sports et loisirs

la télévision, mouroir de la pensée

Le diagnostic est simple, TV lobotomie*. La vie est dangereuse pour les hommes. L’alcoolisme, le bavardage et l’automobile en font déjà des abrutis. Pourtant on a rajouté la télé. Cela n’empêche pas des velléités de résistance aux émissions qui vident notre cerveau pour nous inciter à boire du coca cola. Ainsi passe cette semaine** à la télévision française :

          Prêt à jeter : le développement est insoluble dans la société de consommation, centrée sur l’obsolescence programmée.

          Capital Terre : les dégâts environnement et sociaux causés par la production massive de coton, de portables et de plastique.

          Manger peut-il nuire à la santé ? Un film qui devrait vous couper l’appétit.

          Paul Watson, un homme en colère. Ses bateaux Sea Sheperd font la chasse à la pêche illégale.

Mais c’est une goutte d’eau dans un océan de stupidités. Il ne s’agit pas de mettre Arte sur toutes les chaîne et d’imposer des préférences culturelles. Il n’y a pas une bonne ou une mauvaise télévision. Il est préférable qu’il n’y ait pas de télévision du tout. Les influences médiatiques sont subtiles, cumulatives, et interviennent sur une longue période de temps ; parents, pédiatres et éducateurs peuvent ne pas être conscient de leur impact. Il n’empêche que la possibilité de  penser par soi-même s’effondre. De nos jours, le complexe médiatico-publicitaire dépense des sommes pharamineuses pour manipuler les ressorts d’une dépendance cathodique. Psychologie, neuro-imagerie, éthologie, sociologie, aucune branche des sciences humaines n’est dispensée d’apporter son obole à la Cause mercantile.

Des voix commencent à s’élever pour réclamer l’extension, aux grands groupes audiovisuels, des poursuites pénales comme celles diligentées contre les industriels du tabac. L’analogie est loin d’être incongrue. En effet, l’industrie du tabac fut condamnée pour avoir indûment stimulé le caractère addictif de produits dont elle connaissait le danger. Alors, jetez votre télé par la fenêtre après avoir lu TV lobotomie.

* TV lobotomie (la vérité scientifique sur les effets de la télévision) de Michel Desmurget (Max Milo, 2011)

** LeMonde télévisions du 14 au 20 février 2011

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Noël sans ses skis (4/6)

La Biosphère espère que vous allez passer un bon Noël sans skis. On ne peut en effet maintenir la montagne « propre » quand on y multiplie les immeubles et les remonte-pentes. Ce n’est pas un loisir qui préserve la Biosphère que de déplacer des citadins en mal d’air pur vers de lointaines destinations où on va recréer la ville et poursuivre des activités sans intérêt.

Mais le greenwashing règne dans tous les  domaines. On veut dorénavant vendre la destination neige en l’inscrivant sur le registre du développement durable ! L’office de tourisme d’Avoriaz avait installé un « corner environnemental » qui invite à calculer son empreinte écologique ; Sainte-Foy en Tarentaise mettait en évidence l’habillage bois de ses bâtisses ; Val-d’Isère mettait l’environnement au cœur de l’organisation des championnats du monde de ski alpin prévu en 2009. Poudre de neige et de perlimpinpin ! Infinitésimales sont les sociétés de remontées mécaniques qui obtiennent la certification Iso 14001 avec la mise en place de tri sélectif, l’utilisation de produits biodégradables et une recherche d’économie d’énergie. Une seule station en France détient la certification QSE (qualité, sécurité, environnement).

L’association Moutain Wilderness rappelle que la consommation d’eau pour produire de la neige atteint 15 millions de mètres cubes pour 188 stations, un chiffre presque comparable aux 25 milliards de m3 qui servent au remplissage des piscines privées. Il faut aussi 108 millions de kWh pour les canons à neige, soit 0,023 % de la consommation française d’électricité, mais presque autant de proportion dans les déchets nucléaires. Signalons en passant qu’on peut agréablement passer un Noël sans ses skis, même si c’est sous la neige.

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trop de touristes prennent l’avion

Aujourd’hui nous ne parlerons pas du tourisme par avion qui profite d’un kérosène détaxé pour abîmer des contrées lointaines et détériorer le climat. Aujourd’hui nous ne parlerons pas du tourisme du troisième âge qui multiplie les « long-séjouristes » puisqu’ils ont tout le temps. Nous parlerons de l’article du Monde « les retraités jouent les oiseaux migrateurs »* qui n’est en fait qu’une publicité déguisée pour les agences de tourisme.

Le journaliste François Bostnavaron cite « Sangho, Meditrad, Look Voyages, Marmara, Fram, Thomas Cook » pour n’oublier personne ou presque. Cela constitue les 4/5 de son article, sans aucune ombre au tableau idyllique qui est tracé : « On le voit, toutes les formules sont tentantes ». Pour conclure, François Bostnavaron nous conseille d’éviter les mauvaises surprises « en découvrant que les massages et le spa ne sont pas inclus ». Faut vraiment tout avoir quand on accède au troisième âge ! Heureusement un article même page mais bien moins long nous ramène sur Terre : Près d’une personne âgée sur deux ne part pas en vacances… Mais c’est surtout pour parler du soutien par le secrétariat d’Etat au tourisme permettant l’accès aux vacances pour le plus grand nombre :

par avion ?

