simplicité volontaire

surinformés et désinformés, donc infantilisés

Nos sociétés occidentalisées sont à la fois surinformées, sous-informées et désinformées. La coupe du monde 2010, qui n’apporte pourtant aucune information véritable, prend plusieurs pages et souvent les grands titres, même dans Le Monde. Cette prédominance du sport-spectacle, le foot un jour, le tennis le lendemain et la F1 entre-temps est renforcée par la main-mise de la culture de masse sur les informations. Quand on ajoute les faits divers, genre « La tempête tropicale Alex devrait épargner les opérations anti-marée noire » ou « Affaire Bettencourt : Sarko apporte son soutien aux Worth », il ne reste pas grand chose pour la réflexion.

                C’est pourquoi la surinformation entraîne la sous-information. Les éléments de connaissance réellement nécessaires à la compréhension du monde contemporain et à la perception des enjeux de long terme passent inaperçus dans le maelström des nouvelles du jour. De plus, du secret-défense au secret industriel, les outils ne manquent pas pour garder secrètes des informations importantes. Enfin, nous ne pouvons être satisfaits de la manière dont les journalistes font leur boulot de tri et de hiérarchisation. Comme si tout cela ne suffisait pas à appauvrir la réflexion humaine, s’ajoute la désinformation systématique opérée par les grands intérêts économiques. Une longue chaîne d’outils extrêmement performants, qui va de travaux scientifiques financés par l’industrie jusqu’au lobbying, permet de diffuser des informations inexactes ou trompeuses et d’entretenir de faux débats et controverses illusoires.

Surinformées, sous-informées et désinformées, l’essentiel est donc oublié. Même Le Monde minimise des débats essentiels comme « la course au pétrole arctique manque de garde-fous » ou « la sécurité alimentaire est la grande absente aux débats du G20 ». La déformation de l’information est d’autant plus perceptible dans une société dont l’idéologie dominante nous a fait oublier depuis deux siècles les limites de la planète et le sens des limites. Alors que les crises actuelles et à venir devraient nous inciter à la simplicité du mode de vie et à la sobriété énergétique, ce sont les annonces automobiles qui structurent le bas de page du Monde.fr. Ce blog voudrait rompre avec le bavardage, mais cela ne suffit pas. C’est pourquoi, avec nos modestes moyens, nous avons mis en ligne un réseau de documentation qui pourrait permettre à chacun de mieux décrypter les grand évènements de notre société mal-informée. Il est possible de nous écrire après inscription si vous avez des informations à faire partager.

NB : les informations citées ci-dessus sont extraites du Monde.fr du 25 juin

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pour un lundi végétarien

Généraliser le lundi végétarien ? Certains y pensent déjà. Quelques députés droite-gauche confondue dénoncent autour d’un buffet goûteux la surconsommation de viande (« faire maigre », LeMonde du 21 mai) et défendent le principe d’une journée végétarienne par semaine. Bien d’autres voix disent de même :

– Rajendra Pachauri, président du GIEC : « Un des premiers gros efforts que devra réaliser la société humaine pour lutter contre le changement climatique est de réduire sa consommation de viande. Le cycle de production de la viande est très intensif, il nécessite beaucoup d’énergie, d’eau et d’aliments pour le bétail et génère d’importante émission de gaz à effet de serre. Changer les habitudes de nourriture nécessite un vrai changement de valeurs et une vraie information des populations pour leur expliquer l’association qui existe entre la consommation de viande et l’effet de serre.

(source : Sciences et avenir hors série janvier-février 2010)

– Hervé Le Bras (démographe, directeur d’études à l’INED) : « Le problème le plus important n’est plus le nombre total des hommes, mais la structure de leur consommation, celle d’hydrocarbures, et de plus en plus celle de nourriture animale. Si la planète entière adoptait le régime alimentaire des Français, elle ne pourrait nourrir que 3,4 milliards de personnes, soit la moitié de la population actuelle. En outre les ruminants émettent du méthane, puissant gaz à effet de serre »)

(Source : propos recueillis par Thierry Paquot, trois questions à Hervé le Bras (Entropia n° 8, printemps 2010)

– André Méry (président de l’association végétarienne de France)  : «  Il faut tout de même avoir en tête que la France importe 5 millions de tonnes de tourteaux de sojas par an du Brésil ! Admettons que l’on crée une journée par semaine sans viande, cela permettra de réduire la déforestation, idem pour la pollution atmosphérique, pour le gaspillage d’eau, etc. »

(source : Dossier du mensuel terraeco de février 2010)

Alors, si tu œuvres dans une association, nous te conseillons de faire adhérer à la campagne « Nous sommes d’accord avec le lundi végétarien  ».

