Combattre les GTII, Grands Travaux Inutiles et Imposés

L’enterrement de Notre-Dame-des-Landes ne fait que préparer l‘épanouissement de la contestation de tous les GTII, Grands travaux inutiles et imposés. Partout sur le territoire, une cinquantaine de projets d’aménagement suscitent de vives oppositions locales, souvent depuis plusieurs années. LE MONDE* en signale quelques-uns, déchets nucléaires les plus dangereux à Bure, lignes à très haute tension, recherche de minerais, « Montagne d’or » de Guyane, ligne ferroviaire à grande vitesse Lyon-Turin, « grand contournement ouest » de Strasbourg, LGV Bordeaux-Toulouse et Bordeaux-Dax, ferme « des mille vaches », projet de Center Parcs, méga-centre commercial Val Tolosa, projet Europacity à Gonesse… Il n’y a pas que ces exemples, il y a aussi Iter et Astrid (super-centrales nucléaires), le Stade des Lumières, la tour Triangle, les incinérateurs géants, etc. Tous les domaines de la société thermo-industrielle sont concernés, énergie, transports, agriculture, activité minière, société de consommation et de loisirs.

Nos grands élus, épaulés (et briefés) par les grandes entreprises, se sont comportés comme Louis XIV qui a commandé son château de Versailles et les pharaons qui ont fait ériger les pyramides. Les projets pharaoniques étaient de droit divin dans l’Égypte ancienne : pour la gloire d’un seul, on exploitait tout un peuple. Aujourd’hui on fait croire au peuple qu’on construit des éléphants blancs pour son plus grand bonheur. Sinistre illusion qui couvre la terre de béton ou de trous que la descente énergétique rendra prochainement caduc. Les GTII illustrent à merveille les dérives d’un système productiviste qui ne survit qu’à force de gaspillage énergétique. Les « Trente Glorieuses » sont devenues les cinquante gaspilleuses. Impulser une vaste politique de grands travaux ne répond en rien à la crise écologique qui conduit aux crises économiques et sociales, au contraire cela accélère la course à l’abîme. La transition énergétique est éternellement repoussée, alors qu’il aurait fallu agir avec détermination dès 1972 (rapport sur les limites de la croissance). Les grands projets d’aménagement du territoire ne visent pas à satisfaire de réels besoins. Pour vendre la construction d’une ligne de train à grande vitesse que peu de gens souhaitent utiliser ou celle d’un aéroport dans une région qui n’en nécessite pas, ingénieurs, promoteurs et maîtres d’ouvrage rivalisent d’habileté et de rhétorique. Justifier l’inutile est devenu une véritable culture. Si la tournure des événements l’impose, la possibilité de décréter un chantier « zone militaire d’intérêt stratégique » n’est pas à écarter.

Il existe une faille grandissante entre une élite qui s’affranchit ouvertement des contraintes écologiques, financières et démocratiques d’une part et un peuple écolo qui commence à réagir d’autre part. La révolution ne se fait plus dans la rue, en levant le bras dans une manifestation. Elle se fait par des multitudes d’initiatives, de discours médiatisés, d’actions juridiques contre un projet, de mise en place d’une zone à défendre et même parfois de sabotages. De plus en plus de citoyens comprennent que sur une planète où les ressources énergétiques s’appauvrissent et devraient rester dans le sol, il n’est pas pertinent de construire toujours plus d’aéroports, de centres commerciaux, de lignes à grande vitesse, surtout en occupant des terres arables dont on aura plus tard grand besoin. L’artificialisation des sols devient un ennemi de notre futur. Le chantage à l’emploi de certains élus et des groupes industriels pour imposer leurs projets fait progressivement place aux considérations écologiques. Ce ne sont plus des grands travaux que la transition écologique exige, ce sont au contraire des projets à taille humaine, des relocalisations des activités, des rapports de proximité à développer, des autonomies alimentaires et énergétiques à promouvoir. Le chantier est vaste, d’autant plus qu’il faut aussi déconstruire ce qu’un passé dépassé continue à imposer.

* LE MONDE du 19 janvier 2018, Partout en France, des dizaines de projets d’aménagements farouchement contestés

6 réflexions sur “Combattre les GTII, Grands Travaux Inutiles et Imposés”

  1. Comme à NDDL
    Autour de ces projets douteux, obsolètes ou de prestige se greffent toujours de « bonnes affaires » immobilière qui intéressent quelques politiciens ou particuliers à l’affût du coup d’fric, et qui n’ont rien à foutre de l’environnement et de l’intérêt général…

  2. « La réalité c’est tout simplement que 78% des Français sont bien trop embourgeoisés pour être de vrais écolos. »

    Pas faux , mais s’ appliquer à soi-même la sobriété démographique (2 enfants max) ou consommatoire (n ‘ acheter que le strict nécessaire pour avoir une vie décente) ne me semble pourtant pas insurmontable pour le commun des mortels .
    J’ avoue me l’ appliquer depuis plus de 25 ans et cela me permet d’ être en parfaite adéquation avec mes convictions malthusiennes!

  3. « La réalité c’est tout simplement que 78% des Français sont bien trop embourgeoisés pour être de vrais écolos. »

    Pas faux , mais s’ appliquer à soi-même la sobriété démographique (2 enfants max) ou consommatoire (n ‘ acheter que le strict nécessaire pour avoir une vie décente) ne me semble pourtant pas insurmontable pour le commun des mortels .
    J’ avoue me l’ appliquer depuis plus de 25 ans et cela me permet d’ être en parfaite adéquation avec mes convictions malthusiennes!

  4. Que de « plus en plus de citoyens comprennent » et acceptent… que dans une boite de 12 oeufs il est impossible d’en mettre 13 … ça je veux bien. Mais de là à parler d’un « peuple écolo », il ne faudrait pas non plus prendre nos rêves pour des réalités.
    L’agglomération nantaise compte plus de 630 000 habitants, le département de Loire Atlantique en compte plus de 1,3 millions. Parmi les quelques dizaines de milliers de promeneurs qui ont affiché publiquement leur opposition à ce projet inutile de NDDL, combien n’utilisent jamais l’avion ? Combien à l’occasion de ces manifs ou de ce combat ont renoncé définitivement à l’utiliser ? En fait, combien sont cohérents ?
    Ce n’est pas parce les sondages affichent que 78 % des Français approuvent la décision gouvernementale d’abandonner NDDL , qu’il faut croire que ces 78 % étaient opposés à ce projet. Et n’allons surtout pas croire que 78 % des Français auraient parfaitement compris la métaphore des 13 œufs et qu’ils seraient désormais des écolos révolutionnaires disposés à combattre tous ces GTII et à faire chanter la dynamite si nécessaire.
    La réalité c’est que 78% des Français ont bien trop à perdre pour faire la révolution. La réalité c’est que la grande majorité des mécontents ne sont capables que de faire semblant, de lutter. Clamer des « yaca » et des « faucon » c’est facile, écrire sur le Net ça défoule… et en même temps… ça ne mange pas de pain. La réalité c’est tout simplement que 78% des Français sont bien trop embourgeoisés pour être de vrais écolos.

  5. Pour nous dispenser de la multiplication des LGV (multiplication qui à la biosphère risquerait d’être néfaste) il faut que sans perte de salaire le temps de travail soit très fortement réduits

  6. Pour nous dispenser de la multiplication des LGV (multiplication qui à la biosphère risquerait d’être néfaste) il faut que sans perte de salaire le temps de travail soit très fortement réduits

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