* LeMonde du 7 octobre, page 27

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Contador, t’as tort

Il y a la voix du peuple*, Contador est soutenu par tous les Espagnols, Contador est une personne propre, Contador nous explique le clenbutérol de façon convaincante, si la suspension pour dopage de Contador était confirmée, ce serait une injustice terrible… Et puis il y a la voix de la science**. Contador a affiché une puissance moyenne de 417 watts dans les cols, ce qui signe un dopage lourd avéré. Contador aurait besoin d’une VO2 (consommation maximale d’oxygène) de 99,5 ml/min/kg, un chiffre qui n’a jamais été atteint par aucun athlète dans aucun sport. Le clenbutérol*** trouvé dans les urines de Contador proviennent plus que probablement d’une transfusion sanguine avec son propre sang, extrait plusieurs mois avant alors qu’il utilisait du clenbutérol. La présence concomitante de résidus de plastique signerait la présence de la poche utilisée pour stocker le sang des transfusions. La voix du peuple contre la voix de la science, est-ce l’arrêt de mort d’une procédure démocratique sans consistance ?

                Notre époque est ainsi faite que la croyance religieuse s’effiloche alors que les croyances en n’importe quoi progressent. On croit que le cyclisme est la discipline reine et que ses champions sont au-dessus de tout soupçon. On croit que le réchauffement climatique est une pure invention. On croit que l’évidence n’a pas de raison d’être. Aujourd’hui l’irrationnel a changé de camp. Les thuriféraires de l’exploit sportif reflètent une société pervertie qui fabrique le consentement à l’inacceptable. On assiste au triomphe du sport spectacle, vivant sous la stimulation constante du culte des idoles. Le type d’être humain façonné par la société occidentale rend alors problématique tout engagement supposant une projection dans la durée.

                C’est pour cela, société du spectacle frelaté et société de consommation de tous produits, même les plus pervers, que le citoyen se retrouve dans l’incapacité de réfléchir vraiment aux enjeux écologiques du long terme. C’est pour cela que les procédures démocratiques ne reflètent que l’instant qui passe et non l’urgence écologique.

*L’Espagne fait bloc derrière son champion (LeMonde du 2 octobre)

**Les prouesses du coureur étonnaient les spécialistes (LeMonde du 1er octobre)

***Mauvais sang pour Alberto Contador (LeMonde du 2 octobre)

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AlterTour de France

Marre. A peine le Mondial commence-t-il à nous lâcher la grappe que le Tour de France tente de nous agripper. Marre de tous ces gens qui gueulaient « on veut gagner » alors qu’ils n’ont rien fait pour çà. Marre maintenant de Lance Armstrong, son jet privé à ses initiales, son érythtopïetine, ses transfusions sanguines et ses patchs de testostérone (LeMonde du 4-5 juillet). Nous préférons, et de loin, l’AlterTour, pour une Planète sans dopages, qui a lieu sans publicité mais dans la bonne humeur du  2 juillet au 14 août 2010. Cette manifestation itinérante est préparée par des bénévoles. En opposition avec l’esprit de compétition, les altercyclistes voyagent ensemble, partagent leurs bicyclettes et se relaient dans un esprit de solidarité. C’est un tour « à la carte », pour tout ceux qui souhaitent partager une belle tranche de vie collective, découvrir des terroirs préservés, avoir une activité physique source de santé, et dire ensemble : « Nous voulons un monde sans dopages ».

En 2010, les participants à l’Altertour partagent le rêve de l’escargot, symbole de biodiversité (plus de 200 espèces), de lenteur et de sensibilité à son environnement (il accumule dans sa coquille certains polluants ou toxiques présents dans son milieu).