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la Grèce, un exemple à suivre

Les promesses électorales n’ont plus cours en Grèce. Une nouvelle cure d’austérité prévoit des réductions sévères des revenus et une baisse importante du niveau de vie. Un demi-siècle après leur création, le Parti socialiste (PASOK) a aboli les salaires de Noël et de Pâques [13e et 14e mois] et les congés payés des fonctionnaires et retraités. Papandréou a aussi annoncé une réduction supplémentaire de 8 % des salaires des fonctionnaires. Après ces mesures, chaque fonctionnaire va perdre entre 15 et 30 % de son revenu annuel. Le PIB du pays va donc baisser de 4 % dès cette année. Il faut dire que la dette publique grecque est de 400 milliards d’euros alors que le gouvernement grec avait toujours affirmé qu’elle n’était « que » de 300 milliards d’euros ; la Grèce avait trafiqué ses chiffres d’endettement ! Le patron du FMI, DSK, est donc « admiratif de l’extrême rigueur choisie à Athènes ».Pour Strauss-Kahn, Il n’y a pas d’alternative, « C’était ça, ou les salaires des fonctionnaires et les retraités n’étaient plus payés le mois prochain. »

La leçon à tirer, c’est que la Grèce vivait au-dessus de ses moyens. On ne peut pas vivre indéfiniment au prix d’un endettement croissant. Un jour ou l’autre, il faut rembourser et plus on attend, plus la note est douloureuse. Mais La Grèce n’est pas un cas isolé. A la date du 16 novembre 2009, la dette publique des Etats-Unis atteignait 12 000 milliards de dollars. Elle avait dépassé le seuil symbolique des 10 000 milliards de dollars en septembre 2008. Il faut ajouter un endettement des ménages américains de 5 500 milliards $. Il est absolument anormal qu’un pays riche vive à crédit. Paradoxalement, l’ensemble de la dette du Tiers monde n’était que de 3360 milliards $ en 2007. La planète tourne à l’envers, qui peut financer l’économie quand tout le monde est emprunteur ? La patience du créancier chinois a ses limites !

Ce qui attend les pays riches est donc nécessairement une cure d’austérité généralisée dont la Grèce n’est qu’un signe précurseur. Comme il faut ajouter à la dette financière la dette écologique, qui amenuise encore plus la possibilité de ressources futures, la purge n’en sera que plus difficile à avaler. Mais la biosphère s’en trouvera soulagée…

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à poil et sans poils

La femme moderne se veut l’égale du singe, elle se montre à poil, du moins sur les affiches. La femme moderne ne se veut plus l’égale du singe, elle enlève ses poils. En cette journée mondiale de la femme, parlons du poil qui libère et de l’épilation intégrale qui enchaîne. D’abord les femmes ôtèrent les poils du mollet, c’était dans les années 1920 avec les robes courtes et les premiers bains de mer. Et puis les maillots couvrant de moins en moins de chair, ce fut l’épilation de la jambe entière et même des poils du pubis qui pouvaient dépasser. Aujourd’hui les jeunes filles deviennent adeptes de l’épilation intégrale.

Il n’y a pourtant dans cette évolution que conformisme et effet de mode orchestré dans le seul but de vendre des tissus dont l’élasticité croissante (fini les maillots en laine, vive les matières synthétiques !) et la texture permettait de réduire la taille du bikini ou de mouler les mollets. Aujourd’hui les hommes se mettent au diapason. Pour les garçons la transformation du duvet en barbe révélait la fin de l’adolescence et l’identité masculine, un véritable ancrage dans une spécificité corporelle. Mais on a inventé les rasoirs mécaniques ou électriques, les jetables et les super-performants à trois lames. Maintenant  il y a une convergence des sexes qui fait que les hommes ne se rasent plus seulement la barbe, mais  pratiquent aussi de plus en plus une épilation poussée. Manière d’affirmer la supériorité de la culture sur la nature, manière de souligner l’éloignement de l’homme  de son origine animale? Que nenni ! Les corps des deux sexes sont dorénavant instrumentalisés, le poil est devenu le cœur d’une nouvelle cible à des fins mercantiles. Ainsi l’industrie mondiale de l’épilation a réalisé en 2008 un chiffre d’affaires de 1,3 milliards d’euros

Nous ne trouvons pas positive l’évolution de la société moderne. Contre la société thermo-industrielle et pour un rapprochement de notre mère Nature, inversez la tendance et redécouvrez le plaisir d’être velu, que vous soyez hommes ou femmes.

PS : Pour les données chiffrées, LeMonde du 7-8 mars (La tyrannie de l’épilation) ; les journalistes nous rappellent que celles qui se dénudaient à Woodstock étaient à l’aise dans tous leurs poils.

 

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minijupe et burqa

            La société française n’a pas de mémoire. Il devrait être loin le temps où les lycéennes devaient se revêtir obligatoirement d’une blouse, le temps où les cheveux longs des garçons étaient interdits d’entrer dans les établissements scolaires, le temps où les naturistes étaient enfermés dans des camps. Une société n’a pas à imposer de tenue vestimentaire car il n’y a aucun dommage envers autrui ; être nu, en minijupe ou en burqa, cela relève de la liberté personnelle. Quand on voit qu’une mission sur le voile intégral a été codirigé par un communiste qui s’emporte contre la talibanisation de la société et un UMP qui dénie la liberté d’expression d’un prix Goncourt (LeMonde du 24-25 janvier), on se rend compte que la patrie des droits de l’Homme n’a encore rien compris. Les valeurs républicaines ne peuvent pas condamner les pratiques communautaristes car le respect de la diversité des cultures est le principe même d’une république laïque.

