simplicité volontaire

plaisir écolo contre plaisir consumériste

Le site Citegreen.fr surfe sur le plaisir*. On donne des points pour obtenir des récompenses  à ceux qui covoiturent, troquent plutôt qu’achètent, consomment de l’énergie renouvelable…: film en vidéo à la demande, magazine téléchargé sur Mac, PC ou tablette… Ainsi va notre monde, sauver la planète en croyant se faire plaisir. Mais la société des écrans ne fait en rien avancer la cause écologique. Encore moins quand Citegreen.fr propose la « pose de vernis offerte pour l’achat d’un soin des mains » ! Il s’agit d’un effet rebond : économiser l’énergie pour consommer encore plus n’a en fait rien résolu.

Il nous faut au contraire débondir, limiter notre consommation matérielle pour agrandir notre horizon spirituel. Par exemple un « débond temporel » alloue plus de temps à la rencontre humaine, à la relation avec la nature. Des activités telles que le jardinage, la randonnée, les repas qui s’étirent en longueur, l’usage de la bicyclette réduisent le temps disponible pour d’autres activités polluantes. On ne gagne pas des points bonus, on gagne de la sérénité. Là est le véritable plaisir écolo, loin des désirs frelatés formatés par la société des marchands.

NB : C’est François Schneider qui a introduit le concept d’effet débond qui consiste à profiter des gains de productivité (performance, vitesse, etc.) en limitant voire en réduisant les besoins. La conjonction de ces deux facteurs (efficacité et limitation des besoins) amène alors un gain en termes de confort, de temps gagné pour les loisirs ou de prélèvement de ressources naturelles non-renouvelables.

Voir sur ce blog http://biosphere.blog.lemonde.fr/2010/08/15/leffet-debond-antidote-a-leffet-rebond/

* LE MONDE du 14 février 2012, Les écoresponsables récompensés

plaisir écolo contre plaisir consumériste Lire la suite »

dur pour un écolo de refuser de trinquer ?

Hervé Kempf s’interroge : « Ah ! qu’il est dur d’être écologiste ! ». Il imagine les qualificatifs donnés aux écolos qui parlent du vin, graduant les transformations de l’état mental selon la sobriété, l’ébriété, l’euphorie ou l’ivresse. Mais il réconcilie tout le monde, « célébrons l’Europe, et buvons bio » ! Le Comité européen de l’agriculture biologique vient en effet de se mettre d’accord sur les règles concernant le vin biologique : on baisse la quantité admissible de sulfites. Dans cette chronique*, Hervé Kempf n’est à notre goût pas assez écolo. Pas de vin, buvons bio, buvons de l’eau. Pourquoi ?
Une seule goutte d’alcool n’apporte rien à l’organisme : l’abstinence totale n’est donc pas un vice, tout au contraire. Rappelons que l’absence d’alcool est absolument nécessaire pendant la période de grossesse pour éviter un retard mental de l’enfant. Rappelons que l’alcoolisme entraîne 45 000 décès annuels en France et expose 5 millions de personnes à des difficultés médicales, psychologiques et médico-sociales. Et puis la monoculture de la vigne ne prend pas soin du sol, le rendement de la vigne baisse dans certains endroits en France de 2,5 % chaque année. Il s’est formé une croûte calcaire de 20 à 40 centimètres. Tout se passe comme si le processus classique de formation de la terre s’inversait ; au lieu que la roche se transforme sous l’effet de la faune et de la flore, le sol a évolué de façon régressive, s’est durci, est devenu roche. Dernier problème, et pas le moindre, les vignes empiètent tant sur les autres cultures que sur l’espace nécessaire pour assurer la biodiversité.
Oui, il est dur d’être écolo car il nous faut aller à contre-courant en France, pays du vin ! C’est dur, il s’agit de refuser le bio qui ne correspond pas à un réel besoin . C’est dur, il s’agit souvent de renoncer à ses propres habitudes culturelles, inscrites dans son milieu familial : ni vin vieux, ni digestif. C’est dur, il s’agit de refuser l’apéritif offert quand on est invité par des amis. C’est dur, il s’agit d’avoir une pensée élargie, refuser l’alcool dans notre verre et aussi l’alcool dans les moteurs. C’est dur, il s’agit de combattre les lobbies de l’alcool, tellement influents auprès des parlementaires. Mais si c’est dur d’être écolo, c’est d’autant plus palpitant.
* LE MONDE du 11-12 février 2012, chronique écologie, Splendeur et félicité

dur pour un écolo de refuser de trinquer ? Lire la suite »

en Grèce, vivre avec moins, le bonheur !

Techniquement, il n’y a aucune différence entre une récession économique et la décroissance voulue. Mais la première est mal vécue tandis que la seconde constitue une voie d’avenir qui s’inscrit déjà dans la réalité. En Grèce par exemple, la décroissance a rencontré la crise. Elle a beaucoup d’adeptes contraints, dont les revenus se sont effondrés, et qui n’ont pas d’autre choix, et quelques partisans, qui y voient un moyen de vivre différemment. Les Grecs ne sont pas devenus par miracle des adeptes de la décroissance, mais ils doivent désormais faire avec 50 % de moins !

Avant la crise, les Grecs avaient vraiment trop de choses, la crise commence à changer les façons de penser et d’acheter. Nous n’avons pas besoin d’avoir dix pulls et dix paires de chaussures. Il n’y a pas besoin de posséder beaucoup pour être heureux. Kostas et Fotini apprennent à un public de plus en plus nombreux à utiliser l’énergie du soleil et du vent et à cultiver son jardin dans la cité. D’autres proposent des cours pour apprendre à consommer moins d’énergie ou à cultiver bio. Chacun est amené à utiliser les ressources qui sont directement à sa disposition, en Grèce on n’attend plus rien de l’Etat.

