simplicité volontaire

toilettes sèches

Un groupe de réflexion canadien recommande l’accès à des sanitaires fonctionnels. Il est vrai que sur notre planète, 200 millions de tonnes d’excréments humains finissent dans des rivières chaque année (LeMonde du 29 octobre 2008). Mon quotidien préféré rappelle que le développement des toilettes était l’un des objectifs du millénaire, défini en l’an 2000 par les Nations unies : diminuer par deux le nombre de personnes n’ayant pas accès à des sanitaires d’ici à 2015.

 Alors que dans les pays riches une frange d’expérimentateurs éclairés se lance dans la construction de toilettes sèches, il est vraiment bizarre que les pays pauvres n’utilisent pas les excréments humains qui peuvent faire un bon engrais. Il est bizarre qu’un article sur nos latrines insiste plutôt sur les maladies diarrhéiques, la contamination des eaux de surface, les bactéries, virus et autres parasites, sans aborder l’intérêt du nécessaire recyclage de toute matière par les décomposeurs. Nous n’avons pas à frémir ni fantasmer sur nos matières fécales : rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme…

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toujours plus lamentable

La première page de mon quotidien favori ce samedi 4 septembre résume l’état du monde actuel : lamentable !

– « Paris multiplie les mesures de soutien de l’économie ». Il faudrait donc que l’Etat refinance un système économique qui a misé sur la vie à crédit et le pillage de la planète. Lamentable !

– « La voiture verte pour sortir du rouge ? ». Comme si la voiture électrique branchée sur les centrales nucléaire pour recharger ses batteries était quelque chose d’écologique. Lamentable !

– « L’élégance minimaliste de Saint Laurent ». Comme si la haute couture pour le prêt-à-porter permettait de nous vêtir de façon plus confortable et durable. Lamentable !

 La seule annonce valable dans cette première page est qu’il faudrait « moins de viande pour lutter contre le réchauffement climatique ». En définitive, il faudrait moins de viande pour le repas des nantis, moins de facilités financières, moins de voitures, moins de défilés de mode. Après un demi-siècle d’illusions où régnait le règne du « toujours plus », encore si vivace pour Sarko aujourd’hui qu’il faudrait encore travailler plus pour gagner plus, il faudrait atterrir de toute urgence et s’adapter aux possibilités  réelles de nos ressources naturelles : moins de biens, plus de liens.

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consommateurs, réfléchissez !

Le pouvoir d’achat est devenu la préoccupation n° 1 des Français, devant le chômage. Il est vrai que quand les politiques, relayés par les médias, entonnent le refrain « travailler plus pour gagner plus », tout le monde y croit. Il est vrai que le système de production de masse à entraîner une mentalité d’hyperconsommation qui devient une valeur refuge quand les Français sont angoissés. Il est vrai que l’arrivée d’une multitude de produits nouveaux (portable, Internet…) a augmenté un vouloir d’achat qui progresse encore plus vite que le pouvoir d’achat (LeMonde du 23.09.2008).

Mais nous avons oublié que la consommation ne peut se faire que s’il y a production, et beaucoup d’éléments de notre mode de vie sont faits de produits importés. Nous avons donc oublié que la dépendance de la consommation à l’égard de l’étranger n’est pas durable. Les socialistes, après la relance de 1981, en ont  fait la dure expérience : après l’expansion vertigineuse du déficit commercial, ils ont été obligés de mettre en place une politique de rigueur. Nous avons aussi oublié que la consommation est par définition une destruction de ressources naturelles qui se raréfient à toute allure. Nous avons aussi oublié que plus nous consommons une montagne de produits, plus nous produisons une montagne de déchets.

 Consommateurs, réfléchissez ! Ce n’est pas parce qu’on travaille plus, qu’on gagne plus et qu’on consomme plus, qu’en définitive nous sommes plus heureux.

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je suis écœuré !

Je suis écœuré par la première page du Monde (17.09.2008) qui présente un veau sous formol adjugé aux enchères 13 millions d’euros alors qu’il est si agréable de fréquenter les veaux sous leurs mères. Je suis écœuré par la mise en évidence page 1 et 3 de la course au yacht de luxe. Je suis écœuré que l’émir de Dubaï ou l’oligarque russe Abramovitch rivalisent dans la taille et l’équipement de leurs bateaux de plaisance. Je suis écœuré par la dernière phrase de la journaliste Marie-Béatrice Baudet, « Rien ne sera jamais trop beau ». Comme si des yachts personnels de plus de 160 mètres étaient admissibles, comme si aménager un jardin avec des arbres adultes sur un bateau ne faisait pas problème, comme si le fait que « mon bateau est plus beau que le tien » (titre de l’article) allait de soi. Je suis écœuré par cet étalage d’obscénités valorisées par mon quotidien préféré.

