Delphine Batho : décroissance démographique ?

La question démographique n’a tenu qu’une minuscule place dans la conférence débat menée par Delphine Batho devant l’institut Momentum. Voici ci-dessous les seuls éléments qui apparemment en émergent.

Loïs M. : Question rapportée : la décroissance que vous portez, Delphine Batho, est-elle aussi liée à la démographie ? Et si oui, de quelle manière ? Le rôle du devoir moral de mobilisation semble être une piste intéressante pour fonder l’engagement responsable dans notre époque où l’avenir est si obscur qu’il ne laisse plus aucune lueur d’espoir éclairer l’horizon.

Delphine Batho : Je n’ai pas assez réfléchi à cette question d’un point de vue théorique, mais je pratique déjà un discours de responsabilité. Toutefois, le registre moral n’est pas suffisant. Pour entraîner, il faut mobiliser sur un nouvel imaginaire et une autre vision de l’avenir. Or, ici, nous nous attaquons à une religion. La prégnance de la croissance est de l’ordre du mythe et du religieux. En ce qui concerne la démographie, ce sujet peut être instrumentalisé par certaines forces politiques afin d’occulter la question des responsabilités et des inégalités. C’est d’abord un problème de modes de vie destructeurs. La maîtrise de la croissance démographique passe à mes yeux par le féminisme : l’émancipation des femmes, l’accès à l’éducation, au travail, à la contraception, à l’avortement, à l’égalité sociale et politique. La démographie n’est ni un sujet à esquiver ni un tabou, mais il doit être situé sa juste place.

Mon commentaire : Sur le chemin de la révélation, Delphine Batho met déjà une réponse à la question démographique, ce qui n’est le cas des autres politiciens pour qui le malthusianisme reste un tabou. Son analyse d’un lien entre la baisse de la démographie et l’émancipation des femmes n’est pas idiote et signifie que le sujet lui parle malgré tout. Mais la route est longue, même si quelques réverbères s’allument par ci par là… J’ai commencé lundi dernier un emploi dans le milieu hospitalier de l’aide à l’enfance, dans une structure qui prend en charge les enfants nés dans des familles défaillantes… Autant vous dire que ça confirme mes choix philosophiques de responsabiliser la population sur l’impasse de faire des enfants pour faire des enfants ! C’est triste en premier lieu pour les mômes, mais quand je vois la quantité de personnel et de structures que ça implique pour « rattraper le coup », je vois bien que c’est du raté pour toute la société

Pour en savoir plus, Message pour Delphine Batho, la décroissante

10 réflexions sur “Delphine Batho : décroissance démographique ?”

  1. Esprit critique

    En lissant le résumé des discussions à l’institut Momentum je vois que le sujet de la démographie a donc été amené par Loïc M ( Question rapportée ? )
    Delphine Batho a répondu, certes brièvement, mais pour moi elle a dit l’essentiel.
    La décroissance est un vaste sujet, tout est lié, ces discussions ne pouvaient donc être que très intéressantes. Yves C a évoqué l’importance de mots, il a parlé de Marx, et aussi de Bruno Latour, de cette notion de prospérité sans croissance… il y aurait tant à dire. Comment faire pour «vendre» la décroissance, tout le problème est là.

    1. Esprit critique

      Alain G a abordé la question de l’énergie, plus particulièrement celle de l’électricité.
      Delphine B a clairement donné l’ordre des priorités. Plus loin Thierry C évoque les retraites, les services public etc. pour essayer de vendre quelques EPR. Parlant des questions relatives au risques, Delphine B lui répond : «elles ne peuvent pas être balayées de la main.»
      Delphine Batho connait certainement bien les questions liées à l’énergies. Par contre sur la question démographique, elle dit : «Je n’ai pas assez réfléchi à cette question d’un point de vue théorique, mais je pratique déjà un discours de responsabilité.»
      La théorie c’est une chose, la responsabilité en est une autre.

      1. En attendant, pour moi, si nous tenons à avoir un discours de responsabilité… alors, exactement comme avec les risques liés au nucléaire, les questions sur les risques liés à l’instrumentalisation par certains de la question démographique ne peuvent pas être balayées de la main.

  2. Didier BARTHES

    Mais Michel C arrêtez ces sous entendu sur les liens des malthusiens avec certaines idéologies, ils sont particulièrement injustes
    Parmi les natalistes on trouvait les nazis et les communistes,
    Parmi les antinatalistes on trouve Yves Cochet, Michel Sourrouille, Antoine Waechter, Claude Levi-Strauss, Bergson, Einstein, sont-ce des gens infréquentables ?
    En tout cas moi je suis fier d’être de leur avis, plutôt que de celui de Staline, Mao (qui fut hyper nataliste avant que la réalité oblige la chine à tourner durement casaque tant elle avait fait de dégâts), Hitler… en réalité toutes les dictatures. Pourquoi manifestement vous attaquez vous bien prioritairement aux malthusiens plutôt qu’à ces dictateurs ?

