« Quand les événements nous dépassent, feignons d’en être les organisateurs. »
Cette citation de Jean Cocteau, Donald Trump la fait sienne. Le président des États-Unis a feint un geste stratégique calculé de longue date pour opérer, mercredi 9 avril, un virage à 180 degrés sur l’application des droits de douane appliqués à la quasi-totalité des pays, décrétés une semaine plus tôt. « Je regardais le marché des obligations, c’était très délicat, a-t-il expliqué. Si vous regardez maintenant, c’est magnifique. Mais j’ai vu la nuit dernière que les gens devenaient un peu mal à l’aise. » Il lui fut demandé à quel moment exact le revirement avait été décidé : « Je dirais ce matin. Je me suis entretenu avec Howard [Lutnick, le secrétaire au commerce], avec d’autres personnes très professionnelles, et ça s’est précisé tôt ce matin, assez tôt ce matin. Nous l’avons rédigé avec le cœur », a résumé Donald Trump.
Il suffit d’observer les comportements dans le bureau Ovale pour comprendre que le scénario a été écrit par des idéologues très mal préparés à l’exercice du pouvoir : « Je regardais le marché des obligations, c’était très délicat, a expliqué Donald Trump. Si vous regardez maintenant, c’est magnifique. » Tel un enfant fasciné par ses propres bêtises, le président des Etats-Unis essaie de convaincre qu’il œuvre pour le bien commun en réparant dans l’instant les dégâts qu’il vient lui-même de provoquer. Le rétablissement de la Bourse devenait un succès de l’administration. « Qui aurait pu penser qu’on aurait un tel record ? », faisait semblant de se réjouir Donald Trump, en référence aux cours du jour. Rationaliser le chaos est le travail de ses conseillers.
Dans un message sur son réseau Truth Social, le président américain a justifié ainsi une pause de 90 jours : « Plus de 75 pays » auraient contacté son administration pour entrer en négociation commerciale, ce qui est faux. « C’est un excellent moment pour acheter ! », avait averti Donald Trump dans une confusion totale des registres : courtier, milliardaire, président. « Vous venez d’assister au plus grand cours magistral de stratégie économique de l’histoire de la part d’un président américain », tranchait Stephen Miller, chef adjoint de l’administration présidentiel. Selon quels critères envisage-t-il d’exempter certaines entreprises américaines des droits de douane ? « Instinctivement. »
Monde parallèle où le président est toujours vainqueur.
Mais bien plus dangereux que la chute des Bourses, le risque d’implosion du marché de la dette américaine. Pesant 29 000 milliards de dollars (26 400 milliards d’euros), celui-ci est – de loin – le premier marché financier au monde. . La France a un taux d’endettement d’environ 45 000 € par habitant, aux USA c’est environ 90 000 $ par habitant. Depuis les années 1980, les Etats-Unis enregistrent de très importants déficits commerciaux. Ils achètent plus de produits à des pays étrangers qu’ils ne leur en vendent. Cela signifie mécaniquement que d’autres régions du monde ont des excédents avec les Etats-Unis : en l’occurrence, la Chine, le Japon, l’Union européenne et le Moyen-Orient. Il faut bien que ces surplus soient investis quelque part, la dette américaine était une réponse toute trouvée. La dette des Etats-Unis est ainsi passée de 106 % du produit intérieur brut, avant la pandémie, à 121 % actuellement. Le Japon est le premier détenteur de cette dette, avec pas loin de 1 100 milliards de dollars. Les Chinois, qui s’en désengagent depuis une décennie, sont les seconds, avec 760 milliards. En tout, les pays asiatiques détiennent environ 3 000 milliards de dollars
Le gouvernement américain était jugé sûr et le remboursement de ses créances assuré. Traditionnellement, quand les Bourses dévissent, les investisseurs se réfugient donc sur ce marché pour placer leurs capitaux. Pas cette fois. Ces derniers jours, ils ont, au contraire, commencé à vendre leur dette américaine. Soit les investisseurs n’ont plus autant confiance envers les Etats-Unis et ils imposent donc une prime de risque supplémentaire ; soit il y a des fonds d’investissement qui sont forcés de vendre leurs bons du Trésor américains rapidement, pour obtenir des liquidités. » Dans les deux cas, le danger est énorme.
