Covid-19, droit de vivre ou de mourir (suite)

La Grande guerre de 14-18 a fait environ 18,6 millions de morts au niveau mondial, la Grande grippe de 1918-1919 beaucoup plus, autour de 50 millions de morts. Entre 30 % et 50 % de la population mondiale a été contaminée par le virus dont il ne fallait pas parler, état de guerre (militaire) oblige. La pandémie a touché la France pendant un an, d’avril 1918 à mai 1919. On penche pour 240 000 morts de cette grippe en France. Quand, au printemps 1919, la troisième vague de la maladie arrive, beaucoup de gens sont déjà immunisés. Il y a clairement eu dans les années qui ont suivi un choix de ne pas commémorer cette grippe. Par contre à partir du début des années 1920, on commence à construire le souvenir de la Der des Der : moment des monuments aux morts, célébration des poilus, etc. Ce sont les États qui fabriquent la mémoire de leurs peuples. L’idée de mourir pour la patrie fait encore des émules, sauf qu’il s’agit aujourd’hui d’être tué au Mali. Mais laissons aux commémorations leurs choix bellicistes pour envisager la façon de percevoir les solutions à la pandémie virale actuelle. Faut-il accepter ou non qu’il y ait un peu, beaucoup ou énormément de victimes du coronavirus ? C’est un choix politique, comme celui de faire ou non une guerre armée.

La stratégie actuelle de lutte des Pays-Bas contre le Covid-19, sans confinement, fait polémique. Le pays s’en tient à cette théorie de l’immunité collective. Il faut laisser le virus se diffuser dans la population, en protégeant cependant les groupes les plus vulnérables. Le premier ministre néerlandais, Mark Rutte, défend l’option qu’une fois qu’une partie importante de la population a été atteinte par l’agent infectieux, elle sera immunisée. Alors qu’un confinement empêcherait, au contraire, l’immunisation et favoriserait le retour, plus tard dans l’année, du virus. Les pays voisins s’inquiètent. Les spécialistes belges estiment que l’approche néerlandaise met en péril les efforts déployés dans l’Union européenne en général. L’épidémiologiste Yves Coppietersne nie pas que le confinement peut limiter l’immunité naturelle, mais il souligne qu’il permet au moins que les systèmes hospitaliers puissent gérer au mieux les cas les plus difficiles. La comparaison des contaminations et des décès ne permet pas, à l’heure actuelle, de trancher en faveur des approches « confinement » ou « immunité ». Tentant avec difficulté de favoriser des approches communes, la Commission de Bruxelles a créé… un comité d’experts scientifiques. Voici quelques commentaires trouvés sur lemonde.fr* :

Comparateur : Quelques petites précisions qui donneront un éclairage, peut-être, du pourquoi le gouvernement néerlandais n’agit pas comme les autres. En premier il faut savoir que les pays bas ont un système de santé qui ne rechigne pas à aller à contre courant : accouchement à domicile, euthanasie etc..Depuis toujours à l’hôpital vous êtes en chambre à 4 ou 6 …. et surtout depuis une dizaine d’années le système de santé est calqué sur les États-Unis… hôpitaux privés, reste à charge important. Ce sont peut être des éléments qui ont pesé dans les choix…

GGir @ Comparateur : Le système n’a l’air qu’en apparence calqué sur les USA. Les cliniques privés n’existent quasiment pas aux pays-bas, et les hôpitaux ont interdiction de faire du profit. La gestion de l’assurance santé a été délégué aux mutuelles, mais le système de santé est en fait massivement financé par les impôts. Les visites chez le généraliste sont remboursés à 100%, les jours de carence n’existent pas, etc … L’image de pays ultra-libéral est un gros cliché qu’on ne reconnaît pas en pratique.

Soteria : Si confiner ne fait que repousser le pic, ça donne au moins plus de temps pour commander des respirateurs, former des personnels aux soins intensifs, etc. Donc c’est nécessairement mieux que de ne pas confiner, non ?