http://www.altertour.net/

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bilan politique du Mondial

Le Monde a consacré beaucoup trop d’espace au Mondial. Désolé, mais le foot ne peut pas être un fait médiatique d’importance. Contrairement à ce que Thierry Henry affirme, l’équipe de France n’appartient pas au peuple français, elle ne représente que de simples joueurs de foot. C’est pourquoi la ministre des sports n’aurait jamais du déclarer « Je suis là pour être derrière eux, c’est mon équipe et je ne vais pas lui tirer dans le dos. » Il serait d’ailleurs absurde que l’image d’un pays à l’étranger soit amoindrie par le comportement de joueurs lors d’un Mondial. Nicolas Sarkozy n’aurait pas du recevoir Thierry Henry à l’Elysée le 24 juin, c’est ridicule de la part d’un chef d’Etat. Roselyne Bachelot n’aurait pas du traiter des joueurs de « gamins apeurés » et de « caïds », les joueurs de foot sont assez grands pour prendre leur responsabilité sans avoir besoin d’une ministre des sports pour leur faire la leçon. L’équipe black-blanc-beur n’est qu’un mythe, une invention grotesque qui ne change rien au comportement des uns et des autres en matière d’intégration. Au niveau international, le foot ne peut pas constituer un élément-clé dans la marche vers un Etat palestinien et l’équipe du Ghana ne peut pas constituer le « dernier espoir de l’Afrique ». Espoir de quoi, politiquement parlant ? Les Etats n’ont pas à se mêler de ce qui ne le regarde pas, le foot n’est qu’une histoire de gamins qui courent derrière un ballon, pas plus. Le foot est apolitique quand il se présente comme une rencontre amicale, récupération politique tendancieuse et inutile quand il s’agit du foot professionnel, déjà bien trop corrompu par l’argent.
Nous ne pouvons qu’être en parfait accord avec ce courriel de lecteur : « La prise en compte solennelle de l’élimination de l’équipe française dans un éditorial (Chronique d’une déroute annoncée) constitue une dérive du journal Le Monde. Sans doute notre journal se doit-il de rendre compte de la compétition ; il n’est pas obligé de lui donner une telle importance. En quoi la réussite ou l’échec de onze joueurs sur une pelouse constituent-ils des éléments de représentation d’un pays ? » (LeMonde du 27-28 juin) La seule bonne nouvelle de ce Mondial, c’est que l’élimination des Bleus fait baisser l’action TF1 qui ne pourra pas commercialiser le spot le plus cher de son histoire : 300 000 euros les trente secondes si les bleus étaient parvenus en finale. Pendant ce temps la Terre va continuer de tourner et les humains de déconner.
Le foot étouffe la visibilité d’événements importants comme la mise à sac probable de l’Arctique : Les hydrocarbures du Grand Nord suscitent les convoitises. Mais il ne suffit pas de développer comme le fait Le Monde sur les risques inhérents à une telle entreprise, il faudrait d’urgence transformer l’Arctique en sanctuaire comme l’a été l’Antarctique : « Persuadés qu’un traité réservant l’Antarctique aux seules activités pacifiques servira les principes de la Charte des Nations unies », treize Etats ratifient le traité de l’Antarctique le 1er décembre 1959. Ce traité fixe les bases de la non exploitation de ce continent, sauf à des fins scientifiques. L’Antarctique devient une réserve naturelle consacrée à la paix et à la science. Toute activité minière y est interdite. Nous devons en Antarctique comme en Arctique retrouver le sens des limites…

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le Mondial fait grossir

Pour savoir ce qui compte vraiment dans ce Mondial, il faut vraiment chercher. Ainsi nous apprenons que les nutritionnistes donnent un carton rouge à la FIFA. Le fonds mondial de recherche sur le cancer accuse la Fédération internationale de football d’avoir mal choisi ses sponsors qui « vendent des produits malsains : Coca Cola, McDonald’s ou les bières Budweiser ». Ces firmes ont le droit d’afficher leurs publicités sur tous les sites du Mondial alors qu’elles encouragent le surpoids (LeMonde du 16 juin).

                Les supporters du Mondial sont des gogos qui entretiennent le piège à fric. Julio Grondana, le président de la commission des fiances de la FIFA, est clair : « En ces temps d’instabilité économique, la coupe du monde s’avère être une valeur sûre qui combine le suspense et le divertissement et constitue une excellente plate-forme pour les marques commerciales. » Les six partenaires privilégiés de la FIFA, Adidas, Coca Cola, Emirates, Hyundai, Sony et Visa ont permis de mettre en place médiatiquement cette folie footbalistique non pour la vision de petits joueurs qui courent derrière un ballon, mais d’abord pour gonfler leur chiffre d’affaires. La FIFA engraisse d’ailleurs les 24 membres de son comité exécutif, largement mieux rémunéré que n’importe quel grand patron d’une grande entreprise. Son président, Joseph Blatter, dont la rémunération est classée secret-défense, émargerait à près de 4 millions de dollars par an. Entre mafieux, on se comprend.

                Et pendant qu’on amuse les voyeurs du ballon rond, la planète crève sous le poids de la dilapidation des ressources naturelles par les firmes multinationales…

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le Mondial des gogos

Nous sommes inquiets, le virus se répand encore plus vite que celui de la grippe A. Déjà 26 milliards de Terriens intoxiqués en 2006, combien pour le Mondial 2010 ? (26 milliards, audience cumulée des retransmissions télévisées des matches du Mondial allemand, LeMonde du 10 juin 2010). Les Terriens n’éprouvent pas le besoin d’aimer le foot, mais les chaînes de télé et les puissances d’argent arrivent à les convaincre d’aduler le foot. Depuis 1998, les droits télévisés ont quasiment décuplé pour atteindre cette année un pactole estimé à 1,4 milliards d’euros. Comme la société de croissance arrive aux bouts de  ses possibilités étant donné l’épuisement des ressources de la planète, il lui faut trouver une alternative, il lui faut amuser le peuple, le divertir pour continuer à le dominer. Le culte du sport en arrive à copier les recettes de la religion pour anesthésier les gens ; et les gens croient atteindre le nirvana (factice et très temporaire, surtout quand « leur » équipe perd !) alors qu’ils sont devenus des victimes consentantes. Il n’y a pas de véritable liberté de choix, le supporter est pris dans un engrenage, l’adhésion à un groupe qui acquiert sa cohérence en voulant la déroute des adversaires, les signes extérieurs de reconnaissance (écharpe, maillots…) comme dans les systèmes fascistes, la beuverie pour sceller une amitié de connivence, les vuvuzelas qui vous percent les tympans ou la simple addiction en solitaire devant son poste retransmettant le match si attendu…

Cette addiction est non seulement véhiculée par les médias, mais soutenue par les politiques. Un président sud-africain pouvait même délirer : « Un jour les historiens évoqueront la Coupe du monde 2010 comme le moment où l’Afrique a redressé la tête et a résolument tourné le dos à des siècles de pauvreté et de conflits. » Nicolas Sarko, footeux 1er : « Qu’y a-t-il de plus fort que le football ? » Les dirigeants les plus puissants de la planète déroulent le tapis rouge devant les bureaucrates de la FIFA quand il s’agit de plaider la cause de leur pays pour obtenir le Mondial. Lorsque la FIFA prend une décision, elle est plus respectée que l’ONU qui empile des résolutions foulées au pied par les protagonistes. On n’a pas à s’aplatir devant la Fifa, on doit revaloriser l’ONU et ridiculiser la Fifa, fief des corrupteurs.

