échapper au marché

La gestation pour autrui est en débat, LeMonde du 23 mai y consacre plus de deux pages. Comme d’habitude, il y a le pour et le contre, le Conseil d’Etat donne son avis, experts et associations s’étripent, rien n’est résolu. Reconnaissons que c’est là la caractéristique de notre démocratie, un lieu a priori vide dans lequel le dernier consensus social va faire force de loi…temporairement. La légitimité, toujours en mouvement, devient légalité, puis une nouvelle légitimité apparaît qui transforme les textes de loi et ainsi de suite. Normal. Mais il y a certains principes qui ne devraient pas bouger, des catégories servant de fondement aux décisions judiciaires, des référents universels, des valeurs qui nous permettent en soi de classer le bien et le mal.

Pour les partisans de la GPA (des multiples formes de procréations médicalement assistées), il s’agit de combler le désir d’enfant d’un couple stérile. Dans ce cas, les valeurs sur lesquelles reposent sur la primauté du choix individuel et l’importance de l’enfant. Mais le sens ultime du droit devrait être le primat de la responsabilité collective sur la liberté des personnes ; nos choix individuels ne peuvent oublier les nécessités sociales. Il n’y a pas de solidarité sociale à avoir en matière de couples stériles. En effet, puisque notre planète est surpeuplée, le toujours plus en matière de nombre d’enfants n’est pas une sage décision. Si une femme  comprend que son destin de femme n’est pas de faire des enfants, elle accepte sa stérilité en se consacrant aux enfants des autres ou à toutes les autres activités qui s’offrent à elle. Si une femme est suffisamment intoxiquée par la « nécessité » d’être mère, elle peut toujours adopter un enfant. Notre solidarité doit s’exercer pour supporter au mieux la détérioration de nos écosystèmes et les pressions socio-économiques que la société thermo-industrielle multiplient contre nous. Pas pour satisfaire des egocentrismes.  

Notre société libérale actuelle raisonne comme si tout devait se comporter comme un marché. Il y a une demande d’enfant, il suffit donc de fabriquer une offre. Peu importe le prix financier, socio-psychologique et écologique à payer. Accepter sa stérilité, c’est tout au contraire échapper au marché, c’est valoriser le sens de sa responsabilité collective dans ses choix individuels. Construire un avenir durable, telle est la valeur fondamentale qui devrait guider notre appareillage législatif.