Éliminons chiens et chats de compagnie

Le culte de l’animal de compagnie sert les intérêts d’une puissante industrie. En 2023, le juteux business du « pet care » devrait atteindre au total 868 milliards de dollars de revenus sur les marchés des pays du Nord.En effet, les gens remplacent peu à peu les déchets alimentaires donnés traditionnellement aux animaux domestiques par de la nourriture industrielle préparée. On appelle cela la tyrannie de la commodité. Sans surprise, cette industrie en forte croissance génère un énorme impact écologique. Aux États-Unis, la production de nourriture pour chiens et chats produit autant de dioxyde de carbone que 13,6 millions de voitures en une année. Les chats et les chiens américains consomment autant de calories que la population française et leur consommation de viande se classerait en 5ème position s’ils représentaient un pays, juste derrière la Russie, le Brésil, les Etats-Unis et la Chine. En France, le marché du pet care — distribution, pet food, services, assurance — pèse près de 5 milliards d’euros et affiche une croissance de 2,5 % à 3 % par an.

Outre l’impact résultant de la marchandisation de l’animal de compagnie, leur prolifération est devenue une sérieuse menace pour la vie sauvage, principalement en raison de la prédation des chiens et des chats errants. Le chat domestique se classe comme la pire espèce invasive de mammifère dans le monde, devant le rat. Toujours guidé par son instinct malgré la domestication, le chat a une tendance naturelle à « l’abattage en surplus » : il continue à chasser même lorsqu’il est bien nourri. Côté reproduction, il est équipé pour coloniser rapidement un nouveau territoire. Avec deux phases de reproduction dans l’année durant lesquelles les femelles peuvent avoir jusqu’à 15 chatons et une maturité sexuelle atteinte en seulement quelques mois, un couple de chats peut produire une descendance de 10 000 à plus de 20 000 individus en seulement quelques années. En France depuis le début des années 2000, la population de chats domestiques est passée de 9 à 13,5 millions et cette croissance démographique s’accélère. Il faut encore y ajouter la population de chats errants estimée à 11 millions d’individus. A son tableau de chasse figurent 63 espèces exterminées en 500 ans. De son côté, le chien domestique rafle la troisième place du podium des mammifères invasifs avec 11 espèces éradiquées.

Face à cette catastrophe écologique, la plupart des défenseurs de la cause animale se gardent bien de faire une analyse globale du problème, encore moins de dénoncer ouvertement l’industrie du pet care. Pour mettre fin à l’exploitation animale, ils proposent par exemple de donner des droits aux animaux. 0l’hystérie collective autour de la cause animale peut être vue comme un symptôme du délabrement des relations humaines et des structures familiales. Ne jamais s’attaquer à la racine du mal. Toujours proposer des substituts à l’existant pour perpétuer le business. Énième pseudo-solution proposée par le mouvement animaliste : la nourriture vegan ! Sous couvert de rapprocher l’homme et l’animal, cette mouvance creuse en réalité le fossé entre les hommes et le vivant en faisant la promotion de la nourriture artificielle produite en labo-usine. Et durant leur vie, nos amis les bêtes ont désormais droit à l’allopathie, la chirurgie, la diététique et même à la psychanalyse. La cécité idéologique des animalistes les empêche de voir que ce qu’ils nomment progrès est en réalité une régression pour l’animal, une démarche qui ressemble bien au stade ultime de l’anthropocentrisme. En vérité, les humains civilisés seraient mieux avisés de soigner leur narcissisme pathologique pour renouer avec leur animalité afin de s’élever au rang de l’animal au lieu de faire la démarche inverse.

Dans les sociétés traditionnelles et rurales, la relation entre le chien et l’humain se distingue par le niveau d’interdépendance — le chien protège le troupeau et les cultures, il reçoit en échange le gîte, la protection et le couvert. Au sein des sociétés industrielles, le chien devient « animal de compagnie » sans autre fonction que de compenser un besoin résultant des inconvénients du mode de vie au sein du monde moderne ; divertir, responsabiliser les enfants, remédier à la solitude ou au stress, faire de l’exercice, etc. L’animal de compagnie est un palliatif, une béquille pour améliorer son existence sans agir sur la cause profonde du mal-être.

Philippe Oberlé

Pour en savoir plus grâce à notre blog biosphere :

31 octobre 2012, le coût écologique de ton animal de compagnie

11 juin 2019, Le coût écologique des animaux domestiques

15 réflexions sur “Éliminons chiens et chats de compagnie”

  1. Ben oui le moral ! C’est quand même l’Essentiel le moral, surtout en ce moment, non ? Comment pourrions-nous garder le moral quand on n’a pas les moyens d’aller faire du shoping à Londres… de prendre l’Avion pour aller se reposer 15 jours sur les îles, d’avoir un yacht pour pêcher le gros, une Ferrari pour faire le beau etc. ? Et qu’en plus on n’a pas la chance d’aimer la chasse, ni le foot, ni la Bagnole. Je dis que c’est pas possible. Misère misère.
    Et si en plus on nous interdit de faire des gosses… de décorer un sapin à Noël, de manger de la dinde, de boire de l’alcool, et de temps en temps de fumer un cigare ou un pétard, d’avoir un chien et/ou un chat etc. etc. là je dis qu’on cherche à provoquer la Révolution.
    Ne manquerait plus qu’on nous supprime le Tour de France… là ne nous resterait plus qu’à sauter du haut d’une falaise. Sans parachute bien entendu !