Le troc se fait au grand jour, on habille le jeune enfant dans un magasin en apportant les vêtements devenus trop petits. On peut créer des banques sans argent, des banques de temps. Le principe est simple. Tu indiques en ligne les services que tu veux rendre et ceux dont tu as besoin. Si quelqu’un utilise une heure de service, elle est débitée de son compte-temps, tandis que celui qui a rendu un service ou a transmis un savoir bénéficie d’une heure de crédit. Le système doit garder son équilibre pour chaque personne. Contre ceux qui veulent prendre et prendre sans rien donner en échange, il est impossible d’avoir plus de trente heures de débit. La banque de temps évite ainsi le surendettement qui a plombé la Grèce. L’heure d’un médecin ne vaut pas plus que celle d’une femme au foyer : le principe, c’est que toutes les heures sont égales. Cela permet de créer de la solidarité. Quand quelqu’un que vous ne connaissez pas vous propose le service dont vous avez besoin, ça vous rend heureux…

NB : tous les éléments du discours ci-dessus sont extraits du MONDE du 10 février 2012, Vivre en décroissance… Nous avons sur ce blog fait plusieurs fois la distinction entre décroissance subie et voulue. La récession en Grèce donne raison aux objecteurs de croissance. Et comme la récession est vouée à se généraliser…

en Grèce, vivre avec moins, le bonheur ! Lire la suite »

beaucoup de « R » contre les « SUR »

Dans Petit traité de la décroissance sereine, Serge Latouche présentait un programme en 5R pour les pays du Sud (Rompre, Renouer, Retrouver, Réintroduire, Récupérer) comme remède à la destruction de l’identité, des savoirs et des savoir-faire des sociétés vernaculaires. Pour le Nord, il en arrivait à un changement de cap basé sur les 8R : Réévaluer, Reconceptualiser, Restructurer, Redistribuer, Relocaliser, Réduire, Réutiliser, Recycler. Ces huit objectifs interdépendants sont susceptibles d’enclencher un vertueux de décroissance sereine, conviviale et soutenable. Mais on pourrait allonger la liste des R avec radicaliser, reconvertir, redéfinir, redimensionner, remodeler, repenser, etc. Tous ces R participent tout autant de la révolution que du retour en arrière, du changement radical de direction que de la répétition.

En fait ces R sont une saine réaction face à la démesure de la société thermo-industrielle, basée sur les SUR : surabondance, suractivité, surcommunication, surconsommation, surdéveloppement, suremballage, surendettement, suréquipement, surmédicalisation, surpâturage, surpêche, surproduction … (cf. Jean Paul Besset, Comment ne plus être progressiste…sans devenir réactionnaire). Vive les R… A bas les « SUR » !

beaucoup de « R » contre les « SUR » Lire la suite »

échec de la mondialisation, relocalisation nécessaire

Je vais t’expliquer le terme « local » en comparant deux villages : ils se situent en Crète, mais ils pourraient se trouver n’importe où. L’un des villages est perché dans les montagnes, on ne peut y accéder que par une route non bitumée, jonchée de nids de poule, sur laquelle les bus ne se risquent pas. Le seul contact avec le monde extérieur que j’ai pu relever tenait en la personne d’un homme qui, à bord d’un camion très robuste, bravait les nids-de-poule une fois par semaine et rapportait au village des chargements de poisson en provenance du petit port de pêche côtier. Les moutons du village servaient de monnaie pour payer ce poisson. A l’exception de ce troc, la communauté de cette montagne était autosuffisante. Il y avait assez de petites parcelles en terrasse pour y cultiver du blé, des vignes et des oliviers. Il y avait un moulin à huile pour presser les olives. Il y avait beaucoup de noyers et de citronniers, de figuiers et bien d’autres arbres fruitiers. Il y avait des ruches, et les moutons fournissaient de la viande en abondance. Les maisons du village étaient simples et confortables pour ce type d’environnement. Les femmes fabriquaient des vêtements. Il y avait un tisserand dans un village voisin, un bottier dans un autre, un coutelier dans un troisième. Avaient-ils une culture, me demanderez-vous ? Eh bien, on chantait, on dansait et on jouait de la musique. Il y avait peu de livres, mais si les villageois avaient souhaité lire, ils en auraient trouvé. Les villageois ne payaient pas d’impôts et il n’y avait qu’un policier. Ils connaissaient leurs propres lois et les respectaient.

L’autre village crétois que je voudrais décrire se trouvait un peu plus bas dans la montagne et disposait d’une route praticable. Elle permettait de se rendre à la ville et bien sûr reliait également la ville à la compagne. L’argent de la ville est arrivé et a permis l’achat d’une bonne partie des terres ; on a déraciné les vieux arbres et les vignes et on a planté des oliviers à croissance rapide pour créer une oliveraie à des fins  commerciales. Ainsi les villageois ont du payer leur huile d’olive et ont été rapidement entraînés dans l’économie monétaire. Toutes sortes de marchands arrivaient au village et un petit super marché s’ouvrit. Soudain, les villageois découvrirent qu’ils avaient « besoin » d’un tas de choses dont ils ne se servaient pas auparavant. La télévision arriva de même et apporta avec elle des images alléchantes. Les jeunes du village ne dansaient plus et ne chantaient plus ; ils voulaient écouter de la musique pop occidentale et boire du Coco-Cola. Même si leur jolie route avait tout d’une route vers la liberté, ce fut en réalité celle de la tristesse, de l’esclavage salarial et du mécontentement, et qui n’offrit aucun retour à tous les jeunes qui l’empruntèrent.

(Extraits de « John Seymour, Revivre à la campagne, première édition 1976, édition 2007 De Borée)

NB : Le diable se cache dans les détails. La Reproduction en couleur de ce livre a été réalisé par Colourscan (Singapour), il a été imprimé et relié en Chine par Toppan !!! Vivement la démondialisation…

échec de la mondialisation, relocalisation nécessaire Lire la suite »

Homemakers, élevage de poules en ville

Pendant la crise de la grippe aviaire, on avait moqué les banlieues asiatiques où hommes et poules vivaient ensemble, signe d’un pays arriéré. Pendant la dernière guerre, certains en France élevaient des poules en ville. Pénurie oblige. Nous allons aujourd’hui revenir aux fondamentaux de la survie.

Jusqu’à dix poules par foyer. Pas de coq. Autorisation administrative requise. Vente des œufs interdite : Durham, en Caroline du Nord, vient de rejoindre le club très fermé des villes américaines qui autorisent leurs riverains à élever des  gallinacés. Dans les années 1930, les gens survivaient tant bien que mal en cultivant des potagers et en récoltant leurs œufs. Ce modèle va redevenir de rigueur. La culture américaine conventionnelle voyait le foyer domestique comme une unité de consommation. Les homemakers préfèrent que leur foyer soit une unité de production : « on produit nos aliments, on prend soin nous-mêmes de notre santé, on compte sur nos familles, nos voisins et notre communauté pour s’entraider. Le choix de devenir un(e) homemaker est un acte de transformation sociale. Qui est le mieux armé pour faire face aux coups durs de l’économie aujourd’hui ? Une femme avec un gros salaire qui perd son boulot du jour au lendemain, ou celle qui produit elle-même et peut compter sur ses poules pour manger ?*

Les poules débarquent aussi dans LE MONDE**. Claire a une poule naine, « J’avais envie d’un retour à la nature. » L’élevage de gallinacés en plein Paris gagne du terrain. Crainte de la malbouffe, rejet des élevages industriels, souci pédagogique ou simple compagnie. La tendance est née aux Etats-Unis. A Montréal, un Collectif en aménagement paysager et en agriculture urbaine durable a lancé en 2010 une pétition pour lever l’interdiction de l’élevage citadin… En France, les poules en petit nombre sont considérées comme des animaux domestiques. Pas d’interdiction sauf problèmes de copropriété. Mais la journaliste Christine Taconnet insiste sur l’effet de mode, pas sur la recherche de la simplicité volontaire : « LLLLLLllles fabricants d’abris rivalisent d’idées, les créatifs s’y mettent. Ainsi, Eco-poules vante ses structures en bois local et renouvelable, Pousse Créative parie sur le design… »

