Demain l’écologisme sera la religion commune

Pour qu’un groupe conserve une cohésion interne il ne doit pas dépasser 150 individus. Comment faire au-delà alors qu’un pays comme la Chine compte par exemple plus de 1,4 milliards d’habitants ? Il s’agit d’instaurer une histoire commune, une fiction qui va servir de mythe fédérateur. Nous avons donc inventé des récits comme la Bible, imaginé des sauveurs suprêmes comme Jésus Christ ou Xi Jinping et mondialement imposé les lois du marché, la variation des prix entraînant comme par enchantement l’équilibre économique général. Nous nous dirigeons de plus en plus fermement aujourd’hui vers un nouveau mythe, l’écologisme, qu’on peut déjà rencontrer sous des expressions diverses comme la Terre-mère, Mère-nature, les esprits de la forêt, les droits de la nature et des animaux, le bio-centrisme ou l’écocentrisme, l’écologie profonde, le culte de Gaïa, etc. La difficulté n’est pas de raconter des histoires, mais de convaincre les autres d’y croire.

En fait un mythe prend racine quand il correspond à une réalité en train de se forger socialement. Il répond à un besoin. Le succès du message christique tient au fait qu’il a ouvert le dieu des Juifs à toutes les autres personnes sur terre, maîtres ou esclaves. Les constructions nationales au XIXe siècle ont été inventées pour essayer de stabiliser les frontières terrestres entre peuples qui se croyaient différents. Les Nations unies ont été créés sur les cendres de la société des nations pour dépasser l’échec sanglant de la deuxième guerre mondiale. Le libéralisme économique est un système qui fait croire qu’on peut encore maîtriser l’afflux incessant de toutes sortes de biens et de services en monétisant les relations interhumaines. Toutes ces fictions issues de notre imaginaire collectif correspondaient à une nécessité historique. Aujourd’hui les chocs écologiques deviennent une réalité objective de mieux en mieux présentée par les médias et donc de plus en plus intégrée culturellement par de plus en plus de gens. Si tout se passe sans trop de mal, le culte de la Terre-mère va se développer tout au cours du XXIe siècle pour tenir compte de la perte de biodiversité, de la raréfaction des ressources essentielles, de la surpopulation étouffante et de la pollution généralisée.

Toute politique, au sens d’organisation de la cité, renvoie à un ensemble de prémisses fondamentales sur ce que sont le monde, le réel, la vie, donc à une ontologie (une métaphysique) qui formate nos croyances. La politique nous ramène donc à des conceptions religieuses au sens de « ce qui nous relie » et fait société. Et toute religion est une construction sociale élaborée pour résoudre un problème. Il semble dorénavant que le drapeau « écologisme » se suffit à lui-même, il signifie que nous voulons nous relier à notre maisons commune, qui est à la fois notre maisonnée, la société et de façon plus globale la Terre entière. Mais l’écologisme connaîtra de dures controverses au cours du XXIe siècle, mélangeant connaissances scientifiques, contraintes socio-économiques et interprétations philosophiques. L’écologie politique connaîtra ses conciles, synodes et bien d’autres encycliques dans les siècles des siècles à venir ! Il ne faut jamais oublier que le risque de toute spiritualité, ce sont les extrémismes qui ne veulent pas s’exprimer dans le cadre d’une délibération démocratique qui tient compte des acteurs absents, à savoir les générations futures et les non-humains.

Notre blog biosphere présente depuis longtemps cette rupture écologique qui pourra mettre un terme à l’anthropocentrisme dominant :

3 juin 2020, L’écologisme sera la religion du XXIe siècle

1er mars 2020, Biosphere-Info, écologisme et religions (synthèse)

18 février 2020, L’écologisme concurrence les religions

22 août 2019, Spiritualité, religion et écologie (Arturo Escobar)

25 juillet 2019, L’écologie a besoin d’une spiritualité (Satish Kumar)

15 avril 2019, Rejoignez notre Alliance des gardiens de Mère Nature

3 août 2018, Religion et écologie commencent à faire bon ménage

4 juillet 2018, La religion écologique n’est pas une religion

28 février 2015, Une religion pour la terre-mère est-elle dangereuse ?

21 septembre 2014, Religion catholique et écologie : comparaison papale

29 décembre 2009, notre Terre-mère Pachamama

16 septembre 2009, bien-être et religion

22 décembre 2008, quelle religion pour le XXIe siècle ?

