sciences et techniques

le cycle infernal des OGM

Il y a les pays qui ne se posent pas de question : en 2006, 21 pays cultivaient déjà des OGM sur 90 millions d’hectares alors que l’agriculture biologique ne représentait que 26 millions d’ha. Il y a la commission européenne qui autorise aujourd’hui quatre OGM sans respecter l’avis de Etats (LeMonde du 5 mars 2010). Et il y a les opposants purs et durs qui ont des arguments.

Alors que les plantes fabriquent naturellement des insecticides pour se protéger des parasites, la sélection industrielle a fait perdre cette propriété. Ainsi les variétés traditionnelles de maïs produisent une substance quand elles sont atteintes par la chrysomèle qui ravage les champs. Cette substance émise par les racines attire des nématodes qui s’attaque aux larves de chrysomèle. L’« amélioration végétale » ayant éliminé cette défense naturelle, il fallait rechercher dans des maïs rustiques la molécule bienfaisante pour l’inclure dans un OGM. Le progrès répare ainsi les méfaits du progrès, le cycle du profit est bouclé. L’industrie détruit la nature et fait semblant de réparer  tout en détruisant la petite paysannerie.

Pourquoi ne pas recourir aux semences rustique que conservent encore quelques paysans ? Pour l’idéologie ambiante, ce serait revenir en arrière, retourner à la bougie. Pour la biosphère, ce serait la seule solution durable : il faut soutenir le retour des paysans et programmer la fin des chimères génétiques.

NB : Informations techniques apportées par Jacques Testard, revue La décroissance, mars 2010

 

nanotechno, débat pipeau

Les nanomatériaux sont déjà présent dans un millier de produits usuels et on vient juste de terminer en France la consultation sur « les enjeux, les promesses et les dangers des nanotechnologies ». Ce pseudo-débat avait été mis en place pour soi-disant éclairer le gouvernement ; comme d’habitude les entreprises ont mis le pouvoir politique devant le fait accompli ! Comme l’anticipait le panneau surplombant les portes de l’Exposition universelle de Chicago en 1933 : « La science explore, la technologie exécute, l’Homme se conforme ».  Contre la toute-puissance de la technique, les résistances ont été abolies depuis deux siècles. Les luddites (ou briseurs de machines) ont perdu rapidement, au moment même où la loi a fait de la destruction des machines un délit passible de la pendaison.  Aux Assises de décembre 1812 en Angleterre, quatorze hommes furent pendus et six envoyés aux galères : les machines étaient devenues plus importantes que les hommes.

Depuis l’emprise de la technique sur la destinée humaine n’a fait que s’accroître ; le faux débat sur les nanotechnologies ne fait que succéder aux faux débat sur l’énergie nucléaire ou les biotechnologies ; la jeunesse mondiale s’adonne ad nauseam aux délices des écrans. Mais il en sera des techniques dures comme de n’importe quoi dans cette biosphère, tout a une fin. Partout où ils se trouvent, quelques néo-luddites tentent de fait entendre ce constat : quels qu’en soient les avantages présumés en termes de rapidité, de commodité, de gain de richesse ou de puissance, la technologie industrielle a un prix ; dans le monde contemporain, ce prix ne cesse de s’élever et de se faire plus menaçant. Les luddites ne sont pas opposés à toutes les machines, mais à « toutes les machines préjudiciables à la communauté ». Les briseurs de machines se multiplieront bientôt contre la tyrannie technologique, après que les grandes pannes d’électricité auront montré aux populations occidentalisées que ce système techno-industriel ne pouvait pas durer.

NB : Après avoir décrété un « état d’urgence électrique », le président vénézuélien Hugo Chavez a annoncé, lundi 8 février 2010, un plan de rationnement. En province, les coupures d’eau et d’électricité sont quotidiennes.

PS : Pour les raisons du fiasco du débat nanomètriques (aussi petit que le milliardième de mètre), lire LeMonde du 25 février.

la fin de la bagnole

La mode du « développement » est une croyance contemporaine qui affecte aujourd’hui des milliards de croyants, même s’ils habitent Haïti. Au niveau du vocabulaire, cette croyance mondialisée au « développement » repose sur le point IV du discours du président Truman en 1949. La mise en pratique précède la théorie, elle débute avec la Ford T, née en 1908 et dont le 10 millionième exemplaire sort des usines en 1924. L’ère de la production et de la consommation de masse débute avec cette voiture moins chère qu’un cheval et destinée à tous dans un maximum de pays. LeMonde du 15 janvier titre de façon justifiée (mais sans doute  inconsciente) « le rêve renouvelé de la voiture mondiale » ; cette grande aventure motorisée va bientôt se terminer. Car ce n’était qu’un rêve et la mondialisation de la Focus ou la fabrication de la  Tata Nano ne va rien changer, tout au contraire, cela accélère la fin inéluctable de la bagnole. Les Indiens ou les Chinois n’atteindront jamais les niveaux d’équipement du monde occidental.

En effet, le déplacement d’une voiture gaspille une ressource fossile mise par la nature gratuitement à disposition de la civilisation thermo-industrielle. Mais, contrairement à l’usage d’un cheval, cette source d’énergie n’est pas renouvelable : plus on fabrique de voitures, plus on accroît l’imminence du pic pétrolier, ce moment où la production de pétrole va diminuer inexorablement. Alors nous nous rendrons compte que la voiture pour tous n’était qu’un rêve, entretenu par une pression médiatique et publicitaire absurde dont même LeMonde se fait régulièrement l’écho. Absurde ? Comme nos infrastructures, nos modes de production et de loisirs, nos modes de consommation et même notre alimentation dépendent du pétrole, la fin du pétrole ne sonnera pas seulement le glas de la bagnole, mais l’effondrement d’une civilisation.

Pour de plus amples informations, lire le livre de Richard Heinberg, The Party’s Over. War and the Fate of Industrial Societies, (2003) traduit en français par Pétrole : la fête est finie ! (2008).

Les arguments de Claude Allègre en débat

Nous avons (sur ce blog ou ailleurs) été souvent confrontés à l’interrogation de citoyens qui avaient vu (ou lu) Allègre: « Il paraît crédible, je ne sais plus quoi penser, où est la vérité ? »  Claude Allègre a en effet les faveurs des médias, écrit des livres aussi souvent qu’il respire, s’impose un peu partout. Claude Allègre est donc quelqu’un de foncièrement dangereux car il participe d’une manipulation de l’opinion publique par la négation du réchauffement anthropique, le culte du progrès technique, le dénigrement de l’écologie véritable, la désinformation scientifique. Quel est son discours ? Que peut-on répondre ?

8/14) Claude Allègre contre les conférences internationales

Allègre) : Kyoto a été l’exemple de cette attitude incantatoire autant qu’inefficace : dix ans après, les émissions de CO2 ont augmenté de 50 % ! Et Copenhague s’annonce comme devant être du même tabac ! Croit-on qu’avec un tintamarre diplomatique ou médiatique l’Inde et la Chine vont abandonner leur développement fondé sur le charbon ?

Biosphere : Claude, pour une fois, je suis entièrement d’accord avec toi, les palabres diplomatiques de la mise en œuvre du protocole de Kyoto n’aboutissent pas à une action à la hauteur des enjeux. L’échec de Copenhague en est la démonstration finale.Mais il ne suffit pas de constater, il faut se mettre au service de ceux qui oeuvrent pour changer nos modes de vie qui utilisent pétrole et charbon à profusion. Or tu te contentes de dénigrer. Ce n’est pas très « productif ». Je peine à savoir avec toi ce qu’il faudrait faire pour lutter contre le réchauffement climatique, à part ta croyance absolue dans de possibles innovations techniques.