  2. – « La propension des écologistes à vouloir dominer les rêves est pour moi pleine de menaces.»
    ( DIDIER BARTHES 6 MAI 2021 À 18:37)

    Hier, dans son article “Comment obtenir une majorité écologisée ?” Biosphère s’en prenait au Tour de France (entre autres). D’où la réaction de Didier Barthès. L’écologie que prône Biosphère passe donc par l’élimination du Tour de France. Pas du Vélo, heureusement. Ainsi que par l’élimination des sapins de Noël, qui doivent rester dans les forêts. Et maintenant par l’élimination des chiens et des chats de compagnie. Je partage le sentiment de Didier Barthès.

    1. Mais heureusement Biosphère n’est pas le porte parole DES écologistes.
      J’ose espérer que ce n’est pas cette “propension à vouloir dominer nos rêves“ qui fait le Véritable Écolo. Mais heureusement encore (comme quoi il ne faut pas désespérer) l’écologie «de rupture» (d’élimination) prônée par Biosphère ne se limite évidemment pas qu’aux chiens et aux chats, aux sapins de Noël et au Tour de France.

      En attendant, je me dis que ce n’est pas avec ce genre de … qu’on risque d’attirer d’éventuels clients. Et après ça ce n’est pas la peine de pleurnicher parce que la blonde qui aime les chats cartonne dans les sondages.

  3. « Un homme qui n’aime ni les chiens ni les enfants ne peut pas être foncièrement mauvais. » Attribué à W.C. Fields (variations possibles).

    1. Citations à méditer

      – « A travers les chiens nous rendons hommage à l’amour, et à sa possibilité. Qu’est-ce qu’un chien, sinon une machine à aimer? » (Michel Houellebecq)

      – « Je ne sais pas qui, du chien ou du chat aime le plus l’être humain, mais ce qui est certain, c’est que le chien aime plus souvent le chat que certains êtres humains peuvent s’aimer ente eux.» (Steeve Chatillon)

      – « Le chien aime passionnément les odeurs fétides. Si le chien est fidèle à l’homme, c’est parce que l’homme pue.» (François Cavanna)

      – « Plus je connais les hommes, plus j’aime mon chien. Plus je connais les femmes, moins j’aime ma chienne. » (Pierre Desproges)

  4. rapporterre

    Le gouvernement a mis sur pied un plan pour lutter contre l’abandon des chiens et des chats, estimés à 100 000 par an, voire plus. « Je souhaite que nous puissions renforcer les sanctions en cas d’abandon d’animaux », a déclaré le ministre de l’agriculture et de l’alimentation, Julien Denormandie, lors d’une conférence de presse le 21 décembre 2020. L’acte pourrait désormais être passible d’une peine allant jusqu’à trois ans d’emprisonnement « dès lors que ces actes de maltraitance ont été identifiés et démontrés ».
    Mais le gouvernement se garde bien de dénier aux « amis des animaux » le droit d’avoir une bêbête néfaste à l’environnement !

    1. Logique, les gens partent en vacances à crédit, achètent une nouvelle voiture ou un home cinema à crédit, après ils n’ont plus assez de sous pour manger (bien qu’ils gaspillent beaucoup d’argent dans les fast food ou restaurant par paresse)…. Alors quand on est endetté, la seule variable d’ajustement c’est le budget alimentaire, bref c’est le seul budget qu’on peut rogner pour économiser afin de rembourser ses dettes, puisque toutes les autres factures sont des charges fixes. Alors pour réduire le budget alimentaire ils abandonnent leurs animaux !

    2. Sachez Rapporterre, que je fais partie de ceux que vous appelez les « amis des animaux ». Pourquoi mettez vous des guillemets ? Croyez-vous que l’amour qu’ils portent à leur «bêbête néfaste à l’environnement» soit bidon ? Eh ben moi je suis POUR qu’on sanctionne lourdement ceux qui maltraitent et/ou qui abandonnent leur animal de compagnie. Je serais même favorable à l’instauration d’un permis pour pouvoir avoir un animal de compagnie. Ben quoi, il y en a qui disent qu’il en faudrait un pour avoir le droit de faire des gosses.

  5. « Le chat domestique se classe comme la pire espèce invasive de mammifère dans le monde, devant le rat. Toujours guidé par son instinct malgré la domestication, le chat a une tendance naturelle à « l’abattage en surplus » : il continue à chasser même lorsqu’il est bien nourri. »

    J’ai plusieurs chats domestiques, mais désolé ils ne chassent pas de surplus puisqu’ils ne sortent pas et la plupart des chats domestiques ne sortent pas. Donc encore un manque de cohérence dans cette affirmation.