Abdennour Bidar exprime une réalité sociologique : le port de la burqa est une expression, inconsciente ou non, d’un ressentiment contre le modèle occidental. Car qu’apporte ce modèle si ce n’est l’uniformité et l’uniformisation redoutables des consciences, des attitudes et des discours. La modernité n’est pas l’ère de l’individu car la société de la consommation et du spectacle a réduit l’expression du moi à quelque chose de dérisoire où le paraître interdit d’être. Quand il n’y a plus de projet d’existence, certains ne peuvent que se réfugier dans une communauté reconstruite alors que la plupart s’oublient devant leur écran de télé ou d’ailleurs.

Comme l’écrit Grégory Bateson, notre civilisation semble préférer l’interdiction à l’exigence positive, et par conséquent, c’est par la loi que nous essayons de défendre les libertés civiles. Il est trop facile de promulguer des lois qui règlent les détails les plus épisodiques et les plus superficiels du comportement humain. Ce serait beaucoup mieux d’encourager les individus à prendre conscience de leur propre liberté et de leur potentiel de souplesse. Le but de l’écologiste est d’accroître la souplesse de notre société. Cela relève de la formation du caractère, pas du législatif.

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le père Noël est une ordure

La fête de la Saint Nicolas (Nicolas de Lycie, protecteur de tous les enfants) était célébrée le 6 décembre. Entre le XIX et le XXe siècle, des chrétiens associent cette « fête des enfants » à celle de l’Enfant Jésus : Saint Nicolas fera désormais sa tournée la nuit du 24 décembre. A partir de 1930, une série de publicités pour la marque Coca-Cola fixe le costume rouge et blanc. Le système marchand s’empare dorénavant des mythes religieux. En 1900, il suffisait d’une orange donnée à un enfant pour avoir l’impression d’un immense cadeau. En l’an 2000 les consoles de jeux vidéos du père Noël finissent par intoxiquer les jeunes esprits.

« Le Père Noël est un des pires flics de la terre et de l’au-delà, le Père Noël est le camelot immonde des marchands les plus fétides de ce monde. Les marchands de rêve et d’illusion, véritables pirates des aspirations enfantines, colporteurs mercantiles de l’idéologie du flic, du fric, du flingue… Face à la grisaille géométrique des cités-clapiers, bidonvilles de la croissance, face aux arbres rachitiques, aux peuples lessivés, essorés, contraints, s’étale la merde plaquée or-synthétique, la chimie vicieuse des monceaux de jouets, un dégueulis de panoplies criardes, avec, derrière la porte capitonnée le ricanement malin des marchands. » Ce texte n’a pas vieilli. Pourtant, il a été écrit en janvier 1973 (La gueule ouverte n° 3)

 Conclusion : La puissance des illuminations installée pour Noël en France est équivalent à celle d’un réacteur nucléaire, soit 1300 MW. La part des jouets importés dans les achats du Père Noël européen est de 90 %. Mais, alors que la Chine fabrique 65 % des Barbie dans le monde, la part de  ces poupées vendues en Chine n’est que 2,5 %. Quand on sait aussi que 95 % des Français comptent revendre leurs cadeaux de Noël, une seule solution s’offre à nous, zigouiller le père Noël.

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soyons sexy

Pour Monsieur, achetons Jean Paul Gaultier « Le male », pleine page de pub pour un parfum : beau biceps, beau tatouage, on en mangerait. Soyons sexy, achetons pour Madame Jean Paul Gaultier « classique », pleine page de pub pour un parfum : belle poitrine, cuisses bien en vue, on en redemanderait. Achetons Trésor de Lancôme car « l’amour est un trésor », surtout quand on peut s’offrir en prime Kate Winslet en page entière. Oublions la souris avec Acer Touch Technology, autre pleine page de pub, et mettons notre « poche en rêve » avec iPhone3G, dernière page et pub toujours dans LeMonde du 24 décembre.

  Passons aux choses sérieuses, un peu moins sexy. Après l’échec de Copenhague, l’Europe pleure et l’OPEP rit. L’Inde est ébranlée par des tensions régionalistes. La burqa divise la majorité et l’invasion touristique menace l’île de Pâques. La population guinéenne voit passer les trains de bauxite sans en profiter et une vague de condamnations à mort  frappe les opposants en Ethiopie. Tout cela dans LeMonde du 24 décembre.

