avec hostilité ceux qui nous avertissent des conséquences de nos actes, c’est pourquoi nous les soupçonner d’intentions subversives. Quand les destructions deviennent quand même évidentes à nos yeux, la résignation s’installe. Mais ce rempart du refus n’est pas impénétrable, dans une démocratie la volonté politique est une ressource renouvelable.

 

Ainsi parle Al Gore dans son livre Urgence planète Terre. Il conserve la conviction qu’il faut faire de la sauvegarde de l’environnement l’épine dorsale de notre civilisation. Cela signifie « s’engager dans un effort pour que chaque décision et chaque traité, chaque loi et chaque institution, chaque tactique et chaque stratégie, en un mot tous les moyens soient employés pour sauvegarder et préserver notre système écologique ». La Biosphère applaudit de ses mains innombrables. Le problème, c’est que les êtres humains sont leurs propres ennemis, et en même temps leurs seuls alliés.

 

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charbon de terre

Les centrales thermiques au charbon se multiplient en Chine. Les générations futures s’affolent : « Au secours ! ». La Biosphère en larmes : « Dieu ne viendra pas à votre secours ».

 

Le charbon de terre a été utilisé très tôt en Angleterre en remplacement du charbon de bois. Dès le XVIe siècle se crée à Londres un « Coal Exchange » géré par les marchands de charbon. En 1800, le monde produit 10 à 15 millions de tonne. Puis l’extraction s’amplifie à partir de la fin du XVIIIe siècle avec la machine à vapeur et les besoins de coke pour les hauts fourneaux. En 1865, la production britannique est déjà de 100 millions de tonnes. A la veille de la seconde guerre mondiale, le charbon s’est généralisée et on en extrait de l’ordre du milliard de tonnes. Le cap des 5 milliards de tonnes est dépassé en 2003 malgré une consommation de pétrole qui dépasse celle du charbon depuis 1967. La consommation des pays émergents, en particulier la Chine, pousse la production à 5,8 milliards de tonnes en 2005. Mais le monde ne dispose plus que de quelques deux siècles de réserve et la combustion de charbon entretient fortement l’émission de gaz à effet de serre et bien d’autres pollutions.

 

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Soif d’eau !

Les humains devront vivre avec des pénuries d’eau, et pourtant ils ne sont pas les seuls à avoir besoin d’eau. Quand on pense aux autres espèces animales et végétales, notre boulimie en eau devient un sacrilège.

 

Pour l’humanité il y a déjà deux mondes. Le nôtre, les pays riches dans lequel le manque d’eau réduit la qualité de la vie et entame la compétitivité économique ; et le monde en développement où, quand les pluies cessent, les populations meurent de faim. C’est ainsi que le directeur de l’eau au ministère espagnol de l’environnement résumait le premier Forum international sur la sécheresse qui s’est achevé le 20 juin 2007 à Séville. On sait en effet que l’humanité sera bientôt confrontée à des sécheresses plus fréquentes, plus longues, plus sévères. Les gouvernements n’y sont pas préparés, les populations encore moins. Il est vrai que nous avons cru pouvoir toujours prélever de l’eau sans limites, mais il n’y a jamais de toujours et il y a des limites. L’espèce homo sapiens entre dans une zone d’incertitudes où les solutions du passé ne fonctionnent plus. Il faudra arbitrer les priorités entre usagers, redéfinir les droits d’accès à l’eau entre urbains, industriels, agriculteurs (qui consomment à eux seuls 70 % de l’eau douce). Pour inciter aux économies, il faudra augmenter le prix de l’eau pour qu’il reflète la rareté croissance, cesser de subventionner les cultures dispendieuses en eau… En fait la difficulté consiste maintenant pour les humains à mettre au moins autant d’ingéniosité à apprendre à vivre de façon équilibrée avec des ressources limitées en eau qu’ils en ont mis à la maîtriser pour la gaspiller.

 

Bien entendu le dessalement de l’eau de mer n’est pas une solution !

