Des jeunes luttent contre le réchauffement climatique

Un article de Corine Lesnes interpelle les jeunes et les moins jeunes, « Aux Etats-Unis, des jeunes poursuivent Barack Obama sur le climat »*. Vingt et un jeunes Américains de 9 ans à 19 ans intentent un procès contre le président Barack Obama et son gouvernement, pour manquement à leur devoir de les protéger du changement climatique. La plainte a été déposée en août 2015. Les jeunes y affirment que leur droit constitutionnel à « la vie, la liberté et la propriété » est bafoué par la lenteur du gouvernement à limiter la concentration de CO2 dans l’atmosphère. Ils se disent victimes de discrimination, au profit des « intérêts économiques » d’un « autre groupe de citoyens » (l’industrie pétrolière). Ils invoquent enfin la doctrine dite de « public trust », selon laquelle le gouvernement est garant des ressources naturelles qui forment le bien commun de tous les Américains.

Le 8 avril 2016, le juge Thomas Coffin, du district fédéral de l’Oregon, a déclaré leur plainte recevable, ouvrant la voie à un procès, si sa décision est confirmée. Le magistrat a rejeté l’argument du gouvernement, qui plaidait que la question est du ressort du Congrès. Il a récusé les protestations des représentants de l’industrie du charbon et des hydrocarbures qui s’étaient joints à la procédure en janvier. Et il a considéré que les jeunes étaient en droit de se pourvoir en justice : ils risquent d’être plus affectés par le changement climatique que « les segments les plus âgés de la société ». Pour leur action en justice, ils ont dû montrer en quoi ils étaient directement affectés : « A l’été 2015, la sécheresse a tué nos noisetiers » « les cours d’eau où elle aimait se tremper sont envahis par les algues ». Outre cette plainte fédérale, l’association Our Children’s Trust facilite plusieurs autres procédures. C’est une tendance globale. Il y a une reconnaissance croissante des droits des jeunes à demander des actions de la part des gouvernements.  La juge Hollis Hill, de la cour supérieure de Seattle (Etat de Washington), évoquer « le droit inaliénable à une atmosphère agréable » et ordonne aux autorités de promulguer de nouveaux objectifs de réduction des émissions avant la fin 2016. Dans le Massachusetts, la Cour suprême a donné raison à quatre adolescents qui réclamaient une réglementation plus stricte des émissions.

On retrouve dans cet article ce qu’on peut appeler la « démocratie des affectés » ou « représentation des acteurs absents » dont nous avons déjà fait une synthèse à lire ici : « Acteur absent, pour une représentation démocratique »

* LE MONDE du 25 mai 2016