 Finalement LeMonde est schizophrène, la touche sexy enveloppe de couleurs les misères du monde. Finalement la société occidentale est schizophrène, qui refuse sa responsabilité dans les malheurs du monde pour s’étourdir à coup de parfum et de gadgets électroniques. Finalement les médias sont à l’image d’une population privilégiée… et réciproquement…                                                                

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De la viande une fois par semaine

J’apprécie Fabrice Nicolino. C’est l’un des rares penseurs en France à penser vraiment. Nos intellectuels qui trônent en haut de nos médias n’ont plus rien à dire, ils ne disent rien de la viande. Fabrice, lui, nous parle de viande à chaque paragraphe de son article dans LeMonde du 18 novembre. La viande n’était pas au sommaire du sommet mondial pour la sécurité alimentaire qui vient de s’achever à Rome. Pourtant la surconsommation de viande affame les moins favorisés de la planète. La viande ne sera pas au sommaire du forum planétaire de Copenhague sur le dérèglement climatique. Pourtant la viande  est responsable de 18 % des émissions des gaz à effet de serre, soit plus que les transports. Comme dit Fabrice, ces conférences mondiales sont de pures foutaises. Comme  dit le communiqué conjoint de FNE et de la CFDT ce jour, le Sommet de Copenhague devrait seulement aboutir à la conclusion d’un accord politique et non à celle d’un accord juridiquement contraignant. Le résultat est tragique, les gens meurent déjà de faim par centaines de millions et les réfugiés climatiques se compteront par centaines de millions.

Alors, je t’en supplie, ne mange de la viande qu’une fois par semaine, cela libérera de la terre pour les affamés (il faut 7 à 9 calories végétales pour obtenir une seule calorie animale) et provoquera moins de gaz à effet de serre… La solution aux crises écologiques ne reposent pas principalement sur des négociations de politiques soumis à des groupes de pression et aux intérêts nationaux, mais sur le  comportement de chacun de nous. 

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Décroissance comme Destin

La décroissance économique est notre destin. Qu’on l’appelle croissance négative, récession ou dépression, la crise écologique et financière devient une composante structurelle de la civilisation thermo-industrielle. Même un journal aussi croissanciste que LeMonde commence à se poser la question de manière de plus en plus affirmée dans son numéro du 14-15 novembre 2009.

Ainsi Pierre-Antoine Delhommais, qui ne savait parler que de croissance économique, s’inquiète : « Après le spectre de 1929, celui de 1937. Seule la seconde guerre mondiale a vraiment permis à l’économie américaine de surmonter sa grande Dépression. » Ainsi l’article de Sylvia Zappi sous le grand titre La crise relance le thème de la décroissance : « Jusqu’alors cantonnées à des économistes en marge ou d’écologistes radicaux, les théories des décroissants progressent. Il y a deux ans à peine, la thématique effrayait. Parler de sobriété économique était synonyme de limitation du progrès, on raillait ceux qui voulaient revenir à la bougie, même les Verts se méfiaient du mot. le jugeant trop « raide ». if (provenance_elt !=-1) {OAS_AD(‘x40’)} else {OAS_AD(‘Middle’)}
Depuis, la crise a sévi, la récession est là. La critique d’un système économique fondé sur la seule croissance des biens et de la consommation est générale. Le vocabulaire présenté dans cet article fluctue : « Plutôt que de décroissance, il s’agit d’une autre croissance » ; « croissance verte » ; « croissance sélective » ; « croissance des « biens essentiels » et/ou décroissance des « biens superflus » » ; « décroissance sélective et équitable » ; « décroissance des activités inutiles et polluantes ». Mais la tendance à la décroissance volontaire est bien présente.

Médias ou citoyens, nous commençons tous à prendre conscience de la stupidité d’une croissance matérielle exacerbée confrontée aux limites de notre petite biosphère.

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saloperie de parfum

Il y a la saloperie que nous n’achèterons pas ce mois-ci (mensuel La Décroissance, journal de la joie de vivre, novembre 2009) : « Quand une personne achète un parfum, avant d’acheter une odeur, elle achète une image : celle que livre la publicité. On est un homme « Dior » ou une femme « Samsara ». Quand on achète un parfum, on achète à 90 % de la pub. Et c’est cher ! Le parfum pousse à son paroxysme la logique consumériste : on achète les moyens de son endoctrinement. »

            Il y a la saloperie que nous devons acheter  (LeMonde quotidien, 14 novembre), Le parfum, un secteur rentable pour les marques de luxe : « La crise n’a pas retardé ni reporté le placement de nouveaux parfums. Le plus emblématique sera pour Balenciaga Paris, en février 2010. Il est chypré, aux essences de vétiver, de cèdre et de patchouli, à base de violettes rehaussées d’une pointe de piment. Il sera vendu cher, 75 euros les 50 ml. » Pas étonnant que ce soit un secteur rentable, cela fait le parfum à 1500 euros le litre !

C’est ça la perversité de nos médias actuels. D’un côté un mensuel à diffusion restreinte qui dénonce l’aliénation que nous impose à notre insu de notre plein gré la publicité, de l’autre un quotidien d’envergure internationale qui est obligé de célébrer les parfums puisque cela rapporte des pleines pages de publicité financées par Dior, Samsara ou Balenciaga, donc par les cocottes parfumées.