Je préfère me replonger dans mes lectures sur la vanité humaine :  

       

« Pour s’attirer et conserver l’estime des hommes, il ne suffit pas de posséder simplement richesse ou pouvoir ; il faut encore les mettre en évidence. En mettant sa richesse bien en vue, non seulement on fait sentir son importance aux autres, mais encore on affermit les raisons d’être satisfait de soi. L’homme comme il faut consomme à volonté et du meilleur, en nourriture, boissons, narcotiques, parures, divertissements. Comme on signale sa richesse en consommant ces produits plus parfaits, on en tire grand honneur. On l’appelle ici gaspillage parce que cette dépense n’est utile ni à la vie ni au bien-être des hommes. Mais aux yeux d’un économiste, ce genre de dépense n’est ni plus ni moins légitime qu’un autre. S’il a choisi ce genre de dépenses, la question est en effet tranchée : c’est qu’il y trouve relativement plus d’utilité que dans des formes de consommation sans gaspillage.  Il ne nous vient pas toujours à l’esprit que l’impératif de prodigalité ostensible est présent dans nos critères du bon goût, mais il n’en est pas moins contraignant et sélectif ; il forme et entretient notre sentiment du beau (…)

 Mais pour recueillir une approbation sans réserve, un fait économique doit recevoir la sanction de l’utilité impersonnelle, de l’utilité du point de vue génériquement humain. La conscience économique ne se satisfait pas de voir un individu faire bonne figure en se comparant à un autre, en rivalisant avec lui ; elle ne peut donc approuver la concurrence dépensière. La règle du désœuvrement exige que l’on soit futile, rigoureusement et complètement ; l’instinct artisan veut que l’on soit utile et agissant ».

(Thorstein Veblen, théorie de la classe de loisir, 1899)

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médicaments sans pub

            Seuls deux pays développés (Etats-Unis et Nouvelle Zélande) autorisent la publicité sur les médicaments soumis à prescription.. La pub fait-elle vendre les médicaments ? C’est la question que se pose LeMonde du 5.09.2008. Fausse question puisqu’il faudrait supprimer toutes les publicités pour avoir un mode de vie plus serein. Quant au secteur pharmaceutique proprement dit, à quoi sert-il ? A faire prescrire des médicaments ! L’acte médical devrait rester une relation interindividuelle aidée par la technique et non l’inverse.

 

Ainsi, 80 % des Français interrogés considèrent qu’une consultation ne doit pas forcément se terminer par la délivrance de médicaments : on attend du praticien qu’il explique ce dont on souffre, qu’il fasse preuve d’une bonne écoute et donne des conseils utiles. Si beaucoup de médecins croient que le patient attend des médicaments, c’est parce qu’ils ont été formés au curatif au détriment du préventif, parce qu’il ont été formatés par l’industrie pharmaceutique à prescrire le remède miracle. Il y a maintenant près de 7000 marques qui se font concurrence alors que la dénomination commune internationale (DPI), l’espéranto du médicament,  ne compte que 1700 substances thérapeutiques. Une commission de la transparence en France a évalué 1100 médicaments ordinaires en 2005 : un quart n’avait pas fait la preuve de son efficacité. Bien plus, les médicaments sont sommés aujourd’hui d’améliorer le bien-être de gens qui ne sont pas malades, que ce soit pour maigrir ou pour faire l’amour. Dans le même temps les pays pauvres sont ignorés des laboratoires pharmaceutiques. En fait les humains peuvent faire de la bonne médecine avec trente médicaments seulement, la volonté de décroissance humaine passe aussi par l’acceptation de la maladie et de la mort.

 Du point de vue de la Biosphère, si tu es raisonnable, tu ne désires que des médicaments génériques ; si tu deviens un sage tu limites l’usage de médicaments ; quand tu es proche de la perfection tu laisses ton corps se soigner par ses propres moyens.

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survivre aux survivalistes

Le mensuel La Décroissance (septembre 2008) nous présente un dossier «  survivre aux survivalistes ». Résumé : « Aux Etats-Unis, les survivalistes se donnent comme père fondateur Kurt Saxon, qui édite depuis 1974 une revue «le survivant ». Il s’agit de présenter des techniques de survie, mais aussi de combat dans la perspective de l’après-pétrole. Il ne s’agit pas tant de se préparer à survivre dans un monde devenu hostile que face à des humains devenus hostiles. Le survivaliste s’inquiète plus des futures pulsions de ses congénères que des possibilités de garder la terre fertile. Ce mouvement compte des milliers de membres, surtout aux Etats-Unis, qui réapprennent les techniques de la terre, la ferronnerie, l’artisanat d’antan. Selon eux, l’entrée dans l’ère du pétrole rare et cher va se concrétiser par une grande famine, par une relocalisation très brutale et par le retour à un âge de fer où seuls les plus organisés survivront. »

 

La question de fond, c’est donc la question de l’homme : humain ou inhumain ? Cette question n’a jamais été historiquement tranchée, sauf qu’on peut dénombrer des individualités particulièrement non-violentes, mais en petit nombre, et des clans agressifs en grand nombre. Dans nos sociétés de masse, la violence est déléguée à l’Etat, ce qui permet de minimiser le nombre de morts sauf quand l’Etat adopte lui-même un comportement clanique. Avec la pétrole-apocalypse, les Etats sortiront renforcés, gérant la pénurie et organisant le rationnement. Mais l’Etat est dépendant de ressources financières prélevées sur la population. Des pays africains aujourd’hui n’ont plus d’Etat central, mais des bandes armées ; la crise entraîne en effet l’impossibilité de recouvrir l’impôt. Avant d’en arriver au stade ultime de la décomposition clanique d’une société, l’Etat doit donc dès maintenant organiser la relocalisation des activités, cultiver l’esprit démocratique et entraîner les citoyens à penser à la fois local et global. Puisque l’Etat reste le soutien du capitalisme libéral individualiste et aliénant, un avenir tout rose n’est pas certain.

