Défendre la nature, NON. Défendre les territoires, OUI.

Bruno Latour accuse LE MONDE* : « Dans les pages « Planète », vous multipliez les alertes par les scientifiques. Un jour, ce sont les insectes ; un autre jour, ce sont les sols qui disparaissent ; ensuite, c’est la disparition du trait de côte. Et dans les pages « Politique », il ne se passe rien, ou pas grand-chose. »

Bruno Latour accuse les politiques : « Aujourd’hui, ce sont les scientifiques qui s’angoissent, qui alertent, et ce sont les politiques qui restent froids comme des concombres. Ce qui rend fou, c’est la déconnexion entre l’ampleur des avertissements et l’impuissance d’en faire de l’action politique à la bonne échelle. »

Bruno Latour envisage une solution : «  Si je vous dis : « Votre territoire est attaqué », vous êtes tout feu tout flamme pour le défendre. La différence est énorme dans les réactions suscitées entre défendre la nature et défendre son territoire. »

Bruno Latour cerne la difficulté : « Le problème, c’est que nous n’avons à peu près aucune idée de ce qu’est le territoire. Si bien que l’agriculteur intensif déteste les écologistes tout en assistant à la disparition de son sol. »

Bruno Latour acte la conséquence : « Faute d’une terre assez vaste pour contenir tous les rêves de modernisation, brusquement, dans tous les pays à la fois, voilà que l’on prétend revenir aux frontières des anciens territoires nationaux. »

Bruno Latour accuse l’extrême droite : « S’il y a un piège dans lequel il ne faut pas tomber serait de choisir l’Etat-nation sans définition concrète d’un sol réel. Vous n’allez pas faire tenir la question du climat dans les frontières de l’Etat-nation.  »

Bruno Latour dépasse la contradictions : Je propose de faire coïncider les notions de territoire avec celle de « subsistance ». Un territoire, ce n’est pas une circonscription administrative, c’est ce qui vous permet de subsister. Et vous n’avez un territoire que si vous pouvez le visualiser pour le protéger et le défendre. Il ne s’agit ni de « renverser le capitalisme », ni de « sauver la planète ». Pour arriver à un résultat réel, il faut d’abord faire la liste des entités qui assurent votre subsistance. Si les partis ont quasiment disparu à gauche comme à droite, c’est parce qu’ils sont devenus incapables de décrire les conditions de subsistance, et donc les conflits de subsistance, de leurs mandants. Sans description préalable des conditions de vie, personne n’a d’idée particulière sur ce qu’il convient de faire. C’est tout ce processus que je nomme « retour au territoire ».

* LE MONDE du 22-23 juillet 2018, Etre nature (1/6). Pour le sociologue Bruno Latour, il est urgent de transformer les questions d’écologie en questions de territoire afin de sortir de la crise politique et environnementale.

NB : lire en complément cet interview de Bruno Latour sur Reporterre en novembre 2017

13 réflexions sur “Défendre la nature, NON. Défendre les territoires, OUI.”

  1. Jean-François

    Cher Biosphère,

    Si l’anonymat vous dérange, ne l’autorisez alors pas. L’anonymat est très pratique. merci de le garder.

    Si je n’argumente pas c’est pour 3 raisons:
    -1: on ne pourra jamais sur ce blog avoir une vraie discussion, se faire convaincre ou convaincre biosphere. Votre plateforme n’est que de l’entre soi, faites pour laisser vos traces.
    -2: parce que Latour ne croit pas lui non plus aux thèses argumentées mais à une cohérence faite vérité, une sorte de relativisme fumeux.
    -3: parce que lisez Latour. C’est tellement nul que tu ne peux même plus débattre contre. On dirait du Carlos Castaneda sans l’exotisme mais avec des idées de tous les jours (bien plus dangereux donc)

    Sérieusement, avez-vous lu ses mots? exemple là il dit parce que le vivant disparait sur Terre, c’est preuve que la Terre a disparu. !!!??? et bien non. si le vivant disparait, c’est juste la preuve que le vivant disparait et que justement seule la terre, seule donc, reste. Comment sérieusement lire ou argumenter sur Latour. Et puis encore plus sérieusement, Latour est un chercheur qui a cherché toute sa carrière sur le sens de notre monde et qui n’a pas même su voir l’effindrement en cours (malgré 1. l’effondrement en cours et 2. les alertes vieilles d’il y a maintenant 3 ou 4 générations!!!). Et maintenant il sort de la retraite pour sauver son petit-fils comme il dit. Non mais sérieux. Il regardait où avant. Il regardait comment pour pas voir le probleme avant, pour ne pas voir la catastrophe qui pourtant sautait aux yeu . Ce genre de paradoxe ne vous met pas la puce à l’oreille sur le genre de fraude que Latour est? Il comprend même pas Gaia et utilise ce concept n’importe comment, dans un sens puis dans l’autre, disant tout et son contraire…

    cher biosphère, je sais qu’il ne sert à rien d’argumenter contre les choses. on ne peut convaincre personne. Merci pour l’anonymat.

