sports et loisirs

Mondial 2018, pour l’élimination de l’équipe de France

La Coupe du monde de foot nous emmerde à longueur de colonnes et d’écrans, et c’est interminable, fin du calvaire seulement au 18 juillet. Vivement que l’équipe de France soit éliminée samedi prochain par l’Argentine, on nous bassinera un peu moins les yeux et les oreilles avec ces histoires de ballon rond. Le décervelage est garanti ! Regarder un match de foot à la télé n’a d’intérêt que si le spectateur se met tellement à la place dune baudruche qu’il en perd sa propre tête. Aller sur un stade et vibrer ne suit pas le rythme du ballon, mais l’hystérie collective qui parcourt une foule assemblée en clans artificiellement séparés. La xénophobie commence sur les terrains de foot ! Quelle est l’importance finale que ce soit la France qui gagne ou l’équipe indienne qu’on n’avait pas convié à participer (le pays n’a jamais été qualifiée malgré son nombre d’habitants). Les indiens ne s’intéressent pas au foot et ils ont bien raison. Notons que l’Inde aurait dû participer à la Coupe du Monde de la FIFA en 1950 au Brésil 195, mais qu’elle avait décidé de déclarer forfait, n’ayant pas la permission de jouer pieds nus. Il faut bien que les sponsors Adidas ou Nike gagnent leur croûte.La FIFA mérite de passer aux bancs des accusés.

Les commentaires* sur le foot ne peuvent que friser l’insignifiance absolue : « Heureusement que le live du soir (sur lemonde.fr) promet du beau football ! Et une bonne ambiance, aussi, mais ça c’est toujours le cas », «  Même différence de buts entre le Japon et le Sénégal, même nombre de buts marqués et encaissés, ils avaient fait match nul entre eux, cela se joue donc au nombre de cartons jaunes », « Ospina (Colombie) a le ballon, il reste 20 secondes. Ca sent le roussi pour le Sénégal ! », « Attitude folle du Japon ! Qualifiés pour le moment, les Samouraïs bleus font tourner le ballon, et ne s’en cachent pas », « Japon/Pologne, Il reste 3 minutes de temps additionnel », « Messi s’est fait violence contre le Nigeria. Il lui reste maintenant à tuer le père, le dieu vivant des Argentins, en guidant son équipe bancale jusqu’à la victoire… », etc, etc.. Le foot est en effet une religion, habillé des mêmes oripeaux, une tenue spéciale sur le stade ou dans les gradins, des chants comme à la messe, le culte des sanctifiés du ballon rond, des trophées en forme de calice, la ferveur d’une communauté en transe, des foules de supporters confites en dévotion. Plus besoin d’aller à la messe quand on aime le foot. Dieu n’aime pas le foot, c’est devenu un concurrent trop en vogue, un substitut trop parfait. L’écologie aime encore moins le foot.

Peut-on être écologiste et aimer le foot ? Certes non ! Cohn-Bendit est l’exemple à ne pas suivre. Grand amateur de football, Dany n’a pas du tout digéré la réaction de Jean-Luc Mélenchon qui avait fait part de sa « joie pure » après la défaite de la Mannschaft face à la modeste Corée du Sud. La conscience écologique aura progressé le jour où il y aura bien plus de gens mobilisés contre la disparition de la biodiversité que de gens intéressés par le Mondial de foot.

* éléments de « réflexion » tirés du monde.fr du 28 juin

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Le football est coupable de notre décervelage

La Coupe du monde de foot va nous emmerder à longueur de journées du 14 juin au 18 juillet. Un long calvaire lié à la futilité de courir après un ballon, la corruption de la FIFA, le chauvinisme des supporteurs et par dessus tout la crétinisation des masses. S’ajoutera cette année le fait que cela se déroule en Russie et que Vladimir Poutine saura en tirer un avantage politique. Globalement le foot professionnel ne conteste pas l’ordre établi, il le renforce. Le football n’est jamais innocent, à l’image de nos sociétés et de nos émotions. Il est devenu très tôt un spectacle, lors de la Cup à Londres en 1923, 250 000 spectateurs ­essayèrent d’entrer dans le stade de Wembley. La Coupe du monde de football est un « événement médiatique », un vaste récit collectif qui traverse les frontières sociales et géographiques et ne fait rien pour assurer la paix entre les peuples et la conscientisation des citoyens. Elle exacerbe au contraire les tensions nationalistes et fait oublier l’urgence écologique. Voici quelques remarques tirées de nos posts antérieur sur ce blog :

Les Indiens Morès en Amazonie jouent aussi au foot. Mais le joueur qui marque change automatiquement d’équipe. Ainsi ceux qui gagnent se dégarnissent et ceux qui perdent se renforcent. Le score s’équilibre de lui-même. Les écologistes rêvent d’un jeu à la manière des Indiens Morès, chacun jouant à la balle à sa façon particulière et de façon locale. Les multinationales, qu’elles soient industrielles ou commerciales, football compris, sont issues de la révolution industrielle et mourront avec l’effondrement de cette civilisation. 

Quand les politiques cautionnent un foot-spectacle qui a besoin de moyens sécuritaire disproportionnés, cela veut dire que nous quittons le système démocratique pour rentrer dans un processus de manipulation des masses. « Du pain et des jeux » était le mot d’ordre de l’élite d’un empire romain en déliquescence.

Mondial 2014, près de 40 % des Brésiliens interrogés se disaient opposés à la tenue de l’événement. Les manifestations que n’en finissent pas de traverser tout le pays ont contribué à asseoir l’idée que la Coupe du monde est bien le symbole de la gabegie des deniers de l’Etat. La présidente Dilma Rousseff ne tolérerait pas un blocage des stades : le foot est roi, les politiques s’agenouillent devant lui.

FIFA en accusation. Arrestation le 27 mai 2015 à l’aube de sept dirigeants de la FIFA pour corruption… Réélection le 29 mai de Joseph Blatter pour un cinquième mandat… démission de Joseph Blatter le 2 juin… Il a fallu une semaine à peine pour faire chuter de son piédestal le tout puissant patron du football mondial, à la tête de la fédération internationale du foot depuis 1998.

Le règne du fric. Les six partenaires privilégiés de la FIFA, Adidas, Coca Cola, Emirates, Hyundai, Sony et Visa ont permis de mettre en place médiatiquement cette folie footbalistique non pour la vision de petits joueurs qui courent derrière un ballon, mais d’abord pour gonfler leur chiffre d’affaires.

La complicité des médias ! LE MONDE, autrefois quotidien de référence, commet un édito débile : « Le Brésil a gagné « sa » Coupe du monde de football. La compétition s’est déroulée sans accroc… Cette compétition est un rare moment d’intelligence et d’émotion partagées…. Si le futebol fait partie de l’identité nationale brésilienne, alors il voisine avec une industrie et une agriculture des plus performantes – de l’aérospatiale à l’agroalimentaire de demain…. » Pourtant cet édito avoue l’essentiel en une simple phrase : « Sur le strict plan financier, un pays ne gagne jamais à l’organisation d’un pareil événement, qui reste un investissement sans lendemain, largement à perte. »

Notre conclusion : Si les supporters du foot mettaient autant d’enthousiasme que les pantins médiatisés de la FIFA pour essayer d’agir contre les émissions de gaz à effet de serre, la fonte des glaciers pourrait peut-être s’enrayer…

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L’imbécillité écologique du tourisme mondial

L’empreinte carbone du tourisme mondial est considérable. Cette activité est responsable d’environ 8 % du total des émissions de gaz à effet de serre de l’humanité. A titre de comparaison, le transport maritime représente 3 % des émissions mondiales de CO2. Le transport aérien est en première ligne. Certes, en octobre 2016, les cent quatre-vingt-douze pays membres de l’Organisation de l’aviation civile internationale se sont engagés à plafonner les émissions de cette activité – non couverte par l’accord de Paris sur le climat – à leur niveau de 2020, jusqu’en 2035*. Mais engagement volontaire ne veut pas dire application concrète. Voici quelques commentaires sur lemonde.fr :

sirio : restez chez vous !

@Rico : Faut oublier les Seychelles: maintenant ce sera la Bretagne ou le Berry …

MICHEL SOURROUILLE : N’oublions pas que le kérosène est détaxé, les négociations internationales sur la question sont restées sans suite. Les décideurs manquent de courage, une taxation du kérosène rendraient les voyages avec les plus lourds que l’air plus coûteux, les touristes moins gourmands en distance et les pilotes d’avion beaucoup plus modérés dans leurs revendications…

Raymond : En France, ce sont surtout les retraités qui vont faire du tourisme plus ou moins lointain plusieurs fois dans l’année. La solution: augmenter encore la CSG.