* AMERICAN ECOLO d’Hélène Crié-Wiesner (delachaux et niestlé, 2011)

** LE MONDE du 29 décembre 2011, Les poules débarquent en ville

Homemakers, élevage de poules en ville Lire la suite »

nos voeux écolos pour 2012

Un député PS, Jean-Claude Viollet, a envoyé ses vœux: « 2012, retrouver le chemin d’une croissance durable ». Une autre députée, Martine Pinville, confirme les intentions : « 2012, partager les fruits d’une croissance retrouvée ». A croire que les députés PS se sont donnés le mot ! Mais notre ministre de l’écologie nous offre aussi Trois clés pour une croissance durable (lemonde.fr | 27.12.11 | ). A croire que la droite et la gauche poursuivent en France le même objectif, l’impossible croissance dans un monde fini. Nous préférerions une autre analyse.

John Beddington, premier conseiller scientifique du gouvernement du Royaume Uni, a déclaré début 2009 que le monde ferait face d’ici 2030 à une « crise absolue » de pénuries d’eau et de nourriture et à une explosion des prix du pétrole. Une semaine plus tard, l’ancien président de la Commission du développement durable britannique Jonathan Porritt exprimait son accord ; mais il écrivait que la crise frapperait à une date plus proche de 2020 que de 2030. Il parle de « récession ultime », celle dont il pourrait être impossible de se relever.

Une solution principale pour éviter le choc, la sobriété des comportements en 2012. Ce que nous souhaitons. Ce qui est incompatible avec la poursuite de la croissance économique.

nos voeux écolos pour 2012 Lire la suite »

le luxe conjure les tsunamis selon LE MONDE

LE MONDE comme chacun sait est devenu un relais de l’industrie du luxe. Nicole Vulser, sa spécialiste maison, est du genre « Chaussettes haut de gamme » ou « Très chics costumes de James Bond » ! Le 31 décembre 2010, elle nous avait pondu un article fabuleux, « L’engouement planétaire pour la laine de Cachemire ». Cette fois, c’est la totale : « Au Japon, une envie de luxe pour conjurer le tsunami »*. Comme si les bijoux pouvaient détourner un raz-de-marée !

En fait cet article se contente de passer en revue tous les produits de luxe made in France dont les Japonais(es) soi-disant raffolent. Un paragraphe pour Cartier, un autre pour Vuitton et LVMH, sans oublier PPR (Gucci, Yves Saint Laurent), Chanel, Hermès, et encore Vuitton et LVMH. Il paraît que le luxe est, selon Nicole Vulser, un « investissement à long terme ». Comme si une montre en or ou un diamant pouvait nous servir pendant la crise systémique qui s’annonce !

C’est en page 2 du MONDE, monopolisant l’espace. Nicole Vulser ferait mieux de lire le livre d’un autre journaliste du MONDE , Hervé Kempf : « Comment les riches détruisent la planète ». Nicole apprendrait que la seule façon que vous et moi acceptions de consommer moins de matière et d’énergie, c’est que la consommation matérielle, donc le revenu, de l’oligarchie soit sévèrement réduite. En soi pour des raisons d’équité, et plus encore, en suivant la leçon de Veblen, pour changer les standards culturels de la consommation ostentatoire. Puisque la classe de loisir établit le modèle de consommation de la société, si son niveau est abaissé, le niveau général de consommation diminuera.

LE MONDE du 27 décembre 2011, Après la catastrophe du 11 mars, les Japonais ont retrouvé le chemin des boutiques de luxe…

le luxe conjure les tsunamis selon LE MONDE Lire la suite »

Mon testament écolo

Je soussigné désire un enterrement sans aucune cérémonie religieuse, sans fleurs ni couronnes ni aucune marque matérielle de condoléances.  Je veux être enterré de façon à minimiser mon empreinte écologique au maximum. Pas de crémation qui utilise une énergie extracorporelle devenue trop rare. Pas de cercueil qui mobilise des ressources naturelles. Pas de vêtements car nu je suis né, nu je veux mourir. Mon idéal est de participer sans rechigner au grand recyclage que la nature nous propose gratuitement. Pour faciliter la chose, Paris nous offre paraît-il un modèle que je recommande : la commune fournit aux personnes décédées (sans ressources ni famille) des caissons en béton étanche équipés d’un système d’introduction de l’air afin que les espèces qui aident au recyclage de l’organisme puissent accéder au festin. L’oxygène accélère le dessèchement du corps et l’évacuation des gaz de décomposition est assurée. Il n’y a aucune pollution et le caveau peut être récupéré à l’infini : tous les cinq ans, il est à nouveau disponible. Nous ne nous appuyons pas assez sur les compétences de la biosphère qui possède depuis des temps immémoriaux un sens pratique très développé en ce qui concerne l’équilibre dynamique et le recyclage performant.

Je suis émerveillé par toutes les générations précédentes d’hominidés qui depuis des millions d’années n’ont laissé pratiquement aucune trace sur terre. Ils ont permis aux décomposeurs le soin de disperser leurs molécules pour profiter aux autres formes de vie. Je suis révolté par tous ces puissants et autres saccageurs de la nature qui font construire des pyramides et des mausolées dédiés à leur ego, des statues ou des monuments grandioses à la hauteur de leur suffisance. Ils n’ont aucun sens de l’écologie, ils n’ont pas le sens des limites, ils sont néfastes. Notre trace sur terre importe dans le souvenir que nous laissons aux vivants, pas dans l’empreinte écologique qui défigure notre planète. Je suis abasourdi de voir que les gens qui vivent à l’occidentale se croient à l’égal des puissants, construisant buildings immenses et autoroutes un peu partout. Je suis ulcéré par cette pub de Renault qui prétendait « laisser moins de traces sur la planète ». L’européen moyen émettra au cours de sa vie 752 tonnes d’équivalent CO2 de gaz à effet de serre*. Nous devrions avoir peur de la trace laissée après notre mort : entre un et deux millions de fois notre propre poids, c’est plus qu’une trace ! Mais je sais aussi comme Alan Weisman** que les canalisations d’eau exploseront un jour avec le gel, que les métros souterrains seront envahis par les eaux, que les barrages et canaux engorgés de vase déborderont, que la végétation recouvrira le bitume et le béton, que tout ce qui fait les routes et les villes, les maisons et les usines disparaîtra du regard.