 

Nicolas Baverez semble confirmer mon analyse (LeMonde du 3.08.2008) : « L’été 2008 marque un tournant majeur, les pays développés basculent dans la récession, le chaos s’installe et la violence prolifère (…) La guerre n’est plus le monopole de l’Etat, mais se privatise sous la pression des communautés, croupes terroristes et organisations criminelles, qui prennent le contrôle de vastes espaces (…) Chacun est invité à méditer l’avertissement lancé par Soljenitsyne, L’homme qui n’est pas intérieurement préparé à la violence est toujours plus faible que celui qui lui fait violence. »

 Mais contre la brutalité de l’homme, mon choix restera celui de la non-violence et de la coopération : peut-être ainsi qu’un jour les humains deviendront plus humains.

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buvons l’eau de proximité

Dans LeMonde du 29.08.2008, rien à signaler ; je désespérais de trouver motif à ma critique quotidienne. En désespoir de cause, j’ai feuilleté  le Monde des livres, ce panégyrique romanesque des livres qui ne montre aucune capacité analytique. Et là, j’ai trouvé mention de Bertrand de Jouvenel (1903-1987), un de mes auteurs de référence. J’ai appris qu’il avait été rédacteur en cher d’un brûlot d’extrême-droite et qu’il a même pu être qualifié de fasciste et de pronazi. Mais je ne m’intéresse pas aux erreurs des uns ou des autres, je ne considère que le débat d’idées. Je garderai donc de Jouvenel la mémoire de son livre de 1968, Arcadie ou essai sur le mieux vivre. Ainsi quelques morceaux mémorables :

 

« Les progrès matériels que nous avons faits tiennent à la mise en œuvre de forces naturelles : car il est bien vrai que nos moyens physiques sont très faibles et, relativement à notre taille, bien plus faibles que ceux des fourmis. Aussi J.B. Say avait-il raison de noter qu’Adam Smith s’égare « lorsqu’il attribue une influence gigantesque à la division du travail, ou plutôt à la séparation des occupations ; non que cette influence soit nulle, ni même médiocre, mais les plus grandes merveilles en ce genre ne sont pas dues à la nature du travail : on les doit à l’usage qu’on fait des forces de la nature ».

 

            « Nous faisons preuve de myopie lorsque  nous négligeons de nous intéresser à l’entretien et à l’amélioration de notre infrastructure fondamentale : la Nature. Voilà un héritage que nous laisserons en piètre état à nos successeurs. Pourquoi avons-nous été si peu soigneux ? Parce que la Nature fournit gratuitement ses services productifs, et par conséquent, la nature ne fait pas partie de nos actifs. (…) Je me suis souvent demandé si, pour redresser les erreurs dans lesquelles nous jette notre manière de penser, nous ne devrions pas rendre aux rivières ce statut de personnes qui était le leur aux époques païennes. L’homme de notre civilisation ne se regarde point comme gardien de notre demeure terrestre ; il est fier d’en être le pillard habile et irresponsable. A cet égard, il est en recul moral relativement au « manant » qu’il méprise. Le manant avait soin de son coin de terre, et les générations successives ont imprimé au paysage rural une beauté plus touchante que les joyaux de nos musées.

 

« Une autre manière de penser, c’est de transformer l’économie politique en écologie politique ; je veux dire que les flux retracés et mesurés par l’économiste doivent être reconnus comme dérivations entées sur les circuits de la Nature. Ceci est nécessaire puisque nous ne pouvons plus considérer l’activité humaine comme une chétive agitation à la surface de la terre incapable d’affecter notre demeure. Comme notre pouvoir sur les facteurs naturels s’accroît, il devient prudent de les considérer comme un capital. Parce que la Comptabilité Nationale est fondée sur les transactions financières, elle compte pour rien la Nature à laquelle nous ne devons rien en fait de payement financier, mais à laquelle nous devons tout en fait de moyens d’existence. Le terme d’infrastructure est à présent populaire, il est bon d’avoir donné conscience que nos opérations dépendent d’une infrastructure de moyens de communication, transport, et distribution d’énergie. Mais cette infrastructure construite de main d’homme est elle-même superstructure relativement à l’infrastructure par nous trouvée, celle des ressources et circuits de la Nature. »

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plastic formatage

Mon quotidien préféré présente souvent des portraits de personnalités qui ne disent pas que des vérités. Ainsi Ivo Pitanguy, médecin brésilien  et référence mondiale de la chirurgie plastique et esthétique (LeMonde du 28.08.2008) a des convictions. Sur quoi reposent-t-elles ? Une conception un peut trop tendancieuse de la beauté : « Se sentir beau, c’est être en paix avec l’image qu’on se fait de soi-même. Par instinct, chaque homme veut ressembler aux autres. La moindre disgrâce peut être source de malheur. Il serait cruel de ne pas y remédier. »

 

            Ce raisonnement biaisé repose sur un a-priori, l’existence d’un instinct, c’est-à-dire d’un comportement génétiquement programmé. Or en l’état actuel de nos connaissances, l’homo sapiens est un être de culture, il n’a pas de pulsion génétique déterminante. Comme disait par exemple Simone de Beauvoir, « On ne naît pas femme, on le devient ». La culture transforme notre nature. Plus particulièrement dans le domaine du comportement social, un homme peut vouloir ressembler aux autres, ou s’en différencier ; il apprend le OUI et l’imitation, il apprend en même temps le NON et la différenciation. Les femmes brésiliennes, championne du monde de la chirurgie des seins, ne vont pas affronter le bistouri par instinct, mais parce qu’une insidieuse propagande leur fait dénigrer leur propre poitrine.