Sapiens : L’homme est un animal mortel et il faudrait l’accepter Nous n’avons aucune approche sérieuse et chiffrée des conséquences de ce virus et nous allons nous terrer comme des rats pour un pic de mortalité sur lequel on ne peut rien faire… on dirait un éléphant qui va saute d’une falaise parce qu’il a vu une souris.

Ulysse : Ne pas confiner c’est laisser le virus éliminer les plus faibles et garder ceux qui ont résisté naturellement, la sélection naturel brute. Et c’est vrai que confiner ceux qui sont capable de résister c’est les affaiblir parce que leur corps ne va pas apprendre le nouveau virus.

* lemonde.fr du 19 mars 2020, Coronavirus : la stratégie de lutte des Pays-Bas, sans confinement, fait polémique

4 réflexions sur “Covid-19, droit de vivre ou de mourir (suite)”

  1. Coronavirus : les Pays-Bas renforcent les mesures mais ne décrètent pas de confinement
    Tout rassemblement sera interdit jusqu’au 1er juin et la liste des magasins fermés s’allonge, mais les autorités néerlandaises tablent toujours sur le principe de « l’immunité collective ».
    Défendue dans un premier temps à Londres, cette théorie selon laquelle une large diffusion d’un virus permettrait de favoriser l’immunité et, ainsi, de mieux contrer la pandémie, a encore les faveurs des autorités aux Pays-Bas, réticentes à la perspective de mesures de restriction qui seraient, selon elles, à peu près impossibles à faire respecter dans leur pays. Le gouvernement de Mark Rutte écarte, en tout cas, les objections de scientifiques, qui affirment que l’immunité de groupe ne se justifie que dans la perspective de la mise au point rapide d’un vaccin.
    le gouvernement avait toutefois décidé, lundi, à La Haye, de renforcer son arsenal de mesures pour tenter de contrer une évolution inquiétante : selon le dernier décompte, le pays comptait, mardi, 276 décès (soit 63 de plus en une seule journée), 5 560 contaminations et 1 495 hospitalisations, dont un tiers en soins intensifs. Une comparaison avec la courbe de l’Italie au début de la pandémie montre une similitude,
    « J’espère que le confinement ne sera pas nécessaire », a dit M. Rutte, sans exclure qu’il faille, un jour, recourir à cette décision hautement impopulaire dans ce pays qui érige la liberté individuelle en idéal.

  2. En Suède, seuls les rassemblements de plus de 500 personnes ont été interdits, ainsi que les visites dans les maisons de retraite. Le reste n’est que recommandation : se laver les mains, ne pas sortir de chez soi en cas de symptômes grippaux, renoncer aux interactions sociales pour les plus de 70 ans et les personnes à risque. Cafés et restaurants sont ouverts. L’argument ? Les conséquences du remède (le confinement) ne doivent pas être pires que celles de l’épidémie.
    Dimanche 22 mars, le discours du premier ministre, Stefan Löfven n’a duré que cinq minutes : « beaucoup allaient devoir dire adieu à un être cher » ; il n’a annoncé aucune nouvelle mesure, se contentant d’appeler au civisme et à la responsabilité individuelle. Un discours accueilli positivement, tant par les commentateurs que par ses adversaires politiques, jouant la carte de l’unité nationale.

  3. L’affectation des ressources au COVID et toute la déstructuration des soins d’aval va faire exploser le défaut de prise en charge des patients normaux. Des éléments statistiques donnés par les épidémiologistes on voit surtout que le COVID est à l’origine d’une réduction d’espérance de vie dans le grand âge.
    Vaut-il mieux mourir du COVID en EHPAD ou de sa démence ? En ce qui concerne les facteurs de risques il y a aussi beaucoup à dire ; faut il mettre à plat un pays pour sauver des alcoolo tabagiques obèses ? C’est toute la question.

    1. Ecolomaniak, désolé de vous le dire comme ça, mais je trouve triste d’en être arrivé là. Je ne sais pas si vous êtes conscient de ce que vous demandez là. Demandez-vous plutôt quelles sont les raisons qui font que tant de gens soient alcoolos, tabagiques et obèses.

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