Je ne suis que fragment de la Terre, nous ne valons certainement pas plus que le lombric qui fertilise le sol. Mais j’aspire à un monde meilleur pour mes descendants, une société humaine en harmonie avec notre merveilleuse oasis de vie perdue dans l’immensité d’un univers apparemment sans vie. Ce n’est donc pas une planète vide d’hommes que je souhaite, mais une planète où l’espèce humaine parcourt son existence d’un pas léger qui ne laisse presque aucune empreinte. Mon héritage pourrait se résumer à ces dix préceptes que j’ai mis en évidence sur un réseau de documentation des écologistes*** :

Tu as autant de devoirs que droits ;

Tu pratiqueras la simplicité volontaire ;

Tu aimeras ta planète comme toi-même ;

Tu réagiras toujours de façon proportionnée ;

Tu protégeras l’avenir des générations futures ;

Tu respecteras chaque élément de la Biosphère ;

Tu ne laisseras pas les machines te dicter leur loi ;

Tu adapteras ta fécondité aux capacités de  ton écosystème ;

Tu ne causeras pas de blessures inutiles à ton environnement ;

Tu vivras des fruits de la Terre sans porter atteinte au capital naturel.

Il n’y a pas d’ordre de préférence entre ces dix préceptes, ils sont complémentaires. Dans les Dix commandements du Décalogue, il y avait beaucoup trop de choses pour Dieu et bien peu pour encadrer une organisation socio-économique qui détériore la Biosphère. Quant aux cinq piliers de l’existence des musulmans, ils sont simplistes. Toute religion, en mettant Dieu et non la Biosphère au centre de ses directives, définit des règles de comportement centrées sur les intérêts de sa propre secte, non sur l’intérêt de l’espèce humaine, encore moins sur les rapports entre les humains et la nature qui nous permet de vivre. Dieu ne nous attend pas dans l’au-delà. Si nous n’avons pas fait ce que nous devons pendant notre existence, nous n’avons servi à rien. Puisse ce testament servir à quelque chose…

* Sur quelle planète vont grandir mes enfants ? de Jean-Guillaume Péladan (Ovadia, 2009)

** Homo disparitus d’Alan Weisman (Flammarion, 2007)

*** Les Dix Commandements de la Biosphère

Mon testament écolo Lire la suite »

effondrement de l’euro et système d’échange local

Script de la mini BD du MONDE*, les indégivrables :

« L’argent, c’est pourri ! Faut revenir à l’échange de services, genre je répare ta machine et tu repeins mon garage »

« Ou : tu m’échanges ta voiture contre mon robot de cuisine »

« Attends : ça ne vaut pas, ça ! Faut une grille de valeurs »

« Oui : ça s’appelle l’argent »

Cette BD est dans l’air du temps. De nouvelles monnaies créent une nouveau type d’échange communautaire. Ce phénomène se développe particulièrement en temps de crise finanicère, il a déjà donné naissance aux Lets (Local Exchange Tip System) canadien et au SEL français (Système d’échange local). Plusieurs sites comme SEL’idaire ou CyberSel propagent cette expérimentation. LE MONDE** a déjà réalisé un article sur la question : « Conjunto Palmeiras était un bidonville misérable du Brésil, sans eau ni électricité ni transports. Nous avons découvert un jour une chose importante : nous restions pauvres non seulement parce que nous avions peu d’argent, mais surtout parce que nous le dépensions en dehors de la favela. Il fallait dont autant que possible produire et consommer sur place. Et créer un instrument sur mesure, une banque communautaire. C’est ainsi que nous avons fondé en 1998 la banque Palmas, avec pour objectif de relocaliser l’économie, de générer de la richesse sur place, au moyen d’une monnaie sociale, le palmas, qui n’est utilisable que dans le quartier : 93 % des achats des ménages sont aujourd’hui effectués à l’intérieur du quartier. En dix ans, directement ou non, 1800 emplois ont été créés grâce à la banque locale. »

Cette BD se centre sur l’argent alors que ce n’est pas l’essentiel. Une banque éthique n’est pas faite pour gagner de l’argent, uniquement pour faciliter les transactions. Par principe, une monnaie alternative ne rapporte par d’intérêts : le temps ne rapporte rien. Reste le problème de la « grille de valeurs ». Or un service correspond à une durée de travail ; le temps est la seule référence concrète. Nous avons donc besoin de banques de temps : les services ou savoirs sont exprimés en unités de temps (Time Dollar aux USA, Banca del Tempo en Italie). L’unité de compte peut alors être libellée en heures et minutes. Se pose le problème de l’équivalence entre heures de travail : une heure pour tailler un haie est-elle l’équivalent d’une heure pour une leçon de piano ? Si nous étions logique, le temps d’une personne est bien toujours l’équivalent du temps d’une autre personne, quel que soit le service qu’il propose. Il suffit pour être équitable de décompter le temps passé à repeindre ton garage pendant que tu répares ma machine. Quant aux biens, comme ils incorporent aussi un certain nombre d’heures de travail, la référence reste la même que pour les services : money is time.

* LE MONDE du 14 décembre 2011, dessins de Zavier Gorce

** LE MONDE du 26 mai 2010, analyse de Joaquim Melo

effondrement de l’euro et système d’échange local Lire la suite »

réduisons la surface de nos logements

La transition énergétique que rend nécessaire la fin des énergies fossiles ne sera pas facile. Deux obstacles principaux s’opposent en effet aux indispensables économies d’énergie dans l’habitat, la pression du confort et la taille des logements.

La première expérience d’écoquartier français a été lancée en 2003. Une enquête récente met en lumière des surconsommations de chauffage. En effet la culture de basse consommation n’a pas été intégrée. On ne respecte pas en hiver la norme de chauffage préconisée, soit 19 °C. Sous la pression des habitants, les gestionnaires augmentent la température des chaudières. Là où les thermostats ont été bridés, certains habitants ont même acheté des chauffages d’appoint ! Comme le dit l’article*, « Faire entendre à des gens habitués à vivre avec 23 ou 24 °C qu’ils doivent se chauffer à moins, c’est compliqué ». La température de confort est donc une variable plus subjective qu’objective. Mieux isoler thermiquement les maisons ne sert à rien si cela ne s’accompagne pas d’une sensibilité citoyenne écologisée. D’ailleurs en Allemagne, les objectifs énergétiques au sein des écoquartiers sont placés plus bas encore et ils sont parfaitement respectés.

