COP26, un sommet pour VIP, bilan nullissime

Nos archives sur ce blog biosphere le montrent, depuis 26 années les conférences internationales annuelles sur la climat ne servent à rien.

19 décembre 2007, Echec de la COP13 à Bali

30 novembre 2009, le fiasco de Copenhague (COP15)

15 décembre 2014, Climat : les trois chiffres clés, zéro / zéro / cent (COP20 à Lima)

25 octobre 2015, COP21 : accord préparatoire de Bonn, le fiasco

14 décembre 2015, COP21, encore un succès d’apparence, le 21ème ! (Paris)

19 novembre 2016, La COP 22 s’achève à Marrakech sur un bide

2 novembre 2017, COP23, vingt trois années de blabla climatique (Bonn)

18 décembre 2018, COP24, une mascarade sur le climat, un échec avéré (Katowice)

17 décembre 2019, COP25, des résultats insignifiants

La COP26 à Glasgow peut se résumer à un « sommet pour VIP » – on y a croisé le prince Charles, l’acteur Leonardo DiCaprio, ou le patron d’Amazon, Jeff Bezos. Au début du sommet pour le climat, le MailOnline a comptabilisé au moins 52 jets à l’aéroport. « Cette COP est un événement de relations presse, une célébration du business comme d’habitude », a tancé l’activiste Greta Thunberg. Les grandes entreprises se présentent en « amis du Climat », Bezos fait l’aumône de 2 milliards « pour la planète ». Or son entreprise est l’une des entreprises les plus polluantes du monde ; elle a généré plus de 55,8 millions de tonnes de gaz à effet de serre » en 2018 – plus que le Portugal par exemple. Avec tous les diplomates très hauts placés qui représentent nos peuples, c’est la version luxe du yakafokon. Le succès consiste à dissimuler le greenwashing sous l’emptyspeaking : faire croire qu’on remplacera le fossile avec des discours normatifs et prospectifs, en ignorant, en niant ou en euphémisant tout ce qui fâche concrètement (l’emploi, le pouvoir d’achat de la classe moyenne dont la stabilité tient les démocraties, la survie des pays souvent peuplés qui dépendent de la rente fossile et s’écroulent sans elle, etc.). Cela fait 26 années de COP que cela dure, alors en route vers la 27ème.

Lire, Après la COP25, la (dé)route vers la COP26

Cécile Ducourtieux : COP26, ce fut une frénésie d’annonces, un tourbillon d’engagements, sortie du charbon, désinvestissement fossile, reforestation, neutralité carbone, méthane hors jeu. Des promesses audacieuses pour l’avenir avec un chiffrage purement spéculatif, des actions inexistantes à court terme pour maintenir le réchauffement à 1,5 °C. On se base sur des solutions technologiques encore hypothétiques comme le captage stockage à grande échelle de CO2. Pire, on devait augmenter les émissions de 14 % d’ici à 2030 par rapport à 2010, alors qu’il faudrait les réduire de 45 %. » (résumé)

Audrey Garric : Les cyclones , la montée du niveau des mers, la dégradation des terres ou de leur salinisation touchent tous les États, mais affectent plus fortement les pays les moins développés. Les pertes et dommages ont été évalués entre 290 milliards et 580 milliards de dollars par an jusqu’en 2030, et jusqu’à 1 700 milliards de dollars en 2050, pour les seules conséquences économiques dans les pays en développement. Les pays du Sud appellent à plus de « solidarité » de la part de ceux du Nord. C’est une question légitime et pourtant cet agenda n’avance pas. Les pays développés, historiquement responsables du changement climatique, craignent en effet que la reconnaissance des pertes et préjudices ne débouche sur des poursuites judiciaires.

Laurence Tubiana : Le greenwashing est aujourd’hui le nouveau déni climatique, et il met à mal l’accord de Paris de 2015. Avant, on niait la réalité du changement climatique. Maintenant, on la reconnaît, mais on se contente de dire qu’on va s’en occuper. Cela ne peut pas suffire.Il y a eu beaucoup d’annonces, sur le charbon, le méthane, les forêts. Même si beaucoup de ces coalitions sectorielles sont intéressantes et nécessaires, elles sont toutes volontaires, elles concernent toujours un petit groupe d’acteurs et non l’ensemble, et elles ont gonflé les objectifs chiffrés. Les engagements ne sont pas appuyés sur des plans précis de mise en œuvre, cela ne sert donc à rien. Et c’est particulièrement vrai pour la neutralité carbone.

Nos articles antérieurs sur la COP26 :

1er novembre 2021, COP26, technologie ou sobriété partagée ?

