CLIMAT, on souffle le chaud et plutôt le froid

Un panorama des nouvelles les plus récentes sur le front climatique n’est pas très réjouissant. Tant qu’on n’expliquera pas à la population qu’elle devrait faire des économies d’énergie drastiques, le futur sur une planète brûlée par nos soins ne sera pas très agréable (litote).

Énergie et climat en France

Selon le code de l’énergie, le gouvernement aurait dû soumettre au Parlement une grande loi de programmation énergie-climat au plus tard le 1er juillet 2023, qui aurait ensuite donné lieu à sa déclinaison opérationnelle, la programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE). Mais en avril 2024, le gouvernement de Gabriel Attal a finalement renoncé à soumettre ce texte au Parlement, faute d’être certain de dégager une majorité pour le soutenir. Un sénateur, Daniel Gremillet, soumet alors sa propre proposition « de programmation et de simplification », adoptée par le Sénat en octobre 2024. Maximalistes, l’extrême droite et la droite poussent pour un développement très important du nucléaire et pour mettre à l’arrêt les filières solaire et éolienne. Le RN souhaite par exemple, d’ici à 2050, la construction de 70 gigawatts (GW) de nouvelles capacités nucléaires, soit plus que la capacité du parc actuel. Au contraire, les députés « insoumis », écologistes et socialistes mettent l’accent sur les renouvelables, même si le groupe socialiste a précisé être favorable à la construction de huit nouveaux réacteurs.

La façon dont le texte est sorti de commission montre que la suite est imprévisible…

Le réchauffement climatique entraînera des pertes de production importantes dans les grandes nations agricoles

Une étude américaine, publiée le 18 juin 2025 dans la revue Nature, conclut que, pour chaque degré de réchauffement supplémentaire par rapport à l’ère préindustrielle, l’équivalent de 120 kilocalories par jour et par personne pourrait être perdu. Pour le blé, la baisse de rendements atteindrait de 15 % à 25 % en Europe, en Afrique et en Amérique du Sud, et de 30 % à 40 % en Chine, en Russie, et en Amérique du Nord…

en Suède, des agents publics s’inquiètent d’une « chasse à l’activisme » menée par le gouvernement

Le gouvernement libéral conservateur, soutenu par l’extrême droite, en poste depuis l’automne 2022, semble avoir renoncé à toute ambition en matière de lutte contre le changement climatique. Dans ce contexte, les fonctionnaires témoignent d’une « très grande prudence », au sein de certaines agences gouvernementales, sur les sujets du climat et de l’environnement. Il ne faut pas, leur dit-on, violer les principes de « la culture administrative » et agir en tant qu’« activistes ».….

En 2024, les émissions de CO2 de la Suède, en augmentation chaque trimestre, ont crû de 5,8 % sur l’année, le pire résultat de l’Union européenne.

Comment parler de la transition climatique d’une manière positive ?

Question posée par Luca à l’adresse chaleurhumaine@lemonde.fr :

« Bonjour, je manque d’arguments pour continuer à motiver les gens sur la transition écologique. Avec la série de reculs du gouvernement, on a le sentiment que tous les efforts seront à faire individuellement, sans aucune aide, et c’est très déprimant. Qu’est-ce qui pourrait motiver les gens à ne pas baisser les bras ? Merci ! »,

réponse : Vous avez raison, les mauvaises nouvelles s’accumulent sur le front de la transition. Comment garder le moral ?  Conserver un niveau d’éco-anxiété élevé ce n’est pas grave si la personne arrive à faire quelque chose. On peut être pessimiste actif, c’est mieux que pessimiste paralysé. Les gens commencent par des écogestes qui ne soulagent pas vraiment, ils se sentent isolés et commencent à aller mieux quand ils passent aux écoactions collectives, avec leurs voisins ou leurs amis par exemple.

En savoir plus grâce à notre blog biosphere

Les guerres du climat d’Harald Welzer

extraits : C’est un livre angoissant car il montre de façon argumentée la violence potentielle contenue dans l’être humain ; les solutions sont extrêmes quand on se retrouve en situation de péril extrême. Fini la démocratie, place aux ploutocrates. L’ère des Lumières pourrait s’achever définitivement avec les guerres des ressources amplifiés au XXIe siècle par la donnée climatique. Le souvenir de l’exploitation, de l’esclavage et de la destruction a été gommé par une amnésie démocratique, comme si les Etats de l’Occident avaient toujours été tels qu’ils sont à présent, alors que leur richesse et leur prépondérance se sont bâties sur une histoire meurtrière….

