De la difficulté d’être écolo dans un parti écologiste

La sénatrice Marie-Christine Blandin, qui a contribué à fonder le parti écologiste en 1984, a quitté EELV : « Ma décision a été bien mûrie face à une grande lassitude par rapport à un jeu politicien fatigant. » Elle explique « ne plus se retrouver dans un parti écolo qui oublie souvent faune, flore et écosystèmes, et qui a remplacé les souvenirs des sit-in par les applaudissements aux opérations militaires, et la convivialité par un antiparlementarisme montant… Je ne me retrouve plus dans l’exacerbation des invectives sur les listes, dans des volte-face de postures entre complaisance et radicalité, dans des congrès où les affrontements et fusion après jeux de rôle se préparent des mois à l’avance, où le hasard d’un talent n’aura plus la chance d’émerger s’il n’est pas dans le bon courant » ». En fait Marie-Christine, qui avait obtenu son poste de sénatrice grâce à l’alliance contre-nature avec le parti socialiste, regrette surtout que les écologistes aient choisi de ne pas faire de listes communes avec les socialistes pour les prochaines sénatoriales de septembre.

Mme Blandin est un exemple significatif d’un(e) écologiste devenu(e) un(e) apparatchik avec le goût du pouvoir qui va avec. Or on ne peut faire de l’écologie avec un PS qui reste fondamentalement croissanciste et productiviste. Il y a à l’intérieur du parti écolo une tendance au radicalisme qui mérite d’être mieux connue. Voici quelques extraits de son dernier texte qui montre qu’il y a actuellement cassure entre les écolo institutionnels et ceux qui estiment qu’il faut vraiment changer de société :

« Restaurons l’écologie à EELV !

La concentration en CO2 dans l’hémisphère nord a atteint 400 ppm le 26 mai 2014, un taux critique qui annonce de façon probable un réchauffement global supérieur à 2° au cours de ce siècle. Malgré cette alerte inquiétante, l’aveuglement de nos sociétés persiste, incapables, comme des lapins éblouis, de faire l’indispensable bond de côté pour éviter l’écrasement… L’idéologie dominante nie la finitude de la planète, la raréfaction des ressources fossiles, la déplétion énergétique, les réfugiés climatiques, les émeutes de la faim, la question démographique,… et, finalement, est incapable d’anticiper un probable effondrement économique et social… Notre « mode de vie » ne semble négociable pour personne, y-compris pour EELV qui développe un discours antiproductiviste sans avoir le courage de promouvoir un modèle de prospérité sans croissance.

En faisant le choix de s’associer, par principe, avec le Parti Socialiste sur la base d’accords politiques « réformistes », EELV a pris place à bord du navire social démocrate qui s’accommode de l’alternance au détriment de l’alternative. Cette stratégie n’a produit aucun impact sur la trajectoire mortifère de nos sociétés, ni sur la logique gestionnaire productiviste et libérale dont le PS est depuis 1981 un des meilleurs garants. Pouvons-nous encore être dupes des stratèges internes à notre parti qui refusent Valls après avoir soutenu Ayrault, se vantent d’avoir pris les canots de sauvetage pour ne pas participer au naufrage ? Comment croire celles et ceux qui, lorsqu’ils étaient à bord, défendaient avec ferveur l’urgente nécessité de faire « pression » et qui, à l’occasion d’un changement de quart ont préféré quitter le navire au seul motif inavoué de reprendre en main une base militante davantage soucieuse de l’autonomie que des alliances pour des postes. Ce constat nous oblige à repenser notre utilité en tant que parti, et notre raison d’être en tant qu’écologistes.

Œuvrons dès à présent, au sein même de notre parti, à sa transformation :

Si vous pensez que…

•    préserver la nature n’est pas la maladie infantile de l’écologie, mais la source de nos fondements et de notre projet.

•    le parti de l’écologie ne peut-être un parti comme les autres car « il nous faut d’abord être le changement que nous voulons pour le Monde »(Gandhi).

•    les seuls scénarios sérieux, écolos et pourvoyeurs de solutions résident dans la sobriété, dans les changements de comportements, dans une économie relocalisée

 … nous vous invitons à signer cet appel. »

(cf. texte complet de cet appel)