                Si les médias, les politiques et les Terriens avaient prêté autant d’attention au réchauffement  climatique qu’au Mondial de foot, le sommet de Copenhague aurait été un franc succès. Mais le capitalisme libéral préfère que les humains s’intéressent au foot-spectacle plutôt qu’à leurs conditions de vie présentes et futures…

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Dieu n’aime pas le foot

Dieu n’aime pas le foot, c’est devenu un concurrent trop en vogue, un substitut trop parfait. Le foot est en effet une religion, habillé des mêmes oripeaux, une tenue spéciale sur le stade ou dans les gradins, des chants comme à la messe, le culte des sanctifiés du ballon rond, des trophées en forme de calice, la ferveur d’une communauté en transe, des foules de supporters confites en dévotion. Plus besoin d’aller à la messe quand on aime le foot.

Les politiques aiment le foot. La ministre Rama Yade, qui a paraît-il toujours maintenu sa confiance dans l’équipe de France, demande même aux Français de devenir le 12e homme de l’équipe de France et de s’abstenir de toute polémique. Le ministre François Baroin sera consultant sportif sur Europe 1 pendant la durée du Mondial. L’Etat va consacrer 150 millions d’euros dans la perspective de recevoir l’Euro 2016. On dilapide des fonds publics au bénéfice de kermesses commerciales (LeMonde du 12 juin). Les millions n’ont pas englouti l’émotion, ils l’ont entretenue. Un petit Africain ne veut plus qu’une chose, signer dans un grand club pour s’offrir une voiture de sport et des pages dans la presse people. Le sport est devenu un vaste spectacle agrandi à l’échelle de la planète : divertir pour dominer !

Pourtant les Français n’aiment pas le foot, ils sont 42 % à ne pas s’intéresser au Mondial contre 35 % à s’y intéresser. Mais comme les  croyants, les politiques et les médias transforment une activité d’enfant qui consiste à courir derrière un balle en une liturgie adulée, les raisonneurs n’ont pas droit à la parole. Le foot est un moyen utilisé par la société de croissance pour cultive la démesure, l’hubris, l’absence de limites portée par l’Occident au détriment des équilibres de la biosphère. Comme la plupart des activités humaines, les jeux de ballon ont besoin d’une relocalisation, de redevenir un jeu et pas un sport, de retrouver le sens des limites.

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finale Federer-Nadal, on s’en fout

Non, nous ne rêvons pas de la finale de Roland Garros. Non, les quarts de finale n’ont rien d’enivrant. Non, entre Söderling et Federer, nous n’avons aucune préférence. Oui, l’article de Bruno Lesprit sur le feuilleton de Roland Garros (« Tout le monde en rêve », leMonde du 2 juin) nous gonfle. A croire que pour ce journaliste, le tennis est une religion : « Des prières s’élèvent », « Apothéose espérée », « Eternel espoir », « Dimanche sublime ». Mais une religion qui a ses élus (Federer et Nadal) et son bouc émissaire (Söderling). D’un côté Nadal, el reconquistador et  Federer l’idole planétaire. De l’autre Söderling, le trouble-fête, son crime de lèse-majesté, un malandrin, sa 13ème défaite à la satisfaction générale, le gueux, une carte de visite miteuse, ses trophées risibles.

Supprimer le sport dans les colonnes du Monde pour ne garder que ce genre d’article ne va pas nous remonter le moral dans une société où le foot sert de faire-valoir aux politiques et le tennis de bouche-trou sur les chaînes publiques.

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Sarko, footeux 1er

La France désignée pour accueillir l’Euro en 2016. Nous n’en éprouvons aucune satisfaction, plutôt un écœurement devant la gestuelle politicienne. Sarko s’est personnellement impliqué dans la campagne de désignation en se rendant à Genève pour serrer la paluche des membres du comité exécutif de l’UEFA. « La présence de Nicolas Sarkozy a fait pencher la balance », s’exclame Michel Platini. Sarko déclare sans rire que « le sport est une réponse à la crise ». Il avoue même que parce qu’« il y a des problèmes, les politiques mobilisent tout un pays vers l’organisation de grands événements »… qui ne sont pas des solutions. Oubliée la crise, oubliée la rigueur, mais pour un moment seulement. La facture totale de l’évènement devrait s’élever à 1,7 milliards d’euros. Pourtant Le Figaro titrait son édito : « Une victoire politique », puisque Sarko avait mouillé le maillot. LeMonde du 1er juin se contente d’un « sur un petit nuage », mais n’exprime aucune critique de ce mélange du foot et de la politique. Même la socialiste Martine Aubry avait simulé « un grand bonheur » à l’annonce de la sélection de la France. On en reste toujours à la formule latine « panem et circens », du pain et des jeux pour divertir la foule et la dominer.

