Cuba, un modèle que la France suivra un jour ou l’autre

La rencontre de F.Hollande et de Fidel Castro ont occulté l’essentiel : une situation de crise structurelle pousse une société à des changements radicaux seulement possibles avec un Etat fort. Voici quelques leçons qu’on peut retirer de l’exemple de Cuba.

1/3) la qualité de la vie ne dépend pas du PIB
Cuba et la Corée du Nord offrent de bons exemples de sociétés confrontées à une décroissance involontaire. La crise causée par la baisse de l’économie monétaire a été partiellement compensée par une importance croissante de l’économie informelle et des structures de subsistance. L’exemple plutôt positif de Cuba tranche avec celui, clairement négatif, de la Corée du Nord. Une transition douce devrait avoir les caractéristiques suivantes :
– garder les activités de la société dans des limites écologiques ;
– favoriser une distribution plus équitable des richesses ;
– associer la réduction nécessaire de la consommation de ressources à des valeurs positives.
Source : La décroissance heureuse de Maurizio Pallante (2011)

2/3) le retour nécessaire des paysans
En perdant le soutien de l’Union Soviétique, l’économie de Cuba est entrée en crise car la structure productive agro-industrielle, fondée sur la monoculture de la canne à sucre, s’est décomposée. Puis quelque chose à changé : à la place des cultures de canne à sucre sont nés des milliers de petits potagers sur lesquels sont cultivés des fruits et des légumes. De 50 000 couples de bœufs présents à Cuba en 1990, on est passé à 400 000 en 2000. Les Cubains sont passés des tracteurs aux couples de bœufs, des mécaniciens aux artisans du cuir, des joints à cardan aux harnais, des engrais chimiques au fumier, des boîtes de conserve au coulis de tomate. Aujourd’hui les Cubains ont plus parce qu’ils connaissent plus. Ils ont un revenu réel, fait de biens, pas un revenu aléatoire comme le revenu monétaire. L’autoproduction, le refus d’intégrer la logique mercantile, l’abandon de la chimie et le choix de la fertilisation naturelle, la préférence donnée aux biens au lieu du revenu monétaire, à la variété biologique plutôt qu’à la monoculture, la valorisation du local et la fidélité à sa propre culture, l’autosuffisance et l’autonomie à la place de la subordination au marché mondial, fait sortir de la pauvreté.
Source : Les paysans sont de retour de Silvia Pérez-Vitoria (actes sud, 2005)

3/3) conclusion
En 2003, seul Cuba parvenait à concilier un haut niveau de développement humain (IDH supérieur à 0,800) et une empreinte écologique  inférieure à la biocapacité moyenne mondiale par habitant (1,8 hag).

1 réflexion sur “Cuba, un modèle que la France suivra un jour ou l’autre”

  1. Plus généralement, au-delà même de l’exemple de Cuba (qui pose d’autres problèmes, notamment en matière de démocratie et d’isolement du reste du monde), nous devons comprendre que nous n’avons pas le choix entre la croissance et la décroissance mais bien entre la décroissance acceptée et par cela plus ou moins organisée et la décroissance subie, inévitable source de désordres et de souffrances.
    Nous nous heurtons aux limites de la planète, tout est dit, il n’y a pas d’autre voies que la décroissance.

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