F Cortox : Mélanger tourisme et déplacements professionnels, ce n’est quand même pas très sérieux : quelle est la part de chacun ?

Blabla @ cortox : Effectivement, les déplacements professionnels sont encore plus nuisible car inutiles dans une grande partie des cas.

Obéron : Oui, il va falloir que nous apprenions à voyager autrement, à privilégier chaque fois que possible les transports collectifs terrestres ou maritimes, à utiliser davantage la visio pour nos échanges professionnels, à voyager moins souvent mais pour de plus longues périodes.

CYNIQUE DU BON SENS ET RAISON : Il y en a que ça fait « bander » de transporter des dizaines de milliers de crétins à l’autre bout de la planète pour leur soutirer quelque fric…

Ledzep : Je suis extrêmement sensible à la cause écologique mais il m’apparaît de plus en plus compliqué d’y voir le moindre espoir de sortie par le haut. La véritable cause de notre perte n’est ni le tourisme, ni la gestion des déchets ni même les énergies fossiles. Ce qui va nous tuer à plus ou moins long terme, c’est nous même, l’humanité, la surpopulation. Le seul geste que l’on puisse faire serait-il de ne pas se reproduire

Franzrycou : Ti voyages, ti bouffes, ti b…, ti crèves, comme aurait dit Pierre Péchin. Ti voyages pas, ti bouffes pas, ti b… pas, ti crèves quand même. Alors…

Laurent Jacques @ Franzrycou : Il y a une différence entre crever en faisant l’amour ou crever seul avec sa bouteille d’oxygène dans un monde sans beauté.

Sur notre blog, lire la synthèse Compagnies aériennes, un jour le kérosène les tuera

* LE MONDE du 8 mai 2018, Le tourisme fait s’envoler le réchauffement planétaire

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Chasse, activité dénaturée par des chasseurs motorisés

Le fusil était à l’honneur dans la famille. Mon grand-père paternel était chasseur. Il faisait lui-même ses cartouches. Il m’amenait à l’affût. Nous restions des heures à savourer la nature. Et à tuer ! J’ai connu bien des pratiques discutables, comme ces palombes qui servaient d’appeau et dont on avait crevé les yeux pour qu’elles soient plus tranquilles, ne battant des ailes qu’à la commande. On étranglait le gibier blessé, comment l’achever autrement et proprement ? J’arrachais la langue des étourneaux, mon grand-père disait que sinon l’oiseau aurait un « goût de fourmi ». Les lapins étaient nombreux, le gibier encore sauvage. Puis les lapins ont eu la myxomatose. Et le faisan ne s’envolait plus devant moi, il était apprivoisé et sortait d’un élevage. J’ai arrêté de chasser. La chasse n’était plus ce qu’elle était, une viande d’appoint pour une famille installée à la campagne. Les chasseurs sortent maintenant des villes, avec leur voiture et leur fusil à répétition.

Le chasseur ne devrait pas être cette fourmi motorisée qui envahit les continents avant d’avoir appris à « voir » le jardin à côté de chez lui. [Aldo Leopold, Almanach d’un comté des sables ( 1946, Flammarion 2000)]

La plupart des chasseurs considèrent les écologistes comme des ennemis. Ils ne voient pas que leur ennemi, c’est eux-mêmes et leurs pratiques de « tableau de chasse ». Nous ne sommes plus à l’époque de la chasse et de la cueillette, nous sommes trop nombreux sur chaque territoire, limitant de façon démesurée l’espace de la vie sauvage.

Comment un million de chasseurs français pourrait-il évoluer à son aise dans des paysages urbanisés, fragmentés et « désanimalisés » ? Si le nombre des chasseurs se réduit constamment, l’omnipotence du lobby-chasse perdure, transformant le Parlement de ce pays en comice agricole du XIXe siècle et paralysant le ministère de l’environnement. Le chasseur constitue, pour le législateur, la seule espèce protégée et jusqu’à l’an 2000 le non-chasseur n’avait même pas d’existence juridique. Je ne suis pas contre la chasse, mais plutôt pour le respect de tout être sensible, pour la fin de la souffrance gratuite. Ce livre n’a pas été écrit contre qui que ce soit, mais d’abord pour le vivant, pour la nature, en vue d’un acte de paix, et non de guerre. Ce livre traitera de la chasse-loisir. Personne en France ne chasse plus pour se nourrir. [Gérard Charollois, Pour en finir avec la chasse (la mort-loisir, un mal français) (Radicaux libres, 2009)]

Un chasseur pourrait être un véritable écologiste, inscrit dans une association pour redonner à la nature son exubérance naturelle et ses animaux sauvages. Il deviendrait alors simple promeneur, humant l’air des sous-bois et la chaleur des prés, admirant le vol d’un oiseau et l’effilochement d’un nuage. Pourquoi pas chasseur d’images, s’il veut conserver chez lui à vie le vol d’une perdrix ou la fuite d’un renard. Un chasseur devrait se contenter de regarder la nature sans y toucher, comme le plongeur sous-marin. Quant à la surpopulation des chevreuils, il n’y a pas assez de lynx en France ! Reste les sangliers, mais si on veut se permettre de réguler une population, commençons par maîtriser notre propre fécondité…

(extraits de « On ne naît pas écolo, on le devient », Michel Sourrouille aux éditions Sang de la Terre)

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Branson ou Musk, l’idiotie de la conquête spatiale

Folie humaine, une Tesla rouge cerise envoyée dans l’espace par le milliardaire (à crédit) Elon Musk pour un vol d’essai. Un type à enfermer, une info qui prend pourtant une page du MONDE*. La conquête spatiale, mais pour quoi faire ? L’ambition ultime d’Elon Musk est l’installation sur Mars. En attendant on prépare des trucs ridicules comme multiplier les petits satellites autour de la terre et un vol privé autour de la Lune. Même dans ces projets démesurés, il y a concurrence entre la société SpaceX d’Elon Musk et Blue Origin du fondateur d’Amazon, Jeff Bezos. Sans compter Boeing dont le patron « pense fermement que la première personne qui mettra les pieds sur Mars arrivera là-bas grâce à une fusée de Boeing. » Le Space Launch System (SLS) de la NASA, dont le premier vol est prévu en 2019, pourra emporter 130 tonnes ; le Big Falcon Rocket (BFR) d’Elon Musk est attendu pour 2020 et pourra transporter jusqu’à 150 tonnes. Arianespace s’inquiète pour son avenir de lanceur. Pour l’internaute Richard Kutry, c’est l’euphorie : « Passionnant ! voila un type qui fait avancer la conquête spatiale, et du coup, les technologies et sciences associées avec sa fortune. » Comme si la fortune privée devait continuer à financer n’importe quoi. Tourisme spatial ! N’oublions pas le milliardaire Charles Branson et l’explosion du vaisseau suborbital SpaceShipTwo. Ce sont les riches qui propagent un style de vie destructeur pour la planète : palais, yachts, avions privés, saut spatial, etc.

Nous faisions déjà le point sur ce blog il y a quelques années sur la conquête spatiale dans objectif lunaire ! L’espèce homo sapiens a essaimé dans l’espace géographique tout en améliorant ses capacités de déplacement. Autrefois les migrations à pied, puis à cheval ou en pirogue, hier les avions et aujourd’hui les fusées. On a même marché sur la lune ! Les humains préfèrent la conquête à la stabilité, le déséquilibre plutôt que la vie en harmonie avec un territoire déterminé. Vive la con-cu-rrence et le conflit. La fusée a d’abord été inventée pour la guerre, ainsi des V2 mis en œuvre par les Allemands à la fin de la seconde guerre mondiale. Il s’ensuit une compétition entre nations : comme l’URSS socialiste a lancé le premier spoutnik dans l’espace en 1957, l’Amérique capitaliste a voulu poser le premier homme sur le sol lunaire le 21 juillet 1969. Tintin dans l’espace se retrouve en BD. On a besoin de rêve, on nous vend du rêve !!! En fait la guerre des nations a été remplacé par le goût de l’exploit techniciste au prix d’une débauche de ressources non renouvelables. Les humains croient encore qu’ils pourront aller sur mars, mais ils n’iront jamais sur la plus proche étoile, Alpha du centaure : la masse de carburant pour parcourir 40 000 milliards de kilomètres nécessiterait une masse de carburant équivalente à deux fois la masse de l’univers connu. L’humanité a atteint les frontières de son monde, il n’y a plus d’expansion possible. Il faut maintenant reconnaître que nous n’avons qu’une Terre et qu’elle est bien trop petite pour assurer nos fantasmes de nouvelles frontières perpétuelles.

Que les humains gèrent au mieux leur propre territoire, qu’ils se contentent pour le reste de contempler la lune et les étoiles. Et à chacun ses rêves dans son propre sommeil, cela ne coûte rien.