9/14) Claude Allègre pour techniciser la planète entière

Allègre : La solution, n’est-elle pas dans l’innovation ? Ne faut-il pas d’abord développer les technologies de capture et de stockage du CO2, les voitures électriques, hybrides ou à hydrogène et les technologies alternatives pour le chauffage comme le photovoltaïque, la géothermie et l’isolement ? Mais là encore en étant conscient des problèmes sachant par exemple que dans l’état actuel des choses les réserves mondiales d’indium, métal indispensable à la technologie photovoltaïque, sont inférieures à dix ans !

Biosphere : Tu rabâches, Claude, tu rabâches. Toujours ton antienne sur l’innovation qui va sauver (peut-être). Une attitude responsable serait de présenter des solutions à nos problèmes créés par la technique en utilisant les techniques actuelles. Comme on ne peut pas le faire, il faut se résoudre à prendre les problèmes à leur racine, et critiquer les techniques qui nous mènent au désastre. Il ne faut pas rêver de voitures électriques, il faudrait condamner résolument l’utilisation de véhicules personnels, procès de déplacement qui n’a aucun avenir durable. Le fordisme a réussi, il couvre nos territoires d’autoroutes, il n’entraîne pas plus de bonheur et détraque les équilibres naturels. Mais le pic pétrolier est pour bientôt, il n’y a pas que l’indium qui viendra à manquer.

10/14) Claude Allègre contre le nouvel ordre écologique

Allègre : Je ne veux pas comme le dit Marcel Gauchet que « l’amour de la nature dissimule la haine des hommes ». Et tant pis si ce n’est pas à la mode, si je me réclame de la philosophie des Lumières et si, comme Luc Ferry, je refuse le Nouvel Ordre écologique.

Biosphere : Luc Ferry est bien plus  nuancé que tu ne veux le dire. Il avoue en fin de livre que le « nouvel ordre écologique » pose de vraies questions : « Personne ne fera croire à l’opinion publique que l’écologisme, si radical soit-il, est plus dangereux que les dizaines de Tchernobyl qui nous menacent. Et l’on pourra disserter tant qu’on voudra sur l’inanité des thèses anti-modernes agités par les nouveaux intégristes, il n’en reste pas moins insensé d’adopter aujourd’hui encore l’attitude libérale du « laisser faire, laisser passer ». Il faut, écrivait-il aussi, admettre que les écosystèmes sont mieux agencés par eux-mêmes alors que la plupart des constructions humaines s’avèrent le plus souvent si fâcheuses qu’elles requièrent la plus grande prudence. Il faudrait donc élaborer une théorie des devoirs envers la nature. Comme tu le vois, Claude, ta copie sur l’écologie « non productive » est vraiment trop superficielle et mérite qu’on t’enlève ton statut de scientifique pour revêtir celui d’intégriste de la croissance. La preuve, ta capacité à faire parler de toi dans les médias montre bien que tu as les faveurs d’un système thermo-industriel qui est en train de saccager notre planète.  Le journal Libération n’est plus tellement cet instrument de libération de l’homme qu’il voulait être à ses débuts.

11/14) Claude Allègre pour le négationnisme climatique

Dans la rubrique Vu&commenté du Monde du 20 mai 2008, le faux écolo Claude Allègre ne croyait pas à un réchauffement climatique d’origine anthropique. Il parlait même d’une escroquerie scientifique menée par des centaines de spécialistes du climat dans le cadre du GIEC.

Pourquoi donc LeMonde a-t-il donné tant de fois la parole à cet égocentrique cultivant une notoriété malfaisante grâce à ses jugements personnels à l’emporte-pièce ? Pourquoi LeMonde a-t-il cultivé un sensationnalisme inutile ? Il est donc évident que si un ancien ministre, scientifique de formation, peut se permettre encore un négationnisme climatique, c’est qu’il se sent soutenu à la fois par des scientifiques dévoyés par l’appât du gain ou de l’esbroufe, et par des médias au service d’une société tout entière vouée au dieu Hydrocarbure. Dans ce contexte, quel politique aurait le courage de prôner la taxe carbone généralisée sans exonérations ni exemptions ?

12/14) Claude Allègre confond la météorologie et la climatologie

Claude Allègre : « Dès lors qu’on est incapable de prédire le temps de façon sérieuse au-delà de quatre jours, anticiper le climat à un siècle de distance est une fumisterie. » (Le Figaro magazine, 28 novembre 2009).

Stéphane Foucart sur la question Peut-on prédire le climat quand on ne sait pas prévoir la météo au-delà de quelques jours ? : « La météorologie s’intéresse à des phénomènes chaotiques, dont l’évolution au-delà de quelques jours est par essence imprévisible. Elle tente de décrire l’évolution du temps à partir d’une connaissance fine des conditions atmosphériques en cours, que les modèles numériques prolongent. La climatologie est une science statistique. Elle s’appuie sur les bases de données de la météorologie et se nourrit des moyennes des mesures physiques, dans l’espace et dans le temps. Mais elle se nourrit d’autres disciplines, comme la glaciologie, l’océanographie, l’astronomie, pour reconstituer les climats du passé et tester ses modèles numériques. Ceux-ci peuvent ensuite simuler l’avenir, en fonction de la variation de la concentration des gaz à effet de serre. Pour prendre une image, la trajectoire de chacun des jets d’un pommeau de douche est difficile à prévoir (météo), mais on peut prédire quand la baignoire débordera (climatologie). » (LeMonde du 6-7 décembre 2009)

 

13/14) Claude Allègre ignore le CNES

Claude Allègre va encore râler, lui qui est à classer parmi les négationnistes (négateurs) du réchauffement. En effet, depuis environ un siècle et demi que les températures sont régulièrement relevées, aucun décennie ne s’est révélée plus chaude que 2000-2009. Et l’année 2010 pourrait battre tous les records malgré un soleil en faible activité (LeMonde du 29 décembre). Pourtant Allègre se permettait de dire dans le Figaro magazine du 28 novembre que les climatologues, gens « scientifiquement pas sérieux », se consacrent à la modélisation « sans aucune considération pour l’observation » et qu’« il faudrait un grand plan spatial pour améliorer nos connaissances sur l’atmosphère et l’océan, car il n’y a plus de grandes missions sur le climat depuis vingt ans ».

