Comment croire que le Vieux Continent puisse sortir vainqueur d’une guerre où deux hyperpuissances s’assoient sur la morale et jouent le rapport de force ?
Jean-Michel Bezat : Un nouveau prédateur fait une entrée fracassante sur le marché des minerais et des terres rares : les Etats-Unis. Donald Trump pourrait s’autogratifier du titre de « maître des ressources naturelles ». Durant son premier mandat (2017-2021), M. Trump visait déjà les richesses du Groenland. Sa proie actuelle est l’Ukraine, fort d’une « justification » nouvelle : « récupérer » les milliards de dollars d’aides versés durant les trois ans de guerre contre la Russie : « On demande des terres rares et du pétrole, n’importe quoi qu’on puisse obtenir ». On atteint là un degré de brutalité et d’indécence inégalé avec son refus d’assortir tout accord sur les ressources avec des « garanties de sécurité » de l’Ukraine. Trump n’est pas Franklin D. Roosevelt, signataire en 1945 d’un accord pétrole contre sécurité avec le roi d’Arabie saoudite. Il triche même sur les chiffres. Estimant d’abord la « dette » de Kiev à 500 milliards de dollars (481 milliards d’euros), il l’a réduite à 350 milliards, encore loin du soutien réel de 120 milliards évalué par les experts sérieux. La reconstruction du pays agressé aurait un coût estimé à plus de 500 milliards de dollars sur dix ans par la Banque mondiale.
Comparée à la brutalité de M. Trump, la discrète et méthodique prise de contrôle des ressources africaines par la Chine donne l’illusion d’une stratégie plus « soft » Mais il n’est pas de doux commerce avec la Chine, elle a mis en coupe réglée une partie de l’Afrique. La politique chinoise s’est appuyée sur la corruption des élites locales et la faiblesse de partenaires finalement piégés dans une dangereuse dépendance.
Le point de vue des écologistes anti-extractivistes
– Les prévisions d’extraction sont effarantes. La guerre économique a balayé toutes nos prétentions environnementales
– La guerre des ressources a déjà commencé, tous les coups sont permis.
– L’Europe est le SEUL continent sans presque aucune ressources énergétiques.
– Nos panneaux solaires et nos éoliennes nous rendent dépendants de la Chine.
– L’UE, déjà dépendante du pétrole/gaz russe, l’est aujourd’hui des USA.
– Est-ce un besoin d’intérêt public majeur d’extraire du lithium e alors qu’on s’en est passé pendant des millénaires ?
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Extractivisme, l’inquiétante frénésie
extraits : Des quantités croissantes de cuivre, de lithium, de nickel et de cobalt sont nécessaires à la décarbonation du système énergétique. Mais difficile de qualifier un site minier de « vert », de « propre » ou même de « durable ». On extrait des ressources qui ont mis des centaines de millions d’années à se former, il n’y a pas de retour en arrière. Et les mines génèrent tellement de déchets…
L’extractivisme se veut indispensable, à tort
extraits : La sagesse de Thomas More a été ignorée, qui condamnait toute ouverture des entrailles de la Terre :« L’or et l’argent n’ont aucune vertu, aucun usage, aucune propriété dont la privation soit un inconvénient véritable. C’est la folie humaine qui a mis tant de prix à leur rareté. La nature, cette excellente mère, les a enfouis à de grandes profondeurs, comme des productions inutiles et vaines, tandis qu’elle expose à découvert l’air, l’eau, la terre et tout ce qu’il y a de bon et de réellement utile. » (L’utopie 1ère édition 1516)….
Nauru, l’extractivisme à l’image de ce qui nous arrive
extraits : Une espèce appartenant au règne animal s’est lancée dans une activité totalement inédite : l’extraction de minerais sans passer par les végétaux, qui jouaient jusqu’alors le rôle de fournisseurs intermédiaires. Cette espèce creuse, perce, concasse le sol, cette espèce c’est la nôtre. Or Nauru est un miroir de la fragilité des civilisations fondées sur le pillage des ressources de la Terre. Nauru, perdu dans l’étendue du Pacifique, ses 10 000 habitants, ses gisements de phosphate….
La fin programmée de l’extractivisme… en 2017 ? (écrit en 2016)
extraits : Depuis deux siècles nous sommes une société extractiviste, charbon, pétrole, minerais, métaux… On a transformé la Terre en gruyère. Nous avons déjà prélevé plus de la moitié du pétrole et il faudrait en laisser une grande partie sous terre pour éviter l’emballement climatique. Les politiques n’en ont pas encore conscience, mais l’extractivisme est derrière nous. En 1859 le pétrole a été trouvé à 23 mètres de profondeur en Pennsylvanie. Pour les huiles de schiste, la roche mère se situe entre 1500 et 3500 mètres de profondeur….
Démence extractive, c’est-à-dire «Explosons la planète» (2015)
extraits : Nous traversons la dernière étape de l’exploitation à grande échelle des minéraux. En deux siècles à peine, au terme d’une guerre impitoyable, nous aurons remonté à la surface de la terre un trésor qui avait mis des millions, voire des milliards d’années à se constituer. Le point culminant de cette démence extractive est la décision des compagnies pétrolières d’exploiter certains combustibles non conventionnels comme le gaz de schiste, le pétrole en eaux profondes ou les sables bitumineux….
arrêt des extractions minières partout dans le monde (2012)
extraits : A qui appartiennent les ressources minières du Groenland ? Les immenses ressources de son sous-sol attirent les convoitises ; l’accélération de la fonte de la calotte glaciaire permet d’envisager leur exploitation. Mais ces ressources n’appartiennent ni à l’Europe via le Danemark, ni aux autres Etats limitrophes. Ces ressources n’appartiennent pas non plus aux 57 000 habitants de cette île recouverte d’une couverture de glace atteignant 150 mètres d’épaisseur. Ces ressources n’appartiennent certainement pas aux firmes multinationales comme Exxon Mobil, Cairn Energy ou encore EnCana. Ces ressources n’appartiennent même pas aux générations futures qui n’en feraient pas un usage meilleur qu’aujourd’hui. Il faut lutter contre la logique extractive et sanctuariser les dernières et rares ressources du sous-sol qui nous restent….