* LE MONDE du 6 janvier 2018, SpaceX s’apprête à lancer la Falcon Heavy, sa fusée ultrapuissante

PS du 8.08.2021

Louis d’Hendecourt, astrophysicien  : « Le but avoué d’Elon Musk n’est autre que la planète Mars à des fins de colonisation… Or sans eau (ou si peu), sans atmosphère (ou si peu), sans champ magnétique protecteur d’un rayonnement cosmique féroce et avec des températures qui feraient prendre le sommet de l’Everest pour un sauna tropical, Mars est par définition une planète inhabitable, En d’autres termes, « terraformer » Mars prendrait des millions d’années avec un résultat connu à l’avance : avec sa faible gravité, Mars est tout simplement incapable de retenir une atmosphère et personne, ni M. Musk ni le pape n’y pourra rien changer. »

 

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Ne skiez pas, ni au Pla d’Adet ni ailleurs

Avec ses remontées mécaniques modernes et ses domaines skiables reliés, la France offre 350 stations de ski dans 7 massifs. Comment résister devant les snowparks, le snowboard, le freestyle, les boarder cross, les slaloms et les bosses, l’espace ludique Ludo’Glyss et le speed-riding ? Comment expliquer qu’il ne faut pas skier ? Comment expliquer cela dans un monde sur-développé où les loisirs sont devenus un art de vivre ? Comme amener les touristes des sommets à ne plus aimer les vacances à la neige ? Comment faire ressentir que la montage ensevelie dans son manteau neigeux ne peut que mieux se porter sans tire-fesses, nacelles et autres remonte-pentes ? Le skieur qui ne s’occupe que de la réussite de ses vacances peut-il glisser sans se poser quelques questions sur une neige vomie par des canons alimentés par l’eau qu’on est allé chercher deux mille mètres plus bas dans la rivière ? Comment convaincre des gamins qu’on amène en classes de neige que skier n’est pas bon pour la planète ?

Dès les années 1930, Ellul et Charbonneau écrivaient déjà : « Décrire la civilisation actuelle sans tenir compte du tourisme, c’est commettre une grave erreur parce que, dans bien des pays ou régions, il joue un rôle plus important que l’industrie lourde. Il s’agit maintenant d’énormes organisations et de milliards de capitaux. Une publicité intense a dirigé les foules vers certains points aménagés de la montagne… » Tout notre système thermo-industriel est construit pour nous inciter à envahir tous les espaces terrestres, même ceux qui étaient de tout temps considérés comme inhabitables. La griserie de la vitesse ne devrait pas occulter toute l’énergie exosomatique dépensée pour ce loisir de luxe. Le territoire des autochtones des montagnes, bouquetins, chamois et marmottes, est lacéré par des routes, striés par les skieurs hors piste, pollué par la présence de milliers de personnes. Pour ce tourisme de masse, il faut ériger des HLM en altitude, établir des parkings, damer les pistes chaque nuit, entretenir d’énormes chasse-neige. La consommation d’eau pour produire de la neige nécessite des millions de mètres cubes et des millions de kWh. Sans parler du bruit infernal de ces canons à neige. Ce n’est pas un loisir qui préserve la Biosphère que de déplacer des citadins en mal d’air pur vers de lointaines destinations où on va recréer la ville et poursuivre des activités sans intérêt. Car quoi de plus débile que de faire des va-et-vient entre la queue en bas de piste et la queue en bas de piste ? Mouvement pendulaire, vertige des installations techniques, on brûle du pétrole pour des instants de bonheur factice. Sans parler des chutes et des jambes cassé. On peut même rencontrer dans les Pyrénées celle qui a fait 8 500 kilomètres depuis Madagascar pour se traîner sur la piste sans pouvoir se relever. Tout ça pour dire que les quelques mètres parcourus coûtent très cher à la biosphère, à la collectivité et aux vacanciers.

Moi, j’étais au Pla d’Adet, arrivé en covoiturage, refusant toute remontée mécanique, descendant à pied à Saint Lary, quasiment seul sur l’étroit sentier neigeux, au milieu du silence vertigineux et des sapins ployant sous le poids de la neige. Le plaisir physique et l’éloge de la lenteur. Mais n’est-ce pas déjà trop que de faire 300 kilomètres pour un plaisir solitaire même s’il est partagé en couple ?

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Bizarre, une loi d’exception pour les Jeux Olympiques

Allez voir le projet de « loi 2024 » mis en place exclusivement pour les Jeux Olympiques, une loi qui condamne notre futur. Maintenant que la France s’est engagée à accueillir les JO en 2024, la ministre des sports doit, désormais, porter un projet de loi pour adapter la loi française aux conditions exigées par le CIO (comité international olympique). Cette loi olympique comprendra plusieurs dispositions visant simplement à simplifier et accélérer les règles relatives à l’urbanisme, à l’environnement et au logement notamment en allégeant les formalités et autres procédures et en réduisant les temps de concertation (par exemple pour les expropriations). La raison est simple : disposer des installations souhaitées en temps et en heure. Peu importe que les principes qui fondent notre droit soient reniés, il faut dire que la chose la plus importante est d’accueillir des sportifs et des touristes du monde entier en 2024. La privatisation des espaces publics est renforcée à travers le renforcement de la publicité sur des monuments historiques ou des sites classés. Les lieux potentiellement concernés sont notamment le champ de mars, l’esplanade des Invalides, les Champs Élysées, les jardins du Trocadéro, le parc de Versailles, le Grand palais. Paris risque de devenir une vitrine pour les annonceurs olympiques. Cette loi prévoit également de réserver des voies de circulation pour les délégations olympiques et les athlètes. Nous devrons donc nous arrêter pour laisser passer ces cortèges. Une loi dont le but simplement de créer une voie de circulation pour des privilégiés.

Patrick Clastres, historien du sport et spécialiste de l’olympisme, parle d’une « loi d’exception » car elle « suspend dans un espace donné et à un moment donné la loi ordinaire ». Et, les quelques gages de transparence ne sauraient nous duper. Il faut se rappeler que l’attribution à Lima de Paris comme ville hôte des JO a coûté la bagatelle de 1,5 millions d’euros, en toute transparence donc comme les voyages en avion de notre premier ministre. Cette loi et ces pratiques s’inscrivent dans une logique qui n’est pas la nôtre. Une logique qui, malheureusement, nous prépare pour 2024 loin des urgences proclamées par 15 000 scientifiques ! Pourtant, elle va être votée sans difficulté et s’inscrit, finalement, dans la continuité d’une loi adoptée en 2014 accordant des exonérations fiscales pour les grands événements sportifs (en prévision de l’euro 2016 de football). Ne devrions-nous pas nous questionner sérieusement sur une loi qui entend suspendre notre droit, même temporairement et porter atteinte à notre souveraineté même ? Dommage de passer sous silence que ces JO seront ceux du béton et des sponsors. Ce béton qui symbolise un choix de société, celui de privilégier le sport spectacle, cette distraction de masse, plutôt que des projets sociaux plus utiles, plutôt que de faire face aux réels enjeux des décennies à venir.

Tout se rejoint car c’est bien l’idéologie croissanciste qui guide notre société et qui reste notre horizon d’ici 2024. C’est cet imaginaire que nous devons casser, arrêter d’ériger le sport comme un élément neutre et bienfaisant. A l’occasion de l’euro 2016, nous écrivions déjà : le sport est loin d’être neutre. Il est un miroir grossissant des dérives du système croissanciste. Le sport véhicule des valeurs qui, étonnamment, coïncident avec celles de la société de croissance : culte de la compétition, évasion fiscale, inégalités économiques. Finalement, le sport renforce un système de valeurs qui est bien utile pour faire fonctionner la méga-machine capitaliste. Il participe aussi à nous faire oublier les vrais enjeux et à nous faire croire qu’il pourrait résoudre des problèmes sociétaux majeurs l’espace d’une compétition (le leurre de la France black-blanc-beur de 1998 ). Tandis que la gestion des « grands stades », véritables arènes de la consommation, questionne sur nos pratiques de la démocratie, les valeurs du sport contribuent à annihiler notre capacité de jugement et de révolte contre un système inique et dévastateur en nous en faisant accepter ces valeurs … « Du pain et des jeux », hier, … « De la bière et du foot », en 2016 … de la pub et des jeux en 2024 … surtout et toujours, « Du sport pour la croissance ». L’individualisme et la compétition sont des valeurs que nous préférerions remplacer par le partage et la convivialité. (Le Collectif « Nous sommes Parti.e.s Pour La Décroissance »)

le sport, cet outil au service de la croissance
Des jeux pour oublier les pains

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Le summum du tourisme débile… en 21 jours