Un démenti cinglant lui ait apporté par Jacques Blamont, conseiller du président du CNES (centre national d’études spatiales) dans le Figaro magazine du 24 décembre : « De nombreux instruments portés par des satellites fournissent quotidiennement les bases de la discussion en cours sur le climat. La constellation de cinq satellites A-Train (2004) étudie les nuages et les aérosols ; les glaces polaires sont connues grâce aux images de EOS, Envist et DMSP, et aux mesures de gravité de Grace et Goce ; le niveau des mers par Topex-Posédion, Jason I et II ; les variations spatio-temporelles des émissions des gaz par Iasi, OCO et Gosat ; la salinité de la surface océanique par Smos, lancé il y a peu. Le cycle de l’eau sous les tropiques sera étudié par Megha, et j’en oublie. A partir des données recueillies s’élaborent des modèles qui tentent de traduire la complexité des phénomènes. Contrairement à ce qu’affirme l’ex-ministre (qui, lorsqu’il était au gouvernement, a diminué les crédits du CNES deux années de suite), la communauté scientifique et ses agences spatiales assurent aujourd’hui le programme mondial de recherches climatiques qu’exige la situation. Il est constitué d’une quantité de missions, déjà fort coûteuses, loin de l’idée d’une « grande mission », bonne pour les tréteaux médiatiques. »

 14/14) Claude Allègre et la fuite en avant technologique

En novembre 2007, lors du lancement d’un fonds d’investissement dédié aux valeurs d’environnement, Claude Allègre prit la parole. Il s’insurgea contre le concept de décroissance, « cette idée qui me paraît horrible, à savoir : nous nous sommes goinfrés, et par conséquent nos enfants doivent vivre dans la frugalité, ils devront se serrer la ceinture ». Non, proclama-t-il, « il faut que l’écologie soit le moteur de la croissance ». Et de lâcher la clé de l’idéologie dominante : « La bonne voie est : tout  ce qui ne rentre pas dans l’économie ne rentre pas dans la marche de la société. » Ensuite il lista les problèmes environnementaux : « Il y a des sécheresses épouvantables, des inondations. La technologie existe, on sait fabriquer des aquifères artificiels, récurer les fleuves, les désensabler… Le prix de l’énergie va se stabiliser grâce aux huiles lourdes et aux sables bitumineux. Le CO2 ? On a la technologie, la séquestration du gaz carbonique. La biodiversité ? Naturellement, la solution, dans ce domaine, c’est les OGM, il n’y a pas d’autre solution. »

Claude Allègre a dit autrefois des choses intelligents, il a même été un bon scientifique. Mais ses capacités scientifiques n’ont pas résisté à l’exposition médiatique. Il soutient ouvertement et de façon active un capitalisme qui cherche à détourner l’attention du public, de plus en plus conscient du désastre écologique imminent, en dénigrant autrui et en faisant croire que la technologie pourrait surmonter tous les obstacles.

 

florilège à propos de Claude Allègre

Lors de multiples réunions de réflexion collective, nous avons été souvent confrontés à l’interrogation de citoyens qui avaient vu (ou lu) Allègre, ici ou là : « Il paraît crédible, je ne sais plus quoi penser, où est la vérité ? »  Claude Allègre a en effet les faveurs des médias, écrit des livres aussi souvent qu’il respire, s’impose un peu partout. Claude Allègre est quelqu’un de foncièrement dangereux car il empêche la perception des menaces et la nécessaire action citoyenne. Quel est son discours ? Que peut-on répondre ?

1/14) Claude Allègre et son livre, Ma vérité sur la planète

Le livre de Claude Allègre Ma vérité sur la planète est un long plaidoyer contre la « secte verte ». Il utilise donc les généralisations les plus abusives contre les écolo : « Je ne souhaite pas que mon pays se retrouve en enfer à partir des bonnes intentions de Nicolas Hulot. Il créerait chaque année plusieurs centaines de milliers de chômeurs supplémentaires, il faudrait mettre en place un régime bureaucratique et policier » … «  La brute, c’est sans conteste José Bové. Son mode d’expression, c’est d’abord et avant tout la violence. On casse le MacDo de Millau, on casse une serre d’OGM à Montpellier, on fait le coup de poing à Seattle ou à Davos »… « Le truand, c’est Al Gore. C’est l’archétype du politicien américain, professionnel, mécanique mais sans conviction claire ni vraie connaissance des dossiers » … « L’animal ou l’arbre doivent être protégés, respectés, pourquoi pas vénérés, et cela doit être inscrit dans la loi ! C’est la stratégie de la deep ecology qui poursuit en justice ceux qui  coupent les arbres ou qui tuent les insectes avec le DDT »

Pour Cl Allègre, il y a en effet deux sortes d’écolo. Les bons, de véritables environnementalistes qui sont d’abord des humanistes et adhèrent au progrès ; ils critiquent, mais de l’intérieur, ils en ont le droit. Et puis il y a les méchants, les éco-fondamentalistes hostiles au progrès et à l’humanisme, qui ne peuvent critiquer le système que de l’extérieur et qu’il faudrait laisser dans leurs arbres. Pourtant il avoue dans le chapitre 1 de son livre : « J’aime la Terre. Dans mon enfance, j’ai appris à observer et à aimer la nature. Cette passion pour tout ce qui touche la Terre ne m’a pas quitté. Elle a illuminé ma vie. La Terre est une planète vivante qui évolue et se transforme grâce à des processus chimiques grandioses et complexes dans lesquels la vie joue un rôle essentiel. Comment l’homme, qui est lui-même le produit de la Terre, peut-il modifier, au point même de les détraquer, ces cycles géochimiques établis depuis des milliards d’années ? Comment pourrais-je tolérer que l’homme la défigure ? » Mais si la Terre est la Patrie de Cl.Allègre, c’est pour se battre contre ceux qui voudraient, sous prétexte de la défendre, détruire notre civilisation ; l’écologie radicale !

Claude Allègre ne comprend pas que pour sauver les hommes, il faut sauver la planète, il faut contester notre civilisation thermo-industrielle, il faut que les enfants aiment la Terre-mère. Parfois d’ailleurs  la révélation l’effleure : «  Lorsque les mouvements écologistes sont apparus, ils portaient un vrai message, celui de la nécessaire harmonie que l’homme doit trouver avec la nature. »

2/14) Claude Allègre pour l’écologie productive

Allègre: Présentant la fondation que je suis en train de créer avec pour titre Ecologie productive, un journaliste s’est interrogé. Qu’est ce que l’écologie non-productive ? Il m’incombait donc d’éclairer sa lanterne. L’écologie productive est la démarche qui consiste à résoudre les problèmes écologiques en créant de nouveaux emplois et de nouvelles richesses. C’est ce que l’on appelle parfois la croissance verte.

Biosphere : Claude, ton point de vue est anthropocentrique et court-termisme, il s’agit d’emplois et de richesses pour l’homme et pour l’instant présent. Mais l’économie superficielle (dite par toi réparatrice) ne résout aucun des problèmes fondamentaux que connaissent les écosystèmes. A plus forte raison si tu soutiens l’idée d’une croissance perpétuelle du système tel qu’il fonctionne aujourd’hui. Un emploi nuisible à l’avenir des générations futures ne devrait pas exister ; la vraie richesse ne  repose pas essentiellement sur l’accumulation de biens, mais sur la richesse intérieure et la richesse relationnelle. Soyons moins « productif », et nous travaillerons moins pour pouvoir avoir le temps de rechercher le plaisir de faire et le bonheur d’être. Le concept de croissance « verte » nous fait oublier l’idéal : plus de liens, moins de biens.

3/14) Claude Allègre contre le club de Rome

Allègre : Ma démarche s’oppose radicalement à la vision, hélas très répandue, qui a vu le jour dans les années 1970 avec le fameux rapport du Club de Rome «Halte à la croissance» et qui s’est prolongée plus récemment avec les concepts de décroissance et de frugalité prospective, qui constituent la base du livre de Nicolas Hulot le Pacte écologique aussi bien que le programme des Verts.

