En route directe pour atteindre un réchauffement de 2 °C

Sommet extraordinaire sur le climat à New York le 23 septembre : blablabla, 120 chefs d’Etat, y’a rien à faire, circulez ! Il n’est donc plus possible de demeurer sous la barre des 2°C de réchauffement par rapport à la période pré-industrielle. Selon une étude récente*,  « L’humanité avait un capital de 3 200 milliards de tonnes de CO2 à émettre pour avoir deux chances sur trois  de rester sous le seuil des 2 °C de réchauffement. Et jusqu’à présent, depuis la révolution industrielle, nous en avons émis environ 2 000 Gt. » Il nous en reste 1 200 Gt, ce qui représente environ trente ans d’émissions mondiales au niveau de 2013. Comme il sera impossible de déterminer pour chaque pays le quota qui lui reste à émettre, nous continuerons le business as usual et les plus forts feront la loi… comme d’habitude. Le niveau de vie des Américains n’est pas négociable, ni l’enrichissement des Chinois, ni le pouvoir d’achat des Français, ni le développement des pays émergents. Les sociétés à l’occidentale poursuivent un rêve contradictoire et suicidaire : jouir sans entraves des applications impressionnantes des technosciences, et être aveugles aux conséquences fâcheuses de ses applications.

Les humains ne se sont pas encore rendus compte que de son côté la Nature ne négocie pas. Elle tiendra l’espèce humaine pour quantité négligeable en lui offrant généreusement inondations et sécheresses, acidification des océans et montée des eaux. Notre capacité à imaginer des solutions sera de plus en plus saturée par la brutalité des situations que nous devrons affronter. Plus nous reportons les décisions, plus nous serons dans la gestion de crise… Alors comment conserver notre maîtrise des processus de décision sans sombrer dans l’utilisation de méthodes totalitaires ? Il est aisé de se résoudre à laisser mourir une partie de l’humanité dès lors que cette solution apparaît comme justifiable pour notre propre survie. Il n’aura fallu que huit années aux nazis pour mettre en place des « politiques » jusque là inconcevables, rappelait Hanna Arendt. Nous devrons décider en urgence sur des sujets dont le champ de négociation est limité, ce qui n’est pas très propice à un partage équitable des ressources. Les inégalités risquent de perdurer.

                Nous espérons un avenir moins sombre, les solutions existent. Elles s’appellent sobriété partagée, rationnement bien expliqué, carte carbone plutôt que taxe carbone, soutien aux communautés locales cherchant leur autonomie alimentaire et énergétique, adoption de techniques douces aux humains et à la nature, généralisation d’une agriculture biologique, conversion des intellectuels du tertiaire à l’artisanat, entraînement à la réponse non violente en toutes circonstances, maîtrise de la fécondité, considération des acteurs absents, rejet des armes conventionnelles ou nucléaires, etc. Le pire n’est jamais certain.

* LE MONDE du 26 septembre 2014, Climat : l’humanité en route pour atteindre un réchauffement de 2 °C

1 réflexion sur “En route directe pour atteindre un réchauffement de 2 °C”

  1. Effectivement le pire n’est pas certain, mais on peut être certain du pire.
    Le pire, c’est de douter de la vie , de ce qu’elle a su faire et donner. Comme nous donner la chance d’avoir une belle planète, vivante, donc éprouvante. Mais si nous rejetons la terre , si nous aspirons à des positions sur les hauteurs des buildings en espérant y trouver notre vie , là, on se trompe.
    Voyez, le diabolique , c’est légion . Toutes ces armées qu’on a mis en place dans tous les domaines afin d’asseoir notre emprise sur la nature, et sur l’homme évidemment né de la nature. C’est partout catastrophique, aussi bien humainement que relativement à la survie des milieux et des espèces, des déséquilibres que ces monstres ont engendré . Monstres administratifs, appareils législatifs, ordres rigides et remplis d’orgueils, machines de guerres , et puissances techniciennes … etc. vous connaissez tout cela .
    Pourquoi cette fantastique machine s’est donc installée , envahissant tout ?
    Ce big brother, qui est si faible et si paranoïaque ?
    Comme le substitut d’un dieu manifestement absent, mais à la différence près que le dieu, ne nous prend pas en otage dans ses prisons globales , il laisse de façon catégorique toute largeur pour la pensée , malgré qu’il ait aussi ses limites . Tandis que le pouvoir qui se veut suprême , l’œil artificiel rétrécit tous les champs d’existence , et a une figure terrifiante dans l’ordre de la destruction, du suicidaire. Bien sûr un volcan n’est pas spécialement tendre, non plus , mais est-on obligé d’aller vivre sous lui ? Si on est obligé à quoi cela tient donc ? Tandis que sous les bombes il n’y a plus d’issue.
    Certains diront que s’il y a dieu , il est aussi cause du diable . il n’y a pas d’erreur possible , sinon, dieu serait sous la coupe du diable .
    mais nous, dans cette position tragique , il va falloir cependant trouver une issue à ce drame devenu global. sans casser la Terre .
    Comment envisager l’avenir donc ? Si on ne redescend pas sur terre , si on persiste à concevoir le futur comme dans ces romans de sciences fiction déments , et inappropriés à l’évolution et à l’adaptation de l’homme . Si on n’effectue pas une retour raisonnable vers une existence plus simple et naturelle , et si corrélativement à cela on ne persévère pas dans la voie de la connaissance , incluant forcément une reconnaissance des plans divins, immanence ou transcendance, exhaustif ou holistiques , peu importe , mais qui seuls ouvrent la vision .
    On ne vivra pas si on demeure aveugle . C’est comme ça .
    Question de sel. et de fade désespérant . Ça tient à si peu .

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