 

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Cyclope n’y voit qu’à moitié

« Cyclope », la société d’études et de conseils spécialisés sur les marchés internationaux de matières premières, fait référence. Le rapport 2007 affirmait que la rareté sera le moteur de la hausse qui a propulsé le baril de pétrole pas très loin de 80 dollars en 2006, à 100 dollars fin 2007. La tonne de nickel à 50 000 dollars et le boisseau de maïs à 4 dollars.  Tous les produits se sont appréciés récemment, à l’exception des produits tropicaux puisque la Chine n’est pas intéressé par le café et le cacao. C’est en effet la croissance échevelée ded pays émergents, la Chine en tête, qui aspire goulûment le cuivre de Zambie, le charbon d’Australie, le coton du Burkina Faso, les emballages et les vieux papiers à recycler de l’Europe, le pétrole d’Angola, etc. Les Australiens n’ont pas assez investi dans leurs ports pour répondre à la demande chinoise en matières de minerais ? Les cours du fret maritime explosent. Les projets de mines en Nouvelle-Calédonie se heurtent à des oppositions environnementales ? Le cuivre atteint des sommets. Le réchauffement climatique et la mode des biocarburants raréfient les céréales ? Le prix du maïs fait le bonheur du Midwest et la détresse des consommateurs mexicains d’une tortilla en hausse de 80 %.

 

Philippe Chalmin, fondateur de Cyclope s’alarme : « Je me fais du souci pour le défi alimentaire qui nous attend, car l’homme aura encore besoin de 1 700 calories pour survivre. » Mais Cyclope préfère clore sont rapport sur le marché de l’art, bon critère paraît-il des perspectives d’avenir. Le portrait d’Adèle Bloch par Klimt adjugé pour 135 millions de dollars, foutaises ! L’art est un très mauvais indicateur des véritables richesses. Il n’existe aucun critère objectif de la vulgarité ou de la distinction, il n’y a aucun sens à donner à une œuvre artistique, il n’y a ni passé ni avenir dans le domaine de l’art pour l’art. Par contre un baril de pétrole à 400 euros bientôt, et la face de la Biosphère en sera changé.

 

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faim de plomb

Même quand le recyclage est possible, la Biosphère ne peut fournir plus que ce qu’elle possède ; elle a été pillée par les générations présentes, les générations futures s’en souviendront amèrement…

 

Dans la course à la hausse du prix des matières premières, le plomb a sans contexte le maillot jaune : entre janvier et juillet 2007 le prix du métal mou a doublé. Alors qu’il se traînait à 500 dollars la tonne jusqu’en 2003, il a atteint 3505 dollars le 20 juillet. Il est pourtant handicapé par ses inconvénients sanitaires, on ne peut en effet sous-estimer les dangers de saturnisme et de cancer. La directive européenne entrée en vigueur le 1er juillet 2006 limite son emploi dans les produits électriques et électroniques. Mais la demande continue de croître de 2 % chaque année depuis 2003, tirée par les batteries et les piles qui représentent 71 % de la production (12 % pour les pigments, 6 % pour les munitions…). La fringale des pays émergents pour l’automobile et l’électricité, et donc pour les batteries ne va rien faire pour atténuer cette évolution.

 

Plus généralement les matières premières sont entrées dans une spirale inflationniste qui ne pourra que s’accroître au fil des années avec la raréfaction de la ressource. Vu la consommation actuelle, les réserves de plomb sont estimées selon les sources entre 44 et 47 années, pas beaucoup plus que les réserves de pétrole ! Les plus grands gisements se trouvent aux États-Unis, en Australie, en Russie et au Canada. Affectée par la considération des effets toxiques du plomb, la production minière a légèrement baissé depuis 2003.

 

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anchois et thonailles

Pour trancher entre les amis de pêcheurs et les amis des poissons, Bruxelles s’appuie sur la loi de la nature que dévoile l’analyse scientifique. Contre cette loi, les intérêts particuliers ne peuvent s’exprimer, sauf à remettre en question l’intérêt des générations futures. La Biosphère a toujours raison, même quand c’est le président Sarkozy qui promet un assouplissement des quotas de pêche en disant ce genre de connerie : « On ne peut plus avoir d’un côté les scientifiques, de l’autre les pêcheurs. La pêche est globale et les premiers à défendre la ressource sont les pêcheurs »..

