Martin Rott, Délégué régional Occitanie de l’association Démographie Responsable
Bien que la Terre n’ait jamais été aussi peuplée et aussi artificialisée, bien que ses autres habitants – les animaux, mais aussi les plantes, les forêts, les prairies et tout ce qui fait l’élégance de notre monde – n’aient jamais été relégués à des territoires aussi réduits, la peur de la dépopulation vient désormais côtoyer l’angoisse écologique. A en croire certains l’humanité serait presque en voie de disparition. La Chine tremble, l’Europe a peur et les autorités françaises appellent virilement au « réarmement démographique » .
Dénatalité : une peur démentie par les chiffres
La peur de la dépopulation repose sur la constatation de la baisse de la fécondité (le nombre d’enfants par femme) et même de la baisse de la natalité (le nombre de naissances) aussi bien dans une majorité de pays développés que, désormais, dans certains pays en voie de développement. Quoiqu’en croissance permanente, l’humanité a franchi en matière démographique plusieurs maxima. Elle se trouve désormais de l’autre côté de ces pics et ces franchissements qui, par nature, impliquent une redescente, sont seuls retenus pour alimenter les peurs.
Malgré ces baisses – dont rien ne permet de garantir la continuité- ce qui importe sur un plan écologique c’est la population mondiale qui, elle, augmente et n’a pas encore atteint son pic. D’après les chiffres et les prévisions fournis par l’ONU( 2024), notre planète qui comptait 3 milliards d’habitants en 1960, compte désormais 8,2 milliards et devrait en compter 9,7 milliards en 2050 pour atteindre un pic de 10,2 milliards en 2100.
Plus nous sommes nombreux, plus nous polluons
Ce constat de simple bon sens a été scientifiquement confirmée par le GIEC dans son rapport publié le 4 avril 2022 : « Sur un plan global, le PIB par tête et la croissance de la population sont restés les plus forts accélérateurs de la combustion de pétrole. » Au delà du climat, une multitude de dégradations du « système Terre »trouvent leur origine dans la surpopulation humaine : perte de la biodiversité, pénurie des sources naturelles renouvelables et n on-renouvelables, artificialisations des sols, ravages de l’agriculture intensive qui est nécessaire pour nourrir un population toujours plus grande, etc.
Ce qui a fait avancer chaque année le jour du dépassement écologique mondiale, c’est l’adoption d’une consommation de masse par une population de plus en plus nombreuse, dans les pays développés – 1,2 milliard d’humains – mais également dans les pays émergents avec 4 milliards d’humains, et dans une moindre mesure et décalé dans le temps, des 3 milliards dans les pays les plus pauvres. Pour absorber le déficit écologique, l’ensemble de cette population devrait à la fois se détourner de la consommation de masse et bannir au plus vite l’utilisation d’énergies fossiles. Cela ne prend pas le chemin, comme montre le débat autour du maintien du pouvoir d’achat en France, pouvoir d’achat que voudrait atteindre le reste de l’humanité. Quant à la décarbonation de l’énergie , la fameuse croissance verte, c’est une illusion, dont la Tribune de Jean-Jacques Fresko ( La Gazette de Nïmes , du 13 février 2025, p.6 ) « L’hydrogène, cela se dégonfle », fournit un exemple parmi d’autres.
Le jour du dépassement mondial, le 1er août 2024, il faudrait qu’on soit seulement 4,7 milliards pour que la Terre puisse régénérer notre consommation et absorber nos pollutions. En ce qui concerne la France, l’équilibre de l’empreinte écologique peut être atteint (à consommation individuelle moyenne constante) si la population redescend à 41 millions (le chiffre des années cinquante !), tout en conservant le 1,1 million de bio-producteurs(agriculteurs, éleveurs, pêcheurs) nécessaires à l’exploitation maximale de la biocapacité de notre pays, qui ne peut plus augmenter.
Les baisses de fécondité et de natalité sont donc une excellente chose pour notre planète et pour la France et doivent continuer jusqu’à atteindre la taille d’une population écologiquement durable. C’est seulement à ce moment que la question de la survie de l’humanité se posera à frais nouveaux. Et les hommes et les femmes, libérées de l’éco-anxiété, trouveront la réponse.
