Fin 2024, les pays membres de la Convention sur la diversité biologique des Nations unies se sont quittés sur un profond désaccord lorsque la 16e Conférence des parties de la convention des Nations unies sur la biodiversité (COP16), organisée à Cali en Colombie, a été brutalement suspendue faute de quorum. Mardi 25 février 2025, les représentants de 154 pays se retrouvent à Rome pour une session de rattrapage de trois jours destinée à clore ce rendez-vous. Échec prévu. La solution, c’est la rébellion des scientifiques !
Perrine Mouterde : Cette COP16 est censée déterminer comment mettre en œuvre les 23 objectifs ambitieux du cadre mondial de « Kunming-Montréal » (protéger 30 % des terres et des mers d’ici à 2030, réduire de moitié le risque global lié aux pesticides, supprimer au moins 500 milliards de dollars par an – 478 milliards d’euros – de subventions néfastes à la nature…), adopté en 2022. C’est sur la question centrale des financements que pays du Nord et du Sud s’affrontaient à Cali au moment où la conférence a été ajournée. On risque de parvenir à un compromis technique tel que les diplomates savent en trouver, en laissant toutes les portes ouvertes et en renvoyant la solution du problème à plus tard.
Le point de vue des écologistes biologistes
Les scientifiques spécialistes de la biodiversité sont aux premières loges de la destruction de la nature. Un million d’espèces animales et végétales sont menacées d’extinction à l’échelle mondiale. Pourtant le sujet reste largement ignoré, et fait même aujourd’hui l’objet de nets reculs. Retour en arrière concernant les pesticides, attaques contre la loi sur la restauration de la nature, report de l’entrée en vigueur du règlement sur la déforestation importée, affaiblissement de la protection du loup, détricotage du pacte vert, etc. Les partis politiques qui nient la crise écologique se renforcent avec elle, c’est désespérant. On peut redouter que la nature ne se rappelle à nous par une multiplication de crises de plus en plus incontrôlables.
Que peuvent faire les scientifiques ? Se battre en permanence contre la désinformation, sensibiliser les citoyens, participer à une manifestation de Scientifiques en rébellion…
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En finir avec la « neutralité » scientifique
extraits : A-t-on le droit, lorsqu’on est scientifique, de s’engager dans le débat public ? A cette question devenue cruciale pour un nombre croissant de chercheurs, Sortir des labos pour défendre le vivant (Seuil, 72 pages, 4,90 euros) rédigé par une dizaine de membres du collectif Scientifiques en rébellion apporte une réponse argumentée. L’organisation, qui regroupe quelque 500 chercheurs issus de toutes disciplines, alerte depuis 2020 sur l’urgence à lutter contre le réchauffement climatique et l’effondrement de la biodiversité….
OFB, Office français de la biodiversité, attaqué !
extraits : Quasiment muet sur les sujets climatiques et environnementaux lors de sa déclaration de politique générale le 14 janvier 2025, le premier ministre François Bayrou a en revanche lancé un acte d’accusation sévère à l’encontre de l’instance chargée de veiller à la préservation de la biodiversité et au respect du droit de l’environnement….
COP16 biodiversité, le point de vue du jaguar
extraits : La COP16 biodiversité s’est terminée le 2 novembre 2024 à Cali (Colombie), échouant à obtenir un accord sur le financement de la feuille de route que l’humanité s’est fixée pour stopper la destruction de la nature d’ici 2030. De toute façon, même s’il y avait un beau document signé unanimement par toutes les parties, cela ne serait pas suivie dans les faits ! Non seulement l’argent ne fait pas la biodiversité, les jaguars n’en mangent pas et les intermédiaires savent le détourner pour leurs propres besoins….
COP16 sur la biodiversité, l’impuissance
extraits : A chaque extinction d’espèces, sous l’effet de l’activité humaine, la mémoire de l’humanité se charge d’un fardeau de honte. L’homme s’octroie le droit de décider du sort des animaux ou des végétaux, de modifier le processus évolutif, persuadé que la seule chose précieuse dans la création est sa propre existence. Dans nos sociétés où partout suintent le racisme et la xénophobie, demander la considération pour un pachyderme ou un insecte est mission désespérée. Comment convaincre les hommes que le salut est aussi dans le respect sans faille de la biodiversité, que l’unicité de la nature ne vaut que par la pluralité de ce qui la compose ? Ainsi s’exprimait Nicolas Hulot….