 

Revenons sur le passé. Comme en 2005 et 2006, la Commission européenne avait décidé la fermeture de la pêche à l’anchois dans le golfe de Gascogne le 29 juin 2007. Le 1er juillet, les marins pêcheurs bloquaient des ports en Loire-Atlantique et en Vendée. Dans le même temps à Marseille, des thoniers manifestaient pour protester contre les règles plus strictes de capture du thon rouge qui interdisent la thonaille, filet maillant dérivant haut de 7 à 8 mètres et d’une longueur comprise entre 3700 m et 9260 m. Sur la pêche à l’anchois, l’avis du Comité scientifique de la pêche (CSTEP) était pourtant clair : « La quantité de poissons adultes reste très basse. Le stock d’anchois est bien en dessous des niveaux de sécurité biologique puisque le volume des captures a été très bas cette année ; il s’agit d’ailleurs principalement de poissons âgés qu’il importe de protéger, chacun d’entre eux revêtant une grande importance pour le renouvellement du stock, ces adultes étant la seule chance de reproduction l’année suivante ». Pour le Comité des pêches de La Turballe, comme les anchois ne vivent que trois ans, on pourrait « pécher les plus vieux qui de toute façon vont bientôt mourir. » Admirez la contradiction des deux discours !

 

La sur-pêche met en péril la ressource, et l’avis des mécontents ne pourra faire changer les données objectives  de raréfaction de la ressource halieutique. Les amis des poissons sont les amis des pêcheurs, le contraire n’est malheureusement pas vrai.

 

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irréversibilité ?

Les scientifiques préconisent une approche écosystémique de la pêche, c’est-à-dire une considération du stock et de tous les autres éléments de son écosystème, nourriture disponible, prédateurs, interaction avec l’intensité de la pêche… Mais pour que les humains participe à la gouvernance en cogestion avec la Biosphère, il faudra bien que leur pression actuelle sur  les écosystèmes diminue de façon plus que proportionnelle à la diminution des ressources.

 

Le rapport de la FAO sur la situation mondiale des pêches a été publié en mars 2007. L’exploitation des poissons libres continue son déclin, 95 millions de tonnes en 2004 et 93,8 millions en 2005. La moitié des stocks marins est à la limite de la surexploitation, un quart est surexploité, un quart seulement présente encore un potentiel de progression. Des groupes d’espèces voient leur survie menacée, en particulier les poissons des grandes profondeurs, ainsi que certaines familles de requins et de grands poissons migrateurs. Une étude publiée dans Science (novembre 2006) suggère que si rien ne change, la quasi-totalité des espèces péchées verraient leurs effectifs diminuer dramatiquement d’ici 2048. En effet, quand un stock est gravement atteint, la situation devient souvent irréversible. C’est ainsi le cas de la morue (cabillaud) de Terre-Neuve, dont la population s’est effondrée en 1992 et qui ne se reconstitue pas malgré un moratoire.

 

L’aquaculture de son côté progresse, avec 45,5 millions de tonnes en 2004 et 47,8 millions de tonnes en 2005. Ce secteur augmente en moyenne de 8,8 % depuis 1970, un rythme soutenu.  Mais là aussi le taux maximum de croissance semble avoir été atteint : saturation des lieux d’exploitation possible et dépendance d’une grande partie de l’aquaculture à l’égard des petits poissons péchés en mer pour nourrir des carnivores.

 

NB : Tous les articles pour la Biosphère sont archivés et classés sur Internet,

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Es-tu piquiste ?

Si nous ne devons pas tous piquistes, l’espèce humaine obtiendra ce qu’elle mérite … Les humains ont dépassé le pic pétrolier et bien d’autres pics de matières premières indispensables à notre vie dans la Biosphère. La VIe conférence de l’ASPO (Association pour l’étude du pic pétrolier) a eu lieu à Cork les 18 et  19 septembre 2007. James Schlesinger, secrétaire d’Etat américain à l’énergie du gouvernement Carter, avait donné le ton : « Nous sommes tous piquistes maintenant. Conceptuellement, la bataille est terminée, les piquistes ont gagné, vous avez mis tout le monde d’accord ».