  6. Un bémol pour la viande, ça ne changerait rien au nombre de vaches abattues pour les nourrir si on venait à abattre nos animaux de compagnie, tout simplement parce que ce sont les morceaux des vaches qu’on abat que les humains ne veulent pas manger qu’on met dans les pâtés pour chat et chien. Sur un bœuf ou une vache les humains aiment surtout manger les beefsteaks les rosbifs les entrecôtes et côte à l’os, quant aux abats c’est ce qui est donné aux animaux, donc non ça ne changerait rien aux émissions de gaz à effets de serre. Puis les humains ne mangeraient pas les abats pour autant.

    Enfin s’attaquer aux animaux de compagnie c’est la bonne et excellente stratégie pour ramener les Verts à 0 ou 1 % aux élections, même les grands-mères vont se fâcher à la rue, mémé Jacqueline n’est pas contente qu’on veuille lui priver de liberté d’avoir un caniche abricot qu’elle pourra emmener chez le toiletteur et présenter aux concours de beauté !

    1. J’ai bien aimé le coup de la « stratégie pour ramener les Verts à 0 ou 1 % aux élections ». Super ! Joli coup, bien envoyé ! Cette fois je te dis BRAVO BGA ! Et en plus sans déconner. Comme quoi 😉
      Quoi c’est vrai ça, cette fois Biosphère pousse le bouchon trop loin ! Et en plus y’a pas que les grands-mères qui vont se fâcher, moi le grand-père je suis furax ! Et en plus mon chien ne sait même pas ce qu’est un toiletteur. Un psy n’en parlons même pas. Justement en parlant de ça, je pense que l’auteur de cette diatribe devrait agir sur la cause profonde de son mal-être. Un animal de compagnie lui ferait certainement un grand bien, c’est démontré scientifiquement, seulement ça irait à l’encontre de sa religion. Bref, Biosphère vient là de sombrer dans le grand n’importe quoi.

      1. Oui au départ je voulais 0% mais après réflexion je me suis dit heureusement que les candidats ont le droit de voter pour eux-mêmes et qu’ils peuvent obtenir quelques votes de complaisance auprès des amis et de la famille alors j’ai concédé 1% (en arrondissant au supérieur histoire de ne pas faire de comptes d’apothicaires). Mais c’est clair que s’attaquer aux animaux de compagnie c’est un sujet trop brûlant (dans un cadre très affectif). Même si 100.000 bêtes sont abandonnées par leur (mauvais) maître, il n’en demeure pas moins que 99% des maîtres ne les abandonnent pas, 100.000 c’est beaucoup trop de bêtes abandonnées, mais c’est un chiffre faible comparativement au nombre de maîtres à ne pas se mettre à dos aux élections.

      2. D’autant que, pour une présidentielle, les électeurs s’attendent à des sujets hautement plus sérieux en priorité, beaucoup de monde s’interroge à de quoi je vais vivre demain après la pandémie (qui a plombé des études des jeunes, et des recherches d’emplois à toutes catégories d’âge adulte) les crises financières qui se succèdent et déplétions de ressources à venir, les retraites de plus en plus compromises, la transition énergétique, etc. Alors si en réponse à cela les candidats veulent priver les gens de leur animal qui leur permet de garder le moral en tant de crise, autant dire que les candidats ne vont pas faire bésef dans les urnes…

  7. Michel Castaing

    Je me souviens de cette rubrique mensuelle, hors du commun, dans le journal La Décroissance, lorsque le chien fut proclamé «La saloperie que nous n’achèterons pas».
    Et encore, il n’était question là que d’acheter, plus exactement de ne pas acheter.
    Alors imaginez si le fidèle lecteur, comme moi, avait lu : « La saloperie à éliminer : le chien ! »

    Ce coup ci, pour changer, La Décroissance tirait donc sur le chien. On n’y parlait pas du chat, tout aussi sympa. Peut-être lui aussi passerait-il à la casserole le coup d’après, eh va savoir. On sait hélas jusqu’où peut parfois aller la Connerie, et puis c’est bien connu les cons ça ose tout. ON dit d’ailleurs que c’est à ça qu’on les reconnait. Quoique, ON dit aussi que ON est un con.
    Bref, je me souviens notamment des réactions des lecteurs.

    1. Mais bon, quand on achète le journal de la joie de vivre (c’est comme ça qu’il s’est auto proclamé) il vaut mieux savoir à quoi s’attendre. Avec Biosphère c’est pareil, ça peut aller du meilleur au pire, comme ici. La joie de vivre et l’humour en moins.
      Fallait quand même oser… mettre un tel titre. Eh ben Biosphère a osé. Et tous les clichés y passent, l’animal de compagnie qui pollue, qui participe au Business as usual, qui sert de béquille à de pauvres gens en mal de vivre et patati et patata. Misère misère.

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