 Restons respectueux de notre physique tel qu’il nous a été donné, et nous trouverons plus facilement l’harmonie avec la nature. Le scandale ne réside pas dans un nez  dit disgracieux ou des fesses tombantes, il réside dans l’artificialisation totale de notre façon de vivre qui va jusqu’à la remise en cause de notre intégrité corporelle. Nous nous éloignons de la nature, la nature se rappellera à nous : dans la tombe, les vers reconnaîtront le silicone. 

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simplicité culinaire

On trouve de tout dans LeMonde, y compris de l’info pour la simplicité culinaire. Ainsi le quotidien du 16.08.2008 nous présente sur une page entière Jinnosuke Uotsuka qui milite pour la nourriture simple dans son livre Les Japonais qui ne font pas pourrir les aliments dans leur réfrigérateur.

 

La situation est grave, les gens ne préparent plus leur repas, entassent les plats cuisinés et en laissent pourrir une partie, même à la campagne. En termes de  calories, les Japonais jettent chaque année pratiquement autant de denrées alimentaires qu’ils en produisent. Plus d’un tiers des déchets ménagers est constitué d’aliment encore empaquetés et les grandes surfaces jettent dans l’heure la nourriture qui a atteint la date d’expiration de la consommation. La classe globale, toux ceux qui ont le privilège d’une voiture individuelle, ont fait de la nourriture un loisir et les pauvres en ont perdu la fierté d’un repas simple.

 Jinnosuke ne veut pas devenir le gourou d’une nouvelle mode alimentaire, il se méfie à juste titre de la récupération par le système thermo-industriel. De toute façon il parle dans le désert. Pour l’instant, le précèdent livre de Jinnosuke n’a été vendu qu’à 20 000 exemplaires dans l’année, ce n’est pas un best-seller comme le présente LeMonde. Les jeunes occidentalisés, nés dans l’abondance, ignorent le respect pour la nourriture que véhiculaient les traditions culturelles de toutes les civilisations. Mais le jour où l’alimentation qui passe par le frigidaire deviendra un vrai luxe, il faudra bien se contenter de peu à table et nous ferons à nouveau notre miel de la conservation par le sel, la déshydratation ou la stérilisation. L’ancien temps a ses vertus, la souveraineté alimentaire aussi. Mon quotidien m’ouvre parfois l’espoir d’un avenir plus durable…

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le choc des photos

En Une du Monde (15.08.208), une photo d’Alain Bernard, « notre » roi du 100 mètres olympiques qui dévoile ses muscles surdimensionnées. En page 3, la photo de la villa qui vaut 300 millions de dollars, faite pour faire rêver les gogos. En page 4, des blindés géorgiens en feu détruits par l’aviation russe. En page 5 les restes du kamikaze qui s’est fait exploser au milieu d’une foule pakistanaise. J’ai compté douze autres photos, pas la peine de détailler, cet ensemble visuel nous montre amplement l’état déliquescent dans lequel se trouve LeMonde. Car pourquoi en rajouter avec des photos qui se veulent chocs, longtemps l’apanage de Paris-Match. Pourquoi un quotidien aussi sérieux que LeMonde s’est-il récemment lancé, à une date que je ne peux préciser, dans l’illustration qui n’apporte rien au texte ?

 Parce que notre société est devenue complètement une société du spectacle, un spectacle qui se déroule autant aux JO de Pékin que dans les revues les plus littéraires. Dans un tel contexte, je ne crois pas que l’espèce homo sapiens puisse véritablement réfléchir à la dégradation de la Biosphère ! Quand LeMonde deviendra-til plus simple et plus percutant sans avoir besoin de photos ?

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les chemins du crétinisme

Maurice Lévy est PDG de Publicis. Déjà la méfiance me gagne sachant que la publicité fait le malheur de notre société. Pire, dans la page Débats (LeMonde du 4.08.2008), il se révèle un véritable missionnaire de la croissance : « Nous, chefs d’entreprise, nous allons devoir préserver l’avenir, c’est-à-dire la croissance (…) Pour lutter contre la récession à venir, il nous faut créer de la croissance (…) Au pessimisme ambiant, il faut opposer le mouvement, aller chercher de la croissance à tout prix (…) C’est maintenant qu’il nous faut explorer toues les formes possibles de la génération de la croissance ».

 

De la croissance à tout prix ? Quel beau programme que d’aller vers n’importe où et par n’importe quels moyens ! Il est vrai que c’est là la métier de publicitaire, vendre du vent et détériorer la planète avec toujours plus de croissance. Trente cinq années après, le numéro 7 (mai 1973) du mensuel la Gueule ouverte reste donc toujours d’actualité dans son article « La publicité nous prend pour des cons, la publicité nous rend cons » :

 

« La publicité est un monstre doux qui, par effraction séductrice, pénètre dans nos cerveaux, brouille sans douleur nos circuits intimes, hérisse de sondes nos profondeurs. Pourtant, quand Emile de Girardin accepte l’insertion d’annonces payantes le 29 avril 1845, elles doivent être selon ses propres termes franches et concises : « La publicité  se réduit à dire : dans telle rue, à tel numéro, on vend telle chose à tel prix ». Un révolutionnaire raisonnable pourrait exiger, aujourd’hui, la stricte application de ce précepte-là.