 

Le pic de production est le moment où le débit de l’extraction de pétrole atteint un maximum. Il se produit à peu près quand la moitié des réserves a été exploitée. Il peut être repoussé jusqu’à ce que 60 % des réserves aient été extraites, rarement plus sur un gisement donné. Le processus est le même sur l’ensemble des gisements. L’Aspo estime que le pic pétrolier est atteint en ce moment, il le sera de toute façon avant l’an 2010. Alors la rareté dont on aura conscience va faire bondir les prix. Mais le pétrole est indispensable pour notre alimentation (engrais, pesticides, gaz oil…), pour notre chauffage, pour nos déplacements. Sa pénurie va donc entraîner des désagréments en chaîne : récession économique, inflation, déficits commerciaux, chômage, déficits budgétaires, asphyxie des villes, explosion des inégalités, famines ici et là. D’ailleurs James Schlesinger pense, côté changement climatique, qu’il n’y a plus qu’à prier parce que les Chinois construisent deux centrales à charbon par semaine et qu’ils n’ont pas vraiment l’intention de s’arrêter.

 

De plus il n’y a pas d’alternatives au moteur à combustion interne qui équipe plus d’un milliard de véhicules sur le globe. Les carburants liquides CTL (Coal to liquid) ou le GTL (Gas to liquid) offrent des perspectives limitées en raison de leur très mauvaise efficacité énergétique et de la menace qu’ils font peser sur le  climat ; les agrocarburants font concurrence avec la production alimentaire ; l’électrification reporte le problème sur la production d’électricité sans parler du problème des batteries. Pourtant le Los Angeles Times n’a jamais cité depuis un an le terme « peak oil » ! (pour en savoir plus, les excellents articles d’Emmanuel Broto dans le n° 44 du mensuel La décroissance)

 

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Comment agir ? Sur l’offre !

Pour réduire les émissions de gaz à effet de serre, mieux vaudrait que le carbone reste sous terre. Mais à Bali (13ème conférence de l’ONU sur les changements climatiques), la rencontre est venue confirmer l’inconséquence des décideurs et des parties prenantes. Il est sidérant de constater que les acteurs politiques et les représentants du monde associatif présents à Bali ont la même vision réductrice de l’état d’urgence engendré par les gaz à effets de serre. Dans le dernier rapport du GIEC de novembre 2007, il est préconisé que les pays industrialisés divisent par 20 leurs émissions de gaz à effet de serre. Or, cela fait plus de cinq ans que les stratèges du climat préconisent une simple réduction par quatre pour ces pays-là. Comment expliquer ce négationnisme de l’urgence ? Déni, aveuglement, lâcheté ? Aux sommets de La Haye en 1998, à Marrakech en 2001, à Johannesburg en 2002, les mêmes mots sont ressassés : « pas décisif », « grande avancée », « processus volontariste ». Mais les ravages des dérèglements climatiques s’amplifient.

 

Une meilleure façon de concevoir un plan climat serait de s’intéresser aux extracteurs d’énergies fossiles et aux sources de l’offre énergétique, plutôt qu’aux émetteurs et à la demande. Kyoto avait cette ambition folle de contenir les émissions de milliards de personnes, de tous les conducteurs individuels d’automobiles, de toutes les industries mondiales. Par contre dans les pays producteurs, le pétrole est généralement nationalisé, cela reviendrait à ne devoir négocier qu’avec les gouvernements. Nous réduirions ainsi le nombre d’interlocuteurs à convaincre de plusieurs milliards à une douzaine. En se maintenant dans le paradigme de réduction des émissions de gaz à effets de serre par la limitation de la demande, les négociations sont passées à côté du paradigme décisif de la décroissance de l’extraction des ressources fossiles.

 

Prenons l’exemple d’une personne en partance pour un long voyage, en plein dilemme, seule face à sa conscience d’écocitoyen. Cet individu doit partir en Amérique Latine : prend-t-il ou ne prend-t-il pas l’avion ? Du côté de la demande, il y a deux manières de croire que l’on est vertueux : on peut ne pas prendre l’avion, mais il décollera certainement quand même. On peut aussi s’acheter une indulgence : compenser son émission excessive de gaz à effet de serre en payant quelques arbres, en contribuant à la reforestation de pays dévastés. Ce genre de « compensation carbone » est un luxe que seuls les très riches peuvent se permettre et cela n’a pas d’impact immédiat, ni même réellement efficace sur l’absorption de CO2.

