EELV. Julien Bayou est-il un écotartuffe ?

Le mensuel « La Décroissance » consacre une partie de ses colonnes à faire le tri entre les « vrais » et les « faux » écologistes. Si la récupération des questions écologiques est un problème crucial quand des entreprises s’expriment « au nom de l’écologie » (écoblanchiment, greenwashing), une des difficultés est de ne pas tomber pour autant dans une chasse aux sorcières quand il s’agit de personnes. A vous de juger si Julien Bayou est un écotartuffe… ou pas. Extraits du dernier numéro du « 1er journal d’écologie politique » :

1) « Précisons ce qu’est un écotartuffe à tous nos lecteurs parfois indisposés par les personnalités choisies par nous. En souvenir de Molière, l’écotartuffe renvoie à l’hypocrisie de tous ceux qui prétendent « faire le bien » pour ne servir que leurs propres intérêts. Alors qu’il y a cinquante ans les mêmes se seraient mis « au service de la classe ouvrière », l’engagement écologiste est aujourd’hui le terrain privilégié des tartuffes modernes. Julien Bayou, nouveau secrétaire national d’EELV depuis fin novembre, 2019, constitue un cas d’école si parfait qu’on a peine à le croire. Ses premiers faits d’armes ont lieu dans les association Générations précaires et Jeudi noir qui combattent notamment la crise du logement à Paris. Puis c’est Sauvons les riches avec l’organisation de mobilisations parodiques qui plaisent tant aux médias. Mais le happening nourrit difficilement son homme. Le plus efficace pour s’approcher au plus près de la galette reste la voie politicienne. Bayou adhère aux Verts en 2009 pour y faire une carrière météorite. Elu conseiller régional d’Île de France en 2010, il devient président du Centre francilien pour l’innovation (soutien aux PME innovantes). Pas vraiment de l’écologie radicale, mais de bons et utiles contacts. Il trouve le temps de participer à Nuit debout, de lancer le site aiderlesrefugies.fr ou encore de créerMon revenu de base. Cette frénésie militante n’a aucun rapport avec la critique écologiste de nos institutions de croissance. Elle sert à occuper le créneau médiatique du rebelle écolodegôche. Presque toutes les associations dans lesquelles il s’est engagé ont disparu depuis longtemps. Car il ne s’agit jamais de s’inscrire dans un temps long, mais de multiplier les coups médiatiques pour servir une carrière. Le fond, visiblement, il s’en moque. Il a raison. Il n’y a plus de fond, mais des bouffons. Sa carrière d’écotartuffe, s’il sait continuer à sortir du rang au cœur d’une concurrence féroce, promet d’être grandiose. » (La Décroissance, février 2020, « Bayou ira loin »)

2) Julien Bayou est aussi l’auteur d’une brochure Désobéissons pour sauver l’Europe (2018). « Très original, il y raconte que l’Union européenne est menacée par la montée des divisions. Et il invoque l’éternel vœu pieux d’une Europe « sociale ». Il appelle à désobéir à la règle des 3 % pour laisser davantage filer les déficits pour investir massivement dans les infrastructures de la troisième révolution industrielle, un plan Marshall pour la transition écologique extrêmement rentable… Voilà à quoi sert aujourd’hui le parti EELV, à relayer les banalités du capitalisme vert. » (La Décroissance, février 2020, « Obéissant »)

1 réflexion sur “EELV. Julien Bayou est-il un écotartuffe ?”

  1. Ce mois-ci (février 2020) c’est à Mike Horn que le journal La Décroissance décerne le titre d’ «écotartuffe du mois». Si Biosphère trouve là quelque chose à redire, c’est son problème. Seulement Mike Horn ne s’est pas lancé dans une carrière politique, on n’en entendra donc pas parler en cette période électorale, pas autant en tous cas que de Julien Bayou.
    Dans le sens défini par Denis Bayon dans cet article de La Décroissance Julien Bayou est bien un écotartuffe. Maintenant libre à chacun de définir l’écotartuffe comme bon lui semble. Et c’est d’ailleurs pour tout pareil (écologiste, droite, gauche, cercle, carré, vessie, lanterne etc. etc.)
    L’article de Denis Bayon est bien sûr percutant, il est dans le style de ce journal, une stratégie comme une autre visant à «décoloniser les imaginaires». Mais une fois que le lecteur a réussi un tant soit peu à se détacher de ça, il ne peut que reconnaître que cet article reste très intéressant. Et bien sûr il ne se résume pas aux quelques passages sélectionnés ici par Biosphère.

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