Covid-19, choix de l’immunité collective en GB

Les Anglais ont choisi de laisser faire la sélection naturelle plutôt que de lisser l’épidémie par la distanciation sociale. Patrick Vallance est le conseiller scientifique en chef du gouvernement britannique, l’autorité scientifique sur laquelle Boris Johnson s’appuie pour prendre ses décisions. Il a détaillé son approche jeudi soir à Downing Street, l’« immunité collective » (herd immunity) : « Il n’est pas possible d’éviter que tout le monde attrape le virus. Et ce n’est pas non plus souhaitable car il faut que la population acquière une certaine immunité. » Toujours selon M. Vallance, il faudrait qu’environ 60 % de la population britannique contracte le virus pour qu’elle développe cette immunité collective permettant d’éviter de futures épidémies. Sachant que le pays compte un peu plus de 66 millions d’habitants, il s’agirait que 40 millions de Britanniques soient infectés par le virus. Avec un taux de mortalité du Covid-19 estimé à 1 %, et si on suit le raisonnement de M. Vallance, ce sont quelque 400 000 décès qui pourraient advenir dans le pays. Autant dire que le National Health Service (NHS), le système de santé publique britannique, avec ses 5 000 lits en réanimation disponibles, serait très vite débordé. Depuis deux jours, la controverse enfle dans les médias et sur les réseaux sociaux, surtout après que M. Johnson a alerté les Britanniques sur le fait qu’ils devaient se préparer « à perdre bien davantage d’êtres aimés ». Les réactions sur lemonde.fr* vont bon train, notre choix parmi plus de 120 commentaires :

Guillaume de Saluste du Bartas : En fait Boris fait un pari (ultralibéral ) . Pourquoi pas ? 😉

Cavizza : Le nombre de morts officiellement déclarés en Italie ce soir (source : bulletin officiel de la Protezione Civile italienne de ce soir) est de 1441, sur un total de 21157 cas recensés (sur plus de 100.000 tests effectués). Le taux de mortalité est donc de 6,8%. Appliqué à 40 millions de britanniques, comme suggéré dans l’article, cela ferait plus de deux millions et demi de morts. Je trouve ça épouvantable…

BGA : Si une telle décision était prise en France, je devrais me préparer tout de suite au décès de mes parents très âgés. C’est la démonstration d’un cynisme qui est assez logique de la part du pays qui a théorisé le libéralisme avant qu’il ne tourne à l’ultra… Boris Johnson avec 2 millions de morts sur la conscience serait-il encore capable de dormir?… Mais oui bien sûr!

JFG : Je ne comprends absolument pas l’idée, essayer d’atteindre « l’immunité de groupe ». Le terme est mal utilisé. En épidémiologie, on utilise le terme « immunité grégaire ». Chaque pathogène a un seuil d’immunité grégaire, mais on ne connaît *bsolument pas celui du SARS-2. Il est calculable dans une certaine mesure (avec des pincettes) en fonction du Ro, qu’on ne connaît pas non plus précisément. Plus grave : c’est un concept surtout utilisé pour l’évaluation des campagnes de vaccination. OK, on prend aussi en compte l’immunité acquise naturellement (infection/guérison). Mais c’est bien la première fois, à ma connaissance, qu’on ose exposer toute une population pour atteindre la HI uniquement par immunité naturelle… Pire : on commence à voir que l’immunité naturelle est très courte/limitée. C’est du meurtre de masse…

Pierre G @ JFG : Mais que proposez vous? A l’évidence on ne trouvera pas de vaccin cet hiver. Sur la base de chiffres actuels en France : Part des + 60 ans décédés du virus: 93,7% (source science et avenir) Part des – de 60 ans: 6,3% 1,8×6,3/100= 0,11% soit 4500 morts sur 40 M d’habitants. C’est moins que le nombre de morts sur les route. Quand interdira-t-on aux gens de conduire (sans jamais acquérir une quelconque immunité pour le coup) Il est probable que la maladie fasse un retour l’hiver prochain (pour autant qu’elle ait un cycle saisonnier, e.g. grippe). Doit on mettre le monde en quarantaine chaque hiver?

Alain PANNETIER : Oui. Les ssRNA virus sont ceux qui mutent le plus facilement (x100/locus comparé aux virus DNA). Sinon, on n’attraperait la grippe qu’une seule fois. S’il y a rebond l’année prochaine, ce qui est loin d’être certain, rien ne garantit que l’immunité acquise sera efficace.

du nord : En gros, laissons faire la nature, intervenons aussi peu que possible. C’est une stratégie qui sacrifie clairement et cyniquement les plus faibles, les plus âgés, les plus malades et les plus pauvres dont la chance de s’en sortir une fois qu’ils ont attrapé le virus est infiniment plus faible que celle des autres catégories sociales, plus jeunes, plus robustes, plus aisées. Entendre Boris Johnson dire que 80 % des personnes vont avoir le virus et que beaucoup de familles vont perdre leurs « loved ones » avant leur temps était en quelque sorte une façon de préparer l’opinion publique mais c’était aussi surréaliste qu’effrayant. Résultat : Plus de pensions de retraite à payer, moins de prestations sociales, des NHS hôpitaux surchargés qui respirent.