Le foot-spectacle n’est qu’une activité dont l’objectif est la sidération des masses, l’encadrement d’un troupeau dont chacun fait partie et auquel tous sont assujettis. C’est l’infantilisation d’une foule qu’on a rendu hystérique, qu’elle se rassemble dans les stades ou qu’elle reste avachi devant sa télé. Le foot est devenu le plus puissant des opiums du peuple, la collectivisation de toutes les illusions individuelles. Comme l’exprime un philosophe, « La tribalisation du stade se transforme en une communion nationale et procure une jouissance où l’amour nombriliste se fond dans l’amour communautaire. » Et aucun de nos intellectuels médiatiques ne réagit !

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l’OM champion de France, on s’en fout

La dernière mouture du quotidien LeMonde, lancée le 29 mars de cette année, a supprimé les pages sports. Un choix judicieux ! Selon la directrice de la rédaction, Sylvie Kauffmann, « Pourquoi rendre compte, avec 24 h ou 48 h de retard, d’une rencontre sportive déjà largement vue et commentée ». C’est pourquoi nous n’avons plus à supporter les résultats indigestes de résultats sportifs sans intérêts. Par contre LeMonde du 7 mai fait une analyse des dessous de l’OM, redevenu champion de France. On peut déduire de l’excellent article de Mustapha Kessous que le foot à Marseille est à la fois une religion, une addiction, un fait culturel global : « Dès la naissance, les enfants sont trempés dedans, l’OM se transmet familialement. » Cette messe footbalistique est entretenue par les politiques. Le maire s’exclame : « la ville est apaisée quand le club est victorieux… Au-delà de l’aspect sportif, c’est un véritable facteur d’intégration. »

                L’article contre-balance les avantages par les inconvénients. Le succès de l’OM est surtout un « moyen d’oublier que Marseille est une ville parmi les plus pauvres de France. Les gens qui ont des problèmes socialement compliqués s’accrochent à ce qui peut symboliser le succès et la   revanche ». Peu importe que les dirigeants du club se suicident ou finissent en prison, peu importe que les joueurs soient surpayés ou drogués, peu importe que le résultat des matchs soit truqué, les supporters supportent à cause de leur vie tronquée.

Avec la télévision, le tourisme et la publicité, le sport est un moyen de divertir pour dominer les masses. Comment des citoyens peuvent-ils oublier que le sport a un effet politique massif de diversion, d’illusion et d’abrutissement des travailleurs et des chômeurs. C’est une manière insidieuse et terriblement efficace de redoubler l’aliénation capitaliste. Il n’est pas étonnant que l’animateur de télé Jean-Pierre Foucault soit partie prenante dans l’organigramme de l’OM. Il participe de l’aliénation, ce qu’Engels a appelé la fausse conscience : la conscience d’un monde qui fait croire de façon illusoire que le football, c’est du jeu, de la joie et de la liberté.

 

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les Grecs n’iront pas à Botco

Les Grecs se serrent la ceinture, ils vont économiser sur leur consommation de bière et de cigarettes. Il y en a même un qui envisage de limiter ses sorties cinéma, un autre qui prévoit de ne plus partir en vacances à l’étranger. Ils sont comme des enfants qui se retrouvent privés de jouet. Ces informations absolument essentielles, si ce n’est existentielles, nous sont données par la journaliste Catherine Simon du Monde (6 mai 2010). Mais dans le même numéro, le quotidien nous vante les délices d’un voyage à Botco, archipel du Vanuatu : quelques heures de vol d’Athènes à Paris, puis 22 heures de vol de Paris à Sidney, puis 3 heures de vol de Sidney à Port-Vila ; bonjour les émissions de gaz à effet de serre ! Puis on grimpe dans un camion « cahotant » et on fait même une heure de marche pour finir ; bonjour l’angoisse ! Tout ça pour apercevoir à Botco quelques ossements exhibés par une tribu ex-cannibale ; bonjour le dépaysement ! Les Grecs ont autre chose à faire qu’à partir pour Botco. Les Grecs, mais aussi les journalistes du Monde feraient mieux de lire l’excellent recueil d’Offensive Divertir pour dominer (la culture de masse contre les peuples) :

« Le loisir conforte le travail, il permet d’y revenir détendu, reposé, défoulé. Nous voici prêt, de nouveau, à nous vendre à fond à notre activité productive, celle qui finance, justement, la gamme plus ou moins étendue de nos loisirs. Le tourisme est une compensation thérapeutique permettant aux travailleurs de tenir la distance. Avec les pénuries probables de carburant, le management du monde trouvera la solution : il donnera du signe en place et lieu d’une réalité. On nous vendra du virtuel, de l’espace de synthèse. Cela a déjà commencé. Notre époque est réduite au culte du divertissement plutôt qu’à la culture de la diversité. Le discours contemporain nous fait  croire qu’être libre revient à faire ce que l’on veut, quand on veut, indépendamment de toute considération éthique ou écologique. Tout au contraire, espérer être libre implique d’avoir conscience de ses chaînes, et non de vivre comme si elles n’existaient pas. »

                La société occidentale nous fait vivre à crédit pour nous offrir une vie rêvée par d’autres, y compris par  LeMonde. Ne partons pas à Botco et pratiquons la simplicité volontaire.