Quant à la superficie des logements, prenons l’exemple des Etats-Unis**. Après la Seconde Guerre mondiale, les soldats démobilisés et leurs familles emménageaient dans des logements de 90 mètres carrés. Dans les années 1970, la taille moyenne des maisons était de 150 m2. Aujourd’hui elle est de 233. En 2007, Laura Turner a achevé l’équipement de son modeste EcoManor de 575 m2 à Atlanta. Cette maison a été la première à recevoir la norme environnementale LEED (Leadership in Energy and Environmental Design). Avec 27 panneaux solaires sur le toit, la récupération complète des eaux de pluie, de la géothermie partout, une isolation en mousse de soja et des portes en aggloméré de paille de blé, la baraque consomme de 80 à 90 % de moins d’énergie qu’une maison de la même taille dans la région. Mais une grande maison où vivent peu de personnes ne peut se revendiquer d’un mode de vie durable. Les plus grosses économies d’énergie dans l’habitat sont à chercher d’abord dans la superficie.  La meilleure façon de s’afficher comme un citoyen responsable vis-à-vis de l’environnement est donc de choisir une petite maison, qui consommera automatiquement moins de tout. En plus, il faut savoir garder son pull même dans la maison…

* LE MONDE du 10 novembre 2011, Les ratés du premier écoquartier français.

** AMERICAN ECOLO d’Hélène Crié-Wiesner (éditions delachaux et niestlé, 2011)

réduisons la surface de nos logements Lire la suite »

l’électricité ou la sagesse, il faut savoir choisir

Près de 20 % de la population mondiale ne bénéficient pas d’un accès à l’électricité. Est-il donc normal que 80 % des gens puissent faire tourner des centrales nucléaires ou thermiques, plus polluantes les unes que les autres ? C’est l’AIE (Agence internationale de l’énergie) qui prône l’« énergie pour tous » lors de la conférence organisée les 10 et 11 octobre à Oslo* ; il faudrait que toute la planète adopte le style de vie occidental, peu importe les conséquences. L’AIE attaque l’utilisation du bois pour faire la cuisine, mais ne dit presque rien des problématiques afférentes à la production des énergies « propres ». De toute façon l’accès de tous aux énergies « modernes » butera sur la problématique du financement : les riches ne partagent pas.

L’ONU tient pourtant le même discours que l’AIE et désigne 2012 comme « année internationale pour une énergie durable pour tous ». Son  secrétaire général, Ban Ki-moon, a vécu dans sa jeunesse coréenne en étudiant « à la lumière de la bougie ». Mozart écrivait aussi ses partitions à la lumière de la bougie… Est-ce un mal ? Le « retour à la bougie » ou l’accès à l’électricité ? N’y a-t-il pas un compromis à trouver entre vivre sans lumière artificielle et illuminer inutilement les nuits ? Voici deux textes à méditer :

– Guillaume Sarkozy, ex vice-président du Medef, avait dit un jour publiquement d’un ton vif : « Et demain, vous allez retourner à la bougie, sans votre téléphone portable ? ». Je répliquai : « Si ceux qui ont le plus de capacité et de richesse ne reprennent pas notre destin par rapport à la crise écologique, nous irons précisément à un état de chaos social qui ne sera peut-être pas celui de l’âge des cavernes, mais qui serra extrêmement négatif. Donc, s’il vous plaît, monsieur Sarkozy, employons des arguments sérieux, et ne nous envoyons pas des bougies et des blocs de pierre à la figure. »

source : Pour sauver la planète, sortez du capitalisme d’Hervé Kempf

Le jaïnisme prône le renoncement aux richesses matérielles. La simplicité des moyens garantit la richesse des fins. Cela signifie simplifier notre vie matérielle autant que notre vie intellectuelle.

Les jaïns n’utilisent ni bougie, ni lampe électrique. Nous faisons tout à la lumière du jour ; la nuit, nous chantons et nous méditons dans l’obscurité. Nous veillons à limiter aux maximum l’usage que nous faisons des ressources dont nous disposons. Si nous cessions tous d’acquérir, de posséder, de stocker et d’accumuler, il n’y aurait plus de pénuries.

source: Tu es donc je suis (une déclaration de dépendance) de Satish Kumar

* LE MONDE du 12 octobre, Le défi de l’accès universel à l’énergie

l’électricité ou la sagesse, il faut savoir choisir Lire la suite »

boycottons Coca-Cola, buvons de l’eau, c’est plus écolo

Coca-Cola a décidé de suspendre un investissement de 17 millions d’euros dans son usine des Bouches-du-Rhône (203 employés), en réponse à la nouvelle taxe sur les boissons à sucres ajoutés du plan anti-déficit du gouvernement. La direction de l’entreprise l’a justifié en déclarant :  « Nous entendons ainsi protester symboliquement contre une taxe qui sanctionne notre entreprise et stigmatise nos produits ». Matignon a justifié l’instauration de cette taxe au nom d’une nécessaire lutte contre l’obésité, rappelant que le poids moyen des Français a augmenté de plus de 3 kilos entre 1997 et 2009. (LEMONDE.FR | 08.09.11 )

Quelques réactions judicieuses sur lemonde.fr :

–          Si on se place du point de vue de la lutte contre l’obésité, c’est plutôt une bonne nouvelle.

–          Quel chantage ridicule… La compagnie Coca Cola est vraiment une plaie ! Ca fait un moment que je boycotte tous ses produits. J’en profite pour rappeler les pratiques de Coca Cola : surexploitation des nappes phréatiques, pollution des sources d’eau, atteinte aux droits des travailleurs, travail des enfants…

–          Ce chantage à l’emploi donne la nausée. Ne plions pas devant l’ultimatum. Triplons la taxe !!! Si la politique de la France ne s’est pas faite hier à la corbeille, ce n’est pas pour la faire aujourd’hui au supermarché !

–          Enfin on voit la manière dont les grands groupes agissent dans leur lobbying avec les politiques : chantage à l’emploi permanent ! EDF, AREVA et autres Renault font exactement pareil. Les politiques devraient revoir TRÈS VITE leur attitude. Ils ont laissé aux acteurs économiques la politique… et on voit le résultat.

–          La protestation de cette entreprise est particulièrement mal placée et scandaleuse : après avoir inondé le marché de ses sodas générateurs entre autre, d’obésité donc de coût pour la collectivité, Coca tente la politique. Carton jaune, vif.

–          17 Mds € dans une usine automatisée qui ne produira pas d’emploi, on s’en fout !

–          Leur monstrueux chiffre d’affaire est directement tributaire de l’image de marque de la petite bouteille. S’ils mettent leurs menaces à exécution et si ça fait du bruit, combien de dizaines de millions de dollars de pub et de com devront-ils mettre sur la table pour « rattraper la sauce » ?

–          Coca-Cola, RedBull et les autres, c’est de l’eau sucrée gazéifiée, plus quelques trucs inoffensifs pour leur donner un goût spécial, c’est tout. Ils vendent de l’image, du rêve, du vent. S’attaquer à leur réputation, comme le fait le gouv en les taxant en tant que « boisson sucrée » est une menace grave pour eux. Normal qu’ils montrent les dents. Le problème, c’est que le gouv a tout à fait raison 1) de vouloir défendre la santé des jeunes, 2) de taxer des entreprises qui font de gros profits.