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la mode, la mode, la mode…

Après Milan, Paris, la mode, la mode, la mode ! Une centaine de défilés prévus d’ici au 8 octobre. Des pleines pages dans LeMonde. Aujourd’hui, « le graphisme inventif de Balenciaga ».

Inventif ?  Comment trouver de l’originalité aux minijupes plissées, aux chemises blanches transparentes et aux quelques seins dévoilés (faut dire que la « Haute couture » considère qu’il n’y a qu’un seul sexe à habiller). Et dire que le directeur artistique de Balenciaga a le culot de dire : « J’ai utilisé des produits fabriqués de manière écologique car l’heure est venue pour le luxe de s’emparer de ces questions ». Mais l’écologie est le contraire du luxe ostentatoire, elle doit nous faire retrouver le sens des limites. Le pape du luxe, François-Henri Pinault commente le défilé : « C’est un hymne à la nature, tout à fait dans l’air du temps. » Le seul hymne à la nature que je connaisse en  matière d’habillement, c’est le naturisme.

A l’économie de subsistance et de satisfaction des besoins réels a succédé aujourd’hui la tyrannie de l’excédent, la société de consommation, la prolifération du luxe et de l’inutile. Dans les sociétés occidentales, ce n’est pas tant l’utilité des objets qui compte dans l’acte de consommation que leurs valeurs symboliques et sémiotiques. Le capitalisme et ses publicités s’appuient sur deux mécanismes qui reposent sur le maintien des inégalités : l’imitation des autres par les classes moyennes, et la capacité d’ostentation de l’élite. Les objecteurs de croissance savent pertinemment qu’il faut éliminer les défilés de mode pour apprendre à réduire les besoins. Sinon, les riches détruisent la planète !

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trop de médicaments ?

Dans les salles de bain de la classe globale, les armoires  deviennent de véritables pharmacopées de produits trop utilisés ou périmés. C’est pourquoi la « trouvaille de François Fillon », parlant de médicaments « non indispensables » (LeMonde du 1er octobre), est une bonne  chose. Ce n’est pas un simple moyen de limiter le déficit de la Sécurité sociale pour 2010 avec la baisse prévue du taux de remboursement de 35 à 15 % d’une quarantaine de médicaments au service médical rendu faible ou la limitation du coût global de l’utilisation de médicaments onéreux à l’hôpital (LeMonde du 2 octobre). Il s’agit ni plus ni moins que d’un enjeu de civilisation : où situer la limite acceptable dans la consommation de médicaments ?

Il fut un temps où les prescriptions médicamenteuses correspondaient à des préparations effectuées par le pharmacien dans son officine. A cette époque les noms chimiques des substances entrant dans la composition des ordonnances constituaient un langage commun pour les médecins, les pharmaciens et les malades. Désormais la pharmacopée se résume aux spécialités des laboratoires, c’est-à-dire des médicaments élaborés de manière industrielle. Il y a maintenant près de 7000 marques qui se font concurrence alors que la dénomination commune internationale (DCI), l’espéranto du médicament,  ne compte que 1700 substances thérapeutiques. Etude bien oubliée, une « commission de la transparence » avait évalué en France 1100 médicaments ordinaires : un quart n’avait pas fait la preuve de son efficacité.

Les humains peuvent sans doute faire de la bonne médecine avec trente médicaments seulement.

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éloge de la dictature ?

Il y a des dictatures de droite, telles que celles dont l’économiste zambienne Dambisa Moyo fait le panégyrique dans son livre présenté par LeMonde du 29 septembre (sous le titre Eloge de la dictature) : « La démocratie peut être un obstacle au développement. Dans un monde idéal, ce dont les pays pauvres ont besoin, c’est d’un dictateur bienveillant décidé à imposer les réformes nécessaires pour donner une impulsion à l’économie, une politique favorisant l’économie de marché ». L’exemple à suivre, c’est donc le Chili de Pinochet.

Il y a des dictatures de gauche qui pourraient être bienveillantes. Comme l’exprime Thomas L.Friedman : « Si seulement l’Amérique pouvait être la Chine. Rien qu’une journée ! Les dirigeants chinois possèdent la faculté de couper court à tous les intérêts particuliers, à tous les obstacles bureaucratiques, à toutes les craintes de répercussions électorales, pour simplement décréter des changements radicaux dans les prix, les règlements, les normes, l’éducation et l’infrastructure. C’est un atout de poids quand il s’agit de réaliser un changement aussi considérable qu’une révolution verte, où vous êtes confrontés à des intérêts acquis, enracinés, grassement financés et fortement retranchés, où vous devez motiver des opinions publiques pour qu’elles acceptent des sacrifices. »             