 

            Après plus d’un siècle de maturation, voici ce qu’il en est devenu : « Publicité, art d’exercer une action psychologique sur le public à des fins commerciales » (dictionnaire Robert). Autrement dit la même définition que celle du mot démagogie : « Politique par laquelle on flatte la multitude pour gagner et exploiter ses faveurs ». Le publiciste est donc, strictement, un démagogue professionnel. Prétendre que l’information soit le souci premier des publicistes est une farce triste. Qui sont ces professionnels ? Des psychosociologues. Pour quoi faire ? Pour imposer à l’homme des notions qu’il ne sollicite pas, et vis-à-vis desquelles il n’a aucune raison d’être bien disposé. Assurément, on s’achemine vers le décervelage total. Les techniciens de la vente plongent tous les jours leurs mains pleines de doigts dans nos inconscients et les endorment, les dépiautent, les programment à leur manière. Ils ont découvert un certain nombre de tendances à encourager : « Le besoin de certitude, le goût du moindre effort, l’envie, la vanité, le snobisme, le désir sexuel » – bref, tout ce qui peut encourager les gens à courir les chemins du crétinisme. Alors, que faire ? Il faudra inventer des moyens d’action, arrêter tout et réfléchir sans tristesse, ouvrir la boîte à idées. Tiens, voilà : je l’ouvre. »

 Depuis les  défenseurs de la Biosphère savent ce qu’il faut faire, casser la pub… Mais nous sommes encore si minoritaires !

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croître ou décroître au Congrès de Reims

 

Lunettes théoriques : croître ou décroître ?

 

La plupart des penseurs contemporains suivent la religion de la croissance économique. Ils n’ont pas encore compris qu’à toute croissance succède inéluctablement une décroissance et que l’état stationnaire est le meilleur ami d’une vie épanouie. Pour bien mesurer toute la palette des conceptions sur cette question, il suffit de lire quelques phrases-clés des contributions générales des socialistes en vue du Congrès de Reims (14 au 16 novembre 2008). Il n’y a aucun commentaire, à chacun de se faire une idée personnelle sur la durabilité des différentes positions :

 

Bertrand Delanoë : Créer les conditions d’une croissance solide, pour relancer emploi et pouvoir d’achat. Les socialistes, en tout état de cause, ne sont pas adeptes de la « décroissance ».

 

Martine Aubry : Repenser et retrouver la croissance. Si nous pensons que l’accumulation de biens n’est pas une fin en soi de la société, et que la croissance doit impérativement être rendue compatible avec la protection de l’environnement, nous ne sommes pas pour autant des adeptes de la décroissance. Notre pays a besoin de croissance pour faire baisser le chômage et pour améliorer les conditions de vie des Français.

 

 

François Hollande : Comment être plus fort dans la mondialisation ? Notre objectif doit être de faire un point de croissance de plus que la moyenne européenne comme cela a été le cas entre 1997 et 2002.

 

Laurent Fabius : Certains ont longtemps prétendu qu’une croissance exponentielle infinie dans un monde qui ne l’est pas était possible. Nous affirmons avec force que la croissance économique et l’impératif écologique constituent un seul et même enjeu.

 

Ségolène Royal : Bien vivre dans l’après-pétrole. Il nous faut de toute urgence produire et consommer autrement pour garantir le développement soutenable de notre pays. Nous proposons de calculer autrement la croissance pour mieux évaluer les dommages ou les bénéfices de certaines activités et agir juste.

 

Pôle écologique : La satisfaction légitime des besoins des moins aisés conduit à se préparer à consommer moins ou autrement. La priorité du nouveau modèle de développement doit être de concentrer les efforts sur la diminution de la consommation d’énergie. Nous proposons de ne plus évoquer la croissance sans la relier à son contenu et à la manière de la mesurer. Il faut cesser l’accumulation individuelle de biens, souvent d’ailleurs réservés à quelques-uns uns, et dont trop sont superflus ou inutiles. Il faut stopper la course au « toujours plus » qui mène les gens à l’insatisfaction permanente et revenir à l’essentiel.

 

Utopia : La croissance ne peut avoir pour vocation à réduire la pauvreté, ni à renforcer la cohésion sociale. Un même taux de croissance peut correspondre à un accroissement ou à une réduction des inégalités. Et une croissance illimitée dans un monde fini est une illusion. Il nous semble tout aussi dogmatique et inefficace de se déclarer pour une décroissance qui pourrait à son tour être synonyme de « moins bien être » social. Comme certains objecteurs de croissance, « Nous sommes convaincus qu’il faut dépasser la contradiction croissance/décroissance car elle nous entraîne dans l’immobilisme» (Paul Ariès). Les vraies questions sont croissance de quoi, pourquoi et pour qui ? Décroissance de quoi, pour quoi et pour qui ? En fonction de quels objectifs, au service de quel idéal de société ? 

 

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espérance Esperanto

La cohésion humaine se fait d’abord par l’intermédiaire du langage. Or l’individualisme et le particularisme sont entrés dans la Constitution française. La dernière réforme constitutionnelle adoptée le 21 juillet a fait en effet entrer l’appartenance des langues régionales « au patrimoine de la France » (LeMonde du 1.08.2008). Pour quel avantage ?