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divertir pour dominer

Voici une introduction pour un livre qui montre que la télévision, la publicité, le sport et le tourisme participe de la fabrication du consentement dans un système voué à sa disparition prochaine. Télévision, publicité, sport et tourisme n’ont pas d’avenir dans une société social-écologiste.

Selon Peter Reichel, les nazis auraient été les premiers à comprendre l’importance de la culture de masse. Avec tous les moyens à leur disposition, ils ont créé un monde d’illusions qui a entraîné un peuple entier au désastre avec sa complicité active. En fait, ce résultat n’est que la continuation logique de la Révolution industrielle. C’est en Angleterre, le berceau de l’industrialisation, que sont nés le sport et le tourisme avant que les Etats-Unis ne deviennent le cœur de la culture de masse. La naissance de la production de masse au début du XXe siècle correspondait l’émergence d’une consommation de masse. En coupant les travailleurs de leur base rurale et domestique, qui constituait leur principal moyen de subsistance et leurs réseaux de sociabilité, le capitalisme industriel a obtenu leur soumission. Cette domestication des travailleurs s’est accompagnée du développement d’une culture de masse. Elle se définit comme un ensemble d’œuvres, d’objets et d’attitudes, conçus et fabriqués selon les lois de l’industrie, et imposés aux humains comme n’importe quelle autre marchandise. L’impuissance et la malléabilité des masses s’accroissent en même temps que les quantités de biens qui leur sont assignées. A partir du moment où le salariat s’étend à une majorité de la population, les dominants ne peuvent plus se contenter uniquement des rapports de force bruts. A ceux-ci, toujours nécessaire en dernier recours, s’ajouter la fabrication du consentement.

                Au cours du XXe siècle, les modes de vie se sont uniformisés et l’imaginaire de la société de consommation s’est répandu sur toute la planète. Dans un même mouvement, le capitalisme désenchante le monde, détruit toute forme d’autonomie et d’authenticité tout en favorisant les intérêts d’une minorité. La culture de masse est un élément essentiel de la reproduction de la société dominante. Le divertissement a pris de telles proportions qu’il menace les racines anthropologiques d’une civilisation. La lutte contre le divertissement n’est pas marginale ou périphérique. Lutte de classe et contestation culturelle doivent donc aller de pair.

Source : Divertir pour dominer (la culture des masse contre les peuples)

Offensive, éditions de l’échappée 2010

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un avenir sans François Fillon

L’Homme de l’Année, ce n’est certainement pas François Fillon. Son engagement pour sauvegarder la filière automobile française (prime à la casse etc.), mais aussi sa passion affichée pour les sports mécaniques, le disqualifient durablement. Qu’il découvre la course des 24 heures du Mans sur les épaules de son grand-père n’en fait pas un bon analyste politique, mais simplement un intoxiqué des courses de vitesse. Que Fillon adolescent participe, en tant que figurant, au tournage du film « Le Mans », au côté de Steve McQueen ne devrait pas empêcher Fillon adulte et 1er Ministre de réfléchir sur la déplétion pétrolière. Il devrait savoir qu’un de ses prédécesseurs, Pierre Messmer avait décrété le 30 novembre 1973 l’interdiction du sport automobile sur le sol national. Mais Fillon n’y connaît rien en écologie, il n’espère qu’une chose, parvenir à ressusciter le Grand prix de France de F1 (« C’est un échec pour lequel je n’ai pas encore dit mon dernier mot »). Fillon voit derrière « ce débat qui fait rage autour de l’automobile deux conceptions de l’avenir qui s’affrontent : ceux qui sont favorables à une forme de décroissance, de retour en arrière et puis il y a ceux qui misent tout sur le progrès de la science, sur le progrès de la technologie qui nous permettra de relever les défis qui sont devant nous ».

Non monsieur Fillon, le « retour en arrière », c’est votre croyance qu’un mode de vie qui dilapide le capital naturel peut perdurer encore longtemps. Non monsieur Fillon, l’automobile n’est pas victime d’un « acharnement » au nom de la défense de l’environnement, mais une innovation technique obsolète dès que le prix du baril dépassera 200 euros. Non monsieur Fillon, il n’y a pas ceux qui, « au prétexte des dangers réels qui menacent l’individu nient sa liberté », il y a ceux pour qui la liberté, c’est la liberté de moins polluer, c’est la liberté de ne pas être coincé dans les bouchons. Non monsieur Fillon, l’automobile ce n’est pas «  le plaisir et la liberté », mais l’aliénation des individus et la dépendance envers le Moyen Orient.

Monsieur Fillon, l’automobile individuelle n’est pas la solution, elle est le problème. Monsieur Fillon, vous n’avez pas la capacité d’être président d’un pays qui connaîtra bientôt une profonde crise écologique.

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des avions cloués au sol, la bonne affaire !

Un petit volcan qui se réveille et c’est une grande partie de l’espace aérien européen qui reste fermé plusieurs jours (LeMonde du 18-19 avril). Pour nous, cela serait une bonne nouvelle si c’était volontaire et durable : l’avion est l’ennemi de la planète et des humains. Nous trouvons démesuré le fait de partir en vacances au loin, à Tahiti, en Tunisie ou ailleurs. Nous trouvons ridicule de la part des ressortissants européens de prendre l’avion pour aller dans un autre pays européen que le sien. A plus forte raison si on utilise les lignes aériennes internes à son pays. Les avions doivent rester définitivement cloués au sol.