Dans la tête de Trump, il n’y a aucune stratégie, seulement l’hubris et l’égotisme d’un individu. L’irresponsabilité de Trump, dans un mélange de légèreté et de déni, fait froid dans le dos. Les marchés financiers, en basculant en mode crise, ont remporté la première manche d’un match qui ne fait que commencer.
Donald Trump a qualifié d’« horrible » le bombardement de civils sur Soumy en Ukraine, sans incriminer la Russie. « On m’a dit qu’ils [avaient] fait une erreur », a dit le président américain, sans préciser à qui précisément il faisait référence….
On ne sait plus s’il n’y a qu’égotisme ou si Trump est vraiment un agent du KGB !
Donald Trump décide d’exempter les smartphones et les ordinateurs.
Demain ce sera le Cognac et le Champagne.
En réponse à ce commentaire du 12 avril 2025 à 12:10 (Donald trompe)
En effet la question se pose de plus en plus, pour savoir si le type est fou… ou alors s’il n’est pas plutôt un génie, et un fin stratège. Mais ça je pense que c’est un questionnement tout à fait normal, quand ON n’y comprend rien. ON a toujours besoin de trouver une explication, même au grand n’importe quoi.
– « Dans ces temps troublés, il est rassurant de croire qu’un plan rationnel, même déplaisant, est à l’œuvre. Le plus déstabilisant serait de réaliser qu’il n’y a aucune stratégie, seulement l’hubris et l’égotisme d’un individu. »
( Donald Trump, la stratégie de l’hubris – Le Monde 10 avril 2025 )
– « Je regardais le marché des obligations, c’était très délicat, a expliqué Donald Trump.
Si vous regardez maintenant, c’est magnifique. […] Qui aurait pu penser qu’on aurait un tel record ? » (Trump)
– Bourse : « C’est louche »… Donald Trump a-t-il commis le plus grand délit d’initié de l’Histoire ? (20minutes.fr 10/04/2025)
– Elon Musk traite publiquement de « crétin » Peter Navarro, le conseiller économique de Donald Trump (lemonde.fr 08 avril 2025)
Le porte-parole du ministère des affaires étrangères chinois, Lin Jian :
« Pour le bien-être des Chinois et des peuples du monde, pour l’équité et la justice de l’ordre mondial, la Chine ne pliera jamais sous la pression maximale des Etats-Unis. Donnez un doigt à la brute, elle vous prendra le bras. Si les Etats-Unis souhaitent réellement entamer des pourparlers, ils doivent cesser leur comportement capricieux et destructeur »…
La Chine a répondu aux attaques de Donald Trump, qui avait augmenté les droits de douane sur les produits chinois, en portant de son côté à 125 % ses surtaxes sur les produits américains.
– « Pour le bien-être des Chinois et des peuples du monde, pour l’équité et la justice de l’ordre mondial, la Chine ne pliera jamais sous la pression maximale des Etats-Unis. Donnez un doigt à la brute, elle vous prendra le bras. »…
C’est joli, et c’est bien dit. Ce serait encore plus joli si la Chine tenait le même langage à la Russie.
Ah pour une fois nous sommes d’accord, il ne faut pas que la critique juste des « folies » de Donald Trump nous fasse oublier qu’en face, Chine et Russie sont des dictatures. Dans 4 ans Trump ne sera plus président, les américains auront le droit de choisir. je crains qu’il n’en soit pas de même en Russie et en Chine.
Tout à fait. Sur le bien-être des Chinois et des peuples du monde… la Chine ferait mieux de se taire.
DT a eu le temps de préparer son plan d’ attaque en 4 ans
qui consiste en des attaques frontales destinées à tester les réactions des pays concernés (UE – Chine ) puis à reculer si la contre attaque est rude Staline disait » si l’ on vous oppose la boue (UE) ,avancez mais si l’ on vous oppose le fer (Chine) , reculez ».
Je conteste le terme folies : DT est un homme d’ affaires malgré ses attitudes matamoresques et bourrines , il sait donc comment manoeuvrer ses concurrents et profiter de leurs faiblesses