 En revanche une mesure réellement effective serait envisageable du côté de l’offre, en réussissant à convaincre un pays producteur comme l’Arabie Saoudite de modérer sa vente. Si elle consentait à ne plus produire que 9 millions de barils par jour, au lieu des 10 habituels, cela constituerait une réduction équivalente d’émissions de gaz à effet de serre. L’offre de pétrole diminuerait, par conséquent, les prix augmenteraient ce qui garantirait un revenu en pétrodollars à peu près équivalent pour l’Arabie Saoudite. Cette mesure alternative aurait prise sur le réel, et c’est ce qui a cruellement manqué à Bali.

Yves COCHET (Mathématicien, ancien Ministre de l’Environnement, Député de la 11e circonscription de Paris)

 

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mangeons autrement

Le modèle alimentaire des peuples occidentalisés nécessite un système qui utilise beaucoup trop d’intrants (engrais et pesticides), repose sur une industrie agroalimentaire puissante (aliments transformés prêts à être consommés), et façonne une demande qui ne tient plus compte des saisons ni de l’origine géographique des produits. Cette aberration agro-alimentaire inverse aussi le rapport végétal/animal dans les sources de protéines. Ce modèle n’est pas généralisable, les surfaces agricoles seraient insuffisantes : il faut de trois à quinze fois plus de terres pour produire la même quantité de protéines sous forme animale que sous forme végétale. De plus, l’OMS indique que d’ici à 2020, les deux tiers de la morbidité mondiale seront imputables à des maladies associées à une alimentation comportant davantage de denrées alimentaires raffinées, d’aliments d’origine animale et de graisses.

 

Il faudrait donc changer de modèle agricole, manger beaucoup moins de viande, cesser d’importer des produits hors saison, relocaliser de nombreuses productions et redécouvrir le charme des aliments complets. Reste à savoir si nous saurons faire cette mutation avant qu’une crise mondiale ne nous y contraigne dans la douleur. La Biosphère sera insensible aux souffrances que les humains se seront infligées à eux-mêmes…

Nous sommes tous potentiellement des défenseurs de la Nature,donc des objecteurs de croissance. A toi de le prouver…

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François Ramade

L’actualité n’a pas d’importance en soi, l’important c’est ce qu’on fait de l’actualité, si on la juge ou non digne d’intérêt. La perte de biodiversité s’accroît tous les jours, mais personne n’y prête attention Pourtant François Ramade, professeur d’écologie et de zoologie à l’université de Paris-Sud, est clair :

 

« Les épisodes géologiques d’extinction massive ont certes pu provoquer de véritables hécatombes parmi les espèces vivantes. Toutefois, même les cinq d’entre eux qui furent les plus apocalyptiques se sont néanmoins effectués sur des durées se chiffrant en centaines de milliers, voire en millions d’années. Le sixième épisode d’extinction massive, celui auquel nous assistons actuellement, est le seul fait de l’action de l’homme et d’effectue à une vitesse 1000 à 10 000 fois supérieure à celle des plus rapides extinctions géologiques du passé ! Ainsi il est estimé que la destruction des forêts pluvieuses tropicales conduirait, à son rythme actuel, à la disparition de la moitié des espèces qui les peuplent, soit au minimum quelque 2,5 millions d’espèces vivantes d’ici à 2050. La situation est proportionnellement pire encore dans de nombreux groupes d’animaux. Ainsi sur les 4000 espèces de mammifères peuplant la biosphère, plus de 1000 sont dès à présent menacées de disparition.

 On ne peut éluder la dimension éthique justifiant la conservation de la biodiversité. En vertu de quelle autorité notre espèce pourrait-elle s’arroger le droit de procéder au cours du présent siècle à l’ultime génocide, sans précédent dans l’histoire de l’humanité, qui tiendra à l’anéantissement de plusieurs millions d’espèces vivantes ? La conservation de la biodiversité apparaît comme un impératif catégorique pour la communauté des nations. Il s’impose à l’ensemble des humains de prendre conscience de l’interdépendance de leurs actions sur l’environnement global, en particulier des conséquences désastreuses de l’utilisation anarchique des ressources naturelles. Les conséquences écologiques globales qui en résultent compromettent de plus en plus l’équilibre de la biosphère. Il n’est donc pas exclu, en définitive, que si notre espèce ne met pas en œuvre les mesures radicales qui s’imposent pour inverser les tendances actuelles, elle ne connaisse à son tour le sort des dinosaures dans un avenir plus rapproché qu’on ne pourrait l’imaginer. »

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