Biosphere : tu confonds « halte à la croissance », titre francisé du rapport du MIT qui présente The limits to growth.
Aucune des prévisions de cette analyse scientifique de statistiques, qui dénonce les conséquences néfastes des évolutions exponentielles dans un monde fini, n’a été démentie par les faits.
Il est vrai que tu es cosignataire de l’appel d’Heidelberg (juin 1992) qui réunissait des « scientifiques » qui s’inquiétaient de « l’émergence d’une idéologie irrationnelle à l’aube du XXIe siècle » (l’écologisme !), ce qui a malheureusement occulté la prise en compte de l’écologie en France. Claude, un scientifique ne doit pas hurler au loup contre les objecteurs de croissance et encourager dans le même temps les prédateurs humains (cf. le programme des multinationales).

4/14) Claude Allègre pour la croissance

Allègre : A une écologie dénonciatrice et punitive, qui ne voit l’écologie que comme l’annonce de catastrophes, la multiplication de taxes, des interdictions diverses et l’arrêt du progrès, (« le progrès pose problème », écrit Hulot), nous souhaitons substituer une écologie de la création, de l’invention, du dépassement, de la réparation qui débouche sur la croissance économique en même temps que l’établissement d’une certaine harmonie entre l’homme et la nature mais dans laquelle l’homme n’est jamais sacrifié aux exigences écologiques.

Biosphere : Claude, tu as l’air de ne rien comprendre à cette pédagogie de la catastrophe qui nous présente un avenir en noir, terme inéluctable si on poursuit les tendances productives actuelles. Cette pédagogie n’est faite que pour nous inciter à réagir et empêcher la réalisation d’un tel futur. Tu sembles ignorer Le principe responsabilité d’Hans Jonas ou Pour un catastrophisme éclairé (quand l’impossible est certain) de Jean-Pierre Dupuy. Plus grave, tu déformes les propos (« l’arrêt du progrès » pour commenter « le progrès pose problème »).

Et puis, il y a humanisme et humanisme. Beaucoup d’humains sont actuellement sacrifiés aux exigences de la croissance. Pour retrouver une harmonie avec la nature, il faudrait sacrifier le mode de vie de la classe globale qui vit à l’occidentale, il faudrait choisir entre sauvegarder le niveau de vie des riches ou respecter les rythmes de la nature qui permettent aux pauvres de vivre. Tu  te situes pour l’instant du mauvais côté en défendant insidieusement le système capitaliste de protection des nantis, ces riches qui détruisent notre planète.

5/14) Claude Allègre pour le nucléaire

Allègre: Prenons trois exemples pour illustrer ma démarche. L’énergie nucléaire est à l’évidence une source d’énergie essentielle à notre développement futur et l’on ne dénoncera jamais assez les dommages créés à l’Europe par les verts allemands en interdisant à ce pays cette source d’énergie ! Mais peut-on, d’un autre côté, ignorer qu’avec la technologie actuelle nous produisons des déchets potentiellement dangereux et que les réserves d’uranium ne dépassent pas un siècle ? La solution ce n’est pas l’abandon du nucléaire, c’est de développer la technologie dite de «quatrième génération» qui utilisera 97 % de l’uranium multipliant les réserves par 100 et qui détruira les déchets à vie longue rendant cette filière plus sûre.

Biosphere : Sur le nucléaire, tu es donc sur la même ligne de pensées que Valéry Giscard d’Estaing et Nicolas Sarkozy, à savoir continuer dans l’erreur maintenant qu’elle a été commise. Mais c’est un changement de civilisation qu’on doit promouvoir, pas le prolongement des courbes exponentielles de notre consommation d’énergie.

Tu réponds à la question des réserves d’uranium et des déchets radioactifs pas le développement d’une improbable quatrième génération. Pourquoi diantre n’a-t-on pas construit ces monstres théoriques au lieu de persévérer dans le banal EPR ! Parce que la quatrième génération reste un mythe, comme ITER. La principale énergie à revendiquer est celle que nous ne consommons pas, la frugalité peut être heureuse.

6/14) Claude Allègre pour le productivisme agricole

Allègre: Second exemple, les pesticides, insecticides et engrais. Il est exact que le développement excessif de la «chimie agricole» a conduit à créer des problèmes de pollution alimentaire pour les humains, les animaux domestiques mais aussi les animaux sauvages. La décroissance des populations d’oiseaux, des rivières trouve sans aucun doute sa source dans la pollution. Faire semblant de l’ignorer n’est pas responsable pas plus qu’accuser les agriculteurs et leur interdire les moyens de continuer a être compétitifs sur un marché désormais international de plus en plus sévère. La solution, c’est de développer les plantes génétiquement modifiées qui permettront d’éviter les pesticides, les insecticides, en partie les engrais et qui permettront de minimiser les besoins en eaux ou les contraintes de salinité. L’avenir de l’agriculture est là !

Biosphere : Ah, la compétitivité ! Tu restes dans la vulgate libérale de la concurrence internationale au lieu de promouvoir l’agriculture de proximité et l’agriculture biologique. Tu donnes donc tort à Rachel Carson qui a montré dès 1962 que le printemps pouvait advenir sans oiseaux à cause de la nécessité pour la monoculture d’utiliser des pesticides.

Ah, les OGM ! Tu fais encore appel à l’innovation qui ne peut que nous sauver. Mais un scientifique ne doit pas être un croyant dans un éventuel saut technologique alors qu’on sait déjà que les OGM déstabilisent l’agriculture traditionnelle, n’ont pas un rendement supérieur aux semences classiques et ne font le profit que des multinationales de la semence.

7/14) Claude Allègre contre les climatologues

Allègre : Troisième exemple, le contrôle du gaz carbonique. Laissons de côté la question des prévisions climatiques car elle sera réglée par les faits d’observations à condition de ne pas les masquer (pourquoi cache-t-on ces jours-ci le fait que la banquise arctique s’est reconstituée cet hiver comme elle était il y a douze ans ?). Faut-il le faire en organisant de grandes conférences internationales, fixer des quotas théoriques et palabrer sous la houlette dispendieuse de l’ONU ?

Biosphere : Comme d’habitude Claude, tu te crois plus fort que les centaines de scientifiques qui oeuvrent au sein du GIEC (groupe intergouvernemental d’études sur le  climat). Mais tu ne peux prendre un cas particulier, la banquise arctique, pour une analyse générale de l’effet de serre. Ton analyse n’est pas inductive, elle est volontairement tronquée. Tout cela n’est pas très scientifique.

Quant aux solutions, que propose-tu d’autre à la place des négociations internationales sur le climat ? Il ne suffit pas de pourfendre, il faut montrer des alternatives.

les apprentis sorciers de la techno

« Imaginons un monde où l’électricité serait abondante, bon marché et non-émettrice de gaz à effet de serre. » C’est ainsi que se termine l’article dithyrambique de Stéphane Foucart sur l’arbre artificiel qui va piéger le CO2 : demain y’aura des lendemains qui chantent ! Encore un exemple de la géo-ingénierie qui prend pour un fait acquis le fait que nous allons encore produire 70 millions d’automobiles chaque année : il n’est pas besoin d’économiser l’énergie, il suffit de trouver des remèdes technologiques aux conséquences négatives de la technologie. La résine miracle qui piège le carbone, fabriquée avec du pétrole pour éviter les effets de la combustion de pétrole, débute ses essais préliminaires dans un baraquement d’une douzaine de mètres de longueur, et déjà on parle de l’invention d’un des « types les plus intelligents de la planète ».