Normalement un article du MONDE* retrace le positif ou le négatif d’un événement quelconque. Mais quand on offre à un journaliste un tour du monde en avion, on a droit à un éloge exclusivement dithyrambique d’une excursion touristique : « Les lions sont bien là, mais aussi les gazelles, les hippopotames et les zèbres, les grues royales et une immense colonie de flamants roses. Les animaux offrent leurs déambulations aux photographes amateurs. L’après-midi, quand un éléphant solitaire passe à deux mètres de la voiture, ses défenses immaculées et son allure souveraine imposent le silence. Un safari en Tanzanie ? Pas seulement. Cette journée africaine n’est qu’une des neuf escales d’un voyage autour du monde. De quel tour s’agit-il exactement ? De Phileas Fogg au skippeur François Gabart, le tour du monde est une passion française. Ici, c’est un voyage « cartes postales », Grand Canyon et Las Vegas, puis les plages paradisiaques d’Hawaï, des Fidji et de Melbourne, Angkor au Cambodge, puis Colombo, la Tanzanie, Addis Abeba et enfin Jérusalem avant le retour à Paris. Les chiffres donnent le vertige : 21 jours, 46 555 kilomètres parcourus, 66 heures de vol, soit plus de deux jours et demi dans les airs. Tarif de base de la version « première classe », 48 900 euros. Deuxième catégorie, 30 900 euros pour des hôtels 4 étoiles. Ont-ils vécu leur rêve, ces passagers du tour du monde qui reçoivent le dernier jour un passeport d’opérette qui résume leur périple ? « Cent fois oui », disent-ils en cœur. » Un écologiste n’a qu’une envie, dégueuler à la lecture d’un tel exploit. Les commentateurs sur le monde.fr confirment (presque tous) :

Philippe : Pour être un peu moins nul, cet article devrait indiquer le nombre de tonnes de CO2 pour ce voyage bien tristounet.

Eric Richard : Notre maison brûle et nous regardons ailleurs… La raison prendra-t-elle enfin le dessus !!!

Taraxacum : C’est vraiment de l’argent gâché, et ils ne méritent pas leurs cartes postales. C’est la négation du voyage. Aucun contact avec la population, c’est méprisant pour les habitants et leur mode de vie.

BJ : Quel triste gâchis. Quel intérêt y-a-t-il à dépenser autant dans un séjour qui ne procure rien de plus, à part un jetlag monumental, que la sensation vaine et superficielle d’avoir visité une carte postale, d’avoir « fait » un pays? Quel rapport y-a-t-il avec une authentique aventure qui vous plonge dans une autre culture, qui vous dépayse vraiment et vous fait véritablement changer de regard? Ce tour du monde ridicule n’offre que ce l’argent peut offrir.

G.A. : Cela montre à quel point on s’emm… quand on a des ronds à ne plus savoir qu’en faire. L’inanité du vide. Petit ghetto volant.

ROGER WENDLING : le réchauffement climatique n’est pas vraiment leur tasse de thé, pour eux l’extase, pour nous les exilés climatiques !

Pinpon : Cette « consommation » est au voyage ce que la prostitution est à l’amour.

tokolosh : Bon, ce type de voyage n’est certainement pas ma tasse de thé, mais, ouh la la, quel déferlement de haine, de bile et d’auto-satisfaction de la part des prêchi-prêcha du « bon » tourisme. Du moment que vous prenez l’avion, c’est mauvais pour la planète ; les AirBnB, ça fout en l’air le marché de l’immobilier et l’industrie hôtelière ; les autochtones ne sont pas dans un zoo pour que des touristes puissent leur parler…

* LE MONDE du 24-25-26 décembre 2017, Le tour du monde en… 21 jours

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François Gabart, un record du monde pour rien du tout

François Gabart, un ego surdimensionné, un sponsor qui gaspille nos sous, un bateau qui n’a aucun avenir commercial, c’est encore une fois la conquête de l’inutile pendant que les glaces du pôle fondent… Pour une fois LE MONDE* ne salue pas l’exploit d’un tour du monde en solitaire et sans escale en 42 jours et des poussières : Que diable allait-il faire sur ce voilier ? Pourquoi cette quête de vitesse, encore et encore ? Au baccalauréat de philosophie, la question mériterait de bonnes heures de réflexion… Débat sur la société du spectacle… Une embarcation géante : 30 mètres de long, 21 mètres de large… Sur chacune de ses photos, sur chacun des communiqués de presse, impossible d’éviter le logo de la Macif… Les sceptiques pourraient voir dans ce record une gigantesque publicité ambulante, une dépense inconsidérée pour un simple objectif sportif… François Gabart présente cette virée, si onéreuse soit-elle, comme une distraction par procuration pour tant d’hommes et des femmes en quête de « bouffée d’oxygène »… »

L’essentiel pour monsieur Gabart n’est donc pas dans son exploit, mais de recevoir « des messages hypertouchants de gens qui (lui) ont dit avoir passé une bonne partie de leur séjour à l’hôpital à suivre mes courses sur leur téléviseur ». Au lieu d’un contact de proximité avec des gens du spectacle qui viennent distraire les malades, un deal avec la Macif qui a coûté 25 millions d’euros entre 2015 et 2019 pour un navigateur solitaire qui s’est fait plaisir.

Un commentaire sur lemonde.fr d’ERIC MANSALIER que nous approuvons complètement : « Le plus drôle, ce que bientôt, le bateau n’aura plus besoin de pilote, on pourra tout faire à distance. D’ailleurs dès aujourd’hui, le pilote ne navigue plus, il suit ce que le routeur lui dit, il se fait même réveiller ! C’est donc bien un homme sandwich ». Si j’étais un adhérent de la Macif, je ne serais pas du tout content de son sponsoring !

* LE MONDE du 19 décembre 2017, François Gabart, six semaines en bateau

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Johnny Halliday, symbole de la société du spectacle

Pauvre civilisation malade qui chérit comme idole un chanteur parmi tant d’autres saltimbanques. Des dizaines de milliers de fan(atique)s pour voir passer un corbillard. Bientôt des pèlerinages pour aller voir une tombe parmi tant d’autres sépultures. Un hommage populaire qui n’est pas mérité. Johnny Hallyday n’est pour un écologiste que le symbole de la démesure, de la futilité et de l’oubli des réalités. Figure régulière du classement annuel des chanteurs français les mieux payés – deuxième en 2016, avec 16 millions d’euros de revenus, et pourtant ! Train de vie dispendieux, dettes et démêlés fiscaux : les questions d’argent ont poursuivi Johnny Hallyday toute sa vie. Amateur de voitures et de motos de collection, menant grand train, Johnny voyageait au gré des saisons entre ses résidences de Gstaad (station huppée des Alpes suisses), Saint-Barthélemy dans les Antilles, Marnes-la-Coquette (ouest de Paris) et Los Angeles. Il dépensait aussi sans compter pour ses innombrables « potes » invités de ses virées aux quatre coins du globe.

Le réchauffement climatique regrette l’empressement de Johnny à accélérer les déséquilibres planétaires, voyages en avions, dépenses superflues, gaspillage, participation intense à la société du spectacle. Normalement une idole doit se comporter comme un saint et œuvrer au bien commun. Johnny Hallyday n’en avait ni les pratiques, ni les discours. Il ne méritait pas une folie médiatique, encore moins le speech d’un président de la République…

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Barcelone ou ailleurs, trop de tourisme tue le tourisme

Pour les activistes d’Arran à Barcelone, le temps est venu de passer à « l’autodéfense » contre le tourisme de masse qui « détruit le territoire et condamne les travailleurs à la misère ». Jeudi 27 juillet, quatre de ses membres encapuchonnés ont attaqué un bus touristique… (LE MONDE du 4 août 2017, A Barcelone, un groupe anarchiste prend le tourisme de masse pour cible). Quelques réactions sur lemonde.fr :

Brad : Ces jeunes sont nés dans une des plus belles villes du monde et l’ont vue s’aseptiser tandis que les prix doublaient voire triplaient sous l’effet du tourisme. Comme la plupart des révoltés politisés modernes, ils font partie de la classe moyenne, celle qui n’a pas énormément d’argent mais lit des livres. J’ai vécu dans cette ville. Le tourisme lui fait tant de mal… je comprends leur haine.

JosieLaRelou : “Le tourisme est le moyen qui consiste à amener des gens qui seraient mieux chez eux dans des endroits qui seraient mieux sans eux.”

JEAN PIERRE MENARD :Viva la quinta Brigada! Cette réac aussi exagéré qu’elle soit est une saine réaction. Il est temps que tous les citoyens et les responsables à tous les niveaux des pays prennent conscience, dans le domaine du tourisme comme ailleurs des dégâts collatéraux de ce capitalisme ivre qui mène notre civilisation a la décadence et à la mort de la planète. Venise menacée par les bateaux géants et j ‘en passe…..Enfin un sursaut de bonne raison!!!!