Et puis il y a des démocraties dont les dirigeants font eux-mêmes l’apprentissage de la frugalité. Alors qu’une sécheresse sévère plonge des dizaines de millions de paysans dans le désespoir, Sonia Gandhi, présidente du Parti du Congrès, invite ministres et députés à l’austérité en signe de solidarité avec les campagnes assoiffées (LeMonde du 29 septembre). C’est le seul modèle que je veuille défendre, la contagion de la simplicité volontaire. Un écolofascisme est d’ailleurs impossible car la dictature ne peut que privilégier les intérêts de quelques-uns au détriment de l’environnement ; le totalitarisme est incapable de décider un partage équitable de la rareté. Mais la frugalité de quelques-uns ne peut fondamentalement transformer notre système de gaspillage…

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se démarquer des marques

Selon une enquête des plus sérieuses, les femmes (occidentales) passent presque un an de leur vie à essayer de décider comment s’habiller.  Il faut en effet hésiter bien longuement pour choisir entre le petit haut sexy ou le discret chemisier chic, avant d’hésiter à nouveau sur la couleur du slip et la forme des chaussures… L’habit est pour la femme un moyen de communication, comme la marque est le moyen pour le jeune branché de ne pas se démarquer de ses copains. C’est de ses préoccupations infantiles dont s’occupe le secteur de la mode. Pour D.Jacomet, directeur général de l’Institut français de la mode, « la Chine sera bientôt un géant pour les produits de marque » (LeMonde du 25 septembre). Biosphère nous en préserve ! Achetons local, achetons durable.

Selon les études de l’IFM, il existe un réel désir de mode, de part de rêves, d’émotion… Des mots, des mots, des mots pour habiller une réalité programmée par le marketing publicitaire. Sans quoi les vêtements ne s’achèteraient qu’au rythme très lent de leur usure. Pour occulter la conscience de l’acheteur, il a donc été nécessaire de tendre devant l’objet un voile d’images et de sens, bref de créer un simulacre de l’objet réel. La publicité nous vêtit et nous fait vivre selon des modalités fantasmagoriques qui nous ont fait oublier le sens des limites. Oublions la mode, supprimons la publicité, retrouvons le message essentiel de Thomas More en 1516 :

« En Utopie, les vêtements ont la même forme pour tous les habitants de l’île ; cette forme est invariable. Ces vêtements réunissent l’élégance à la commodité ; ils se prêtent à tous les mouvements du corps, le défendent contre les chaleurs de l’été et le froid de l’hiver. Un seul habit suffit d’ordinaire pendant deux ans ; tandis qu’ailleurs, il faut à chacun quatre ou cinq habits de couleur différente, autant d’habits de soie, et, aux plus élégants, au moins une dizaine. Les Utopiens n’ont aucune raison d’en rechercher un aussi grand nombre ; ils n’en seraient ni plus commodément ni plus élégamment vêtus. »

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l’imagination au pouvoir ?

LeMonde éducation  (16 septembre) ressort les fadaises habituelles sur  l’école innovante et le pari de la créativité. Soyons clair, les slogans du type « l’imagination au pouvoir » (titre du dossier) n’ont aucune validité. Car si le système d’éducation de la société thermo-industrielle nous conditionne, il n’existe que par nous, il n’est que la projection de ce que le système de formatage de la mégamachine nous fait croire inéluctable. Et si quelques droits nous sont reconnus, c’est au sein d’une société dans laquelle l’homme n’est qu’un agent de production. L’élève est donc conforme quand il achète des vêtements de marque et le portable dernier cri. L’élève est conforme quand il rentre en compétition avec ses camarades pour pouvoir obtenir le droit de les commander plus tard. Si tout individu a apparemment le droit de s’épanouir, ce n’est que dans la mesure où son épanouissement sert le système, dans la mesure où il « rapporte ». Une fois ces éléments bien intériorisés dès l’école, le jugement que nous portons sur nos structures politiques, économiques et sociales est plus ou moins critique selon la place que nous occupons dans la société. Comme le système est devenu notre propre construction, le mettre en question revient à se mettre soi-même en question alors que toute société n’est que construction arbitraire, provisoire et discutable.

            Pour mériter le terme de « créatif », il faudrait que les élèves cherchent des réponses pertinentes aux situations auxquelles ils vont être confrontés, c’est-à-dire des crises écologiques majeures. Ce n’est pas en développant une éducation 2.0, une science 2.0 et une culture des technologies numériques (cf.  François Taddei, exemple type de reproduction sociale qui cosigne un rapport avec son père) que nos enfants seront préparés aux chocs qui les attendent. Car en détruisant la planète, la société thermo-industrielle capitaliste détruit également les conditions de la stabilité et de la prospérité de nos descendants. Les métiers de demain ne permettront pas d’avoir de plus en plus de mobilité, un écran télé de plus en plus grand et  de plus en plus de bifteck dans son assiette.

Nos enfants peuvent encore éviter le pire. Ce n’est certainement pas d’innovation dont ils auront besoin, mais du goût de la simplicité. Quand le prix de l’énergie va monter, le travail va diminuer en ville et augmenter dans les villages, qui sont plus près des ressources stratégiques. Cela implique d’accepter de ne pas faire des études longues à la fac, mais de devenir agriculteur ou menuisier.