Juste en dessous, pour nous rassurer, un autre article (LeMonde du 26 décembre) sur l’immense supercherie d’un biologiste moléculaire dont les résultats ont été citées un demi-milliers de fois pour être invalidés aujourd’hui. Croyez vous encore à l’histoire de l’apprenti sorcier ? Ce n’est plus un dessin animé, les apprentis sorciers sont là tout autour de nous, dansant leur danse macabre techno avec l’aide des médias. Bien sûr les commentateurs récurrents de ce blog vont condamner le totalitarisme des technophobes verts. Cela ne changera pas le fait que notre système cultive la contre-productivité en croyant faire des progrès. Exemple :

Dans les années 1970, Ivan Illich avait déjà réfléchi à l’inefficacité de certains systèmes sociaux. Par exemple la « vitesse généralisée » d’un mode de transport n’est pas le simple rapport entre la distance parcourue et le temps du parcours. Elle ajoute à ce temps de parcours le temps passé à gagner de quoi se payer l’usage d’un mode de transport. Jean-Pierre Dupuy a calculé que la vitesse généralisée d’un automobiliste est de 7 kilomètres à l’heure, soit un peu plus que celle d’un piéton. La contre-productivité des transports automobiles fut renforcée depuis cinquante ans par une politique d’urbanisme et d’aménagement du territoire conçue autour de l’automobile. La construction du mythe de la vie heureuse en pavillon avec jardin entraîna un étalement urbain. Si bien que dans les pays de l’OCDE, le temps passé entre le domicile et le travail n’a pas diminué depuis 1850, malgré la prétendue augmentation de la mobilité et de la vitesse de la modernité automobile. Le gain de vitesse des engins fut intégralement absorbé par l’étalement des faubourgs, l’éloignement géographique des lieux d’habitation et de travail, des écoles et des hypermarchés. Au lieu d’abandonner ce système  débile, on veut cultiver des arbres artificiels pour piéger le CO2

Johnny Hallyday est mort

Johnny est-il mort ? Je suis devant l’hôpital, de l’autre côté de la rue. Personne ne veut nous fournir la moindre information. Cet hôpital protège tant la vie privée des célébrités que nous ne savons toujours pas si Johnny est vraiment mort ou non. Mais en vérité je vous le dis, quand ça arrivera, un jour ou l’autre et c’est certain, la perte pour l’humanité sera immense. Heureusement que nos disques durs et nos cerveaux lents conserveront encore longtemps la trace de son immense talent. Ah, attendez ! Une personne digne de confiance s’approche de moi, nous allons enfin connaître l’état actuel de son état de santé. Non, ce n’est pas Les Fatals Picards, juste un communiqué de Johnny encore bien vivant qui nous fait dire :

« Mes biens chers frères, mes biens chères sœurs, vous êtes tous suspendus aux dernières nouvelles de mon bulletin de santé. C’est une énorme erreur. N’ayez crainte pour moi, ma vie a été bien remplie, ma mort est de l’ordre de l’insignifiance. Par contre, vous savez tous que le débat public sur les nanotechnologies risque de tourner court. Déjà neuf réunions publiques de passé et presque personne n’est au courant. C’est lamentable, absurde, inconséquent. Vous êtes tous là à vous interroger « sa gueule, qu’est-ce qu’elle a sa gueule ». Mais putain de dieu, y’a autre chose que moi sur cette planète. Intéressez-vous aux nanotechnologies qui conduisent direct à une société totalitaire, ou au bonheur de l’humanité, j’en sais pas plus, le débat suit son cours, chaotique et soumis aux puissances financières… ou aux joies de la technoscience. De toute façon le débat ne sera riche et passionné que si vous me lâchez la grappe pour vous consacrer aux seuls débats qui comptent. A bon entendeur, salut… »

Pour en savoir plus sur le nano-débat, lire LeMonde du 11 décembre

ou renseignez-vous auprès de www.piecesetmaindoeuvre.com

Kindle sans avenir

Comme si ma planète n’avait pas déjà assez souffert, Amazon lance le Kindle à son assaut (titre du Monde, 18-19 octobre). Jeff Bezos, fondateur d’Amazon et initiateur de cette « liseuse » électronique, ironisait en 2008 sur « les scribes travaillant jadis sur les papyrus, persuadés que leur technique était éternelle. Or il y a eu depuis le papier chiffon, la pâte à bois, l’imprimerie, l’édition électronique et maintenant le Kindle ». Kindle signifie « attiser un feu », les dirigeants du commerce électronique veulent faire partir en fumée tous les livres et journaux de papier. C’est beaucoup de suffisance et pas beaucoup de jugeote. En fait le Kindle est un outil hétéronome, dépendant de sa batterie et des programmes informatiques, mais aussi de gros serveurs électroniques, des transmissions à longue distance, d’une centrale électrique au charbon ou au nucléaire, etc.. Un livre de papier est bien plus durable, il permet l’autonomie ; il peut être lu et relu sans que le lecteur dépende de quiconque, il peut être lu dans cinq cents ans quel que soit l’avenir de la société thermo-industrielle. Sa batterie ne s’épuise pas.

En fait, il n’y a pas d’évolution linéaire vers un « progrès » assuré, que ce soit dans l’impression des écrits comme dans le reste des innovations contemporaines. La technique moderne est surtout pensée comme un outil de contrôle et de domestication au service des puissants, un moyen d’imposer la rationalisation technique contre toutes les formes d’autonomie : « La fin logique du progrès mécanique est de réduire le cerveau humain à quelque chose qui ressemble à un cerveau dans une bouteille (George Orwell) ».

Heureusement la révolution numérique n’a pas d’avenir durable… Quand l’électricité se fera rare après la crise ultime (crise pétrolière + crise économique + crise sociale + réchauffement climatique…), il sera bien agréable de pouvoir encore lire un vieux livre sur papier usagé !

les limites nanomètriques

Le nanomètre (nannos en grec signifie « nain ») est à l’échelle du milliardième de mètre. Alors que 5 % seulement de Français savent aujourd’hui ce que sont les nanotechnologies, les autres vont bientôt tout savoir : un débat public va être instauré en France ! (LeMonde du 15 octobre). Pour avoir participé au débat public sur le nucléaire, je connais déjà la suite. Les nanotechnologies  comme le nucléaire sont déjà des éléments du marché et de l’emploi avant même qu’on commence à faire de la « démocratie participative ». Pourquoi revenir « en arrière » ? Les nanotechnologies comme le nucléaire ont certainement des effets négatifs sur les rapports sociaux et l’environnement, mais on applique le principe que tout ce qui est réalisable doit être réalisé ; même si on ne sait toujours pas traiter les déchets radioactifs ou le franchissement des barrières corporelles par les nanoparticules ! Les nanotechnologies comme le nucléaire relèvent du principe de précaution, mais on va nous expliquer qu’il faut savoir prendre des risques.