5 réflexions sur “CLIMAT, on souffle le chaud et plutôt le froid”

  1. Même si j’ai déjà livré plus d’une fois tous les éléments de réponse, je vais toutefois essayer de répondre à cette question de Luca. De mon mieux, et donc d’une manière positive. 🙂
    Quel est le problème ? Déjà si ça peut le rassurer, je ne pense pas que Luca soit en manque d’arguments. Pas plus que la plupart des militants, des scientifiques etc.
    Le Problème c’est que ces arguments, évidemment parfaitement fondés, n’ont aucun effet, ou presque sur… «les gens». Le POURQUOI… ON en a déjà rempli des pages et des pages !
    Le problème de Luca, c’est plutôt sa déprime. Burn-out militant et/ou éco-anxiété peu importe.

    Sa question (SOS) : « Qu’est-ce qui pourrait motiver les gens à ne pas baisser les bras ? »
    Déjà qui sont ces gens dont il parle là ? Si ce sont les gens en général… gens d’en bas comme gens d’en haut… pour ne pas baisser les bras encore faudrait-il déjà qu’ils aient levés.
    Quant à ce qui pourrait les motiver à bouger… sincèrement je ne vois pas. (à suivre)

    1. (suite) Et je ne crois pas du tout qu’une quelconque IA (imbécillité artificielle) puisse lui (et nous) donner une réponse. Une réponse, disons… révolutionnaire.
      Maintenant si Luca veut juste parler de lui… et/ou des gens comme lui, militants et autres lanceurs d’alertes, inquiets, déprimés, fatigués… alors il a tout intérêt (pour sa santé) à être parfaitement conscient qu’il n’existe probablement pas de réponse à sa question. D’autant plus que ce qui peut marcher pour l’un, peut très bien ne pas marcher chez un autre. Et que c’est comme ça. Que nous ne sommes pas tous faits du même bois, etc. Partant de là Luca peut continuer à motiver les gens, du moins essayer. Militer, mais pas trop ! Parce qu’il y a des limites à tout. Et donc juste ce qu’il faut, parce que gare au burn-out. Et gare aussi aux dérapages non contrôlés. (à suivre)

  2. Esprit critique

    – Comment parler de la transition climatique d’une manière positive ?
    (Titre Le MONDE 17 juin 2025)

    Je connaissais l’écologique… la verte, ainsi que sa sœur la non moins fumeuse énergétique, également la démocratique, sans oublier la démographique … mais je n’ai pas le souvenir d’avoir entendu causer de celle-ci. Je me dis que je l’ai probablement zappé, n’y avoir prêté aucune attention, et pour cause. Dérèglement ou changement climatique ça oui je comprends. Mais transition climatique… de quoi parle-t-ON exactement ? D’autant plus que la question de Luca porte sur l’écologique. Alors j’ai demandé à qui vous savez, «c’est quoi la transition climatique ?» Et sa réponse, vous vous en doutez, ne m’a rien apporté de plus que je ne savais déjà.
    Mais peu importe, exit l’écologique, la verte et la non moins fumeuse énergétique, et donc bonjour la Transition Climatique. Et là pour moi c’est toujours pareil, d’une manière positive ou pas… Transition piège à cons !

    1. Quant à la réponse de Chaleur humaine, du moins ce que j’en lis dans cet article de Biosphère, elle aussi semble être le résultat de la «réflexion» d’une machine. Personnellement, là encore elle ne m’apporte rien de nouveau. Nada, peanuts, peau de zébi etc. Toutefois j’espère qu’elle fera le plus grand bien à ce cher Luca, qu’elle lui remontera le moral, et lui refilera la gnaque, comme me disait ici Jeunesèpluki il n’y a pas si longtemps. 😉

  3. Dans la revue Earth System Science Data et signée par 61 scientifiques de 17 pays différents : L’objectif de limiter le réchauffement climatique à 1,5 °C par rapport à l’ère préindustrielle, fixé lors de l’accord de Paris sur le climat il y a dix ans, « n’est désormais plus atteignable ». Le budget carbone résiduel, c’est-à-dire les émissions à ne pas dépasser pour garder plus de 50 % de chance de limiter le réchauffement de la planète à 1,5 °C, est presque épuisé. Ce n’est pas une question de physique mais d’inertie des sociétés : les émissions de gaz à effet de serre ne baissent pas et la transition écologique est attaquée dans de nombreux pays. Les émissions de gaz à effet de serre ont atteint le record de 55 milliards de tonnes équivalent CO2 en 2023, essentiellement du fait de la combustion d’énergies fossiles (charbon, pétrole et gaz) et de la déforestation.

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