–          Boycottons Coca Cola et de ses marques présentes en France: Fanta, Sprite, Nestea, Minute Maid, Powerade, Burn Energy, etc. !

–          Moi aussi c’est décidé, je boycott la marque !

–          Seule issue: réaliser que les « consommateurs » ont, eux aussi, le pouvoir de faire peur aux toutes puissantes industries.

–          Je propose de boycotter Coca, c’est bon pour la santé, le portefeuille, et depuis aujourd’hui, pour la justice sociale.

–          De toute façon cette limonade noire est à gerber…

–          Il n’y a pas une bouteille ni de Coca qui soit jamais rentré dans la maison depuis 50 ans et même quand les enfants étaient jeunes… alors les taxes sur les boissons sucrées, pas d’autres commentaires !

–          Je ne bois ni Coca-cola ni autre soda. Difficile de boycotter. Mais pour ceux qui ne peuvent pas se passer de cola (9 morceaux de sucre dans une canette de 33cl), je vais vous indiquer un truc qui rend malade Coca-Cola : clamez haut et fort que vous ne boirez plus que de l’eau – il paraît même que cela a meilleur goût.

–          Il ne faut pas oublier que les consommateurs vont y gagner : ils vont se mettre à l’eau, qui est meilleure pour la santé, et moins chère !

boycottons Coca-Cola, buvons de l’eau, c’est plus écolo Lire la suite »

lâcheté environnementale d’Obama et Sarkozy

Quelle différence entre la présidence du démocrate Barack Obama et celle d’un républicain ? Aucune ! Le président américain vient de retirer un projet de réglementation prévoyant des normes de qualité de l’air plus strictes* : « Une telle mesure aurait pesé sur l’industrie dans une période de forte incertitude économique ». Pourtant l’EPA (Agence de protection de l’environnement) déclarait que cette réglementation aurait permis d’économiser jusqu’à 100 milliards de dollars sur les dépenses de santé. Un président qui plie devant les lobbies industriels au détriment de l’économie de la santé n’est pas un véritable président.

Comme les républicains, Obama veut alléger le poids des réglementations pesant sur l’activité des entreprises ; il devrait savoir que cette tendance idéologique a entraîné la crise des subprimes et toutes les perturbations environnementales que nous traversons. Comme les républicains, Obama dévoilera la semaine prochaine un plan de relance de la croissance devant le Congrès ; il devrait savoir que la croissance économique dans un monde dont on a déjà dépassé les limites est une aberration qui crée plus d’inégalités qu’elle ne procure d’emplois. Ce n’est pas en faisant preuve de faiblesse qu’Obama préservera ses chances de réélection en 2012.

Barack Obama avait été élu le 4 novembre 2008, la collecte de fonds de sa campagne électorale avait atteint un niveau record de 639 millions de dollars. Il n’était donc déjà qu’un pantin aux mains des puissances d’argent. Obama faisait répéter en boucle « Yes, we can », c’était pour dissimuler son impuissance réelle. Même pas encore entré officiellement en fonction, Obama envisageait déjà d’agir pour l’emploi avec une stratégie de relance privilégiant le secteur automobile. Obama avait la même conception que cette maman républicaine qui croyait à un avenir positif pour ses enfants, avec deux automobiles et deux garages, la grosse maison qui va avec et le chien. J’avais reconnu dans la grande liesse qui a accompagné l’investiture d’Obama le mardi 20 janvier 2009 la même allégresse qui avait scandé l’élection de Mitterrand aux présidentielles françaises de 1981. Je ressens toujours la même méfiance qui me tord les tripes quand je contemple ici et là ces foules immenses qui croient encore au Père Noël alors qu’il va falloir se serrer la ceinture.

Seule la décroissance est positive pour les pays d’obèses qui consomment trop et ne partagent rien. Cette rupture commence par une réglementation drastique anti-pollution qu’un président digne de ce nom se devrait de mettre en place. Et versons une larme sur la taxe carbone promise puis abandonnée par le président de la « rupture », Sarkozy…

lâcheté environnementale d’Obama et Sarkozy Lire la suite »

Steve JOBS, le chouchou du MONDE

Je n’ai pas de Ipod ni de iPad ni de téléphone intelligent et j’aurais aimé que Steve Jobs n’ait jamais existé. Pourquoi un colosse financier de 350 milliards de dollars (Apple) a-t-il droit à une pub gratuite dans un quotidien de référence ? En effet, l’éditorial du MONDE* dresse un panégyrique d’une action seulement mercantile : « Un génie du marketing et du design quitte son poste de PDG… Steve Jobs symbolise l’excellence. » Alors que l’éditorial admet dans le même temps que « Apple est devenu un partenaire impitoyable en affaires, profitant au maximum de sa position de supériorité sur le marché ». En quoi ces « objets de consommation ludiques » sont-il « formidablement utiles » ? En quoi le fondateur d’Apple a-t-il « révolutionné la vie de dizaines de millions de gens à travers la planète ».

La réaction de Thomas Serre sur le monde.fr me paraît plus appropriée que la ligne éditoriale du MONDE : « Pour avoir fait de mes concitoyens des abrutis de consommateurs encore un peu plus accroché à leur maudit écran, je dis : bon débarras, Steve Jobs. » Comme ajoute Jerôme Gonsolin, « Le savoir faire d’Apple, c’est juste faire croire au plus grand nombre à un savoir-faire. Quelques idées, du secret, des prix élevés, la guerre aux concurrents, la pression sur les fournisseurs, tel est l’aboutissement d’une Amérique qui ne fabrique plus rien. Dire merci à ça ? »

Précisons que, contrairement aux dires de Robert Cyran dans la rubrique franglaise du MONDE « Breakingviews », Steve Jobs n’a pas « anticipé les goûts des consommateurs ». Comme devrait le savoir tous les étudiants en marketing, il y a filière inversée. Dans un système de publicité de masse, ce n’est pas le consommateur qui dicte ses choix aux entreprises, ce sont les entreprises qui incitent les gens à « aimer » leurs produits. Or qui dit gadget électronique dit consommation d’une énergie qui va se faire rare, consommation de terres rares, pollutions par les déchets, etc. L’action de Steve Jobs, d’un point de vue écologique, ne doit pas être louée, mais condamnée. N’achetez plus d’iPod, d’iPad, etc…

* LE MONDE du 27 août, Au revoir et merci, Steve Jobs

Steve JOBS, le chouchou du MONDE Lire la suite »

la pensée unique du croissancisme

Daniel Cohn-Bendit reste dans la logique de la politique libérale keynésienne, une relance de l’économie*. Le discours est répétitif : « Nous avons besoin d’euro-obligations pour relancer l’économie »… « Davantage d’Europe fédéraliste, cela veut dire une « règle d’or » européenne, des investissements européens pour relancer l’économie »… « On pourrait aussi instaurer une taxe sur les communications intereuropéennes par GSM et sur Internet, pour abonder un fonds qui aiderait la relance européenne »… « Je suis pour la rigueur de la relance ». Ce faisant, il refuse explicitement toute idée de sobriété heureuse : « Si, à l’inverse, on applique une politique d’austérité, les économies ne repartiront pas »… « Comment réduire la dette ? Pas par une politique d’austérité qui touche les plus pauvres ».

