esclaves chinois

LeMonde du 22 novembre relate un évènement conjoncturel sur les affrontements entre paysans chinois et policiers à Longnan sur fond de crise sociale. Un simple épisode parmi d’autres de la violence dans les provinces chinoises. Si on en reste là, pas de quoi fouetter un chat. L’éditorial s’essaye pourtant à une véritable analyse de fond sur le flot de travailleurs migrants venus des  campagnes qui retournent chez eux suite à la crise financière : « La fracture sociale pourrait alimenter l’instabilité du monde paysan ». Je reste encore sur ma faim, il me faut donc apporter d’autres éléments de réflexion..

Leur statut de « rural » (le hukou) interdit aux paysans chinois de s’installer en ville. Par ce moyen, l’Etat avait pu pendant longtemps freiner l’urbanisation. Mais avec la conversion du communisme chinois au libéralisme industriel, il y a aujourd’hui quelque 150 millions de mingong, ces paysans-ouvriers privés de droit et de moyens de négociation dans les mines et les industries parce que sacrifiés à la croissance économique. Tout était bon pour les faire quitter la terre : en  2003, on pouvait estimer que 6,7 millions d’hectares avaient déjà été convertis en terrains constructibles et les paysans spoliés n’obtenaient que 10 % environ du prix du marché. Les potentats locaux continuent à escamoter chaque année 20 000 hectares de terres agricoles en ayant recours à la police ou à des hommes de main. Même le directeur de l’Institut du développement rural (Pékin) pensait il y a peu que la croissance économique est tirée par trois chevaux, l’investissement, l’exportation et la consommation interne. Même Le Monde nous laisse croire qu’il ne faut pas que la croissance chinoise tombe sous la barre des 8 % en 2009.

Dommage que les faux analystes nous cachent que c’est la croissance et l’urbanisation qui sont les causes des maux actuels. Le taux de croissance est un objet de culte, pas une solution. La réalité s’impose, les mingong n’étaient pas les bienvenus dans les rangs du capitalisme moribond ! Ils n’ont été que les esclaves temporaires  du système thermo-industriel.