Les nanotechnologies comme le nucléaire entérinent nos décisions vers l’irréversibilité, mais si je suis contre, je ne peux qu’être anti-progrès. Dès que je critique l’utopie du progrès technique, le spectre de l’obscurantisme, de la barbarie et du retour à la bougie ressurgit ! La lecture de plusieurs commentaires de ce blog est édifiant. Pourtant, vouloir mettre des limites à la toute puissance de la techno-science ne veut pas dire être technophobe. Un tel jugement péjoratif relève d’une grave mystification. Car la contestation des nanotechnologies comme du nucléaire civil n’est pas une simple critique de la technique en tant que telle. Elle est d’abord une contestation politique d’un système technique monstrueux marqué par l’opacité et la centralisation, protégé par de hauts murs et l’armée et validé par une partie de la population après un bourrage du crâne et la mise à sa disposition des gadgets de la techno-science : certaines crèmes solaires contiennent déjà des nanocomposants…

responsable et coupable

« L’écologie cherche à culpabiliser ces méchants consommateurs qui détruisent la planète. » C’est ce que croit un commentateur de ce blog. En fait, nous ne pouvons que constater que les consommateurs de la classe globale sont irresponsables, libre à eux de se culpabiliser comme il le faudrait. Prenons LeMonde du 13 octobre, « Les Français recyclent peu leurs téléphones portables ». Des millions d’appareils, dont la durée de vie est de sept à dix ans, sont  remplacés alors qu’ils sont encore en parfait état de marche. C’est l’obsolescence programmée et volontaire. Les Français achètent chaque année 22 millions de portables alors que 9 % seulement de leurs propriétaires font en sorte qu’ils soient recyclés. Nous sommes toujours responsables quand nous résistons aux appels publicitaires des opérateurs et quand nous décidons de promouvoir le recyclage. Si nous ne le faisons pas, nous sommes objectivement coupables de gaspillage et de destruction de la planète.

            Un autre article du Monde insiste sur l’obligation d’un recyclage particulier pour les ampoules basse consommation qui contiennent toutes du mercure : il faut rapporter l’ampoule en fin de vie ou, si elle se brise, l’isoler comme un produit dangereux, etc. Qui le fait ? Le problème de notre société pleine d’objets techniques très sophistiquée, c’est que le consommateur voit d’abord son intérêt personnel, envoyer des sms à la pelle ou bénéficier de 1400 lumens en pleine nuit. Il ne perçoit plus ses obligations collectives. Ainsi va notre système qui exacerbe le désir individuel et étouffe le sens des responsabilités. Alors le système sera de plus en plus obligé d’instaurer amende ou prison pour toutes les personnes qui ne font pas preuve d’un sens écologique normal.

Je suis donc d’accord avec un autre de mes commentateurs, « Il n’est pas question de haine de l’homme, mais de dégoût de ses comportements et de ses attitudes ». J’ajoute que notre système productiviste, capitaliste et libéral est aussi condamnable : on ne peut dissocier la société des individus qui la composent et réciproquement.

écolomobilité, non électrique

Beaucoup de bruit pour rien ! LeMonde du 17 septembre nous propose une double page de publicité sur la bibione, un véhicule urbain électrique (non commercialisé !) + un article sur les constructeurs automobiles et les toutes petites voitures électriques + trois pages sur le salon de Francfort où « l’hybride s’affiche en vedette et le tout-électrique se rapproche » + une pleine page sur la commercialisation (fin 2012 !) par Renault d’une gamme de 4 véhicules électriques. Halte au bourrage de crâne et à la désinformation, la voiture électrique n’est pas la panacée, c’est même l’illusion qui veut nous faire croire à la voiture propre, c’est devenu pour Ségolène Royal le mythe de la lutte contre les changements climatiques !

Pour l’heure, la voiture électrique est partout, vedette du salon de Frankfort, priorité du grand emprunt national, superbonus de 5000 euros et d’un grand plan annoncé le 23 septembre, achat de quads électriques à La Poste… Seul problème : la voiture électrique n’est nulle part. Sa commercialisation à grande échelle est annoncée depuis des décennies. Mais ce sont des fonds publics monstrueux qui seraient nécessaires à sa mise en circulation, notamment parce qu’il faut des infrastructures de recharge.

Pour l’heure, la voiture électrique est surtout une gigantesque campagne de communication dont le premier résultat n’est pas de baisser les émissions de gaz à effet de serre mais d’augmenter les financements publics des constructeurs automobiles. La vraie question est de savoir où, quand et comment on pourrait utiliser intelligemment une voiture tout court. Cessons de mettre sous perfusion une industrie automobile qui n’en a guère besoin. Le chantage à la protection de l’environnement et à l’emploi doit cesser. La voiture propre n’est qu’un slogan publicitaire, la priorité est de repenser l’usage de la voiture pour la remettre à sa place…et sa place ne doit plus être au cœur de notre modèle économique et social. Nous allons vers une civilisation de la non-voiture.

voiture et responsabilité

Du carbone fossile en 2050, y’en aura plus ou ce sera trop cher pour la petite bourse du terrien moyen de ce futur proche. Pour arriver à cet objectif du signal-prix, et diminuer l’impact du réchauffement climatique, le gouvernement français pense mettre en place une taxe carbone, dite contribution-climat (LeMonde du 29 août), ajoutée dans la liste des impôts 2010. Mais Sarko est aussi affolé que Ségolène Royal par la perspective de pénaliser les familles qui ont fait construire leur pavillon à des kilomètres et des kilomètres des lieux de travail et de socialisation. Ces esclaves de la société motorisée ne savaient pas calculer la vitesse moyenne de leur auto.

Si on divise le nombre de kilomètres parcourus par une voiture par le temps de déplacement ET le temps de travail nécessaire à son acquisition, à son usage et à son entretien, on obtient une vitesse « généralisée » d’environ sept kilomètres à l’heure, un peu plus grande que la vélocité d’un homme au pas, mais sensiblement inférieure à celle d’un vélocipédiste. Le résultat obtenu, arithmétiquement, signifie ceci : le Français moyen, privé de sa voiture, donc libéré de la nécessité de travailler de longues heures pour se la payer, consacrerait moins de temps généralisé au transport s’il faisait tous ses déplacements à bicyclette. Ce scénario alternatif serait jugé par tous absurde, intolérable. Et cependant il économiserait du temps, de l’énergie et des ressources rares, il serait doux à ce que nous nommons l’environnement.

Fidèle à la logique du détour de production pour mieux en révéler le caractère idéologique, le calcul que nous avons fait (cf. Jean-Pierre Dupuy, Pour un catastrophisme éclairé) montre que le temps passé à concevoir et fabriquer des engins capables de faire « gagner du temps » fait beaucoup plus qu’annuler le temps qu’ils économisent effectivement. L’économie, ce serait économiser la peine et les efforts de l’homme ? Quelle naïveté ! Qui ne voit que tout se passe comme si l’objectif était, au contraire, de les occuper sans relâche, quitte à les faire piétiner, de plus en plus vite, sur place…

Les esclaves de la société motorisée sont aussi responsables de leur propre sort. En payant quelques centimes de plus chaque litre avec la  taxe carbone, puis plus tard quelques euros de plus, ils auront compris la part de leur responsabilité et pourront se libérer de leurs chaînes.

la médecine en 2050

En 2050, la médecine sera moins triomphante, moins technicisée, moins mécanisée. Je suis d’accord avec Ivan Illich, « l’installation du fascisme techno-scientifique n’a qu’une alternative : un processus politique qui permette à la population de déterminer le maximum que chacun peut exiger, dans un monde aux ressources manifestement limitées ; un processus d’agrément portant sur la limitation de la croissance de l’outillage, un encouragement à la recherche de sorte qu’un nombre croissant de gens puissent faire toujours plus avec toujours moins. » (La convivialité, 1973)