Mettre une signalétique en deux langues sur les routes ? Pourquoi pas dans toutes les langues de l’Union européenne ! Des langues régionales enseignées dans les écoles ? Déjà qu’on croule sous l’apprentissage des langues étrangères internationales, l’anglais, l’espagnol, le chinois… ! Utiliser des traducteurs dans les rapports avec la justice ou l’administration ? Bonjour l’échange direct entre personnes ! Rappelons quelques vérités premières :

Après la période des vagissements du nouveau-né, le bambin découvre les sons articulés dans la partie antérieure de la bouche. Il se met alors à émettre toutes sortes de sonorités, aussi bien les clics des langues zouloues que les étranges eurh du chinois, les consonnes emphatiques de l’arabe, les deux th anglais… A ce stade, la production phonétique des enfants ne se distingue pas d’un bout à l’autre de la planète. Mais l’enfant ne tarde pas à éliminer les sons qui ne sont jamais prononcés devant lui ; le processus d’imitation cristallise l’intonation autour des stéréotypes de sa propre culture, l’extérieur devient l’étrange étranger. Cette incompréhension qui résulte de la multiplicité des langues pourrait être dépassée. En 1887 Zamenhof, un jeune médecin polonais polyglotte, lance les bases de l’espéranto : 7500 mots d’usage courant, une grammaire très simplifiée de 16 règles ne connaissant pas d’exception, une langue si facile que le temps d’apprentissage en est réduit. Puisque les relations communautaires oscillent entre la haine et le mépris, il est nécessaire que l’échange verbal puisse au moins être compris par les deux parties. C’est la condition première pour pouvoir dépasser nos conflits. Nous avons besoin d’une langue-pont, pas d’une démultiplication des langues maternelles.

 Parlez la même langue,

pour pacifier vos relations,

et pouvoir vous consacrer à autre chose que vos passions humaines.

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notre dernier voyage

 

Je n’ai aucune affection particulière pour le supplément du Monde des livres qui se contente trop souvent de quelques romans à présenter. Mais parfois je trouve quelques phrases à méditer (LeMonde du 18.07.2008), ainsi les propos de Tiziano Terzani dans son dernier voyage (un père sur le point de mourir raconte à son fils le grand voyage de la vie) :

 

            « Le passé ? Il n’existe pas, ce sont des mémoires qu’on accumule et qu’on falsifie. Le futur ? Cette boîte remplie d’illusion, une boîte vide. Qui te dit qu’elle se remplira ? (…) La vérité n’est pas dans les faits, mais derrière les faits qui se répètent de manière désespérante. Les journaux ? Je les ai déjà lus il y a trente ans. Le temps n’avance pas, il se répète pas, tout ce qui naît meurt et tout ce qui meurt naît. Je sens ma vie qui s’enfuit, mais elle ne s’enfuit pas, car elle fait partie de la même vie que la vie de ces arbres. C’est une chose merveilleuse que de se disperser dans la vie du cosmos et d’être une partie du grand tout. »

 

Tiziano a le point de vue contraire à tous ceux qui mettent l’homme sur un piédestal, jusqu’à s’imaginer la vie éternelle en tant que ressuscité des morts comme dans les religions du livre. Tiziano rejoint ainsi d’autres penseurs comme Pierre Rabhi : « L’ensemble de la planète est indivisible. Tous les éléments constitutifs de la biosphère sont interactifs. C’est-à-dire que rien de ce qui vit sur la planète ne fonctionne à lui tout seul,  pour lui tout seul. » Tiziano a bien compris que nos atomes continueront de tourbillonner bien après notre mort physique, nous ne sommes qu’une infime composante de la Biosphère, nous sommes déjà nés avec la naissance de l’univers, l’histoire humaine importe peu. Les religions anthropocentriques nous cachent cette réalité, nous sommes nés poussière, nous retournerons poussière. Le sens de notre vie réside dans l’humilité, pas dans la croyance à la suprématie humaine.

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misère ou pauvreté ?

Lunette théorique : Nous avons tous besoin de chausser des lunettes car la réalité ne peut se comprendre qu’en utilisant un système symbolique. Voici par exemple un texte qui permet d’expliquer pourquoi la mondialisation libérale, en disant combattre la pauvreté, ne fait d’accroître la vraie misère.

  

Dans son livre Quand la misère chasse la pauvreté, Majid Rahnema démontre que la pauvreté choisie est la condition de lutte contre la misère. La misère résulte d’un système économique dont l’objectif majeur est de transformer la rareté en abondance, une économie productrice de besoins engendrant de nouvelles formes de rareté et, par conséquent, modernisant la misère. La misère fait son apparition lorsque les gens perdent le sens du partage. Quand vous arrivez en ville, vous n’avez plus personne avec qui partager. Les ouvriers des agglomérations urbaines ont compris que leur subsistance les liait désormais aux nouvelles institutions économiques et sociales, il leur fallait courber l’échine devant le nouvel ordre. Dans ce système le riche est aussi mécontent que le miséreux : le défavorisé voudrait devenir millionnaire, et le millionnaire multimillionnaire. L’économie occidentalisée a fini par nier sa fonction première, servir les personnes qui en avaient le plus besoin.