  2. Jean-François

    Cher Biosphère,

    Si l’anonymat vous dérange, ne l’autorisez alors pas. L’anonymat est très pratique. merci de le garder.

    Si je n’argumente pas c’est pour 3 raisons:
    -1: on ne pourra jamais sur ce blog avoir une vraie discussion, se faire convaincre ou convaincre biosphere. Votre plateforme n’est que de l’entre soi, faites pour laisser vos traces.
    -2: parce que Latour ne croit pas lui non plus aux thèses argumentées mais à une cohérence faite vérité, une sorte de relativisme fumeux.
    -3: parce que lisez Latour. C’est tellement nul que tu ne peux même plus débattre contre. On dirait du Carlos Castaneda sans l’exotisme mais avec des idées de tous les jours (bien plus dangereux donc)

    Sérieusement, avez-vous lu ses mots? exemple là il dit parce que le vivant disparait sur Terre, c’est preuve que la Terre a disparu. !!!??? et bien non. si le vivant disparait, c’est juste la preuve que le vivant disparait et que justement seule la terre, seule donc, reste. Comment sérieusement lire ou argumenter sur Latour. Et puis encore plus sérieusement, Latour est un chercheur qui a cherché toute sa carrière sur le sens de notre monde et qui n’a pas même su voir l’effindrement en cours (malgré 1. l’effondrement en cours et 2. les alertes vieilles d’il y a maintenant 3 ou 4 générations!!!). Et maintenant il sort de la retraite pour sauver son petit-fils comme il dit. Non mais sérieux. Il regardait où avant. Il regardait comment pour pas voir le probleme avant, pour ne pas voir la catastrophe qui pourtant sautait aux yeu . Ce genre de paradoxe ne vous met pas la puce à l’oreille sur le genre de fraude que Latour est? Il comprend même pas Gaia et utilise ce concept n’importe comment, dans un sens puis dans l’autre, disant tout et son contraire…

    cher biosphère, je sais qu’il ne sert à rien d’argumenter contre les choses. on ne peut convaincre personne. Merci pour l’anonymat.

    1. Si on ne peut convaincre parfaitement, on peut tout au moins essayer de s’expliquer calmement…
      C’est ce que vous faites par votre réponse, merci à vous cher « Jean-François ».

  3. Jean-François

    Non mais écoutez-vous Biosphère! « espace biophysique »! Arrétez de lire Latour, cela devient grotesque. Je viens de lire son twitter. Il est juste ridicule de non sens.

    1. Nous constatons que vos deux commentaires se contentent d’accusations gratuites car non argumentées, attention Jean-François au point Godwin… Quand vous écriviez sous le pseudo « Gilles », vous aviez su émettre des analyses plus détaillées !

  4. Jean-François

    Non mais écoutez-vous Biosphère! « espace biophysique »! Arrétez de lire Latour, cela devient grotesque. Je viens de lire son twitter. Il est juste ridicule de non sens.

    1. Nous constatons que vos deux commentaires se contentent d’accusations gratuites car non argumentées, attention Jean-François au point Godwin… Quand vous écriviez sous le pseudo « Gilles », vous aviez su émettre des analyses plus détaillées !

  5. Jean-François

    Bruno Latour raconte n’importe quoi et son contraire. Il est incompréhensible et ne sert à rien en écologie. Ce concept de territoire est nul.

    1. Jean-François, le territoire constitue ce qui permet des relations communautaires de proximité. Cette notion est bien plus crédible que l’espace national, une entité géographique artificielle historiquement construite. Ce que nous regrettons, c’est que Bruno Latour ne fasse pas référence aux communautés de résilience, dite aussi villes en transition, où dans un espace biophysique bien déterminé on essaye de tendre à autonomie alimentaire et énergique, par exemple en reconstruisant les ceintures vivrières autour des villes…

  6. Jean-François

    Bruno Latour raconte n’importe quoi et son contraire. Il est incompréhensible et ne sert à rien en écologie. Ce concept de territoire est nul.

    1. Jean-François, le territoire constitue ce qui permet des relations communautaires de proximité. Cette notion est bien plus crédible que l’espace national, une entité géographique artificielle historiquement construite. Ce que nous regrettons, c’est que Bruno Latour ne fasse pas référence aux communautés de résilience, dite aussi villes en transition, où dans un espace biophysique bien déterminé on essaye de tendre à autonomie alimentaire et énergique, par exemple en reconstruisant les ceintures vivrières autour des villes…

  7. Voilà un point de vue très intéressant, je parle bien entendu de celui de Bruno Latour. Ce point de vue ratisse large, il ne se focalise pas sur tel ou tel problème. À mon humble avis, c’est la lecture de ce genre d’interview (Bruno Latour sur Reporterre en novembre 2017) qui pourrait provoquer le déclic, du moins chez certains.