Ce point de vue est conforté par Jean-Pierre Dupuy (Pour un catastrophisme éclairé, 2002) : « La médecine devient l’alibi d’une société pathogène. La médicalisation du mal-être est tout à la fois la manifestation et la cause d’une perte d’autonomie : les gens n’ont plus envie de régler leurs problèmes dans le réseau de leurs relations. Le mode hétéronome, c’est la médecine institutionnalisée, définie comme l’ensemble des traitements codifiés que dispense un corps de professionnels spécialisés. Les prothèses médico-pharmaceutiques, en biologisant les dysfonctions sociales, évite que l’intolérable soit combattu au plan où il doit l’être : dans l’espace politique. Telle est la contre-productivité sociale de la médecine. Seulement Illich ne s’est pas arrêté là, et c’est ce que les « progressistes » ne lui ont pas pardonné. On l’a abandonné lorsqu’il s’est mis à soutenir que « le traitement précoce de maladies incurables a pour seul effet d’aggraver la condition des patients qui, en l’absence de tout diagnostic et de tout traitement, demeureraient bien portants les deux tiers du temps qu’il leur reste à vivre. »

La médecine moderne  est un gros consommateur d’énergie, et l’énergie viendra à manquer d’ici à 2050. Déjà LeMonde du 25 août 2009 donne raison à Illich, l’imagerie médicale est en panne faute d’isotopes : « Le problème de fond, c’est que la production d’isotopes coûte cher ». Demain elle sera en panne faute d’électricité. Il faudra parer au plus pressé et appréhender le sens des limites de l’innovation techno-scientifique.

supprime ton mobile

LeMonde du 7 août nous intoxique, faut faire comme tout le monde, faut être branché : sur une demi-page, on nous prodigue des conseils pour téléphoner à l’étranger à moindre coût. Il est vrai qu’une brève nous informe que 58,9 millions de Français sont clients des services de téléphonie mobile, soit un taux de pénétration de 91,8 %. Il est vrai que les bébés peuvent déjà mâchouiller des objets caoutchoutés qui représentent des mobiles. Il est vrai qu’à 7 ans, ils veulent faire comme les copains, avoir son propre téléphone personnel. Il est vrai qu’à 15 ans, ils en sont déjà à leur troisième ou quatrième portable, l’innovation est si rapide. Mais les enfants comme les adultes ont-il vraiment  besoin d’un téléphone dans la poche ?

La téléphonie fixe en France était performante, le moindre village avait sa cabine téléphonique, les voisins étaient équipés, pas besoin donc d’un réseau téléphonique supplémentaire, pas besoin d’ondes électromagnétiques dont on ne sait pas encore à quelle vitesse elles font bouillir les cerveaux, pas besoin que les enfants échappent encore plus à l’éducation de leurs parents…il est si facile de parler avec ses pairs par la voie des airs.

Notre consommation correspond à 5 % de vrais besoins et 95 % des désirs solvables. Personne ne nous met un revolver sur la tempe pour acheter un mobile de la 25ème génération ! Nous allons devoir apprendre à nous passer d’une partie de ce qui nous semble indispensable.

objectif lunaire !

L’espèce homo sapiens a essaimé dans l’espace géographique tout en améliorant ses capacités de déplacement. Autrefois les migrations à pied, puis à cheval ou en pirogue, hier les avions et aujourd’hui les fusées. On a même marché sur la lune ! Les humains préfèrent la conquête à la stabilité, le déséquilibre plutôt que la vie en harmonie avec un territoire déterminé. Vive la con-cu-rrence et le conflit. La fusée a d’abord été inventée pour la guerre, ainsi des V2 mis en œuvre par les Allemands à la fin de la seconde guerre mondiale. Il s’ensuit une compétition entre nations : comme l’URSS socialiste a lancé le premier spoutnik dans l’espace en 1957, l’Amérique capitaliste a voulu poser le premier homme sur le sol lunaire le 21 juillet 1969. C’est ce que célèbre un cahier du Monde dont le contenu essentiel porte les deux albums de Tintin !! On a besoin de rêve, on nous vend du rêve !!!

En fait la guerre des nations a été remplacé par le goût de l’exploit techniciste au prix d’une débauche de ressources non renouvelables. Les humains croient encore qu’ils pourront aller sur mars, mais ils n’iront jamais sur la plus proche étoile, Alpha du centaure : la masse de carburant pour parcourir 40 000 milliards de kilomètres nécessiterait une masse de carburant équivalente à deux fois la masse de l’univers connu. L’humanité a atteint les frontières de son monde, il n’y a plus d’expansion possible. Il faut reconnaître que nous n’avons qu’une Terre et qu’elle est bien trop petite pour assurer nos fantasmes de nouvelles frontières perpétuelles.

Que les humains gèrent au mieux leur propre territoire, qu’ils se contentent pour le reste de contempler la lune et les étoiles. Et à chacun ses rêves dans son sommeil, cela ne coûte rien.

connecté…à quoi ?

LeMonde du 25 juin consacre deux articles à Twitter, le service de minimessages qui informe tous nos copains en même temps de nos pensées et de nos gestes : « Alors, qu’est-ce que tu fais en ce moment ? » (44 caractères) ; « Je suis au café en face, qui vient me rejoindre ? » (50 caractères). En moins de 140 caractères, tout le monde peut partager la même banalité, oubliée la minute d’après. Ce genre de message ne sert à rien, mais cela correspond à l’obsession, cultivée par les technologies modernes de communication, de rester connecter constamment, avec le plus de gens possibles.

Le cocréateur de Twitter, Biz Stone, a le culot de comparer cette aliénation médiatisée au développement d’un écosystème. En fait ce type de relations enferme encore plus les individus dans leur nombrilisme et leur anthropocentrisme : seul compte la superficialité humaine, les écosystèmes et la profondeur de raisonnement sont oubliés. Pourtant, pour se connecter au nuage qui passe et à l’arbre qui frissonne, point besoin d’instruments électroniques ; il suffit d’ouvrir ses yeux et ses oreilles aux images et aux  sons d’une nature dont nous réduisons l’espace chaque jour davantage.

Malheur à nous qui ne sommes plus connectés à la Biosphère. Malheur aux firmes mondialisées qui nous enferment dans un carcan pour leur plus grand profit. (1331 caractères)

autophobie

Le comité des constructeurs français d’automobiles fait semblant de s’intéresser à l’autophobie (LeMonde du 19 juin). Mais les dégonfleurs de pneus de 4×4 sont toujours aussi rares. Peu importe les tares de l’automobile, anarchie urbaine, dérèglement climatique, individualisme forcené, elle est entrée dans les mœurs. Et puis les gens se disent o-bli-gés d’avoir leur bagnole. Surtout faut pas les culpabiliser, ils ne sont pas responsables d’aller véhiculer leur bambin à l’école à 4 pas du domicile familial. Alors, que la voiture individuelle devienne  un gage de liberté en Chine, rien de plus normal. Déjà en Amérique, de par sa sujétion à l’automobile, l’homme a commencé à perdre l’usage de ses jambes. Les Chinois suivent la même voie de garage. L’autophobie ne peut qu’être une pensée réactionnaire du type retour à l’âge du parcours pédestre.