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les avions, au sol !

Le projet de grand aéroport à Nantes est contesté (LeMonde du 11 août). Hervé Kempf conclut comme il se doit  avec un militant anti-avion: « Ce projet cristallise tout ce qu’on rejette dans cette société : le réchauffement climatique, l’abus de pétrole, la surconsommation, la délocalisation et le gâchis de terres agricoles. »

Ce point de vue rejoint d’autres analyses : « La circulation des avions et poids lourds sera réduite et les distances parcourues significativement réduites. Confrontés aux effets catastrophiques du changement climatique sur les régions les plus pauvres du globe et sur les générations futures, on ne voit pas pourquoi des formes hautement gaspilleuses et polluantes de consommation personnelle continueraient à être épargnées par le type de critique auquel on s’entend à l’encontre de comportements racistes, sexistes ou ouvertement antidémocratiques. » (Vers le postconsumérisme de Kate Soper in Entropia n° 6)

J’espère que va émerger prochainement une nouvelle forme de militantisme, à l’image de la « Semaine de la résistance », avec des jeunes qui défendront leur avenir et des slogans porteurs : « De l’oxygène, pas de kérosène », « Moins vite, moins loin, moins souvent », « Travailler moins pour vivre mieux », etc.

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besoin d’écuelle ?

Avez-vous vraiment besoin de votre écuelle?

Le terme de simplicité volontaire renvoie au fond à une philosophie permettant de vivre de façon différente par rapport à nos sociétés d’hyper-consommation, en respectant la nature, l’homme et finalement soi-même. Il s’agit à titre individuel d’identifier et de se recentrer sur ses véritables besoins, de se simplifier la vie sur le plan matériel. Dans la société dite de consommation, l’individu qui n’est pas exclu du système passe le plus clair de son temps à travailler pour gagner sa vie, réfléchir à ses achats, ses vacances, à se comparer par rapport à son voisin ou ses collègues. Il accumule et consomme des objets ou des services.  Accède-t-il véritablement au bonheur ou à un quelconque épanouissement à travers ce que l’argent gagné lui permet d’obtenir ?

La simplicité volontaire n’est nullement synonyme de privations ou d’austérité mais consiste en une libération heureuse. La simplicité volontaire n’est pas une nouveauté :

Nietzsche dans Humain, trop humain (1879) : « La possession possède. Ce n’est que jusqu’à un certain degré que la possession rend l’homme plus indépendant et plus libre ; un échelon de plus et la possession devient le maître, le possédant l’esclave : il faut dès lors qu’il lui sacrifie son temps, sa réflexion, et il se sent dès lors obligé à certaines fréquentations, attaché à un lieu, incorporé à un État, tout cela à l’encontre de ses besoins intimes et essentiels. »

Sénèque, dans la Lettre à Lucilius : « On peut mépriser tout ; nul n’est en état de tout posséder. Pour se faire riche, le mépris des richesses est la plus courte voie. »

Epicure  dans ses Doctrines et maximes :  «Si les Dieux voulaient exaucer les vœux des mortels, il y a longtemps que la terre serait déserte, car les hommes demandent beaucoup de choses nuisibles au genre humain.»

Diogène de Sinope, dit le cynique, en abandonnant son écuelle : « Cet enfant qui boit dans le creux de sa main, m’apprend que je conserve encore du superflu ».

pour en savoir plus : http://decrescendo.canalblog.com/archives/accueil/index.html

 

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vive la pauvreté !

LeMonde du 10 juin estime dans son éditorial que « le vert est mis ». Mais le couvert ne sera pas à la hauteur. Pourquoi ? Parce que nous nous refusons à envisager l’état de mobilisation extrême qu’il faudrait avoir face aux différents périls à la fois financiers et écologiques qui vont nous submerger. Parce que LeMonde croit que « la décroissance laisserait entier le problème de la pauvreté ».

Il faut que les journalistes, les politiques et les économistes découvrent que l’état de pauvreté n’est pas un mal en soi. Dans son livre Quand la misère chasse la pauvreté, Majid RAHNEMA nous démontre que la pauvreté choisie est la condition de lutte contre la misère. Il y a d’un côté la pauvreté consentie dans des sociétés conviviales dont le mode de vie simple et respectueux de tous a compté pour beaucoup dans le maintien des grands équilibres humains et naturels au cours de l’histoire. Si chacun ne conservait que ce dont il a besoin et se contentait de ce qu’il a, nul ne manquerait de rien. Toutes les sociétés vernaculaires dites « pauvres » développent en leur sein des mécanismes destinés, d’une part, à contenir l’envie et la convoitise, tout en maintenant une tension positive entre ce qu’il est personnellement possible de vouloir et d’avoir et ce qu’il est collectivement possible et raisonnable de produire. Cette tension leur a permis de développer leurs capacités productives sans qu’il y ait rupture entre les besoins et les ressources. De l’autre côté, dans la société de croissance, il y a les insupportables privations subies par une multitude d’humains acculés à des misères humiliantes et la misère morale des classes possédantes.