CLAUDE STENGER : Mais, sur le fond, si ces mouvements antitouristes (qu’on peut tout à fait comprendre, quand on sait qu’une minorité seule en profite au détriment de la population lambda) se voulaient aussi directs (cf. Action Directe) qu’ils le prétendent, ils attendraient les touristes envahisseurs (sinon barbares) à la sortie de leur bus avec des panneaux du genre « touristes go home !’

Philippe L :Ces gauchistes veulent « animer un mouvement révolutionnaire des pays catalans », au moins jusqu’au référendum d’autodétermination que la Catalogne va organiser le 1er octobre » en s’opposant à la venue de touristes. Attitude suicidaire car l’Espagne comme d’autres pays méditerranéens (Grèce, Italie, Portugal,…) ont une économie très largement basée sur le tourisme.

Nawak : Quand on parle d’indépendantiste, il faut en fait comprendre nationaliste. Ceux qui souhaite l’indépendance de la Catalogne ne sont que des nationalistes qui pensent qu’ils vivraient mieux sans les espagnols… Quand au tourisme de masse, il produit effectivement des nuisances, c’est indéniable. J’espère au moins que ces nationalistes violents n’ont jamais osé visiter un autre lieu que celui où ils ont eu la chance de naître…sinon où serait la logique de leur mouvement?

BERNARD BONNIN : Des gens non-violents et jacobins ont soutenu en Corse les plasticages des maisons qui bétonnaient la côte, construites sans permis de construire, condamnées en justice à une destruction jamais réalisée. Maintenant que le tourisme de masse arrive en Corse, avec une sécheresse jamais vue, et des ressources en eau précaires, on se retrouve avec des cultures en péril à cause des restrictions d’eau, alors que les touristes prennent des douches à gogo.

Robertpointu : Trop c’est trop. Trop de tourisme tue le tourisme.

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Il faut en finir avec la bougeotte touristique

J’ai effectué un « voyage de noces » au Kenya. J’en ai été vacciné, à vie ! Sensation de n’être perçu que comme un Blanc porte-monnaie sur pattes ! La vie devient une trajectoire de péage en péage et le tourisme n’échappe en rien à cette tendance. Une copine, la soixantaine, ne comprenait pas pourquoi elle n’aurait pas le droit de faire des voyages, elle veut garder sa liberté de découvrir d’autres contrées, d’autres cultures. J’aurais du lui citer Gandhi : « Le plus grand voyageur n’est pas celui qui a fait dix fois le tour du monde, mais celui qui a fait une seule fois le tour de lui-même. » Imaginez sa réaction lorsque je lui ai dit avoir définitivement renoncé à l’avion, luxe d’une minorité dont l’impact concerne une majorité. Dans l’échelle des valeurs, la responsabilité faisait pâle figure par rapport à SA liberté. Sans vouloir la culpabiliser, je soulevais une question politique majeure : comment sortir collectivement des problèmes écologiques majeurs dus à notre mode de vie ? (…) Il faut malheureusement constater que beaucoup d’opposants au projet d’aéroport de NDDL ne veulent pas de la décroissance du trafic aérien. Ils proposent une soi-disant alternative consistant en un aménagement-agrandissement de l’aéroport actuel de Nantes. Il faut au contraire nous accorder du temps pour penser ensemble la décroissance… du trafic aérien et du tourisme.

Ce texte (résumé) de Thierry Brulavoine* correspond parfaitement à nos propres préoccupations sur ce blog. Il faut en finir avec la bougeotte touristique, qu’elle soit par avion, en voiture ou avec le train. Nous écrivions en 2010 : « Quand il n’y aura plus rien à piller et que la pauvreté aura été transformé en misère, la foule des exclus pourchassera ceux qui se risqueront encore dans leurs contrées lointaines. Les pays riches font déjà aujourd’hui la chasse aux immigrés, on ne voit pas pourquoi demain les habitants des régions déstabilisées par l’occidentalisation ne feraient pas la chasse aux touristes. Ils reprocheront aux ressortissants du Nord le pillage irrémédiable de leurs ressources, la destruction de leurs particularismes par le voyeurisme touristique et l’étalage ostentatoire des inégalités. »

Bonnes vacances à tous, au plus près de votre domicile habituel…

* in « La décroissance » de juillet-août 2017, en vente chez les marchands de journaux.

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Tokyo2020, Paris2024, des jeux olympiques dispendieux

Sur ce blog, nous sommes contre les Jeux Olympiques, le Tour de France, le Mondial de foot, etc. Nous sommes contre tous les sports massifiés, délocalisés, symboles du culte de la performance et de la marchandisation des humains. Le sport-spectacle est avec la publicité un des meilleurs moyens d’anesthésier le peuple en occultant la hiérarchie des vraies valeurs. Prenons les JO 2024 à Paris. L’opposition à l’organisation des Jeux est bien minoritaire, LE MONDE* en parle cependant. Sur Internet, plusieurs pétitions ont collecté quelques milliers de signatures dénonçant une compétition trop ­coûteuse, trop polluante, trop ­élitiste. Le maire écologiste du 2e arrondissement, Jacques Boutault, ­dénonce une « compétition qui valorise des valeurs complètement obsolètes d’un pays contre un autre pays ». Des intellectuels et des associations ont dénoncé, dans un appel du 6 octobre 2016 paru dans Libération, un « indécent gaspillage financier, économique et écologique qui ne bénéficiera qu’à la multi­nationale du Comité olympique international (CIO) ». Considérons dans notre article uniquement l’aspect financier pour justifier notre opposition à Paris2024.

Sur le papier, le budget prévisionnel des Jeux à Paris s’élèverait à 6,6 milliards d’euros, dont près d’un quart d’argent public. On peut déjà dire que c’est complètement minimisé, les précédents le montrent amplement. Déjà le prix des Jeux 2020 met Tokyo à l’épreuve*. La capitale nippone fait face à l’envolée des coûts de l’organisation des JO d’été. Le budget final est évalué par le comité organisateur entre 9,6 et 11,3 milliards d’euros. Au moment de sa candidature, Tokyo affirmait que les coûts ne dépasseraient pas 5,9 milliards d’euros. Les chiffres des dossiers de candidature relèvent de la fiction. Les dépenses opérationnelles, pour la sécurité ou encore les transports, sont largement sous-estimées. La multiplication des épreuves des JO contribue également à faire grimper la note globale. La facture totale au Japon pourrait même atteindre 23 milliards d’euros. Rappelons que les JO d’hiver de Sotchi en Russie, en 2014, ont coûté 38 milliards d’euros. Rappelons cette déclaration de Boris Johnson, maire de Londres, ville hôte des jeux olympiques de 2012 : « Les Jeux de Londres ne seront pas les jeux de l’austérité. » Mais la ministre britannique chargée des Jeux déclarait : « Personne ne se doutait que la Grande-Bretagne allait  connaître l’une des pires récessions de son histoire … Si nous avions su, il est quasiment certain que nous n’aurions pas postulé. » Rappelons cette déclaration anti JO d’Anne Hidalgo : « Il n’est pas question pour Paris et pour la France d’avoir une candidature de témoignage. Avoir des rêves c’est magnifique, les réaliser c’est encore mieux… Une candidature, c’est particulièrement coûteux. Cette course au toujours plus a laissé des éléphants blancs dans certaines villes. » Pendant sa campagne pour les municipales, elle avait été encore plus claire : « Les Jeux, ça coûte cher, y compris la candidature en soi coûte cher, et les Jeux dispendieux, je crois que ce n’est plus du tout d’actualité. »*** Les JO sont d’abord et surtout une histoire de fric, mais les politiques restent insensibles puisque ce n’est pas eux qui payent.

Face à la facture prévisible, Rome et Budapest avaient renoncé pour 2024. Mais la maire de Paris Anne Hidalgo avec le président Macron ont choisi la gloriole au détriment du porte-feuille des contribuables. C’est d’autant plus injuste que le CIO – structure à financements totalement privés – est exonéré d’impôts, comme le veut la « tradition » selon laquelle les grandes structures comme la FIFA (Fédération internationale de football) ou encore World Rugby bénéficient de tels avantages en échange de l’octroi d’un événement. Notre conclusion, c’est que les gens normaux se fichent complètement des JO, ils veulent simplement l’éducation, la santé et des emplois en phase avec l’équilibre environnemental.