            Alors je me console en relisant Vivre sans pétrole de J.A. GREGOIRE , livre de 1979 : « L’observateur ne peut manquer d’être angoissé par le contraste entre l’insouciance de l’homme et la gravité des épreuves qui le guette. Comme le gouvernement crie au feu d’une voix rassurante et qu’on n’aperçoit pas d’incendie, personne n’y croit. Jusqu’au jour où la baraque flambera. Comment l’automobiliste pourrait-il admettre la pénurie lorsqu’il voit l’essence couler à flot dans les pompes et lorsqu’il s’agglutine à chaque congé dans des encombrements imbéciles ? Cette situation me paraît beaucoup plus inquiétante encore que celle des Français en 1938. Ceux qui acceptaient de regarder les choses en face apercevaient au-delà des frontières la lueur des torches illuminant les manifestations wagnériennes, ils entendaient les bruits de bottes rythmant les hurlements hystériques du Führer. Tous les autres refusaient de voir et d’entendre. On se souvient de notre réveil en 1940 ! 

Apercevoir la fin des ressources pétrolières, admettre son caractère inéluctable et définitif, provoquera une crise irrémédiable que j’appellerai « crise ultime ».

société de non-voiture

 Je pense que la politique, ce n’est pas seulement commenter une élection, c’est présenter une vision de notre avenir. Quand K.Marx prévoyait la prise du pouvoir du prolétariat, il avait une certaine vision d’avenir et il a formaté des partis politiques qui ont relayé son analyse. Aujourd’hui il s’agit de construire une alternative au modèle productiviste défendu aussi bien par le système capitaliste libéral, par les pays « socialistes », ou par les partis actuels, qu’ils soient de droite ou de gauche.  Proposons comme alternative par exemple la « société de non-voiture individuelle ». C’est une vision stratégique d’avenir, beaucoup plus pragmatique que la lutte de classes ; il s’agit d’agir sur notre comportement, pas de conquérir le pouvoir d’Etat.

            Mais Dieter Birnbacher posait, dans son livre La responsabilité envers les générations futures (1994), la question de savoir si la démocratie était en mesure d’être le lieu d’une éthique du futur. Ce n’est pas évident car une conscience prévoyante, centrée sur le long terme, est porteuse de certains renoncements. Elle entre en conflit avec les aspirations immédiates des individus, la préférence pour le présent. Renoncer à la voiture ? Mais nous sommes bien obligés d’avoir une voiture !

Pourtant je peux largement justifier une société de non-voiture aux yeux de mes concitoyens par de multiples arguments : l’impasse écologique d’une production de masse liée à une consommation de masse, la sur-valorisation du moi (tendance libérale et non socialiste) induite par la voiture individuelle, l’approche du pic pétrolier (la contrainte biophysique), les illusions des alternatives comme les agrocarburants ou la voiture électrique, les interdépendances entre mode de déplacement, lieu de travail et joie de vivre, etc., etc.

Pourtant nous pourrions aussi proposer des mesures immédiates pour aller vers la société de non-voiture, à commencer par la suppression des 24 heures du Mans et de toutes les course automobiles. Une autre mesure normative, proposée par Yves Cochet, consisterait à interdire les déplacements automobiles non professionnels le dimanche. J’entends déjà les cris de celles et ceux qui qualifient ces mesures de liberticide, voire d’écofasciste : « On restreint mon droit à la mobilité ! » Oui, C’est cela, ou la guerre civile. Une troisième mesure serait la réduction des vitesses maximales autorisées sur autoroutes, routes, et en ville, respectivement à 90 kilomètres à l’heure, 60 km/h et 30 km/h. D’autres mesures concerneraient les véhicules eux-mêmes : bridage des moteurs, limitation du poids et de la surface au sol des engins, etc., etc.

décès du politique

Ivan Illich, de passage à Paris pour son livre La convivialité, avait refusé de parler à la télé (la Gueule ouverte,  juillet 1973) : « Le discours télévisé est inévitablement démagogique. Un homme parle sur le petit écran, des millions d’hommes et de femmes l’écoutent. Dans le meilleur des cas, la réaction maximum du public ne peut être que bip bip je suis d’accord ou bip bip je ne suis pas d’accord. Aucun véritable échange n’est possible, mais je suis heureux de soumettre mon travail à la critique des lecteurs de La gueule ouverte, tous profondément préoccupés de ne se laisser enfermer dans aucun carcan idéologique. »

Aujourd’hui Roger-Gérard Schwartzenberg exprime la même chose dans son livre L’Etat spectacle 2 (présentation du livre du jour, LeMonde du 2 juin). Il n’y a plus combat des idées, il y a affrontement de personnes. Dans la médiasphère, la télévision est devenue la principale source d’asservissement de la pensée politique. Ceux qui sont élus sont ceux qui savent présenter la meilleure image d’eux-mêmes, ceux qui savent le mieux se vendre comme la savonnette Sarko. Prenons deux exemples.

Lors du Congrès socialiste de Reims en novembre dernier, ce qui importait médiatiquement, c’était de présenter la guerre des chefs, Ségolène ou Aubry, Delanoë ou Ségolène, Aubry ou Hamon. Donc ce culte de l’image est passé dans la tête des militants, il y a eu asservissement au culte des ego. La seule avancée idéologique était la motion B, Pour un parti socialiste résolument écologique. Elle a obtenu seulement 1,58 % des voix ; bip bip, je suis plutôt d’accord  avec Ségolène, bip bip, ce sera Aubry première secrétaire du parti. Que l’on ne s’étonne pas du vide généralisé de la campagne européenne, on ne vote pas pour une personne le 7 juin prochain, il n’y a plus rien de visible sur les écrans.

la fin du fordisme

L’automobile est symbolique de notre société basée sur la démesure technologique et une énergie non renouvelable fournie gratuitement par la nature. L’industrie automobile, fondée à la fois sur la production de masse (le travail à la chaîne) et sur la consommation de masse (des salaires ouvriers en progression), a cent ans à peine et s’est déjà répandue sur toute la planète. Mais il suffit de parcourir Le Monde ces quatre derniers jours pour s’apercevoir que la fin du fordisme est proche.             

Le Monde du 6 mai nous informe que Renault, fleuron de l’industrie automobile française, pourrait vendre 1 milliard d’euros d’actifs immobiliers pour faire face à ses difficultés financières.            

 Le Monde du 7 mai nous annonce que l’allemand BMW a connu une perte nette de 153 millions d’euros au premier trimestre  et prévoit une baisse globale de ses ventes en 2009. 

Le Monde du 8 mai nous dit que l’automobile est au centre de la campagne électorale en Allemagne. Ici et ailleurs se mettent en place prime à la casse et soutien financier pour assister des groupes privés. 

Le Monde du 9 mai développe sur Toyota qui affiche ses premières pertes en 72 ans d’existence. La situation du numéro un mondial va encore se dégrader l’an prochain. 

Pourtant Le Monde ne nous dit rien sur la fin programmée du fordisme : médias, syndicats, patrons et gouvernements croient encore que c’est une mauvaise passe entraînée par un tsunami financier qui a mis à mal la voiture à crédit. Mais ce ne sont que les prémisses du grand affolement qui va gagner tout le monde quand les perspectives de l’épuisement du pétrole vont enfin se faire ressentir. Au lieu de profiter de la crise actuelle pour sortir du tout-automobile, les habitudes mentales font en sorte que nos erreurs se perpétuent. Jamais nous n’aurions du accepter la mise en place d’un fordisme qui a attaché les ouvriers à une chaîne et qui a augmenté le pouvoir d’achat au lieu de promouvoir la joie de vivre…