Extraits : Nous avons absolument besoin d’un nouveau sermon sur la Montagne qui édicte de nouvelles règles pour tenter de vivre en bonne harmonie avec la Terre. La bible et le coran nous paraîtront désuets, inadaptés, mensongers ; nous préférerons lire dans le livre de la Nature. Les futurs croyants assimileront la Biosphère à la Création divine, et sa profanation sera condamnée. Certains parlent déjà sérieusement de crimes contre l’environnement. Car nos dieux, c’est  le lever du soleil qui apporte l’énergie de la vie aux plantes, l’eau qui ruisselle et étanche la soif de toutes les espèces, l’équilibre des écosystèmes…

21 réflexions sur “Demain l’écologisme sera la religion commune”

  1. Les écologistes, des mondialistes d’une gauche bobo: La nature n’est pas Dieu, même s’il faut protéger l’environnement, la faune et la flore, non pas adorer « Gaïa « au nom du réchauffement climatique! Les élites -des dieux?-au nom de la surpopulation veulent profiter seuls de LEUR terre, se fichent d’un peuple souffrant, ces pollueurs non essentiels. Quid du suicide des agriculteurs et bien d’autres avec la gestion du covid, des enfants !
    Il s’agit d’instaurer cette religion mondiale obligatoire -c’est la Conspiration du Verseau, le « Nouvel Age d’Or »en place de L’ère du Poisson, la foi chrétienne.
    La bible dit que le ciel et la terre passeront (Matt 24:34), Dieu les détruira non par l’eau (Noé)mais par le feu pour la recréer(Esaïe 65:17),.

  2. Bernard Durand

    Que la religion sera belle, à l’ombre des éoliennes, dont la cime touchera le Paradis

  3. Esprit critique

    – « Les partis politiques écologistes se sont appuyés sur des réflexions théoriques pour élaborer une idéologie, l’écologisme. Cette idéologie emprunte au socialisme un dirigisme étatique basé sur la fiscalité et la réglementation. Mais elle substitue à l’éden de la société sans classes le paradis de l’harmonie homme-nature.
    Le processus idéologique reste toujours le même puisqu’il est calqué sur l’éthique religieuse : promesse et menace, carotte et bâton, peur présente et récompense future. Si vous êtes écologiquement vertueux, votre avenir s’améliorera et celui de vos descendants sera assuré. Dans le cas contraire, les crises succéderont aux crises et d’inimaginables cataclysmes attendent vos enfants. Pour être dans le camp du bien, obéissez-nous.»
    https://www.contrepoints.org/2017/10/03/300154-3-dogmes-de-nouvelle-religion-ecologiste

    De mon point de vue, ce passage mérite réflexion. Y a t-il là une part de vérité, ou pas ?

    1. Esprit critique

      Autre point de vue, tout aussi intéressant que le précédent, celui de Jérôme Fourquet.
      Cette fois l’écologisme serait tout simplement un plagiat du catholicisme.

      – « L’écologie joue le rôle d’une nouvelle religion […] le discours écologiste suit le mode d’action du catholicisme et a les mêmes effets […]
      seul (le) discours religieux était jusqu’ici capable d’avoir un impact sur les comportements quotidiens, notamment sur l’alimentation, avec les catholiques et le maigre du vendredi, les musulmans et le halal, et les juifs et le casher. Le discours écologique l’a rejoint, avec des préceptes alimentaires très précis […] les références mobilisées par l’écologisme sont ainsi teintées de catholicisme […]
      Greta Thunberg est une sorte d’hybride entre Jeanne d’Arc et Bernadette Soubirous […] »

      https://alerte-environnement.fr/2019/10/15/lecologisme-une-nouvelle-religion-jerome-fourquet/

  4. Je pense qu’une religion se fonde sur une promesse. Je vois ça un peu comme la carotte qui sert à faire avancer l’âne. Elle repose sur l’idée de la récompense. En gros, si tu crois en Moi, si tu me sers bien, si tu te tiens bien droit etc. alors t’auras droit à la Récompense.
    Celle-ci peut-être promise ici bas, comme avec la religion du Pognon, qui comme on sait fait le Bonheur et blablabla. Ou alors «là-haut», après la mort, avec le Paradis, peuplé d’anges asexués, et d’une infinité de vierges affriolantes, il en faut pour tous les goûts.
    Mais attention ! Si au contraire t’es pas sage… si tu te tiens pas bien, si t’écoutes pas ton Maître et patati et patata, alors là c’est l’Enfer. Et là je te dis pas… BRRRR !!