    1. – « Pourquoi manifestement vous attaquez vous bien prioritairement aux malthusiens plutôt qu’à ces dictateurs ? »

      Celle là c’est la meilleure ! Aller dire, ou sous-entendre, que je serais du côté des pires salopards de l’Histoire… mon cher Didier êtes-vous sérieux ? J’espère pour vous faites mieux lors de vos meeting. Je me vois donc encore une fois obligé de vous renvoyer la Baballe. Vous ne serez pas surpris, celle-là vous la connaissez.
      Pourquoi manifestement vous attaquez-vous bien prioritairement aux zantimalthusiens plutôt qu’à ces misérables fachos, racistes, etc. ? Pourquoi tant d’énergie pour essayer de me clouer le bec et autant de complaisance envers certains (qui se reconnaîtront) ?

      1. Didier BARTHES

        Quelle mauvaise foi dans la lecture de mes propos Michel C.
        Je n’ai jamais dit que vous souteniez les dictatures (que vous étiez « du côté des pires salopards de l’histoire » pour reprendre vos propos exacts). J’ai dit que vous attaquiez systématiquement les malthusiens en les soupçonnant d’accointance avec des idéologies peu sympathiques.
        Or, il se trouve que les idéologies peu sympatriques et tous les autoritarismes du monde, étaient précisément antimalthusiens.
        C’est pourquoi vos critiques étaient injustes et infondées, c’est ce que j’ai voulu souligner, mais encore une fois je n’ai jamais dit que vous défendiez ces dictatures. M’en accuser et me faire dire autre chose est bien pratique pour éviter le fond de l’affaire mais… pas très honnête.

      2. Dit comme ça je préfère, vous ne me soupçonnez donc pas de soutenir telle ou telle dictature, OK. Ceci dit vous savez très bien de quoi je parle.
        Vous ne pouvez pas nier les liens entre malthusianisme et eugénisme. Ni les risques liés à l’instrumentalisation de ce sujet par certaines forces politiques.
        Je rappelle que suis d’accord avec Vincent Cheynet lorsqu’il parle de «débat miné». Et lorsqu’il évoque «le caractère pathologique» de la démarche de certains militants pour la réduction de la population humaine. Nous en avons d’ailleurs ici un spécimen, vous lisez comme moi tout ce qu’il peut vomir comme insanités. Je vous redis que votre complaisance à son égard me gène énormément. Et que ce sujet ne nous avance finalement à rien, surtout de bon.

      3. En attendant, je pense que nous ferions mieux d’essayer de trouver un discours, une histoire… susceptible de rendre la Décroissance désirable.
        Ou vendable, si vous préférez. Peu m’importe qu’on l’appelle «décroissance» ou «prospérité sans croissance»… pourvu que ce soit celle de la joie de vivre. Pas celle des tristes sires en tous cas.

  3. Il y a tout juste quelques jours Delphine nous posait un problème («le problème, c’est qu’elle occulte complètement l’idée de décroissance démographique.» Biosphère se devait alors de lui adresser un message («Message pour Delphine Batho, la décroissante»). Comme par miracle, le message a été entendu. Enfin le Sujet Tabou s’est invité à l’institut Momentum !
    « Enfin ! J’ai enfin mis un mot sur ce que je ressens »… comme dit Delphine, dans la synthèse rédigée par Loïs Mallet. Et Delphine, sommée donc de répondre.
    Et finalement on est assez content du résultat. Et moi le premier.

    1. Suivons Delphine !

      Déjà c’est très gentil, ça, de ne pas la prendre pour une idiote. De penser que «le sujet lui parle malgré tout», qu’elle a probablement entendu parler de Malthus, et des malthusiens. Ainsi que de leurs liens avec certaines idéologies. Elle a raison Delphine de dire que ce sujet peut être instrumentalisé par certaines forces politiques. Mais faisons comme si on n’avait rien entendu. Retenons seulement que pour elle ça passe par le féminisme.
      C‘est vrai ça que c’est pas idiot, fallait y penser. Seulement voilà, déjà il y a féminisme ET féminisme. Et puis quand les histoires de femmes prennent trop de place dans les débats et les «débats» ça ne va pas non plus. Mon dieu que c’est laborieux tout ça !
      Mais on avance on avance. Bien sûr la Route est longue, mais désormais nous avons une charmante femme pour allumer les réverbères du «peuple écolo en formation».
      En attendant, Delphine est sur le Bon Chemin. Celui de la Révélation. 🙂

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