Enfin une bonne nouvelle, qui devrait redonner un peu d’espoir…
– Victoire historique : le chantier de l’A69, jugé illégal, est stoppé net (Reporterre aujourd’hui)
Et en même temps une mauvaise nouvelle pour d’autres, mauvais perdants…
– Chantier de l’A69 : les laboratoires Pierre-Fabre menacent de « privilégier » d’autres territoires après l’annulation du projet (francetvinfo.fr aujourd’hui)
Tant que ces COP n’auront pas le courage et la lucidité d’aborder la cause principale de l’écroulement de la biodiversité, ce seront uniquement des gouffres à budget, gonflés à la bonne conscience.
C’est quoi la cause principale de l’écroulement de la biodiversité ?
D’abord il me semble important de rappeler la finalité (la raison d’être) de ces COP.
(COP pour le climat, ou comme ici la biodiversité, peu importe.)
– « Organisation. Date et lieu […] Le maire de Cali, Alejandro Eder, a suivi la retransmission en direct de l’annonce et s’est félicité de la décision du gouvernement, affirmant qu’il s’agissait de l’événement le plus important pour la ville depuis de nombreuses années. » (Conférence de Cali de 2024 sur la biodiversité – Wikipedia)
– JO d’hiver 2030 dans les Alpes : « il y a une immense fierté pour tout le monde » se félicite Laurent Wauquiez (francebleu.fr 29 novembre 2023)
Et c’est pareil pour n’importe quel championnat de baballe, la ville où passera ou fera étape le Tour de France, et j’en passe. Une COP est un… événement… des plus importants.
(à suivre)
(suite) C’est l’occasion de se faire de la pub, d’attirer du monde, en espérant bien sûr se faire un max de blé. Les fumeuses retombées (Pognon as usual) .
Une COP c’est une fête, qu’ON organise… et où ON se tire la bourre (compétition) pour avoir l’immense honneur d’accueillir le Barnum. Bref, du cirque.
– « Les partis politiques qui nient la crise écologique se renforcent avec elle, c’est désespérant […] Que peuvent faire les scientifiques ? Se battre en permanence contre la désinformation, sensibiliser les citoyens, participer à une manifestation de Scientifiques en rébellion… » (les écologistes biologistes)
Oui. mais d’abord… gardons-nous du désespoir, qui ne peut amener rien de bon.
– « La force et la faiblesse des dictateurs est d’avoir fait un pacte avec le désespoir des peuples. » (Georges Bernanos)
– « Le désespoir est toujours une soumission. » (Romain Gary)
(à suivre)
(et fin) Ensuite… que peuvent faire les scientifiques ?
Mieux… que pouvons-NOUS faire ?
Surtout pas nous soumettre ! Sous prétexte que le dictateur Untel et/ou Ontel est (sont) le plus fort, le plus beau, le plus intelligent et patati et patata.
– Donald Trump veut réduire de deux tiers les effectifs de l’Agence américaine de protection de l’environnement (rfi.fr 26/02/2025)
Non, il nous faut lutter, nous battre, entrer en rébellion ! Comment, avec quelles armes ? Déjà se battre en permanence contre la Désinformation. Sur les réseaux, dits sociaux, pilonner sans ménagement les menteurs, les diffuseurs de fake-news, arrêter de chercher à leur faire comprendre ce qu’ils ne veulent pas comprendre.
Bref, l’objectif doit être de les faire taire. La liberté d’expression n’est pas le droit de dire n’importe quoi ! Et puisque tout est lié, le climat, la biodiversité, la politique, le Pognon etc. ceci vaut bien sûr pour tout.
– « Que peuvent faire les scientifiques ? Se battre en permanence contre la désinformation [etc.] » (les écologistes biologistes)
Bien sûr, mais ne leur en demandons pas plus qu’ils ne peuvent. Comme tous les citoyens, les scientifiques ne peuvent évidemment pas laisser dire n’importe quoi. Notamment lorsque ce qu’ON raconte… est dans le domaine de leurs compétences.
Leur métier, leur mission, leur passion… c’est de «faire» de la Science. Faire progresser les connaissances, la Connaissance. Et en suivant l’intelligence collective.
Les scientifiques publient régulièrement, et en suivant les résultats de leurs travaux sont vulgarisés (rendus accessibles à tous). Déjà que les chercheurs passent une bonne partie de leur temps à chercher… de l’argent pour pouvoir chercher… ne leur demandons pas, en plus, de perdre du temps dans des «débats» débiles.