    1. La Carotte peut être aussi la promesse d’une belle réincarnation, un truc dans le genre du recyclage. C’est bien connu, rien ne se perd tout se transforme etc. En attendant moi j’aimerais bien être réincarné en truite. Dans une réserve évidemment. Bref, dans ce domaine l’imagination humaine est sans limite.
      Ceci dit, demandons-nous ce que la religion de la Terre Mère (de Pacha-Gaïa etc.) nous promet de si formidable. Ici bas et maintenant, et/ou demain et ailleurs peu importe.

    2. Didier BARTHES

      Non ce n’est pas ça une religion, ça c’est l’idée que vous aimez vous en faire, une caricature, ainsi beaucoup plus facile à moquer.

      1. Allons allons Didier Barthès, ne voyez pas le Mal partout ! Satanas n’est pas le Diable. 🙂
        La Carotte est peut-être caricaturale, mais elle ne sert qu’à illustrer l’idée développée. À savoir celle de la récompense, et/ou de la promesse. Même si ce n’est pas seulement ça qui fait une religion, je pense qu’il va être difficile de démontrer qu’il n’y a pas aussi de ça dans le produit.
        Pour illustrer cette nouvelle idée, pensez à ce passage culte :
        – « Y’a d’la pomme ! Oui, y’en a aussi ! » (Les Tontons flingueurs)
        Le produit, la gnole, la came, l’opium («du peuple» comme disait Marx), ou encore la «névrose obsessionnelle» comme disait Freud, bref disons tout simplement la chose, entendue dans le sens philosophique.

      2. (suite) Selon vous (DIDIER BARTHES 30 AVRIL 2021 À 10:32) :
        – « … une religion, c’est autre chose, ça porte sur un autre domaine : l’existence au-delà du seul monde matériel, la raison d’être de l’Univers, la nature de l’âme et de la conscience.»
        Bien sûr. Et je dirais… oui, y’a aussi de ça ! Mais aussi ?
        Parce qu’il semblerait bien qu’il n’y ait pas que ça. Alors, sans faire dans la caricature, selon vous le foot est-il une religion ?
        Non non, je ne me moque pas, je suis très sérieux ! Eh oui, ça m’arrive aussi. 🙂

    3. Ça s’appelle les religions du dualisme, paradis/enfer, ça a pris source en Mésopotamie (-4000 à -3000 av JC) avec les Dieux Enki et Bilal, donc c’est antérieur au monothéisme (dieu unique), ça existait déjà au polythéisme (dieux multiples). Bref les 3 religions monothéistes ont simplement repris les mythologies sumériennes et akkadiennes, remises perpétuellement au goût du jour, mais les fondamentaux dualisme furent conservés.

      Si vous recherchez la toute première religion de l’histoire c’est le chamanisme qui était commun à toutes les civilisations sur tous les continents. Ensuite le chamanisme a d’abord décliné en Dieux anthropomorphes (dieu avec corps hybrides humain et animal) comme en Égypte ou en Mésopotamie ou en Gaule (Dieu cerf Cernunnos). Ensuite ce polythéisme a décliné en divers panthéons avec dieux représentés humainement (comme on le connait en Europe avec les panthéons grec et romain, scandinave, etc.)

    1. Salut FRITZ. Ben, je pense que vous avez tort.
      Parce que sur Biosphère, tous les jours il y a matière à réfléchir (et dieu sait que nous en avons besoin), et en même de temps de rigoler (idem). Et en plus, cerise sur le Cake, vous pouvez même vous défouler. Avec modération, dans la juste mesure etc. ça va de soi.
      Mais bon, comme dit Laspalès, c’est vous qui voyez ! 🙂

    2. Pourquoi ?
      On peut être en désaccord, j’ai moi même exprimé une idée différente de celle du titre, ça n’empêche pas de discuter.