Ce qui rend les voyages si faciles, les rend inutiles. Parce que l’individu moderne aime la virginité, s’il y reste un lieu vierge, il s’y porte aussitôt pour le violer ; et la démocratie exige que les masses en fassent autant. L’avion fait de Papeete un autre Nice et de la dune du Pyla un désert très peuplé ; les temps sont proches où, si l’on veut fuir les machines et les foules, il vaudra mieux passer ses vacances à Manhattan ou dans la Ruhr. Aujourd’hui sites et monuments sont plus menacés par l’administration des masses que par les ravages du temps. Comme le goût de la nature se répand dans la mesure où celle-ci disparaît, des masses de plus en plus grandes s’accumulent sur des espaces de plus en plus restreints. Et il devient nécessaire de défendre la nature contre l’industrie touristique.

Il fallait des années pour connaître les détours d’un torrent, désormais manuels et guides permettront au premier venu de jouir du fruit que toute une vie de passion permettait juste de cueillir ; mais il est probable que ce jour-là ce fruit disparaîtra. La nature se transforme en industrie lourde dont l’avion est le sinistre messager. Les peuples, leurs mœurs et leurs vertus sont anéantis par le tourisme par avion plus sûrement encore que par l’implantation d’un combinat sidérurgique.

NB : Rédigé avec l’aide de Bernard Charbonneau, Le jardin de Babylone, 1967)

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tourisme et goût du risque

On recherche en Égypte l’escapade sous escorte militaire qui s’écarte un peu du rail à touristes ; les voyageurs désœuvrés cherchent les destinations à risques. Fêtes de Pâques en Irak ou traversée du désert en Mauritanie, ils veulent filtrer avec l’enlèvement ou l’assassinat. On postule que le touriste aide une région à se développer, on veut surtout se faire plaisir et émettre du carbone. Mais les risques vont se multiplier au cours du XXIe siècle. Philippe Chalmain prédit une population de 10 milliards d’humains d’ici à 2070, dont les deux tiers vivront dans d’immenses (bidon)villes, comment survivre ? L’enlèvement pour obtenir une rançon, payé ou non par le quai d’Orsay, deviendra une généralité. Et comme il sera de plus en plus difficile de nourrir convenablement les foules dans un contexte de rareté des sols et des eaux, le voyageur ne sera plus le bienvenu. La tribu des Dongria Kondh semble aujourd’hui plus proche de l’extinction que du happy end du film Avatar, la richissime Vedanta Resources expropriant ses terres pour s’emparer d’un gisement de bauxite. Les survivants rejoindront les indiens Navajo qui se contentent pour l’instant de dénoncer en musique la colonisation et le génocide de leur peuple par le gouvernement des États-Unis et la cupidité généralisée.

Les militants de la Terre-mère ne seront pas tous non violents au XXIe siècle. Quand il n’y aura plus rien à piller et que la pauvreté aura été transformé en misère, la foule des exclus pourchassera ceux qui se risqueront encore dans leurs contrées lointaines. Les pays riches font déjà aujourd’hui la chasse aux immigrés, on ne voit pas pourquoi demain les habitants des régions déstabilisées par l’occidentalisation ne feraient pas la chasse aux touristes. Ils reprocheront aux ressortissants du Nord le pillage irrémédiable de leurs ressources, la destruction de leurs particularismes par le voyeurisme touristique et l’étalage ostentatoire des inégalités.

Cela n’empêchera sans doute pas les occidentaux de risquer encore leur vie à l’étranger, les jeunes du début de ce siècle jouaient déjà avec délectation au « Jetueunami.com » ; risquer la mort en vrai donnera du piment au voyage… Ainsi va la Biosphère en folie !

NB : toutes les informations de ce post sont issues du Monde du 11 février)

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ni foot, ni handball

Les médias, en exaltant le sport-spectacle, détournent l’attention des vrais problèmes. Le Monde (cf. le 2 février) consacre une pleine page aux sports qui n’ont aucune importance (la France, experte en handball, Roger Federer qui n’en finit plus de gagner, etc.) et une seule page Planète à des événements aussi considérables que « les négociations climatique en pleine confusion » ou « la nécessaire réduction de la consommation de pesticides ». D’où vient ce déséquilibre entre ce qui est et ce qu’il faudrait ?

Bien avant le néolibéralisme, dès l’école républicaine de Jules Ferry, l’industrialisme avait insufflé à l’école un état d’esprit odieux de concurrence entre nations ; aujourd’hui l’incontestable succès de l’équipe de handball sacre la France nouvelle championne d’Europe. L’école est devenue un lieu de confrontation des performances individuelles ; aujourd’hui l’équipe de France de handball est la plus performante au monde. Tout au long du XXe siècle, l’école a servi à légitimer la discipline nécessaire au travail mécanisé en usine ; aujourd’hui les sections sport-études « se sont mis à fabriquer une magnifique usine à champions » (Philippe Bana, DTN du handball). Le sélectionneur Claude Onesta en rajoute : « Non seulement on a aujourd’hui l’équipe la plus performante au monde, mais on se dit qu’il y aura encore des équipes de France de handball performantes. Parce que la machine continue à produire des joueurs de qualité. »

Ce n’est pas de cette idéologie de concurrence et de ses machines à fabriquer des champions dont la biosphère a besoin. Une École digne de ce nom devrait bannir toute apologie du sport-spectacle globalisé (coupe d’Europe, du monde…) et s’en tenir à des cours d’éducation physique dans un esprit de détente, de jeu et d’entretien de la santé, uniquement. Sans oublier l’indispensable éveil à la nature.

