Des emplois, pour quoi faire ? That’s the question

Le président François Hollande annonçait un plan de réindustrialisation le 15 septembre 2013. Les nouveaux emplois prévus allaient du numérique aux nanotechnologies en passant par les nouvelle sources d’énergie. Mais jusqu’à maintenant l’aide aux entreprises n’a servi qu’à une chose : empocher l’argent public, faire des gains de productivité, délocaliser… licencier ! On voit mal pourquoi ce processus changerait. Il faudrait donc penser différemment. C’est ce qu’exprime clairement Michel BERNARD*. En résumé :

« Si on adoptait une politique écologiste, on arrêterait bon nombre de recherches inutiles (armement, biotechnologies, nanotechnologies, gadgets informatiques, etc.) : autant d’emplois en moins. Si l’on adoptait des mesures contre la publicité et contre l’obsolescence des objets, l’activité économique baisserait de façon très importante : on achèterait moins d’appareils ménagers et quand on en achèterait un, ce serait avec des durées de garantie plus longues. On importerait moins, on produirait moins de déchets… et globalement on baisserait de manière importante le nombre d’emplois inutiles.

Le but dans la vie n’est pas de travailler. C’est pourquoi il faut soutenir les démarches qui vont vers un partage plus important du temps de travail, ce qui évitera de faire des activités industrielles se justifiant indûment par la création d’emplois. »

* De quels emplois parle le gouvernement, in mensuel Silence (novembre 2013)

4 réflexions sur “Des emplois, pour quoi faire ? That’s the question”

  1. Bonjour Didier,
    Les idéaux du mouvement ouvrier au XIXe peuvent être considérés comme obsolètes en raison du changement radical du contexte. Il n’était pas question à l’époque de contestation de la croissance par exemple. Il est toutefois intéressant de les comparer aux mouvements actuels dans la forme. Je ne crois pas que la différence essentielle tienne dans la dichotomie court/long terme – ils désiraient eux aussi un changement rapide -, mais plutôt dans la capacité à concevoir l’engagement collectif comme une marche incontournable vers l’épanouissement individuel. Les différends sur les méthodes, entre Marx et Bakounine par exemple, ne doivent pas nous cacher ce dénominateur commun. Le sacrifice personnel était une éventualité acceptée, un prix fort mais acceptable au regard de la finalité; on peut parler d’un altruisme politique.
    Aujourd’hui, après le conditionnement généralisé auquel nous a soumis ce qu’on appelle souvent le Système, le groupe est considéré non plus comme une étape nécessaire, mais comme un adjuvant dans une quête personnelle. On est passé d’une coopération avec l’autre à une instrumentalisation de l’autre. On est passé de la solidarité à l’alliance de circonstance. Grâce à la novlangue empruntée au marketing, la finalité a été supplantée par l’objectif. Les luttes actuelles sont généralement motivées par l’égoïsme politique.
    Dans ces conditions, la phrase de Gandhi « vivre simplement pour que d’autres puissent simplement vivre », ne pouvait qu’être fossilisée. J’ai bien peur que la poignée d’humains qui y croit encore ne puisse pas changer le cours des événements. C’est donc comme vous le dîtes, la nature qui en dernier ressort nous rappellera à l’ordre. Il ne restera plus à nos descendants qu’à se battre pour les miettes en maudissant leurs ancêtres.
    Nous nous sommes laissés séduire par les Lotophages, le retour à la réalité sera violent.

  2. A José,
    Peut-être parce que nous sommes pris dans des contraintes et des inquiétudes de court terme. Or solutionner nos problèmes de court terme ne passe pas par des remises en cause fondamentales. Ces remises en causes sont sans doute aussi nécessaires qu’elles sont d’un coût effroyable. Voilà probablement pourquoi nous ne les ferons-nous pas et ne remettrons-nous jamais en cause la course à la croissance. C’est la finitude du monde qui se chargera de nous y amener au prix de pas mal de souffrances, pour nous comme pour la nature.

  3. Bonjour,
    je me suis toujours demandé si Descartes était sérieux ou ironique dans la première phrase de son Discours : « le bon sens est la chose du monde la mieux partagée, car chacun etc. ».
    Le discours présenté ici est un discours de bon sens, pourtant il est encore bien peu partagé. Le cercle vicieux du système économique actuel est une aberration motivée par le profit d’une caste, cependant le plus surprenant est que ceux qui luttent contre cette caste souvent ne remettent pas en cause les fondements de ce système. Comment cela peut-il échapper à leur bon sens?

  4. C’est la vraie question que pose ce texte. A quoi sert l’activité économique ? Nous semblons l’avoir déconnectée de la satisfaction des besoins et avoir mis l’emploi en tant que « but en soi ». C’est là une dérive de la compréhension des choses qu’il était salutaire de dénoncer.

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