Les journalistes, les politiques et les économistes devraient donc se donner comme objectif la destruction des centres de production de la rareté, c’est-à-dire cette lutte contre « la pauvreté » qui définit un seuil de pauvreté de façon relative, un niveau qui progresse continuellement avec la courbe de la croissance économique et qui mène la société thermo-industrielle au bord d’une catastrophe.

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Arielle Dombasle, out !

Je ne lis jamais Figaro-madame. Mais celui du 29 mai donnait la parole à Yann Arthus-Bertrand : « On nous parle de la fin du pétrole, de la perte de biodiversité… Nous n’avons pas trente-six pistes à suivre. Il faut vivre avec moins. » On interviewe aussi des femmes qui défendent la protection de la planète. On converse avec Nicolas Hulot et Pascal Picq : « Il ne suffit plus de se dédouaner avec deux ou trois petits gestes écolos… »

Mais Figaro-madame reste avant tout la vitrine du superflu. Le supplément commence par une double page sur le parfum Dior, une autre double page sur les sacs Hermès, une double page sur le parfum Guerlain, etc. Le pompon du vide satisfait de lui-même revient sans contexte à Arielle Dombasle, cette icône glamour que la mode passionne puisqu’il faut oser être soi : « La mode est gracieuse parce que très éphémère. C’est en cela que je la trouve attachante. »… « Je ne peux pas imaginer la vie sans talons hauts. Il faut toujours s’élever au-dessus de soi-même »… « Je fais trop d’achats compulsifs, les petits flacons de parfum, les crèmes, les élixirs, irrésistibles ».

Sur notre planète, il va falloir vivre avec moins. Les icônes du type Arielle Dombasle doivent disparaître, et Figaro-madame avec. Je mets dans le même sac à jeter le supplément mensuel du Monde, M et son « styles à fleur de peau » (4 juin). Marre des bijoux et de la mode, marre des suppléments inutiles, place à la véritable information, place à la simplicité volontaire.

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le poids de la santé

Nous ne nous préparons pas du tout à l’effondrement de notre civilisation thermo-industrielle qui va crever du poids de sa complexité. Nous voulons continuer comme avant, plus de croissance, plus de centralisation, plus d’impôts, plus de « sécurité »…sans nous rendre compte que nos recettes traditionnelles ne feront qu’amplifier le poids du désastre. Ainsi, alors que la Sécurité sociale française ploie sous la charge financière, la Chine veut couvrir le risque maladie pour 90 % de sa population d’ici à 2011 (LeMonde du 12.05.2009). Comment sortir de cette contradiction ?

Lorsqu’une société se développe au-delà d’un certain niveau de complexité, elle devient de plus en plus fragile. Une simple crise du crédit aux USA entraîne déjà des conséquences mondiales Les crises écologiques à venir (choc pétrolier, perturbation climatique, épuisement de la plupart des ressources naturelles) sont porteuses d’une déstabilisation encore plus grande. Pourtant nous accroissons constamment notre complexité, y compris dans le domaine de la santé. Comme les généralistes ne suffisent plus à satisfaire la demande de soins, nous construisons des  hôpitaux. Avec les progrès des techniques médicales, il faut installer des centres hospitaliers dans les villes et des services de plus en plus spécialisés. Comme l’hôpital coûte trop cher, il faut mettre en place un système de cotisations sociales généralisées, et la financer en ponctionnant l’épargne de la population. Si cela ne suffit pas, on soignera à crédit par l’emprunt. Comme la population se plaint des charges croissantes, il faut faire payer de plus en plus de choses par les patients eux-mêmes tout en augmentant le nombre de fonctionnaires des impôts. Tout cela s’accompagne de plus de spécialistes, de plus de ressources à gérer, de plus de coercition – et, in fine, moins de retour sur l’argent dépensé. Au bout du compte, on atteint un point où toutes les énergies et les ressources à la disposition d’une société sont nécessaires uniquement pour maintenir un niveau de complexité dont le système de soins n’est qu’un aspect. Puis, quand un tsunami financier ou un blocage énergétique survient, les institutions complexes n’ont plus les moyens de survivre et les malades se retrouvent livrés à eux-mêmes. Alors émerge une société moins complexe, organisée sur une plus petite échelle. (Ndlr : On aura reconnu dans ce paragraphe une transposition des analyses de l’archéologue Joseph Tainter, auteur de l’ouvrage L’Effondrement des Sociétés Complexes)

 En matière de santé, le seul avenir pour la France comme pour la Chine, c’est la suppression de la technicisation à outrance, la disparition des grands hôpitaux centralisés, le retour aux centres de soins locaux supprimés par Sarko et la valorisation des médecins aux pieds nus comme au temps de Mao. Nous devrons ressentir les limites de notre planète, faire confiance aux capacités d’autoréparation de notre corps et ne plus craindre la mort.

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