pierre guillemot : Le raisonnement de Boris Johnson n’est pas idiot. La Chine a stabilisé l’épidémie au prix de la dévastation de la vie sociale et économique du pays et le chiffre brillant du résultat ( 3000 morts) cache les morts de ceux qui étaient malades d’autre chose et n’ont pas pu continuer leur traitement. Les morts seront principalement des gens âgés et/ou fragiles dont la disparition n’aura pas beaucoup d’effet, à part le chagrin de leurs proches. Rappel de mauvais goût : je suis né avant les vaccins modernes (rougeole, varicelle, oreillons, scarlatine …) et les petits enfants s’immunisaient en échangeant leurs virus à l’école primaire. J’ai tout eu et je ne suis pas mort. Il y avait des morts et on trouvait ça triste mais pas épouvantable. J’ai souvenir du médecin disant « il faut qu’il l’attrape maintenant ; quand il sera grand, ce serait grave ». Seule crainte: la rubéole; interdit de s’approcher d’une femme enceinte.

* LE MONDE du 15-16 mars 2020, L’« immunité collective », stratégie risquée du Royaume-Uni pour lutter contre le coronavirus

12 réflexions sur “Covid-19, choix de l’immunité collective en GB”

  1. 26 mars 2020. Au Royaume-Uni, la situation empire de jour en jour.
    A Londres, les hôpitaux publics sont confrontés à un « tsunami continu » de malades graves accompagné d’une proportion « sans précédent » de personnel souffrant, a annoncé jeudi un responsable du système public de santé britannique.

  2. Immunité collective en Suède ?
    Seuls les rassemblements de plus de 500 personnes ont été interdits, ainsi que les visites dans les maisons de retraite. Le reste n’est que recommandation : se laver les mains, ne pas sortir de chez soi en cas de symptômes grippaux, renoncer aux interactions sociales pour les plus de 70 ans et les personnes à risque. Cafés et restaurants sont ouverts. L’argument ? Les conséquences du remède (le confinement) ne doivent pas être pires que celles de l’épidémie.
    Dimanche 22 mars, le discours du premier ministre, Stefan Löfven n’a duré que cinq minutes : « beaucoup allaient devoir dire adieu à un être cher » ; il n’a annoncé aucune nouvelle mesure, se contentant d’appeler au civisme et à la responsabilité individuelle. Un discours accueilli positivement, tant par les commentateurs que par ses adversaires politiques, jouant la carte de l’unité nationale.

  3. Mardi 17 mars 2020, 10h06 : Lors d’une conférence à Downing Street, le premier ministre britannique se repose toujours sur le sens de la responsabilité de ses concitoyens, conseillant seulement aux Londoniens « même si vous n’avez pas de symptômes, de restreindre vos interactions, de limiter vos déplacements à l’essentiel et de privilégier le télétravail ». M Johnson a également « fortement conseillé » aux « plus fragiles », à savoir « les plus de 70 ans, les personnes avec des pathologies et les femmes enceintes, de s’isoler ». Objectif : « Ralentir le pic de l’épidémie et l’aplanir. » Il n’est donc pas encore question de fermer les écoles britanniques, contrairement à partout ailleurs en Europe. Boris. Johnson n’a fait aucune mention d’une éventuelle fermeture des frontières ou de la nécessité de confiner les maisons de retraite.
    Quant à cette « herd immunity », cette « immunité collective » que M. Vallance avait expliqué être un objectif souhaitable le 12 mars, elle ne serait plus à l’ordre du jour. Ce changement de pied intervient après que l’unité Covid-19 de l’Imperial College London, consultée par le gouvernement, a conclu dans une étude parue lundi que cette stratégie visant à contenir plutôt qu’à stopper l’épidémie pourrait entraîner jusqu’à 250 000 décès.

  4. Le plan A actuellement mis en œuvre pour éviter l’augmentation des contaminations (confinement total de l’ensemble des populations qui pourrait être annoncé ce soir par Macron, avec appui des forces de police, réservistes, militaires…), aurait dû être confronté à un plan B (voir du côté Outre-Manche), plan qui ciblerait toutes ces populations à risques (grand âge et ayant une pathologie), leur demandant un confinement strict (comme une protection des «enfants bulle »), avec leur accord et de leurs familles ( à leur domicile, ou dans des centres prévus à cet effet).

