écolo-gauchiste ou éco-gestionnaire, toujours superficiel

Les journées d’été d’Europe Ecologie les Verts (EELV) en août 2014 ont une importance particulière car, derrière le programme officiel, elles seront consacrées à la recomposition de la stratégie du parti. En effet le départ du gouvernement ouvre la voie à deux tactiques politiques aussi délétères l’une que l’autre. Il serait donc temps de réinventer l’écologie politique !

«Papa et maman se séparent. Mais qui va garder les enfants ?» disait Emmanuelle Cosse, secrétaire nationale d’EELV. En effet Cécile Duflot, ex-ministre du logement et Jean-Vincent Placé (celui qui distribue les postes) évoluent désormais sur des lignes politiques distinctes : réalo-gestionnaire pour Placé et construction d’une alternative à gauche pour Duflot*. Placé joue placé, toujours allié au PS pour s’assurer de son avenir institutionnel : il vise un ministère d’ici la fin du quinquennat et demain il sait que ce sera trop tard. Déçue par sa participation au gouvernement, Duflot a reconnu son échec à infléchir la ligne de l’intérieur. Le Nicolas Sarkozy première période avec le Grenelle de l’environnement était bien plus écolo que François Hollande ! Cécile ne pouvait se revendiquer comme « responsable » en participant à un gouvernement résolument croissanciste ; elle y a perdu complètement son image publique d’écolo. Mais comme son départ marquait surtout sa volonté de ré-affirmer son emprise sur le parti dans l’optique des présidentielles 2017, cela n’a plus rien d’écolo.  L’image de Jean-Vincent est encore plus brouillée pour les électeurs et l’effondrement constant du PS rend caduque une stratégie d’alliance d’EELV avec ce parti. Ce mariage de convenance avait permis d’obtenir quelques centaines de postes d’élus pour des écologistes « modérés » et « PS compatibles ». Mais nous étions très loin du changement radical de modèle de production et de consommation qu’imposent aujourd’hui les problèmes écologiques et financiers que nous traversons. Il faut restaurer l’écologie à EELV.

                L’avenir de l’écologie politique ne peut reposer sur une nouvelle alliance avec l’aile contestataire de la « gauche » du PS et le Front de « gauche ». Encore moins sur ceux qui s’accrochent à leurs postes et au PS en lorgnant vers le centre. Le parti doit retrouver son assise sociétale, toutes ces associations environnementales qui avaient poussé René Dumont à se présenter aux élections présidentielles de 1974. Il faut s’ouvrir à cette société civile qui ne demande qu’à devenir écologiste, il faut reconnaître que France-Nature-Environnement, Greenpeace et cette multitude d’associations locales de défense de la nature sont les alliés naturels de l’écologie politique. Aujourd’hui, quarante ans après Dumont, il existe dans la population un net sentiment d’urgence écologique : les glaciers fondent, le pic pétrolier est passé, l’incinérateur fait peur, l’inquiétude grandit face à un avenir incertain pour les jeunes générations. Il existe un peuple écolo qui se cherche, puisse EELV lui donner la main.

EELV doit reconstruire à partir de celles et de ceux qui ont compris que c’est dans les actions quotidiennes individuelles et locales, dans les territoires, que se construisent les transformations écologiques. C’est la condition préalable pour peser sur des décisions gouvernementales qui ont tourné le dos aux nécessités écologiques.

* http://www.liberation.fr/politiques/2014/07/17/ee-lv-duflot-place-divorce-consomme_1065768