Ces propos d’une platitude affligeante sont à peu de chose près les mêmes que ceux de Hollande et consorts socialos. D’ailleurs, dans le même numéro du MONDE**, le Premier secrétaire par intérim du PS ne dit pas autrement : « Désormais Sarkozy et Merkel sont le couple de la croissance zéro »… « Le duo Sarkozy-Merkel ne coordonne plus que l’austérité »… « L’austérité budgétaire ne fait pas un projet de relance économique »… « Le coup de frein budgétaire ne doit pas bloquer la reprise mondiale »… « Les socialistes européens proposent un pacte pour la croissance ».. « Le moteur franco-allemand ne doit pas être au service de l’austérité qui brise la croissance ». Pas étonnant qu’il y ait convergence  entre Cohn-Bendit et le PS, le quotidien LE MONDE a la même optique. Dans un éditorial récent***, ce journal estime que « le seul remède capable de réduire durablement l’endettement public, c’est une croissance économique plus vigoureuse ». Pas étonnant que Cohn-Bendit possède ses entrées privilégiées dans ses colonnes, qui se ressemble s’assemble. Mais nous voyons mal dans une relance la singularité de la pensée écologique en matière économique.

Pour son discours de clôture des journées d’été, Eva Joly montre qu’elle a désormais assimilé toutes les références la transformation écologique de l’économie avec la relocalisation et la reconversion des industries. Elle exige que le Parti socialiste rompe avec la « logique productiviste ». Nous espérons que l’écologie politique ira au bout de cette démarche. La rigueur sans austérité est un mensonge. L’austérité n’est pas un gros mot. Au contraire, elle pourrait être l’amorce d’une décroissance raisonnée, le premier pas vers une société économe. Il ne peut pas y avoir d’écologie sans décroissance. Rappelons à Harlem Désir que « croissance zéro » n’est pas une insulte, c’était en résumé la conclusion d’un rapport scientifique de 1972 sur les limites de la croissance.

Il est vraiment étonnant que ce soir le vice-président américain en visite à Pékin**** qui « joue la carte de la frugalité »… On ne sort de la pensée unique croissanciste que sous l’emprise de la nécessité !

* LE MONDE du 20 août 2011, La parole de nos gouvernants, c’est triple zéro.

** LE MONDE du 20 août 2011, Non au pacte d’austérité Sarkozy-Merkel.

*** LE MONDE du 18 août 2011, les limites du volontarisme.

**** LE MONDE du 20 août 2011, la dégradation de la note des Etats-Unis avait inquiété son principal créancier étranger.

la pensée unique du croissancisme Lire la suite »

seule solution à la dette, ne pas rembourser les prêteurs

L’histoire nous apprend que seules la guerre, l’inflation ou la croissance peut résoudre le problème de la dette. Pour Jacques Attali, il n’y a donc pas de doute : il faut « tout faire pour rétablir les conditions de la croissance »*. Nous n’en attendions pas moins de la part de celui qui a dirigé une commission de « libération de la croissance » dont d’ailleurs il n’est rien sorti si ce n’est une grève des taxis. De plus la commission Attali visait une croissance de 5 % sans évoquer le problème environnemental posé par une activité économique intense.

Pourtant, dans un texte paru en 1973 (no 52 de La Nef), Jacques Attali expliquait combien le rapport du Club de Rome, The Limits of Growth était un livre « prudent ». Il soulignait ensuite les principaux écueils de la croissance : « Les modèles de croissance sont incapables d’analyser les relations entre la croissance et le bien-être » ; « Les grandeurs de la comptabilité nationale conduisent à mesurer la croissance par un indicateur unique, le PNB, dont il est devenu banal aujourd’hui de souligner l’inadéquation. » ; « Il est un mythe savamment entretenu par les économistes libéraux, selon lequel la croissance réduit l’inégalité. Cet argument permettant de reporter à « plus tard » toute revendication redistributive est une escroquerie intellectuelle sans fondement. » Les différentes analyses et constats statistiques ont amplement confirmé depuis 1973 la validité de ces trois critiques : la croissance ne fait pas le bonheur, elle ne mesure pas la destruction de  l’environnement, elle ne réduit pas les inégalités. La croissance économique ne peut donc être une solution.

Pour réduire l’endettement, il faut donc définir une autre alternative qui en soit ni la guerre, ni l’inflation, ni la croissance. Elle existe, elle s’appelle sobriété forcée autant dans les budgets de l’Etat que dans les dépenses privées. Il faut donc pratiquer une économie conviviale qui pèserait le moins possible sur les ressources naturelles. Tout au contraire d’une libération de la croissance, il s’agit de définir une économie qui stoppe la dégradation de l’environnement tout en permettant un bien-être équitablement partagé. Il s’agit de créer une société où ce qui importe, ce sont les relations gratuites et non les biens marchands.

Pour le reliquat de la dette, qui équivaut aujourd’hui à sept années fiscales en France, ne rendons pas aux riches prêteurs l’argent qu’ils n’ont eu aucun mal à donner puisqu’ils n’en avaient pas usage. De toute façon la solution inflationniste dévaloriserait leurs créances ou une guerre civile leur couperait la tête !

* LE MONDE du 11 août 2011, La France est explicitement désignée pour perdre son AAA

seule solution à la dette, ne pas rembourser les prêteurs Lire la suite »

partir en vacances… ou pas !

Nous sommes partis en C3 pour une semaine de vacances dans les Pyrénées. Une petite virée de 900 kilomètres, soit avec 114g de CO2 par km, une émission de gaz à effet de serre de plus de cent kilos au total. Pourquoi se gêner, bientôt la Porsche Cayenne à 190g aura le même bilan carbone que la C3 ! En effet les Allemands veulent pondérer l’émission de CO2 en prenant en compte la masse du véhicule*. Les voies du lobbying automobile sont impénétrables. Pour éviter la mort sur la route, nous avons pris l’A65 entre Langon et Pau, autoroute qui a déchiré le milieu naturel et entraîné un nouvel appauvrissement de la biodiversité**. Nous étions seuls sur l’asphalte, 4000 véhicules par jour seulement en moyenne. Le péage est le plus élevé de France, mais pas assez : les collectivités locales prendront en charge les déficits de l’entreprise privée concédante : faut pas se gêner ! Après une semaine de sandwichs et de nouilles, nous nous sommes payé le restaurant  le dernier jour : choix de foie gras presque à tous les plats. La France pratique encore le gavage des canards, pratique désormais interdite dans la plupart des pays de l’Union européenne***. La France n’applique même pas l’exigence européenne de permettre la liberté de mouvement des animaux, et notamment celle de battre des ailes : on maintient encore la volaille en cages individuelles lors du gavage, faut pas se gêner.

