CLIMAT, jour 1 du débat législatif

Tout le petit monde politique est écolo. A compter du 29 mars 2021, les députés se lancent dans un marathon législatif de trois semaines pour débattre du projet de loi Climat et résilience dans l’Hémicycle. Près de 7 000 amendements ont été déposés, preuve des clivages que ce projet de loi cristallise Le mandat de la Convention Citoyenne pour le Climat était « de définir une série de mesures permettant d’atteindre une baisse d’au moins 40 % des émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030 (par rapport à 1990) dans un esprit de justice sociale ». Donnons un aperçu d’un débat qui risque d’être aussi passionnant que futile.

Jean-René Cazeneuve, député La République en marche (LRM) et rapporteur général du projet de loi : « Nous voulons une écologie de progrès mais pas une écologie qui casse la croissance économique, ou qui mettrait une industrie la tête sous l’eau. »

Biosphere : Tout est dit. Comme la croyance dans un monde finie est d’autant plus imbécile que nous avons déjà dépassé les limites d’habitabilité de la planète, monsieur Cazenave dit des imbécillités. Il nous faut d’urgence une écologie de rupture avec le système croissanciste, et cela Macron et ses affidés ne le savent pas encore.

Lorange : À l’intention des négationnistes de l’écologie. 1/ Y a-t-il, comme le soutiennent la totalité des biologistes sur terre, une destruction massive de la biodiversité depuis 50 ans (grands mammifères, océans, glaciers, insecte oiseaux, arbres, pollution des eaux et de l’air …) ? Si vous pensez le contraire merci d’étayer votre propos. 2/ Cette destruction massive, ajoutée au réchauffement climatique, laissera-t-elle une terre viable pour nos descendants ? Pensez-vous qu’il soit impératif de laisser une terre viable pour nos enfants ? 3/ La préservation de cette terre pour nos descendants, QUOI QU’IL EN COÛTE, est-elle plus importante que le pouvoir d’achat, la pension de retraite, le SUV et le petit confort de papi boomer ? Merci à ceux qui auront l’honnête ou le courage de répondre à ces questions simples.

Gramoune : Les « négationnistes de l’écologie », ce sont donc tous les Français normaux, qui vivent dans les campagnes françaises, alors que les « grands défendeurs » de l’écologie, ce sont finalement les « bobos parisiens » qui n’ont jamais mis leurs mains dans un terrain, mais qui forcément savent tout, et mieux que les gens des campagnes. Horrible, mais bien français. Nos écolos feraient bien de s’inspirer du modèle allemand, où le Président vert du Baden-Wûrttemberg, M. Kretschmar vient de soutenir les industries automobiles (normal, il s’agit de Mercedes et Porsche), mais quel Écolo français aura le courage de défendre Renault ou Peugeot ? Alors que + de 100 000 personnes sont concernées . Lamentable !

F. P. : Sur 1 et 2, ok. Sur 3 : pas du tout ok ! Parce que vous mélangez les choux et les carottes ! Il faut bien disposer de quelque pouvoir d’achat pour changer de voiture (et rouler en Zoé) ou faire installer des panneaux solaires sur le toit de sa maison, non ? Et ce, que l’on soit en activité ou retraité, non ? Bref, vous culpabilisez les particuliers au moment même où vous avez en vue l’intérêt général ! C’est politiquement contre-productif !

LEMONDE : A droite, où l’on a déposé la majorité des 450 amendements de suppression d’articles dans le projet de loi, les députés souhaitent avant tout préserver la liberté d’entreprendre tout en tentant d’esquisser un discours sur « une écologie positive adaptée aux territoires ». « Ce texte représente l’écologie de la taxation. Nous voulons une écologie du pouvoir d’achat », plaide le président du groupe Les Républicains, Damien Abad.

Michel SOURROUILLE : La guerre des mots. Les anti-écolos (à droite ou à gauche ») n’osent plus se dire anti-écolos, alors il font de l’écologie superficielle, entièrement compatible avec le système croissanciste du business as usual. Les éléments de langage contiennent en soi le refus d’une écologie de rupture : écologie « positive », écologie « de progrès ». Comme ils n’ont rien de concret à proposer pour lutter contre les émissions de gaz à effet de serre et la raréfaction des ressources naturelles, alors ils veulent déconsidérer les militants d’une écologie de rupture par des mots sans contenu : écologie « de la taxation », écologie « punitive », retour à la bougie ou à l’âge de pierre, ayatollahs de l’écologie, etc. Une telle simplification abusive du débat autour d’un projet de loi qui se voulait « de rupture » démontre le vide conceptuel de l’anti-écologisme.

pierre marie : Oui, il est urgent de couper des cous, de faire des camps entourés de barbelés, d’obtenir des aveux spontanés, etc. Nous avons eu les rouges. Nous aurons les verts.