    Cette idée de faire coïncider les notions de territoire avec celle de subsistance, afin de transformer les questions d’écologie en questions de territoire, est très intéressante. Bruno Latour dit : « Défendre la nature : on bâille. Défendre les territoires : on se bouge». Et c’est vrai, on peut en rire ou en pleurer, c’est ainsi. Demandons-nous alors pourquoi.
    Je ne peux qu’être entièrement d’accord avec lui quand il dit : «L’écologie, c’est parler de tous les sujets ! Et pour cela, il faut reprendre toutes les questions classiques. Qu’est-ce que l’économie ? Qu’est-ce que l’histoire ? Qu’est-ce que les sciences ? » etc.
    En quelque sorte Bruno Latour nous dit que nous devons réfléchir… que nous devons revoir les concepts qui sont à la base de nos réflexions. Déjà celui de « nature », qui immanquablement nous renvoie au « religieux », et au (et à la) « politique ». Ce n’est ni plus ni moins que de « décolonisation des imaginaires » dont parle ici Bruno Latour. Nous savons bien qu’il s’agit là d’un sacré boulot, et puis que réfléchir ça fait mal à la tête… mais nous devons le faire ! Bruno Latour se disant chrétien, peut-être serait-il d’accord avec moi pour dire qu’il s’agit là d’un devoir.

    Il nous reste alors à « faire alliance » … à oeuvrer à cette « intégration » qui incluerait des libéraux , des néolibéraux, des populistes. Bruno Latour est lucide, il voit bien la difficulté, notamment dans la communication. Il dit : «Allez dire aux électeurs du Front national (etc.) …avouez que c’est compliqué comme négociation. »
    En effet c’est compliqué, c’est le moins qu’on puisse dire. J’aurai tendance à dire que cela relève même de la mission impossible, mais cela n’engage que moi. Comme quand il s’agira d’ « aller discuter avec les patrons et les cadres supérieurs du CAC40 pour leur dire qu’il faut qu’ils arrêtent de chercher la croissance. Et qu’il faudrait qu’ils divisent leurs revenus par cinq ! » Je veux bien essayer… mais je préfère laisser ce genre de discussions à d’autres, bien plus diplomates et patients que moi. Je reconnais mes limites en ces domaines.

    Je partage sa conclusion : « La question est de savoir si l’on est capable de décrire cette nouvelle Terre, de se déplacer vers elle et de s’y adapter. »

  8. Voilà un point de vue très intéressant, je parle bien entendu de celui de Bruno Latour. Ce point de vue ratisse large, il ne se focalise pas sur tel ou tel problème. À mon humble avis, c’est la lecture de ce genre d’interview (Bruno Latour sur Reporterre en novembre 2017) qui pourrait provoquer le déclic, du moins chez certains.

    Cette idée de faire coïncider les notions de territoire avec celle de subsistance, afin de transformer les questions d’écologie en questions de territoire, est très intéressante. Bruno Latour dit : « Défendre la nature : on bâille. Défendre les territoires : on se bouge». Et c’est vrai, on peut en rire ou en pleurer, c’est ainsi. Demandons-nous alors pourquoi.
    Je ne peux qu’être entièrement d’accord avec lui quand il dit : «L’écologie, c’est parler de tous les sujets ! Et pour cela, il faut reprendre toutes les questions classiques. Qu’est-ce que l’économie ? Qu’est-ce que l’histoire ? Qu’est-ce que les sciences ? » etc.
    En quelque sorte Bruno Latour nous dit que nous devons réfléchir… que nous devons revoir les concepts qui sont à la base de nos réflexions. Déjà celui de « nature », qui immanquablement nous renvoie au « religieux », et au (et à la) « politique ». Ce n’est ni plus ni moins que de « décolonisation des imaginaires » dont parle ici Bruno Latour. Nous savons bien qu’il s’agit là d’un sacré boulot, et puis que réfléchir ça fait mal à la tête… mais nous devons le faire ! Bruno Latour se disant chrétien, peut-être serait-il d’accord avec moi pour dire qu’il s’agit là d’un devoir.

    Il nous reste alors à « faire alliance » … à oeuvrer à cette « intégration » qui incluerait des libéraux , des néolibéraux, des populistes. Bruno Latour est lucide, il voit bien la difficulté, notamment dans la communication. Il dit : «Allez dire aux électeurs du Front national (etc.) …avouez que c’est compliqué comme négociation. »
    En effet c’est compliqué, c’est le moins qu’on puisse dire. J’aurai tendance à dire que cela relève même de la mission impossible, mais cela n’engage que moi. Comme quand il s’agira d’ « aller discuter avec les patrons et les cadres supérieurs du CAC40 pour leur dire qu’il faut qu’ils arrêtent de chercher la croissance. Et qu’il faudrait qu’ils divisent leurs revenus par cinq ! » Je veux bien essayer… mais je préfère laisser ce genre de discussions à d’autres, bien plus diplomates et patients que moi. Je reconnais mes limites en ces domaines.

    Je partage sa conclusion : « La question est de savoir si l’on est capable de décrire cette nouvelle Terre, de se déplacer vers elle et de s’y adapter. »

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