Des problèmes d’inquiétude à surmonter
Certes, la baisse démographique pose des problèmes économiques, mais seulement dans les sociétés accro à une croissance perpétuelle. On s’alarme de l’évolution du ratio actifs/inactifs pesant sur l’équilibre du système des retraites et sur les dépenses médicales inévitablement en augmentation dans une population plus âgée. Face à cette inéluctable évolution, la solution consistant à augmenter les naissances constitue une véritable fuite en avant, une véritable Ponzi démographique, car les jeunes d’aujourd’hui seront les vieux de demain. Nous ne ferions que repousser le problème à plus tard et sur une plus vaste échelle encore.
D’après certains il y aura en France à partir de 2060 plus assez de personnes pour travailler. Notons face à cette crainte que les pays les plus pauvres du monde sont ceux à forte fécondité avec une main-d’œuvre abondante. À l’inverse le Japon, dont la population vieillit et diminue depuis plus de vingt ans, reste l’un des pays les plus riches du monde, parce que la baisse démographique pousse partout dans le monde à l’innovation et à la productivité. Ce qui importe pour le bien-être matériel de l’individu n’est pas le PIB national total – qui augmente avec le nombre des consommateurs – mais le PIB par habitant qui augmente avec la baisse démographique !
Moins nombreux, plus heureux
Est-ce que ceux qui brandissent le spectre de la dénatalité sont conscient des ravages non seulement écologiques mais aussi humanitaires qu’une fertilité non maîtrisée peut causer ? C’est à cause d’elle que la population du continent africain augmentera d’un milliard de personnes d’ici 30 ans . Un milliard d’êtres humains dont la seule perspective réaliste de vie est la pauvreté, la faim, la violence ou encore la noyade en Méditerrané.
« Nous n’héritons pas la planète de nos parents ; nous l’empruntons à nos enfants », disait Saint-Exupéry. Devant le constat incontournable que la surpopulation abîme la planète de façon souvent irréversible, on doit en conclure lucidement que plus nos enfants seront nombreux, moins ils seront heureux.
C’est une révision déchirante d’un paradigme ancré profondément dans notre cerveau : la satisfaction de procréer. C’est pourtant seulement à ce prix qu’on pourra éviter des conflits armés pour s’accaparer les ressources naturelles en diminution, mécanisme décrit par la formule lapidaire d’Henri Bergson : « Laissez faire Vénus, et vous aurez Mars. »
Tiens, Trump dont la purge antiscientifique vise plus particulièrement la recherche sur le changement climatique et le GIEC, a des partisans en France!
Raison de plus de rappeler ce que le GIEC avait constaté dans son rapport, publié le 4 avril 2022 : « Sur un plan global, le PIB par tête et la croissance de la population sont restés les plus forts accélérateurs de la combustion de pétrole ».
On comprend que ce constat scientifique déplaît non seulement au climatosceptique Trump et à ses émules mais aussi à son conseiller Musk, père de 13 enfants. C’est sûr, ceux-là ne souffriront pas de faim, contrairement aux 950 millions petits Africains qui vont naître d’ici 2050.. A moins que Musk ,d’ici là , leur ait trouvé un Eldorado sur Mars.
Tiens, je me disais que ça faisait un petit moment que nous n’avions pas eu du Tabou au menu. Nous voilà donc servis. Sauf que celui-ci ne me semble pas très frais, je me dis qu’il commence à dater. Et ce 13 février 2025 sur l’étiquette de Nîmes ne me fera pas changer d’avis.
Nous servir le «réarmement démographique» aujourd’hui, je trouve ça plutôt gonflé. Je pense que même Manu n’aurait pas osé. Et puis c’est toujours à la même sauce que nous est cuisiné ce Tabou, toujours les mêmes accompagnements qui ne tiennent pas debout. « Moins nombreux, plus heureux », I = PATati et patata ! Je me dis que si ON veut être crédible il ne faut pas trop exagérer. Et que si aujourd’hui l’Europe a peur ce n’est certainement pas de ça. Que si les gens sont inquiets, notamment les jeunes, frappés plus que jamais par l’(eco)anxiété, autant que par l’obésité, ce n’est pas forcément du côté du (sur)Nombre qu’il faut regarder.