BorderlineyeDisruptive : « Nous ne voulons pas d’une écologie qui casse la croissance économique », dixit La République en marche arrière. Ce serait bien que notre Roi Soleil Aveuglant explique comment il compte, concrètement, préserver et dépolluer les ressources naturelles tout en continuant « en même temps » à surproduire et surconsommer (définition de la Croissance) de l’inutile et du jetable… Entre protéger certaines industries et protéger l’avenir du genre humain, il va falloir choisir. Étonnant que cette évidence scientifique et mathématique mette tant de temps à monter au cerveau d’un Monarque que certains (surtout lui-même) disent si brillant…

Bright : Entièrement d’accord. Mais nous vivons dans un monde ou le capital est l’ultime objectif et il faut avoir présent à l’esprit que ses mécanismes ont échappé à toute forme de régulation. Le système s’est emballé à l’échelle de la planète. Plus aucun gouvernement ne dispose des leviers nécessaires pour freiner la course en avant. D’outils de productions le prolétariat est devenu outil de consommation et il est indispensable pour fournir les débouché utiles à l’expansion dont le capitalisme se nourrit. Camarades, nous sommes foutus.

François C.H. : Comme souvent, la responsabilité de l’échec n’est pas tant individuelle que collective. On accuse le gouvernement de la jouer petit bras, c’est vrai, mais les oppositions sont loin d’être honnêtes lorsqu’elles affirment que voter les bonnes lois suffirait. C’est faux, il faut que ces lois et leurs effets fassent consensus au sein de la société, et on n’y est pas du tout. Cet objectif de baisse de 40% implique une transformation radicale, une planification économique au moins à l’échelle européenne et au final une sortie du système économique actuel ce qui, on le devine, ne peut se décider dans les ministères. Tant qu’on a pas de consensus la dessus on aura gouvernement après gouvernement la même situation, un exécutif qui vote quelques lois sans envergure, et une opposition qui prétend qu’un peu de volonté suffit. Cette pièce de théâtre se joue depuis 20 ans et ce n’est pas en changeant les acteurs que l’on avancera.

Fustigator : Discours qui omet simplement de préciser que quasiment tous les problèmes environnementaux n’existeraient pas si on n’avait pas multiplié de manière absurde la population par 7 en 150 ans, sans aucune justification. Or, je ne vois dans toutes ces déclarations flamboyantes aucune esquisse de solution pour une réduction drastique de la démographie; bien au contraire, on nous demande d’ajuster nos consommations individuelles pour que d’autres puissent continuer à pulluler sans vergogne. Dit autrement, si il y n’y a aucune raison de rouler avec SUV V8, il n’y en a pas plus d’admettre que des gens fassent plus de deux enfants ; si on veut proscrire le premier comportement pourquoi ne pas proscrire le second ? Rappel : un enfant de plus, c’est 150 aller-retour Paris-New York en avion.

1 réflexion sur “CLIMAT, jour 1 du débat législatif”

  1. Tout est dit, non seulement dans les déclarations de ce petit monde (Cazeneuve, Abad et consorts) mais dans ces quelques commentaires. Rien qu’avec ça nous avons déjà une bonne idée de ce «débat », aussi passionnant que futile. Tout est dit, des âneries les plus flamboyantes aux choses les plus évidentes, on a certes oublié les vegans et les viandards, de toute façon ça ne sert à rien d’en remplir des pages. Le dernier mot revient comme il se doit à Fustigator, à qui on pourrait bien sûr renvoyer la baballe, juste pour le sport, ping-pong ping-pong, dialogues de sourds, the Muppet Show must go on !
    Comme dit Bright, Camarades nous sommes foutus ! En attendant, choisis ton camp Camarade ! En plus t’as la chance d’avoir de l’écologie à toutes les sauces.

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