* LE MONDE du 24 juin 2017, Jeux olympiques 2024 à Paris : des adversaires inaudibles

** LE MONDE éco du 24 juin 2017, Le prix des Jeux met Tokyo à l’épreuve

*** LE MONDE du 9-10 novembre 2014, JO 2024 : Hidalgo réplique à Hollande

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Le Tour de France sera le sauveur de la biodiversité

Du 1er au 23 juillet, le Tour de France va embarquer les téléspectateurs à la découverte de nombreux sites naturels d’exception. Chaque jour, au début de la retransmission des étapes sur France Télévisions, un spot ludique et informatif d’une minute présentera au public la diversité du patrimoine naturel en lien avec les étapes du Tour de France afin de sensibiliser les citoyens à la biodiversité. A l’occasion de la candidature de Paris aux Jeux Olympiques 2024, ces espaces naturels seront présentés à travers le regard et la sensibilité de 12 sportifs de haut niveau. Formidable, « une minute » pour convaincre, et l’accaparement des écosystèmes par les humains va régresser. Merveilleux, les téléspectateurs apprendront que l’Aigle royal peut faire une descente en piqué à plus 300 km/h et que le cheval de Przewalski réintroduit dans les Cévennes est le dernier cheval sauvage au monde. Étonnant, des sportifs plus ou moins dénaturés vont nous balancer des anecdotes pour étaler leur amour de la nature. Et ce ne sera pas de l’écologie punitive, mais du « ludique ». Plus besoin de militer dans des associations environnementales, le Tour de France s’occupe de tout, il fait le vide dans les cerveaux… comme la télé qui exploite le Tour de France pour doper l’audimat et la consommation de masse. C’est vraiment désolant, l’écoblanchiment (greenwahing) a encore frappé. Mais comme certains téléspectateurs sont cloués devant leur télé car ils ne peuvent faire du vélo par eux-mêmes, voi le programme :

Etape 1 : Le Rhin, Düsseldorf avec Julien Daguillanes (champion du monde de pêche à la mouche)
Etape 2 : La vallée de Néander avec Tony Estanguet (triple champion olympique de canoë – co-président de Paris 2024)
Etape 3 : Le Parc des Hautes Fagnes avec Denis Gargaud (médaillé d’or en canoë aux JO de Rio)
Etape 4 : Etang de Lindre, le Parc naturel régional de Lorraine avec Virginie Dedieu (triple championne du monde de natation synchronisée)
Etape 5 : La Réserve Naturelle des Ballons Comtois avec Julien Pierre (international de rugby – 2e ligne)
Etape 6 : Le Lac du Der avec Axel Clerget (Vice-champion d’Europe de judo 2017 – actuellement 2e au classement mondial – Champion du monde par équipe)
Etape 7 : Le massif forestier de Chatillon avec Guillaume Gille (triple champion olympique de handball – co-entraineur de l’équipe de France)
Etape 8 : La Réserve Naturelle du La
sc de Remoray avec Sandrine Bailly (biathlète, championne du monde)
Etape 9 : La Réserve Naturelle du marais de Lavours avec Sandrine Bailly
Etape 10 : Le bassin de la Dordogne avec Camille Grassineau (internationale de rugby)
Etape 11 : Le Parc Naturel Régional des Landes de Gascogne avec Tony Estanguet
Etape 12 : Le Parc national des Pyrénées, Gave de Pau avec Martin Fourcade (double champion olympique de biathlon)
Etape 13 : Le Parc naturel Régional des Pyrénées Ariégeoise avec Julien Daguillanes
Etape 14 : La Coulée de Lave de Roquelaure avec Julien Pierre
Etape 15 : Le Parc national des Cévennes, réserve de la biosphère avec Ophélie David (championne de ski cross)
Etape 16 : Le Parc Naturel Régional des Monts de l’Ardèche avec Guillaume Gille
Etape 17 : Le Parc national des Ecrins avec Ophélie David
Etape 18 : Le Parc naturel régional du Queyras avec Martin Fourcade
Etape 19 : La réserve de biosphère du Luberon avec Denis Gargaud
Etape 20 : Le Parc national des Calanques avec Virginie Dedieu
Etape 21 : Le Jardin des Plantes et ses Grandes Serres avec Camille Serme (3e au classement mondial de squash – vainqueur de 3 tournois super séries)

Tous les spots sont disponibles à partir des liens suivants mnhn.fr et letour.fr

L’unité en charge du Patrimoine Naturel au Muséum, responsable de ce programme, inpn.mnhn.fr
Les amateurs de nature peuvent télécharger l’application mobile INPN Espèces, https://inpn.mnhn.fr/informations/inpn-espece

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La politisation macroniste des jeux olympiques

Emmanuel Macron veut changer la politique, mais il fait la même chose que ses prédécesseurs, il s’implique dans le sport spectacle. Lors de la présentation de ses ministres sur le perron de l’Elysée le 14 mai 2017, il arborait avec d’autres une cravate avec logo de Paris2024. D’ailleurs l’éditorial du MONDE du 13 mai était dythytrambique : « Paris mérite d’organiser les JO de 2024… Les éternels grincheux redonneront de la voix pour s’alarmer que Paris se lance à nouveau dans cette folle aventure… L’on connaît ces critiques ressassées, ces récriminations frileuses, ce pessimisme obsidional où se complaît trop volontiers le pays… Ne manquons pas l’occasion de ressusciter l’optimisme collectif qu’avait pu provoquer le Mondial de football 1998. » Ainsi va la société du spectacle, soutenue par les médias de masse et les politiques à la recherche de notoriété facile. Pourtant l’éditorial du MONDE liste les sujets qui fâchent, le gouffre financier prévisible, la « grande fête planétaire du sport » effacée par le grand cirque publicitaire, les soupçons (avérés) de dopage et de corruption, l’idéal olympique de Pierre de Coubertin mis à mal par la professionnalisation des sportifs formés et encadrés par des Etats, des retombées économiques qui ne durent qu’un laps de temps très court…

Dès le début, les Jeux Olympique ne sont que le cache-sexe du politique. Aux premiers jeux olympiques de 1896 à Athènes, il y eut deux semaines de délire nationaliste. Le public réserve toute sa ferveur à ses champions nationaux sans le moindre égard pour ceux des autres pays, cela ne changera pas en 2024. Les jeux olympiques ont été privés de ressources financières jusqu’en 1972 parce que le Président du CIO de l’époque était un farouche défenseur de l’amateurisme. Puis le CIO est devenu richissime grâce à la vente des droits de retransmission. Tout s’est accéléré dans les années 1980 avec la libéralisation du paysage audiovisuel. Le CIO décide la professionnalisation des JO en 1981 et leur exploitation commerciale en 1986 par le sponsoring. En 2004 à Athènes, la lutte contre le « marketing sauvage » s’était traduite par l’interdiction faite au public de pénétrer dans les enceintes olympiques en arborant d’autres marques que celles des sponsors officiels ou avec une boisson gazeuse autre que Coco-Cola ! En février 2006, le comité international olympique s’était employé pendant de longs mois à ce que l’Italie adoucisse sa loi contre le dopage avant les Jeux Olympiques d’hiver à Turin. En juillet 2012, au moins 107 athlètes des sport olympiques d’été ont été sanctionnés pour une période de suspension qui inclut les jeux de Londre ! Le sport-spectacle s’accompagne du dopage, les JO ne font pas exception à la règle. Normal ! Quand on demande à un individu de dépasser ses limites, la tentation est grande de se faire aider. Le sportif est dénaturé par obligation.

Emmanuel Macron ne fait pas de « la politique autrement » en matière de sport. Or sans l’État, il n’y a pas de JO à Paris : on n’a pas la sécurité, les subventions, l’engagement des politiques auprès du CIO. Il faudrait supprimer le ministère des sports. Nous avons déjà le ministère de la santé pour le dopage, le ministère des finances pour les fraudes fiscale , le ministère de la justice pour diverses affaires (viols, chantage …) et le ministère des affaires étrangères pour les rapports avec le Qatar. Le sport est étymologiquement un jeu, un amusement ; sport et compétition ne sont donc pas synonymes. Le sport devrait reste une simple activité physique, une sorte d’hygiène de vie. Il ne s’accompagne par du goût de la compétition, mais d’un apprentissage de valeurs morales et de la recherche du contact confiant avec les autres comme avec la Biosphère. La marche à son rythme avec des amis, loin de toute démonstration de force, est le meilleur des sports. Si cette marche s’accompagne du contact avec la nature, nul besoin de ce surcroît d’adrénaline provoqué par le sport-spectacle, car l’émerveillement et l’accomplissement vont alors de soi...

