Cultiver la nature en ville ou désurbanisation ?

Il y a les adversaires déclarés du mouvement écologique, qui pensent comme des conservateurs : business as usual, nucléaire c’est propre, pesticide c’est utile, la voiture c’est mieux, etc. Et puis il y a les controverses internes de la mouvance écolo. « A Paris, les germes de la discorde freinent l’essor de l’agriculture urbaine » titre LEMONDE*. D’un côté Le Paysan urbain, l’entreprise choisie par la mairie pour exploiter le toit du réservoir enterré de Charonne (6 747 m²). De l’autre France nature environnement (FNE) qui défend des espaces de respiration dans une cité pauvre en jardins publics. D’un côté produire chaque année 25 à 30 tonnes de graines germées dans des bacs. De l’autre FNE : « Le projet de Charonne paraît vertueux, mais dans les faits, on supprime une prairie pour la couvrir de serres en plastique ! » Les bienfaits de la nature en ville contre la ville des jardins potagers.

Face à ce dilemme, quel est le point de vue de ce blog biosphere ? Certains essayent désespérément de trouver des solutions agricoles en milieu urbain. Il y a les tentatives de villes en transition (Rob Hopkins), la bonne idée des AMAP (association pour le maintien d’une agriculture paysanne), la vogue des locavores, les incroyables comestibles, etc. Mais les villes étendent leurs tentacules dans toutes les directions et stérilise toujours plus loin les sols. Les bétons et goudrons de la capitale française ne se prêtent pas aux plantations en pleine terre. La solution de long terme se trouve dans la désurbanisation, l’exode urbain qui succédera à l’exode rural. Rappelons-nous. Vers 650 de notre ère, un effondrement vertigineux a frappé l’empire romain. La cité de Rome comptait près de 700 000 habitants, il n’y en avait plus que… 20 000. Après l’effondrement de la civilisation thermo-industrielle, nous redeviendrons paysan à la campagne. Place maintenant aux commentateurs qui s’écharpent sur lemonde.fr.

Vu d’Abidjan : Article du MONDE très intéressant car il montre parfaitement que l’enfer est pavé de bonnes intentions en matière d’écologie et d’aménagements urbains.

Prosper : Bataille de bobos dans la boue de Paris : J’attends avec impatience le résultat de ce match de catch !

Henri : Les bobos n’existent pas, lire ce livre : « Son usage et ses variantes (« boboïsation », « boboïsé ») tendent à simplifier, et donc aussi à masquer, l’hétérogénéité des populations et la complexité des processus affectant les espaces urbains qu’ils prétendent décrire ». En revanche l’aspiration des habitants, des enfants des villes, à connaître la nature signe une aspiration au bonheur. L’existence d’espace sauvage entre dans cette démarche.

CLAUDE HUTIN : La nature, ce n’est ni le potager en terrasse dans le 8ème, ni même le bois de Boulogne : il n’y a rien de sauvage dans ces espaces hyper-urbains. La place est chère à Paris, consacrons-la à des bars en rooftop, à des terrains de basket ou de badminton, à des jeux pour enfants, bref au bien-être de la population. Les bobos écologistes prendront le train, comme tous les parisiens, pour aller montrer la nature, la vraie, à leurs enfants.

Youp la Boum @ CH :Vous devriez vous renseigner auprès de vos amis sur le coût réel de dépollution de friche industrielle (également payé par des impôts lorsque lesdits industriels changent de raison sociale)

CLAUDE HUTIN @Youp : Selon l’ADEME, 55 € HT/m2 de surface de plancher (https://www.ademe.fr/sites/default/files/assets/documents/etude-economique-sur-reconversion-friches-urbaines-polluees-2012.pdf). Je vous rappelle que le prix du m2 parisien habitable est de l’ordre de 10 000 euros (et il y a plusieurs étages dans un immeuble)…donc quand on convertit un réservoir en potager au lieu de bâtir, on fait bien n’importe quoi au plan économique.

