Débat sur la peine de mort : midazolam ou thiopental !?

La mort est le seul élément qui touche la totalité des humains sans exception. Alors pourquoi accorder tant d’importance à l’abolition de la peine de mort, décision qui va à l’encontre de notre lot commun… et de la constitution américaine. La Cour suprême vient de confirmer la validité de l’injection létale*. LE MONDE qui a toujours pris parti pour les abolitionnistes parle d’un « mauvais choix » dans son éditorial**.

Les arguments ne volent pas bien haut d’un côté et de l’autre. Les juges ont estimé que les plaignants (quatre condamnés à mort) n’avaient pas apporté de manière convaincante la preuve que le midazolam n’était pas suffisamment efficace pour empêcher la douleur. Pour LE MONDE, la haute instance a jugé « constitutionnelles » les exécutions par injection létale, « malgré le calvaire qu’ont eu à subir récemment plusieurs condamnés à mort, victimes d’un « cocktail » létal inadapté, administré par des bourreaux n’ayant qu’une formation médicale rudimentaire. » L’ensemble de la décision compte 127 pages, tout ça pour estimer que les « opposants à la peine de mort, en empêchant l’accès des détenus à des produits plus fiables, portaient en fait la responsabilité de la cruauté infligée aux détenus ». LE MONDE fait aussi une fixation sur le produit : « Le midazolam ne garantit pas l’endormissement total sans lequel le condamné encourt de terribles douleurs lorsqu’on lui injecte le second produit, qui paralyse le cœur.« 

Il paraît extraordinaire que le « fond » d’un débat censé porter sur la peine de mort se résume en fait à des considérations sur l’inefficacité ou non des substances qui donnent la paix éternelle alors qu’en Suisse on peut mourir de ses propres mains en buvant soi-même une potion non magique qui fait partir en douceur et rapidement. Qui pourrait expliquer ce paradoxe ? L’éditorial du MONDE l’avoue : « Les Européens, en refusant de vendre des barbituriques comme le thiopental aux fins d’exécution, ont réussi à paralyser la machine à exécution pendant plusieurs années. » Cela montre qu’aujourdh’ui on s’empêche de réfléchir au fond, dans ce domaine comme en bien d’autres…

* LE MONDE du 1er juillet 2015, Etats-Unis : la Cour suprême confirme la validité de l’injection létale

**LE MONDE 1er juillet 2015, Peine de mort aux Etats-Unis : le mauvais choix des juges