Cheynet : La Décroissance souffle le chaud et le froid

Vincent Cheynet mérite d’être connu. En tant que rédacteur en chef du mensuel « La Décroissance », il est quasiment le seul à mener une bataille médiatique frontale contre un système croissanciste qui nous mène à notre perte. Son dernier numéro d’octobre 2014 nous rappelle que le prochain et ultime choc pétrolier nous attend, que nous subissons l’empire des économistes libéraux sans contre-partie, montre que la notion de limites est centrale pour l’écologie politique, dénonce la robotisation de l’homme et nous informe que nous sommes entrés dans l’ère de la catastrophe. Vincent Cheynet donne la parole à des analystes qui méritent d’être connus : Emmanuel Broto, Dany-Robert Dufour, Alain Gras, Clive Hamilton, Serge Mongeau, etc. Cela serait parfait si Vincent Cheynet ne se donnait pas la parole !

En effet Vincent transforme systématiquement en ennemi de notre cause commune des mouvements et des personnalités qui vont dans le sens de la décroissance… mais qui ont l’heur de ne pas lui plaire. Dans ce numéro d’octobre, on tape comme d’habitude sur Arthus Bertrand, José Bové, Dany Cohn-Bendit, Nicolas Hulot, Pierre Rabhi. Vincent considère que tout écolo qui se fait un nom est nécessairement un écotartufe. Par contre nous n’avons pas vu un seul patron spécialiste ou non du greenwashing nommément attaqué. Mais le plus révoltant est l’article « Marcher contre les marches pour le climat ». Rappelons qu’il s’agissait d’une marche citoyenne, d’une marche mondiale des peuples, même si dans de petites villes cela n’a mobilisé que quelques militants. L’essentiel était de commencer à faire pression sur les gouvernants qui dirigent le monde vers sa perte. Vincent Cheynet a transformé cela à sa façon : « On y rencontre les pires agents de la destruction du climat ». Vincent veut nous faire confondre la présence à cette marche de quelques personnalités comme Fabius ou Ségolène Royal et l’objectif final des marcheurs. Comme il n’a rien de plus à dire sur le fond, il fait des digressions complètement hors sujet, ce qui est caractéristique de son style inimitable. Il y a une longue citation d’un discours croissanciste de François Hollande, ce qui montre seulement que ce président de France n’a rien compris aux émissions de gaz à effet de serre. Il ne cite sa bête noire Nicolas Hulot que pour essayer de le démolir de façon dérisoire : « NH, représentant en shampoings à base de produits tropicaux dans des blisters plastiques. » Vincent Cheynet ose même une longue diatribe du député (et anti-loups) Jean Lassalle contre Nicolas Hulot éructée… en 2008 ! Il est vrai que Vincent Cheynet a été aussi l’initiateur d’un pacte anti-Hulot qui a coûté aux écologistes son meilleur candidat aux élections présidentielles de 2012.

Le dernier paragraphe est essentiellement composé d’une longue citation de Jacques Ellul, écrits de 1966… qui n’a absolument rien à voir avec la marche pour le climat. Dommage que Vincent Cheynet ne cherche pas à catalyser les différentes forces de l’écologie politique et décourage ses meilleurEs amiEs comme par exemple le parti pour la décroissance.

2 réflexions sur “Cheynet : La Décroissance souffle le chaud et le froid”

  1. A la décharge de Vincent Cheynet, il faut dire que, le capitalisme-croissancisme étant une gigantesque machine à recycler – sans les valoriser – les idées, toute diffusion d’opinions doit passer par le système marchand et il devient difficile de distinguer l’opportuniste qui creuse un filon du militant sincère. Par exemple, longtemps associé à TF1, Nicolas Hulot ressemblait beaucoup plus au premier pendant sa phase d’ascension médiatique.
    La suspicion est d’autant plus justifiée qu’on voit tous les jours l’action de cette machine à pervertir. Comment sous la même appellation de socialisme peut-on loger un enthousiaste porteur d’expérimentation sociale comme J-B Godin et un carriériste comme Valls?
    Il reste que Cheynet pousse la sélection un peu loin, jusqu’à l’isolement total, et destructeur de l’image médiatique d’un combat.

  2. A la décharge de Vincent Cheynet, il faut dire que, le capitalisme-croissancisme étant une gigantesque machine à recycler – sans les valoriser – les idées, toute diffusion d’opinions doit passer par le système marchand et il devient difficile de distinguer l’opportuniste qui creuse un filon du militant sincère. Par exemple, longtemps associé à TF1, Nicolas Hulot ressemblait beaucoup plus au premier pendant sa phase d’ascension médiatique.
    La suspicion est d’autant plus justifiée qu’on voit tous les jours l’action de cette machine à pervertir. Comment sous la même appellation de socialisme peut-on loger un enthousiaste porteur d’expérimentation sociale comme J-B Godin et un carriériste comme Valls?
    Il reste que Cheynet pousse la sélection un peu loin, jusqu’à l’isolement total, et destructeur de l’image médiatique d’un combat.

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