Jeavie : Article grotesque, c’est Marie Antoinette hidalgo qui joue à la fermière. Ces quelques milliers de m2 de culture en plein Paris sont totalement ridicules. Allez donc vous approvisionner sur les marchés ou les maraîchers d’Essonne et de Seine et Marne, qui, eux,ont de la place, apportent chaque jour des produits frais qui ne font que quelques km pour arriver.

Buenaventura @ Jeavie : Quelle blague ! On détruit chaque années des millions d’hectares de terres agricoles, qu’on transforme en zones commerciales, en zones industrielles, en parkings, en élargissements de routes et de carrefours…

le sceptique : Les écolos qui lisent si nombreux ces pages devraient quand même débattre avec leurs camarades de l’image qu’ils donnent. On avait déjà la guerre judiciaire pour le friche de Romainville où un projet d’inspiration plutôt écolo est attaqué par des écolos, maintenant c’est la bataille à boboland entre circuit court et espace vert. Cela devient pathétique, il est fort difficile d’intéresser le lambda aux questions environnementales, nos purs esprits s’entre-déchirent pour être plus pur que pur.

Dance Fly @ le sceptique : vous nous l’aviez pas encore faite celle-là. Eh oui il y a parfois des divergences entre écolos. Je reconnais volontiers que dans le camp adverse (auquel vous appartenez avec Untel, Claude Hutin & co) il n’y a que des convergences : pro-pesticides, pro-nucléaire, pro-OGM….

* LE MONDE du 22 janvier 2019, A Paris, les germes de la discorde freinent l’essor de l’agriculture urbaine

1 réflexion sur “Cultiver la nature en ville ou désurbanisation ?”

  1. L’Ile de France ne produit que 4 % de sa nourriture et dépendante à 96% par des importations, voilà tout est dit ! Sans pétrole, puis c’est la famine en Ile de France ! D’autant que l’Ile de France ne dispose que de 3 jours de réserve en nourriture, autrement dit la famine s’y propagera à vitesse grand V ….
    Pour ma part, oui il faut de l’exode urbain, une ville ne devrait pas dépasser 150.000 habitants, tout au plus 200.000 en extrême limite pour les capitales régionales, seul Paris pourrait excéder à 500.000 tout au plus. Je pense qu’au plus tard en 2040, l’Ile de France va voir sa population diviser par deux, passant de 12 à 6 millions d’habitants, quant à Paris passera de 2 millions à 500.000 habitants. Donc 2040 c’est au plus tard en extrême limite que ça se produira, mais ça se produira bien avant aux alentours de 2030.
    Toujours pour ma part, donc des villes se devraient d’être mi-rurale mi-urbaine comme ma ville d’Amiens, mais bon il faudrait étendre le modèle. Et bien évidemment, il faut redonner vie à nos campagnes et étendre la population pour qu’elle puisse vivre de potagers en plus grand nombre.
    Quant au nucléaire, oui je pense comme Jancovici que c’est un amortisseur pour la fin du pétrole, il faut l’utiliser. D’autant que, il nous est impossible de rivaliser avec la Chine par sa politique de bas salaires, seul le nucléaire peut nous aider à rivaliser si on ne veut pas se faire bouffer. L’industrie a aussi et surtout besoin d’une énergie abondante et peu couteuse, il ne faut pas se voiler la face, seul le nucléaire le permet.
    Enfin les pesticides, oui il faut s’en débarrasser le plus possible, c’est un vrai cauchemar pour notre santé. Quant aux Ogm, je pense qu’on le pratique depuis très longtemps, comme l’union de la pêche et de l’abricot qui donne un brunion, la seule différence étant qu’aujourd’hui on pratique les croisements en laboratoire pour aller plus vite, et surtout sélectionner les caractéristiques d’un fruit ou légume de manière plus efficace. En revanche, je ne pense pas qu’il faille interdire les OGM mais plutôt mieux les encadrer.
    Voilà pour les deux cents, pour le moment…

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