Quand au retour nous avons pu admirer la longueur de l’embouteillage vers le Sud sur le périphérique autour de Bordeaux, nous nous sommes dit : pourquoi pratiquer la simplicité volontaire et marcher autour de chez soi quand tant de monde prend la route pour partir en vacances le plus loin possible de son habitat ! Alors, est-ce que nous partirons à nouveau pour randonner en montage ? Sans doute à vélo, en évitant les grandes routes et en restant végétariens… si nous sommes courageux.

* LeMonde du 9 juillet 2011, La Porsche qui voulait se faire aussi petite qu’une C3

** LeMonde du 13 juillet 2011, Péages au paradis (chronique d’Hervé Kempf)

*** LeMonde du 16 juillet 2011, Le foie gras français « non grata » en Allemagne

partir en vacances… ou pas ! Lire la suite »

liste des saloperies à ne pas acheter

le gros équipement superflu : la bombe nucléaire ; le yacht  ; la résidence secondaire ; le pavillon ; le TGV ; l’hélico ; la moto  ; le quad ;  la mini-moto…

les équipement inutiles : le « Home Cinema » ; l’ascenseur ; l’escalator ; l’aspirateur ; la tondeuse à gazon ; le climatiseur ; la fontaine à eau…

les appareils électroniques à jeter : l’appareil photo numérique ; l’ordinateur ; le Ipod ; le cadre-photo numérique…

les trucs électriques dont on peut se passer : le vélo électrique ; la radio ; la chaîne stéréo ; la machine à pain ;  la machine à expresso ; moulins à sel et à poivre électrique ; la brosse à dents électrique ; le cornet à glace motorisé…

les gadgets attrapes-couillons : le chien ; le chewing-gum ; le jus de fruit Unicef ; le chocolat ; le pot de Nutella  ; le stylo à bille ; le costard ; la cravate ; la montre…

…….. La liste n’est pas close !

(exemples tirés du journal La décroissance, entre 2004 et aujourd’hui)

liste des saloperies à ne pas acheter Lire la suite »

l’enfer américain : télé, pub, voiture et misère intellectuelle

– Vous ne pouvez pas imaginer – n’essayez même pas ! – la médiocrité crasse, la profonde misère intellectuelle de la télévision américaine. J’ai vu Barbara Walters interviewer des gens morts il y a douze ans et qui n’étaient même pas intéressants de leur vivant.

– Comme me l’a expliqué un ami, ici on ne regarde pas la télé pour voir ce qu’on diffuse sur une chaîne mais pour aller voir sur d’autres chaînes s’il n’y aurait pas par hasard autre chose… Et le seul avantage de la télé américaine c’est qu’il y a toujours autre chose.

– Avec des chaînes aussi nombreuses et si également dépourvues d’intérêt, on ne regarde rien, en fait. Et c’est bien là le plus déprimant.

– Le problème avec les publicités américaines, c’est qu’elles sont omniprésentes et envahissantes. La plupart des chaînes en passent toutes les cinq ou six minutes. CNN, d’après moi, se compose exclusivement de pauses publicitaires.

– Je viens de consacrer une demi-heure (je ne vous compterai pas de supplément) à suivre attentivement un programme typique de CNN. En 30 minutes, la chaîne a interrompu l’émission cinq fois pour diffuser vingt spots publicitaires.

– On n’échappe pas à la publicité – et pas seulement chez soi. Des milliers d’écoles américaines dépendent en partie de matériaux éducatifs fournis par de grandes entreprises, si bien que les enfants suivent des cours de nutrition financés par McDonald’s et découvrent la protection de la nature grâce à Exxon.

– La journée était superbe. Pourtant toutes les voitures roulaient vitres fermées. Dans leur habitacle hermétiquement clos, tous les automobilistes avaient réglé la température pour reproduire un microclimat identique à celui du monde extérieur.

– Promenez-vous dans n’importe quelle banlieue américaine en été, et vous aurez peu de chances d’y voir des enfants jouer au ballon ou faire du vélo : ils sont tous à l’intérieur. Et le seul bruit qu’on entend, c’est le bourdonnement des climatiseurs à l’unisson.

– Pourquoi les Américains n’éteignent pas leurs ordinateurs ? Pour la même raison qui pousse tant de gens à laisser tourner leur moteur pendant leurs emplettes, à laisser toutes les pièces de leur maison éclairées et à mettre le thermostat de leur chauffage central à un niveau que ne supporterait pas un sauna finlandais. Parce que l’électricité, l’essence et toutes les autres formes d’énergie ont toujours été tellement bon marché que personne dans ce pays n’aurait l’idée d’adopter un autre comportement.

– Les Américains sont entourés d’appareils qui font tant de choses à leur place que ça en devient ridicule. Distributeurs automatiques de croquettes pour chat, brosses à dent déjà garnies de pâte dentifrice, tourniquet automatique à cravates avec éclairage : les gens sont devenus des accros du confort au point de s’être laissé entraîné dans un cercle vicieux. Plus ils accumulent ces gadgets destinés à économiser le temps, plus ils ont besoin de travailler ; plus ils travaillent, plus ils ont besoin d’acquérir de nouveaux gadgets pour gagner du temps.

– Je me rappelle être allé au supermarché et avoir découvert que les rayons n proposaient pas moins de 18 variétés de couches pour incontinents. Dix-huit ! Seigneur, c’est Byzance ! Plus il y a de choix, plus les gens en veulent. Et plus ils en veulent, plus ils en veulent, euh… encore.

– J’ai enfin compris pourquoi rien ne va. On en a trop. Je veux dire qu’on a trop de tout ce qu’on peut vouloir, nécessaire et superflu. Mais on n’a pas assez de bons plombiers, et pas assez de gens polis qui disent merci quand on leur tient la porte.

– Je suis certain – sérieusement persuadé, en fait – qu’il y a quelque chose dans la vie américaine moderne qui tend à supprimer tout effort de réflexion, même parmi les gens plus ou moins normaux.

Bill Bryson in American rigolos (Petite bibliothèque Payot, 2003)

l’enfer américain : télé, pub, voiture et misère intellectuelle Lire la suite »