  5. Michel Castaing

    La rubrique «spiritualités» de Biosphère est intéressante parce qu’elle apporte matière à réflexion. Et dieu sait (simple expression) que l’homme a besoin de spiritualité.
    Seulement là comme ailleurs, faisons attention de ne pas en rajouter à la confusion. Sur ce sujet, intéressant et passionnant, le «point de vue des écologistes» (de Biosphère) me semble évoluer. Dans quel sens, je n’en sais trop rien.
    – 28 février 2015, Une religion pour la terre-mère est-elle dangereuse ?
    – 4 juillet 2018, La religion écologique n’est pas une religion
    – 25 juillet 2019, L’écologie a besoin d’une spiritualité (Satish Kumar
    – 18 février 2020, L’écologisme concurrence les religions
    – 3 juin 2020, L’écologisme sera la religion du XXIe siècle
    – 30 avril 2021 : Demain l’écologisme sera la religion commune

    1. Michel Castaing

      Je disais encore hier qu’avec le temps les mentalités (points de vue) changent, parfois dans le bon sens, mais souvent hélas dans le mauvais. Nous avons souvent parlé du problème de la grande Confusion (grand n’importe quoi), qui fait qu’aujourd’hui on ne sait plus où sont la gauche et la droite, le vrai le faux, une vessie une lanterne etc.

      – « Il ne faut jamais oublier que le risque de toute spiritualité, ce sont les extrémismes qui ne veulent pas s’exprimer dans le cadre d’une délibération démocratique » (Biosphère)
      La spiritualité ce n’est pas la ou une religion. Nous avons déjà parlé des difficultés à définir le mot «religion». Ce qui mène aux extrémismes ce n’est pas la spiritualité, c’est tout simplement le dogmatisme. Et en effet, la religion peut mener au dogmatisme.

    2. Appelons un chat un chat. L’écologisme (appelé à tort «écologie») est une doctrine, une idéologie (système d’idées), autrement dit un courant de pensée. L’écologisme peut donc en effet se transformer en religion.
      – « Le dogmatisme est le caractère de doctrines qui présentent leurs affirmations comme des vérités fondamentales, incontestables et intangibles, sans esprit critique. Le plus souvent dans le domaine politique ou religieux (dogmes), ces doctrines peuvent, dans certains cas, être imposées par la force. (définition Toupie.org)

    3. – « Pour qu’un groupe conserve une cohésion interne il ne doit pas dépasser 150 individus.» (Biosphère)
      Serait-ce là une loi de la nature ? Ou alors un dogme, peut-être ?
      Comment se fait-il alors qu’un groupe de plusieurs milliers d’individus puisse être en pleine communion autour d’un ballon, rond ou ovale ? La religion de la Pacha, de Gaïa, de Greta, de Saint Nicolas etc. vaut-elle finalement mieux que celle du Ballon Rond (ou ovale) ?
      PS. Je rappelle que je suis agnostique. 😉

      1. Une communion autour d’un ballon ? Mouais je dirais plutôt le festivisme autour du ballon (avec quelques trouble-fête comme les hooligans). Bref c’est plus un spectacle festif qu’une communion…

        1. Bon d’accord, si tu tiens absolument à chipoter, remplace le ballon par les soldes, par exemple. Quoique. Là aussi tu vas me dire que quand on les voit se marcher dessus, se battre pour un fringue ou un gadget, que ça ressemble plus à du grand n’importe quoi qu’à une communion. Certes. Oublions alors la consommation et le ballon, c’est vrai que ce ne sont pas les meilleurs exemples de religions. Prenons plutôt une idole, genre star ou starlette, Nicolas ou Greta par exemples. Bon d’accord, là encore tu vas me dire qu’ils auront toujours moins de fidèles que les Beatles ou les Stones. 🙂

  6. Je ne le vois pas tellement comme une religion, je pense que c’est plutôt une nécessité, et aussi une spiritualité parce que cela comporte une composante de respect : pour le monde, pour la nature pour le vivant.
    Par contre une religion, c’est autre chose, ça porte sur un autre domaine : l’existence au-delà du seul monde matériel, la raison d’être de l’Univers, la nature de l’âme et de la conscience.
    Sur ce point les écologistes n’ont rien à dire de plus que les autres. Les religions d’ailleurs n’ont pas attendu l’apparition des mouvements écologistes pour exister et dans toutes les civilisations, pour imprégner la vie des hommes.

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