Il y a d’un autre côté la pauvreté consentie dans des sociétés conviviales dont le mode de vie simple et respectueux de tous a compté pour beaucoup dans le maintien des grands équilibres humains et naturels au cours de l’histoire. Si chacun ne conservait que ce dont il a besoin et se contentait de ce qu’il a, nul ne manquerait de rien. Toutes les sociétés vernaculaires dites « pauvres » développent en leur sein des mécanismes destinés, d’une part, à contenir l’envie et la convoitise, de l’autre à maintenir une tension positive entre ce qu’il est personnellement possible de vouloir et d’avoir et ce qu’il est collectivement possible et raisonnable de produire. Cette tension leur a permis de développer leurs capacités productives sans qu’il y ait rupture entre les besoins et les ressources.

 Comme le monde actuel est au bord d’une catastrophe, il faudrait se donner comme objectif prioritaire la destruction des centres de production de la rareté, cette mondialisation qui détruit les économies de subsistance, cette lutte contre « la pauvreté » qui définit un seuil de pauvreté de façon relative, un niveau qui progresse continuellement avec la courbe de la croissance économique. La mesure essentielle pour l’éviter consiste pour chacun de nous à une prise de conscience de nos capacités individuelles d’action et en un ré-apprentissage de la simplicité volontaire. Comme le disait Gandhi,  « La civilisation, au vrai sens du mot, ne consiste pas à multiplier les besoins, mais à les réduire volontairement, délibérément ».

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tout générique

            Les médicaments génériques vont bientôt être la loi commune. Le premier groupe pharmaceutique mondial, Pfizer, n’a aucun produit en gestation ou en phase de lancement alors que ces produits vedettes comme l’anticholestérol Lipitor (41 % de son chiffre d’affaires va rentrer dans le domaine public (LeMonde du 27.06.2008). Les brevets des formules chimiques actives sur l’organisme malade tombent dans le domaine public généralement au bout d’une vingtaine d’années. Tout laboratoire peut alors fabriquer la molécule de base et la commercialiser au moindre coût ; l’indien Ranbaxy est un spécialiste de ce genre de commerce à moindre coût. Mais les génériques ne sont pas réservés aux médicaments.

 En 1976, les grandes surfaces de marque « Carrefour » lancent en France cinquante « produits libres » dans un emballage non signé pour gagner des parts de marché ; au milieu des années 1980, les autres enseignes commerciales imitent le procédé en signant leurs produits de leur enseigne, ce qui instaure une nouvelle concurrence qui ne change rien au fond quant au choix rationnel des consommateurs. Cette fausse concurrence peut cesser avec des produits véritablement génériques, vecteur d’une disparition du libéralisme de marché. Que ce soit pour les médicaments ou pour tout autre produit, un objet qui correspond au meilleur rapport qualité-prix devrait être généralisé. Alors il n’y aurait plus de concurrence, il faudrait se contenter de l’essentiel, de l’efficace accessible à tous.

Le pain n’est pas normalement redevable d’une marque ou de la concurrence, il en est de même pour tout le reste : simplifier les produtis, simplifier vos besoins, la Biosphère ne pourra que s’en trouver mieux.

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style YSL ou Utopien?

Yves Saint Laurent est mort, paix à son corps. LeMonde du 3.06.2008 lui consacre pourtant quatre pages. Il est vrai que dans une société où un évènement chasse l’autre, c’est le règne de la futilité qui reste omniprésent. En fait YSL n’a rien inventé. Il n’est que l’écho sophistiqué de la forme trapèze qui avait disparu depuis le début du XVIIIe siècle (pour sa première collection en 1958), de la mode garçonne des années 1920 qu’il a recyclé jusqu’à la nausée, des vêtements ethniques de tous les pays qu’il a plagiés, ceux du Rajasthan comme du Sud marocain. La mode copie la mode, elle ne fait rien de plus même si c’est un styliste qui l’habite. Une riche cliente Américaine, qui laisse à sa mort 3000 pièce de haute couture dont 376 griffées YSL osait le paradoxe : « C’est agréable d’être regardée pour soi, pas pour les vêtements que l’on porte » ! En réalité YSL et ses  clientes ne font que fuir un monde dans lequel ils se sentent mal. « Rien n’est plus beau qu’un corps nu », disait Yves Saint Laurent, et il a montré lui-même l’exemple. Mais alors, pourquoi changer chaque année de vêtement ? Est-ce changer de style vestimentaire qui procure le bonheur ? Ne vaudrait-il pas mieux suivre les préceptes de Thomas More (L’utopie, 1516) ?

« En Utopie, les vêtements ont la même forme pour tous les habitants de l’île ; cette forme est invariable. Ces vêtements réunissent l’élégance à la commodité ; ils se prêtent à tous les mouvements du corps, le défendent contre les chaleurs de l’été et le froid de l’hiver. Chaque famille confectionne ses habits. Un seul habit suffit d’ordinaire pendant deux ans ; tandis qu’ailleurs, il faut à chacun quatre ou cinq habits de couleur différente, autant d’habits de soie, et, aux plus élégants, au moins une dizaine. Les Utopiens n’ont aucune raison d’en rechercher un aussi grand nombre ; ils n’en seraient ni plus commodément ni plus élégamment vêtus. »

 Quand on se sent bien dans un bon et simple vêtement, c’est le passeport pour le bonheur…