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L’écologie ne semble pas inspirer les artistes

La vie culturelle semble se dérouler en dehors de la réalité environnementale. Rentrée littéraire après rentrée littéraire, l’écologie est absente des centaines de nouveaux romans publiés et des préoccupations des écrivains. Les philosophes le plus médiatisés traitent de sujets sociétaux et relèguent l’écologie au dernier rang. En art contemporain, les artistes les plus plébiscités ne s’inscrivent pas dans une démarche écologique. Rares sont les films, en dehors des documentaires, qui intègrent l’écologie comme thématique. Les séries télévisées sont encore plus loin du sujet. La chanson française est peu inspirée par les changements du climat et des écosystèmes. La mode qui permet la vacuité des comportements reste bien loin des enjeux environnementaux. C’est d’autant plus dommage que l’évolution vers des modes de vie plus durables est avant tout de nature culturelle ; et que les représentations évoluent plus vite par le prisme de l’art. L’écologie ne semble pas inspirer les artistes. Pas encore, mais ça commence affirmait Alice Audouin dans son livre « L’écologie c’est fini » (Eyrolles 2013).

Il est vrai que pour Alice, c’est surtout le développement durable qui constitue la culture mobilisatrice par excellence, ce qui déconsidère l’écologie : « Ne regrettons pas cette écologie politique qui ghettoïse l’écologie au travers d’une définition stricte. Il ne s’agit pas de dénigrer la valeur de la nature « en soi », mais de comprendre que, pour réussir à la préserver, l’être humain doit y trouver un avantage personnel. » L’auteur défend une position anthropocentriste, dans laquelle il s’agit de préserver la nature « pour soi » et pas uniquement « en soi ». Il est vrai qu’Alice est avant tout une spécialiste du développement durable dont elle a fait son métier. Ce qui ne l’empêche pas de montrer l’importance de notre rapport à la nature : « Depuis l’existence du sapiens sapiens (nous) l’action de l’homme n’avait jamais influencé des ensembles aussi globaux que le climat, il s’agit donc d’une ère nouvelle dans l’histoire de l’Humanité ; l’homme peut détruire l’environnement sans le vouloir et sans le savoir. » On sent chez Alice cette opposition profonde entre écologie punitive et écologie joyeuse: « Les porte-parole de l’écologie se doivent d’incarner une image positive dans un contexte où la charge anxiogène et culpabilisante est déjà dans l’idée que nous détruisons la nature. »

La société de consommation de spectacles qui est la nôtre se garde d’inquiéter la population à l’heure où, au contraire, on devrait être angoissé des périls en cours, épuisement des ressources fossiles et des métaux, réchauffement climatique, océans surpếchés et pollués, etc. Les artistes qui vivent de l’air contemporain préfèrent amuser ou épater la galerie plutôt que d’aborder les véritables problèmes de fond, anxiogènes. Le changement qui a le plus d’importance aujourd’hui réside dans la continuité même du spectacle. Mac Luhan parlait dans les années 1960 de « village planétaire », si instamment accessible à tous sans fatigue. Mais les villages ont toujours été dominés par le  conformisme, l’isolement, les ragots toujours répétés. La pollution des océans et la destruction des forêts équatoriales menacent le renouvellement de l’oxygène de la Terre. Le spectacle conclut que c’est sans importance. Nous nous réveillerons seulement quand les soubresauts de la planète menaceront de nous ensevelir. A ce moment-là l’art et la culture seront remplacés par des stages de survie et/ou de jardinage.

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L’écologie n’a pas besoin d’un ministère des sports

En septembre 2017 aura lieu l’élection de la ville hôte des Jeux olympiques (JO) 2024, qui se jouera entre Paris et Los Angeles*. La maire socialiste de la capitale, Anne Hidalgo, et le premier ministre, Bernard Cazeneuve, ne comptent plus leur discours de soutien. Les ministres des sports, avec 0,14 % du budget 2017, se contente d’aller voir les matchs. On a bien l’impression que l’activité politique est consacrée uniquement au « sport qui se regarde”». Le sport n’est qu’un affichage politique, pas un réel besoin. Le livre de Michel Sourrouille,  « L’écologie à l’épreuve du pouvoir », est clair sur la question, il faut sortir du sport-spectacle :

« Dans un gouvernement écologiste, il n’y aura pas de ministre dédié aux sports en tant que tels. L’espérance de vie en bonne santé ne dépend pas du sport-spectacle. L’ancien sprinter Roger Bambuck, médaillé aux JO de Mexico en 196 et secrétaire d’Etat à la jeunesse et aux sports de 1988 à 1992, s’exprimait ainsi en 2016 : « L’activité physique est 100 % positive pour la santé, l’équilibre mental et social. Alors que le sport de haut niveau, je n’hésite pas à le dire, est une activité dangereuse à tout point de vue. (LE MONDE du 2 avril 2016) » il est vrai qu’il a été obligé de mettre en place la première loi de prévention et de lutte contre le dopage. Plus grave, le sport de masse détourne l’attention de l’essentiel. Si les médias, les politiques et les Terriens avaient prêté autant d’attention au réchauffement climatique qu’au Mondial de foot, les conférences internationales auraient été un franc succès. Mais le capitalisme libéral préfère que les humains s’intéressent au foot-spectacle plutôt qu’à leurs conditions de vie présentes et futures. La politique n’a pas à se mêler de l’organisation d’un show planétaire, même quand il s’agit des Jeux Olympiques. Les JO ont été privés de ressources financières jusqu’en 1972 parce que le Président du CIO de l’époque était un farouche défenseur de l’amateurisme ; le CIO d’aujourd’hui est devenu richissime grâce à la vente des droits de retransmission et au sponsoring d’épreuves désormais ouvertement professionnelles. Sous le prétexte du sport comme expression des peuples, les Jeux Olympiques sont aujourd’hui le cache-sexe du système marchand : sur le stade comme ailleurs, la lutte entre États se transforme en lutte entre firmes. Quand François Hollande se déclare « favorable à ce que la Ville de Paris, si elle en décide », se porte candidate aux Jeux Olympiques de 2024, c’est sur la base de faux arguments : « C’est très important parce que ce sera un moment de ferveur, et surtout ça fera plein d’équipements avant, plein d’emplois, plein d’industries qui pourront se montrer. » Ce sera plutôt de grands travaux inutiles et imposés. « Plus vite, plus loin, plus fort », telle est la devise des jeux olympiques modernes alors que les principes d’une société équilibrée sont à l’inverse « Aller moins vite, aller moins loin, plus de douceur ». Loin du sport-spectacle, l’activité physique se moque des records. L’activité physique est de la responsabilité de la personne, d’un club ou d’une organisation territoriale, le national n’a rien à gérer. »

Sans l’État, il n’y a pas de JO à Paris : on n’a pas la sécurité, les subventions, l’engagement des politiques auprès du CIO. Sans ministère des sports, cela n’empêche pas les amateurs d’aller pousser le ballon. « La responsabilité de la réussite de la politique sportive incombe en grande partie aux fédérations sportives, écrivaient les auteurs du rapport de la Cour des comptes, en 2013. Sur lemonde.fr, Pierre Dumont s’exclame : « Je me suis toujours demandé pourquoi nous n’avions pas aussi un ministère spécifique du cinéma encourageant son aspect industriel… Un bon gouvernement en fait devrait bien avoir 50 ministères, sans compter celui des ministères ! » René B renchérit : « Il faut supprimer le ministère des sports. Nous avons déjà le ministère de la santé pour le dopage, le ministère des finances pour les fraudes fiscales des joueurs de haut niveau, le ministère de la justice pour diverses affaires (viols, chantage …) et le ministère des affaires étrangères pour les rapports avec le Qatar. »

* LE MONDE du 25 mars 2017, Faut-il encore un ministère des sports ?

