Écoblanchiment, verdissage, le prix Pinocchio

Un prix pour récompenser « le meilleur du pire »*. Le prix Pinocchio 2020 vient d’être remis par Les Amis de la Terre et la Confédération paysanne à la multinationale Yara, fabricant norvégien d’engrais de synthèse. Cette récompense mal acquise distingue chaque année une entreprise pour son greenwashing, soit le décalage entre l’image vertueuse pour l’environnement qu’elle se donne et la réalité de ses actions.Yara vante ses services pour « une agriculture intelligente pour le climat ». Yara a dépensé plus de 11 millions d’euros depuis 2010 pour des activités de lobbying à l’échelle européenne. Les organisateurs des prix Pinocchio dénoncent « une agriculture basée sur l’utilisation intensive d’intrants chimiques, au détriment de la santé, des écosystèmes et du climat ». La multinationale a vu ses émissions de gaz à effet de serre augmenter de 20 % entre 2009 et 2017, la fabrication d’engrais chimiques nécessitant de l’hydrogène produit à partir d’énergies fossiles. Cette production est également responsables d’émissions de protoxyde d’azote, d’ammoniac et de pollutions de l’eau par les nitrates. Yara, qui a recueilli 40 % des 12 800 votes sur le site prix-pinocchio.org, était en lice face à deux autres mastodontes de l’agroalimentaire : Lactalis, marqué par le scandale en 2017 du lait infantile contaminé à la salmonellose, et Bigard, propriétaire de nombreux abattoirs en France. Voici notre article antérieur sur ce blog biosphere :

22 novembre 2013, pratiques néfastes des multinationales et prix Pinocchio

Et maintenant laissons la parole aux anti-écolos de service sur lemonde.fr, leurs propos se suffisent à eux-mêmes :

-Alazon- : Notez que pour le prix Pinocchio de l’écologisme on a l’embarras du choix : Thunberg et ses croisières sur un voilier en carbone à 4 millions, Hulot et ses six voitures à essence, de Rugy et ses homards, Duflot et ses vacances au bout du monde… On peut même décerner des tartuffes d’honneur.

MarxDarwin : Il faudrait rajouter des prix d’honneur pour l’ensemble de leur œuvre à la Conf pour pulvériser des tonnes de pesticides bio comme le cuivre qui pousse sur les arbres sans doute, pour les Vegans qui mange des céréales importés mélangés avec plein d’adjuvants au lieu de manger de la bonne viande locale, pour les éoliennes et parc photovoltaïques qui polluent les campagnes (mais pour le bien des villes…)…

Untel : Tous les ans je décerne aussi le ***Prix Untel***. Cette année il a été attribué à l’association « Que Choisir » pour avoir réclamé une augmentation des prix des aliments vendus dans la grande distribution. Il s’agit selon elle de mieux rétribuer les agriculteurs, juste revendication mais pas trop de la compétence d’une association de consommateurs dont le rôle est de défendre les prix bas.

le sceptique : J’ai été sur le site de Yara, ils ont un beau logo. L’entreprise a l’air sympathique. Merci aux Amis de la Terre et à la CP de m’avoir fait connaître cet acteur.

* LE MONDE du 25 février 2020, Le prix Pinocchio du « greenwashing » décerné au fabricant d’engrais chimiques Yara

1 réflexion sur “Écoblanchiment, verdissage, le prix Pinocchio”

  1. – Biosphère : « Et maintenant laissons la parole aux anti-écolos de service sur lemonde.fr […]»
    Et maintenant je dis qu’il est temps de changer de lunettes et d’en finir avec cette vision binaire. Non, le monde ne se résume pas en deux catégories de gens, d’un côté les écolos et de l’autre les «anti-écolos». Et puis, qu’ils soient «de service» ou pas je ne vois pas en quoi «leurs propos se suffisent à eux-mêmes». Je les trouve même pertinents.
    – Alazon dit : «On peut même décerner des tartuffes d’honneur.»
    Et il a raison Alazon, oui on peut et en plus on le fait. Sur ce coup le «on» ce sont les «affreux» du journal La Décroissance, qui chaque mois décernent à certains le «prix d’honneur» qui leur revient, parce qu’ils le valent bien. Eh oui !
    Oui mais voilà, qualifier Saint Nicolas ou Sainte Greta d’ «écotartufe», ça ne se fait pas !
    On appelle ça un blasphème. Oui mais voilà… là encore il y a un problème (un de plus) !
    Parce qu’il y a blasphème ET blasphème ! Eh oui !
    Alors, Tartuffe ou Pinocchio … il faut choisir. Mon dieu quel dilemme ! 🙂

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