  5. L’immunité de groupe, aussi appelée immunité collective, grégaire ou de troupeau, résulte d’une vaccination. Celle-ci n’est pas uniquement une autoprotection, elle prévient la multiplication de l’agent pathogène chez la personne vaccinée. Celle-ci n’est donc plus susceptible de transmettre l’infection, et elle agit vis-à-vis du reste de la population, comme une barrière contre l’agent pathogène en interrompant la chaîne de transmission.
    Mais pour le virus SARS-CoV-2 du Covid 19, il n’existe aucun vaccin ! Dans le cas de la France, si aucune action de confinement n’était menée, les modélisations prévoient entre 300 000 et 500 000 morts. Cependant l’immunité de groupe peut aussi être obtenue quand un certain nombre d’individus l’ont contractée. Comme avec une vaccination, ces personnes ont acquis une immunité contre l’agent pathogène, et ne le transmettent plus. C’est ce mécanisme qui explique que lors de la pandémie grippale A (H1N1) de 2009-2010, les personnes nées avant 1957 ont été relativement protégées : elles avaient une immunité partielle contre le virus, car elles avaient déjà rencontré des virus grippaux de type H1N1, qui ont largement circulé entre 1918 et 1957, avant d’être supplantés par des souches H2N2. Pour l’heure, le SARS-CoV-2 étant complètement nouveau, l’ensemble de la population y est sensible. Mais 500 000 décès pour 67 000 000 de Français, cela fait 0,75 %. Est-ce la fin du monde ou le sauvetage du système de retraite ?
    (lemonde.fr du 16 mars 2020, L’immunité de groupe, un pari risqué face au Covid-19)

  6. En décidant de laisser l’épidémie suivre son cours et d’attendre samedi 14 mars pour tenter de l’arrêter en fermant tous les lieux publics non indispensables, les pouvoirs publics français ont, sans le dire, accepté l’idée qu’une part importante de la population va être, dans les prochains mois, infectée par le coronavirus. On a laissé filer les choses de manière à espérer voir se mettre en place une « immunité de groupe ». En clair, attendre qu’une bonne partie de la population ait été infectée, et donc vraisemblablement immunisée, pour espérer voir s’interrompre la transmission du virus. Avec à la clé, probablement, des dizaines de milliers de personnes décédées dans l’Hexagone. Une telle stratégie ne devrait-elle pas être au minimum discutée ?
    (lemonde.fr du 15 mars 2020, Coronavirus : pourquoi la stratégie sanitaire française pose question)

  7. immunité collective (lemonde.fr du 24 janvier 2010) : La grippe A n’a pas été plus intense en France que les dernières épidémies saisonnières. De 3 à 6,5 millions de personnes auraient présenté une forme clinique de grippe au cours des quatorze semaines qu’aura duré l’épidémie en France, avec un pic à la mi-décembre. On peut considérer « qu’entre 20 % et 30 % de la population métropolitaine serait immunisée », un pourcentage proche du seuil où la population bénéficie d’une immunité collective.

  8. Ma mère vit dans une maison de retraite , 95 ans dans quelques jours. Paralysée du côté droit après un AVC, elle a des difficultés pour prendre le téléphone. Nos visites familiales lui sont interdites et même les animation dans l’EPHAD sont suspendues. Elles s’ennuie à mourir. Elle préférerait la situation à l’anglaise, décéder car dit-elle, « continuer à vivre ne sert plus à rien ».
    Le confinement a des effets pervers, chacun devrait avoir le droit de décider s’il (ou elle) veut vivre ou mourir en acceptant de prendre certains risques… Cela se fait chaque jour quand on prend sa voiture, un accident est si vite arrivé !

    1. @ Ecolomaniak : Ces mesures vont certainement provoquer des drames de ce genre, j’ai moi même des exemples comparables au votre autour de moi. Malheureusement ces mesures semblent être indispensables pour éviter le pire.
      Ceci dit et pour en revenir à ces décisions prises en GB, nous verrons biens dans quelque temps comment Boris Johnson réagira lorsque les hôpitaux seront totalement débordés. Nous verrons alors si le célèbre flegme britannique est une légende ou pas.

  9. Notre bonne vieille Terre se défend toute seule d’elle même, elle lance une bonne purge planétaire qui au bout du compte ne fera que du bien ! (et sur tous les continents, Arctique et Antarctique inclus) ..Un bon p’tit coup de corona dans les banlieues, en Ile de France, Lyon, Marseille, Roubaix etc…. Vivement qu’on mette tous les avions de nos mondialistes à la ferraille et coule tous leurs paquebots pour fournir des logements à nos poissons afin qu’ils puissent se reproduire en paix… En tout cas, des millions de racailles en moins en France ne sera que bénéfique !

    1. Sauf que «Notre bonne vieille Terre», Dame Nature pour les intimes, ne fera pas de quartier dans les quartiers. Elle ne vas pas s’arrêter au périph juste pour te faire plaisir, elle ne fera pas de différence entre quartiers chics et banlieues, bonnes et braves gens , «racailles» et autres pauvres ânes. Faut pas confondre Kärcher et Codiv.19, pauvre âne !

      1. Que les mondialistes ne s’en prennent qu’à eux-mêmes ! Ils n’avaient qu’à fermer les frontières ainsi que les aéroporcs en son temps ! Au lieu d’intensifier les flux et mouvements de marchandises de capitaux de populations et de touristes de masses (les fameux troupeaux de porcs dans les avions)

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