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Que retenir des JO 2016 au Brésil : la fin de records

Dans un « Manifeste pour un athlétisme propre », la fédération britannique (UKA) a proposé de supprimer les records du monde. « La confiance dans ce sport est à son plus bas niveau depuis des décennies, estime le patron de la fédération. Le moment est venu pour des réformes radicales si nous voulons ramener la confiance. »* Voici une proposition qui mériterait d’être appliquée à tous les sports. La recherche du record à tout prix est une plaie. Combien de médaillés à Rio pourront-ils encore se targuer de leur breloque dans dix ans ? La question se pose avec acuité, en ces temps où les affaires de dopage rythment l’actualité sportive. Deux semaines avant le début des JO, le Comité international olympique (CIO) a porté à 98 le nombre de sportifs pris a posteriori par la veille antidopage lors des deux dernières éditions olympiques (Pékin 2008 et Londres 2012). Série en cours puisqu’une troisième et quatrième salves de résultats devraient être annoncées prochainement. Il faudra donc attendre 2026 et l’approfondissement des analyses antidopage pour connaître les « vrais » podiums des JO au Brésil. La médaille olympique est devenue un bien périssable au fil des avancées scientifiques qui permettent de déceler a posteriori des substances ou des méthodes de dopage indétectables au moment des compétitions. Le code mondial antidopage autorise désormais à conserver les échantillons (urinaires et sanguins) dix ans après une épreuve. Les records du monde antérieurs restent eux aussi suspects ; dans les années 1980 et 1990 il n’y avait pas la même réglementation contre le dopage, pas autant de contrôles…

Le sport-spectacle s’accompagne du dopage, les JO ne font pas exception à la règle. Normal ! Quand on demande à un individu de dépasser ses limites, la tentation est grande de se faire aider. Le sportif est dénaturé par obligation. Des drogués surentraînés courent pour des pays aux moyens financiers disproportionnés. Certains programmes d’entraînement sont en effet plus coûteux et plus efficaces que d’autres (sans parler du dopage d’Etat, voir la Russie de Poutine). Tout cela pour le plus grand plaisir de politiques qui courent après la société du spectacle et devraient se faire huer au stade Maracana et ailleurs. Les gens normaux se fichent complètement des JO, ils veulent l’éducation, la santé et des emplois en phase avec l’équilibre environnemental. La compétition sportive ne peut pas faire partie d’un agenda écologique en ce qu’elle cultive le goût du spectacle (seulement associé à un chauvinisme nationaliste), la performance (« se dépasser » alors qu’il faudrait seulement chercher les moyens de son épanouissement), la réussite d’un pays (qui ne se mesure pas aux nombres de médailles).

Conclusion : Marre des Jeux Olympiques. Notre Biosphère a besoin d’austérité, les JO nous grisent de paillettes. L’écologie politique devrait promouvoir la fin des JO. Il n’y aurait plus de records, il n’y aurait plus ces podiums avec hymne national, il n’y aurait plus ces gloires déchues et ces corps brisés. Comment est-il possible que nous accordions tant d’importance à des épiphénomènes tels que celui de savoir qui est l’homme le plus rapide de la planète sur 100 mètres, quelle est la femme qui nage le plus vite la brasse papillon ou quel est le pays qui aura le plus grand nombre de médailles ? La marche à son rythme est le meilleur des sports. Si le contact de tous avec la nature était donné de surcroît, ce serait le paradis sans limites.

* LE MONDE du 7-8 août 2016, Médailles éphémères

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Euro2016, le désenchantement : sécurité et football

François Hollande a choisi comme directeur de cabinet Jean-Pierre Hugues, promotion Voltaire de l’ENA, ex-directeur général de la Ligue de football professionnel (LFP)… et ancien préfet ! « Ce qu’on attend avant tout, dans ce genre de période, c’est quelqu’un qui tienne la maison, résume un proche de François Hollande. L’idée est d’avoir quelqu’un qui a de l’expérience dans le corps préfectoral, dans les dossiers sécuritaires.»* Jean-Pierre Hugues présente l’avantage d’être familier des problèmes d’organisation et de sécurité liés aux grands événements sportifs. L’euro2016 mobilise en effet la gent politique et l’ENA paraît destinée à former à la fois des cadres pour le football et la Haute Fonction Publique.

Mélange des genres à l’heure du foot-spectacle, on en arriverait presque à donner raison au Front national. «Le foot, je m’en fous», déclare Marion Maréchal-Le Pen. «Ce n’est un secret pour personne, je n’ai pas une attirance particulière pour le football», écrit Marine Le Pen sur son blog. Lors de l’Euro1996, Jean-Marie Le Pen jugeait déjà «artificiel de faire venir des joueurs de l’étranger et de la baptiser équipe de France». Contrairement à Nicolas Sarkozy, supporter affirmé du PSG, ou à François Hollande, qui soutient depuis l’enfance l’AS Monaco et le FC Rouen, aucun dirigeant FN de premier plan ne fait état d’une passion particulière pour le foot. La dirigeante du FN ne retient de ce sport de masse que «les dérives en tout genre, le scandale sans fin du FIFAgate, sa financiarisation extrême et son approche exclusivement commerciale». **

Dans cette affaire footbalistique, le plus populiste n’est donc pas le Front national, mais des membres de la droite comme de la gauche classique. Il est anormal que la socialiste Martine Aubry puisse tenir publiquement des propos à la gloire du sport-spectacle : « Que la France organise l’Euro2016 dans un moment où le moral est un peu dans les chaussettes est une belle opportunité. Je pense que cela va redonner une énergie, une envie d’être ensemble. C’est cela qu’apporte le football, cette espèce de communion.»*** Pour conforter cet unanimisme de façade, il faut dire la maire de Lille a financé un stade de 50 000 places pour 17 millions d’euros par an pendant 31 ans, un grand projet inutile qui ne sert qu’au défoulement collectif et certainement pas à la convivialité d’un petit groupe. Il est aussi anormal que l’Euro2016 mobilise 42 000 policiers et 40 000 militaires comme si on était en état de guerre****. Quand les politiques cautionnent un foot-spectacle qui a besoin de moyens sécuritaire disproportionnés, cela veut dire que nous quittons le système démocratique pour rentrer dans un processus de manipulation des masses. «Du pain et des jeux» était le mot d’ordre de l’élite d’un empire romain en déliquescence.

* LE MONDE du 11 juin 2016, Le nouveau directeur de cabinet de Hollande nommé pour « tenir la maison »
** LE MONDE du 9 juin 2016, Le football, un sport qui hérisse le Front national
*** LE MONDE du 4 juin 2016, «redonner l’envie d’être ensemble»
*** LE MONDE du 4 juin 2016, l’Euro2016 sous haute surveillance

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Extension du domaine de la lutte à Roland-Garros

Un article du MONDE à lire et relire pour savourer les contradictions du temps présent : en résumé, le tournoi de Roland-Garros ne se jouera pas encore cette année sur une partie du Jardin des serres d’Auteuil. D’un côté un court prévu de 4 950 places pour regarder 2 types courir après une balle jaune pendant deux semaines. De l’autre un jardin datant de 1897 voué à cette bétonnisation pour satisfaire les besoins d’extension du sport-spectacle. D’un côté la FFT (fédération française du tennis) qui veut gagner toujours plus d’argent. De l’autre France nature environnement (FNE), la Société pour la protection des paysages et de l’esthétique de la France (SPPEF), et les Vieilles maisons françaises (VMF)… opposées à un projet d’extension sur un site classé monument naturel et historique. D’un côté les politiques de tous bords qui disent tous, la mairie de Paris, le Premier ministre et le président de la République… « que le projet ira à son terme ». De l’autre une opposition irréductible des défenseurs de la nature et de leurs « petites » associations.

En fait un dialogue de sourds entre deux conceptions du bien commun et de l’intérêt général. Pour les uns, le Jardin des serres est un joyau du patrimoine français sur le point d’être abîmé. Pour les autres, c’est Roland-Garros qui devrait être magnifié. Pour les uns il faut arrêter les grands travaux inutiles, après Sivens et Notre-Dame-des-Landes, ça suffit la connerie. Pour les autres il s’agit de l’amélioration d’un tournoi d’envergure planétaire « qui participe au rayonnement de la France dans le monde ». Pour les uns c’est une volonté précieuse d’intransigeance quant au respect des protections environnementales et patrimoniales. Pour les autres c’est la soumission au diktat du sport-business : l’histoire du stade de Roland-Garros, depuis sa construction en 1928, est celle d’une extension continue. Jusqu’où ? Accorder un morceau du Jardin des serres d’Auteuil aujourd’hui, c’est la privatisation totale d’un domaine public demain : les appétits du sport-spectacle sont insatiables.

La finale de Roland Garros ne nous fait pas rêver. Une religion qui a des élus qu’on appelle Federer ou Nadal nous gonfle. Rappelons qu’en mars 2015, le mensuel La décroissance s’attaquait ainsi au court de tennis : « Ces dernières années une chose m’a frappé : le nombre de courts de tennis abandonnés… Engouement voici une trentaine d’années, désaffection actuelle… Un court de tennis fait 23,77 mètres par 8,23, soit plus de 260 m2, ce qui correspond à la surface d’un potager capable d’alimenter une famille de 4 personnes en légumes frais… Pour faire face à la crise écologique et pour assurer notre sécurité alimentaire, la priorité des priorités est de mettre fin à la destruction des terres agricoles. Cela semble une évidence : les courts de tennis sont parmi les premières des saloperies bétonnantes à arrêter… On y joue seul face à un adversaire, et plus rarement en double, entre gens du même monde. Voilà une cible de choix pour les objecteurs de croissance au couteau entre les dents… Alors que faire de ces courts de tennis qui pourrissent notre pays déjà si abîmé ? Les transformer en potager ? Hélas, leur revêtement en goudron et autres saloperies synthétiques suintent depuis des années dans la terre… »

* LE MONDE du 28 mai 2016, Roland-Garros : la lutte de l’extension du domaine

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