« La Russie a déjà fait du conflit ukrainien un conflit mondial », a estimé le 5 mars Emmanuel Macron, affirmant que « la Russie du président Poutine viol[ait] nos frontières pour assassiner des opposants, manipul[ait] les élections en Roumanie, en Moldavie, organis[ait] des attaques numériques contre nos hôpitaux pour en bloquer le fonctionnement ». Et « cette agressivité ne semble pas connaître de frontières », a-t-il encore ajouté. Le chef de l’Etat a aussi rappelé l’échec des accords de Minsk. « Nous ne pouvons pas oublier que la Russie a commencé d’envahir l’Ukraine dès 2014 et que nous avons alors négocié un cessez-le-feu à Minsk. Et la même Russie n’a pas respecté ce cessez-le-feu et nous n’avons pas été capables de maintenir les équilibres, faute de garanties solides. »
– « Comment croire que le Vieux Continent puisse sortir vainqueur d’une guerre où deux hyperpuissances s’assoient sur la morale et jouent le rapport de force ? »
Bonne question. Qui ne doit surtout pas nous amener à dire amen, à nous coucher comme des misérables. Puisqu’il ne s’agit ici que de croire… pour moi la réponse est simple. Simpliste ou simplette peu importe. Comme ceux qui croient à la colonisation de Mars, à la Fusion, et j’en passe, comme ceux qui croient au Grand Soir, en la possibilité d’un monde meilleur, à l’intelligence collective… comme ceux qui croyaient que Poutine ne ferait qu’une bouchée des Ukrainiens, en 3 jours… alors que Zelensky refusait d’y croire… eh bien de la même façon je peux encore croire que l’Europe peut résister et ne pas se laisser bouffer par ces deux monstres.
(à suivre)
(suite) Comme ceux qui espèrent que les Américains (le peuple américain) vont se réveiller… Exactement comme Macron qui veut croire que les États-Unis resteront à nos côtés.
– Guerre en Ukraine : « Rester spectateur serait une folie », prévient Emmanuel Macron
(Le Monde hier à 22h23)
Pour moi c’est tout simple, bien plus que le Pari de Pascal. Si ON n’y croit pas c’est foutu !
ON n’a rien à gagner à ne pas y croire, au contraire tout à perdre ! Notre dignité, notre humanité, ce qu’il reste de notre morale, etc.
Peu importe que ce soient les ressources ou les territoires qui motivent ces deux grands malades, ils ne courent qu’après le Pouvoir. Celui de diriger le monde. Voire le système solaire et plus tard la galaxie. (à suivre)
(et fin) Cette fois ce n’est pas depuis le point de vue des écologistes anti-extractivistes, ni de celui des écologistes pacifistes, ou de je ne sais quelle autre famille d’écolos… que nous devons regarder le Problème.
Sommes-nous déjà… ou alors voulons-nous devenir… aussi fous qu’eux ?
C’est finalement la seule question que nous devons nous poser.
Vos leçons de morale ne sont que des prétextes inventés pour racketter les contribuables ! C’est tout ce que vous avez pour les français des leçons de morale que vous n’êtes même pas capable d’appliquer à vous mêmes !
Pas besoin de nous dire que toi aussi tu t’assois sur la morale. Comme les deux hyperpuissances. Normal, c’est quelque chose qui ne te parle absolument pas.
La Preuve… jusqu’à il n’y a pas très longtemps tu étais infichu de l’écrire correctement… “leçons de moralE“. Mais je vois que tu peux faire des progrès. Continue comme ça et dans 100 ans tu devrais avoir compris de quoi tu parles. Moi je veux y croire. 🙂 !!!
Je ne cautionne pas mes leçons de morale avec l’argent des autres comparativement à toi !
L’argent des autres ? N’importe quoi !!! Quels autres ? Tu crois peut-être qu’il n’y a que toi qui paie des impôts …
Le président Donald Trump a signé un décret le 20 janvier 2025, ordonnant un gel de l’aide étrangère américaine pour quatre-vingt-dix jours. Mais un juge fédéral, Amir Ali, a suspendu cette décision de geler des dépenses déjà approuvées. La Cour suprême a rétabli par cinq voix contre quatre l’ordre à l’Usaid de payer 2 milliards de dollars d’aide gelés. Il s’agit de l’une des premières décisions prises par la Cour suprême contre l’administration Trump, par une courte majorité des trois juges progressistes et de deux conservateurs, dont le président de la Cour, John Roberts, contre l’avis des quatre autres conservateurs.
C’est moins visible en France qu’aux Etats-Unis. Mais là-bas, il n’y a plus rien d’autre que Trump. C’est comme être assis à un café et voir passer devant soi une bande de nazis. Il nous faudrait quelqu’un ayant le courage de chanter La Marseillaise, en référence à la scène du film Casablanca où l’assistance entonne le chant révolutionnaire en public, défiant le régime de Vichy. L’idée de conquérir le Canada est complètement stupide. C’est le pays qui nous est le plus proche, un partenaire commercial solide, aligné depuis cent ans sur notre politique extérieure, dont les armées se sont battues à nos côtés. Pourquoi vouloir les attaquer ? C’est absurde. Mais c’est la méthode de Trump : susciter une crise pour abattre quiconque se tiendrait sur son chemin. Il est terriblement doué pour créer de l’actu à partir de rien.