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oui à l’égalitarisme

L’éditorial « Des patrons surpayés » est convaincant (LeMonde du 2.06.2008) : « Que les patrons du CAC 40 aient perçu en moyenne 4 millions  d’euros chacun en 2007 n’est pas justifiable. Ces rémunérations sont d’autant plus choquantes qu’elles ne récompensent pas le mérite propre de l’intéressé ». Mais Le Monde minimise aussitôt  sa critique: « Pas question de plaider ici pour un égalitarisme niveleur », sans justifier d’ailleurs ce point de vue particulier. Je conseille donc aux journalistes de (re)lire un vieux texte d’il y a presque un demi-millénaire dans lequel il suffit de remplacer « nobles » par « technocrates » :

« La principale cause de la misère publique, c’est le nombre excessif de nobles, frelons oisifs qui se nourrissent de la sueur et du travail d’autrui ; ils ne connaissent pas d’autre économie. S’agit-il au contraire d’acheter un plaisir ? Ils sont prodigues jusqu’à la folie. Ce qui n’est pas moins funeste, c’est qu’ils traînent à leur suite des troupeaux de valets fainéants.

             Le seul moyen d’organiser le bonheur public, c’est l’application du principe de l’égalité. Or l’égalité est impossible dans un Etat où la possession est solitaire et absolue ; car chacun s’y autorise de divers titres et droits pour attirer à soi autant qu’il peut, et la richesse nationale, quelque grande qu’elle soit, finit par tomber en la possession d’un petit nombre d’individus que ne laissent aux autres qu’indigence et misère. Voilà ce qui me persuade invinciblement que l’unique moyen de distribuer les biens avec égalité, avec justice, c’est l’abolition de la propriété. Tant que le droit de propriété sera le fondement de l’édifice social, la classe la plus nombreuse et la plus estimable n’aura en partage que disette, tourments et désespoir ». Thomas More, l’utopie (1516)

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écolo-liberté ou écolo-fascisme ?

LeMonde ne nous propose pas ce jour, 28 avril 2008, de page Environnement & Sciences. Mais, signe des temps, l’écologie se retrouve bien en page LeMonde &vous. On apprend qu’on peut recevoir en région parisienne sa paire de souliers par coursier en vélo : écolo-chic, par coursier écolo ! 0n apprend surtout que la Californie bannit progressivement les feux de cheminée pour réduire l’émission de fines particules polluantes de suie, responsables de problèmes pulmonaires et respiratoires. Les autorités comptent même sur les voisins pour dénoncer les « cheminées qui fument » les jours d’interdiction. Déjà des Américains hurlent contre l’atteinte à leur liberté individuelle et leur droit au bonheur, des étincelles plein les yeux. Alors, montée du fascisme ou inversion de la pensée dominante ?

 

La démocratie est un système de décision dans lequel ce qui a été fait à un moment peut être défait ou même inversé à un autre moment. Le consensus, c’est-à-dire l’état de l’opinion commune à une période déterminée, n’est donc jamais le garant d’une vérité, d’autant plus que l’affectif et la subjectivité détériorent la réflexion du citoyen. C’est pourquoi la démocratie ne pose des références valables que dans la mesure où le citoyen ne tranche pas par rapport à ses intérêts personnels ou ses croyances passées, mais par rapport à ce qui devrait être. Un consensus durable ne peut que reposer sur la considération première des nécessaires équilibres écologiques. Aujourd’hui, le respect de l’environnement devrait l’emporter sur les avantages acquis ; même l’énergie renouvelable et les feux de cheminée doivent être soumis à la critique.

Le monde de demain ne ressemblera pas du tout au monde actuel !

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lunette théoriques

Richard Gregg, un américain disciple de Gandhi, est à l’origine en 1936 de l’expression « simplicité volontaire » avec son livre The value of Voluntary Simplicité.  Au Québec, c’est Serge Mongeau qui a écrit pour la première fois sur le sujet en 1985 : La simplicité volontaire, ou comment harmoniser nos relations entre humains et avec notre environnement. Pour le RQSV, la simplicité volontaire, c’est :

 – une façon de vivre qui cherche à être moins dépendante de l’argent et de la vitesse, moins gourmande des ressources de la planète ;

– la découverte qu’on peut vivre mieux avec moins ;

– un processus individualisé pour alléger sa vie de tout ce qui l’encombre ;

– un recours plus grand à des moyens collectifs et communautaires pour répondre à ses besoins et donc un effort pour le développement d’une plus grande solidarité ;

– le choix de privilégier l’être plutôt que l’avoir, le « assez » plutôt que le « plus », les relations humaines plutôt que les biens matériels, le temps libéré plutôt que le compte en banque, le partage plutôt que l’accaparement, la communauté plutôt que l’individualisme, la participation citoyenne active plutôt que la consommation marchande passive ;

– la volonté d’une plus grande équité entre les individus et les peuples dans le respect de la nature et de ses capacités pour les générations à venir ;

            Il est donc certain que c’est un mouvement qui va définitivement à contre-courant du système dominant. C’est un choix de vie individuel qui garde une portée collective. Mais ce n’est pas les 350 membres du RQSV (réseau québécois pour la simplicité volontaire) qui vont changer le monde… La Biosphère a besoin de l’engagement de tous les humains. Plus on est riche, plus il faudra (volontairement ?) abandonner partie de sa richesse ! Car « Il est plus aisé pour un chameau de passer par le chas d’une aiguille, que pour un homme riche d’entrer au royaume de Dieu. »(Mathieu 19:23-24)

Pour plus d’information : www.simplicitevolontaire.org

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