2 novembre 2021, COP26, le bal des hypocrites à Glasgow

3 novembre 2021, COP26, avec quelle pratique journalistique ?

4 novembre 2021, COP26, le piège du développement (durable)

5 novembre 2021, COP26, le choc charbonnier va faire mal

5 novembre 2021, COP26, on s’intéresse enfin au méthane

6 novembre 201, COP26, histoire d’un fiasco programmé

6 novembre 2021, COP26, le pouvoir n’est pas dans la rue !?

Lire, L’historique du fiasco climatique (de 1857 à 2021)

11 réflexions sur “COP26, un sommet pour VIP, bilan nullissime”

  1. Savoir saluer de simples pas quand l’urgence de la situation requiert des bonds de géant demande une certaine magnanimité – surtout lorsque ces pas se font au rythme de deux en avant, un en arrière… Renoncement de dernière minute de l’Inde et de la Chine sur le charbon, c’était sans doute le plus spectaculaire des rendez-vous manqués de cette conférence mondiale tant attendue sur le climat… A la COP27, qu’accueillera l’Egypte en 2022, les Etats devront faire mieux. Procrastiner n’est plus une option. (éditorial du MONDE, 16 novembre 2021)

  2. Finalement le bilan n’est pas si nullissime que ça.
    Parce que j’ai le plaisir de découvrir que la «neutralité carbone en 2050» appelée aussi «émission nette zéro» fait même rire là où je n’y attendais pas.
    – « J’ai le plaisir d’annoncer que j’ai décidé de devenir net-zéro sur les gros mots. Dans le cas où je dirais quelque chose d’inapproprié, je m’engage à compenser en disant quelque chose de gentil »
    Annonce trouvée dans cet article de L’Anticapitaliste publié vendredi 12 novembre 2021 :
    « COP26 : blabla, mensonges, et fausses solutions »
    J’ai donc le plaisir d’annoncer que je commence à aimer l’humour de Greta. 🙂

  3. La 26e Conférence des parties (COP) des Nations unies s’est achevée le 13 novembre à Glasgow. Le texte final n’a pas réussi à constituer le tournant attendu pour l’humanité. Le climatologue australien Bill Hare, membre de l’ONG Climate Action Tracker, a fustigé le comportement de l’Inde : « la modification de dernière minute introduite par l’Inde pour remplacer [dans le texte] la sortie du charbon par la diminution de son utilisation est terrifiante. »
    Greta Thunberg a fustigé les « trente années de bla-bla » des dirigeants du monde. « Le vrai travail continue en dehors de ces salles. Et nous n’abandonnerons jamais, jamais ». Il y a quelques jours, elle avait prévenu qu’un accord qualifié « de “petits pas dans la bonne direction”, “faire quelques progrès”, ou “gagner progressivement” équivaut à perdre ».

  4. La COP26 ne peut mettre en route des actions concrètes. Il faudrait que nos dirigeants expliquent aux démunis que jamais les pays du tiers-monde n’arriveront au niveau de vie des pays riches. Il faudrait expliquer aux repus de la société de consommation qu’il est nécessaire que baisse leur niveau de vie pour pratique la sobriété énergétique et alimentaire, Il faudrait expliquer à tous ceux qui se permettent des voyages en avion que l’ère du kérosène s’achève avec le fait qu’il faut laisser les énergies fossiles sous terre pour éviter le réchauffement climatique. Il faudrait expliquer à tous que l’abondance à crédit, c’est terminé. Etc.
    Il est de toute façon impossible que des diplomates, qui ne représentent qu’eux-mêmes, se mettent d’accord sur un planning effectif de limitation des gaz à effet de serre, ils défendent des intérêts nationaux sans aucun vision du bien commun.

    1. La COP26, « réunion de la dernière chance », fait penser à la der de der, la dernière guerre qui a été le préambule de bien d’autres. Cette grand-messe, qui a réuni autour de 30 000 personnes à Glasgow, s’est achevée samedi 13 novembre. Alok Sharma, le président de la COP26, a souligné la difficulté de trouver un consensus entre 196 pays. Le Réseau action climat constate que « c’est une COP de pays du Nord, qui reflète les priorités des pays riches et qui n’a pas démontré de réelle solidarité ». World Resources Institute résume : « Le véritable test est maintenant de savoir si les pays traduisent leurs engagements en actions ». Sur la base des promesses d’action, la planète se dirige toujours vers un réchauffement de 2,7 °C à la fin du siècle. Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a conclu que « Nous sommes toujours à l’orée d’une catastrophe climatique ». Alea jacta est.