NB : réflexion inspirée par le livre L’enseignement face à l’urgence écologique de B.Legros et J.N. Delplanque

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supprimons les courses automobiles

Les experts ne savent plus quoi dire. Dans un même article, ils peuvent à la fois affirmer que la reprise économique va suivre (le cours des Bourses) en 2010 car c’est le sens de l’histoire et conclure avec Isaac Newton : « Je sais mesurer le mouvement des corps célestes, pas la folie des hommes. » (Jacques Marseille, Travailler plus, pour gagner plus, pour consommer plus, est dépasséLeMonde du 5 janvier). Jacques ne sait plus où nous pousse le vent de l’histoire puisque « si la Chine et l’Inde continuent sur le même rythme de croissance, d’ici quelques décennies, il faudra les ressources de quatre planètes pour soutenir la demande globale ». Mais dans le même numéro du Monde, le « Dakar » continue sa course folle. Comme l’exprime les premiers concernés (la Fundacion para la defensa del ambiente), cette course « est un amusement pour riches qui viennent jouer à l’aventure dans le tiers-monde ».

Les logiques économiques, sociales et culturelles qui président à la variabilité des actions humaines échappent à l’analyse de l’écologue : l’homme apparaît comme une population sujette à de perpétuelles mutations, une boîte noire particulièrement fantasque. Mais c’est aussi une personne à la recherche d’un bonheur partagé. C’est pourquoi nous avons besoin d’un chef d’Etat courageux qui dira au prochain sommet mondial :  

« Je suis là pour représenter les intérêts de ma patrie, mais je suis là aussi pour représenter les générations futures, tous les pauvres de notre planète, et notre Terre-patrie. C’est pourquoi je demande une mesure symbolique immédiate pour lutter contre nos émissions de gaz à effet de serre, l’arrêt de toutes les courses automobiles. En effet le temps n’est plus où des gens au volant n’avaient plus le temps d’admirer les paysages et de nouer des relations conviviales. Le temps n’est plus où il fallait forcer la reprise avec des plans de relance qui soutiennent des entreprises sans avenir comme les constructeurs automobiles. Le temps n’est plus où nous pouvions gaspiller en deux siècles la moitié de nos ressources fossiles. Le temps n’est plus où nous ne prêtions aucune attention aux équilibres écologiques de notre petite planète.  Faisons tous l’effort de comprendre les maux de notre société pour pouvoir y remédier. Vous pouvez compter sur moi : Yes, we can ! »

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Padak, pas d’accord

L’actualité n’a pas d’importance en soi, l’important c’est ce qu’on fait de l’actualité, si on la juge ou non digne d’intérêt. Ainsi, le 4 janvier  2008, c’était la joie dans la Biosphère, le rallye Lisbonne-Dakar 2008 avait été annulé. Padak, personne ne pouvait être d’accord avec le Dakar. Selon Al Qaida, il ne rassemblait qu’un ramassis de « croisés, d’apostats et de mécréants ». ; on était presque proche de la vérité quant aux participants.

En fait il s’agissait uniquement d’un événement spectacle qui n’existait que parce le début du mois de janvier est en général assez vide d’informations ; il faut donc meubler ce vide existentiel par l’essence de compétiteurs motorisés. En conséquence cette organisation mercantile, organisée depuis 1978 par l’ASO (Amaury Sport Organisation), gaspillait l’énergie fossile, agressait la flore et la faune, occasionnait nombre d’accidents et devenait la vitrine de l’idiotie occidentale. Ce jeu de grands enfants représentait une approche peu respectueuse des biotopes traversés et agressés par cette furie mécanique. Vélorution réclamait à juste titre l’abandon du Dakar… le « Dakar » a lieu depuis 2009 en Amérique du Sud !

Aujourd’hui Hervé Kempf s’interroge : « Le bilan carbone » du « Dakar » serait à plus de 20 000 tonnes de CO2. Faut-il interdire les courses d’autos ? » (LeMonde du 3-4 janvier 2009). A Copenhague, c’est une des mesures qui auraient du être prises, la lutte contre le réchauffement climatique manque de repères symboliques. D’autant plus que le sport automobile a bien d’autres inconvénients, bien analysés par Ellul et Illich :

« Il faut prendre divertissement non pas au sens d’amusement, mais au sens pascalien : l’homme est diverti, c’est-à-dire détourné de penser à soi-même, à sa condition humaine, mais aussi détourné des plus hautes aspirations, du sens de la vie, des objectifs supérieurs. L’importance du sport étant désormais dominante, il faut créer l’événement sportif, rien que pour le spectacle. On fabrique alors des monstruosités comme cette course de Paris-Dakar, insultante comme gaspillage au milieu des pays de famine, démonstration de la puissance occidentale parmi les impuissants du tiers-monde, parfaite vanité. » (Jacques ELLUL, Le bluff technologique, 1986)

« Entre des hommes libres, des rapports sociaux productifs vont à l’allure d’une bicyclette, et pas plus vite. » (Ivan Illich)

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