      1. « Les textes mentionnent pour la première fois les énergies fossiles, responsables de 90 % des émissions de gaz à effet de serre ». Victoire factice de l’édition numéro 26. Heureusement que les COP27 et COP28 seront respectivement organisées en Égypte en 2022 et aux Émirats arabes unis en 2023, on pourra enfin envisager un résultat tangible lors de la COP 57, les pieds dans l’eau !

  5. Esprit critique

    On peut en effet résumer la COP26 à Glasgow à un «sommet pour VIP», à la «version luxe du yakafokon» (Biosphère). Ce résumé aura déjà le mérite de nous changer des sempiternels «fiasco», «échec», «mascarade» et j’en passe.

    – « Le succès consiste à dissimuler le greenwashing sous l’emptyspeaking : [….] » (Biosphère)
    Si je comprends bien, la COP26 serait donc un succès… Pas pour le Climat bien sûr. Un succès pour ceux qui cherchent à «faire croire que». En effet le Greenwashing ne trompe plus que les gogos, pareil du Développement Durable etc. (voir ce que j’ai écrit hier 2 NOV de 18 :46 à 19 :00). Certes ce n’est pas encore ce qui manquent, les gogos. Toutefois il faut autant que possible dissimuler ce Greenwashing, le maquiller, le déguiser et le recycler si besoin.
    Comment ? En parlant dans le vide (empty speaking)… C’est là une théorie intéressante.

    1. Or, Biosphère nous dit plus loin que «Cela fait 26 années de COP que cela dure».
      C’est ce que disent aussi Greta et tous ceux qui ne voient là que du bla-bla et du cinéma. Or, pour faire du bon cinéma, rien de mieux que des pros du Cinéma.
      Vu que nous avons déjà suffisamment d’acteurs, de figurants et de clowns comme ça, que nous en avons même trop, nous devrions donc commencer par «botter le cul» à tous ces hypocrites, les DiCaprio, Marion Cotillard et autres VIP, tous ces écotartufes «engagés» pour le Climat. Parce que ça aussi il y a trop longtemps que ça dure.

      1. Esprit critique

        Pour mieux comprendre ce qu’est le Pétainisme, on peut toujours lire Badiou :
        – De quoi Sarkozy est-il le nom ? (2007)
        Cet article de Brigitte Pascall devrait faire aussi bien l’affaire :
        – Macron, ou le retour de la capitulation pétainiste (mediapart.fr 24 OCT. 2017 )

        Intéressant aussi, cet article publié dans Le Monde le 15 octobre 2010 :
        – Vichy sert à occulter le pétainisme. La République peut engendrer le pire.
        Gérard Miller (psychanalyste) nous dit :
        – « à qui veut éviter un sujet embarrassant, s’offrent deux options : ne pas en parler (c’est la plus classique) ou en parler tout le temps (c’est la plus habile). Et voilà bien le paradoxe ! […] le pétainisme ne se réduit pas à Vichy, il existait avant et il a perduré après. Dans ces conditions, le nouvel objectif à atteindre dans le débat public me semble être le suivant : mettre en évidence ce qui persiste du pétainisme dans la politique française »

    2. Pour moi le succès (si on peut appeler ça comme ça) c’est la Résignation, disons même la Capitulation. C’est l’idée (diffusée, entretenue et renforcée à chaque occasion) que tout ça n’est que du Cinéma, du bla-bla etc. Et que donc rien n’empêchera ce qui doit arriver.
      Seulement, et c’est là ce qui pour moi est bien plus grave, c’est aussi le formatage des esprits à un certain état d’esprit. Qui pour moi ressemble au Pétainisme. L’état d’esprit qui nous fait «accepter» le pire, à commencer par les atteintes à nos libertés. Et cela au nom de quoi, et au profit de qui ?

      1. Pour mieux comprendre ce qu’est le Pétainisme, on peut toujours lire Badiou : De quoi Sarkozy est-il le nom ? (2007)
        Cet article de Brigitte Pascall devrait faire aussi bien l’affaire : Macron, ou le retour de la capitulation pétainiste (mediapart.fr 24 OCT. 2017 )

        Intéressant aussi, cet article publié dans Le Monde le 15 octobre 2010 : Vichy sert à occulter le pétainisme. La République peut engendrer le pire.
        Gérard Miller (psychanalyste) nous dit :
        – « à qui veut éviter un sujet embarrassant, s’offrent deux options : ne pas en parler (c’est la plus classique) ou en parler tout le temps (c’est la plus habile). Et voilà bien le paradoxe ! […] le pétainisme ne se réduit pas à Vichy, il existait avant et il a perduré après. Dans ces conditions, le nouvel objectif à atteindre dans le débat public me semble être le suivant : mettre en évidence ce qui persiste du pétainisme dans la politique française »

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